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Parvati et Lavande


Tu souffres en silence, le cœur vide, tu changes. Ton regard se perd dans le vide un peu plus à chaque fois. Sortir de ce placard à balais fut plus violent que d'y croupir durant des mois. Tu as perdu la notion du temps à vrai dire, le retour à ce que l'on a du mal à appeler la civilisation est plus difficile que tu ne l'aurais cru. Tu t'enfermes sur toi-même, t'a envie de vomir quand tes doigts ne font même qu'effleurer l'horrible cicatrice sur ton cou. Pourquoi ne pas jouir d'être en vie ? Tu t'efforces de faire croire que l'ancienne toi et toujours là, certains y croient, d'autres devinent qu'elle n'existera jamais plus. Finis de glousser comme une préado, finit de rire de rien... Tu as tiré un trait sur tous ces enfantillages, il n'y a plus de temps pour ça. Survivre.

Un sourire léger sur le visage tu traverses le camp, saluant tes camarades, proches, tu aimerais tant pouvoir leur fournir cette joie que tu procurais avant, mais les forces te manquent. Bordel t'a survécu quand tout le monde t'a cru morte, mais tu continues de t'autodétruire intérieurement. Ta lueur d'espoir est là, ton rayon de soleil. Assise non loin d'une tente, Parvati semble en meilleur état que toi. Tu as prié pour qu'elle survive elle aussi, plus que les autres. Égoïste ? Oui. Tu n'avais pas de famille pour qui prier, dans les pires moments de ta convalescence elle était la seule à qui tu pouvais penser. La voir, la savoir vivante fut ta priorité et encore aujourd'hui tu te raccroches à elle pour essayer d'aller mieux. Le passé te manque, ce passé où vous n'étiez que deux gamines adorables et amusantes. À présent votre visage est marqué par la douleur des pertes.

Serrant doucement une tasse de café tout juste finit, tu t'approches de la brune, d'un pas calme. Ton sourire se fait plus sincère alors que tu t'installes à côté de Parvaty et loges ta tête contre son épaule. « Tu as passé une bonne nuit ? » On essaye de faire comme si tout aller bien. Une semaine après vos retrouvailles tu sembles tout de même en meilleure forme, moins fatiguée, moi marquée. Tu regardes pourtant le fond de ta tasse avec une mine défaite. Mauvaise habitude que de toujours lire un possible avenir dans le mar logeant au fond du récipient de porcelaine. Peut-être qu'un jour il annoncera une bonne nouvelle, quelque chose de joyeux, qui te redonnera le sourire que tu avais autrefois. « Mauvais présage... » Un rire nerveux franchit la barrière de tes lèvres. Tu essayes d'imaginer une autre scène, celle d'un camping entre amis par exemple, pendant les vacances. Une scène ou votre mine défaite ne viendrait qu'une d'une longue soirée mouvementé par la musique, les rires et la joie. Mais le matin est au camp le début d'une nouvelle journée loin d'être amusante. Il aura trouvé des vivres, renforcer les protections. Survivre encore et encore.

« Je songe à partir des fois tu sais. J'imagine ma vie loin de cette guerre. » Un soupir, maigre sourire. Tu ne peux être fausse avec celle qui partage tout de ce qu'il se passe dans ta tête. Loin d'être stupide, elle devine Parvati quand quelque chose tracasse sa chère Ava. « Mais je ne suis plus un gamin lâche et stupide... Dommage, ça me manque. » Un petit rire, un coup de coude amical pour l'indienne. On essaye de ne pas parler du pire, d'oublier l'espace d'un moment que tout a dérapé, mais les sujets de conversation reviennent souvent sur les mêmes choses. Le bon vieux temps, celui qui manque à tout le monde.

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"before our time has run out"
The world is broken, halos fail to glisten. You try to make a difference but no one wants to listen. Hail, The preachers, fake and proud, their doctrines will be cloud then they'll dissipate like snowflakes in an ocean. Now I've got nothing left to lose, you take your time to choose. ♛ by endlesslove.


« Je m'en vais, demain. » Les yeux embrumés, elle regarde sa jumelle par-dessus son épaule. Elle ne peut pas lui faire face, elle ne peut plus lui faire face. Plus depuis qu'elle sait qu'elle va bientôt la quitter, pour son bien, certes, mais elle va la quitter. Partir loin d'elle torture son esprit. Les deux jumelles n'ont jamais fait preuve d'une grande complicité aux yeux des autres, mais cette complicité est là, elle est réelle et trop puissante pour la balayer d'un revers de bras. « Tu... Tu es sûre ? C'est le retour de Lavande... Elle est déjà assez mal en point... » Lavande. Sa meilleure amie. Sa seconde sœur. Son cœur se serre à l'entende de son nom. Elle laisse une larme rouler le long de sa joue, brûlante. « Si je reste, je n'aurai plus la force de repartir... Si je reste, je ne pourrais plus vous quitter, et même si j'y arrivais, ça serait d'autant plus douloureux pour elle. Et pour toi. » Continuer à vivre dans un monde qui n'est pas le sien. Voilà la vie qu'elle s'apprête à mener. Une vie faite de mensonge. C'est vrai qu'elle a toujours été une belle petite menteuse, mais elle est tout de même inquiète. Son sort est entre ses mains désormais, et si quelqu'un venait à apprendre son double jeu, elle serait réduite au rang de rebut. Ou même pire. C'est différent de mentir sur des broutilles comme elle le faisait avec Lavande, lors de leur adolescence à Poudlard. Maintenant, il s'agit d'être très convaincante, de savoir trouver les mots pour expliquer pourquoi elle est partis, laissant amis et sœur. « Je t'aime, Padma. Ne l'oublie jamais. Je vous aime tous, et si je fais ça, c'est pour vous. Parce que vous êtes tout ce que j'ai désormais. »

**


Voir son sourire sur son si joli visage la torture, lui enfonce un pieu dans la gorge, le tourne et retourne pour bien plus de douleur. Elle ne peut pas s'arrêter de la regarder. Détourner les yeux est bien trop dur, à présent. C'est les derniers souvenirs qu'elle aura d'elle avant pas mal de temps. Si elle arrive à garder au chaud son secret assez longtemps. Elle esquisse un sourire. Il est temps de lui dire adieu et Merlin, qu'est-ce que c'est compliqué de mentir à sa meilleure amie.  « Tu as passé une bonne nuit ? »  Soudain, elle se demande si elle arrivera à parler. Sa gorge est enflammée, elle brûle. « Euh... Oui, assez bonne. Et toi ? » Mensonge. Elle a passé la nuit à regarder Padma dormir, à s'observer dans le miroir afin d'essayer de retrouver une once de celle qu'elle était avant. La Parvati aux répliques claquantes, aux rires enjoués et aux rêves démesurés. Mais il ne reste plus rien de cette enfant attardé. Plus que de la cendre. « Mauvais présage... » Elle baisse les yeux vers la tasse de café que tiens sa meilleure amie entre ses mains. Elle se fige. Lavande a toujours été bonne en divination, tout comme elle. Et même si cette réplique était simplement lancée sans arrières pensés, elle était vrai. Elle se presse un peu plus contre elle, peu sentir l'odeur fraiche de ses cheveux or. Oh, elle va tellement lui manquer. Les larmes lui montent aux yeux mais elle ne peut pas les laisser couler. « Je songe à partir des fois tu sais. J'imagine ma vie loin de cette guerre. Mais je ne suis plus un gamin lâche et stupide... Dommage, ça me manque. » C'est à présent qu'elle se rend compte de quelle sera son image auprès de la société. Une lâche pour certains, une rusée pour les autres. Elle n'a jamais été aucune des deux. La ruse n'a jamais été son point fort, quant à la lâcheté, elle essaie de se réconforter en se disant qu'appartenant à la maison gryffondor, c'est un défaut qu'elle ne peut pas posséder. Mais elle a tellement peur de devenir lâche.

C'est le moment ou jamais. Elle ferme les yeux un instant, si elle la regarde, elle risque de la serrer dans ses bras, de lui chuchoter des promesses et de ne jamais s'en aller. « Je pense que c'est ce que je vais faire. » Elle rouvre les yeux, les pose sur le plafond. « Je n'arrive plus à vivre dans la peur. À me demander chaque soir si demain matin, tu seras toujours là, ou si ma sœur va bien. C'est une torture que je ne peux plus m'infliger. Alors je vais partir, Lavande. Loin de tout ça. » Elle se crispe. « Ce n'est pas une vie pour moi. »
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Parvati et Lavande


T'espère que la mauvaise nouvelle ne te concerne pas, mais t'a un mauvais pressentiment au fond. Rien ne sera plus jamais comme avant, il faut cesser de croire au miracle. Le seul était que tu as survécu malgré la chute et la morsure. Tu changes, mais pas comme tous. Tu changes à l'intérieur et le refoules. Un monstre né en toi, un monstre que tu retiens et ne veux pas devenir. « Euh... Oui, assez bonne. Et toi ? » Aucune nuit n'est bonne, on se force à le croire quand l'on vit dans ces conditions. Les tentes n'ont rien de confortables, il ne fait pas toujours chaud et l'humidité ambiante est plus que désagréable. Tu paierais des miles et des sens ne serait-ce que pour passer une nuit dans un véritable lit, sur un véritable mate là. Soupirs. Tu hoches pourtant la tête positivement.

Tu joues avec la pointe de tes cheveux, tu te sens malgré tout étouffé par le foulard qui couvre tes blessures. Pourtant le vent souffle par l'ouverture de l'entrée de leurs abris de fortune. Ta jamais aimé le froid, mais tu détestes encore plus la chaleur. Sauf la sienne, celle réconfortante d'une amie précieuse. « Je pense que c'est ce que je vais faire. » Tu ris nerveusement, persuadé qu'elle plaisante. Non elle ne partira pas, jamais elle ne t'abandonnera ni toi ni sa sœur. Sans lever les yeux tu restes concentré sur ses mots. Une blague. « Je n'arrive plus à vivre dans la peur. À me demander chaque soir si demain matin, tu seras toujours là, ou si ma sœur va bien. C'est une torture que je nu ne peut plus m'infliger. Alors je vais partir, Lavande. Loin de tout ça. » La plus grosse blague qu'elle ne t'ait jamais faites. Nouveau rictus. Tout cela est faux. Lèvres tremblent, tu te sens comme figée dans le temps, comme si tout s'arrêtait autour de toi. « Ce n'est pas une vie pour moi. » Ce n'est une vie pour personne, encore moins pour des jeunes adultes. Mais tout ça est faux. La tasse glisse de tes mains, elle s'écrase sur le sol mais ne se brise pas. C'est un blanc qui s'installe, difficile à combler, lourd de sens. Tu te persuades que ce n'est qu'une boutade, une phrase légère, un mensonge pour détendre l'atmosphère.

« Partir où ? Sans Padma ? Sans moi ? Autant faire nos valises et partir ensemble à l'autre bout du monde. » Un sourire triste tu relèves les yeux vers elle. Parvaty ne bouge pas, la tension est visible sur son visage. Vous vous connaissez trop bien pour ne pas deviner les expressions l'une de l'autre. Partir semble être la solution de facilité, mais le verbe adéquat est fui. Tu ne veux pas fuir, plus fuir. Tu n'as pas envie de te laisser abattre même si c'est l'impression que tu te donnes à toi-même.

Le camp se réveille autour de vous, les pas autour de la tente, les voix... C'est grâce à la solidarité, grâce à ces gens qui vous entoure que vous êtes la côte à côte... Alors quitter tout ça . Non. Tu dois beaucoup trop à tout le monde, à Hermione, à Sibylle et à ce médico-Mage qui t'a maintenue en vie et caché dans un placard. Ça gronde en toi, la haine, la colère... Celles de vivre dans ces conditions à cause des monstres qui aujourd'hui gèrent le monde magique. C'est la bête qui gronde, l'animal qui ne rêve que de se venger. Le monstre en cage. Tes sourcils se froncent... « Tu ne comptes pas vraiment partir hein ? » Tu l'as fixe, ne la lâche pas de ton regard azur. Tu veux qu'elle te réponde qu'elle reste, qu'elle ne vous abandonnera pas. « Tu n'as pas le droit, je veux dire, on vient juste de se retrouver... » Tes yeux s'embrument quand tu prennent en considération qu'elle pourrait vraiment partir. « Pas sans moi. »

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"before our time has run out"
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La vérité, c'est qu'elle aimerait que ce soit aussi facile, mais elle sait que ce sera la seule qui la retiendra, la seule qui fera tout pour la convaincre de rester, mais elle ne peut pas. Elle a choisi sa vie, une vie d'agent double, en quelque sorte. Elle aimerait tant pouvoir lui dire, mais elle sait que si elle ne coupait pas les ponts avec Lavande, il serait trop dur de rester éloigné d'elle. Les deux jeunes femmes essayeraient sans doute de prendre contact l'une avec l'autre, mettant le secret de Parvati en grand danger, et c'est un luxe qu'elle ne peut pas se permettre. Elle sait où ça va les mener. Où ça va la mener. Elle sera seule, copinant avec des personnes qu'elle a toujours haïes, dans le seul but de leur soutirer des informations. Mais quand elle rentrerait, elle ne sait où, elle sera seule. Sans aucun ami, aucun moyen de se remonter le moral. Et il y aurait ce gros vide dans son cœur. C'était la vie qu'elle avait acceptée lorsque leur plan, avec Padma, s'était mis en place.
« Partir où ? Sans Padma ? Sans moi ? Autant faire nos valises et partir ensemble à l'autre bout du monde. » Si seulement c'était aussi simple. En un instant, elle s'imagine, dans des lieux de rêves. Aux caraïbes, aux États-Unis... Mais fuir ne sert à rien. La guerre est partout, même si on essaie tant bien que mal de l'oublier. Elle a marqué les esprits, traumatiser les nuits.
La tasse que tient Lavande tombe dans un bruit claquant contre le sol. Elle la regarde d'un air absent, l'inquiétude lui brûle les tripes. Elle ne se reconnaît plus. Elle aurait juste envie d'exorciser ce putain de sentiment de culpabilité qui la ronge. « Tu ne comptes pas vraiment partir hein ? » Comment lui mentir en la regardant dans les yeux ? Comment la quitter ? Comment réussir à vivre avec un cœur en mille morceaux ? « Tu n'as pas le droit, je veux dire, on vient juste de se retrouver... » Elle a la gorge râpeuse et les larmes qui menacent sans arrêt de couler. « Pas sans moi. »

Elle se doit d'être convaincante, pour qu'elle n'ait plus envie de la suivre. Ça risquerait de la détruite, et c'est tout ce dont elle redoute. « Lavande... Je ne vais pas partir loin. Je vais partir d'ici. De ses tantes. Peut-être que... Qu'ils oublieront ma trahison... » Elle retient son souffle un instant. Il faut mentir. Mentir. Mentir. Rester impassible. « Il faut se rendre à l'évidence, cette pseudo résistance ne mènera à rien. Il est trop fort. Je me suis trop battu contre lui. Je suis fatiguée, à présent. Et je me fous de ce que pensent les autres. » Elle se lève, s'approche d'une fenêtre, pour lui tourner le dos, pour ne plus voir ses yeux, pour trouver du courage, car face à elle, elle n'en a aucun. « Je pars pour me faire rachetée. Tu comprends ? Je vais me plier aux règles. Puisqu'il n'y a plus que cela à faire. » Elle sait qu'elle doit en dire plus, elle sait qu'elle doit lui faire mal, qu'elle doit se faire détester par sa meilleure amie, car elle sait qu'elle est tenace. Il faut qu'elle n'ait plus jamais à se poser de questions. « Et je ne veux personne d'autre de ma vie d'avant. Je veux oublier tout ce... désastre. Et je ne pourrai pas y arriver si je garde un quelconque contact avec ma vie d'avant. » Elle la regarde, cette fois c'est la détermination que l'on peut lire dans son regard. « Pas même toi. » Elle se convainc du mieux qu'elle peut pour ne pas craquer. C'est pour elle qu'elle fait ça. Pour elle.
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Parvati et Lavande


Tel un bateau dans une mer violente, tu chavires. Tomber de ce balcon fut moins douloureux que la peur de la voir partir à nouveau. Parvati est la seule sur laquelle tu penses pouvoir encore compter. La seule qui te donne l'espoir de vivre, pour elle, pour qu'elle soit forte elle aussi. Tu panses aussi à sa sœur, à la réaction qu'elle pourrait avoir si sa sœur partait. C'est une relation forte qui vous unit, depuis le début, un coup de foudre platonique, deux âmes faites pour être ensemble, deux corps faits pour s'entendre et s'écouter. « Lavande... Je ne vais pas partir loin. Je vais partir d'ici. De ses tantes. Peut-être que... Qu'ils oublieront ma trahison... » Tu paniques à chaque mot, ton cœur bat de plus en plus fort. Oublier . Non il n'y aura rien à oublier, elle ne partira pas. Elle reviendra sur ses paroles. « Il faut se rendre à l'évidence, ce pseudo résistance ne mènera à rien. Il est trop fort. Je me suis trop battu contre lui. Je suis fatiguée, à présent. Et je me fous de ce que pensent les autres. » ça gronde à l'intérieur de toi, un mélange de tristesse et de colère. Tu continues que croire que tout ça n'est qu'un mensonge en la regardant s'éloigner. Elle t'évite, ne veux pas rencontrer ton regard suppliant déjà mouillé par les larmes. Un rêve peut-être ? « Je pars pour me faire rachetée. Tu comprends . Je vais me plier aux règles. Puisqu'il n'y a plus que cela à faire. »

Tes ongles s'enfoncent dans ta peau, pour te réveiller de cet horrible cauchemar. C'est faux. Le sang perle sur le dos de tes mains, t'y est alléaller fort, mais tu es toujours là, tu ne te réveilles pas. « Tu mens... » un murmure qui s'échappe. Le regard à présent fixé sur la tasse au sol. Mauvais présage. Tu pourrais haïr la divination à ce moment même. Ce café a maudit ta journée. Tu reviens pour vivre ça . Tu'aurais cent fois préféré crever dans ton placard à balais à St mangouste. « Et je ne veux personne d'autre de ma vie d'avant. Je veux oublier tout ce... désastre. Et je ne pourrai pas y arriver si je garde un quelconque contact avec ma vie d'avant. » Tu aimerais ne pas entendre tout ça, être sourde, l'ignorer.  « Pas même toi. » Tu fixes le sang sur tes mains avant de relever les yeux vers le dos de l'Indienne. « Il s'est passé quelque chose durant mon absence ?» D'une voix plus claire tu cherches à savoir. Ça ne peut pas lui être arrivé à l'esprit comme ça, il y a forcément eu un élément déclencheur. T'en a rien à foutre en fait de sa motivation, tu veux juste pas qu'elle parte... C'est égoïste au fond. Mais t'a aussi peur pour elle. Tous ces mots que tu aimerais lui dire pour qu'elle change d'avis veulent sortir, tu veux crier tout ce que tu as sur le cœur, hurler qu'elle ne peut tout simplement pas partir sous l'excuse d'un caprice, de la peur.

« Quand on a compris que tomber était la seule façon de peut-être s'en sortir, j'ai pris ta main et je n'ai pas eu peur. » Tu te redresses, ne la quittent pas des yeux. Ta voix tremble, tes lèvres s'agitent avec violence. Impossible de savoir par où commencer. « Je m'en fous que tu trahisses les autres... Mais... Ta juste pas le droit de me faire ça... » Les larmes viennent, inondent tes joux. «  Tu peux tout simplement pas abandonner ! On a trop donné pour en arriver là. Trop de sacrifice pour retourner ta veste maintenant... » Frôlant ta cicatrice du bout des doigts, un frisson parcourt ton corps. Tenir le coup sans elle . Impossible. Immobiles, les mots ont à présent du mal à franchir la barrière de tes lèvres... Quoi dire ? Comment lui faire changer d'avis ? Sans la blesser... « Rejoindre ceux qui ont fait du mal à tes proches, à ta sœur ? Ça ne te ressemble pas... » Tu brides la colère naissant de l'incompréhension, tu te souviens être déjà entré dans des colères noires, défigurant ton joli visage, perdant le contrôle de toi-même. Non, tu ne t'énerveras pas contre elle.

Alors tu te laisses tomber lourdement sur le lit, fixe le sol ou git encore ta tasse. Le mar s'est étalé et tu n'y vois plus le présage d'une mauvaise nouvelle, mais des taches éparpillées, comme du sang. Tu lui dis alors, dans un souffle. « Il m'a transformé... enfin, à moitié quoi... » Impossible de dire son nom, ni celui du monstre que tu es devenu... Alors peut-être qu'elle ne partira pas, qu'elle restera pour t'aider... « Regarde ! » Qu'elle se retourne, qu'elle admire la marque qu'ont laissée ceux qu'elle veut rejoindre. « REGARDE ! Ça ne partira jamais. »

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À cet instant, elle se rend compte de la route qu'elle va devoir traverser, de tous les obstacles qui vont se mettre sur son chemin. Des remords, des regrets. Elle va devenir folle, et seule. Elle le sait. Elle sait qu'elle est en train de signer sa solitude, son arrêt de mort. Aura-t-elle la force de lui pardonner un jour ? Elle ne le sait pas. Peut-être est-elle en train de la perdre pour toujours. Elle ne peut plus empêcher les larmes de couler sur ses joues. Ça lui fait mal, lui brise le cœur, la consume de toute part. Merlin, ce qu'elle aurait aimé lui dire toute la vérité.

Elle a la rage. Une rage qui bouillonne au fond de son être, qui menace d'éclater à chaque instant. Une rage qui ne lui laisse aucun répit, qui tortille ses tripes en même temps que sa peine. Une rage tournée vers elle-même. Elle se déteste. Elle a l'âme pourrie, noire, moisie, attaquée par des sentiments contradictoires qui la rongent et la détruisent. L'impression que sa vie n'est qu'un cercle qui se répète, qu'il y a toujours un nuage noir lorsque le calme apparaît. Et elle a besoin de faire sortir cette énergie. Besoin de travailler pour quelque chose, de servir une cause, alors elle s'est plongée dans cette quête, dans ce jeu d'agent double. Et elle se hait, elle est trop faible pour se battre comme elle le voudrait. Trop faible pour résister. Trop faible pour mentir. Trop faible. Ses yeux se ferment, s'ouvrent de nouveau. Tout à l'heure de chocolat, à présent de feu.

« Tu mens... » Elle ne peut plus reculer à présent, elle est aux confins de la toile, embourbée dans ses mensonges, pour toujours. Oui, je mens.

Elle piétinait le sol, l'esprit embrumé par des images qui ne cessaient jamais de la torturer. Elle l'aimait, elle l'aimait tellement. Ça avait toujours été comme ça, et elle se demandait comment elle pourrait continuer à vivre sans elle. À survivre, plutôt. Du plus loin qu'elle se souvienne, elle a toujours fait partie de sa vie, pas comme une amie, pas comme un meuble, elle était partie intégrante d'elle, de sa vie tout entière. Elle était une partie de Parvati. Oui, elle l'était. À présent, tout se brisait. La brune ne pouvait que se tenir extérieure, gardant un regard sur sa vie qui s'écroulait. Un creux béant se forma au fond de sa poitrine et elle sut à cet instant qu'il ne partirait jamais. C'était le prix de la guerre. C'était la place de Lavande qu'elle était en train de chasser. « Ça devait finir ainsi. Toi et moi. C'est le lot des soldats, de ce qui ont été brisé. Dans les histoires qu'on nous contait, petits, quand ils rentraient à la maison, ils étaient heureux. Tu sais bien que ce n'est pas comme ça que ça se passe. Quand tout sera fini, les corps seront tombés. Et la douleur sera omniprésente, dans nos cœurs. On ne pourra plus jamais l'oublier. J'ai trop d'horreurs dans l'esprit, je ne veux pas en ajouter d'autre. » Les mots sont difficiles à aligner. Sa voix tremble, et elle espère qu'elle n'entend pas toutes ces nuances. Pourtant, elle sait qu'elle la connaît mieux que quiconque et ça la terrorise. « Je dois m'en aller, pour ne plus jamais voir les gens que j'aime se détruire. » Elle se souvenait de son carmin sur ses lèvres, de ses boucles blondes s'agitaient dans le vent, de ses rires qui s'écrasaient sur les murs. Elle se souvenait de tout, et c'était à ce moment que les images avaient voulu défiler dans sa tête, comme pour retarder l'échéance encore un peu. « Quand on a compris que tomber était la seule façon de peut-être s'en sortir, j'ai pris ta main et je n'ai pas eu peur. » Elle voulait à tout prix supprimer ce souvenir de sa mémoire. Elle se sentait faible et honteuse. Lavande était forte. Parvati était jeune, elle ne savait rien des choses de la vie et elle en était consciente. Elle partait d'ores et déjà avec un handicap : elle partait seule. « Il s'est passé quelque chose durant mon absence ?»  Elle secoua vivement la tête. « Rien. J'ai simplement eu le temps de réfléchir en solitaire. » Une pause. « Et ça n'a rien à voir avec toi, je te le promets. » Elle ne voulait pas que Lavande s'en veuille. Elle savait qu'elle allait souffrir, mais elle ne voulait absolument pas lui ajouter de la culpabilité en plus de sa peine.  « Je m'en fous que tu trahisses les autres... Mais... Ta juste pas le droit de me faire ça... » Les larmes coulent sur ses joues blanches et son cœur se serre. Elle pleure, depuis déjà quelques minutes, en silence. Elle a renoncé à lui cacher ses larmes. Au moins ça. «  Tu peux tout simplement pas abandonner ! On a trop donné pour en arriver là. Trop de sacrifice pour retourner ta veste maintenant... » Je. te. promets. que. ce. n'est. pas. ce. que. tu. crois. « Je sais, mais c'est trop dur. » Tellement qu'elle s'enfonce dans le chagrin. La voir souffrir est en train de la détruire. « Rejoindre ceux qui ont fait du mal à tes proches, à ta sœur ? Ça ne te ressemble pas... » C'est une affirmation qu'elle va devoir affronter tout le reste de sa vie. Ça ne te ressemble pas. C'est la vérité, en soit. Elle possède de nombreux défauts, mais abandonner ses proches par simple lâcheté, par simple peur, n'en faisait pas partie. « J'ai changé, Lavande. On change tous un jour ou l'autre. »

Elle la regarde s'enfoncer dans son lit de son regard affaibli par les larmes. « Il m'a transformé... enfin, à moitié quoi... » Elle murmure alors. Parvati sent ses jambes trembler, s'affaisser sous le poids de cette déclaration. Comment peut-elle lui faire ça après tout ce qu'elle a traversé ? Elle s'en veut d'avoir accepté sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Peut-être est-ce une forme d'égoïste ? Peut-on parler d'égoïsme quand on agit pour le bien des autres ? « Regarde ! » Elle ferme les yeux et détourne le regard. Elle étouffe un sanglot dans ses mains. « REGARDE ! Ça ne partira jamais. » Elle se retourne. Ne veut plus lui faire face. Ne peut plus lui faire face. « Laisse-moi partir, Lavande, je t'en supplie. Je ne veux pas voir ça. Je n'ai pas été à la hauteur pour te protéger. Je ne mérite pas ton amitié, ton soutien. Et je pars pour ne plus regarder le désastre que je sème sur mon passage. » Lavande était forte. Elle l'avait attiré avec elle. Elles étaient tombées toutes les deux sur le sol froid. Et c'était la blonde qui avait payé, une chose que Parvati ne se pardonnera jamais. « Je ne suis pas comme toi, je suis faible. Trop faible. »
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