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sujet; ❖ laver et ne plus voir les années s'écouler. ➢ juno saitō

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laver et ne plus voir les années s'écouler.


   
Qu'ils crient. Qu'ils hurlent, ces pauvres fous. Je sais moi que personne ne viendra nous sauver. Personne. Il y a de cela bien trop longtemps que je croupis ici dans cette cage, cette cellule crasseuse et répugnante que je n'attends plus rien... En tout cas, ce n'est certainement pas l'espoir que j'attends. Mais plutôt les pas nerveux des geôliers ou l'arrivée, peut être, d'un détraqueur afin de me surveiller. Le meilleur que je pouvais recevoir jusque là n'était que du pain rassis ou une gamelle d'eau... Voir peut être, la compagnie d'un squelette pourrissant dans la cellule d'à côté ou des rats, couinant et chouinant, se plaignant bien qu'ils ont la grande et merveilleuse chance de passer les barreaux sans que quelqu'un ne réagisse à cela. Même moi je me plains pas autant de mes propres conditions alors que je vis à chaque instant dans la peur de périr ou d'être sujet à la maltraitance de mes cerbères. Chose qui m'est arrivée de nombreuses fois avant même d'arriver à Azkaban et qui se perpétua quelques temps lors de mes premiers mois d'enfermement alors que les surveillants d'ici ne reprennent le flambeau pour finalement se défouler sur d'autres prisonniers, sans doute ennuyés à l'idée d'être confrontés encore et toujours au même cri d'angoisse, à la même personne, à la même réaction... Ou alors n'était-ce qu'un moyen de s'assurer que je resterais docile face à leurs ordres bien que je n'avais point faillis une seule fois, toujours aussi fidèle à leurs demandes, jusqu'à même agir avant même qu'ils n'ouvrent la bouche pour me donner un ordre. Outre par la terreur et la folie, j'agissais aussi par ennuis. Après tout, resté enfermé jusqu'à la fin de ses jours n'avait rien de bien divertissant. Bouger et agir, même sur la demande de quelqu'un d'autre me permettait donc d'oublier les longues heures à exister dans ce petit espace clos, à me dire que j'allais être destiné à vivre ici jusqu'à ce que je finisse par m'éteindre définitivement et que l'on m'enterre sur l'île pour finalement être oublié parmi les cadavres des autres sorciers incompris, victime d'une guerre stupide... Trop de choses que mon esprit ne voulait pas accepter, préférant encore se perdre dans une pseudo-folie et d'assumer même ma captivité comme si je l'avais pleinement mérité plutôt que de se révolter d'être ainsi jugé comme un terrible criminel pour une simple histoire de sang.

Aussi, j'avais continué à frotter le sol, comme à chaque réveil. Que ce soit avec l'aide de mes pauvres paumes de mains ou avec un pan de ces lambeaux qui me servaient de vêtements. Arrachant encore et toujours mes habits lorsque le bout de tissus devenait utilisable, l'abandonnant dans un coin de ma geôle et de continuer mon ménage incessant. Dans ma tête, je m'étais donné un but : que tous ces petits carreaux de pierre finissent par briller non pas grâce à l'humidité omniprésente, mais par la propreté que j'allais offrir à cet endroit. Un défi totalement fou puisque la cellule restait éternellement sale malgré tout l'acharnement que je mettais dans mes actes. Cela ne m'énervait pas pour autant, pourtant. Conscient que tout ce que j'entreprenais ne servait à rien, mais qu'il pouvait être un merveilleux hobby quand il était question de tuer le temps. Bien évidemment, le chant et la danse sont d'autre passe-temps sans doute meilleurs que celui de frotter le sol, mais je ne voulais pas faire du bruit comme mes camarades et attirer la curiosité des geôliers jusqu'à mes oubliettes...

Pas de chance. A peine avais-je entreprit de faire mon nettoyage que je les entends arriver. Je sais que c'est eux à en juger leur pas claquant sur les dalles, rapide, dure, résonnant en une espèce de grondement menaçant... Mais dans leur avancement efficace, je perçois aussi autre chose. Une autre personne qui tente de se débattre... Par simple curiosité, je me rapproche, espérant y percevoir quelque chose, mais j'oublie vite l'idée lorsque je perçois leurs ombres passer juste devant moi, me poussant à me retrancher dans un coin de ma cellule, afin de m'assurer un maximum d'espace entre eux et moi, espérant à ce qu'ils n'entrent pas pour me faire du mal, me punir pour ce simple geste d'intérêt pour ce qui vient de se produire. Le fait même d'agir pour si peu pourrait paraître insensé et pourtant, un rien leur suffit lorsqu'il est question de s'en prendre à un Sang-de-Bourbe... - Si cela n'était pas le cas, je ne serais pas ici à l'heure qu'il est... -. Je reste donc un instant recroquevillé sur moi-même, yeux plissés et reniflant en priant de tout cœur qu'ils finissent par partir et c'est ce qu'ils font après avoir abandonné une personne dans la cellule d'à côté. C'est à peine s'ils m'ont remarqué. Quel soulagement... ! Je me détends donc mais je ne reprends pour autant mes activités. A présent, la seule chose que j'ai envie de faire, c'est de connaître cette personne qui vient d'être jetée ici. Pourquoi est-elle là ? Qu'est ce qui s'était passé à l'extérieur ? Avions-nous finalement gagné la bataille ? ...Ou est-elle toujours en cours ? Ma raison aurait voulu laisser la demoiselle tranquille plutôt que de l'enquiquiner. Mais après des jours et des jours à rester cloîtré ici, ma patience ne tenait plus... Je m'étais alors traîné à quatre pattes jusqu'à atteindre les barreaux qui nous séparaient. « Comment ça se passe...? Je veux dire... À l'extérieur ? ». Pas de présentation, rien... Lui demander même comment elle allait me paraissait absurde. - Personne ne va bien ici. -.

J'avais beaucoup de mal à m'exprimer, ne sachant réellement par où commencer. D'un côté, je voulais la connaître et d'un autre, je voulais aussi prendre connaissance des évènements à l'extérieur de la prison... Mais je ne savais vraiment pas comment opérer sans être impoli. A vrai dire, cela faisait bien trop longtemps que j'avais tenu une discussion normale avec un être humain !







Dernière édition par Milo E. Brownsparrow le Mar 6 Jan 2015 - 7:58, édité 1 fois
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Pleurer et
voir les années s'écouler avec les larmes


Ta destinée t'échappe au fil de tes mots, de tes injures pitoyables adressée à tes bourreaux. Tu as espéré la fin de tes interrogatoires mais sitôt passée la grande harche de pierre sombre, tu maudis ton propre sang. Ainsi, la fange retourne à la fange... Tu luttes pour fuir cet avenir sordide. Tu luttes pour ne pas subir les houles de sentiments. Tu n'as pas envie de périr le crâne explosé et pourtant, c'est à ça que l'Élite te condamne. Tes ongles s'enfoncent dans la chair de tes geôliers tandis qu'ils t'entraînent dans les ténèbres impénétrables d'Azkaban. Ils te repoussent, t'insultent. La première cellule te fait hurler d'une voix étranglée par les sanglots, d'une voix que tu ne reconnais même pas. Tu supplies qu'on te relâche jusqu'à ce qu'ils passent la seconde cellule. Là, tu traînes des pieds, tu les jauges d'un regard mauvais et éclate d'un rire hystérique. Même à Poudlard, tu n'as jamais connu pareille souffrance ; à peine entrée en ces lieux déments, tu finis aussi aliénée que les vétérans. Ces humeurs hostiles qui longent ton corps transi et s'enroulent autour de ton crâne te donnent la nausée.

La seule chose dont tu es sûre, c'est que tu n'as pas mérité ton sort. Et ils te le paieront. Ta vengeance mûrit même avant que tu n'affrontes toutes les horreurs qui forgeront tes griffes d'acier. La promesse que tu as faite à Priam pour ses derniers instants maintient ta hargne – et tu sais que c'est la tienne, cette fois. Oui. Tout le long de ces vingt-trois années, tu n'as été que lâcheté et fugue. Un comble, pour une Gryffondor ! Alors, tu décides de te racheter, de tenter évasion sur évasion car une fois hors de ces murs maudits, tu agiras comme eux. Tu égorgeras leurs fils et leurs filles, tu empileras leurs cadavres sur un bûcher et tu leurs montreras ton chef d'œuvre d'une main tremblante de joie. La main de la justice... Un hoquet de terreur te rappelle à l'ordre. Ces idées ne viennent pas de toi. Tu n'as jamais été ainsi. Ce sont la haine et le désespoir d'Azkaban qui te corrompent. Puis, tu perçois une lueur d'espoir dans ce brouillard indigeste.

« Comment ça se passe...? je veux dire... à l'extérieur ? »

Avec une lenteur exaspérante, tu te tournes vers Lui. Tes larmes brillent sur tes joues à la lueur des torches. Pour lui répondre, tu les essuies, tu te redresses et te rapproche un peu plus de son aura différente ; tu as peur que ta voix soit trop brisée par tes cris pour te permettre de lui répondre aussi loin.

« Àl'extérieur ? répétes-tu avec un rictus cynique. À l'extérieur, c'est la merde. »

Une cigarette fichée aux lèvres, une bouffée de nicotine, voilà ce qu'il te faut. Tu n'as essayé qu'une ou deux fois avant d'entrer à Poudlard, après que ta famille t'ait tournée le dos, suivant aveuglément ton voisin un peu plus âgé que toi ; des lunes te séparent depuis ces instants de bonheur nocif. Et plus tu y penses, plus ils sont absorbés par les silhouettes menaçantes au bout du couloir, glissant silencieusement le long des cellules. Même tes souvenirs heureux ne peuvent atténuer ta souffrance. Putain de prison...

« Ils continuent de mettre les villages à feu et à sang. Ils chassent les Nés-Moldus, les Insurgés... J'ai fui avec trois filles. Deux sont mortes pendant la traque, et l'autre a succombé à la torture un peu plus tard. Je les connaissais pas vraiment. Je sais pas trop si je suis triste ou en colère maintenant qu'elles sont plus là. Mais j'aurais préféré crever avec elles, c'est sûr. (Un temps. Tu détailles les murs crasseux de ta cellule avec une grimace de dégoût.) Juno, Sang-de-Bourbe, ancienne Gryffondor, et toi ? »

Puis, tu tapotes ta lèvre fendue en gémissant : ces cinglés t'ont bien amochée dans la forêt.
lumos maxima


Dernière édition par Juno Saitō le Ven 23 Jan 2015 - 23:39, édité 3 fois
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laver et ne plus voir les années s'écouler.


   
Je me suis demandé un instant si j'avais bien fait. Si j'avais bien choisis les mots... Si même elle me comprendrait supposé que j'avais soudainement changé d'état. Comme si je n'étais rien de plus qu'un animal seulement capable de gémir et de grogner pour essayer de se faire comprendre un minimum. Mais j'avais dorénavant la sensation que plus personne ne pourrait nous admettre. Pas alors que l'on se faisait enfermé comme des bêtes pour une raison aussi stupide que d'avoir une ascendance essentiellement composée de moldu. J'avais même cru un instant que cela ne pouvait être possible. Les sorciers, étant capable de faire d'aussi grandes choses avec la magie ne pouvaient quand même pas s'abaisser à cela, si ? Être différent ne pouvait être un crime dans une telle communauté. Je n'ai jamais voulu l'accepter malgré le fait que je fus sujet à de nombreuses insultes alors que je n'étais qu'un gamin à l'école. Certains avaient même voulu me pousser à me retrouver dans une situation des plus humiliantes mais selon moi, cela ne pouvait être pire que les singeries des enfants moldu qui appréciaient également s'attaquer à plus petit qu'eux. Pourtant, l'impossible avait prit une ampleur surprenante et à présent, je me retrouvais enfermé dans un endroit où jamais je ne cru un jour m'y retrouver. J'étais un sorcier bien trop bon. Tout ce que je désirais moi, c'était de m'intégrer dans un monde aussi incroyable que celui-là. Dorénavant, je désirais le fuir à toute hâte. Si mon père fut également une personne qui ne m'accepta point comme je suis, je m'étais dis qu'au moins, je saurais répliquer contre lui s'il voulait me causer du mal. Mais ici, j'étais faible, je ne pouvais rien faire... Seulement subir et être à la merci de mes oppresseurs, surtout alors que je me retrouvais déplumé de ma baguette. Un destin sur lequel je m'étais longuement lamenté depuis que l'on m'avait capturé et enfermé ici pour chercher à l'oublier en me préoccupant du mieux que je pouvais, même si l'on pouvait trouver mon nettoyage comme quelque chose de totalement farfelue... La cellule voisine de nouveau occupée, je m'étais néanmoins dis que peut être je pourrais avoir des nouvelles sur ce qui se passait à l'extérieur. Qui sait si les choses s'arrangeaient...

« A l'extérieur ? (...)  À l'extérieur, c'est la merde. ». Désespoir. Je ne voulais pas y croire. Elle ne pouvait dire vrai. Les gentils finissent toujours par gagner... C'est partout pareil dans n'importe quelle histoire ! Je voulais que cela se termine comme cela dans la mienne... Je ne voulais pas être à tout jamais enfermé dans cette maudite prison gardé par ces maudits draps volants et ces maudits geôliers. Ils ne méritaient pas la liberté... Et même je dirais... Ils ne méritaient pas de vivre pour ainsi nous considérer. Tous se plaignaient et parlaient de vengeance. Certains mangemort affirmaient avoir déjà connu Azkaban et prétendaient rendre la pareille de ce qu'ils avaient vécu. Mais nous autre n'avions jamais fais de mal. Leur offrir l'enfermement n'avait été qu'une douce punition. Tous autant qu'ils pouvaient être méritaient la suppression ! Autrefois, peut être n'aurais-je pas songé à de pareils faits, mais maintenant, alors qu'ils jubilaient de leur idéologie immonde, nous pouvions tout de même nous permettre de nous révolter de la sorte... De cette sorte là ! Surtout lorsque j'entendis la suite des paroles de la prisonnière... « Ils continuent de mettre les villages à feu et à sang. Ils chassent les Nés-Moldus, les Insurgés... J'ai fui avec trois filles. Deux sont mortes pendant la traque, et l'autre a succombé à la torture un peu plus tard. Je les connaissais pas vraiment. Je sais pas trop si je suis triste ou en colère maintenant qu'elles sont plus là. Mais j'aurais préféré crever avec elles, c'est sûr. ». Elle s'arrête un instant avant de reprendre... « Juno, Sang-de-Bourbe, ancienne Gryffondor, et toi ? ». Je lui souris en la regardant sans jamais détourner le regard. Avoir une discussion avec quelqu'un d'autre... Comme j'en ai tant rêvé depuis bien trop longtemps déjà ! Ohh... Peut être cela fait qu'une semaine que je suis ici, mais je n'en ai aucunement la sensation. Pour moi, le temps se déroule bien trop doucement depuis que je suis dans cette cellule toute moche. J'espère que les choses changeront depuis que j'ai une voisine ! Et croyez-moi que cela change beaucoup pour moi ! Peut être oublierais-je de m'arracher des vêtements et de continuer mon ménage d'aliéné en passant des journées et des journées à discuter avec elle... Pas forcément des évènements actuels bien trop triste pour que l'on s'éternise là-dessus, mais du passé, comme Poudlard... D'ailleurs, j'en oublie de me présenter.« Milo Elias Timothy Brownsparrow... Je suis heureux de te connaître Juno et bienvenue à Azkaban ! Autrefois, j'étais à Serdaigle... ». fis-je tout en passant mes bras à travers les barreaux, les laissant pendre mollement tout en collant ma face contre ces mêmes barres froides... Comme pour briser un maximum l'espace entre nous. Comme pour prouver intérieurement que même ces geôles ne pourrait m'empêcher de me rapprocher de qui je veux. « Et comme tu dois certainement t'en douter, je suis... NÉ-MOLDU, LE SANG LE PLUS NOBLE QU'IL PUISSE EXISTER !!! ». Rajoutais-je, détournant d'un demi la tête sur le côté, comme pour m'adresser aux éventuels geôliers présents en une annonce de défi, hurlant presque à moitié. Il y avait de forte chance même à ce qu'ils m'aient entendu, bien que j'espérais que cela ne soit pas le cas, ou alors qu'ils ne fassent pas attention à cette provocation. Toutefois, j'omettais rapidement ce qui pouvait se passer, préférant encore me concentrer sur la nouvelle venue et sur ce qu'elle avait pu évoquer plus tôt. « Il ne faut pas dire cela... Tôt ou tard, Harry et ses amis viendront nous sauver. Il est l'élu. » Je m'en étais fais une raison. Aujourd'hui, j'y croyais encore, comme toujours même si j'avais connu un Potter peu convaincu de ce qu'il faisait lui-même... Plus le temps avançait. Et cela s'était fait sans doute sentir lors de notre cinquième année commune alors que l'on comptait même sur lui pour assurer nos cours. Mais malgré tout, il avait toujours parvenu à ses fins. Aussi est-ce pour cela que je croyais encore et toujours en lui pour qu'il vienne rétablir l'ordre et ce, plus encore alors que nous le savions entouré d'innombrables alliés... Il était donc seulement une question de temps... Mais combien de temps la guerre avait durée déjà ? Je fronçais les sourcils... « Nous sommes en quelle année ? » J'attendis une réponse, sans même faire attentions aux pas arrivant dans notre direction, supposant qu'ils venaient pour nous donner à manger.





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Pleurer et
voir les années s'écouler avec les larmes


Tout ce cirque n'est qu'une énorme blague. Et un rire enfle en toi, comme ton cœur, au bord de tes lèvres. Depuis ton entrée, tu tentes de refouler les émotions qui t'assaillent, petit à petit, toujours plus oppressantes. Les lamentations, les plaintes, les pleurs. Le désespoir, la colère, la peur. Mais c'est assez. Un gloussement désespéré t'échappes, même si tu tentes vainement de le bloquer avec ta main. Tu as envie de te laisser aller à pleurer, attendant la mort sans espoir de sursis. Mais la lionne a été forte au cours de ces longs mois et si elle renonce maintenant, elle renoncera toujours. Ce n'est pas dans ton caractère de renoncer. Non, non, non. Alors, tu te reprends. Reniflant, essuyant de nouvelles larmes, dégageant ton visage émacié de tes cheveux sombres collés de sang et de pluie, tu fixes ton voisin de cellule avec toute la gravité dont tu es capable. Il y a de l'espoir en lui. C'est agréable. Ton pessimisme reprend le dessus de temps à autre, mais son espoir est le plus fort d'entre tous ici – comme si les Détraqueurs ont occulté sa présence, comme s'ils ne pensent plus à lui, comme s'ils oublient de lui absorber son optimisme. Tes nouvelles lui font prendre conscience du caractère désespéré de la situation ; un instant, tu sens de la colère en lui, une petite once de peine, de révolte, mais pas un désespoir aussi grand que le tien. Tu adorerais pouvoir être dans sa tête. Pouvoir être bercée par ses sentiments et ne pas ressentir ceux des autres. Une fois ta présentation faite, il sourit – un sourire qui t'attendrit et t'arrache un rictus – en posant sur toi des yeux qui ne cilleront jamais. Parler semble guérir les maux. C'est tout ce qu'il te reste pour résister à Azkaban. Ton foutu caractère, et un voisin de cellule aux convictions inébranlables.

« Milo Elias Timothy Brownsparrow... Je suis heureux de te connaître Juno et bienvenue à Azkaban ! Autrefois, j'étais à serdaigle... » se présente-t-il

Un Serdaigle, alors. Tu effleures ses mains du bout de doigts, de peur d'avoir l'air trop familière. S'il avait été Priam, tu te serais jeté sur lui, pleurant contre son corps, chaud et encore vif. Mais Priam est mort, froid et raide. Ton père aussi. Ta mère aussi. Tu prends alors conscience que tu es la dernière de ta famille et, entre deux soupirs désolés, tu songes que tu ferais mieux de les rejoindre. Ils te manquent trop. Ton cœur se serre, capte quelques deuils dans l'allée de geôles, l'alourdit mille fois plus. Alors, tes yeux se posent à nouveau sur Milo et son sourire rassurant. Lui, au moins, ne te rendra pas folle.

« Et comme tu dois certainement t'en douter, je suis... »

Tu attends, un sourire surpris figé sur tes lèvres pleines. Cet étrange garçon ajoute enfin, en se tournant vers l'allée faiblement éclairée par quelques torches :

« ... Né-moldu, le sang le plus noble qu'il puisse exister !!! »

Cette provocation te laisse pantoise. Ainsi, ce frêle petit oisillon, qui semblait meurtri, possède en réalité un courage digne d'un lion. Tu l'apprécies déjà. Tu aimes ceux qui paraissent faiblards, mais qui ont du mordant. Après tout, tu es toi-même un peu comme cela... Des bruits de pas suivent son annonce insolente, tandis que deux ombres se projettent sur les torches. Tu trembles. Tu pries pour qu'ils ne viennent pas pour lui, ni pour toi, d'ailleurs. Milo revient vers toi, plus optimiste que jamais.

« Il ne faut pas dire cela... Tôt ou tard, Harry et ses amis viendront nous sauver. Il est l'Élu.
Ouais. murmures-tu sans grande conviction. »

Mais toi aussi, tu espères, maintenant. Tu préférerais te réveiller à nouveau dans la salle de torture, loin de toute cette hostilité multiple, avec le visage de ton bourreau près du tien. Cette image te file la nausée... Un haut-le-cœur te secoue, puis tu remarques que Milo fronce les sourcils.

« Nous sommes en quelle année ?
2000, tu réponds aussitôt avec un soupir. »

Et rien n'a changé depuis que les Mangemorts ont envahi Poudlard, en cette sombre nuit du 1er mai 1998. La première année, tu l'as passée en compagnie de tes bourreaux, dans les profondeurs d'Azkaban, isolée des autres. Ils ont été très sympathiques avec toi ; ils t'ont appris à supporter les Doloris pendant plusieurs minutes, ils t'ont montré la souffrance, ils t'ont fait comprendre que jamais tu ne les surpasserais, et l'un des leurs a fait de toi une œuvre d'art ! Jamais tu ne pourrais mieux les remercier qu'en enfonçant leur baguette dans leur gorge... Les bruits de pas se rapprochent, au rythme des martèlements dans ta poitrine. Tu perçois des murmures étouffés dans le couloir puis, du coin de l'œil, deux silhouettes noires de forme humaine. Machinalement, tu détournes la tête et te recroquevilles un peu plus contre le mur. Des murmures, encore. Des : Ils l'ont mise ici ? ... Tant mieux. Elle résistera plus très longtemps... Ta colère enfle.

« Bande d'abrutis, tu chuchotes pour toi-même. J'espère qu'ils viennent pour la bouffe. »

Mais ils sont assez pourris pour ne venir que vous narguer. Tu te tournes vers eux avec un sourire sardonique et, ignorant l'ambiance morbide de ta prison, tu lances à leur encontre un léger :

« Salut. »


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laver et ne plus voir les années s'écouler.


   
Je perçois la tristesse dans son regard, la peine qu'elle est sur le point de recracher en une vague de chagrin interminable... Comme j'ai pu en éprouver moi-même en arrivant ici. Perdu sans jamais recevoir un seul instant la raison de tout ces maux outre le fait d'être né-moldu. On songe alors un instant que les choses finiront par se terminer parce qu'ils n'ont finalement rien à nous reprocher... Mais non. Ils nous détestent toujours autant. Ils nous écrasent dans notre malheur jusqu'à ce que l'on soit baigné d'une folie totalement incontrôlable. Je luttais en vain pour ne pas finir tel une créature dénuée d'intelligence. Cependant par moment, il était plus facile d'accepter le crétinisme à la réalité, dorénavant totalement folle elle aussi... Mais si des fois il m'était possible d'agir étrangement, comme contaminé par la même maladie qui s'insinuait peu à peu dans l'esprit des autres prisonniers, j'étais prêt à faire mon maximum pour que cette nouvelle connaissance ne finisse pas dans le même état que le miens... Lui faire profiter de ma compagnie pour qu'elle puisse avoir une discussion tout comme je profiterais de la sienne pour retrouver goût à la vie, aux amis, aux contacts simples...

D'ailleurs, je laisse prendre mollement mes bras en dehors de ma cage pour atteindre ceux de ma nouvelle amie qui ne fait que de les effleurer... Je ne prends pas cette peine puisque j'attrape un moment vivement et maladroitement, peut être presque un peu trop violemment sa frêle patte dans la mienne que je serre un instant avant de comprendre que mon geste pourrait être mal interprété. Je la relâche donc alors qu'elle pourrait croire que je lui désirerais du mal soudainement, dans un excès de folie lorsque je ne cherchais qu'à être familier avec elle comme elle me l'avait présenté avec, néanmoins, beaucoup plus de retenue. Tenir sa main changea ma perception soudaine... comme je fus moi-même étonné du geste que je venais de faire. Il y a longtemps que je ne pensais plus à toucher quelqu'un de cette manière et même à lever les yeux vers une personne. J'avais fais preuve d'agressivité alors que j'avais voulu paraître tendre. Et tout le monde sait bien que planter les yeux dans ceux de quelqu'un d'autre pourrait être perçu comme un défi... C'est en tout cas ce que pensaient mes anciens bourreaux, toujours à m'obliger de courber l'échine face à eux et à m'atteindre seulement par des sorts lancés depuis leur baguette ou a utiliser purement et simplement leurs poings et leurs pieds pour me briser, voir des insultes pour me détruire d'avantage... Des choses terribles dont il m'arrive par moment d'y croire. Surtout lorsque je remarque de quoi je suis capable de faire avec des personnes que j'apprécie. Leur attraper méchamment la main alors que je n'ai pas voulu le faire... « Pardon... Pardon... » Je m'excuse rapidement. « Je ne voulais pas... Je... » J'hésite. Je ne sais en fait par où commencer. Qu'est ce que je pourrais dire sur ce que je viens de faire ? Comment m'y prendre alors que peut être elle n'aura plus confiance en moi ? Une seule chose, je suis troublé. Et le seul moyen que je trouve est de justifier mon comportement par rapport à des choses déjà dites par d'autres. Des méchants mangemorts. « Peut être n'ont-ils pas tord en disant que je ne suis pas si éloigné de la bête... Des animaux... » Je secoue la tête. « Pardon... »

J'oublie vivement mon égarement tandis que je me présente enfin avant de crier à nos geôliers une pensée paradoxale à la précédente. L'espoir revient à nouveau et m'envahit pour finalement rechuter lorsque j'entends ensuite les dires de Juno. Ainsi elle ne croyait pas en Harry... Ainsi cela faisait trois ans que je pourrissais ici... J'avais perdu la notion du temps, mais finalement, je me disais que peut être aurais-je dû oublier cette interrogation qui me tourmentait autrefois et qui me fâche d'avantage lorsque j'ai enfin la réponse. J'avais beaucoup de peine à croire un tel retour, qu'ils puissent m'avoir gardé vivant depuis tant d'années pour finalement s'occuper de moi lorsque mes besoins se faisaient ressentir. Un peu d'eau. Un peu de pitance... Des bains glacés rapides, c'est tout.

Juno s'écarte finalement et se recroqueville contre le mur en murmurant des choses que je perçois comme des sifflements, un écho sinistre à l'encontre des personnes qui arrivent. Moi je ne fais que de sourire bêtement et me rapproche de la porte, à la fois inquiet de la raison de leur venue mais aussi satisfait qu'ils me remarquent enfin... A moins qu'ils ne soient là que pour la nouvelle ? Je ne sais pas. Mais lorsque leurs pieds sont assez prêt de mon enclos, je n'hésite pas une seconde pour passer ma main et accrocher la cheville de l'un d'eux... « J'ai faim ! J'ai faim ! » fis-je tout excité en écho à la salutation de Juno.





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