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sujet; OS - Murphy's law
MessageSujet: OS - Murphy's law   OS - Murphy's law EmptyJeu 23 Juil 2015 - 20:00

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One Shot

Murphy's Law
M
urphy. Tu retraces d’un doigt tremblant les lettres de ton prénom avant de mêler – index souillé – sur tes joues l’encre et les larmes. Sur le papier jauni, les courbes déliées se sont faites aigües. Sèches et coupantes. Tu y lis avec cette anxiété propre aux fous et aux devins, les sombres nouvelles piégées dans le léger froissement de la feuille, dans l’écriture pressée et pressante, dans les cavités suintantes que la plume a percée comme autant de plaies dans la trame. M comme maudite, comme la loi éponyme –emmerdement maximum – Haut Théorème de la Poisse Cosmique, Axiome Universel de la Grande Débandade.

Il n’existe plus de promesses suffisantes pour contrer la menace qui rôde. Murphy. Un mot étranger qui te met le cœur au bord des lèvres qui insuffle dans ton être cette irrépressible envie de courir, courir jusqu’à sentir tes muscles brûler et ton sang se changer en acide sulfurique au creux de tes veines. Je suis désolée. Ta tête branle de gauche à droite comme pour refuser l’évidence. Impossible. Avec peine, tu retiens un cri qui mute en la progéniture difforme du sanglot et du geignement de l’animal blessé. Ce n’était pas juste. Une fois de plus, on te laissait sur le bord de la route comme un chaton encombrant –ou un vulgaire papier gras. Inutile. Alors, tu contiens la colère et la rage pour la concentrer en une masse si dense que tu la sens presque presser contrer l’émail de tes dents. Je suis désolée répète la lettre, mais toi, toi tu n’entends que les pas qui l’ont séparés de toi. S’est-elle retournée sur ta silhouette endormie ? A-t-elle versée une larme lorsque ses lèvres ont pour la dernière fois effleurées ta joue ?

Pardonne-moi. Les mots te giflent les nerfs. Dans l’obscurité de la chambre, tu cherches à tâtons la porte du laboratoire. Ton intention ? Détruire semble la première idée qui s’impose à toi. Réparer. Trouver. Recoller. Ils suivent et se bousculent alors que tes doigts trouvent la clenche en tremblant et que les glyphes de protection s’illuminent. Peut-être te rejetteront-ils eux aussi ? Mais la porte s’ouvre sur une volée d’escalier et à l’obscurité se mêle la blancheur éclatante de la salle. Carrelage sur béton, lumière artificielle et brute qui te grillent les rétines. L’odeur âcre du girofle et des produits chimiques te font suffoquer un instant. Souvenir du dentiste, des chambres d’isolement, des hôpitaux et des morgues. Ton regard balaie les raies de poussière qui orbitent depuis le plafond avant de se poser délicatement sur les plans de travail entièrement vide. La cage est récurée. Il y a encore quelques heures, un pauvre bougre gisait dans son pus. Dans un coin, gît la combinaison stérile pour lutter contre la pourriture et la maladie. Mince barrière contre la Mort en bouteille. Tu es venue dans l’intention de vider les excrétions d’humeur bouillante qui te ravagent les entrailles et tu subis l’affront d’une imperméabilité minérale. Puis tu t’es effondrée à côté de la cage des rats pour pleurer. Même le rat 641 a disparu et cela a fait redoubler tes sanglots. Sa disparition te ramène à ta vie d’avant la fuite lorsque tes parents t’avaient offert un poisson rouge pour t’apprendre à aimer les autres créatures vivantes et respirantes que Dieu avait créées. Une chose en était sortie : tout le monde finira par t’abandonner, même ta plante verte. Et il t’avait fallu six-cent quarante souris pour en conclure qu’importe l’amour que tu portais à un être vivant, il finirait six pieds sous terre. Alors, tu te demandes si Julian finira par revenir.

« Chouquette ? T’es là ? » La silhouette longiligne de Vince vient de se découper dans l’ombre du seuil. « On a besoin de toi. » Besoin, ça veut dire dans son langage, bras à ressouder, hémorragie à stopper, morts à faire revenir pour une nouvelle séance. D’un geste rageur, tu essuies tes joues, étalant la honte et la poussière en une couche épaisse sur ta peau. Alors que tu passes à proximité, elle chuchote dans le creux de ton oreille : « La vie est un jeu, petite, ça ne veut pas dire qu’on doive en respecter les règles. » Tu serres les dents en lui emboitant le pas. La vie n’a pas de but. La vie n’est pas drôle. Qui voudrait jouer à ça ?

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OS - Murphy's law

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