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sujet; Walk with me through the fog (Herpo / Hécate)

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Le chaos. Le bruit. L'agitation. des hurlements et des épaules se heurtant les unes aux autres, des respirations hachées. Une odeur de poussière et de sang.
Tellement de bruit.

Hécate se laissa porter tandis que son corps quittait la place du ministère et réapparaissait dans un hall carrelé où des hommes et des femmes vêtus de blancs couraient en tout sens comme des fourmis affolées. Rabastan la portait toujours avec aisance et elle entendit sa voix, lointaine.

"Hey! vous là! occupez vous d'elle!"
"Monsieur nous sommes déjà débordé mettez là avec les..."
"Elle perd son sang à vitesse grand V pauvre crétin! elle va nous claquer entre les pattes alors transfusez lui quelque chose maintenant!"
"Très...très bien!"
"Si elle meurt, vous en répondrez personnellement devant moi!"

Elle cligna faiblement des yeux. Mourir...elle ne voulait pas mourir...c'était trop tôt. Elle n'avait pas fini de vivre, elle n'avait pas fini de se battre, pas fini. Virgile...qui s'occuperait de Virgile et...Anna? Sergueï et le thé et...Simon...elle avait...et Rabastan...le bureau...tellement mal rangé...

-Maha laïfa nohova esta...maha sodafi...nohova est...Akana lifi...akana...(ma vie n'est pas finie...mon combat...n'est pas fini...je ne peux pas partir...je ne peux pas...) murmura-t-elle avant de fermer les yeux.

Le reste disparut dans un noir d'encre, plus profond que le puis le plus sombre, plus froid que la glace la plus dure. Elle s'enfonça et sentit son esprit s'étioler au fur et à mesure que son corps rendait les armes, qu'il capitulait, blême et meurtri.

"Elle a perdu trop de sang! le coeur n'a plus rien à pomper!"
"Insiste! je m'occupe de sa tête!"
"Il faut la plonger dans un coma magique où on ne la stabilisera pas!"
"Alors fais le! fais le putain de Merlin! on est en train de la perdre!"


"De la perdre!"
"...la perdre!"

"Perdre!"

Elle ne sentit pas les médicomages s'affoler autour d'elle, pas plus qu'elle ne sentit les sorts la toucher alors qu'on s'efforçait d'injecter en elle le sang qui lui faisait si cruellement défaut, de soigner son crâne rouge et poisseux.
Elle ne sentit rien.
Car pendant que les vivants hurlaient, les pieds campés sur le sol et les nerfs à fleur de peau, Hécate flottait. Elle dérivait comme une plume sur l'océan en direction d'un lieu que seuls habitaient ceux qui ne se retenaient plus à la vie que par la force des doigts.

L'entre deux.

Quand la jeune femme reprit connaissance, elle crut d'abord avoir réchappé de la bataille saine et sauve. Elle ne sentait pas la moindre douleur, pas même là où son crâne avait été heurté par la poutre de l'estrade lorsque cette dernière avait manqué de s'écraser sur elle. Pas le moindre inconfort.
assise au sol, Hécate s'étira et jeta un coup d'oeil à l'intérieur de ses coudes: intacts. Comme si la mutilation rituelle n'avait jamais eu lieu. C'était étrange, elle se souvenait pourtant vaguement d'un couteau entamant sa chair et d'un éboulement...elle se rappelait d'une voix lui ordonnant de ne pas mourir...de s'accrocher encore...une voix dure, grave, à l'accent britannique.
L'homme qui la possédait avait un nom d'étoile ou presque. Elle savait qu'il était important de se souvenir du nom et de l'identité de son propriétaire mais tout était si brumeux dans son esprit...si confus...

La sorcière regarda autour d'elle. Elle était assise au milieu de Picadilly Circus mais à sa plus grande surprise, il n'y avait aux alentours pas la moindre voiture, pas le moindre passant. Il flottait dans l'air un vent léger mais sans parfum et le ciel était lourd de nuages. Rien ne bougeait et il fallu un moment à la jeune femme pour se rendre compte que tout ce que voyaient ses yeux était recouvert d'une mince couche de poussière. Celle qui drape les objets laissés à l'abandon, qui voile les lieux oubliés. Elle se leva et se mit à marcher. Les vitrines des magasins abritaient des mannequins désuets, les restaurants aux portes grandes ouvertes n'accueillait nul client.

Tout était suspendu. Un temps immobile. Un monde figé dans l'attente. Un entre deux.

Ce fut cette pensée qui l’électrisa à travers l'étrange paix qu'elle ressentait. Elle connaissait ces lieux, elle avait entendu parler d'eux. Le monde de l'attente, celui de la grande décision: vivre ou mourir, rester...ou partir vers des rivages plus lointains encore. Il était paisible, enchanteur dans le calme qu'il dégageait et dépourvu de tout danger, de toute sensation forte. Les peines s'effaçaient dans l'entre-deux, toutes les douleurs flottaient et disparaissaient dans une nébuleuse de souvenirs. on pouvait errer autant qu'on le souhaitait dans un monde devenu disponible pour nous et nous seul jusqu'à oublier qu'il y avait en dehors de cette réalité un tout autre monde fait de couleurs et de peine, d'émotions et de passion.
On pouvait se perdre dans l'entre deux jusqu'à un jour, décider de se fondre en lui. Et de totalement se dissoudre.
Hécate descendait en direction de Trafalgar Square, ses pas résonnant dans les rues désertes. Le bout de ses doigts effleurait la pierre tiède d'un mur, le vent balayait son visage et elle fut un instant tentée de s'asseoir de nouveau. Quel bien cela pouvait faire d'être seule....en silence...elle aurait pu rester là pour toujours.

Pour toujours.

-Non, dit-elle à voix haute, non.

Sa voix rebondit le long de l'avenue et elle se concentra. Il fallait trouver la sortie, mais comment trouver quand on perdait l'envie de chercher? il fallait se concentrer.
Se concentrer.
Se concentrer.
Il y avait une comptine qu'elle connaissait, quelque chose que lui avait appris sa grand mère pour retrouver son chemin si un jour elle venait à se perdre dans le "monde suspendu". Un chant venu d'une baie au large de leur continent, une baie où vivaient un peuple de navigateurs blonds, habitués aux affres des tempêtes et au calme de la mer. Il fallait qu'elle retrouve la chanson et peut être ensuite, retrouverait-elle le nom de l'homme-étoile. Elle sentait que la clé était là. Dans tous ces noms qui lui échappaient à peine frôlés. Il fallait qu'elle se souvienne et pour se souvenir, elle devait retrouver son univers.

-Le ministère...je dois aller au ministère...je dois retrouver la comptine.

Elle s'arrêta de marcher et soudain, sa voix s'éleva, à peine plus haute qu'un murmure.

"Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus..."


Elle fit deux pas en avant. Elle devait garder sa concentration, aussi chanta-t-elle un peu plus fort alors que ses pieds la dirigeaient vers le Londres sorcier.

"Deux bœufs attelés à une coque; ils tirent, ils vont expirer; voyez la merveille !...Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus."

Elle parvint bientôt devant l'entrée du chemin de Traverse, à nu, le mur de briques s'ouvrant sur les rues, aussi resplendissantes qu'elle l'étaient avant les attaques mais tout aussi désertes que le reste de Londres. Tout aussi poussiéreuses.

" Il ya trois parties dans le monde : trois commencements et trois fins, pour l'homme comme pour le chêne. Trois royaumes de Merlin, pleins de fruits d'or, de fleurs brillantes, de petits enfants qui rient.Deux bœufs attelés à une coque; ils tirent, ils vont expirer; voyez la merveille !...Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus..."

La chanson lui revenait peu à peu et avec elle, des souvenirs, des voix mais toujours pas de noms. Juste des sentiments de haine, de colère, d'affection ou de loyauté. Seule, elle ne parvenait que difficilement à fixer son esprit sur sa destination. Tout était dans cette réalité une invitation pernicieuse au repos, une tentation presque perfide. Mais elle devait se souvenir.

C'est alors qu'elle parvenait à une des places du Londres Sorcier, une de celles qui abritait une petite fontaine de pierre nappée de brûme, qu'Hécate sentit une présence. La jeune femme regarda autour d'elle. Nul autre que sa propre personne ne pouvait marcher dans son entre deux.

-Je sens votre présence...souffla-t-elle, qui êtes vous?
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-Qui êtes-vous ? Comment êtes vous entré ici ?

L'éclair rouge frappa la médicomage en pleine poitrine. Pétrifiée au dernier degré, elle ne put que papillonner des yeux une dernière fois avant d’osciller dangereusement sur la gauche. Elle disparut derrière le lit d’hôpital dans un bruit de verre brisé. Son collègue porta la main à sa baguette, vif mais pas assez. L'imperium lui déroba sa volonté. Docile, il obéit à mes ordres et quitta la chambre, verrouillant la porte derrière lui.

Enfin, je me suis risqué à faire quelque pas. Elle était là. Sans ce bandage rougi autour de sa tête, on aurait pu la croire endormie. La femme au serpent. Je connaissais son nom, je savais qui elle était et pourquoi les médicomages échouaient à la réveiller depuis deux semaines. Pour moi elle restait la femme au serpent, le formidable adversaire contre lequel s'était frotté le Roi Rouge, mon apprenti.

Je n'avais qu'à tendre la main -ce que je fis d'ailleurs ; sa peau était bouillante. Je n'avais qu'à murmurer le pire des sortilèges ou glisser une simple goutte de venin de dragon dans l'une des potions qu'on lui administrait quotidiennement ; la bonne vieille technique de l'oreiller pouvait également s'avérer tout aussi utile. La vie de Hecate Shacklebolt ne tenait qu'à un fil... Ou peut-être pas. Peut-être, qu'à l'instar d'une de mes marionnettes, la jeune femme détenait entre ses mains une pleine pelote d'infinies possibilités.

La Mort pouvait encore passer une ou deux décennies à aiguiser sa faux dans son jardin d'hiver.

J'ai sorti mon couteau et je lui ai volé une mèche de ses magnifiques cheveux noirs. Mes doigts l'emmaillotèrent au milieu d'un lacet épais que j'attachais autour de mon cou. Mon regard se porta sur la fenêtre, fixant durablement la course du soleil dans mon esprit.

Ma baguette pointa le corps de la médicomage. Elle lévita jusqu'à moi et se posa sur la table roulante au pied du lit, aussi stable qu'une planche de bois. Je me suis placé au dessus d'elle, mon couteau toujours dans ma main.


-À tout de suite, Miss Shacklebolt.

Les yeux de la médicomage étaient embués de larmes silencieuses, je pouvais imaginer les hurlements déments qui résonnaient dans son crâne. La lame pénétra le sternum d'un coup sec, transperçant le cœur en une seule fois. La formule s'échappa de mes lèvres et les limbes m'accueillirent.

Chevaucher une âme est une pratique dangereuse et impie. Tenir sur le dos d'un mustang enragé n'est rien comparé à cette folie. Chuter signifie dériver, parfois pour l'éternité, entre des plans d'existence dont il ne vaut mieux jamais avoir entendu parler...


-< De l'âme innocente, par la noirceur dérobée... > Murmurais-je en encerclant avec ma baguette la vapeur argenté qui s'élevait du cadavre. < L'esprit du manzazuu franchira la vie et la mort. Le temps et l'espace. Jusqu'à l'objet de son appel. >

L'âme explosa en une formidable fontaine de lumière. Un trait qui illumina les limbes autour d'elle. Prenant une grande inspiration, j'y risquais ma main.

Je me sentis partir en arrière, perdre connaissance et heurter le sol. Pourtant je restais debout. Je m'élevais, laissant mon corps là où il devait être. L’ascension fut immédiate, je vis le plafond de la chambre d’hôpital m'arriver dessus à la vitesse d'une locomotive. Le temps d'un clignement de paupière paniqué, je me retrouvais alors dans un lieu froid, vide et noir, seulement peuplé d'étoiles merveilleuses. Alors, la descente commença. Je ne pouvais plus retirer ma main du halo de lumière, le collier semblait peser une tonne, cisaillant la peau au dessus de mes épaules. Il y eu des formes indistinctes, des ombres et des lumières. Puis, subitement, des lampadaires, une fontaine, un trottoir...

Mes pieds reposaient sur quelque chose de dur et de tangible. Je mis quinze secondes avant de le comprendre, perdu entre le vertige et la nausée.

Appuyé contre une poubelle, je reconnus enfin l'immense carrefour de Piccadilly. D'autant plus démesuré qu'il était désert. Aucun moldu, aucune voiture, pas un seul bus, mêmes les monstrueuses enseignes publicitaires étaient éteintes. Mes doigts tâtonnèrent dans l'une de mes poches, à la recherche de ma vieille montre à gousset ; elle était arrêtée.


-Je suis arrivé à l'heure...

Rien de tout cela n'existait, ni la poubelle sur laquelle je m'appuyais, ni la montre que je tenais dans le creux de ma paume, ni même moi.

Pourtant tout était vrai.

Marcher dans les limbes en tant que vivant était une chose. Franchir une de leurs nombreuses portes cachées sous la forme d'une projection astrale en était une autre. J'ai pensé à Voldemort, à Grindelwald et à tous les autres. À tous les gogos qui avaient couru derrière des baguettes de sureau et des horcruxes, comme les derniers des attardés. L'essence même des Arts sombres ne se quantifiait pas, elle ne se matérialisait pas. L'essence des Arts sombres existait et transcendait. C'était tout.

J'ai rangé la montre, puis j'ai levé les bras tel un Christ ressuscité. Sous la fausse lumière de cette fausse Londres, dans ce royaume où l'esprit était maître j'ai pris mon envol. Je devins un agrégat de plumes de corneille, de cendres et de mouches bleues. Un tourbillon noir et gris qui s'éleva au dessus de Piccadilly Circus, planant à la recherche de l'objet de son désir. Aiguillé par un totem.

Elle arpentait le Chemin de Traverse, peut-être perdue, peut-être en quête de quelque chose. Elle fredonnait pour se rappeler.

Je me suis d'abord contenté de l'observer, voletant au dessus des toits recouverts d'ardoises, me faufilant entre les cheminées en zinc. Puis elle s'arrêta dans la brume, je pouvais sentir ses yeux qui me cherchaient.

Je fondis sur elle, tournoyant dans le brouillard avant de me matérialiser avec le même bruit que le vent soufflant dans des voiles. J'étais confortablement assis sur le rebord de la fontaine.


-En voilà une bonne question. Répondis-je d'une voix forgée dans le plomb. Je suis le temps qui file... Un sablier en os se matérialisa dans ma main gauche. Ou qui s'arrête... Une faux immense apparut dans la droite. Le choix t'appartient, mais je te conseille de ne pas traîner...

Les deux objets disparurent dans un petit nuage soufré. Je me suis levé souplement, faisant trois pas vers la sorcière avant de m'arrêter. Mes index dessinèrent un rectangle qui s'avéra être un vieil écran de télévision des années cinquante. On pouvait y voir Hecate en noir et blanc, plongée en plein coma dans son lit d’hôpital.

-Tu me sembles avoir un peu trop tiré sur la corde au ministère.
J'ai gommé l'écran imaginaire avec mon avant bras, comme on enlève une tache sur une vitre.
-L'endroit où tu te trouves actuellement n'est pas fait pour durer.
Deux montres à gousset pendaient désormais au bout de mes doigts, l'une était arrêtée, l'autre avançait à toute vitesse.
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Hécate regarda l'homme devant elle. Il était sorti de la brûme qui engoutissait le chemin de Traverse, tel une nuée sombre, avant de se matérialiser sur le rebord de la fontaine. Il portait une cape noire et des vêtements usés par le temps qui malgré leur état n'enlevaient rien à sa...prestance. Prestance, oui, c'était le mot. Car si Hécate était de plus en plus perdue dans cet univers qui pourtant était le produit de son esprit, lui ne semblait pas s'y trouver un tant soit peu mal à l'aise. Il régnait sur un royaume qui n'était pas le sien et Hécate fronça les sourcils, farouche, tandis que d'habiles et fluides mouvements de main, fluides il faisait apparaître et disparaître des objets, tous symboliques. Tous macabres.

"Je suis le temps qui file...Ou qui s'arrête...Le choix t'appartient, mais je te conseille de ne pas traîner..."

L'esprit embrumé de la jeune femme eut l'espace d'un instant, une pensée aussi fugitive qu'absurde: était-ce le visage de la Mort qui se tenait devant elle? était-ce la Mort, cet homme aux traits burinés et à la voix si grave et lente, aux mains caleuses et aux paroles sibyllines.

Non-sens. La Mort n'avait pas de visage, pas de corps, pas d'essence. Elle était partout et nulle part, en permanence, transcendant les choses matérielles et ne s'avilissait pas à prendre une forme aussi réductrice, aussi limitée que celle d'un corps humain. Pourquoi d'ailleurs se serait-elle présenté devant ses yeux sous cette apparence? Celle d'un homme à la peau pâle, usant pour lui parler de symboles tirés d'une culture qui n'était pas celle d'Hécate? Ce monde était son monde, la mort si tant est qu'elle lui apparaisse, aurait dut-être sa mort. Pas une faucheuse, pas un homme amateur de montres à gousset.
Il n'était pas la mort.
Mais alors qui était-il?

Hécate se rendit compte qu'elle avait perdu le fil de sa chanson. Se souvenir des choses, refléchir, devenait de plus en plus difficile et elle tenta de se souvenir de la série du nombre un, forçant les mots à revenir s'imprimer dans son esprit. Pas de série pour le nombre un...le Trépas père de...la chanson lui échappa de nouveau alors qu'elle suivait les gestes de l'inconnu. Il dessina du bout du doigt, dans les airs, un rectangle qui soudain, prit la forme d'un écran de télévision moldu, un écran désuet à l'image grésillante, diffusant un spectacle qu'Hécate se serait bien passée de voir. Une jeune femme, lui ressemblant comme une jumelle, était étendue dans un lit d’hôpital, comme endormie, ses signes vitaux surveillés par des moniteurs magiques aux rouages apparents et aux lueurs changeantes. Hécate cligna des yeux, confuse: cette jeune femme ne dormait pas, elle était dans le coma.

-C'est...moi?

Impossible. Déjà, Hécate avait perdu le souvenir de la manière dont elle avait atterrit dans l'entre deux, mais elle ne pouvait pas être dans le coma. Elle n'avait pas eu d'accident. Ne s'était pas battue....pas qu'elle se souvienne. Mais comment faire confiance à cette mémoire qui se vidait de sa substance comme une antique clepsydre? L'inconnu à la cape paraissait savoir des choses qu'elle ignorait et il enfonça encore un peu plus le clou lorsqu'il parla de nouveau.

"-Tu me sembles avoir un peu trop tiré sur la corde au ministère."

Le ministère? que s'était-il passé au ministère? Hécate sentit la bile lui remonter dans la gorge. Un quart d'heure plus tôt elle aurait été capable de répondre à cette question mais chaque instant dans ce monde suspendu brûlait ses souvenirs et l'effaçait toute entière. Depuis combien de temps dormait-elle dans ce lit d'hopital? combien de temps dans le monde du haut? et depuis combien de temps se trouvait-elle ici? Les secondes s'écoulaient dans l'entre deux à une lenteur presque désespérante et soudain, elle se sentit perdre pied.

"L'endroit où tu te trouves actuellement n'est pas fait pour durer."

Et en effet. La panique d'Hécate avait commencé à en ébranler les fondements. Les murs se lézardaient en silence, le sol se couvrait de feuilles mortes et les vitrines -autrefois translucides- commençaient à prendre l'aspect mat et tacheté des vieux miroirs trop longtemps inusités. Le brouillard quant à lui, gagnait du terrain. Hécate fixa son regard sur le nouveau venu en s'efforçant de mobiliser ses capacités cognitives, d'empêcher ses pensées de voleter en tout sens comme des libellules insouciantes destinées à mourir dans la journée.

-Vous n'êtes pas la mort. Vous n'êtes pas le fruit de mon esprit...mon imaginaire ne peut produire une chose qu'il n'a jamais ne serait-ce que conçue auparavant et vous n'êtes pas un souvenir...vous êtes un intru. Un Dehoka.

Les Dehokas, "marcheurs de la mort", ces mages noirs capables de voyager dans les confins des réalités au prix du sang et des sacrifices. Des hommes et femmes aux regards profonds, aux principes souvent changeants et aux essences évanescentes. Ils étaient toujours là, et ailleurs, toujours dans une réalité et une autre. Peu étaient ceux qui appréciaient leur compagnie et quelque soit la culture, ils inspiraient la peur voire le dégoût. Trop proches de la mort, trop proche des morts. Hécate ne recula pas alors qu'elle jaugeait le Marcheur de ses yeux noirs mais sentit l'atmosphère se refroidir autour d'elle.

Tu me sembles avoir un peu trop tiré sur la corde au ministère.

A quoi faisait-il référence? que s'était-il passé? était-ce vraiment elle qu'il lui avait montré dans ce lit, inconsciente, ou était-ce une illusion? dans quel but? pourquoi?
Hécate fit un pas de côté et siffla:

-Je ne sais pas ce que tu me veux, Marcheur,mais si tu t'approches de moi, tu découvriras que le temps peut tout aussi bien s'arrêter pour toi, ici et maintenant. "Mourir en rêve c'est mourir un temps. Mourir dans l'entre-deux c'est mourir vraiment". Tu connais la règle et j'ai encore assez de raison pour te la rappeler....qui que tu sois. Ne t'approches pas de moi. Repars d'où tu viens.

Et sur ces mots, elle se mit à courir en direction du ministère. Le temps commençait à lui manquer et elle devait retrouver sa connexion avec le monde des vivants avant de ne plus avoir en elle le moindre filament de conscience. Avant de s'évaporer, de disparaître. Elle sentait la présence du Marcheur à ses cotés alors qu'elle se déplaçait, il la suivait comme son ombre, invisible et tenace.
Quand elle arriva devant la place du Ministère, Hécate s'immobilisa. Quelque chose était différent de l'image fânée qu'elle en gardait, quelque chose en plus s'y trouvait. Ce fut à ce moment qu'elle remarqua l'estrade dressée à quelques dizaines de mètres d'elle, dans le brouillard.
Une estrade déserte.
le sol de la place était rouge, poisseux mais elle fit malgré tout quelques pas en avant, le souffle court, le coeur battant la chamade. Elle connaissait cette estrade. Des voix se mirent à murmurer dans l'air, lui glaçant le sang.

"Rebut numéro 1590...
"Sentence...baiser du détraqueur..."

Des images passèrent devant ses yeux comme les souvenirs lointains d'une autre vie. Des éclairs de lumière verte, des larmes...le bruit mat de corps tombant sur du bois...des masques de fer. Il s'était passé quelque chose de grave ici. Quelque chose de tragique, auquel elle avait participé. S'approchant de l'estrade, la jeune femme ressentit une douleur dans l'intérieur de ses coudes et constata avec horreur que ceux ci étaient marqués de plaies rouges presque à vif. Elle s'était coupée. Non: mutilée. Mais pourquoi? pour qui?

Tout ce rouge....

-Le roi rouge, murmura-t-elle, le...Weasley.

Weasley. Insurgé. Léda. Léda. Les rebuts. La bataille. Le serpent et le sang. L'estrade. La voix. L'homme étoile. L'hopital. Le sommeil. Hécate resta pétrifiée.
Elle se souvenait.

"Utilisez les Aura Terram!"
"Accroches toi Shacklebolt!"
"Occupez vous d'elle"
"Tu as choisi le mauvais camp"
"...Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Léda Shacklebolt..."

"Tue les."

"Si elle meurt, vous en répondrez devant moi!"



-...Rastab...non. Non ce n'est pas pas ça. Comme l'étoile mais différent. Pas de série pour le nombre un, le Trépas père de la douleur, la nécessité Unique, rien avant, rien de plus. Allez, souviens toi.

Un masque de fer. Des yeux bleus. Un demi-sourire. Un accent. Un accord passé, une confiance offerte, une protection due. Hécate voyait le visage de celui qui l'avait sauvée...elle le voyait avec une clarté si perçante...ne lui manquait que le nom. Jouant avec les syllabes, elle les assembla encore et encore jusqu'à ce que en un souffle, elle murmure:

-Rabastan.

Le monde sembla alors retrouver sa constance. Elle se rappelait. Il l'avait tirée des décombres, lui avait ordonné de ne pas mourir. C'était sa voix qu'elle avait entendue, sa main qui avait été tendue lorsqu'elle avait perdu Léda. Léda, sa soeur. Tuée, assasinnée par ces rebelles, les insurgés, menés par Weasley. Ils avaient combattus sur cette place et elle avait versé le sang qui tâchait les pavés de pierre, en usant de sa magie. Les noms défilaient à présent dans son esprit tels des images subliminales. Weasley, Molchtaline, Avery, Rookwood, Valkov, Malfoy, Rosier, Lestrange. Ils avaient survécu. Et elle non. pas tout à fait.

-Je suis en train de mourir...


Hécate se retourna et fit face à l'inconnu, Marcheur des ombres, qui se tenait un peu plus loin dans la brume. Il la fixait. Mue par un pressentiment, Hécate le toisa et demanda:

-Vous étiez dans l'ombre ce jour là, n'est ce pas? vous avez vu ce qui s'est passé ici.


Silence.

-Etes vous ici pour vous assurer que je ne me réveille pas? Je ne savais pas représenter une telle menace pour vous...qui vous soyez.
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HRP:

-Je vous donne dix points pour la vivacité d'esprit, mais je vous en enlève cinq pour pour la réponse.

Un ricanement. Dehoka. Celle-là on ne me l'avait pas encore faite. Je pouvais comprendre. Je n'en étais pas très loin, après tout. Un sacrifice humain, une âme chevauchée... Il ne manquait plus que les tambours, l'encens et les jeunes vierges aux seins nus. Hecate Shacklebolt était décidément une vraie fleur du bayou, à n'en pas douter. La justesse de sa remarque se trouvait contrebalancé par le seul critère culturel qu'elle pouvait utiliser : le sien.

-Retenez bien ceci, Mademoiselle Shacklebolt. Ma voix était aussi pesante qu'un chaudron en fonte. Ma mort ne signifiera pas nécessairement ma fin. Il y a des plans d'existence que je suis prêt à accepter. Je viens de trop loin pour retourner sur mes pas.

Hecate Shacklebolt me bouscula en s'enfuyant. Mon corps s’effrita comme un château de sable, avant de redevenir cendres et poussières transportées par le vent. Elle courrait et je la laissais faire. Elle devait emprunter seule le chemin pour comprendre, pour se rappeler et trouver la force de s'extirper de cet univers. Si elle n'y parvenait pas, effectivement, je serais condamné à rester et à partager ce qu'elle s'apprêtait à subir. Le nombre de fissures sur les bâtiments se multipliaient, certains perdaient même leurs couleurs, peu à peu avalés par quelque chose qu'aucun homme n'aurait su incarner.

L'héritière du Clan Saint Marc déboucha alors sur la place du Ministère, fidèle à ses souvenirs. L'estrade était toujours là, le sang également. Je l'ai laissé percuter. Je l'ai laisser se risquer à quelques pas timides à l'endroit où elle était tombée.

Je me suis matérialisé silencieusement. Son esprit devait probablement être écartelé entre deux dimensions, entre deux temporalité même. La plupart des sorciers se seraient simplement effondrés, au sens propre du terme. Mais ce Londres vide, chancelant et délabré continua d'exister. Et donc, moi aussi. Je me suis permis un léger soupir de contentement.

Oui, Hecate Shacklebolt était un bon choix.


-Une fois encore, Mademoiselle Shacklebolt, vous conceptualisez de la mauvaise façon.

Je l'ai rejoint calmement, me plaçant à sa gauche. Je regardais la place du Ministère dans son ensemble, tentant de comprendre l'insondable... Puis, j'ai sorti ma baguette avant d'exécuter un geste sphérique des plus gracieux. Une partie du sang s'aggloméra à un mètre du sol et forma une large plaque ronde qui lévita jusqu'à nous. Nos reflets se découpaient parfaitement dans ce miroir improvisé, seulement troublés par le lent écoulement de la coagulation.

-Je vais vous montrer ce que vous avez manqué, dis-je avec l'air sentencieux d'un professeur expliquant une mauvaise note.

La pointe en acier de ma baguette se porta sur ma tempe. Lorsqu'elle s'éloigna, elle emporta un filament de souvenir bien connu des sorciers. Cependant, au lieu d'être aussi lumineux et souple que de l'eau, il était aussi sombre et visqueux qu'une goutte de poix. L’amas informe couleur d'encre fut jeté contre le miroir sanglant dans un bruit mat. Il s'y enfonça complétement. Alors d'étranges images se formèrent.

Les premières étaient relativement nettes, on entendait même des sons et des mots. On pouvait voir une clairière jonchée de cadavres d'hommes et d'animaux. J'étais sur un rocher, je proposais à Ronald Weasley de devenir un dieu parmi les mortels. Dans ce souvenir, il ne prononça qu'un mot, d'une voix sourde. "J'accepte."

Le liquide se troubla, brouillant la clairière et mon sourire. Une seconde série d'images apparut. Le début était globalement clair. On me voyait sur les toits de Londres, place du Ministère, des rebuts se faisait exécuter plus bas. Moi, j'étais occupé à me tailler les paumes et à relever quelques chiroptères. Le reste devint beaucoup plus flou, soumis à la vision des événements que j'avais pu obtenir, c'est à dire à travers mes petits volatiles. On apercevait Ronald Weasley et ce qui se passait à deux mètres de lui, au delà régnait une brume grise ne laissant passer que quelques bruits et éclairs lumineux. Le champ visuel était suffisant pour que Hecate puisse profiter des murmures échangés entre la fille Carrow et le Roi Rouge. Les dessous d'une prise d’otage qui n'en avait jamais été une. Mais Hecate allait certainement être plus intéressée par son propre visage au fond du souvenir. L'affrontement entre elle et le Roi Rouge figurait en totalité, du début à la fin. Laka plagua delle Eïgypt redi el Nil unda Sol, sangue reviera camin sara. Obehi me, pe ma sovahal, ma poheïkon, ma Hevangua. Le serpent goba une de mes créatures, rendant le reste du souvenir encore plus saccadé. Cependant, la vue complète sur l'estrade à ce moment précis permettait de comprendre pourquoi Hecate Shacklebolt était ici bas. La tonne de bois vermoulu qui l'avait avalé n'y était pour rien. C'était cette planche, cette satanée planche volante qui l'avait amené ici. Sans ce coup sur la tête elle s'en serait sortie. Lestrange s'activait autour d'elle, beuglant à tout va. Il paraissait de plus en plus petit à mesure que les chauves-souris prenaient de la hauteur et retournaient me voir.

Le souvenir se brouilla définitivement.


-Maintenant, je vais répondre à la question qui vous brûle les lèvres. Je vais vous révéler ce que le Roi Rouge lui-même ignore. Je vais vous montrer l'avenir, tel qu'il devra être.

Ma baguette s'enfonça dans le miroir et touilla. Lorsque le brouet infâme pris la consistance que je désirais, j'y trempais la première phalange de mon index.

Ça n'avait plus rien à voir avec des souvenirs. Ce n'était même pas la réalité, tout été trop bien dessiné, trop propre visuellement. Harry Potter et Voldemort se faisaient face, un duel sur le parvis de Poudlard. Deux sorciers exténués, coincés dans un éternel Priori Incantatum. Soudain, la boule lumineuse qui liait les deux éclairs se scinda en deux. Chacune remonta jusqu'à la baguette qui l'avait vu naître. Il y eu une formidable explosion lumineuse qui força la foule de mangemorts et d'insurgés qui regardaient à plisser les yeux. Puis, le silence. Harry Potter et Lord Voldemort se tenaient toujours debout. Alors, avec la lenteur de deux armoires normandes, ils s'affalèrent de tout leur long, face contre terre. Aussi flasques et morts que des poissons sans arêtes.

Le miroir se troubla, donnant vie à un nouveau décor : le Ministère. On y voyait des Malfoy et des Rokwood anxieux. Ça courrait dans tous les sens, ça vidait des tiroirs, ça brulait des notes de bureau... En un mot ça se pissait dessus. Un choc sourd ébranla si fort la vision que le miroir en trembla. Les portes du grand hall du Ministère volèrent en éclats sous la violence d'un sortilège. Le trou béant vomit une foule de sorciers arborant des toges blanches et des visages masqués. À leur tête se trouvait Ronald Weasley. Mais il ne s'agissait pas de celui que nous connaissions, Hecate et moi. Le jeune homme pataud à qui l'on aurait volontiers donné une paire de claques pour qu'il se reprenne n'était plus. Ce Ronald Weasley avait le crâne rasé et les traits d'un homme. Le sortilège Doloris qu'il lança mit fin à la vision.

La scène suivante montra Weasley sur un trône de chêne massif, celui qu'avaient jadis occupé les rois sorciers anglais avant le XIXème siècle pudibond et la naissance du Ministère. Avant la décadence. Ce Weasley avait une couronne sur son crâne nu. Son regard était encore plus sombre. Le trône était sur une estrade. Sur l'estrade se tenaient des visages bien connus : Malfoy, Lestrange, Rokwood, Yaxley, Bulstrod, Macmillan... et même Londubat.  Les héritiers mâles de vingt sept familles de Sangs-Purs. Tous nus comme des vers. Tous bâillonnés. Tous attachés à d'étranges chaises, semblables à des tables gynécologiques. Cinq bourreaux passaient entre les rangs, châtrant le moindre d'entre eux sous les hurlements d'une foule déchaînée et haineuse, heureuse de se repaître d'un juste retour des choses. Les ruines du Ministère se découpaient derrière Weasley, au milieu des décombres se dressaient la figure quasi christique du cadavre putréfié de feu Voldemort, empalé à un simple poteau en bois.

Les images défilèrent de plus en plus vite. Des combats. À chaque fois un Weasley plus différent. À chaque fois un nouveau paysage, allant des rudes climats gallois jusqu'aux vertes contrées irlandaises. Weasley enjambait des corps sans vie, entouré d'une cohorte d'hommes blancs et masqués. Toujours à progresser, une pierre après l'autre, dans l'unification d'un même peuple, d'un même pays. D'un même royaume.

Le miroir se figea sur une ultime vision. Ronald Weasley débarquait sur une plage, probablement du nord de la France d'après l'aspect du rivage. D'autres navires l'accompagnaient, remplis d'hommes en blanc. Le Roi était engoncé dans un lourd plastron de cuir pourpre, serrant sa baguette dans sa main. Un hurlement de rage se déversait hors de son visage balafré.

Il était parfait.


-Ça va se produire. Me contentais-je de dire d'une voix morne. Peut-être pas de cette manière, mais ça va se produire... Il chutera dans les ténèbres, il se fracassera les os dans les sombres abîmes. Puis il se relèvera plus puissant qu'aucun sorcier avant lui. Il s'envolera hors du gouffre. Il ne souffrira d'aucun rival.

Ce n'était ni de l'affection, ni de l'admiration, encore moins de l'amour. Il y avait de la fierté, ça oui je pouvais l'admettre. La fierté d'un démiurge. Un sentiment juste, purgé de toute ambition malsaine. Le sain intérêt qu'un maître portait à son apprenti. Là où une flopée d'ignorants se battaient jusqu'à la mort, moi je pensais déjà à l'après-guerre. Précautionneux et avisé, mon poignard s'était effilé sur la meule durant des décennies. Une arme faite dans un seul but, pour un unique instant.

-Seul, il n'y arrivera jamais. C'est la raison pour laquelle vous allez l'aider. Je fixais Hecate Shacklebolt intensément. Je rassemble actuellement des personnes. Elles ne se connaissent pas. Elles ne connaissent pas Ronald Weasley. Pourtant, elles vont œuvrer de concert. Pourtant, elles vont hisser le Roi Rouge sur son trône. Elles sont partout et nulle part, dans les deux camps et ailleurs. Cette escouade sera la première base sur laquelle Ronald Weasley pourra s'appuyer. Cette escouade aura besoin d'un chef et Ronald Weasley aura besoin d'un lieutenant. Ce sera vous.

Oh ! Je savais parfaitement ce qui motivait Hecate Shacklebolt. Je savais pour sa sœur. Je savais aussi pour sa fidélité à Lestrange. Malgré ses affects, elle était également un des rares personnages publics à user de sa cervelle, à défaut d'avaler la bouillie du Lord.

-Je suis un manzazuu. Annonçais-je d'une voix qui sous-entendait qu'on était le dernier loup blanc sur terre. Ronald Weasley est mon apprenti. Peu importe les époques, peu importe les crises, peu importe les pays. Nous servons les ténèbres -les véritables ténèbres. Nous ramenons l'ordre et la paix. Je suis un manzazuu et je suis présent ici, en ce jour, pour sauver l'héritière du Clan Saint Marc.

Mon ton était sans appel.
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Les visions défilaient.
Rapides.
Précises.
Le visage de Ron Weasley s'était éraflé au cours des années, avait pris coup de serpe sur coup de serpe et ses yeux avaient perdu dans la dernière image de ce cauchemar, l'étincelle qu'Hécate avait remarqué lors de leur première rencontre.
Ces yeux là n'avaient en eux nulle lumière. Ils étaient mort. Le jeune homme défendant le bien, l'équité et la bonté avait disparu remplacé par un être de glace et d'avidité, aux velléités conquérantes et au coeur fait du métal le métal le plus dur.

Les toges blanches de ses serviteurs avaient la pâleur de cadavres, leurs masques la pureté de visages artificiels. Tout en ces guerriers angéliques vous pétrifiait, tout indiquait la dualité: la blancheur des robes de sorciers était une ruse, un maquillage habile et éblouissant cachant une cruauté sous le nom nom de "bien commun".

Ron Weasley était devenu, dans ce futur hypothétique, dans ces images, un mage plus noir encore que Voldemort ne le serait jamais, un tyran drapé dans une gloire passée qu'il ne méritait plus, dans le souvenir d'un jeune homme qu'il avait été, mais que son ambition avait tué.
Ron Weasley était devenu pire que la mort. Et celà, Hécate le voyait aussi clairement que le visage du nécromancien en face d'elle.

"Ça va se produire...peut-être pas de cette manière, mais ça va se produire... Il chutera dans les ténèbres, il se fracassera les os dans les sombres abîmes. Puis il se relèvera plus puissant qu'aucun sorcier avant lui. Il s'envolera hors du gouffre. Il ne souffrira d'aucun rival."


Le ton était assertif, assuré. Les mots qui suivirent le furent plus encore.

"Seul, il n'y arrivera jamais. C'est la raison pour laquelle vous allez l'aider. Je rassemble actuellement des personnes. Elles ne se connaissent pas. Elles ne connaissent pas Ronald Weasley. Pourtant, elles vont œuvrer de concert. Pourtant, elles vont hisser le Roi Rouge sur son trône. Elles sont partout et nulle part, dans les deux camps et ailleurs. Cette escouade sera la première base sur laquelle Ronald Weasley pourra s'appuyer. Cette escouade aura besoin d'un chef et Ronald Weasley aura besoin d'un lieutenant. Ce sera vous."

Hécate ne répondit pas, trop occupée à assembler dans son esprit les pièces du puzzle qui venait d'éclater devant elle, trop préoccupée par ce qu'elle avait vu. Cet homme n'était pas seulement un dehoka, pas seulement un marcheur des ombres. Cette attitude de joueur d'échec, cette amour presque intime pour les ombres et les ténèbres pourtant dénuée de la moindre méchanceté, de la moindre cruauté, cette confiance dans le pouvoir du noir à étouffer la lumière comme un reptile patient....Il était un serviteur de la Force Noire.

"Il y a trois parties dans le monde : trois commencements et trois fins, pour l'homme comme pour le chêne"


Ce chant celte avait son écho dans toutes les cultures, la Triade se retrouvait toujours où que les pas du voyageur le portent.

Une force Créatrice et matricielle pour la vie, imaculée et lunaire, capable du meilleur mais aveugle aux ombres bienfaitrices de la nuit.

Une force Destructrice, pacifiant par la violence et régnant sur un monde de cendres chaudes, appréciant la mort dans toute sa splendeur et la beauté qu'il y a dans toute création capable d'ôter la vie ou de l'épargner.

Une force Arbitre et mêlée, capable du meilleur comme du pire, amoureuse du sang comme présage de mort et source de vie. La moins extrême des trois, la plus imparfaite des trois.

La force Blanche. La Force Noire. La Force rouge.

Les serviteurs de la grande force obscure s'étaient éteints, ravagés par les affres des changements et du temps. Ceux de la force blanche également, survivaient au coeurs des forêts et des marches du monde des hommes. La force rouge quant à elle, veillait. Surveillait. Moins puissante, plus adaptable, elle se dressait contre l'ombre ou la lumière suivant ses désirs et depuis que le monde était monde, les clans sacrés la vénéraient. Le Sang était leur philtre sacré, et ils célébraient les lunes rouges comme des manifestations d'affection de leur entité tutélaire.
L'inconnu en face d'Hécate servait la partie noire de l'échiquier et comme tous les siens depuis que les strates de l'existence étaient apparues, il se présentait devant un serviteur de la Force Rouge pour tenter de l'attirer à lui.

Hécate était jeune et arrogante de ce fait, semblable à un bébé tigre incapable de comprendre la faiblesse de ses griffes, mais elle était versée dans les arts occultes et connaissait la grande Triade. Les Manzazuu servaient la Grande Noire. Elle et les siens versaient leurs larmes et leur sueur pour la Rouge, l'Immortelle. Il n'était plus question dans cette conversation d'individus. Ils n'étaient à ce moment précis plus que les ambassadeurs des seules puissance qui vaillent.

En théorie.

Car Hécate avait vu.
Elle avait vucette estrade si semblable à celle près de laquelle elle se trouvait à cet instant, cette estrade sur laquelle se trouvaient nus, humiliés, descendus plus bas que terre, les descendants mâles des 27 sacrées.
Elle avait vu des visages connus.

Elle avait vu Rabastan, déshumanisé, le corps exposé à la vue de tous, elle avait entendu les ricanements de la foule à la vue de ses cicatrices de guerre, le rire des badauds quand le bourreau était passé et que le condamné avait étouffé un hurlement dans son baillons avant de se mordre la langue jusqu'au sang, le liquide rouge lui coulant dans le cou puis sur la poitrine. Elle avait vu cet homme qui lui avait sauvé la vie, à qui elle avait sauvé la vie souffrir sans qu'elle puisse rien faire, sans même qu'elle soit présente, alors qu'elle lui avait donné sa parole de le protéger contre vents et marées.

Elle avait vu Virgile. Son jeune frère, devenu dans cette vision cauchemardesque un si beau jeune homme. Elle l'avait regardé hurler à s'en casser les cordes vocales, des larmes de douleur coulant sur ses joues. Son petit frère adoré, qui fuyait d'ordinaire son affection pour prouver sa propre force mais courait se réfugier dans ses bras quand la vie devenait trop dure, ce jeune garçon trop méprisé par leur famille maternelle, qu'Hécate avait toujours du et voulu rassurer sur sa propre valeur. Ce petit, bravache et farouche, emporté et susceptible, dont le patronus n'était rien de moins qu'un gigantesque ours brun. Elle avait sentit son sang se glaçer dans ses veines, puis bouillir.

Léda était partie, mais cela n'arriverait pas. Jamais.


"Je suis un manzazuu. Ronald Weasley est mon apprenti. Peu importe les époques, peu importe les crises, peu importe les pays. Nous servons les ténèbres -les véritables ténèbres. Nous ramenons l'ordre et la paix. Je suis un manzazuu et je suis présent ici, en ce jour, pour sauver l'héritière du Clan Saint Marc."

Hécate resta silencieuse et soudain, contre toute attente, un sourire éclaira son visage. Un sourire qui s'étira comme le corps d'un serpent, rampant sur ses traits jusqu'à ce que ses yeux brillent d'un éclat de mauvaise augure. Le ciel plombé au dessus d'eux sembla trembler et lentement, adopta une teinte rougeâtre, comme si une goutte de sang venait de perturber un flot d'encre noire. Les bâtiments une minute avant en totale décrépitude, perdirent leur aspect blanchâtre pour devenir couleur brique, alors que les devantures se paraient de couleurs vives et que le paysage changeait, prenant peu à peu l'image d'une ville colorée mais angoissante, chaude mais menaçante, vive mais terrifiante. Une Nouvelle Orléans fantasmée, transformée en un enfer aux néons brillants et à la brume épaisse.
Hécate leva la main et le miroir de sang du nécromancien tomba sur le sol avant de se briser et de se diluer sur les pavés.
Le sourire ne la quittait pas.
Il masquait la tempête qui rugissait à l'intérieur de son esprit: un blizzard de feu rougeoyant, mortel mais maîtrisé.
Cet inconnu lui avait donné les clés de compréhension nécéssaires pour qu'elle retrouve sa mémoire, sa stabilité mentale dans le monde de l'entre deux.
Il venait de lui redonner son identité et avec elle, sa puissance.
Les yeux noirs d'Hécate étincelèrent: n'était-elle pas dans son monde? son inconscient? Si quelqu'un dictait les règles en cet endroit, c'était elle. Et s'il avait fait l'erreur de la prendre pour un chaton inoffensif ne serait-ce qu'une seconde, il avait lourdement surestimé ses propres capacités. Ne comprenait-il donc pas qui se trouvait en face de lui? Toute jeune et passionnée qu'elle était Hécate n'était la première imbécile rencontrée à la croisée des chemins.

Qu'il ait cru pouvoir lui parler comme si cela était le cas avait été un facteur de colère, mais qu'il lui ait montré ces images, ces choses, avait finit de faire dépasser à la jeune femme le stade de la rage. Elle n'était pas furieuse: elle était devenue mauvaise. Et en bonne représentante de la force Rouge, elle savait montrer son mécontentement. Les siens n'étaient jamais plus forts que lors d'un contact intime avec la mort. Ils y avaient leurs amis invisibles...qui n'avaient rien d'imaginaires.

Les ombres se mirent à grandir derrière elle. Des voix à murmurer. Ils étaient là, ils arrivaient. Ses alliés dans les ombres. Herpo n'était pas le seul à posséder "des amis de l'au delà".

-Vous êtes présent...en ce jour pour sauver l'héritière du clan Saint Marc? demanda-t-elle d'une voix égale mais suintante de moquerie, l'honneur est trop grand, vous n'auriez pas du.

Les ombres ricanèrent. Elles se poussaient les unes les autres du coude, tournaient autour du manzazuu avec des commentaires inaudibles. Hécate laissa l'une d'entre elles se pencher par dessus son épaule et murmurer à son oreille tandis que dans le ciel rouge, un tonnerre lointain se faisait désormais entendre.

-Ainsi donc, vous m'avez montré l'avenir tel qu'il devra être? "Devra"...intéressant choix de terme. "Devra", "pourra", "sera"...il y a des nuances fines entre les concepts. Mais vous dîtes que je conceptualise mal, je m'abstiendrai donc de vous affronter sur votre terrain. Je me contenterai de vous énoncer un fait, qui lui ne souffre aucune contradiction: vous avez frappé à la mauvaise porte. Vous me jugez comme on juge un bébé chat qui se prend pour un tigre, je le sais et sans doute avez vous raison mais...veuillez regarder autour de vous.

Les ombres dansaient à présent et riaient à gorge déployée.

-Inutile de vous poser la question, ces choses ne sont pas des illusions. Elles sont...comment vous décririez vous mesdames et messieurs?

Les silhouettes chuchotèrent et soudain, s'exprimèrent d'une seule voix, à la voix grave, éraillée et perçante.

On est rien et tout à la fois
On marche ici et on s'glisse là
On est les âmes et les esprits
Qui viennent te terrifier la nuit
On est les puissances du dessous
Du dessus, du coin, de j'sais pas où!


Nouveau concert de rires. Hécate caressa une ombre du doigt et cette dernière s'enroula autour d'elle avait de prendre la forme d'un anaconda grimaçant. Le paysage autour d'elle et du nécromancien n'avait désormais plus rien d'anglais et la température grimpait de minute en minute. Il lui avait fait retrouver ses esprits et elle ne comptait pas le laisser repartir sans un petit aperçu de ce qu'elle pensait de ses manières. Il était venu à elle, grand mal lui fasse.

-Vous avez une maîtrise hors pair des voyages entre les différents pans d'existence connus, je vous le concède. Je n'ai pas cette aptitude, néophyte que je suis et en cela vous avez un avantage sur moi: l'expérience...l'âge, la connaissance. Mais j'ai des relations avec des êtres qui vous surpassent en tous ces domaines et ils ne vous aiment pas. Je leur laisse la parole. Ils vous expliqueront ce qu'il en est mieux que moi.


Une ombre se détacha du lot et commença à marmonner, le ton rythmique et narquois.

Alors comme ça t'es Manzazuu et tu veux la ramener?
Faudrait que tu vois mon p'tit gars à pas t'faire écraser!
Tu es petit, tu vis, tu meurs pour nous t'es de la piétaille,
Sois gentil, fais toi une faveur! t'lance pas dans la bataille!


Une autre ombre, féminine et gracieuse, vint entamer quelques pas de danse alors qu'un feu embrasait le miroir de sang resté au sol.

"Tu te surestimes, tu te prends pour un dieu
Mais nous on s'fend poire et crois moi pas qu'un peu,
Ton passé est une blague ton futur un délire
Et tes projets petit, tu vas les voir périr!

Y'aura pas de roi rouge!
Y'aura pas de carnage
Tu tentes d'agir quand même
Et nous on te saccage!
Y'aura pas de roi rouge
Y'a qu'une seule monarchie
C'est la notre mon vieux
Hécate en fait partie!


Ils reprirent tous ensembles, riant comme des hyènes, tournoyant jusqu'à former un squelette d'ombres, création de toutes leurs essences, quintessence de l'horreur.

"Force noire, Force Blanche
Force rouge, sont toutes soeurs
Mais tout seul t'es à poil
Et on est ton joker
On t'aidera pas mon vieux
La princesse l'interdit
Si elle était pas là tu serais déjà fini
Alors frime continue, gueule, allume la mèche!
On s'fera tous un plaisir de te foutre dans la dèche!

Matez moi le Manzazuu avec ses grands discours!
Matez moi le magicien avec ses jolis tours
Tu veux du spectacle vieux? Viens on va t'en donner!
Fin à l'acte suivant, on laisse la princesse décider!

Ah ah ah ah ah ah ah!"


Leurs rires étaient le bruit le plus ignoble que l'on puisse concevoir, un mélange de crissement de craies et de chats coincés dans des trombones. Le squelette d'ombre se dissipa et les ombres vinrent se réassembler avant de prendre la forme d'un trône de plumes et de crânes. Hécate s'y assit et croisa les jambes, le sourire toujours plaqué aux lèvres. Elle dominait la place du ministère, et jeta sur le nécromancien un regard qui n'avait plus rien de perdu, plus de confus, plus rien d'enfantin.

-Je suis Hécate St Marc, fille d'Anne Lise St Marc, petite fille de Léonora St Marc et descendante des derniers empereurs Songhai, enfant des rescapés des plaies d'Egypte, princesse des clans sacrés et reine des Caïmans. Il n'y a nulle royauté rouge sinon celle que je représente. Ronald Weasley deviendra un flux majeur dans la grande clepsydre du temps, sur ce point nous nous accordons. Mais si tu crois me dicter ma conduite, Manzazuu, si tu crois influencer mon esprit à coups de visions et de mouvements d'échecs, assure toi de savoir à qui tu t'attaques. La valeur n'attends pas le nombre des années....et la cruauté non plus. Ton apprenti ne m'aura pas à ses côtés et ma décision est irrévocable. Tout comme celle que je prends de m'opposer à toi. La Force Rouge choisi en ma personne un camp et ce n'est pas le tien. Quoi que devienne Ronald Weasley, quelle que soit le cours du temps et le frémissement de la toile des possibles, tes desseins ne deviendront pas les miens. La force Blanche prendra parti à ton encontre et je te déclare mon inimité.

Les ombres se dressèrent derrière le trône.

"Elle veut pas de toi
Et nous non plus
Tu pensais qu'on s'rait convaincus?
T'es arrogant, tu sens l'orgueil
Tes rêves faut vite en faire le deuil!
Tu te crois pro, à la hauteur
Mais pour nous t'es qu'un amateur!


Hécate sourit alors que ses amis dansaient dans les airs.

-Un conseil Manzazuu. Quand tu repartiras de ce monde....ne tente rien contre ma personne. J'ai retrouvé mon chemin. Et ces charmantes petites choses seront aux côtés de mon corps terrestre à partir de maintenant. Je doute qu'elles apprécient une agression.


"Tu touches on t'bouffe!
Tu mord, t'as tort!
Tu piques on t'niques
T'approches, j'tembroches!


Leurs yeux luisaient aux milieux de leurs corps sans formes. Et hécate appréciait leur présence. L'entre deux était sien.
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Je l'ai regardé sourire. Je l'ai regardé rire. Chaque frémissement sur son visage en engendrait un autre sur le mien, plus grave, plus courroucé, plus renfrogné. Puisse le Royaume de Danhomè tomber dans les affres de l'oubli...

Mon regard se braqua partout, affolé. Les murs changeaient, le sol changeait, même le ciel se transformait. Mes doigts malingres se refermèrent craintivement sur ma cape ; deux araignées blafardes apeurées par leur environnement hostile et cherchant refuge au fond de leur trou. Quand les néons projetèrent leur lumière, je rabattis rapidement ma capuche, protégeant mes yeux.

Je me surpris à reculer d'un pas.

Tout n'était qu'éblouissement sauvage, que chaleur insupportable. Lorsque le miroir de sang explosa en mille morceaux une sensation atroce étreignit mon cœur. Emmitouflé dans mes sombres oripeaux, je dus plier l'échine et mettre genoux en terre. Derrière mes dents serrées, je retins un gémissement de douleur. Le souffle infernal courra dans les rues, posant sur tout sa marque brûlante. Les pans de ma bure élimée claquèrent avec force, les rebords les plus effilochés se mirent à rougeoyer, dévorés par la chaleur comme une simple feuille de papier.

Le regard de Shacklebolt, me perça de part en part.


-Attendez ! Vous ne...

Les seuls mots que je pus prononcer avant de baisser une nouvelle fois la tête, subissant l'assaut d'une nouvelle bourrasque. J'avais traversé le plateau de l'Assekrem une fois, il était moins chaud.

Puis se fut l'apparition des ombres. Ma baguette ne les impressionnèrent pas le moins du monde. Sous ma capuche, mes yeux allaient en tout sens, tentant de surprendre celle qui sortirait de la meute la première. Leurs paroles me transperçaient mieux que n'importe quel sortilège de découpage n'aurait pu le faire. Aucun sorcier ne pouvait contenir tant de rage brute. Leur rire atroce acheva de me soulever l'estomac. Je me mis à vomir une bile noire et fumante sur le sol. Chaque haut-le-cœur m'arrachait une plainte douloureuse.

Puis il y eut ses mots.

Puis il y eut des vers.

Puis il y eut ses menaces.

J'ai redressé ma tête pour soutenir le regard yeux luisant et la reine de pacotille sur son trône d'os. Je comprenais.


-Des clans sacrés et des forces multicolores... Petite radoteuse. Le ton était acide, mon souffle puait la haine. Incapable de saisir le sens d'une simple métaphore. Incapable de regarder le monde tel qu'il est. Incapable de comprendre que notre guerre est déjà remportée. Engoncée dans sa fierté comme toutes les piètres héritières de prestigieuses lignées, Hecate Shacklebolt est aveugle à toute vérité ; même lorsque celle-ci lui est présentée sur un plateau d'argent.

Mon bras se détendit comme un crotale. Ultime assaut d'une araignée épouvanté. Un dôme vert et transparent se déploya au dessus de ma tête. Une protection ridicule, d'à peine sept pieds de haut et autant de large. Rien qu'un bubon dans le monde de Shackelbolt, une poche de résistante malfaisante. Le terrier d'une araignée.

Sous le dôme, je me tordais de douleur, recroquevillé sur moi-même. Mes poings martelèrent le sol jusqu'à ce que j'oublie la sensation de mes doigts brisés. Shacklebolt avait raison, nous étions ici de passage, chez elle. Du moins, nous étions surtout dans l'entre-deux. Là où toute vie, même la plus sauvage, parvenait à s'exprimer, la mort glacée pouvait étendre ses sournoises tentacules.

Il y eut un cri. Peut-être le mien. Puis plus rien, juste le noir, juste l'oubli.


***

Le corps du Nécromancien affaissa sur lui-même comme un chiffon sale. Il se ratatina, ne laissant que des vêtements et une flaque noire et fumante comme du goudron.

Le sol trembla sous le dôme, lentement. Des failles larges et grossières explosèrent l'asphalte, libérant d'étranges fumeroles vertes. Le sol continua à disparaitre, suivant la régularité géométrique du dôme, n'épargnant qu'un minuscule promontoire, là où Herpo avait abandonné ses frusques. La vapeur émeraude remplit complétement la bulle. Alors, tout explosa.

La protection disposée par le Nécromancien s'était tout bonnement effacée. La fumée verte n'était plus qu'une tornade lugubre qui monta du gouffre jusqu'au ciel rouge, les éclairs ne tardèrent pas à rugir ; échos du combat de forces qui ne devaient pas se rencontrer. Sur le petit promontoire, sous le tourbillon, aucune trace de Herpo. Un homme se tenait là, mais ce n'était pas lui. Il s'agissait d'une sculpture que Michel Ange aurait abonné là. Un homme nu et immense. L'homme se releva complétement. Il n'en était pas un.

Il s'agissait d'une forme, aussi incertaine que la suie s'envolant d'une torche mourante. Un colosse chauve, sans bouche, sans nez et sans oreilles ; il devait bien dépasser les dix pieds de haut. Deux charbons ardents étaient plantés sous ce qui aurait du être son front, ils projetaient une lumière froide et crépusculaire sur le monde qui les entourait. Sa voix s’éleva, cette même voix glaciale qui avait saisit le cœur de Keziah Campbell. Un regroupement d’échos démesurés qui n'aurait été qu'un simple murmure dans le monde des vivants.


Douze mois et douze signes ; l'avant-dernier, le Sagittaire, décoche sa flèche armée d'un dard.
Les douze signes sont en guerre.
La belle Vache, la Vache Noire qui porte une étoile au front, sort de la Forêt des Dépouilles ;
Dans sa poitrine est le dard de la flèche ; son sang coule à flots ; elle beugle la tête levée :
La trompe sonne ; feu et tonnerre ; pluie et vent ; tonnerre et feu ; rien ; plus rien ; ni aucune série !


Chacun de ses mots était prononcé sur un ton qui aurait suffit à fendre le roc et durcir la glace. Il tendit sa main gauche devant lui ; une serre noire à cinq griffes parée d'obscurité. La tornade accéléra, aspirant jusqu'aux dernières bouffée du brouillard vert. La terre était ouverte sur le néant, un gouffre sans fond projetant sous la lumière de l'orage des éclats pales d'onyx, de grès et d’albâtre.

Les parois abruptes de la crevasse se mirent à se mouvoir, dans un cliquetis sinistre. Le son s’amplifia. Il fallut attendre que le premier émerge et pose sa main squelettique sur le rebord pour que la lumière se fasse. Les parois étaient faites d'os et de corps desséchés. Ils étaient des dizaines, des centaines ; il y avait des cadavres d'esclaves encore enchainés, des prêtres vaudous toujours drapés dans leurs habits de cérémonie, mais aussi des guerriers serrant leurs sagaie dans des doigts osseux. Lents, gémissants, l’armée des morts se hissa tant bien que mal sur ses membres défaillants.


Nos intentions n'ont jamais été belliqueuses, Hecate Shacklebolt. Prononça l'homoncule. Mais nous attendons ce moment depuis trop longtemps pour nous satisfaire d'un refus. Hecate Shacklebolt pliera ou Hecate Shacklebolt souffrira.

Il leva sa main droite, paume vers le ciel. Il y eut un craquement assourdissant et un éclair s'enroula autour de la tornade. Un rail de lumière semblable à celui qui avait amené Herpo traversa les cieux et s'enfonça dans le gouffre. La brume verte courra autour de son bras gauche, toujours tendu. Elle s’immisça entre ses doigts et se compacta, jusqu'à prendre forme. La fumée disparut. L'être sombre tenait le corps d'une petite fille par la tête, elle devait avoir un peu plus de dix ans, peut-être douze. Elle avait une peau sombre, comme Hecate. Elle avait de beaux cheveux d'un noir de jais, comme Hecate. Elle semblait pourtant un peu pâlotte, de plus les vêtements qu'elle portait ne semblaient pas en bon état, ils étaient couvert de poussière de plâtre et de gravas. Elle avait les yeux clos, scellés par le plus lourd sommeil qui soit. La poigne de fer qui enserrait son crâne ne semblait pas l'importuner.

Nous ne nous en prendrons pas à Hecate Shackelbolt, car nous savons que son cœur n'est plus dans sa poitrine. L'homoncule fit dépasser son bras du promontoire, sous les pieds ballants de la jeune fille : le gouffre. Hecate Shackelbolt peut nous terrasser, ici et maintenant. Alors, Léda Shackelbolt descendra avec nous dans les Limbes, là où règnent les ombres des vivants. Hecate Shackelbolt peut refuser de nous aider. Alors, Léda Shackelbolt descendra avec nous dans les Limbes, là où règnent les ombres des vivants. Hecate Shackelbolt peut accepter le Grand Dessein. Alors, Léda Shackelbolt regagnera la plénitude et la paix. Alors Hecate Shackelbolt fortifiera le nom de son Clan, car le Grand Dessein la servira autant qu'elle le servira.

Les morts continuaient à affluer en surface. Assujettis à la volonté de leurs seuls maîtres. Ils se disposaient en cercle autour de la crevasse, jetant sur les ombres un regard vide.

Que décide Hecate Shackelbolt ?
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"Nos intentions n'ont jamais été belliqueuses, Hecate Shacklebolt. Prononça l'homoncule. Mais nous attendons ce moment depuis trop longtemps pour nous satisfaire d'un refus. Hecate Shacklebolt pliera ou Hecate Shacklebolt souffrira."

La scène était horrifique. Atroce.
Tout ce qu'Hécate aurait pu redouter au monde se produisait à cet instant devant ses yeux. Tout ce qu'elle avait tenté de refouler dans un couloir sombre de son esprit, tout ce qu'elle avait tenté d'accepter, d'oublier, d'apaiser, remonta à la surface en un bref instant alors que le terrible homocule dressé devant elle lui présentait ce qui demeurait de Léda.

Un corps astral. Une âme. La dernière parcelle de ce que la petite avait été, figée dans l'état où son corps physique avait perdu la vie. La force Noire était seule maîtresse dans les limbes et les corridors obscurs du monde d'en bas, là où "règnent les ombres des vivants", tandis que la blanche dominait un stade de conscience où ni vie ni mort n'importaient plus et où seul demeurait une conscience claire, stable, et une totale plénitude spirituelle. La Force rouge avait quant à elle, soeur imparfaite, imposé sa domination sur la vie bouillonnante et tout ce qui se faisait de pire ou de meilleur chez les créatures mortelles. La vie était son empire, et la vie avait quitté Léda. Léda, si petite, si fragile, qui se trouvait à ce moment entre les griffes d'une chose telle qu'un homme n'aurait jamais pu en créer, entre les serres d'une créatures venues de temps immémoriaux, de mondes inaccessibles, pourvue d'une intelligence, d'une force et d'une configuration d'esprit impossible à cerner pour qui ne lui était pas semblable.

A coté de leur maitre, les morts revenus du monde du dessous fixaient Hécate, accusateurs, décharnés, figures cauchemardesques de ce que deviendrait la petite Léda si d'aventure, Hécate refusait de plier. Tous n'évoquaient qu'une misère innommable: peut-être avaient-ils été des rois, de formidables guerriers, de splendides reines et courtisans mais sous la main de la Force Noire, ils n'étaient plus rien. Aucune dignité ne leur avait été accordée à eux qui par un concours malheureux du destin, avaient basculé dans son royaume après leur mort physique.

"Hecate Shackelbolt peut nous terrasser, ici et maintenant. Alors, Léda Shackelbolt descendra avec nous dans les Limbes, là où règnent les ombres des vivants. Hecate Shackelbolt peut refuser de nous aider. Alors, Léda Shackelbolt descendra avec nous dans les Limbes, là où règnent les ombres des vivants. Hecate Shackelbolt peut accepter le Grand Dessein. Alors, Léda Shackelbolt regagnera la plénitude et la paix. Alors Hecate Shackelbolt fortifiera le nom de son Clan, car le Grand Dessein la servira autant qu'elle le servira."

La jeune femme jeta un regard désespéré à la petite forme dans la main de l'homoncule et dut se retenir de hurler. Elle voulait crier, appeler Léda, qu'elle se réveille, ouvre les yeux, échappe à cette poigne inhumaine qui manquait de l'écraser, qui allait la broyer. Autour d'elle, les ombres gémissaient pour certaines, sifflaient pour d'autres et rugissaient pour les dernières, toutes révoltées, toutes enragées.
Hécate se prit à hésiter. Elle ne pouvait pas laisser sa soeur. Pas une seconde fois. Pas comme ça. Elle n'avait pu empêcher sa mort et ce fardeau demeurerait sur ses épaules jusqu'à la fin de ses jours, mais elle pouvait sauver son âme, lui offrir un ticket pour un monde meilleur encore que celui qu'elle avait quitté. Réparer sa faute. Lui donner la paix, à défaut de lui avoir sauvé la vie. Elle pouvait le faire. Après tout, Léda était sa famille et le sang dominait en théorie tout le reste: tous les enjeux politiques, toutes les vanités, tous les serments donnés, tous les combats commencés. En théorie. Car Hécate sentait dans son ventre la pointe particulière du doute, l'aiguillon qui vous transperce quand une décision tente au point de consumer mais que la prendre serait synonyme de ruine.
Elle devait le faire. Mais elle ne le pouvait pas. D'autres visages que celui de Léda occupaient trop de place dans son esprit.

-Je...

P'tite poupée écoutes nous bien
C'est pas ta soeur que ce truc tiens!
C'était ta chérie on l'comprends
Mais gaffe au jeu des sentiments!


Une ombre s'était glissée dans le cou d'Hécate et lui murmurait à l'oreille. La jeune sorcière avait les mains tremblantes, incapable de détourner les yeux de ce visage tant aimé, si pâle, si blême, de cette silhouette si frêle.

Léda est morte c'est triste, tu vois
La vie est une foutue catin
Mais si tu cèdes tu l'regretteras
La soeur noire a des plans malins

Elle manipule, joue au poker!
Elle te poussera vers la folie
Cette garce te collera le nez par terre
Comme dans les antiques tragédies!

Tu lui servira d'chien de garde
Pour éviter un noir destin
Et un matin comme par mégarde
Tu réaliseras qu'rien n'va bien!

Comme pour Oedipe! comme pour les autres!
Cherche pas à réparer l'Histoire!
Elle compte dessus, elle veut qu'tu t'vautres!
Pense aux vivants et pas au Noir!


La seconde ombre avait une voix plus sèche et quand Hécate l'entendit, elle dut se mordre la lèvre pour ne pas fondre en larmes.

"Je dois la sauver. Juste cette fois. Laissez moi la sauver juste cette fois."

C'est un miroir aux alouettes!
Il te ment, il te prend la tête!
La petite est morte et faut t'y faire!
Ses intentions sont mortifères!


Hécate observa Léda, son corps inanimé et laissa deux grosses larmes couler sur ses joues. Les ombres avaient raison: aucun mort ne valait la mise en danger de tous les vivants. Si elle cédait à cet instant précis, si elle sauvait Léda, si elle pliait face à la Force Noire, tout serait perdu. Elle amènerait l'avènement d'un roi qui n'en aurait que le nom et provoquerait la mort de tous ceux qu'elle s'était jurée de protéger:
Sergueï.
Ettie.
Anna.
Rabastan.
Virgile.

Et tellement d'autres. Si elle cédait à cette seconde, telle une héroïne de tragédie Oedipienne, elle chercherait à éviter une malédiction en se plaçant sous la force et les augures d'une puissance qui causerait finalement sa perte. Plus elle se plierait en quatre pour échapper aux menaces que faisait peser la Soeur Noire sur son destin, plus elle la servirait. Plus elle ferait de compromis pour les siens, et plus elle les rapprocherait des scènes de désolation que la vision lui avait montré.  

"Que décide Hecate Shackelbolt ?"

La décision fut prise. Son coeur se déchira en deux. Et les mots sortirent.


-Shacklebolt n'est pas mon nom.

Elle redressa les yeux et plongea son regard dans celui de l'homoncule. La gorge compressée, la poitrine écrasée par la peine et la culpabilité, elle se força à parler, ses mains tremblant de fureur et de peine:

-Je suis Hécate St Marc. Et tu n'as aucun pouvoir sur moi.

S'avançant, elle appela ses ombres, qui se dressèrent dans les airs.

-J'aurai pu supporter des menaces personnelles, des affronts, des blessures. Cela j'aurais pu l'endurer. Mais tu as choisi de tirer une carte que tu aurais mieux fait de ne jamais retourner! tu as choisis de me déclarer la guerre à la seconde où tu as posé la main sur ma soeur. Léda est morte et au risque de te surprendre, Noire Force de l'oubli, je ne sers pas les morts. Je ne te sers pas

Elle a raison, elle parle vrai
On ne sert pas les macchabés
T'aurais pas du faire ça, mon gars
Regardes qui vient d'arriver...


Comme convoquées par un signal audible d'elles seules, les ombres s'assemblèrent de nouveau et se fondirent les unes dans les autres. Si elles l'avaient déjà fait peu de temps auparavant, leur fusion s'accompagna cette fois d'un vent chaud. Quelque chose arrivait. Elles se plièrent, se diluèrent et tournoyèrent dans l'atmosphère de fin du monde de l'entre-deux jusqu'à former la silhouette d'une femme. Cette dernière, mélange de volutes noires et rouges, mesurait approximativement la même taille que l'homoncule et bien qu'elle n'eut nul visage et que seuls ses yeux d'un rouge sanguin brillent au centre de la mer mouvante d'ombres qui la constituaient, elle irradiait une beauté incompréhensible, ineffable. Quand elle parla, la voix fut infiniment plus mélodieuse et posée que lorsqu'elles avaient toute été séparées. Les rimes cessèrent, la syntaxe se perfectionna et la voix qui sortit de la masse obscure fut contrairement à celle de l'homoncule, étonnamment soyeuse et calme:

Soeur qui est mienne depuis que le monde est monde...je pourrais te dire qu'après des millénaires de combats, de débâcles et de machinations plus rien de ta part ne m'étonne mais cela serait mentir. Me surpasser en cruauté, tu en es capable. Ta force, elle, est redoutable mais la ruse, si elle te fut donnée en cadeau à la naissance et plus qu'à notre aînée la blanche, ne te fut pas offerte autant qu'à moi...et que tu croies me battre sur mon terrain me désappointes, saches le.



La femme d'ombre dépassa hécate et se tint au bord du précipice, face à l'homoncule.

Aucune de ces enfants ne t'appartient. Elles sont le fruit de la magie rouge et de nulle autre force que la mienne. Mais si la guerre est la voix de ton coeur, ô soeur Noire, qu'il en soit ainsi. Battons nous encore une fois, dansons un nouveau cycle sous les étoiles et le soleil, comme lors des premières batailles de ce pan d'existence. Ton manzazuu te sert bien, qu'il saches cependant que je viendrai un jour réclamer son âme comme tu viens de clamer celle de cette petite. Alors seulement le vol sera réparé. Alors seulement, la faute sera effacée. La mort viendra. L'affrontement également...et ton "Grand Dessein" mourra dans la cendre car la cendre est ton monde et toujours tu y retournes. Pour le moment cependant...retournes d'où tu viens.



La femme d'ombre se mit à trembler, comme si un vent violent se déchainait à l'intérieur même de son corps et soudain, les lumières des néons se mirent à trembler autour d'Hécate et des deux géants. Le tonnerre craqua et un éclair illumina le ciel, suivit de trois autres.

Ce monde n'est pas ton monde, l'âme de la princesse caïman n'est pas tienne. Comme ton roitelet rouge a un destin, elle apparaît également sur une tapisserie faîte de fils d'Histoire, et tu n'est pas celle qui en tissera les motifs! Tu n'as aucun pouvoir en ces lieux et je t'ordonne de les quitter sur le champ! tu appartiens au monde du dessous, regagnes les limbes! reprends tes morts et regagnes les limbes! prend l'enfant avec toi comme l'a dit la mortelle qui foule l'entre deux! et regagnes les limbes! TU N'ES PAS EN TERRE CONQUISE ICI!



L'ordre était implacable. Impitoyable. Et en l'entendant de la bouche de la force rouge, Hécate ferma brièvement les yeux. Le choix était gravé dans le marbre. La jeune femme leva une dernière fois vers Léda, forme minuscule dans la main de l'homoncule. Les morts qui accompagnaient ce dernier avaient désormais les yeux rivés sur elle, petite proie frêle destinée à subir leur sort. Les insurgés avaient tué Léda. Mais sa véritable mort arrivait à cet instant précis et cette fois, nul d'entre eux n'avait porté le coup. Hécate seule avait pris cette décision, pour le bien des vivant, pour la survie de ceux qui foulaient encore le monde du dessus.
Pour leur futur, elle allait tuer Léda une seconde fois.

"Pardonne moi mon amour." pensa Hécate, au bord de la nausée "je t'en supplie, pardonne moi."

Jamais la couronne de son héritage ne lui avait paru peser plus lourd.
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À la réponse de Hecate, l'homoncule plissa les ombres qui lui tenaient lieu de paupières. Les charbons ardents se firent plus minces, plus enflammés. Il aurait certainement rétorqué quelque chose si la bourrasque brûlante ne l'avait pas surpris. Il leva sa main droite, se protégeant du vent comme il put. Sa silhouette s'effilochait tandis que la Rouge s'incarnait. Une dune de noirceur dont chaque grain qui la composait se dispersait sous la bise.

Lorsque la femme d'ombre apparut, il consentit à baisser enfin son bras. Si aucune expression ne transparaissait sur le visage de l'homoncule, un observateur averti n'aurait pas manqué de remarquer le mouvement esquissé par l'un de ses pieds ; un pas en arrière. Esquissé seulement, car le promontoire était exigu, car sa volonté était ferme. Il se redressa et écouta. Silencieux, stoïque, il se contenta de raffermir sa prise sur l'âme qu'il détenait. Le grondement de la femme d'ombre ne le fit pas frémir, pas plus que les néons grésillant où même le hurlement de l'orage.

"Tu n'es pas en terre conquise ici !" L'ordre aurait dû le faire défaillir. Il le savait. Au lieu de ça, il tourna la tête des deux côtés, posant son regard embrasé sur son environnement avec ce qui aurait pu passer pour... de l'étonnement.


L'arrogance t'aveugle, Sœur Rouge.

Il leva le bras au bout duquel pendait Léda, son geste sembla durer une éternité. Puis il la lâcha, tout simplement. Durant une ultime seconde les lois de la physique semblèrent ne plus s'appliquer. La fille resta là, suspendue à un fil invisible. Puis elle parut ouvrir les yeux, comme si elle s'éveillait d'un profond sommeil. Ses lèvres murmurèrent quelque chose. Alors, le gouffre sombre reprit ses droits et l'avala tout entière ; elle tomba comme une pierre, sans un son, sans un cri. La tornade verdâtre fut secouée par une autre détonation et un nouveau trait de lumière la traversa.

L'homoncule porta son regard sur sa main griffue, désormais vide. Il la serra. Il ramena son autre poing sur sa poitrine et banda le moindre de ses muscles. Son cri s'éleva. Une clameur plus puissante que n'importe quel carambolage, une explosion de rage et de malfaisance brute. Suffisamment forte pour pulvériser un rocher, suffisamment délicate pour fendre le verre. Une ode élevée à la nuit noire.

Les morts qui s'étaient relevés tombèrent à genoux, se prenant la tête entre les mains. La colère de leur maître était terrible, ils en ressentait chaque parcelle dans leurs os secs et décrépis. Ils disparurent les uns après les autres, transformés en une brume verte qui rejoignit l'homoncule. Celui-ci prit feu. Il ne s'agissait pas du chaleureux brasier qui repose d'ordinaire au creux de l'âtre, craquant et ronflant, sentant bon le chêne et le saule. Les flammes le dévoraient des pieds à la tête. Des flammes orangées, empestant le souffre. Ce brasier là, on le trouvait lorsque des nappes de pétrole brûlaient sur une mer bleu turquoise, c'était celui des innocents qui s'immolaient en place publique. Il ne réchauffait rien. Il détruisait tout.


Nous n'avons pas de terre à conquérir. Car il n'y en a aucune.

Sa voix laissait transparaître une assurance dont il n'avait jusque là pas fait étalage devant Hecate. Mais devant elle, devant la femme d'ombre, devant la Rouge... Oh ! Non. Il n'allait pas se priver. Comme il l'avait dit lui même : cela faisait trop longtemps qu'il attendait ça.

Il leva son pied auréolé de flamme et l'avança au dessus du vide. Un morceau de roc s'arracha des entrailles du gouffre et fut attiré à son talon. D'autres blocs s'envolèrent et s’agglomérèrent devant l'homoncule, formant un chemin le menant hors du promontoire.


Comment peux-tu encore caresser l'illusion de détenir une quelconque autorité ? Demanda l'homoncule d'une voix sifflante. Tu n'imagines pas combien de temps nous avons attendu. Il fallait qu'ils nous oublient. Il fallait qu'ils oublient la Blanche. Il fallait que tu nous oublies et que tu t'enlises dans ta propre suffisance. Nous avons perfectionné nos armes et modernisé notre approche. Nous les avons materné, tous autant qu'ils sont ; et ils étaient nombreux. Si nombreux...

Qui oserait dire le contraire quand nous affirmons que le vingtième siècle a entièrement été notre. Tout le siècle !


L'homoncule se retourna brusquement, portant ses mains enflammées sur le décor planté par Hecate. Les griffes se plantèrent dans le vide et arrachèrent ce qui était derrière le gouffre comme s'il ne s'agissait que d'un vieux papier peint. La déchirure révéla un nouveau paysage. Des arbres morts, des plaines d'herbe roussies et desséchées par des pluies acides. Des bâtiments en ruines. Un ciel gris, nuageux. Des cadavres et des êtres déformés. Des biches à six pattes. Des enfants atteints du kwashiorkor. Partout, des cendres portées par le vent.

L'homoncule reprit résolument sa marche. Son regard se planta dans celui de la femme d'ombre.


Le temps de l’Équilibre est terminé. L'ère du Grand Dessein est arrivée. Regarde la fille du Clan Saint Marc. Regarde ce qu'elle fait de sa vie. Regarde qui elle suit et qui elle sert. Elle est déjà de notre côté. Le manzazzuu l'a compris, lui. Finis les kabbales et les intrigues. Désormais il n'y a plus que notre pureté.

L'homoncule s'élança. Lourd, massif, il sauta pourtant les derniers mètres qui le séparaient de la Rouge, le poing droit replié, curieux de voir où sa force lui permettrait d'aller.
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Hécate le vit la lâcher.
Elle regarda l'homoncule ouvrir la main et elle vit Léda tomber comme une pierre vers le gouffre. Un gouffre sans fond, sans lumière, sans paix. et seule la présence presque tétanisante de la Force Rouge à ses côtés l'empêcha de tomber au sol et de vomir tripes et boyaux.
La petite silhouette continua de tomber, chaque centimètre de plus vers le noir semblant prendre un siècle à parcourir. Hécate la regarda, les lèvres entrouvertes et soudain, le corps tourna la tête. Un geste infime, presque imperceptible mais ses grands yeux noirs de petite biche croisèrent ceux d'Hécate.

Aide moi.

Le noir l'avala. Hécate s'effondra, ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes et elle frappa le sol une fois, deux fois. Un hurlement de douleur restait bloqué dans sa gorge mais il finit par sortir, ravageant tout. Petite humaine insignifiante aux yeux des grandes puissance de ce monde, Hécate s'écroula comme un palais mis à sac, ce fut son âme qui sembla se consumer l'espace d'un moment. Au dessus d'elle, l'homoncule ne prêtait aucune attention à sa peine, pas plus que la force rouge, les deux entités étant trop occupées à disserter de leurs immenses desseins pour se préoccuper de la peine d'une mortelle.

"Le temps de l’Équilibre est terminé. L'ère du Grand Dessein est arrivée. Regarde la fille du Clan Saint Marc. Regarde ce qu'elle fait de sa vie. Regarde qui elle suit et qui elle sert. Elle est déjà de notre côté. Le manzazzuu l'a compris, lui. Finis les kabbales et les intrigues. Désormais il n'y a plus que notre pureté."

Ce ne fut pas la voix de l'homoncule qui la ramena à la réalité, pas plus que les visions qu'il avait provoqué, les visions du monde tel qu'il serait sous son règne, lorsque Ron Weasley serait devenu le roi tant attendu par le nécromancien. Ce qui la fit sortir même brièvement de sa torpeur fut le fracas que fit l'homoncule lorsqu'il se mit en mouvement, lorsqu'il fondit sur elle et la force rouge.
Il s'élança, le poing en avant, mais la femme d'ombre ne bougea pas. Ses yeux scintillants continuaient de regarder droit devant elle et lorsque le point de son ennemi s'abattit sur elle, elle leva la main et l'attrapa dans sa paume. Les ombres s'étendirent, souples et malléables qu'elles étaient, jusqu'à ce que la Force Rouge domine l'homoncule d'une bonne dizaine de mètres.

Quelle puérilité...quel aveuglement ô soeur qui est mienne depuis que le monde est monde. Ce siècle fut le tien comme le précédent fut le mien et l'âge de la grande Renaissance celui de notre soeur immaculée! telles au coeur un cycle de lune phases d'ombres succèdent à la lumière et il n'y a que toi pour penser qu'un jour il en sera autrement! Tu as gagné en force, cadette, tu as gagné en audace et ton arsenal s'est perfectionné! tes lames tranchent plus qu'auparavant, tes griffes sont plus longues mais comme à ton habitude tu te perds dans un désir qui te consume jusqu'à ce que tel un phoenix tu t'embrases de toi même pour ne renaître de tes cendres que des siècles plus tard! combien d'échecs te seront-ils nécessaires pour comprendre tes erreurs? combien de chutes pour apprendre à marcher à nos côtés et non contre nous? non contre moi? Tu règnes sur le Grand Dessein de mort que tu as conçu tout comme notre soeur règne sur un idéal de pureté que jamais nul n'atteindra! Placée entre vous deux je domine la seule constante! la vie! Seule, je calme vos ardeurs et vos folies quand vous vous déchirez comme des hyènes furieuses pour un monde qui nous est venu en héritage et que vous vous employez à ravager de vos ambitions! COMBIEN DE FOIS DEVRAS TU APPRENDRE?!

La femme d'ombre pressa le poing et avec un craquement sinistre, celui de l'homoncule se brisa. La colère suintait désormais de chaque mot de la force rouge qui se pencha au dessus de sa cadette avec un rugissement de mauvaise augure, son attitude désormais semblable à celle d'un vautour.


Ton serviteur a jeté son dévolu sur cette fille du clan Saint Marc que tu dénigres à présent, signe évident qu'avant son refus tu faisais bien peu de cas de la manière dont elle vivait cette vie qui lui a été donnée pour peu qu'elle la vive à ton service! La déchet d'homme qu'elle sert, ni toi ni moi ne l'apprécions, mais si le servir signifie s'opposer à toi, empêcher ta gloire, alors je l'encouragerai en ce sens! Ton Manzazuu sert une cause juste à laquelle il n'apporte que la ruine, Hécate Shacklebolt, dans le nid de la vipère, servira la lumière et la puissance de la force rouge. Voilà le paradoxe ma soeur! Quand les lions se transforment en vipères et les sauriens en fauves enragés! L'homme serpent tombera un jour, je n'ai nul doute sur ce fait...mais nous ne tomberons pas avec lui et sa chute ne sera pas ton avènement car les héros viendront des recoins les plus inattendus. Repars...





Elle se pencha plus, ses yeux s'agrandissant alors que les ombres se faisaient désormais plus nombreuses, voltigeant autour de leur maîtresse.

D'où tu viens...

Hécate n'avait plus la force de se battre. Les énergies à l'oeuvre autour d'elle lui ôtaient toute énergie. Elle chuta au sol et une ombre vint se poser près d'elle avant de murmurer.

"Tiens bon petite princesse
Tout cela sera bientôt fini
Tiens bon petite princesse
Nous protégerons ta vie

Il n'a aucun pouvoir et il ne te tient pas
Rappelle toi de ton nom, petite souviens toi
Tu es l'enfant Caïman et tu as un destin
Tu as perdu beaucoup, bientôt viendra le gain

Amis et homme étoile, tous comptent sur ta survie
Ils appellent ton nom et dans la nuit ils prient
Tu as trouvé la voie, tu sais comment partir
Résiste encore un peu tout cela va se finir

Tiens bon toute petite soeur
Nous sommes tous ici
Tiens bon tout petit coeur
accroches toi à la vie


Une autre se posta à ces côtés.

"On va lui faire la fête
On va lui arracher la tête
Vengeance pour Léda, vengeance pour les autres
Vengeance pour la petite, vengeance pour les nôtres."


Les ombres se rassemblèrent et se mirent à tournoyer. Le paysage de cendres derrière l'homoncule se teinta de rouge et la terre se mit à dégorger du sang, noyant les plantes mortes, effaçant les traces des cadavres, engloutissant les visions d'horreur provoquées par la force noire. Les ombres répétaient sans cesse le même mantra désormais comme un chant de guerre, comme une menace, la promesse qu'un jour, la loi du Talion viendrait venger l'affront.

Vengeance pour Léda, vengeance pour les autres
Vengeance pour la petite, vengeance pour les nôtres.


Vengeance pour Léda, vengeance pour les autres
Vengeance pour la petite, vengeance pour les nôtres.


Vengeance pour Léda, vengeance pour les autres
Vengeance pour la petite, vengeance pour les nôtres.




La Force rouge se pencha en avant, son visage se précisant jusqu'à devenir à la fois terriblement beau et effrayant. Son sourire aurait pu calciner n'importe quoi. Ses yeux avaient la rage de temps disparus.

La force noire...pliera....ou la force Noire....souffrira....




Les mots étaient un écho. Les échos étaient des symboles et les symboles comptaient.


Dernière édition par Hecate Shacklebolt le Ven 9 Oct 2015 - 19:11, édité 1 fois
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Le contact physique avec la Rouge arracha un hurlement de douleur à l'homoncule. Un condensé de rage à peine supportable. L’éternel Érèbe ne put que se soumettre docilement à la poigne de fer de sa sœur aînée. À genoux, l'échine néanmoins relevée, sa bouche invisible vomissait un flot de haine incompréhensible. Le poing noir enserré dans la main rouge se mit à siffler comme un bloc de lave précipité dans les abysses. Le feu qui filtrait de l'homoncule gagna pourtant en intensité, signe qu'il renonçait désormais à se préserver. Préserver. Cela, les forces qu'il incarnait le faisaient depuis trop longtemps.

Il contempla la Rouge et son immense silhouette, puis il endura. Il endura le sermon. Il endura la douleur. Son poing gauche se fissura comme de l'argile trop sèche.

Il attendit que le vent des ombres se lève.

Le souffle ne se contenta pas de le balayer cette fois-ci. Il s'agissait d'un bannissement. L'interdiction formelle pour l'abomination de fouler ce sol. Malmené, étiré, son propre feu le dévora ; alimenté par l'assaut puissant des bourrasques. Bientôt, il ne pourrait plus tenir. Il le savait. Vengeance pour Léda, vengeance pour les autres Vengeance pour la petite, vengeance pour les nôtres. Contre ce pouvoir, l'homoncule ne pouvait rien.

Pourtant, il leva calmement les yeux sur son adversaire.


Nous le savions. Car toujours la Rouge sera aveuglée par la colère. Nous le savions. Nous le... voulions.

Le bras entravé se mit à trembler. Le poing se morcela, au point d'éclater comme du verre. L'homoncule hurla à nouveau. Son moignon suppurait une mélasse sombre et fumante. La pâte s'aggloméra et, en un odieux tentacule, s'enroula autour du poignet de la Rouge. S'il avait eu des dents, nul doute qu'en cet instant l'homoncule les aurait serré au point d'en faire éclater l'émail. Il tira vigoureusement sur sa prise pour l'attirer à lui. Son autre main était désormais ornée de cinq lames, longues et effilées ; de chaque pointes gouttait une substance semblable à ce qui sortait du moignon de l'homoncule.

La Rouge a raison sur un point. Seule sa puissance est capable de modérer la notre. Sans la Rouge, nous ne souffrirons aucun égal. Sans la Rouge, la Blanche sera condamnée.

Le bras s'étira loin en arrière, il se déforma de la même façon que la Rouge avait modifié son apparence. Puis il s'élança, rabattant son piège infâme sur sa proie. Les cinq griffes se plantèrent dans le ventre de la Rouge. L'homoncule en soupira de plaisir.

Cet effort nous a beaucoup coûté. Nous nous effaçons, bannis, mais heureux de te laisser dans l'impuissance. Car c'est dans l'impuissance que nous te laissons. L'impuissance de ne pouvoir empêcher ce qui va bientôt arriver. Le retour des longues nuits.

Le tentacule se couvrit de cloques sombres, puis se liquéfia. Les griffes se retirèrent des plaies qu'elles avaient infligées, fondues et émoussées. L'homoncule fut traîné sur le sol sans ménagement, ballotté par les ombres. Plusieurs fois il s'éleva au dessus du sol, plusieurs fois il y fut ramené ; chaque saut le renvoyant plus près des sombres abîmes qu'il n'aurait jamais dû quitter. Sa propre matière s’effilochait, son feu perdait en intensité. La totalité du promontoire s'effondra et les morts hurlèrent. L'homoncule fut précipité dans le gouffre. Lorsqu'il passa l'onde de lumière verdâtre celle-ci explosa, traversé par un dernier éclair.

***

Le choc fut rude. Mon dos contre le mur carrelé de la chambre d’hôpital. Il y eut un bruit de faïence brisée, une douleur cuisante me traversa les lombaires. Ce n'est qu'en m'affalant par terre que je pris enfin conscience de l'endroit où je me trouvais. Je serrais toujours ma baguette entre mes doigts. L'extrême urgence de la situation me rattrapa. Mes deux pieds poussèrent sur le sol et je me retrouvais debout, hagard, menaçant de ma baguette Hecate Shacklebolt, allongée dans son lit. Mes yeux ne savaient qui regarder, elle... Où sa baguette, négligemment posée sur la table de chevet.

La tension palpable ne m'empêcha pas de remarquer le goût métallique qui agressait ma langue. Quelque chose coulait de mes narines. Je frottais un pouce craintif sous l'une d'elle, il était ensanglanté. Faible.

Les événements me revinrent. La médicomage sacrifiée. Son corps n'était plus là, détruit par le rituel. Son collègue dompté par l'imperium. Son ombre faisait toujours dos à la porte vitrée. Le passage. L'Entre Deux. Éprouvant, très éprouvant. Je devais manger. Le combat titanesque résonna dans mon esprit ; des images étranges : moi vu par un autre. Ma mission était de trouver quelqu'un pour aider Ronald Weasley. Le Roi Rouge. Ça n'avait pas fonctionné. Un échec. Une défaite. Ma présence en Angleterre n'allait plus rester secrète. De vagabond, devenu traqué. Cela était-il voulu ? Était-ce de mon fait ? J'avais envie de dormir. Je soufflais comme un bœuf. Avais-je la force suffisante pour transplaner ? Trop de questions, il me fallait agir.


-Vous m'avez contrarié, Hecate Shacklebolt. J'essuyais d'un revers de manche la sueur qui perlait de mon front. Cela n'est pas donné à tout le monde.

Lentement, je fis un pas sur ma gauche, rassuré de voir que mes jambes ne me lâchaient pas ; la fenêtre était à moins d'un mètre. La sorcière se souvenait-elle de ce qui s'était passé ? Si tel était le cas, savait-elle qui j'étais ? Ce que j'étais. La tuer ici et maintenant, m'éviterait-il des ennuis ou, au contraire, m'en causerait-il de nouveaux ?

-Qu'allons-nous faire maintenant ?

La question avait son importance.
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