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sujet; SIMONE + sing me a lullaby
MessageSujet: SIMONE + sing me a lullaby   SIMONE + sing me a lullaby EmptyLun 1 Juin 2015 - 17:50

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SING ME A LULLABY
and I may be foolish to fall as I do, still there's strength in the blindness you fear... if you're coming too

   
Qu’est-ce qu’elle faisait encore au manoir, Daphne. Tu devrais sortir prendre l’air, on lui disait tout le temps. Il fait beau, profites-en, même quand la pluie s’abattait en torrent à Herpo Creek. Il faisait beau tout le temps, depuis qu’elle était rentrée. Plus beau qu’auparavant, semblait-il.
Daphne courait ; mais tout était lent. Chacun de ses pas rebondissait sur un tapis de feuilles mortes qui lui procuraient une instabilité angoissante : elle manquait de tomber, à chaque fois que son pied heurtait le sol. Elle vacillait, mais se reprenait juste à temps pour poursuivre sa course folle, évitant les arbres de justesse. Elle était poursuivie, mais ne parvenait pas à se rappeler les traits de son assaillant, ou son identité. Au loin, une voix de femme, stridente, suppliante, la priait de venir la chercher, de lui rendre sa liberté. Astoria. Elle la reconnaissait sans l’atteindre, sans savoir dans quelle direction courir pour la secourir. Elle s’éloignait malgré elle : c’était sa peau qu’il fallait sauver avant tout. « Game over, Greengrass. » La scène s’arrêta d’un coup et elle se retrouva encerclée de silhouettes encapuchonnées, face au Lord en personne. Une lumière verte et puis. Brûlante, haletante, elle jeta la couverture de soie sur le côté, et bondit hors de son lit, comme pour mieux se libérer d’un maléfice invisible qui l’obligeait à faire les mêmes rêves chaque nuit depuis le nouvel an. Elle calma sa respiration, clignant des paupières pour habituer ses yeux à l’obscurité. Il n’y avait rien. Bien sûr. Les cauchemars de Daphne n’avaient aucun sens, pensait-elle. Par exemple, pourquoi fallait-elle qu’elle se retrouve constamment en forêt alors qu’elle n’y avait que très rarement foutu les pieds, serait-ce seulement lors de leurs virées sauvages en famille – et encore, elle ne s’en rappelait que d’une seule, deux à tout casser. Hortense entra en furie dans la chambre de son aînée, et ouvrir les rideaux d’une volée de main qui baigna la chambre d’une lumière aveuglante. « Par Merlin, Daphné, tu as vu l’heure ? » Seulement alors daigna-t-elle arrêter son regard  sur l’intéressée, tremblante dans un coin de sa chambre, lorsqu’elle ne la trouva pas dans son lit. « Ma pauvre enfant, que t’arrive-t-il ? » geignit-elle en se précipitant sur sa douce et tendre. « Rien. Ça va. » Même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas su lui expliquer ce qu’elle traversait chaque nuit, avec ces rêves, chaque jour, avec ces flashes, ces bribes de souvenirs qui mitraillaient son esprit, se faisaient un chemin, la laissaient confuse et tourmentée. Il fallait pouvoir se l’expliquer à elle-même avant d’imaginer l’expliquer à d’autres. Hortense soupira. « Il faut vraiment que tu prennes l’air, Daphné. Regarde, dit-elle en pointant la fenêtre, il fait beau, profites-en. »

Ces derniers mois, la rouquine l’avait croisé plusieurs fois sans jamais qu’ils n’aient l’occasion de s’échanger plus de deux mots. Simon Rosier n’avait pour autant pas perdu son attitude détachée qui lui donnait toujours – étrangement – un air à la fois indolent et overbooké. Comme s’il avait toujours quelque chose à faire, mais que ce n’était rien en particulier. De toute évidence, il ne l’évitait pas pour autant, n’esquivait jamais aucune réception à laquelle les Greengrass le conviaient, et conservait son œil protecteur, presque tutélaire dès qu’il s’agissait de Daphne. Mais elle avait bien dû constater, avec dépit, qu’ils ne parlaient pas assez à son goût. Sans doute la gamine avait-elle trop de questions à lui poser, trop auxquelles il ne souhaitait pas donner de réponses, ou pour lesquelles il n’avait pas encore réfléchi à une formulation satisfaisante. Peut-être avait-il changé d’avis. Parmi ses souvenirs en bazar, ceux qu’elle conservait de Simon étaient quand même les plus précis, et les plus nombreux. Elle savait, par exemple, qu’il ne lui voulait aucun mal ; mieux encore : il voulait l’aider. Elle savait que leurs parents avaient fondés en eux, quelques années auparavant, de grand projets d’avenir ; qui ne lui avaient pas déplus alors, pas plus qu’il ne lui déplaisait d’y repenser aujourd’hui. Subsistaient des zones de flou dont il n’était pas encore question de discuter. L’important restait qu’elle n’avait pas à douter de lui, et que, en période de tourment, il était celui vers qui elle devait se tourner. Enfin. Il lui trottait dans la tête de manière récurrente, ces derniers temps, parce qu’elle se sentait particulièrement oppressée, ces derniers temps, chaque jour et davantage depuis que Tori était rentrée. Certes, elle avait regagné sa confiance – vraiment ? dans sa totalité ? elle n’aurait su le dire – mais la présence de sa sœur avait également ramené à sa connaissance des idées enfouies, ainsi qu’encore plus de problème. Daphne en était venue à questionner les vraies raisons de son départ, quatre ans plus tôt, aussi ridicule cela eut-il été – puisqu’il était plus qu’évident qu’elle avait été manipulée. C’était plus fort qu’elle. Astoria avait vociférer des reproches suffisamment durs pour qu’elle les prenne en considération, pour que ça la marque, que ça la titille, que ça l’oblige à se questionner. Rajouter à ça la multiplication des médias avides de détails croustillants, desquels les sœurs Greengrass ne parvenaient pas toujours à se défaire, ou encore sa baguette magique qui ne voulait décidément pas reprendre du service (non mais quelle sorcière faisait-elle ?). All was unwell.


Ces prières furent entendues lorsqu’elle entendit le ton guilleret et chantonnant d’Hortense, au bas  des grands escaliers de marbres. « Daphnééé, il y a quelqu’un qui veut te voir. » Queenie avait l’habitude que sa mère réserve les surnoms adorables à sa petite sœur, mais elle commençait sérieusement à se remémorer pourquoi elle détestait tant l’entendre prononcer son prénom. Elle ne lui en fit néanmoins pas la remarque. Plongée dans son matelas douillet, les bras en croix, elle fixait inlassablement le plafond. Quelqu’un qui veut la voir. Encore un journaliste qui se fait passer pour un ami. Ou un ami peut-être, Eris ? Peu importe, elle ne comptait pas bouger. Hortense appela son nom une seconde fois, plus impatiente que la première. Faites-le monter, mère, qu’elle voulait lui hurler à travers les murs, moi : je ne bouge pas. « Je suis malade » brailla-t-elle en comprenant que sa mère ne se déplacerait pas. Erreur. Elle se dessina dans l’embrasure de la porte, soupira comme si elle portait le monde sur ses épaules – Hortense Greengrass donnait souvent l’impression de porter le monde sur ses épaules, mais toujours la tête relevé et le dos droit, une force qu’il fallait lui reconnaitre, de temps à autre. Elle scruta sa fille, misérable, pathétique, leva les yeux au ciel et se mit à fouiller dans son dressing avant de lui dénicher une jolie robe de ville qu’elle lança sur son flan. Puis, en aparté, à voix basse pour ne se faire entendre que d’elle, elle siffla « C’est Simon Rosier. Descends maintenant. » avant de se retirer. Le cœur que Daphne s’emballa. Ses parents l’avaient-ils invité sans la prévenir ? Avait-il choisi lui-même de passer, pour lui rendre visite ? Elle se rua vers sa salle de bain, afin de coiffer sa tignasse de feu et d’enfiler la robe que sa mère lui avait choisie, puis observa son reflet dans le miroir quelques minutes, le temps de souffler un coup, et de se moquer d’elle-même, par la même occasion. Daphne Bovary. L’idée la fit sourire. Elle n’était pas si naïve. Le passage de Simon n’était surement qu’une formalité, en souvenir de leurs fiançailles brisées par des rebelles. Elle s’appliqua donc à descendre chaque marche ni trop vite, ni trop lentement, pour qu’il ne croit ni en sa hâte, ni en sa prétendue maladie. Arrivée à son niveau, elle ne put s’empêcher un sourire de petite fille qu’il lui connaissait déjà trop bien, pour l’avoir vu sur ses lèvres depuis toujours. Et repris aussitôt ses grands airs de lady, sourcil haussé, menton en l’air « Simon Rosier. » Appuya-t-elle « Que me vaut l’honneur ? J’espère que tu ne viens pas troubler l’atmosphère paisible de notre belle maison… On ne sait jamais, avec toi. » Queenie – qui porte bien son surnom – tourna le visage vers Hortense sans détacher son regard du grand brun planté au milieu du salon, se rappelant tout juste de sa présence « Père n’est pas venu l’accueillir ? » Étrange, pensa-t-elle. « Il est au Ministère, aujourd’hui. » Voilà maintenant quelques mois qu’il se débrouillait pour rester avec sa famille le plus possible, s’affairant à ses dossiers dans le grand bureau du rez-de-chaussée. Bien sûr, pour le paraître de la chose, mais elle ne voulait pas le voir ainsi. Elle avait donc perdu l’habitude de le voir ailleurs qu’au manoir. « Ouf, souffla-t-elle, il t’aurait encore kidnappé pour que vous parliez affaires et quidditch… ! » c’est d’un ennui. « Alors ? Que viens-tu faire ici ? » « Oui Simon, que comptez-vous faire de ma fille ? » Daphne ferma les paupières un instant. Elle aurait tant aimé, Hortense, que Simon Rosier décide tant bien que mal de lui passer la bague au doigt, à son aînée. Elle aurait tant aimé qu'il ne lui réponde rien de plus. Oh, je viens juste l’épouser. Quel fardeau. Elle avait l’air d’être la plus excitée des deux. « Mère, vous permettez ? » Elle ne s’éloigna que de quelques pas, mais Daphne eut déjà l’impression de mieux respirer. Peut-être sa mère n’avait-elle pas si tort ; peut-être fallait-il qu’elle sorte davantage, retrouve ses marques dans un monde que sa mémoire ne reconstituait que vaguement, et dont elle avait oublié de tant de mois, tant d’années. Simon était un bon prétexte pour l’y inciter. Et elle se sentait soudainement mieux que jamais, le regardant de sa petite hauteur comme lorsqu’elle n’était qu’une gamine, des étoiles dans les yeux. D’accord, je veux bien sortir, sous une pluie battante, sous un soleil de plomb ; qu’il m’emmène avec lui, ciller les rues de Londres vers d’autres horizons.


   
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MessageSujet: Re: SIMONE + sing me a lullaby   SIMONE + sing me a lullaby EmptyVen 12 Juin 2015 - 20:54

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5123
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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sing me a lullaby


We moved faster than fate but it came at a cost
Now you’re tripping over backwards for the days of youth you lost


Il avait remonté la Tamise aux premières lueurs de l’aube, à l’heure où la ville s’étirait paresseusement, où l’on enfonçait la tête dans son oreiller, en s’imaginant somnoler quelques minutes encore. Au loin flottaient les contours flous et indistincts du London Bridge, masqué par une épaisse brume matinale qui, déjà, s’estompait. Les épaules alourdies par un cuir élimé, il longeait la promenade quasiment déserte, seulement foulée par quelques coureurs, et s’était arrêté pour observer le fleuve, en s’installant sur un banc, face à la rambarde. Il fuyait souvent le monde magique pour rejoindre la frontière moldue, ce Londres bruyant et pollué dont il ne connaissait rien, sinon les rues arpentées pendant une nuit d’ivresse. Des moments d’absence, loin des tracas de son univers à lui, après de trop longues insomnies. Les bras posés sur les genoux, il contemplait la rive opposée sans pour autant réfléchir à quelque question existentielle concernant sa situation actuelle. À la place, ne contrariant pas ses mauvaises habitudes, il retira son paquet de cigarettes de sa veste et en attrapa une avec ses dents ; si un jour, il s’arrêtait de fumer, la terre arrêterait de tourner dans la foulée. Le bout du bâtonnet s’embrasa subitement, et bientôt, les effluves toxiques ô combien revigorantes vinrent méphitiser ses bronchioles fatiguées. Il serait bien resté ici, à cloper comme un abruti, mais comme toujours, d’autres engagements l’attendaient ailleurs ; c’était étrange, de fuir les autres et surcharger son emploi du temps, de désirer être seul et de ne pas supporter sa propre compagnie. Tu es ailleurs, lui reprochait-on avec un soupçon d’inquiétude dans la voix. Certains de ses « proches » posaient sur lui des regards à la fois inquisiteurs et perplexes, sans oser l’interroger sur ce qui le tourmentait. Peut-être qu’à force de modifier sa mémoire, d’élaguer un souvenir gênant ou une promesse qui méritait d’être gardée, il avait altéré le bon fonctionnement de son esprit – déjà miné par un abus conséquent de Navitas. Ou était-ce son état normal. La réalité tanguait sous ses pieds, mais il titubait avec indifférence, sans nécessairement chercher à se raccrocher à quoique ce soit. Une clope pendouillant au bord des lèvres, sa flasque à moitié vide à la main. A fucking joke – voilà ce qu’il était, à défaut de pouvoir prétendre à un rôle plus flatteur.
Après avoir jeté une œillade distraite à sa montre à gousset, Rosier se redressa et emporta dans son sillage son spleen, tandis que derrière lui, de timides rayons de soleil commençaient à percer le voile brumeux. Plutôt que transplaner directement près de son loft, il se rendit à pied au Chaudron Baveur pour atteindre le passage du Chemin de Traverse et s’arrêta prendre un café, sur une terrasse encore déserte, avec pour seule compagnie un exemplaire du Daily Prophet. Et un cendrier. Il y avait encore un article sur les filles Greengrass, ou du moins, un article les utilisant encore comme prétexte pour démontrer une fois de plus jusqu’où les rebelles étaient capables d’aller : manipulation, séquestration… Lobotomisation. À mesure que ses yeux cernés sautaient de ligne en ligne, un malaise l’envahit. Fugace. Inconsciemment, il voulait éviter Daphné. Pour son bien (et le sien). Pour l’aider (et se disculper). Il lui avait promis à demi-mots, il accourrait si elle le demandait, mais les rumeurs que pouvaient attirer de trop nombreuses entrevues étaient la dernière chose dont ils avaient besoin – dont elle avait besoin. Après tout, personne ne soupçonnerait jamais son implication dans cette affaire, pas lui, pas le fiancé trahi (comme si la rupture des fiançailles l’avait ébranlé). Il n’avait plus aucune relation avec les Greengrass et avait poursuivi sa route avec le soulagement en bagage, pas peu satisfait de ne plus avoir à entendre parler de mariage. Le hasard faisant bien les choses, il avait prévu de visiter Daphné dans la journée, mais cet article lui rappela à quel jeu dangereux ils avaient joué, et quelles conséquences les menaçaient. Un gallion tinta contre la soucoupe de sa tasse. Quelques minutes plus tard, sa silhouette s’était volatilisée vers les environs d’Herpo Creek, aux abords du manoir Greengrass.

Dire qu’il s’était fait violence aurait été un euphémisme : il avait ressassé la question pendant une semaine avant de se présenter sur le seuil de la porte, à l’improviste. « Mrs Greengrass, » salua-t-il poliment, après un bref hochement de tête. Celle qui aurait dû être sa belle-mère s’écarta pour l’inviter à entrer, entre deux exclamations enjouées, et disparut dans les escaliers, à la recherche de sa fille aînée pour la prévenir de son arrivée. Il enfonça ses mains dans ses poches, un peu gauche, et guetta d’un œil méfiant Wyatt Greengrass – manifestement absent. Il avait la vague impression que les Greengrass espéraient qu’il propose un nouvel accord, depuis le retour de Daphné. Désormais repentie de sa trahison, elle redevenait ce qu’elle avait fui : une héritière, dont les préoccupations s’arrêtaient aux robes qu’elle porterait à la prochaine réception de ses parents, ou aux ragots insensés circulant au sein de la jeunesse dorée. « Que me vaut l’honneur ? (…) » Surpris, il fit volte-face et se retrouva nez-à-nez avec… une princesse de sang-pur. Daphné n’avait plus rien de la combattante pugnace, de la traîtresse honnie qu’il avait soutenue, quelques mois auparavant. Il ne l’avait pas seulement spoliée de sa mémoire – il l’avait dépouillée de ses idéaux, de sa détermination, pour mieux façonner la poupée qu’à une autre époque, on lui avait promise. De Daphné, il ne restait qu’un morne éclat au creux de ses billes indéchiffrables, trop brouillées par l’incompréhension pour correctement interpréter ce qu’il se passait, dans cette tête malmenée.
Et il savait que tout sonnait faux. Que c’était la plus belle mascarade jamais orchestrée depuis la fin de la guerre : le retour de l’héritière ostracisée, soi-disant manipulée, heureusement retrouvée. Ses iris azurs se déposèrent sur le visage enchanté de Daphné, auquel il répondit par cette étrange grimace qu’à force, l’on devinait être son sourire. Ses commissures se froissaient légèrement pour se relever, sans jamais trahir son détachement. Comme s’il voulait que l’on sache qu’il aurait pu être ailleurs, à ce moment même, que quelqu’un d’autre l’attendait d’une minute à l’autre. « Je pensais te sortir un peu du manoir, commença-t-il sur un ton étonnamment placide. Ou plutôt, t’en éloigner pour quelques heures. » Il était au courant des dispositifs de sécurité mis en place par Wyatt, dont la crainte, bien que légitime, de perdre de nouveau ses filles avait pris des proportions discutables (sinon démesurées). « On ne sait jamais ? Répéta-t-il en arquant un sourcil. Tu me vexerais presque. » Il lui présenta son bras, comme lors du dîner de fiançailles organisé par leurs parents, cinq ans auparavant, « Il y a mieux à faire que s’ennuyer à Herpo Creek. » Et son air espiègle, l’ironie complice enveloppant sa voix, n’étaient que sa manière de conserver la confiance de Daphné. La situation était devenue compliquée – pour lui. Mais loin d’afficher ce trouble, il entraîna la jeune femme à sa suite, et attendit d’être à l’extérieur de la propriété pour transplaner dans une ruelle adjacente au Chemin de Traverse. Évidemment, il avait anticipé les retombées d’une éventuelle apparition publique, jusqu’à compter sur cette (fausse) publicité pour apaiser les esprits. Merlin savait que les filles Greengrass n’avaient pas été blanchies de tout soupçon – autant leur faciliter la tâche. « Comment tu te sens ? » Il aurait beau le nier, quelque part, il se préoccupait réellement de l’état de Daphné. « La presse, les autres… tu tiens le coup ? » Il se doutait que se réinsérer dans un milieu tel que le leur n’était pas la tâche la plus aisée au monde, surtout lorsqu’une grande majorité croyait encore aux accusations de haute trahison. « Ne les laisse pas t’atteindre, » ajouta-t-il avec un léger sourire. Parfois, il se demandait si Daphné serait capable de se reconstruire à partir d’un mensonge, et s’il devait participer à l’élaboration dudit mensonge. Lui faire croire qu’elle était censée être dans un environnement normal. Qu’elle devait profiter de sa « liberté », de son nom, de son cercle de soi-disant amis, peu importe. « Il y a eu pas mal de… grabuge, ces derniers temps. Grabuge. Le terme était affligeant. Beaucoup de magasins sont en travaux, » expliqua Rosier en désignant d’un coup de menton une rue barrée. Si tu te souvenais, Queenie, tu saurais que c’est l’œuvre de tes anciens alliés. Il tut la pensée. La journée était ensoleillée – magnifique. Idéale pour une promenade (à deux). Loin des abris douteux dans lesquels ils s’étaient plusieurs fois entretenus avant qu’elle lui demande de l’aide. La Daphné qui était à ses cotés était une autre personne.
Et il ignorait si c’était une si bonne chose que cela.
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