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Souvent une évolution est une révolution sans en avoir l’R  English-house


Je n’aimais pas être dans l’impossibilité de me mouvoir comme je le souhaitais. Avec cette douleur lancinante j’étais prisonnière de mon propre corps et d’une inutilité qui me faisait bouillir. L’alcool que j’avais pris me tenait plus ou moins éveillé à moins que ce ne soit l’adrénaline. J’agissais malgré tout lançant des sorts de protection et maintenant il fallait se terrer, comme des rats dans l’espoir que personne ne nous découvre dans cet abri de fortune. Liam avait une baguette, il était capable de se défendre si jamais je ne parvenais plus à maintenir une certaine conscience et cela me permettait aussi de tenir. Ses mots brûlèrent mon cœur, je tentais d’être optimiste mais il n’avait pas le droit de jouer le rôle d’un super héros. Au fond, je me savais prête à user de ma baguette sur lui pour le protéger… D’une façon ou d’une autre il survivrait avec ou sans moi. Nous étions prêts à mourir l’un pour l’autre de façon parfaitement ridicule. Non nous devions vivre, ensemble. Quoi qu’il en soit, je lui refusais cette promesse, j’en étais tout simplement incapable. Le silence était pesant… le sang, la souffrance, la peur tout était palpable. Des bruits de pas, des explosions, je voulais que Liam reste près de moi que nous nous cachions ensemble, comme une enfant je tirais sur son vêtement pour qu’il ne me laisse pas. Mais il me déplaça, hors de vue de l’extérieur me laissant à ce triste spectacle alors qu’il se préparait à jeter le moindre sort sur quiconque entrerait dans notre abri. La vitre implosa et je ne quittais pas une seule seconde le corps de Liam. Ma respiration s’était arrêtée, je ne bougeais pas d’un pouce, il était blessé… encore. Par chance les hommes ne restèrent pas et Liam revint vers moi. Soulagée je reprenais lentement une respiration saccadée qui ne s’arrangea pas lorsqu’il m’étreignit. Je fermais les yeux tentant d’oublier la douleur et de profiter simplement de sa présence. Je ne pouvais pas lutter, je savais qu’une de mes côtes au moins était fracturée, me respiration était trop courte, trop douloureuse pour être « honnête ». Malgré tout je tentais un pâle sourire pour le rassurer. ça va…   Se mentir pour se rassurer, tant lui que moi. Nous étions restés là quelques instants, de longues minutes, peut-être plus. Seuls, quelques cris, des larmes puis plus rien. Comme s’il ne restait que nous, l’un contre l’autre, l’un avec l’autre. Pour briser le silence je murmurais. Nous devons rejoindre la maison d’Absynthe nous y serons en sécurité… Etre en sécurité chez un mangemort, oui c’était possible. J’étais chez mon amie comme chez moi. Je connaissais cette maison comme si c’était la mienne, je savais que nous y trouverions de quoi nous soigner, nous restaurer et nous reposer. J’avais pour habitude de confectionner bon nombre de potion en tout genre pour Absynthe, des potions de soin, de paix, des onguents, bref c’était le lieu idéal dans un cas pareil. C’est en banlieue de Londres, pas très loin mais… Non la maison ne devait pas avoir été touchée par ce qui venait de se passer ici. Je n’arriverai jamais à marcher jusqu’à là-bas. Je n’avais qu’une envie… m’écrouler, laisser Morphée m’étreindre dans ses bras bienfaiteurs. Pourtant il fallait que je tienne, s’il me soutenait pour marcher il ne pourrait pas jeter de sorts. Et comment savoir si nous n’allions pas rencontrer les mauvaises personnes en chemin. En sortant par la fenêtre nous irons plus vite.   Il nous fallait prendre le chemin inverse des hommes qui avait explosé la fenêtre. Nous devons prendre la rue de derrière Gringotts et la longer jusqu’au bout, à gauche deux fois puis à droite et on trouvera le labyrinthe de rosiers… Jardin magnifique mais piquant, comme sa propriétaire. Je préférais lui indiquer le chemin à prendre ici afin que nous soyons le plus attentif possible à ce qui allait nous entourer. Tu crois que ça va aller ? Personnellement je ne préférais pas me poser la question, il fallait que nous partions de préférence avant que la douleur ne me noie, sinon Liam ne pourrait tout simplement pas entrer dans la demeure.
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Londres, à feu et à sang, puis à glace et à sang. Nous avions tenté de survivre. Lutte bien dérisoire face aux événements dramatiques qui se passaient. Chacun tentait de lutter pour sa vie, du mieux qu'il le pouvait. Les perdants se retrouvaient au sol, piétinés, les plus chanceux étaient achevés d'un sort et les fous, eux, vivaient. Il fallait être fou pour oser vouloir évoluer dans un tel monde. Courage ou audace de ceux qui pavaient les rues de la Capitale, ils pensaient leur cause juste mais elle avait été gâchée par les insurgés et les mangemorts. Les sorciers étaient trop sous pression, la rupture était inévitable. Les opportunistes rouges tentaient de rallier le plus de monde possible à leur cause intéressée. Entre la peste et le choléra, le choix était difficile, pour ne pas dire impossible. Autant espérer une troisième voie, autant créer une troisième voie. Plaqué contre le mur adjacent à la fenêtre, mes doigts se resserrent autour de la baguette. Finalement, la fenêtre explose, propulsant des éclats de verre à la rencontre de ma peau et de mon bras. Certains décident de s'embrasser alors que d'autres ne font que frôler. Les insurgés partirent, et je retournais auprès de Gwen. Sa main dans la mienne, je ne me préoccupais pas de mon état. Ce qui comptait, c'était elle. C'était nous. Mon étreinte lui était douloureuse, je la relâchais donc, désolé de lui faire plus de mal encore.

Le bras ensanglanté, je pris soin de laisser les plus importants morceaux de verre pour éviter une perte trop conséquente de sang, ne me gênant pas en revanche pour dégager les petits débris brillants mais tranchants. La tête posée contre le mur, je déglutis et tente d'oublier la douleur. Je l'écoute parler, de la maison de son amie et du parcours à accomplir pour être enfin sains et saufs. J'acquiesce d'un signe de tête et me lève avant de la porter. Toujours aussi légère, la douleur, elle, croulait sous le poids insignifiant du corps de Gwen. Je lui offrais un sourire aussi rassurant que crispé, enjambant la fenêtre d'un pas aisé. Une fois dehors, je vérifiais que la rue était dégagée. Il fallait faire vite. Je ne voulais pas perdre trop vite la force que je pouvais avoir dans le bras blessé. A grande foulée et à une vitesse supérieure à la moyenne sorcière, je me mis à courir, comme je n'avais jamais couru. Enfin si, mais c'était pour découvrir le domaine en feu. Là, je courrais pour sauver Gwen, pour lui offrir l'espoir d'un meilleur sort. Le brouillard, était encore présent et j'enjambais avec horreur les corps sans vie, victimes d'une guerre sans nom. Des explosions jaillissent. Mangemorts, insurgés, peu importe. Il fallait à tout prix éviter d'être pris dans un feu croisé. Je gardais un oeil sur la belle Lestrange, faisant attention à ne pas trop la brusquer ou à lui faire. Notre allure était vive. Face à l'immeuble Gringotts, je nous dirigeais à l'arrière, vers la bonne rue. Des éclats de voix se firent entendre, je nous cachais parmi les corps sans vie, prenant la main de Gwen pour la rassurer. Ma main se crispa sur la sienne lorsque les pas se firent plus proches encore. Ma chance irlandaise devait exister. Ils entrèrent dans Gringotts, nous laissant.

Je m'empressais alors de dégager violemment le corps sur Gwen pour la reprendre dans mes bras. Retrouvant à nouveau une foulée grande et pressée, je pris deux fois à gauche et une fois à droite. Comme elle avait pu le dire, nous étions confrontés à un labyrinthe de rosiers. Le contournant, nous étions finalement devant la porte du manoir de son amie à la liqueur de la Fée Verte. A bout de force, mon bras droit lâcha. Je tentais de retenir la chute de Gwen du mieux possible. Brusque, je m'en voulais d'être aussi faible pour elle ou du moins, pas assez fort. « Tu sais comment entrer ? » A bout de souffle, le bras ballant, j'observais le porche où nous étions. « Tu vois, ça a été. Quand ils veulent pour la prochaine. » Humour déplacé. Un sourire heureux et déconnecté de notre réalité se dessina sur mon visage. J'étais étrangement soulagé, de la savoir saine et sauve. Je passais ma main gauche, valide, sur son doux visage aux traits tirés et désormais marqués par cette journée. Mes mots étaient plus lents, presque détachés. J'avais l'impression du devoir accompli. Gwen allait être en sécurité, mon esprit commençait à se détendre. Garde baissée, je me laissais aller lentement vers le revers de baguette de cette soirée.
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Il fallait avancer, agir pour ne pas sombrer, pour ne pas laisser retomber l’adrénaline qui me permettait de tenir. Je tenais parce qu’il était là, près de moi. Sa main dans la mienne, nos corps recouverts de plaies et de sang était en contact permanent. Si les corps sans vie ne pavaient pas la rue j’aurais presque pu m’habituer à ce mode de transport. Là, dans ses bras j’étais bien, jusqu’à ce que des mots ne brûlent ce luxe vacillant et que je ne me retrouve entouré de deux corps sans vie. L’un d’eux m’observait de ce regard vide d’expression qui indiquait qu’il avait été tué d’un sort impardonnable. Je fermais les yeux ne pouvant retenir une larme et je cessais de respirer serrant la main de Liam comme s’il s’agissait du dernier bateau de sauvetage d’un paquebot en perdition. Plus un bruit… tout juste celui de mon corps de nouveau soulevé de terre pour se retrouver une fois encore dans ses bras puissants. Nous avancions dans un silence de glace… Heureusement nous nous éloignions du lieu des crimes, du sang, de la souffrance. Nous allions retrouver notre ilot de bien-être et panser nos plaies. J’apercevais le labyrinthe, nous étions si proches. Son bras… je ne m’étais pas aperçu de son état avant qu’il ne cède sous mon poids. Son humour bien que douteux me fit sourire, je n’y répondais pourtant pas. Je grimaçais tant de douleur pour lui que pour moi. Je pointais ma baguette sur la porte et touchais quelques briques jusqu’à ce qu’elle s’ouvre. Hominum revelio. Rien. Personne n’était encore rentré, ni mon amie, ni son rebut. Avec le soutien de Liam nous rentrions dans le hall. Une fois la porte fermée nous étions protégés. Un poids s’ôtait de mon cœur. A gauche nous rentrions dans le salon ou Liam me déposa sur le grand canapé. Incendio. Le feu dans l’âtre de la cheminé allait maintenant nous réchauffer ainsi que toute la maison. C’était également un signal pour Absynthe, nous étions là. Je devais agir tant que j’en avais l’énergie. Je demandais à Liam de s’installer près de moi. Il faut soigner tout cela, il y a ce qu’il faut ici… Mais avant toute chose, malgré la douleur, malgré le sang et avant que mon cœur n’explose je me laisse aller dans ses bras. Je ferme les yeux laissant quelques larmes coulés, il est vivant, nous sommes vivant. Je l’embrasse comme pour m’assurer que tout cela est bien réel. J’ai eu peur, très peur et maintenant que la pression retombait je sentais venir une vague immense de sentiments contradictoires. M’éloignant de lui, juste un peu, je tenais fermement ma baguette en direction de la cuisine ou de divers accio informulés je faisais venir à mois des fioles de potion, des onguents, bandages, deux verres et une carafe. Je tentais de m’installer au mieux dans le canapé tout en ayant accès à la table basse ou reposait tout mon arsenal. Ce sont des potions que j’ai préparé… au cas où, pour Absynthe… . La première fiole contenait une potion violette. J’en retirais 5 gouttes que je versais dans les deux verres avant d’y ajouter un fond d’eau. C’est pour la douleur, avale d’une traite c’est absolument écœurant. Je prenais mon verre que j’avalais rapidement. Je vais nettoyer tes plaies, ne bouge pas, je pourrais les soigner une fois que la potion aura fait effet… Je pointais ma baguette sur son bras puis sur sa tête afin d’être sure qu’il n’y ait aucune infection. Tergeo. Je nettoyais également mes plaies et retirait le maximum de sang pour voir ou user d’onguent et ou user de sortilèges. Tout ce sang… sur ses vêtements… As-tu été blessé ailleurs? Ou étais-ce le sang de quelqu’un d’autre ? La potion faisait doucement effet, ma respiration était moins douloureuse, petit à petit elle rendait muette mes douleurs.
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Le plus difficile était derrière nous. Deux fous piégés dans leur jeu d'un amour interdit et qui avait survécu à la haine des autres. Même Merlin n'aurait su écrire de meilleur conte ou légende. Je déglutis, dans un dernier effort pour porter Gwen jusque dans le salon et le grand canapé. La cheminée, le décor était presque parfait s'il n'y avait autant de douleur, de souffrance rouge. La belle Lestrange alluma un feu grâce à sa baguette. Je ressentis alors la chaleur ambiante réchauffer mon corps presque froid. Le sang perdu, les détraqueurs, la peur. Fixant le feu, je revoyais les scènes, regard vide. Les détraqueurs étaient l'un de mes pires souvenirs et j'étais heureux que Gwen ait pu y survivre, et moi aussi. Plus qu'heureux, c'était un vrai sentiment de plénitude qui frôlait même la béatitude. Un large sourire niais s'étira sur mon visage. L'instinct de survie me quittait, laissant place à l'instinct de vie. Emprisonnée dans mes bras, je profitais de sa présence et de sa chaleur contre moi, caressant ses cheveux délicats tout en prenant attention à ne pas la serrer de trop à cause de ses côtes douloureuses. J'avais besoin d'elle plus que quiconque ne pouvait le soupçonner. Son sourire, la douceur de ses lèvres. J'avais développé une addiction conséquente à la Belle Lestrange.

Prolongeant tendrement mais avec ardeur son baiser, j'osais poser ma main gauche, les yeux brillants pour elle. J'essuyais délicatement ses larmes qui perlaient sur ses joues et embrassais son front. Elle s'éloigna, alors que je me laissais aller à la détente dans le grand canapé, immobilisant mon autre bras. La jeune sorcière m'expliqua alors que ces potions étaient de sa création et qu'elles étaient faites pour son amie. Je commençais alors à saisir la relation que toutes deux pouvaient entretenir. Gwen veillait sur elle, comme elle avait veillé sur moi, ou sur Duncan et qui sais-je encore. Gwen était le gris de cette révolution, à la fois adhérente par son nom, à la fois ange par son coeur. Je la regardais verser avec minutie cinq gouttes et un fond d'eau. Il fallait l'avaler vite pour éviter la douleur mais je craignais la présence la présence d'opiacés. Je déclinais sa proposition, lui offrant un sourire assuré et rassurant. Ma nature de semi-loup, d'après les enseignements que j'avais eu, m'interdisait tout ce qui était propice à une addiction. Les substances liquides, solides, l'orviétan, l'alcool, l'opium. Je ne voulais rajouter plus de défauts au monstre de foire que je pouvais être. « J'ai eu pire, garde le pour toi. » Elle avala sa boisson d'une traite, ses traits crispés témoignaient du goût infâme qu'elle pouvait représenter.

Le premier sort lancé me fit lâcher un grognement. Ma blessure à la tête avait été profonde mais les soins de l'homme avait fait cesser les saignements. Mon bras, lui, était en piteux état. Les morceaux de verres sortaient de mon bras, alors que je serrais les dents, les muscles contractés et la mâchoire tellement serrée qu'elle était prête à exploser. Ma respiration était forte, saccadée mais je laissais la jeune sorcière faire. Essoufflé à force de lutter contre cette douleur indicible, un grognement jaillit en guise de réponse. Je n'avais été blessé nulle part ailleurs. Le sang présent n'était pas le mien. C'était celui d'un insurgé, un qui en voulait à Gwen, ami de celui qui avait jeté ce mur immonde sur elle. Les yeux baissés, je je fixais mes pieds, tel un enfant qui avait volé sa première patacitrouille. Non, j'avais tué à la place d'être tué. N'osant pas lui avouer la vérité, je relevais finalement les yeux vers elle. « Ils avaient voulu te tuer et jamais je laisserais ça arriver. C'était lui ou nous et.. s'il te plait, n'aies pas peur. Je les ai vus rire et se réjouir, ils voulaient en découdre, je, j'ai aucune excuse.. » J'arrachais alors ma guenille ensanglantée, la jetant directement dans les flammes. Je pris alors mes distances, me logeant vers l'autre extrémité du grand canapé. Par mes gestes peu délicats, les plaies saignaient à nouveau plus. Agité, je fixais les flammes, cherchant à me rassurer de l'horreur juste que j'avais pu faire quelques instants plus tôt.
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Vivre semblait pourtant si simple, si évident. Ne suffisait il pas de respirer ? J’avais toujours eu l’impression de survivre. Les moments que je pouvais échanger avec Liam avait une toute autre saveur. Le gout de l’interdit, et tout simplement le gout exquis de l’amour. Voilà un petit mot, tout petit qui entrainait tant de conséquences. J’avais longtemps éloigné de moi cette irrépressible envie de crier haut et fort ce que mon cœur pouvait ressentir. Je cloisonnais, comme je le faisais toujours, la moindre parcelle d’émotion positive de peur de la perdre. Aujourd’hui j’avais d’abord eu peur pour les autres avant d’avoir peur pour mon amie puis pour Liam lorsqu’il était apparu près de nous. Ma vie, au fond n’était qu’un combat contre une inconnue, moi-même et j’étais bien incapable d’imaginer une victoire possible. Je devais combattre mes envies afin de ne pas révéler qui j’étais, combattre mon cœur pour ne blesser personne. Mais Liam, lui, était entier, il me donnait sans rien demander en échange. Son cœur bien que meurtri par tout ce qu’il avait pu vivre battait fortement dans sa poitrine. Tout contre lui je l’entendais, je le sentais. Ce son régulier m’apaisait. Si je m’étais écoutée je serai restée là, dans ses bras et mes yeux seraient restés fermés laissant le sommeil m’emporter sans lutte aucune mais il fallait agir avec plus d’intelligence. Nous soigner était une priorité. Laissons-le là pour Absynthe. Je n’allais pas prendre une double dose, c’était inutile cela n’améliorerait rien. De coups de baguette rapide mais efficace je retirais tous les petits bouts de verre qui recouvrait son bras, je grimaçais en l’entendant grogner, il souffrait mais tant qu’il y avait des morceaux coincés je me pouvais pas « refermer » les plaies. Ma question semblait le peser et j’abaissais ma baguette posant ma main sur la sienne pour attirer son attention… Il devait me parler, je pouvais tout entendre. Surprise, oui je ne pourrais le nier mais la peur ne faisait pas partie de ce moment. Non, je n’avais pas peur de lui, il était prêt à tout pour moi et son geste en était une preuve. Bien sûr j’aurai préféré, mille fois préféré qu’il n’en arrive pas à un geste pareil à cause de moi mais c’était fait et je n’allais pas le torturé avec cela. Il me laissa seule avec mes pensées. Seule durant ces quelques secondes qui durent lui paraître des heures avant que je n’ose ouvrir la bouche pour lui demander pardon. Pardon Liam. Tu n’aurais jamais eu à faire ça si je n’avais pas empoisonné ton existence. Si je n’avais pas porté ce maudit nom, usurpé ce maudit sang. Je n’ai pas peur de toi, comment le pourrais-je alors que tu m’as sauvé la vie, et plus d’une fois. Me tenant au canapé je parvenais à me relever et claudiquer jusqu’à lui. Je passais ma main sur son visage l’obligeant à me regarder, il souffrait et j’en étais la cause. Nous sommes en guerre Liam, les gens meurent chaque jour et je comprends ton geste. Cela ne m’empêche pas de t’aimer saches le. Je l’observais, je caressais son visage, ses cheveux. Laisses-moi te soigner tu te sentiras mieux après. La douleur physique laisserait place à la douleur morale je le savais, mais je serai près de lui pour panser ces plaies là aussi. Une fois certaine qu’il n’y ait plus le moindre petit morceau de verre, divers « Episkey » refermèrent les plus petites plaies alors que j’appliquais un onguent cicatrisant sur les plus importantes. Je déposais sur l’intégralité de son bras un second onguent qui endormirait la douleur de façon ciblée avant de bander son bras avec des bandages propres. J’appliquais ces mêmes produits sur sa blessure à la tête. Tu.. n’as pas froid ? Il n’avait plus rien pour couvrir son torse et malgré la bonne température de la pièce j’avais moi-même assez froid. Le contrecoup sans doute.
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Mon regard, inlassable, épiait ses traits, ses gestes précis et assurés. Quelque peu fasciné, je me rendis compte qu eje continuais à m'énamourer d'elle. A chaque instant passé avec elle, c'était l'occasion de pouvoir la connaître encore plus. Demandeur, je m'en délectais. Malgré la douleur, malgré le sang. Elle grimaça en m'entendant grogner. Un sorcier normal serait probablement entrain de crier ou de pleurer, ou de sombrer dans l'inconscient. Mais, le semi-loup que j'étais me rendait bestial dans ce genre de situation. Je grinçais des dents, les poings serrés à force de sentir les morceaux de verre glisser hors de ma peau. Si cela n'avait pas été Gwen, j'aurais probablement préféré mourir que de me laisser être touché. Têtu, borné. Il n'y avait que la Belle Lestrange pour apprivoiser sa bête. Les plaies superficielles finirent par cesser d'être ouvertes, alors que les plus profondes embrasaient un onguent cicatrisant. L'effet de la plaie ouverte sur cette pommade m'arracha un frisson. C'était à la fois vivifiant mais tout aussi désagréable. J'avais l'impression d'être un vrai gamin, qui était encore trop maladroit pour éviter de se blesser. Ou trop inconscient. Mais la conscience se tait lorsque le coeur parle tant sa voix est puissante.

Elle demanda pardon. Pardon pour quoi ? Elle n'était en rien responsable de la folie de ces gens, ni même de ma folie. Azkaban m'avait changé, définitivement, pas elle. Gwen me rendait meilleur. Elle avait ce goût sucré de l'innocence, des jours heureux. Je me sentais vivre en sa présence, abandonnant toute sensation de survie. La chaleur de ses sourires me donnait la force nécessaire de tenir dans cette vie de veracrasse. Je ne me pensais pas digne pour elle et j'étais son épée de Damoclès, tout comme elle était la mienne. Nous étions à la fois force et faiblesse, courage et peur. Ma bouche bée par ses mots qui m'atteignirent en plein coeur, je n'en revenais tout simplement pas. Son existence était une bénédiction. Elle était celle qui me sauvait et qui me redonnait l'envie de vivre. Je n'étais plus une ombre désormais et je le lui devais. « Tu peux pas dire que tu es un poison. Tu es plutôt mon remède à ce qui a pu se passer et à ce qui se passe. Je suis un rebut, un objet et de nous deux, je pense que je suis plus un poison qu'autre chose. Je suis ce qu'on utilise et qu'on jettera dès que Carrow aura trouvé toutes ses antiquités.. » Je ne m’apitoyais pas sur mon sort, je ne faisais que remettre les choses dans leur contexte. La Belle Lestrange n'était pas un poison, mais plutôt une rose pour laquelle j'étais prêt à accourir de façon à laisser mes doigts embraser ses épines.

En confiance, je laissais Gwen faire, ne luttant plus. Je m'abandonnais à elle, baissant mes gardes complètement. Elle banda mon bras et ma tête, je ne me souvenais plus ce que cela pouvait faire d'avoir quelqu'un qui fait attention à soi. Le soin que j'avais pu connaître depuis était les coups des bourreaux qui ne faisaient qu'amplifier les douleurs. Elles avaient été telles que parfois, j'avais eu l'impression qu'elles s'annulaient entre elles. Ainsi, j'avais une sensibilité largement réduite au niveau du dos. Elle me demanda si je n'avais pas froid. J'ouvris alors mes bras, prêt à l'accueillir. « Viens, je vais te réchauffer. » Je lui offris un sourire heureux, sincère avant de réaliser que ses blessures n'avaient pas été soignées. Je mis délicatement ses jambes sur mes genoux, enlevant son attelle avec tout autant d'attention. La baguette dans ma main, je vise la cheville cassée de la Belle Lestrange. « Bracchium Emendo. » Un lourd bruit de craquement osseux se fit entendre. Mes yeux devinrent ronds par la surprise. La cheville avait retrouvé un alignement normal et une couleur plus.. sorcière. Je renouvelais le sort d'attelle, pour la maintenir éviter une autre blessure. « Merci beaucoup.. Je risque d'y prendre goût enfin, pas tellement mais c'est agréable.. » Ma façon bien maladroite de la remercier et de lui dire que sans elle, je serais probablement mort. Elle m'avait sauvé.
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Il faut souffrir pour être belle, voilà ce qu’on raconte aux petites filles pour leurs faire endurer les longues heures de préparation d’une coiffure compliquée et parfois douloureuse ou d’essayage d’une tenue qui se doit d’être parfaite. Mais là, alors que Liam soufrait sous mes doigts je ne pouvais m’empêcher de penser que j’étais en grande partie responsable de sa douleur. Bien sûr c’était bien ma baguette qui agissait sous mes ordres mais plus encore il s’était retrouvé dans cette boutique par ma faute. Parce que je n’avais pas été capable de prévoir un sort. Parce que mes os n’avaient pas résisté au choc violent avec ce mur. Parce que j’avais été faible et qu’il avait dû prendre sur lui pour me sauver moi. Il avait donné la mort pour me protéger de ceux pour qui ma souffrance était un plaisir, ceux qui rêvait de voir tomber des têtes de l’élite... s’ils savaient ces fous. Il semblait surpris de mes paroles pourtant j’étais sincère. J’aurai tant voulu lui éviter toutes ces souffrances mais je n’avais rien pu faire. Oui, ses paroles réchauffait mon cœur je ne pouvais le nier mais elles m’interpellaient également. Combien y’aura-t-il encore de blessé, de mort avant que tout cela ne prenne fin ? Je n’étais pas innocente, je n’avais certes pas de sang sur les mains mais en tant qu’adhérente j’avais eu tout le loisir de voir et parfois participer à certaines atrocités. Liam avait subi Azkaban, il avait connu le froid mordant des détraqueurs, les sortilèges des geôliers. Il avait tout perdu et pourtant subsistait dans son regard cette étincelle de bonté. Comment faisait-il ? Il était plus fort que moi, il survivait envers et contre tout et j’aurai tant voulu être capable de le protéger, lui éviter les coups de Carrow, la maltraitance d’un monde perclus de mauvaises intentions et de coups bas. Un monde dont j’étais la marionnette relié à jamais aux ficelles d’un mensonge qui me rongeait de l’intérieur. J’avais du mal à croire ma présence bénéfique pour qui que ce soit mais je laissais à Liam cet espoir qui semblait lui tenir à cœur. J’avais parfois beaucoup de mal à m’observer dans une glace à force de lui mentir de cette façon… mais il le fallait. Nous étions entourés des mauvaises personnes qui prendraient toutes un malin plaisir à le détruire lui pour me punir moi. Alors je le laissais dans l’ignorance et je tentais d’être celle qu’il lui fallait, celle dont il avait besoin. En sa présence j’étais cette fille qui laissait parler son cœur, plus fragile que d’habitude sans doute à cause de ces émotions à fleur de peau. Je le regardais, fixant son regard dans le mien afin qu’il y lise toute la sincérité dont j’étais capable. Cette fois ci c’était à moi de faire un peu d’humour même si celui-ci n’était pas du meilleur goût. N’oublie pas que j’excelle en potion et aussi en poison….   S’il en était un, il serait le mien. La plus belle et la plus mortelle de mes créations. J’ajoutais avec un sourire. Connaissant Carrow il n’est pas là de renvoyer son meilleur déménageur… Lazarus était un insatiable, il aimait plus les objets rares, anciens et sombres qu’il ne pouvait aimer sa propre famille. J’étais assez amie avec sa fille pour savoir qu’il préférerait la vendre elle plutôt que de renoncer à une relique précieuse… Triste, mais véridique. Je continuais à panser ses plaies au mieux avant de lui demander s’il n’avait pas froid ainsi dévêtue, j’avalais une autre potion pour mes côtes afin que celles-ci retrouvent leurs places premières et se consolident. Il m’invita à me réchauffer près de lui et je répondais à son sourire. Si grâce à la potion mes douleurs s’étaient estompés je grimaçais lorsqu’il retira l’atelle qui maintenait mon pied. Je serrais un des coussins du canapé dans ma main lorsque le sortilège fit son œuvre, mon pied avait maintenant retrouvé un aspect « normal » et le temps ferait son œuvre quant à sa guérison complète. Merci. Dis-je en esquissant un sourire. Je venais près de lui, tout contre lui, me calant dans ses bras du mieux que je le pouvais. J’espérais ne pas lui faire manger mes cheveux mais c’était la position qui me convenait le mieux tant que les potions n’auraient pas agis totalement. Ma respiration c’était adoucie même si elle restait encore courte. Je fus étonnée de ses remerciements. J’arquais un sourcil tout en jouant avec ses doigts, les entrelaçant avec les miens. Je préférerais prendre soin de toi autrement qu’en soignant tes plaies… Etre là dans les bons moments autant que dans les mauvais. Non, jouer les infirmières ne me dérangeait pas le moins du monde mais le savoir souffrant était assez douloureux pour moi. Nulle ne pourrait m’éviter la culpabilité qui s’insinuait en moi… Dis-moi, je n’ai pas rêvé, c’est mon père que nous avons « croisés » tout à l’heure n’est-ce pas ? C’était bien Rabastan qui était venu vers nous ? Qui avait donné ma baguette à Liam… J’étais un peu dans le coton lorsqu’il avait surgit dans mon champ de vision aussi préférais-je demander. D’un accio je faisais venir à moi une boite en métal peint à la main représentant deux petites danseuses qui s’entrainent. J’avais offert cette boite à Absynthe il y a des années de cela et elle contenait toujours la même chose… de délicieux petits gâteaux. J’ouvrais la boite et en proposais à Liam. Tu en veux ?   Quand l’appétit va tout va n’est-ce pas ? J’étais une incorrigible gourmande et malgré la lassitude qui prenait peu à peu possession de mon corps j’avais une petite faim.
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     Picture, you're the queen of everything, as far as the eye can see. Under your command, I will be your guardian. When all is crumbling, I steady your hand. You can never say never while we don't know when. Time, time, time again, younger now than we were before.

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La douleur n'était plus lorsque son regard brillait. Je résistais, j'avais résisté du mieux que je le pouvais pour elle, pour nous. Pensant que Gwen était ma faiblesse, au final, elle avait fait ma force. Alors bien sûr, il était possible de rejeter la faute, de se l'imputer à soi-même mais ce n'était pas elle qui avait le bourreau. Elle avait victime et je me rendis compte de ce que j'étais capable de faire pour elle, par amour aveuglant et aveuglé. J'avais saigné, j'avais tué. J'étais capable de violence et la belle Lestrange me réconciliait avec la douceur d'un amour impossible. Crédules, nous en avions payé une partie infime du prix aujourd'hui. Gwen avait souffert parce que j'avais trop tardé à agir. A quoi cela servait d'être semi-loup, rapide et fort, si ce n'était pas pour protéger les autres ? J'avais échoué avec ma famille, ma mère, et j'avais failli échouer avec Gwen aujourd'hui. Je ne me le serais jamais pardonner et je ne pensais qu'à elle et à sa sécurité maintenant. Certes, la maison de son amie nous offrait un instant de répit mais une fois dehors, tout risquait de reprendre. Les attentats, les rixtes, la sauvagerie environnante et les barbaries gratuites opérées par une foule en déroute. J'avais eu peur de la perdre et cette peur continuerait à m'habiter tant qu'elle ne serait pas définitivement en sécurité. Idée bien illusoire, il n'était pas question de l'enfermer quelque part et de la faire sortir plus tard. Non. Je me disais alors que nous aurions du rester dans ce grenier, où le temps semblait s'être arrêté et il n'y avait que nous qui comptait. Personne d'autre n'aurait su voler notre bonheur.

J'esquissais un sourire amusé face à sa répartie. Je la préférais d'humeur à faire des blagues plutôt que le teint pâle, livide avec un mur sur son corps. Elle excellait dans les soins aussi, elle excellait dans tout ce qu'elle touchait. A moins que ce soit mon coeur qui ne s'emballe un peu plus. « Est-ce que je devrais m'inquiéter ? Je suis sûr que ta potion violette, là, c'était pour m'avoir un peu plus.. » Je m'approchais alors de son oreille, un faux air sérieux peint sur mon visage. « Mais.. t'as pas besoin de ça, tu m'as déjà. » Je me mis à sourire en embrassant son front. Lorsqu'elle évoqua Carrow, mon sourire s'estompa. Elle connaissait cet homme. Je lui servais, il m'apprenait. Il était maître de son accessoire, cet homme seul. J'arquais un sourcil alors, l'observant. « Carrow fait partie de ce monde. Quand il arrivera à sa fin, il l'emportera avec lui. » Je n'étais que rarement capable de tenir de tels propos au sujet de mon propriétaire mais il n'y avait rien de bien méchant. Ce monde lui convenait, jusque là, j'avais l'impression qu'il n'avait fait que chercher sa place. Il était un strangulot nageant dans une baignoire à champagne et cela lui convenait. Pas de fin heureuse pour ce coeur déserté par l'amour. Enfin, dans ses crises de folies, j'avais l'impression qu'il avait connu autre chose. Une question me brûlait les lèvres. Je ne comprenais pas comment est-ce qu'il pouvait être au courant de mes seconds prénoms. Thaddeus était celui de mon père mais Pryam.. Trop y penser commençait à me donner de grands maux de tête. Je passais ma main sur mon front bandé. Lorsqu'elle me remercia, je ne pus retenir un large sourire ravi. Je me sentais utile et si je pouvais la soulager un peu, c'était ce qui m'importait.

La belle Lestrange vint se lover dans mes bras, dans une position qui lui semblait agréable. Sa respiration devint plus calme, bien qu'elle persistait à être difficile. La remerciant, elle semblait surprise. J'étouffais un léger rire face à sa réaction. J'entremêlais nos doigts, serrant les siens dans ma main. « Je pensais que tu aimais jouer les infirmières, je t'imaginais déjà en tenue de Sainte-Mangouste, tu aurais vraiment fière allure enfin, les autres patients n'auraient pas droit à tes soins particuliers mais bon. » Je caressais délicatement ses cheveux, observant le feu avec un air amusé. C'était une manière comme une autre de lui faire comprendre les prémisses de ma possessivité à son égard. Alors que je commençais à me détendre et à ne penser qu'à nous, Gwen parla de notre rencontre avec son père. Lestrange, ce rabbin de Voldemort qui était tout simplement sa religion. J'arquais un sourcil, avec toute cette agitation, je n'avais même pas relevé. « C'était ton père oui, il était assez inquiet pour me laisser te porter et donner ta baguette à un rebut.. Tu penses que je lui ai fait bonne impression ? » Je ne pus m'empêcher de rire face à l'ironie de la situation. Les guenilles, le tatouage de rebut, il y avait de quoi.. ne pas impressionner Lestrange et plutôt le dégoûter que je puisse porter sa fille. Alors l'aimer, il préférerait sans doute retourner à Azkaban et subir le baiser des détraqueurs. Gwen fit venir une boîte à nous, une vieille boîte qui semblait précieuse et d'une certaine qualité. Deux danseuses s'entraînaient dessus et j'imaginais qu'il s'agissait de Gwen et de son amie. Je l'observais ouvrir la boîte. L'odeur douce, sucrée, caressa mes narines et je déglutis. Je me demandais si je pouvais. Gwen m'en proposa mais je ne pus m'empêcher de regarder autour de nous et de prendre un air suspicieux. « Je, je peux ? C'est pas une blague ? » Je la regardais, d'un air qui devint curieux. Je pris un biscuit et pris le temps de respirer sa saveur avant de le croquer timidement une première fois. Finalement, d'une démarche qui se voulait lente, je ne pus retenir mon appétit et ma gourmandise, pour finir le biscuit en deux bouchées. « Pardon.. » Tel un enfant pris la main dans un paquet de chocogrenouilles, je baissais la tête, les joues légèrement écarlates.
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Lorsque nous nous étions retrouvés je m’étais dit que nous aurions dû quitter le territoire anglais avant que tout cela ne dérive… Avant qu’il ne soit marqué par ce sablier qui égrenait le temps de son service avec les Carrow. Ce sablier qui n’avait de cesse de me rappeler sa condition. La condition ou je l’avais moi-même jetée puisque j’avais été incapable d’enchérir assez, d’enchérir tout court d’ailleurs. Incapable de bouger alors que j’étais prioritaire, que j’avais l’argent et le « pouvoir » d’agir. Mais ce qui était fait était fait, je ne pouvais revenir en arrière alors je tentais d’avancer. Depuis quelques temps je nous rêvais parfois, loin, sur une terre verdoyante près d’un petit lac ou le soleil se reflète. Image idyllique et imaginaire qui rendait mon cœur moins lourd l’espace de quelques secondes. J’ignorais ou pouvait bien se trouver cette terre promise mais elle nous était réservée. Dans ces temps difficile je m’accrochais à ce genre d’image qui faisait face à tant d’atrocité qu’elle disparaissait bien trop vite de mon esprit. Aujourd’hui encore une couche sombre s’ajoutait à toutes celles de mon passé et de mon présent. Liam avait tué. Liam avait ôté la vie, pour moi. Pour me protéger. Il en était capable et si cela ne m’effrayait pas, ça m’angoissait. Il était capable de donner sa vie pour la mienne. Ses paroles dans la boutique Ollivanders me revenait en mémoire « tu dois vivre » et non « nous ». Oui il donnerait sa vie pour moi et si bien sûr l’idée était plaisante d’être aimé aussi fort, cela me glaçait le sang. Je ne voulais pas qu’il meurt pour moi ni pour personne d’autre. Je voulais qu’il se batte pour vivre, il le méritait. Nous le méritions. Son sourire me réchauffait sans doute plus que pouvait le faire la cheminée. Le mien s’éclairait en entendant son commentaire auquel je rétorquais rapidement. Je n’ai jamais usé de philtre d’amour si ça peut te rassurer…   J’en avais préparé, certes, mais je n’en avais jamais utilisé pour moi-même. Je l’avais déjà, oui et j’étais heureuse de l’avoir près de moi. De pouvoir sentir la chaleur de ses mains, la douceur de ses lèvres sur ma peau d’être simplement là avec lui. Une pause dans une guerre. Une pause dans une vie. Un moment simple de bonheur qui nous aidait à avancer. Rien ni personne ne t’éloignera plus jamais de moi.   Même si du sang « pur » devait couler d’une façon ou d’une autre. Si Carrow faisait partie de ce monde, j’y avais également ma place et j’étais parfaitement capable de jouer avec les mêmes règles que lui. Mais je ne voulais pas y penser, pas maintenant. J’étais épuisée et l’antidouleur faisait doucement son œuvre. J’observais les flammes dans l’âtre tout en écoutant les paroles de Liam qui me firent sourire. Monsieur O’Daire serait-il jaloux ?   La jalousie était intimement liée avec l’amour, du moins de mon point de vue. L’imaginer avec une autre fille était douloureux, impensable. Oui je m’étais découverte jalouse mais je ne lui en avais jamais parlé. Savoir la fille Carrow, avec du sang de vélane dans le manoir m’inquiétait… Mon amie Susanna m’en avait tellement parlé en mal que je ne pouvais qu’imaginer le pire. Heureusement, ou malheureusement le sujet de conversation dérivait sur… mon père. Père qui avait joué son rôle durant cette « bataille ». Je pense surtout qu’il va se poser des questions et que nous avons tout intérêt à être très prudent. Il est dangereux, très dangereux. Moins tu le verras mieux tu te porteras.   Mon père jouait avec les esprits des gens pour découvrir ce qu’ils cachaient… Je n’avais « rien » à craindre grâce à mon apprentissage de l’occlumancie mais Liam serait une de ces proies s’il nous voyait de nouveau aussi « proche » Liam et moi. Je lui tendais la boite en le laissant choisir, légèrement surprise de sa question. Lorsque nous étions ensemble j’oubliais parfois les conditions dans lesquels il vivait avez son « maitre ». Bien sûr que non, sers toi.   Je l’observais manger avec un plaisir évident ce petit gâteau tout comme je pouvais le faire avec le mien. Il semblait aimer aussi allais-je lui en re-proposer lorsqu’il s’excusa. Jr fronçais les sourcils tout en lui disant. Ne t’excuse pas voyons, manges en tant que tu le souhaites et demande-moi si tu veux autre chose.   J’étais la gourmandise incarnée alors je pouvais tout à fait comprendre son envie irrépressible de laisser sa main retourné dans la boite.  J’embrassais la main qui serrait la mienne et je posais ma tête au creux de son cou, profitant pleinement de cet instant de calme. Je fermais les yeux et respirais son odeur le laissant déguster, la boite entière s’il le voulait.


Dernière édition par C. Guenièvre Lestrange le Mar 24 Fév 2015 - 10:01, édité 1 fois
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Nous avions été privés de notre propre bonheur. De notre propre chance d'être et de devenir. Nous étions plusieurs dans ce cas-là, toutes ces vies brisées pour la gloire d'un sans-nez-sans-coeur. Personne n'osait se plaindre et tous subissaient en silence. Aujourd'hui, cela avait éclaté pour mieux être réprimé. Ainsi allait ce monde, poussé dans un cercle vicieux. Tournant en rond, vers toujours plus de fausses illusions, toutes plus sombres les unes que les autres. Dans ces instants, le pire et le meilleur pouvaient être révélés. En l'absence de la moindre lueur, même les intentions les plus louables paraissaient malsaines, destructrices. Les insurgés paraissaient légitimes, mais trop intéressés, ils ne valaient pas mieux que les mangemorts. Et au milieu, il y avait les sorciers, qui étaient les dommages collatéraux des diverses quêtes de pouvoir des deux camps. Les rebuts, nous, n'étions que de la chair à baguette, les pantins misérables d'un système qui l'était tout autant. J'avais pensé chaque mot, ne cédant à la pression et à l'horreur qu'en voyant Gwen en souffrance ou alors, face aux détraqueurs. J'avais mesuré chaque parole, chaque pensée. Elle devait vivre, et j'étais prêt à renoncer à ma vie pour qu'elle puisse continuer. Le reste importait peu. Chevaleresque suicidaire, je m'étonnais encore d'être en vie. Dès mon achat, j'avais eu des tempéraments violents, avant de subir la violence de Carrow en osant défendre Ysolde. Il n'y avait que Gwen qui n'était que douceur et bonté. Personne n'était parfait mais j'aimais ses imperfections.

Gwen s'amusa de la situation pour préciser qu'elle n'avait jamais usé de filtre d'amour. Ce que nous vivions était bien plus fort que le simple fruit d'une potion, c'était évident. « Tu es un filtre à toi tout seul, enfin, le mien. » Je me laissais aller un peu plus dans le grand canapé. Je ne me souvenais pas d'avoir été capable d'une telle décontraction depuis Azkaban. Non, Gwen me réapprenait à vivre littéralement et jamais je ne pourrais la remercier suffisamment pour ce qu'elle faisait, probablement, sans même en avoir conscience. Ce monde était celui de Carrow et des autres sorciers de sa trempe. Je n'incluais pas Gwen dans ces personnes dépourvues d'une quelconque forme d'amour de la vie. Ils ne s'aimaient qu'eux et Gwen pouvait, devait, pouvoir sortir de ce monde magique pourri. J'avais peur des représailles, j'avais peur des exactions. J'avais peur qu'on lui fasse du mal à elle. « Je ne veux plus être sans toi, Gwen. Regarde ce qu'il t'est arrivé, je ne peux pas le permettre. » Je regardais sa cheville, désormais à peu près normale, et son visage, que je redessinais avec mes doigts rugueux. Je l'embrassais tendrement, bien qu'avec assez d'ardeur pour lui témoigner ma détermination à la protéger. Je quittais ses lèvres lentement alors qu'elle insinua mon éventuelle jalousie. « Jaloux ? Je vois pas de quoi vous parlez Mademoiselle Lestrange. » J'arquais un sourcil avant de laisser un rire taquin s'échapper. Je me perdis alors dans ses grands yeux bleus. Le sujet de son père me ramena à la réalité des choses. « On fera attention. Il est parfois avec Carrow mais ne s'occupe jamais des inférieurs. Je ne le laisserais pas mettre en danger ce qu'on a, et.. Ca se passe bien avec lui ? » Naïf, je me demandais comment cela pouvait être entre lui et elle, lui qui était tellement mauvais et elle, qui était tout à son opposé. A croire qu'il n'avait rien d'un père pour elle.

La belle Lestrange m'invita à me servir et à renouveler l'expérience délicieuse. Je me sentais un peu coupable de pouvoir goûter à des tels délices alors que les autres de ma condition, n'avaient rien de tel. Enfin, pouvoir manger des petits gâteaux. Je ne mangeais rien d'aussi bon ou d'aussi raffiné. Non, j'avais droit à une portion légèrement supérieure à un elfe de maison même si l'un d'eux m'aidait à grignoter dans la cuisine. J'étais un ventre sur pattes et j'aimais manger de bonnes choses. J'avais perdu le goût d'éléments aussi fins. Tentant de savourer, j'avais été rattrapé par mon manque et mon appétit surtout. J'apprenais à ne plus écouter mon ventre, à ne plus rien écouter si ce n'était les ordres de Carrow. Ma main plongea timidement dans la boîte à biscuits, j'en pris deux. Un pour Gwen, que je plaçais délicatement entre ses lèvres et un autre pour moi, que je mangeais directement. « Merci beaucoup, je pensais pas y avoir droit.. » Je baissais la tête, légèrement ému par un petit gâteau dérisoire mais synonyme tant de choses. Pour la remercier, de façon spontanée et probablement un peu brusque, je ne pus m'empêcher d'emprisonner ses lèvres, longuement et avec ardeur et passion, n'hésitant pas à approfondir ce baiser. Mes mains caressaient ses cheveux, descendaient sur son cou frêle. Elle laissait des ailes pousser, je ne m'étais que trop rarement senti aussi vivant.
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