Trop absorbé par son désir de bien faire, Percy était devenu un con. Une marionnette que l'on baladait ici et là pour remplir la paperasse et prendre des notes. Il lui en a fallu du temps pour s'en rendre compte, mais il était devenu un véritable con et s'était éloigné de l'un de ses objectifs : rendre fière sa famille. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Comment avait-il pu autant se détourner de ceux qui l'aimaient ? Lui-même  n'était pas certain de pouvoir l'expliquer. Le brouillard qui planait autour de lui s'était évaporé au pire moment. Le bandeau qui l'empêchait de voir clairement tombé, Percy réalisa l'ampleur de sa bêtise, comprit  -enfin!- où était sa place. Il avait rarement accouru aussi vite auprès des siens ou même autant  apprécier l'étreinte de sa famille .

Il s'était excusé une fois, deux fois, trois fois. On lui avait assuré que l'important était qu'il soit là, bien conscient, de retour à la réalité, mais il ne savait pas comment il pourrait se racheter auprès d'eux. Il avait du mal à comprendre comment ils avaient pu lui pardonner aussi vite après tout ce qu'il avait fait ou n'avait pas fait. Lui-même n'était pas certain qu'à leur place il aurait su faire de même.

La route a parcourir était encore longue, mais au moins il se trouvait du bon côté. Celui de sa famille. Et aux vues des événements qui suivirent, c'était la seule et unique place à laquelle il devait être. Tant pis pour le Ministère – ou ce qu'il en restait. Tant pis pour le poste. Tant pis pour … tant pis pour tout. Il était prêt à se battre après des années d'hibernation.

Mais il ne devait pas être suffisamment préparé. Il avait trop dormi et était encore quelque peu engourdi, ce qui n'était pas le cas de ceux qui se battaient de puis le début. Il était faible. Faible et pourtant il s'en est sorti. Merlin lui en voulait-il tant que ça pour retirer la vie à son frère et le laisser assister cette scène ? George était mort sans qu'il puisse rien y faire. Lui était paré, lui était prêt depuis de le début. Pas lui, pas Perceval. Son père aussi était prêt à se battre. Et là encore il avait été incapable de le sauver. Il n'aurait certainement pas pu faire grand chose, tous étaient en fuite ou en quête de revanche, mais l'idée de ne rien avoir pu faire pour empêcher son arrestation puis son exécution n'ont fait que nourrir un peu plus le sentiment de culpabilité qui le rongeait.

Culpabilité et désir de revanche. Un très mauvais mélange auquel il adhéra pourtant. Des semaines durant ce fut là le seul régime auquel il répondait. Il traquait comme il pouvait ceux qui avaient détruit sa famille – ou plutôt essayait de traquer sans se faire prendre. Mi-fugitif, mi-traqueur. Il aurait fait un rafleur affreusement mauvais … Seulement un soir, le traqueur se retrouva traqué. Il fut la cible. Il ignorait comment mais ils avaient fini par le retrouver et ils ne comptaient pas le laisser filer.   

Ce fut la troisième fois qu'il se rendit compte qu'il était faible.

Et cette pensée lui revenait en tête chaque fois qu'il recevait de la visite de ses geôliers. Geôliers qui à aucun moment ne cherchèrent à le ménager. Il avait fait une fois parti du ministère. Il avait déjà dénoncé des gens. Il avait déjà eu un pied de l'autre côté. Il était donc probable qu'il soit en mesure de remettre ça. Tout ce qu'il demandait c'était de petites informations en échange de quoi, ils se montreraient plus .. cléments ? Plus .. gentils ? Percy n'en croyait pas un mot. Parler c'était mourir. Parler c'était les abandonner encore et étrangement il ne pouvait s'y résoudre. Alors que son corps lui criait d'arrêter cet entêtement stupide, son cœur lui criait l'inverse. Il avait trop longtemps suivit sa tête et laissé son cœur au placard, ne le sortant que pour celle qui ne l'avait jamais laissé tomber. Pénélope. Pour la première fois depuis longtemps, il laissa son cœur reprendre le dessus. Il ne trahirait ou n'abandonnerait personne. Pas encore. Il en avait déjà payé le prix. Plus d'une fois il espéra qu'on l'achève et plus d'une fois on lui refusa cet honneur.

Il lui fallu attendre ce qu'il pensa être une éternité avant que son traitement ne connaisse une évolution. Le Weasley n'avait rien à dire ? Très bien. Il aurait bientôt quelque chose à faire. On tuerait pas un tel produit, lui avait-on finalement dit. Dès lors son traitement changea, la seule amélioration notoire fut qu'il échappait dorénavant un peu plus aux Doloris et autres caresses de ce genre, mais ce fut bien là la seule. Son cerveau, fatigué  de lutter, ne comprit pas immédiatement ce que « produit » impliquait. Ce n'est que quelques temps avant l'annonce de la toute première mise aux enchères que le terme prit tout son sens. Il allait être vendu comme un vulgaire animal. Quoi que non … même un animal n'aurait pas reçu un tel sort. Il allait être présenté comme objet. Un bien dont on dispose comme bon nous semble. Son statut de sang pur en faisait un produit de qualité lui avait-on dit. « Un produit de luxe ». De luxe ? Il avait étouffé un rire amer en entendant l'expression. Comment pouvait-on encore le considérer comme ayant de la valeur … Comment même avait-on eu l'idée de lui attribuer une quelconque valeur marchande ?

Le grand jour, il eu droit à une toilette sommaire. Le minimum pour être présentable à un potentiel acheteur.  Plus quelques sortilèges pour le rendre un peu plus docile. Le bougre était devenu légèrement plus caractériel que dans ses jeunes années …