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sujet; La défection des pères (Simon ♥)

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— La défection des pères ft. Simon Rosier


« J'admets ne pas comprendre, Margery. » La pâleur éclatante du ciel, douloureuse pour les yeux, se répandait fraîchement à travers les fenêtres du manoir. Gloria contemplait la réserve coutumière, presque morne de sa sœur aînée, « heureuse » – s'il se pouvait – de constater qu'elle s'était depuis peu redressée, après s'être si longtemps tourmentée. « Tu pourrais reprendre toi-même ta famille en main – enfin, ce qu'il en reste. » D'un petit pincement de lèvres faussement contrit, elle feignit d'avoir malencontreusement laissé échapper ce dernier commentaire qui ravivait plus de plaies qu'il ne résolvait de problèmes. Gloria pensait résolument que c'était avant tout à l'épouse de compenser les insuffisances du prétendu chef de famille, plutôt que de s'y vautrer après force larmes et résignation. Or la défection des pères, à plus ou moins haut degré, semblait s'être généralisée parmi les familles de Sang-pur.

Elle n'avait jamais vraiment compris la distribution « traditionnelle » des rôles au sein des foyers sorciers – ceux de l’Élite, surtout –, la subordination tacite ou formelle d'une femme à son époux, à son nom et à son ADN. C'étaient là des contraintes toutes moldues quand on y réfléchissait. Chez eux, les impératifs de la guerre avaient d'abord tristement imposé aux femmes leur vassalité, maladroitement justifiée par de stupides considérations physiologiques auxquelles le monde sorcier aurait dû être étranger par l'existence même de la magie. Celle-ci, en termes de rapport de force, mettait a priori sur un même pied tous ceux qui étaient dignes d'en user. À cela s'ajoutait que les « patriarches » du monde sorcier semblaient pour la plupart s'être laissés prendre au mythe du surhomme. Gloria en jugeait sans misandrie : elle trouvait les hommes absolument radieux. Mais enfin, il fallait bien admettre qu'on en attendait trop d'eux et partant – enivrés par leur importance postiche et par l'angoisse –, qu'ils finissaient par trop en attendre d'eux-mêmes. Au nom de ces fameuses responsabilités censément assumées par le sacro-saint « Père de famille », ça se rengorgeait, ça enflait, jusqu'à se briser les dents sur le mur de leurs exigences, jusqu'à éclater. Ces hommes-là, de fait, s'avéraient souvent incapables, que ce soit par nature ou sous l'effet d'un réflexe conditionnel développé à force d'être pris pour ce qu'ils n'étaient pas. Ils étaient faillibles et presque immanquablement défaillants. Mais plutôt que de l'admettre d'entrée de jeu, humblement, ils essayaient coûte que coûte de faire illusion ; et le plus souvent, bien sûr, ils ne revendiquaient leur humanité à grands cris, ne jouaient pathétiquement la carte de leur faillibilité naturelle qu'après avoir échoué à être des surhommes.
Il y avait quelque chose de terriblement dramatique dans ces pauvres garçons qui n'étaient psychologiquement pas à la hauteur de leur puissance magique, n'est-ce pas.

« En vérité, tu devrais. », rectifia-t-elle en s'enfonçant plus confortablement dans le fauteuil qu'elle occupait. « Le temps que Simon ait les épaules assez fortes pour un tel rôle. » Ou jusqu'à la fin de tes jours, songea-t-elle aussitôt. Officiellement une forme de régence et, officieusement, la prise d'un pouvoir que Margery ne céderait jamais vraiment. Mais encore fallait-il qu'il y ait un véritable patrimoine sur lequel régner, un fils modèle à manipuler. « Tu conviendras avec moi que ça n'a pas l'air d'être encore le cas. » Gloria crut percevoir une crispation dans la mâchoire de Margery. Le soupir qu'elle eut, du moins, fut particulièrement éloquent, chargé d'impatience, peut-être d'amertume. Sa sœur aînée, elle le savait pertinemment, avait horreur que l'on critique ses son précieux fils. Mais la situation la forçait sans doute à reconnaître  l'inadéquation entre le tempérament de Simon et la succession qui lui était soudainement échue. Toutes les deux avaient appris que la prospérité d'une famille de Sang-pur ne tenait qu'à un fil. Il suffisait d'une propension, fréquente chez l'homme, à accorder trop d'importance aux choses qui n'en avaient absolument pas – et on incluait bien sûr dans ces « choses » indignes de considération les objets comme les êtres. C'était déjà arrivé. Cela arriverait assurément encore. À cet égard, Gloria semblait condamnée à mal s'entendre avec ses beaux-frères, pour la simple raison que ses beaux-frères semblaient eux-mêmes condamnés à faillir lamentablement. Et elle n'était pas certaine que ses neveux mettraient un point d'honneur à valoir mieux. Tant pis. Sa mère l'avait fort heureusement préparée à toute éventualité – y compris à la disparition des Flint eux-mêmes, contre toute attente –, et son cœur n'était de toute façon pas sujet aux déchirements affectifs. Les alliances malheureuses apparaissaient finalement non comme des erreurs de calcul, mais comme une leçon de plus généreusement dispensée par ses parents – et par la vie.

La benjamine fit semblant de ne pas entendre le plancher craquer, de ne pas deviner la présence approchante de son neveu. Elle poursuivit de sa même voix claire, l'air de n'avoir rien à cacher : « Problèmes d'addiction – que ton mari a savamment déguisés au demeurant, et c'est bien la seule chose utile qu'il ait jamais faite pour vous –, l'établissement qu'il tient ne sera sans doute pas pour arranger les choses non plus, d'ailleurs. Je ne te parle pas des comparses qu'il entraîne certainement dans son sillage ni des greluches qu'il débauche – ou le débauchent. » Le plancher craqua de nouveau, et elle dut bien se retourner pour enfin apercevoir Simon. Sans rosir de ce qui aurait pu passer pour une maladresse diplomatique, elle lui sourit affectueusement par-dessus le dossier de son fauteuil. « Tu tombes bien, mon cœur. J'expliquais justement à ta mère à quel point tu n'étais pas prêt à endosser le rôle de vénérable patriarche, et qu'il te faudrait avant tout ne plus avoir la dépravation stupide, mais intelligente. » Le pensait-elle réellement, au fond, ou s'était-elle montrée insolente simplement pour le faire réagir ? Impossible à déterminer. Gloria tenait à sa famille essentiellement – voire exclusivement – par orgueil. Cela ne contribuait étrangement pas à éclaircir ce qui motivait ses propos. En outre, le fait d'avoir grandi avec Simon avait instauré entre eux une familiarité qui ôtait aujourd'hui tout filtre de leurs mots – parce que son cher neveu, bien sûr, n'était pas en reste. « Qu'as-tu à dire pour ta défense ? » Curieusement, l'invitation ne promettait aucune remontrance. Maintenant qu'elle s'était redressée pour lui faire face et l'accueillir, elle semblait presque avoir dit cela par jeu : il y avait une forme de tendresse dans son regard, qui n'avait par ailleurs jamais abrité envers Simon la grandiloquence ridicule d'un juge. La gravité ne seyait pas à Gloria. Elle s'était toujours montrée – acerbement – espiègle dans ses reproches.
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La défection des pères (Simon ♥)

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