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sujet; les oiseaux en cage
MessageSujet: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyJeu 2 Avr 2015 - 5:25

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Le 7 avril 2002

Une semaine.

Il a laissé une semaine s'écouler depuis sa conversation avec Elphaba. La première depuis quelques mois, la dernière peut-être. Il ne sait pas. Suite à ces mots échangés, il a réellement pris la peine de fouiller les journaux. De s'informer. De chercher.
Alexander Reid est mort. Disparu, à tout le moins, sans aucune preuve, et c'est apparemment assez pour que le gouvernement déclare une de ses mains comme morte (c'est louche). Tué, probablement. Veuve, la Elphaba. Libre, en un certain sens.
Il n'a pas oublié le merle emprisonné dans sa cage.

Puis, elle a oublié beaucoup de choses.

Il a cherché d'autres informations. De nouveaux livres, de nouveaux écrits, qui ont choqué des critiques, en ont ravi d'autres, ont soulevé des commentaires dithyrambiques et pourtant tous unanimes : la Duchannes est passé à un autre registre. De délicieusement rebelle, quelque peu provocatrice, elle est devenue plus complice de ce gouvernement contre lequel elle se dressait avec amusement. Mutinerie. L'Auror n'en est ressorti que plus confus. Les entrevues parlent de la même chose. Les photographies, elles, montrent une jeune femme en santé, mais au sourire triste. Ou qui lui semble triste. Est-ce seulement son esprit qui lui joue des tours ? Veut-il tout simplement la voir triste ? Les morceaux de ce casse-tête sont incomplets, il ne les a pas tous, la solution n'est pas loin, mais elle lui échappe. Il manque trop d'informations et la situation lui glisse des doigts.
De toute façon, lui ne peut pas résoudre cette énigme. Davius n'est qu'un imbécile, instable de surcroît, qui ne sait pas se contrôler. Qui n'a pas su réagir. Il a échappé tout ce qu'il savait. Il a été déstabilisé par cette nouvelle Elphaba, déçu, furieux, enragé, et le coup de grâce a été fatal.

« Trouvez-moi. »
Comme une invitation.
« À moins que vous n'ayez pas le courage. »
Comme un défi.

Il est un idiot. Un idiot orgueilleux. Un idiot joueur.
Il a été piqué au vif.

Il n'en a pas dormi de la nuit. De la semaine. Il a cherché des informations. Tout. Son lieu d'habitation. Facile. Il a rôdé près de la maison, une nuit, sans oser se rapprocher plus du manoir de Godric's Hollow. Un étrange endroit où vivre, d'ailleurs, pour une apparente collabo. Il n'en est pas à une étrangeté près, dans cette histoire. C'est ce soir seulement qu'il a osé s'avancer.
Ce qui te perdra, Llewellyn, c'est toi-même. Fier comme un hippogriffe et au moins aussi entêté. »)
(il se rappelera toujours les mots de Maugrey, des réprimandes comme des conseils)
T'as du coeur, gamin, mais t'es idiot comme pas deux. Sers-toi de ta tête, au lieu de te servir de tes tripes. » Ça aussi il s'en souvient. Et c'est si douloureux, si douloureusement vrai.)

S'avancer jusqu'à la porte. Le coeur battant, le souffle coupé, les joues déjà empourprées, de gêne comme de honte, les yeux brillants, la gorge sèche. Il a chaud, sous son pardessus éternel, sa chemise propre (à peine quelques taches de sang sur le col, indélibiles), malgré ses cheveux courts, sa barbe taillée, à peine une ombre sur ses traits découpés. Trop chaud, trop froid, les deux à la fois. Le dernier pantin du gouvernement est venu il y a une heure, s'assurer qu'elle va bien avant la nuit, et il l'a aperçu, furtive ombre aux longs cheveux sombres, de loin. Ces crétins ne vérifient même pas pour vrai. Ils ne se doutent de rien. Ils n'ont pas vu l'homme sous sortilège de Désillusion non loin, les observant d'un regard bleu et sombre, se retenant de toutes ses forces de les assomer. De les tuer, même. Parce qu'ils ne sont rien. Il ne doit cela dit pas attirer l'attention sur cet endroit. Sur lui. Il est un fantôme. Une ombre furtive qui pourrait bien ne jamais être venue ici.
(il a coupé ses cheveux hier, en se mirant dans le lac après sa baignade, avec les mains tremblantes)
Il ne frappe pas. Pas encore. Il ne doit pas. Il ne peut pas. Il ne faut pas. C'est idiot. Tous ces mois à se cacher, à protéger son identité, à veiller, pour se retrouver ici, tout simplement piqué à l'orgueil. Dans sa curiosité également, disons-le. Davius doit savoir, voir de lui-même. L'ancienne Elphaba lui a déjà lancé ce défi et il avait éludé la chose avec, il espère, une intelligence un brin ludique. Cette nouvelle l'a lancé dans un univers sans repères, lui qui en a déjà si peu, qui se raccroche à quelques racines éparses à peine. Ce qu'il fait est proche de la traîtrise, il tuerait quiconque ferait la même chose, sans aucun doute, et le savoir ne l'empêche pourtant pas d'abattre ses jointures sur la porte. Une fois, deux fois, trois fois. De tendre l'oreille, la main serrée sur sa baguette, les jointures blanchies sous sa poigne. Il est prêt à transplaner s'il le faut, à se sauver à toute vitesse, il en est capable à nouveau.
La porte s'ouvre. Elle est devant lui, maintenant, juste là, palpable. Les yeux bleus, ou verts, les cheveux noirs, peut-être bruns ?, le visage régulier et élégant, les lèvres pleines, la curiosité dans ce regard qui se pose sur lui. Il ne doit pas être ici, n'est pas supposé être ici, fous le camp. Qu'elle referme la porte et il aura transplané loin d'ici, autant qu'il peut, comme une apparition, un fantôme, une ombre.

Les seuls mots qui s'échappent de sa bouche sont soufflés, rauques :

« ... un merle moqueur. »


Dernière édition par Davius Llewellyn le Ven 3 Avr 2015 - 3:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyJeu 2 Avr 2015 - 14:53

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

La musique entre les murs de la demeure, pas du classique, pas du sorcier, quelque chose d’entre deux, optimiste et rythmé, musique enfantine sur laquelle danse la fillette enjouée, aux cheveux couleur d’arc-en-ciel, aux yeux d’un bleu teinte de ciel. Le rire et les feuilles, un peu partout, les livres, le papier, le désordre et les plumes éparpillées. Pas de gouvernante ce soir, juste la complicité, oublier la guerre et la triste réalité. Oublier que maman, parfois, pleure la nuit. Oublier que papa frappait, criait, s’énervait. Maman sourit, joue aussi. Maman est jolie, dans sa robe pigment de nuit, avec ses chaussures d’encre. La petite rit, sautille. Finalement, on ira pas dormir tôt, ce soir. Ce soir c’est comme une fête à deux, exceptionnelle. Et elle s’éloigne, quand ça toque à la porte. Ca doit être vachement difficile de marcher sur des trucs hauts comme ça, mais maman semble flotter, perchée là-dessus comme sur un nuage moelleux et délicat. Dis, où tu vas ?

« ... un merle moqueur. » L’enfant sautille jusqu’à la porte, pleine de vie, comme sortie d’un de ces dessin animés irréalistes et se glisse derrière la robe d’Elphaba, timide, son visage à demi-dissimulé derrière la robe fluide, évasée. Elphaba semble dépourvue de réaction, figée, détaillant le visage de l’homme, de cet inconnu déjà trop familier. Indésirable recherché. « Maman.. rose ? » Rose. La mèche de cheveux, sur le côté de son visage, s’est teintée de rose et ses billes de mauve. La métamorphomagie fait à nouveau des siennes. Rose. Elle a raté un battement de coeur. Un souvenir lointain qui frappe au coin de sa mémoire verrouillée. « .. une chouette hulotte. » Du rouge. Le rose fonce, comme une colère qui gronde. Un indésirable recherché. Stupide ! Elle a attiré entre ses murs un meurtrier, quand bien même sa chemise soit plutôt propre, quand bien même il présente plutôt bien ! Quelle folie ! « Elsa.. fais plaisir à maman, va chercher les chocolats. » Elle est intelligente, la petite. Peut-être un peu précoce. Elle parle bien, comprend vite, sent quand quelque chose ne va pas. Alors l’arc-en-ciel s’éloigne à petits pas, monte les escaliers. Ils sont tout en haut, les chocolats.

« Llewellyn. » Ses doigts se referment sur son bras et, vivement, elle l’entraîne à l’intérieur, fermant la porte sur eux. Verrouiller l’entrée, tirer les rideaux d’un tour de baguette. « Mais enfin, je n’étais pas sérieuse ! » Si, bien sûr que si mais elle ignorait son identité, elle ignorait l’étendue du danger. Et sa main relâche sa prise, la mèche devient blanche. Le blanc du vide, de l’absence, le blanc d’une dépigmentation brutale. Défaillances de débutante. Impensable, à son âge. Son corps signale qu’il y a des failles profondes. « Vous savez que je dois alerter les autorités ! » Pourtant elle bouge, pose sa baguette, sert deux verres d’alcool, un whisky sans doute hors de prix, dans tout le paradoxe dont elle peut faire preuve. Son inconscient s’exprime en contradiction avec ses mots. Ou, non, c’est plutôt sa véritable pensée étranglée qui agit, derrière la collaboration falsifiée.

Puis elle s’arrête.
A côté de la table basse, près du canapé, des fauteuils, elle cesse de s’agiter.
La mèche est toujours blanche, sur le brun de ses cheveux.
Ses iris sont redevenus bleus.
« Ne faites pas de mal à ma fille. »

Elphaba ne sait pas de quoi il est capable. Certaines personnes sont capable de montrer les reflets les plus délicats pour laisser exploser, à l’abri des regards, les plus violents travers. Elle le savait mieux que beaucoup. Dans le coin du salon, le grand piano blanc. Le souvenir de la chute, le frisson dans sa nuque.
C’est toujours tellement flou. Et pourtant bien là.
« S’il vous plaît.. »
C’est une supplique. Pourquoi serait-il venu, sinon ? Le gouvernement le dit bien : ce sont des terroristes. Ils sèment la peur et la mort.

* ; français.
(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyJeu 2 Avr 2015 - 17:50

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Il voit les changements avec une acuité démente. Une mèche de cheveux devenir rose  - « Maman.. rose ? », ses iris devenir violets. Il est fasciné. Il ne respire tout à fait plus. « .. une chouette hulotte. » Il réussit à se tenir debout, à ne pas défaillir quand elle lui répond et lui confirme qu'elle a compris, qu'elle sait qui il est. La mèche vire au rouge. Il la regarde avec attention, sans voir la petite cachée derrière sa mère - il n'entend pas ladite mère lui dire d'aller chercher les chocolats, les petits pas s'éloigner dans le manoir.

« Llewellyn. Davius. » Son nom, comme une accusation, son prénom en réponse (dites, vous avez un prénom ?) et il est brusquement tiré à l'intérieur. Une force inattendue chez cette jeune femme, plutôt frêle au demeurant. Il faut dire qu'il n'a opposé aucune résistance. « Mais enfin, je n'étais pas sérieuse. Vous me le sembliez. » Sa voix est un peu absente, pensive, alors que ses yeux détaillent le manoir, les fenêtres, les portes, les sorties. Réflexe. Un piano blanc dans un coin (je suis tombée contre l'angle du piano)(un accident)(beaucoup de choses). La mèche rouge devient blanche, la main le lâche avec la même brusquerie, comme si son pardessus avait brûlé sa paume.
Peut-être n'était-elle pas sérieuse ? Il est tombé directement dans le piège, si c'est cela. Ils sont pourtant les seuls à le savoir ici.

« Vous savez que je dois alerter les autorités ! » Alerter les autorités ? Qu'elle le fasse. Il sera parti depuis longtemps quand lesdites autorités arriveront, les brigadiers. Puis, ne risquent-ils pas d'être très curieux de savoir pourquoi Davius Llewellyn est venu la visiter elle, au milieu de la nuit, sans lui faire de mal, à personne ? Alors qu'ils n'ont rien qui puisse justifier une quelconque connaissance ? Un commentaire cynique qu'il garde pour lui. Surtout qu'elle verse du whisky, dans deux verres, du whisky à partager, à faire tinter leurs verres l'un contre l'autre, comme s'il était un visiteur normal. Ses gestes sont nerveux, empressés, presque saccadés, et quand elle retrouve son calme, c'est pour fixer sur lui des yeux à nouveau bleus.

« Ne faites pas de mal à ma fille. »
Faire mal à sa fille ? Il hoche la tête doucement, un mouvement négatif. Doux, mais ferme. Clair.
« S'il vous plaît. Jamais. »
Davius Llewellyn ne peut pas tuer des enfants. Il ne peut pas tuer les jeunes filles.
Il ne peut pas.
« J'ai eu des filles. »
Les bruits légers des pas de la petite se fait entendre au-dessus de leurs têtes.

Elphaba a posé sa baguette; il range la sienne dans la poche la plus facilement accessible de son pardessus. Pour la rassurer. À peine. Davius ne quitte pas son regard, désormais, prudent comme un animal qui se retrouve devant son prédateur. Il est en danger et c'est entièrement de sa faute, il n'a personne à blâmer, si ce n'est lui-même. Des gestes lents, plus calculés. Il marche vers elle, jusqu'à la rejoindre près de la table basse, des canapés. Il a encore trop chaud, trop froid, et les taches rouges de ses joues ne sont pas disparues. « Je ne suis pas ici pour vous faire du mal. » Elle porte une robe noire et des talons hauts, même à l'intérieur de sa maison. Elle l'étonne. Elle est si près. Étrange que de se retrouver devant celle avec laquelle il a tant échangé et partagé, tout en sachant que ce n'est pas exactement la même personne.
L'Auror prend les deux verres de whisky, sa seule odeur l'informe qu'il s'agit d'une boisson de qualité (loin de la presque piquette qu'il se trimballe dans son manteau), et en tant un à l'auteure. Attend qu'elle enroule ses doigts autour du verre pour le lâcher, le lui laisser. Leurs doigts s'effleurent à peine. « Cela vous fera du bien. » De boire. Il ne parle pas de sa mèche blanche, tache surprenante sur ses cheveux sombres, ni de son teint pâle comme la mort. Elle doit déjà le savoir, s'en douter. Elphaba est proche et ils n'ont toujours pas bu. « Je ne sais pas résister à un défi. Orgueilleux, ou idiot, sans doute les deux. » Tout à fait les deux.

(sers-toi de ta tête)

Il frappe légèrement son verre contre le sien, un tintement de verre, le liquide ambré qui fait une légère vague. Une ombre de sourire sur ses traits, rapide, furtive. « À vous. »
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyJeu 2 Avr 2015 - 21:01

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

Davius. Il s’appelle Davius. Mais elle s’en souvient, c’est marqué sur les affiches. Maman a peur, la petite fille le voit, en revenant, en bas des escaliers, petit pas par petit pas. Maman est tendue comme quand papa criait. Il dit qu’il a eu des filles mais Elphaba ne commente pas. On a cloué le bec au Merle Moqueur. On a coupé la plume de l’auteure. Elsa avance, essaye de ne pas broncher dans un meuble, elle est petite, si petite, du haut de ses quatre ans. Gentiment, elle tire sur le vêtement du monsieur, sa crinière arc-en-ciel, ses grands yeux. Portrait de maman, avec plus de couleurs. « Monsieur veut du chocolat ? » La boîte est ouverte, laisse glisser les effluves de cacao. Tout semble cher, ici.
Et la jeune femme, figée, le verre dans la main, ne sait plus quoi faire. Il a dit qu’il n’était pas là pour leur faire du mal, mais quelle preuve ? C’était un insurgé, un indésirable recherché. Ca n’est pas sa faute, si elle va vers les gens : elle a été élevée comme ça, à l’ouverture d’esprit, pour embêter papa. « Elle est belle maman, hein ? » « On ne dit pas ‘hein’, Elsa. » « Oups, pa'don ? » Elle se dandine dans sa robe ‘qui tourne’, comme aiment toutes les fillettes. On dirait un bonbon. Un bébé bonbon.

Il ne sait pas résister à un défis. S’il savait.. elle non plus, avant. Quoiqu’encore un peu, maintenant. Dans une moindre mesure, sur moins de domaines, disons. Elle est gênée, coincée. D’habitude, elle sort. D’habitude, elle n’invite pas les hommes en entrer. Pour sa fille, pour la protection de son monde, de son univers personnel. Elle ne montre pas, le bureau près de la fenêtre où tous ses projets s’empilent, ni Morticia, sa plume à papote. C’est compliqué à gérer. Il a un accent particulier, aussi. Elphaba n’arrive pas vraiment à le situer. Flou artistique. Une gorgée. Il a raison, ça lui fera du bien, de boire ; l’univers sorcier était toujours plus amusant, après un verre ou deux. Ou un amant. Des fois, le tout, c’est marrant. La mèche reste blanche, il y a une faille au système. Je pourrais être n’importe lequel de vos fantasme. Oui, mais pas en ce moment. C’était avant qu’on la frappe, avant qu’on l’efface, avant que sa vie lui échappe, quand Vincianne lui enseignait, quand Vincianne était là.

« Asseyez-vous. » Si, physiquement, elle se trahissait, Elphaba avait toujours eu l’art de feindre une sorte d’assurance, et quand c’était un exercice hors de portée, l’assurance se teintait d’une sorte de douce langueur. Souvent, les hommes prenaient ça pour de la drague, mais les mâles ne comprennent jamais rien aux femmes, alors une femme sans visage..

« Elsa, chérie, va dans ta chambre s’il te plaît. Il est tard et le monsieur est venu pour travailler. » Elle sourit. L’enfant a l’air malicieux, tortille ses doigts, les chocolats étant posés. « Le monsieur est très important ? » Maman hoche la tête. Il faut savoir mentir, parfois, et elle lui ment si bien, au petit ange, à la fée de ses contes. « Je vais venir, promis. » Parce qu’elle est bien élevée, Elsa envoie un baiser de sa main à Davius, qu’elle souffle, rieuse, avant de repartir vers sa chambre. Préservée, dans une cage dorée. Papa n’est plus là, maman sourit maintenant, alors.. ça va.

« Si j’avais su, j’aurais fait venir la gouvernante. » La gouvernante parce qu’il n’y avait plus de marraine pour jouer la gardienne. Il n’y en avait jamais réellement eu, d’ailleurs, parce que la guerre ravageait tout. Cette foutue guerre. « Pourquoi vous mettre en danger de la sorte ? » Elle aussi, elle a un accent. Il est léger, un petit air de France qu’elle a gardé. On trouve souvent ça étrange pour une métamorphomage et ça l’arrange, on ne se méfie pas, on se dit qu’elle serait reconnaissable ainsi, sous un autre visage. Elphaba se garde bien de rappeler qu’elle peut l’effacer. « Je ne suis qu’une écrivaine sans importance, vous êtes de ces terroristes qui.. » Tiens, était-il si près ? Elle réalise tout juste. Sa tête se penche légèrement sur la gauche. « Qu’est-ce que vous cherchez, monsieur Llewellyn ? » Elle a son nom. Ca lui fait tout drôle. Le mystère n’aura pas duré longtemps - ou plutôt si, mais elle ne se souvient pas.

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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyJeu 2 Avr 2015 - 21:42

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Quelque chose tire avec légèreté sur son pardessus – il baisse les yeux pour les fixer sur la réplique miniature d'Elphaba, avec des cheveux en arc-en-ciel. « Monsieur veut du chocolat ? Oui, bien sûr. » Sa voix s'est immédiatement adoucie, abaissée. Il se penche au niveau de la fillette et attrape un chocolat entre ses doigts, l'engloutit du même geste, une expression plus malicieuse sur son visage. Il est passé du tout au tout. Il a toujours adoré les enfants. Comme un ours bourru, un animal sauvage qui s'attendrit devant les petits. Devant les plus vulnérables.
« Elle est belle maman, hein ? On ne dit pas 'hein', Elsa. Oups, pa'don? Davius rit un peu. Oui, elle est très belle. » Parce que ça ne sert à rien de contredire une enfant de quatre ans, en premier lieu, et parce qu'ensuite, il est inutile de se mentir. Elphaba est une belle femme. Il ne la regarde pas, en affirmant cela, mais il a l'impression que son visage est en feu, par Merlin, et c'est idiot. Il n'a jamais eu peur de dire à une femme qu'elle était belle, il ne connaît ni la gêne, ni la pudeur, mais c'est tellement incongru.

« Asseyez-vous. » Davius se relève, puis s'assit, obéissant. Il n'est pas le maître des lieux. Il n'a pas pris la chose comme de la drague, mais bien comme un ordre. Ce faisant, il prend enfin une gorgée du liquide ambré, qui le réchauffe délicieusement. Il a visé juste : le whisky est d'excellente qualité. Il y a longtemps qu'il en a bu du aussi bon, sans rien d'autre. Finalement, l'Auror se relève quelques secondes pour se débarrasser de son pardessus, pendant l'échange entre Elphaba et Elsa. Il change la baguette d'endroit, la glisse sous sa chemise. Pour se mettre... à l'aise.
C'est tellement déplacé.
Il est encore temps de s'enfuir. Maintenant. Avec le whisky.
Il fait mine d'attraper le baiser soufflé et de le glisser dans la poche de sa chemise, faisant s'étirer l'adorable sourire de la petite avant qu'elle disparaisse dans la direction de sa chambre.

Retour aux affaires sérieuses. Entre adultes. Entre gens importants.

« Si j'avais su, j'aurais fait venir la gouvernante. Je ne pense pas que ça aurait été une très bonne idée », glisse-t-il en haussant un sourcil sceptique. Si Elphaba n'a pas appelé les autorités, sans nul doute que n'importe qui aurait été infiniment moins clément. Puis, en termes de mauvaises idées, se présenter ici est probablement la pire qu'il ait eue depuis longtemps. Il est infiniment doué pour prendre de mauvaises décisions. C'est bien pour cela qu'il n'est chez d'aucun groupe d'insurgés. Le chaos que ce serait. « Pourquoi vous mettre en danger de la sorte? » Il hausse une épaule, tout en s'attardant au doux accent qui vient de ressortir sur ces mots. Il l'a déjà entendu, mais il n'a pas l'oreille si précise pour les accents, surtout lorsqu'ils sont atténués. Il lui rappelle celui de quelqu'un qu'il connaît, mais la chose lui échappe. Tout lui échappe, lui glisse des doigts. Encore. Il sait qu'elle est Française, sa biographie le rappelle, mais il a oublié, momentanément. Il veut juste se rappeler qui a cet accent. « Je ne suis qu'une écrivaine sans importance, vous êtes de ces terroristes qui... » … qui tentent de sauver le monde magique. Il a complété la phrase, intérieurement, tout en se doutant que la Duchannes n'a pas du tout cette suite en tête. « Qu'est-ce que vous cherchez, monsieur Llewellyn ? » Il regarde la mèche blanche sur le côté de son visage, serre ses doigts sur le verre de whisky, reporte ses prunelles au visage de l'auteure. Elle est si proche qu'il a l'impression qu'elle peut sentir les vagues de chaleur nerveuse qui s'échappent de lui.

« Je ne sais pas. » Il cherche les problèmes, pour sûr. Cette excitation, aussi, ce goût du danger, de désir d'interdit, de folie. C'est sans doute pour cela que ses yeux n'ont pas perdu leur brillant, leur éclat. Le sourire tendre adressé à Elsa a disparu, mais son expression n'est pas celle grave qu'il a en permanence. « Vous, peut-être ? Dit comme ça, c'est tendancieux. Il se reprend rapidement, bafouillant un peu au passage (on dirait un adolescent). Pas... vous physiquement. Ce n'est pas... c'est autre chose. Nous échangions depuis... des mois, miss Duchannes (il prononce son nom parfaitement, mais l'accent se fait fort) et notre dernière conversation m'a... m'a fait me demander ce qu'il y avait de différent. En fait, je doutais que c'était vous. J'ai pensé... que c'était quelqu'un d'autre. Votre défunt époux, peut-être, ou certains de ses amis, que j'ai eu la chance de connaître. » Pendant longtemps. Il a bu des bières avec Lazarus Carrow (dans un monde si lointain, une époque irréelle, et pendant tout ce temps, il savait) et il a foutu les Lestrange sous les barreaux. Des connaissances intimes, n'est-ce pas ? « Je vous cherche. » C'est la conclusion. Actuelle, présente. Davius prend une nouvelle gorgée de son verre. « Et vous ? Pourquoi m'avoir fait entrer ? » Sincère curiosité.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyVen 3 Avr 2015 - 0:25

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

« Oui, elle est très belle. » C’est embarrassant. On lui a déjà fait des compliments, il ne faut pas se leurrer, cependant jamais par l’intermédiaire d’Elsa. Du moins, pas selon ta mémoire. Est-ce qu’elle le perturbe ? Il a l’air légèrement rouge. Ou c’est le pardessus qui lui tient chaud. Oui, ce doit être ça. Elle ne voulait pas vraiment penser à l’autre possibilité, parce que ça ne serait pas raisonnable, parce que c’est beaucoup plus simple d’écrire, de provoquer avec de l’encre. Enfin elle croit. C’est facile, avec les journalistes. Pas avec Davius. Pas maintenant qu’il a un nom, un visage. Lazarus désapprouverait. En même temps, Lazarus n’aimait pas trop la voir entourée d’hommes. Il est plutôt logique dans les faits, l’insurgé, en affirmant que la gouvernante n’aurait pas été une bonne idée ; ç’aurait crée un véritable chaos. Déjà qu’on ne lui faisait pas confiance. Il se met un peu plus à l’aise. Et sa baguette, comme protection, comme si elle risquait de l’envoyer valser ou de tenter un duel avec quelqu’un d’aussi expérimenté. Sans doute que la fuite forge des instincts. Elle pense à un animal, un animal traqué qui prend l’habitude de lever l’oreille, les muscles tendus. Chassé mais prêt à se battre jusqu’à la mort. « Je ne sais pas. » Bien. Et elle était supposée deviner ? « Vous, peut-être ? » Ca cogne. Elle fronce les sourcils. Une image. Ca n’est pas ma fille ! Une nouvelle mèche blanche s’ajoute. « Pas... vous physiquement. Ce n'est pas... c'est autre chose. Nous échangions depuis... des mois, miss Duchannes » Il a fait un effort, sur son nom. Sauf qu’elle n’est plus miss depuis longtemps. Elle est veuve, elle ne sera plus l’innocente jeune fille. Jamais plus. « En fait, je doutais que c'était vous. J'ai pensé... que c'était quelqu'un d’autre. » La métamorphomagie, un mensonge ! Tu essayes de me mentir, Elphaba ! Elle a envie de le faire taire seulement les mots dans sa tête cognent trop fort. Elle n’arrive pas à identifier le moment ni la date, elle ne parvient pas à savoir si c’est vrai ou son imagination qui joue des tours. « Votre défunt époux » Qu’est-ce qu’il dit ? Ca n’a plus de sens.

J’ai mal à la tête.
Elle a été si mal effacée, si mal reconstruite, comme un puzzle dont on a enfoncé les pièces de force.
« Je vous cherche. » Il peut toujours chercher mais là, il ne la trouvera pas. Ce serait difficile de suivre un chemin miné, plein de vide, de détours. A une autre époque, elle aurait sauté sur l’occasion, peut-être qu’elle l’aurait attrapé par le col de la chemise, qu’elle aurait joué de ses doigts dans son cou, taquine, pour lui demander s’il ne préférait pas trouver ses lèvres, en premier.
Mais Davius Llewellyn était un insurgé. Et elle était une veuve collaborant avec le gouvernement. La provocatrice s’était noyée dans les notes de musique, contre l’angle du piano.
Elle était tombée parce qu’elle avait voulu le quitter.
Elle était tombée en se disant que la France lui manquait.

« Et vous ? Pourquoi m'avoir fait entrer ? » La réponse tarde. Elle est bloquée sur le bouton reboot de son esprit. Elle se heurte aux sortilèges, aux failles logiques, au temps même. Elle se heurte contre elle-même, contre l’autre qui, loin, voudrait dire combien rien de tout ceci n’était vrai, combien rien ne valait la collaboration, rien ne valait de trahir les principes laborieusement enseignés par la très belle Vincianne de Lancastre. Mais l’autre est prisonnière, comme un serpent derrière une cage en verre. « Vous avez écrit sur la page ensorcelée. Je vous dois assistance. » Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle dit ça pourtant Elphaba sent bien que c’est vrai, elle sent bien que c’est une des raisons. Pourquoi ce sortilège ? Parce que ses lecteurs trouveront toujours une oreille attentive, une aide, un soutien. L’ancienne Gryffondor s’assied dans le fauteuil. Est-ce qu’il y avait autre chose à faire ? Est-ce qu’elle pouvait trahir le contrat qu’elle passait, non-magique, plutôt moral, avec ceux à qui elle offrait un univers d’évasion ? Non. Pas même victime des machinations de la guerre. Parce qu’Elphaba Duchannes n’était pas foncièrement mauvaise. Juste désynchronnisée.

« Vous avez demandé.. » Il n’y a pas de fin à la phrase. Elle se masse la tempe. Il est tard, c’est beaucoup plus difficile d’avoir une conversation aussi tendue. « Je vous le dois. » Oui, c’est mieux comme formulation. Ca évite de s’étaler. Elle serait aussi claire qu’une tartine beurrée, de toute façon.

* ; français.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyVen 3 Avr 2015 - 2:03

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Une nouvelle mèche blanche s'est ajoutée à la chevelure sombre d'Elphaba, pendant qu'il tentait de se justifier. Il ne l'a pas vu, de prime abord, trop occupé à ne pas quitter ses yeux des siens, mais quand il ose détourner à peine le regard, il la voit. Puis, il a quelque chose. Elle est préoccupée. Ses sourcils froncés. Son teint a encore plus pâli; il craint qu'elle fasse un malaise. Il veut bien la réanimer ensuite, mais si c'est un tant soit peu grave... qu'un insurgé reconduise une collabo à Sainte-Mangouste ne sera certainement pas du meilleur goût. Elle est absente. Ailleurs dans son esprit.

« Vous avez écrit sur la page ensorcelée. Je vous dois assistance. » Étrange réponse. Aussi absente et pourtant, il ne pense pas qu'elle mente. Elle s'éloigne, enfin, et il peut penser à reprendre des couleurs plus normales, alors qu'elle se pose dans le fauteuil. Il peut penser à respirer correctement, lui qui sent son souffle encore saccadé, irrégulier, troublé par cette proximité idiote. Lui qui tient bien l'alcool se sent presque déjà la tête légère de deux gorgées.
Il y a quelque chose de séduisant dans sa réponse. Dans toute ce qu'elle offre. C'est pourquoi même jadis, elle n'a rien dit. C'est pourquoi maintenant, elle a laissé l'indésirable n°4 entrer dans sa demeure. Parce qu'il est un homme seul et qu'il lui a demandé de lui parler. Parce qu'il lui a demandé sa présence, ses mots, sa personne, et qu'elle lui doit assistance. Pourtant, ce n'est pas exactement cela que l'Auror lui a demandé – ça, il se le rappelle. Il s'en souvient. Il se souvient de chaque mot de leur dernière conversation, de chaque mot tracé par l'encre. Les leurs. « Vous avez demandé... » Sa main masse sa tempe; elle doit avoir mal à la tête. Doit avoir envie de dormir. Il est tard. Lui ne dort presque jamais, a appris à fonctionner sans sommeil, même quand celui-ci n'était pas peuplé de (Voldemort, oh bon sang, le Lord Noir au-dessus de lui, et la douleur)(Papa ! PAPAPAPAPAPAPAPAPAPA !) cauchemars impossibles à maîtriser. « Je vous le dois. »

L'homme hoche la tête dans un geste négatif. Elle ne lui doit rien. Absolument rien. « Je vous ai demandé de me faire confiance. » Ni assistance, ni devoir. Une simple confiance.

Davius se lève du canapé et va vers le piano blanc, effleure les touches de ses doigts, l'observe avec presque trop d'attention. Rien. Aucune éraflure, aucune marque. Comme pour s'assurer, il tâte l'angle du piano. Rien. Comme si rien n'était arrivé.
(un accident)
Ses doigts agiles n'ont jamais maîtrisé l'art de la musique – sa patience n'a jamais su s'attarder à un quelconque instrument, tout comme sa brusquerie en aurait fait un affreux musicien. Pourtant, il sait quelques choses. Il marmonne : « Quel est ce sort... déjà... » Il tente de se souvenir. Sa mère lui en avait appris quelques-uns, quelques tours utiles. Des tours de passe-passe, pour l'ambiance. Il se mord les lèvres et finit par sortir sa baguette, pour jeter un sort en silence, tentant de se concentrer sur ce qu'il pense être la bonne chose, un enchaînement compliqué de mouvements faisant tourner son poignet.

Aussitôt, des notes graves sortent du piano, alors que les touches s'enfoncent sans que quiconque y touche. « Oh, peut-être... un peu plus... » Un autre coup de baguette et les notes deviennent plus hautes. La musique est lente, d'abord, puis rythmée, jusqu'à atteindre leur rythme confortable et à une former une mélodie reconnaissable, à tout le moins convenable. Il aurait voulu quelque chose de plus classique, mais le piano est définitivement jazz. Hm. Il ne réussit pas à se souvenir des autres enchaînements. Tant pis. C'est convenable. La baguette est rangée. Il revient aux canapés, au fauteuil, à son verre d'excellent whisky, à la boîte de chocolats dont la riche odeur de cacao monte jusqu'à ses narines. C'est presque indécent. Tout l'est, ce soir. Cette situation. Cette femme. Lui. Il doit partir. L'instinct n'est toujours pas disparu. Simplement muselé, comme on enferme un animal, qui rue et qui gronde en lui. Elle est dangereuse. « Et je vous demande une danse. » Une danse. Juste une. Il a appris à danser. Jillian adorait danser. Alors ses pieds de duelliste ont appris à maîtriser de nouvelles danses, de nouvelles trajectoires de duel. Il a appris à apprécier la chose. Davius prend une gorgée de whisky, repose le verre, puis tend sa main à Elphaba. Ils n'en sont plus à une excentricité près. À une indécence près. « S'il vous plaît. »
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyVen 3 Avr 2015 - 16:13

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

Ils n'en sont plus à une excentricité près. Non, c'est vrai. Il demande une danse et elle le fixe. Une danse. Quand était-ce, la dernière fois qu'elle avait vraiment dansé avec un homme ? Il y a longtemps. Le mariage, la robe blanche, le voile délicat, le gratin mondain au beau milieu d'une tension, de la guerre couvée, silencieuse. Il a l'air d'aimer le Whisky, de bien l'aimer elle aussi. Elle l'auteure ou elle.. elle ? Laquelle ? Il cherche celle d'avant, celle de la soi-disant correspondance et ça ne lui plaît pas. Ca agace quelque chose au fond de son estomac. Sa jolie robe, ses talons, elle peut très bien aller danser, elle pourrait sortir, là, qu'elle aurait toujours l'air chic et distingué. La princesse rebelle était toujours élégante, oui, mais les mèches blanches, ça le fait pas. C'est pas volontaire. C'est mieux quand c'est voulu, tout de même. « Je suis veuve, c'est indécent. » Et alors ? Elle adorait quand c'était indécent ! Oh, Elphaba, il faut se réveiller ! L'occasion rêvée de profiter, de faire quelque chose de fou, de complètement dérangeant. Un sourire au coin de sa bouche. Une lueur malicieuse dans ses yeux bleus ; il y a tout l'azur de la liberté dans ses pupilles. Et l'ombre d'une peur lointaine. 4 notes de piano. La tête a heurté l'angle du piano. Elle la lui doit. Il a demandé assistance, il a écrit sur la page blanche, sur la page ensorcelée. Elle a répondu, elle ne peut plus ni reculer, ni l'abandonner. Sa main dans sa main, le contact chaud, le contact assuré. Pas d’hésitation palpable dans son geste, elle se lève, après avoir goûté une nouvelle fois au liquide ambré.

L’air est feutré. Il ronronne bien entre les murs du salon, il ne manque qu’un feu dans la cheminée. Un vague reflet de paix. Elle pactise avec l’ennemi. C’est mal mais diablement excitant. Les teintes saturent, semblent s’éclaircir ou légèrement se foncer selon le flux émotionnel, c’est comme voir évoluer un être aux milles couleurs du coeur. Une peinture vivante. Vincianne lui dirait de se contrôler. La droiture à la française, les principes et les préceptes, les leçons. Avec Lancaster, les défis, avec père le piano, la danse, l’écriture. Elle sait danser, bien évidemment, comme toute dame se doit de le savoir, on ne saurait faire honte à la lignée, petite fille qui ne saurait pas aligner deux pas. Pour elle, le problème n’était pas là. Trop sensible, trop revêche ou trop enthousiaste, tout sur ses traits se lisait avec aisance. Fut un temps, Elphaba Duchannes se serait fondue dans le décor, caméléon. Désormais, hors de l’aide apportée au gouvernement, elle semblait souffrir, dans le silence de sa demeure, de ce don trop longtemps placé en sourdine. Encombrantes séquelles.

Sa main sur son épaule. Elle tente de ne pas s’appuyer de trop, n’étant pas certaine que sous les apparences ne se dissimulent pas des blessures. « Vous risquez votre peau pour une danse ? » Taquine, petite moue sur sa bouche claire. C’en serait presque romantique, presque digne d’une romance mièvre aux éditions Fleury & Bott, de ces artifices crées pour y plonger. Partenariats financièrement intéressant mais ne nécessitant pas grand talent. Elle croit avoir ajouté une scène de bal, d’ailleurs. C’est plus tendancieux que cela, toutefois.

« Les lions, courageux et stupides ? » Moquerie. De cette maison, de ce Rouge et Or abritant bien trop d’entêtés, rebelles, réfractaires au système. Le directeur aurait souligné combien Elphaba pouvait se montrer indocile lorsque l’idée de faire une mauvaise blague lui prenait. La joyeusement triste époque de l’incertitude où le mot famille n’avait plus voulu rien dire - à tel point qu’elle s’était mariée trop vite, les études avortées. La délicieuse auteure s’était enfuie. Ombrage avait voulu l’égorger. Au moins c’est un bon souvenir. « Ou les Blaireaux, un peu trop loyaux ? » Elle ne le voyait pas Serdaigle, préjugé sans doute, ni Serpentard, il aurait déjà profité, il n’aurait surtout pas fait preuve de si peu de ruse. Quoique la charmer en était peut-être une. « Tout ça par orgueil ? » Tout ça, la scène, la venue, la musique, le frisson. Il a chaud, ça se sent à son contact. « Vous savez que je ne suis pas comme l’héroïne de mon roman, mh ? » Farouche défenseuse d’un monde où le mariage ne serait plus question de sang, révoltée mordante et idéaliste sacrifiant sa vie pour ses croyances. Les héros morts d’un scandales, punis pour avoir osé s’aimer malgré le rang social, le liquide de leurs veines. Non, elle n’a pas les idéaux ni la tolérance de son héroïne.

* ; français.
(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptyVen 3 Avr 2015 - 17:08

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Sa demande la surprend. La choque ? Peut-être bien. Il n'en sait rien, mais c'est bien possible. Il sait seulement qu'elle le regarde, lui ainsi que sa main, comme s'il lui proposait quelque chose de parfaitement déplacé (et c'est ce qu'il fait). « Je suis veuve, c'est indécent. Moi aussi. Je suis veuf. » Et ce n'est pas moins indécent. Il a haussé une épaule, encore, pour marquer que cela ne change rien à la situation. Il ne retirera pas son offre, ni sa main. Finalement, sa physionomie change et elle pose sa main dans la sienne, avec assurance, se levant pour le rejoindre.

Pour une danse.
(à quoi joues-tu, Davius)

C'est lui qui a cherché cette proximité, cette fois, et Davius se réprimande intérieurement. Il en a encore chaud, trop chaud (plus de vagues glacées). Il peut sentir son parfum, celui de ses cheveux. Ses mains sont placées avec élégance, aux bons endroits; rien de déplacé. Ce n'est pas cela. La main d'Elphaba est légère sur son épaule, comme si elle tentait de ne pas vraiment le toucher. Ses pas, à elle comme à lui, sont précis. Elle sait danser et cela ne l'étonne aucunement. Le piano jazz, doux et envoûtant, le fait fermer les yeux brièvement, alors qu'il se concentre sur leurs mouvements. Une femme, une danse, un verre de whisky. Des fantômes du passé, semble-t-il, une scène qui n'a pas à se produire. Un rêve, même. Plutôt agréable, au demeurant, mais il sait bien que ce peut seulement être la réalité; un rêve aurait fait répondre Voldemort à la porte. Il ne connaît que les cauchemars.
« Vous risquez votre peau pour une danse ? » Il rouvre les yeux et les pose sur Elphaba, sur sa moue taquine. Ses yeux ne lui semblent plus bleus. Verts, peut-être ? La couleur est moins vive, moins agressive, plus vraie. Elle est Métamorphomage et ne se contrôle pas. Quel masque est son véritable visage ? Sa propre bouche esquisse un demi-sourire, rapidement effacé, pourtant amusé aussi. « Ça en vaut la peine. » Il le pense. Tout à fait. Il a l'impression que le monde a basculé, dans un passé si près, si lointain, si impossible et irréel. Tout est hors du monde. Et son coeur a recommencé à se débattre, et sa voix a pris un accent un peu trop rauque, qu'il s'efforce de chasser.

Les moqueries continuent, cette fois curieuses. « Les lions, courageux et stupides ? Ou les blaireaux, un peu trop loyaux ? L'Auror ne peut retenir un rire léger. Poufsouffle. J'ai bien failli atterrir à Gryffondor. Où vous étiez. » Il n'est pas difficile à deviner, à comprendre. Il est travailleur, mais non pas curieux et féru de découvertes comme les Serdaigle (et il manque bien souvent d'imagination). Il n'a certainement rien de Serpentard - c'est Elli, la Serpentard, c'est sa soeur, la déloyale, la rusée, l'ambitieuse et l'amusée. Lui n'en a peut-être que le côté joueur. Le goût du défi. Quant à sa maison à elle... elle le lui a bien dit, jadis, mais il faut seulement une Gryffondor pour se risquer autant. « Tout ça par orgueil ? Par idiotie, également. » Il l'a dit. Il est bien des deux. Majoritairement de l'idiotie, par contre, ce soir. Ses doigts se serrent, crissent un peu sur le tissu riche de la robe noire. « Vous savez que je ne suis pas comme l'héroïne de mon roman, mh ? Libre ? Est-ce le sous-entendu ? Il secoue la tête, chassant le mot impie lâché en réflexe, en première réponse. Vous ne devriez pas non plus vous fier à mon affiche... d'indésirable. » Le quatrième, quand même, quatrième ennemi public de Lord Voldemort, n'est-ce pas une fierté ? Une de ses mains la lâche et vient effleurer une des mèches blanches, celle devant, la rabattant derrière son oreille, pour qu'elle revienne à son endroit initial, indomptable. « Quoique je me rappelle bien vous avoir dit que je n'étais pas un homme bien... sur certains points. » Sa main se replace sur sa taille. Ses doigts brûlent de son geste.

L'inspiration le prend - il regarde Elphaba avec sérieux et tout de même cette même lueur étrange dans les yeux, insaisissable. « Même si je suis ici... vous ne me connaissez pas. Même avec mon nom et mon visage. Vous savez... que je suis un ancien Poufsouffle amateur de whisky, de poésie et d'interdit. C'est... romantique, à défaut d'être révélateur. Il en rirait (romantique, quel choix de mot révélateur, Davy, au contraire). Sa poigne se fait simplement plus ferme, pour empêcher ses mains de le trahir et de trembler, de frémir. Je risque ma peau parce que je veux vous connaître à nouveau. » Davius veut qu'elle lui écrive encore. Qu'elle lui propose autre chose. Une évasion. Un monde extérieur à ce qu'il vit toujours.


Dernière édition par Davius Llewellyn le Sam 4 Avr 2015 - 19:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage EmptySam 4 Avr 2015 - 13:09

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« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

« Libre ? » a quoi s’attendait-elle ? C’est un insurgé, ses idées ne peuvent que lui échapper, ses idées ne peuvent que lui sembler absurdes, pire, emprisonnantes. Elle décide de ne pas répondre à cela, faisant une simple moue désapprobatrice, petit air boudeur. « Vous ne devriez pas non plus vous fier à mon affiche... d'indésirable. » Il a ses mains sur elle, placées convenablement, dans le respect, il maîtrise ses pas mais pas ses émotions. Elle le voit. Peut-être est-elle mal placée pour analyser les autres seulement elle ne peut pas s’en empêcher, c’est comme une seconde nature. Pour écrire, elle observe le monde et la proximité la pousse à chercher les réponses ailleurs que dans les mots. Ailleurs que dans ses préjugés. Il a fermé les yeux, un peu plus tôt. Il replace une mèche de cheveux derrière son oreille. « Quoique je me rappelle bien vous avoir dit que je n'étais pas un homme bien... sur certains points. » Elle est indomptable, la mèche. Et la main aussi, sur sa taille. Un frisson. Gênant. Alerte.

Le piano joue toujours mais Elphaba ne l’écoute plus, focalisée sur cette danse indécente. Elle a peur. Une peur inexplicable et brusque. Une peur incontrôlable venue de nulle part. Le violet de l’angoisse teinte ses yeux avec agressivité, une couleur trop vive. Elle ne le connaît pas, il a raison. Elle ne sait rien si ce n’est la surface, et qu’il est veuf. Elle ne sait pas si il peut la briser, d’un coup, comme une allumette. Une allumette. « C'est... romantique » Elle sait ce que c’est, le romantisme. Elle l’écrit dans ses livres. La jolie scène sous la neige, la danse dans un parc épargné par les conflits, au clair de lune dans The Black Game. Elle a écrit de belles scènes pleines d’émotions. La réalité ? Elle n’a rien vécu de tel. Mémoire défaillante ou non, ce qu’elle a aimé en Alexander n’était pas de cet ordre : c’était son âge, son assurance, son ambition. Et la Gryffondor avait épousé le Serpentard. Le contact est plus ferme. Le brun de ses cheveux vire au mauve. Elle a peur. Une peur terrible qui cogne dans sa poitrine. L’angle du piano. Ils sont désormais tout près du piano. « Je risque ma peau parce que je veux vous connaître à nouveau. »

Ca bascule. Ca bascule dans son esprit. En lieu et place du charmant Davius Llewellyn, le fantôme du passé. Le visage colérique d’un Alexander fou de rage. Elle lâche l’épaule, fébrile. C’est son imagination. C’est son imagination qui lui joue des tours. Elle se débat contre les souvenirs, contre elle-même. L’alcool. Elphaba se détache, se défait brusquement de son cavalier incongru, va chercher le verre, qu’elle vide, la main tremblante. La maîtrise des émotions Elphaba ! Oui. C’est sûrement ce que son père lui aurait dit. Ou Vincianne. Quoi que la française serait sûrement moins douce. Un verre de plus, vite. Qu’elle vide encore. Il faut se reprendre, se raccrocher à la réalité.

Il voit l’autre facette. Ca n’est plus la Duchannes médiatique. Ca n’est plus la provocatrice des interviews ou l’assurée des premiers jours. Avant, elle était si sarcastique, pleine d’humour, mordante et rieuse. Désormais elle est terrorisée, sans même en avoir la pleine conscience. « Vous ne pouvez pas. » Elle s’est éloignée de l’instrument, semble se détendre un peu. « E-Excusez-moi. » Elle s’assied sur le fauteuil, un peu introvertie, un peu repliée sur elle-même, les bras croisés, serrés contre sa poitrine. « Vous devez être déçu. » Parce qu’elle n’est pas l’image qu’elle offre au monde, parce qu’elle a perdu l’éclat d’autrefois. En perdant la mémoire, elle avait perdu une part de ce qu’elle était. Jusqu’à son écriture, changée par le manque de réelle conviction. Il n’y avait plus la passion flamboyante. Sans doute était-elle aussi morte à petits feux sous les coups de son mari. Seule Elsa l’accrochait à quelque chose de vrai. Car tout, en fin de compte, n’était plus qu’une vaste falsification. Rire nerveux. « J’ai gâché le romantisme. » Avec brio et mille couleurs, qui plus est, l'accent français plus prononcé.

* ; français.
(c) AMIANTE

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