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«Everyday we're fightin', and we're causing bolts of lightnin'»
feat. Harry Potter



Les excuses à demi-proférées, les regards qui se tournent, les sourires crispés, et toutes ces tensions qui passent à travers le langage corporel, silencieuses et angoissantes. Ginny ne les supporte plus. Et plus on l'assigne à résidence, plus ces petits riens la blessent, l'écorchent. Les premiers temps, ça n'était pas si désagréable d'avoir un coin à elle, où les seules visites qui soient tolérées soient celles des médicomages et de ses proches. Encore fallait-il dès lors déterminer ceux qui pouvaient être considérés comme ses proches. On lui a appris que ses frères s'étaient beaucoup inquiétés, toutes ces années, et elle sait que Ron n'a quasiment pas quitté son chevet alors qu'elle venait d'être transportée depuis le lieu d’exécution des rebuts. Mais savoir que ses frères, ses amis d'antan, ont cherché à l'arracher à son quotidien de captive et de rebut n'efface pas leurs échecs et ses propres souffrances. Mais elle aussi a échoué à se sauver. Ça n'a pas été faute de chercher à fuir, le souvenir de Parkinson aurait pu être loin si le sortilège chevillé à son corps ne l'avait pas soigneusement ramenée à son geôlier. Elle est tout autant responsable que ses frères de son emprisonnement, de la douleur qu'on lui avait infligée. Ginny a t'elle cessé de se battre, chez Parkinson, lorsqu'elle a pris conscience qu'il lui fallait accepter le quotidien qui avait été taillé pour elle par une bande de sorciers pervers et  sanguinaires ? Des jours entiers, elle a ressassé, incapable de se départir de ce passé qui la hante. Et elle en veut à sa propre famille d'avoir baissé les bras. Quelque part, c'est plus simple de leur en vouloir à eux plutôt que de se fustiger elle. Car Ginny a payé trop cher son caractère, son abnégation, sa rébellion. Les cicatrices et les plaies qui parcourent sa peau ne sont pas les seules traces de ce qu'elle a payé. Intériorisant sa propre culpabilité, Ginny préfère repousser ceux qui l'entourent à nouveau, ceux qui se sont battus pour elle, parce qu'ils ont mit trop longtemps, s'y sont pris trop tard pour la préserver de ce sentiment qui lui tient les entrailles.

Sera t'elle satisfaite lorsqu'elle aura fait fuir tous ces insurgés qui essayent de la comprendre, de l'aider et de la protéger ?

Remontant lentement la fermeture éclair de sa veste de cuir noire, Ginny échappe un soupir. Il est temps de quitter les ténèbres rassurantes de sa tente, au beau milieu du repère des Audacieux. Elle passe une main dans ses cheveux roux, allongés par un sortilège éphémère, et coiffés en une queue de cheval sommaire. L'illusion ne suffit pas à calmer les battements de son cœur, alors qu'elle s'apprête à affronter le monde extérieur. Mais il lui est impossible de rester dans l'ombre plus longtemps. Ginny a besoin d'activité, de sentir ses muscles à nouveau en mouvement et, plus que toute autre chose, d'être utile. Trop longtemps astreinte aux basses besognes, au silence et à l'avanie, la cadette des Weasley sent que le temps de la revanche a sonné. Et si ses doigts tremblent lorsqu'elle vérifie la présence de sa baguette, au touché, dans la poche intérieure de sa veste, et que ses lèvres se crispent à l'idée de confronter le leader inaccessible, Ginny tâche de donner l'illusion d'être calme et pleine de maîtrise. A l'image de sa chevelure, l'ensemble de son apparence n'est qu'une vaste mascarade. Mais si elle veut sortir, affronter ses ennemis, et reprendre la place qui était la sienne à l'origine de cette guerre, elle doit se faire violence.

D'un geste qui se veut assuré, l'ancienne rebut écarte le voile qui constitue le dernier rempart entre elle et les quelques poignées d'insurgés réunis dans la planque du chemin de Traverse. Ses yeux se plissent alors qu'elle cherche alentour un visage parmi d'autres. Elle entreprend de faire quelques pas en avant, afin que son immobilité n'attire pas l’œil d'un curieux qu'il lui faudrait repousser. Ginny a rassemblé juste assez de force pour affronter un sorcier, et pas des moindres, elle ne tiendra pas le coup s'il lui faut lutter au préalable contre les assauts de ceux qui se soucient d'elle. Ses pas sont lents, elle marche à peine suffisamment pour ne pas s'arrêter. Et ses prunelles brunes embrassent la planque. Elle n'y est pas encore à l'aise, elle a retenu l'ensemble de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, mais s'en soucie finalement peu. Observer le silence n'est pas un défi pour elle. Elle ne peut pas en dire autant lorsqu'il s'agit de faire face à ses démons. Inconsciemment, elle s'arrête et se crispe, tandis qu'un insurgé la frôle de trop près, déterminé qu'il est à suivre son chemin. Elle inspire profondément et tente de conserver son calme de façade. Elle tente de se persuader que personne ne lui veut de mal ici. Elle se répète le discours que sa mère lui sert lorsqu'elle se réfugie, dans un accès de panique futile, auprès d'elle. Elle lutte contre ce qui se murmure au sujet de Molly, repoussant avec autant de force les rumeurs que ceux qui les véhiculent eux même. Elle ne peut qu'imaginer ce qui se dit à son propre sujet, mais ne veut pas savoir. Elle se terre dans le déni, dans ce qui lui semble sûr et stable. Et tandis qu'elle reprend sa marche silencieuse, ses yeux prudents repèrent celui qu'il lui faut affronter. Ce n'est pas une entreprise bénigne, mais cette étape est essentielle. Si Ginny se contente plus longtemps des intermédiaires, des regards fuyants lorsqu'elle s'aventure à l'extérieur de sa tente, jamais elle ne pourra obtenir ce qu'elle recherche et la liberté sera, de ses cheveux et de son assurance, la plus grande illusion.

« Harry. » Son timbre, bien que mesuré pour les circonstances, est clair et résolu. Elle s'approche de sa cible, sait qu'il va sans doute tenter de fuir, une fois de plus, et sent qu'il va lui falloir très rapidement venir à l'essentiel si elle veut avoir une chance d'attirer son attention. « Assez d'intermédiaire, c'est ta voix que je veux entendre. » Ses pas la mènent au plus près du Survivant ; elle a enfin l'occasion de l'observer réellement. De bien des façons, Harry n'est plus le même. Et ça l'aide, quelque part, à poursuivre sur sa lancée: « J'en ai assez d'être consignée là, comme un oiseau blessé. » Elle plante sur Harry ses prunelles dont l'éclat a été diminué par des années de captivité. « Je veux partir en mission. Être utile. Servir. » Elle entrecoupe les mots afin que sa volonté ne puisse faiblir. Elle craint que l'Elu n'invente un prétexte pour négliger une fois de plus ses demandes. Son esprit divague déjà, cherchant par quel moyen répondre s'il la met à nouveau sur le carreau. Que peut-elle invoquer, à part sa bonne foi et sa volonté de bien faire ? Une volonté inébranlable, guidée et mise à mal de manière contradictoire par des années de servitude et d'épuisement émotionnel et psychologique.
   
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Harry Potter
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‹ crédits : killer from a gang (avatar) ; anaëlle (sign).
‹ dialogues : indianred
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‹ âge : vingt-trois (31/07/80)
‹ occupation : décédé depuis le 24/08/03.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1991 et 1997.
‹ baguette : en bois d'aubépine, mesure 30 cm et a en son cœur un crin de licorne (anciennement à Draco Malfoy) ; je suis également le maître de la baguette de Sureau.
‹ gallions (ʛ) : 8101
‹ réputation : je suis un dude très cool maintenant que j'ai tué Voldemort (rip).
‹ particularité : Fourchelang.
‹ faits : j'ai beaucoup changé, je suis devenu froid et maîtrisé, prudent et confiant ; les foutues répercussions de la guerre qui m'ont fracassé la gueule. Parmi les Insurgés, je suis Specs, anciennement parmi l'un des leaders des Audacieux. Membre du conseil de la RDP – les seuls étant au courant que je suis en vie. J'ai passé un marché avec Drow : 80 années de ma vie en échange d'un talisman prévu pour détruire l'horcruxe en moi.
‹ résidence : au 12 Grimmauld Place (Sirius m'a désigné comme étant son héritier pour reprendre la demeure familiale des Black).
‹ patronus : un cerf
‹ épouvantard : un détraqueur (la peur elle-même).
‹ risèd : mes parents, une femme et des enfants - une famille complète.
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If you cared, there'd be love in the air

ginny & harry

« Va te reposer, je viendrai plus tard. Je te promets que je suis pas fatigué. » Mensonge. Il en use si facilement, il ment si effrontément, sans même un battement de cils. Pour accompagner son mensonge, il abuse même d’un semblant de sourire qui se veut rassurant et assuré. Il se dit que Ron est sans doute trop épuisé pour insister et le forcer à se coucher, même quelques heures. Tant mieux. Avec Hermione, ils viennent de rentrer d’un nouveau périple qui a bien duré quelques jours, ils peuvent même considérer cette aventure comme une victoire : Ron a détruit l’avant dernier Horcruxe. Retour à la base des Audacieux, retour à la réalité. Le sommeil vient naturellement dans ce genre de situations, excepté pour Harry. Il refuse tout repos. S’interdit d’avoir les yeux clos. Le répit, il l’accepte uniquement lorsqu’il s’effondre de fatigue. L’insomnie est devenue son amie la plus proche, celle qui l’enlise dans le gouffre et l’éloigne de la digue. Mais ce n’est rien, ce n’est pas grave, ce n’est jamais grave – c’est juste Harry, le Survivant qui prétend qu’il n’a pas le droit au repos. Parce que sa culpabilité et sa douleur s‘amplifient de jour en jour, devenant des Fantômes qu’il voie dans les couloirs et bientôt ses Fantômes l’écraseront de leur pas lourd. Harry s’est endurci. Il est particulièrement dur avec lui-même, se refusant tout, ne se focalisant que sur une seule et unique tâche : la guerre. Il n’est qu’un pion, son existence n’a pas tant d’importance – c’est le futur qui compte. Pas le sien mais celui des autres, celui du monde. Il soupire et s’éloigne de quelques pas du campement, obligeant ses yeux cernés et injectés de sang à surveiller les ruelles. Malgré la fatigue, ses yeux restent vifs – à l’intérieur, les flammes s’embrasent, l’embrasent, le monstre le toise. Il grogne. S’il se refuse d’aller se coucher c’est aussi… pour éviter son intrusion. L’éveil lui procure un peu de contrôle, même s’il sera toujours cet élève mauvais que Snape avait laissé derrière lui. Tandis que le sommeil ouvre l’accès à ses nombreuses failles, rendant sa psyché instable et trop vulnérable. Faible. Il en veut à Dumbledore de l’avoir laissé. Il en veut à beaucoup de monde, il en veut à tout le monde. Il en veut au monde entier. Mais il en veut surtout à lui-même, de tenir sur ses pieds pour une unique raison : la guerre. Il s’en veut de n’avoir aucun autre but, aucune autre raison. Si ce n’est… de voir des sourires autour de lui. C’est stupide, il le sait bien mais il ne peut pas songer à autre chose : Harry ne réclame que des rires et des sourires. Mais ce sont des souhaits trop irréalisables alors il balaye tout dans un froncement de sourcils, réduisant son champ de vision. Il repose ses coudes sur la rambarde et baisse la tête. Ses cheveux sont collants et beaucoup plus ébouriffés qu’en temps normal, à cause de l’eau de mer qui a également rendu ses vêtements trop rêches. Il plonge sa main à l’intérieur de sa cape pour en tirer une cigarette, qu’il place sans plus attendre entre ses lèvres. Le briquet, par contre, il ne le trouve nulle part – l’aurait-il fait tomber bêtement lorsqu’ils sont montés sur le navire fantôme ?

« Harry. » Le concerné arrête toute inspection dans ses nombreuses poches et se raidit. Sans se retourner, sans la regarder – il n’a jamais eu besoin, il reconnaitrait sa voix entre toutes. La cigarette penche de plus en plus, frôlant la chute mais il la rattrape et l’écrase dans son poing. Il entend les pas, il sent sa présence, il sent le Fantôme de sa culpabilité appuyer lourdement sur sa cage thoracique. « Assez d'intermédiaire, c'est ta voix que je veux entendre. » Il ose un coup d’œil bref par-dessus l’épaule alors il se permet de se retourner finalement, remontant les yeux jusqu’à revoir ce regard qu’il avait tant chéri – autrefois. Autrefois. Tout était si simple, avant. « J'en ai assez d'être consignée là, comme un oiseau blessé. » Elle était si vive, avant. Pleine d’ardeur, emplie de douceur. « Je veux partir en mission. Être utile. Servir. » Dynamique… Il ne l’a jamais connue aussi peu active, à se contenter de regarder le temps filer. Ginny était autrefois une lionne. Mais sa flamme s’est éteinte. Un peu. Beaucoup. Les conséquences de la guerre, les répercussions de leurs erreurs – à présent, elle porte la flamme sur elle, souvenir de brûlure à jamais sur sa peau diaphane. Lui, il a le regard un peu fuyant, trop distant – il s’est montré lâche, il n’a pas osé aller la voir. Son courage a toujours eu des limites, surtout lorsqu’il s’agit de la famille Weasley. Peut-être parce que cette famille est la seule qui se rapproche de plus à une famille pour lui – du moins, ça aussi, c’était le cas avant. Les Weasley et lui ne sont plus aussi proches, hormis Ron. Mais il sait qu’il est le seul fautif, qu’il a troqué son courage contre une distance trop atroce. Et cette distance, il l’a fait subir également à Ginny. Hey, Ginny. Tu te souviens de notre coin favori ? On se voyait toujours là-bas, loin des autres, loin de tout – juste nous deux. Tu t’en souviens ? Avant, ils avaient le droit à l’insouciance. À présent, ils n’ont plus que l’inquiétude et la prudence. Machinalement, il se passe une main fatiguée sur les yeux, frottant, frottant, frottant. Sa main voyage ensuite dans sa touffe noire, qu’il ébouriffe encore plus, à cause de la nervosité. Ses yeux s’ancrent à ceux de Ginny, les yeux marron contre les yeux verts, deux regards qui ont tant changé, qui ont tant perdu. « Ça va pas être possible. Tu es faible. » Sans le vouloir, son ton est plus ferme que prévu. Il tente de chercher d’autres mots pour essayer de se rattraper, d’adoucir son ton pour ne pas blesser Ginny inutilement mais… il ne trouve rien. Rien. Pas de mots compatissants, pas de mots doux, uniquement une dureté qui l’a même atteint en plein cœur. « Tu n’as pas encore récupéré. Ça sera beaucoup trop dangereux. » continue-t-il à enfoncer, tout en se persuadant de savoir ce qui est bon pour la lionne. Harry préfère la croire fragile et en sureté plutôt que forte et en danger.


Dernière édition par Harry Potter le Lun 12 Oct 2015 - 0:52, édité 1 fois
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Une brise légère effleure le visage de Ginny alors que son regard se heurte au dos du Survivant. Elle déglutit légèrement. Trouver le courage de venir lui parler n'est pas chose aisée et elle n'est pas aveugle, elle sait bien qu'il la fuit. En entendant sa voix, il s'est raidit, l'air qui les enveloppe est lourd et Ginny sent un poids immense s'affaisser sur ses épaules. Parler à Harry est une nécessité, car il semble avoir tout pouvoir sur son destin, c'est son nom qui revient dans les conversations lorsqu'elle cherche à savoir qui a décrété qu'elle ne pouvait pas participer aux missions que les insurgés remplissaient sans que quiconque ait besoin de décider si eux sont aptes ou non. Harry a dit non. Harry dit que c'est trop tôt. Harry dit qu'on en reparlera. Une autre fois. Désolé, il dit que c'est non négociable. Ces réponses n'en sont pas vraiment, car elle ne peut pas les comprendre. Il se sent responsable d'elle et pense détenir un droit de vie et de mort sur sa personne. Ginny veut trouver la force de lui dire ce que sa décision lui inspire, à quel point elle étouffe par sa faute. Mais alors qu'il glisse un regard vers elle, elle se sent frémir. L'air est soudain froid, glacial. Elle pose ses mains sur ses propres bras et les frictionne dans l'espoir, ténu et illusoire, de récolter un peu de chaleur. Elle cesse presque tout mouvement lorsque l’Élu se retourne et que ses pupilles froides glissent sur elle jusqu'à accrocher ses prunelles ternies. Sa mâchoire se crispe une fraction de seconde, et ses sourcils se froncent, puis elle entrouvre les lèvres pour expirer quelques mots supplémentaires. Faire face à Harry est plus douloureux qu'elle ne s'y était attendu. Sa présence, si proche, lui renvoie en plein visage tout ce qu'ils auraient pu avoir, tout ce qu'ils ont perdu, ce qu'elle était avant et ce qu'elle n'est plus.

Son regard ne le quitte pas et le dévisage alors qu'il porte une main à ses yeux afin de les frotter, l'air fatigué. L'épuisement se lit également sur son visage, mais il est d'une autre sorte que celui qui étreint Ginny, simplement différent. Ils sont devenus eux-mêmes si différents. Lui reste droit, digne et fort, tandis qu'elle a été courbée par le poids des années, réduite en esclavage, vaincue et brisée. Elle serre les dents et ses lèvres se plissent pour compenser la détresse qui se fraye un chemin dans son coeur. Elle ne doit rien lâcher, ne pas montrer sa faiblesse devant Harry, même si elle se lit aisément sur son visage et dans chacun de ses gestes, chaque mot qu'elle arrive péniblement à aligner. Elle se sent faible, et elle en est réduite à découper ses mots, saccader pour ne pas trébucher. Pour convaincre les autres, elle doit d'abord se convaincre elle même qu'elle est prête. Elle ne peut pas en vouloir à Harry, et ça la torture d'autant plus. Mais elle ne peut faire autrement que de le confronter, car elle préfère risquer sa vie plutôt que la survoler, en errant l'âme meurtrie parmi les insurgés. Celle qu'elle était autrefois serait horrifiée de la voir ainsi. Mais elle ne peut qu'être résignée, son désarroi funeste est son seul et plus ancien allié.

Qu'importe ce qu'il lui en coûte, la rouquine garde les yeux rivés sur son homologue. Et lorsqu'il la fixe à nouveau, elle scrute le fond de ses prunelles, à l’affût du moindre indice. Mais elle ne perçoit rien d'autre qu'un obstacle immense, un mur érigé entre elle et lui.  « Ça va pas être possible. Tu es faible. » Les mots la heurtent, comme un fouet, abrupts et sans fard. L'air se bloque dans la gorge de Ginny, qui manque de suffoquer. « Tu n’as pas encore récupéré. Ça sera beaucoup trop dangereux. » Il en est toujours là. A dire non, brutal et impérieux, sans lui fournir davantage d'explication. Ginny ne peut pas comprendre, qui le pourrait ? Ses prunelles se voilent et ses paupières se referment sur elles. Ginny prend une inspiration, et passe sa langue sur ses lèvres. Elle sait que ce ne sera pas facile, mais elle doit sortir, cette fureur et la frustration qui l'accompagne. Elle ne peut pas laisser Harry dicter sa vie. « Tu ne peux pas dire ça ! » Elle aurait voulu être plus calme, mais les tremblements de sa voix l'empêchent de mentir. Ses joues tremblent également, et son regard se pique d'un éclat vacillant. Elle ne peut pas laisser Harry s'en sortir avec une pirouette, pas cette fois. « Je t'interdis de dire ça ! » Elle se répète, change un mot, comme s'il pouvait faire la différence. Mais ça fait une différence, pour elle. Harry n'a pas le droit, il ne l'a plus, il l'a … perdu. « Je ne suis pas ta charge ! » Le manque de contrôle la pousse à avancer, encore un pas, et elle lève la main vers Harry. Elle est à deux doigts de saisir le tissu qui recouvre son torse entre ses doigts graciles, puis hésite, suspend son geste. Elle baisse les yeux vers sa main, tremblante. « Tu dis non, tu prétends que je suis faible. » Le ton de sa voix a baissé, mais l'émotion continue à la faire tressaillir. Elle lève à nouveau les yeux vers Harry, plante ses prunelles dans les siennes, son visage à quelques centimètres du sien. Mais elle ne se soucie plus de la proximité, Harry a sollicité la patience de Ginny au point qu'elle en perd le contrôle. Elle perd ses repères, oublie ce qu'il convient de dire ou non, envolées les réticences et sa prudence. Ginny sonde Harry, sans plus s'encombrer des convenances. « Je suis prête. Ce n'est pas à toi, à Ron ou aux autres de décider pour moi. Rester ici à tourner en rond me rend folle ! » Le visage crispé, elle lâche presque ces derniers mots au visage de l’Élu, comme s'il n'était pas l'homme de premier plan qu'il est devenu. Séparés des années, Ginny ne l'a pas vu grandir, changer, s'emmurer dans le silence et la sévérité, mettre de la distance entre lui et les autres. Elle ne parle pas au Survivant, juste à Harry.

Elle tâche de se calmer, de trouver en elle la force d'intérioriser. Mais les mots du jeune homme ricochent en elle, arrachant des parcelles de sa lucidité, écorchant le peu de maîtrise dont elle est capable depuis sa libération. Elle inspire et expire à nouveau, ferme les yeux plus longuement cette fois ci. Elle oublie aisément le campement à proximité et ne se focalise plus que sur celui qui lui refuse la liberté, à une dizaine de centimètres tout au plus. La liberté est si proche, elle pourrait la toucher. Mais il l'en empêche. Elle serre le poing et le rouvre, posant doucement sa paume sur le vêtement à portée. Elle n'appuie pas, l'effleure tout au plus. Elle essaye d'oublier la guerre. Et rouvre les yeux sur Harry. « Je n'ai pas peur du danger Harry. Tu dois me laisser partir. » Un sens caché, profond, suinte de ses mots. Elle ne dégage pas seulement Harry de sa responsabilité pour cette fois, mais pour tout ce qu'elle a traversé ces dernières années. Ce n'est pas sa faute. Ginny ne l'a jamais tenu pour responsable. Elle s'est mise en danger, a empêché qu'on la délivre la première fois à Poudlard, et il n'y a personne d'autre qu'elle à blâmer pour ça.  Elle refuse que Harry porte plus longtemps son fardeau sur les épaules. Elle retire sa main, brisant le contact qui les a réunis, l'espace d'un instant.

Enfouissant les sentiments et les égards, Ginny présente soudain un regard froid et distant à Harry, lui contestant le monopole de la défiance et de l'austérité. Elle porte une main à ses cheveux, ramenant sa longue et factice chevelure devant son épaule. Ce faisant, elle glisse ses doigts entre les mèches et y jette un coup d’œil distrait. « Tu n'as aucune raison valable pour m'enfermer ici. » Elle soupire, et relève vers lui un regard acerbe, tranchant. « Je ne t'ai jamais demandé de veiller sur moi, ce par quoi je suis passée, ce n'est pas ta croix. Ce n'est pas toi qui a enduré Azkaban, pas toi qui a vu tes amis mourir de faim, de froid, de folie ou d'un mélange des trois » Son timbre devient plus dégagé à mesure qu'elle déroule la longue liste de ses épreuves. Les sentiments reviennent, dans le fond de ses yeux, et ses lèvres frémissent légèrement. « Pas toi qui a été réduit à l'état d'esclave, mené à la baguette par une sorcière capricieuse et méchante » Un éclat violent passe dans ses prunelles. « Tu ne portes qu'une cicatrice Harry, c'est ton fardeau et je n'essaye pas de te dire ce qu'il faut faire ou non contre Tu-sais-qui. Alors laisse moi décider de ce que je dois faire de mes cicatrices. » A bout de souffle, Ginny réalise que la colère l'a submergée et que ses sourcils se sont froncés. Les mots sont venus si facilement, si rapidement, qu'elle en reste un instant étourdie. Elle vacille, et lève une main pour se masser l'arrête du nez entre les deux yeux. Elle a du mal à réaliser ses propos, emportée par le ressentiment et la colère. Elle ose prétendre que Harry n'a pas souffert, mais elle demeure viscéralement persuadée du contraire. Elle ne cherche au fond qu'une chose : le faire réagir. Qu'il lui montre que, malgré la souffrance, il est encore capable de la soutenir.
   
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ginny & harry

S’il pouvait, il mettrait le monde sur pause. Irait sur une montagne. Crierait à s’en arracher les cordes vocales capricieuses. Écrabouillerait son cœur dans la hargne. Mais non. Il n’y a rien pas de facilité, pas de tranquillité. Il n’y a que lui et son fardeau. Les naseaux vibrant, les yeux hagards. Sa vie se dessine de l’encre viciée du fiasco. Harry a la guigne. Traîne la Mort comme meilleure amie. Se drape de Fantômes et se cache derrière les barrières. Joue de sourires factices pour tromper la foule. Il égare le sommeil et se pique de l’insomnie dans les veines. Ne se rappelle même plus de l’effet qu’a un oreiller sous sa joue. Mais se rappelle quand même de la douceur des cheveux de Ginny. Son esprit est complètement brouillé. Sa mémoire se mélange et dérange. Crée des vertiges, traîne dans les vestiges. Il carbure à la rage. De celle qui vrille tout, qui vous transforme en substitut humain. En carcasse mécanique sans âme. Vide. Voldemort doit mourir. Il n’y a que ça dans sa tête. Il n’y a que cette détermination. Cette foutue guerre. Elle qui a détruit Ginny. Il porte vraiment malchance. Mais garde la tête haute, durcit les traits de son visage. Personne ne doit voir qu’à l’intérieur, il se soucie. De tout, absolument de tout. Beaucoup trop. Se faire du souci au point de rejeter le sommeil. Se faire du souci au point d’afficher une mine crayeuse et des yeux injectés de rouge. Le souci, l’inquiétude, le rouge – ils seront tous couverts de rouge s’il n’agit pas. Alors il ancre ses yeux dans les rétines de Ginny. Cherche à voir sa fureur. A Savoir si ses mots l’ont réveillée. Percutée de plein fouet. S’ils ont trouvé la bête, la lionne, en cage, en flamme. « Tu ne peux pas dire ça ! » Il sourirait presque, d’un sourire dément, s’il n’était pas aussi fatigué de travailler les muscles de son visage. « Je t'interdis de dire ça ! » Alors il l’observe. Grave sa fureur sur ses cornées. Grave ces nouvelles images dans sa mémoire erronée. Elle est belle, Ginny. Quand elle crie, quand elle frappe, quand elle gueule des mots qui font outrage. « Je ne suis pas ta charge ! » Il la voit faiblir, diminuer, trembler. C’est la nouvelle Ginny, un peu brisée, un peu déboussolée. Mais toujours aussi belle. « Tu dis non, tu prétends que je suis faible. »

Il a le cœur qui se serre, il a la bile qui remonte, le dégoût de lui-même, le dégoût d’avoir insinué qu’elle était faible. Mais il refuse d’accepter, refuse de l’envoyer à l’abattoir – pas elle, non surtout pas Ginny. « Je suis prête. Ce n'est pas à toi, à Ron ou aux autres de décider pour moi. Rester ici à tourner en rond me rend folle ! » C’est un cancer, une gangrène, une sale maladie qu’est cette guerre. Qui les change, les réduit à l’état de misère et les couvre de poussière. Que quelques années qu’ils pataugent dans la saleté. Que quelques années et l’impression de lutter depuis des décennies. C’est stérile, sans issue, sans trêve, sans victoire. Il serait tellement facile de tout plaquer et de rendre les armes, d’offrir son âme. Mais Dumbledore ne l’a pas élevé de cette façon, Dumbledore n’a pas fait de lui un lâche. Dumbledore n’a cessé de lui ouvrir les yeux sur l’amour. L’amour, l’amour, l’amour. Il en a tellement que c’en est suffocant. Le geste, sur sa cape, le rend vulnérable. Le geste est presque éphémère, c’est à peine s’il l’a senti. Mais son regard s’est baissé, glissé jusqu’aux doigts de Ginny, ceux qu’il a attrapés tant de nombreuses fois entre les siens. « Je n'ai pas peur du danger Harry. Tu dois me laisser partir. » Il aimerait secouer la tête, réfuter cette responsabilité dont elle en prend la charge. Il aimerait lui crier que ça a toujours été sa responsabilité, sa culpabilité. Qu’il est le seul à porter son fardeau, à se trimballer jusqu’à la toute dernière bataille et se laisser crever. C’est sa vie, son existence, elle n’en vaut pas grand-chose. Mais celle de Ginny, en revanche, vaut tout l’or du monde. Il ne veut pas qu’elle souffre, qu’elle porte sa culpabilité, qu’elle se laisse gangrener par les pensées morbides. Les doigts le quittent, le geste laisse pourtant une trace sur son passage. « Tu n'as aucune raison valable pour m'enfermer ici. » Et elle a raison. Il détourne cette fois-ci les yeux, les baissant jusqu’à regarder ses pieds. « Je ne t'ai jamais demandé de veiller sur moi, ce par quoi je suis passée, ce n'est pas ta croix. Ce n'est pas toi qui a enduré Azkaban, pas toi qui a vu tes amis mourir de faim, de froid, de folie ou d'un mélange des trois. » Ces mots-là ricochent en lui, touchent son cœur, trouent son âme. C’est une chose de les entendre dans la bouche de quelqu’un d’autre, c’en est une autre lorsque Ginny les crache. « Pas toi qui a été réduit à l'état d'esclave, mené à la baguette par une sorcière capricieuse et méchante. » D’autres mots viennent s’ajouter aux autres, il aimerait les rejeter, se boucher les oreilles et fuir ailleurs, loin de tout, loin du monde. Mais la réalité le cloue sur place, le cloue face à Ginny, elle qui débite des mots qui s’emmêlent mais qu’il démêle. « Tu ne portes qu'une cicatrice Harry, c'est ton fardeau et je n'essaye pas de te dire ce qu'il faut faire ou non contre Tu-sais-qui. Alors laisse moi décider de ce que je dois faire de mes cicatrices. » Son regard remonte, à mesure qu’elle avoue ses maux, qu’elle lâche ses mots. Ses rétines la fixent, yeux dans les yeux, le temps s’arrête, le silence s’éternise. Il ne saurait dire combien de temps il reste là, à la regarder dans le blanc des yeux. À compter les secondes qu’il faudra à sa résistance de lâcher. Et puis, d’un coup, il rompt le contact visuel. Tourne le dos. Un pas, puis un autre, rapidement, il arrive à sa tente. Il s’engouffre, bouscule les montagnes d’objets et de vêtements. Il en sort un sac-à-dos et une carte confectionnée par Emily, deux capes qui résistent aux fouets rigoureux de l’hiver. Il quitte la tente une dizaine de minutes plus tard, avance droit vers Ginny avant de changer d’avis. « D'accord. » Le sac sur son dos, les capes sur ses épaules, il place une main sur la hanche de la rouquine et une autre sur sa nuque et ils transplantent. Atterrissent dans une caverne qu’il éclaire à l’aide de sa baguette. En se tournant vers Ginny, il lui tend une des capes. « C’est ce que tu voulais, non ? Aller en mission ? Huh, si tu veux te rétracter, c’est le moment. » Tout en évitant de spécifier que la caverne a été nettoyée par les Insurgés au préalable et qu’il n’y a pas de danger. Du moins, c’est ce qu’il espère.
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Les mots se sont échappés. Aucun d'entre eux n'est anodin, mais reflète la réalité que Ginny a enduré. Et ses pensées les plus amères l'obligent à la revivre chaque jour. Aurait-elle été moins tranchante si Harry avait accepté plus tôt la confrontation ? La rouquine se sait injuste. Il est passé par son lot de misère et de douleur, doit-il  réellement subir les siennes ? Le flot des mots passé, le doute l'assaille. Ginny a pourtant triomphé de la première épreuve. Parler à Harry, lui faire comprendre son besoin d'agir. Son esprit se disloque, engourdi. Elle se demande où elle a puisé la force de livrer sa pensée. Elle n'a pas le sentiment d'avoir la même facilité à parler aux autres. Ils ne peuvent pas comprendre. Il n'y a pas cette entaille dans leurs yeux. Leur âme ne lutte pas contre les démons avec lesquels Ginny a noué des liens. Étroits et sournois. Sa peine n'appartient qu'à elle, la gravité et la fragilité qui accompagne dans un dilemme séditieux chacun de ses mots, cette souffrance sourde qui s'insinue en elle, grignote sa chair, fragmente son âme. Ces émotions lui sont propres, et elle ne peut les dévoiler à personne. Ils ne comprendraient pas, commenceraient à la craindre, se défier d'elle, fuir sa présence.

Ces préoccupations en tête, ses yeux commencent à se piquer d'une onde fugace. Elle vacille, et sent qu'elle va se perdre. Elle s'accroche à ces yeux, ce regard qui s'est figé sur elle, impénétrable. Alors elle la voit, l'entaille, qui déchire le fond des prunelles brunes de Harry. Ce n'est qu'une ombre, profonde et silencieuse, dissimulée à ceux qui ne peuvent en comprendre le sens. Elle souhaitait faire réagir l'Elu, et son silence pesant aurait du la voir faiblir. Mais ce silence, elle ne le mesure pas. Elle ne voit que la douleur, enfouie, et pourrait presque se réjouir de sa trouvaille. Mais ses lèvres ont oublié leur expérience du sourire. Seule une lueur danse dans ses ovales pâles, et les font subitement briller. A l'image d'un secret, la lueur s'évapore, et ne laisse plus qu'une certitude dans l'esprit de la rousse. Les mots viennent, cohérents et fluides, parce qu'il peut les recevoir, les déchiffrer et les comprendre. Doit-elle se soucier de la douleur ? Elle ne songe même pas à l'impact qu'ils peuvent avoir sur lui. Une fois compris, ses mots seront intégrés. Mais en aucun cas, elle ne souhaite pointer du doigt cet homme, cet enfant qui a grandit trop vite, dans l'enfer et la guerre.

Puis, soudain, il fait volte face, lui tourne le dos. Sa gorge se noue, et ses poumons se verrouillent. Les battements de son cœur doivent-ils s'arrêter également ? A nouveau, elle sent son regard piqué par la détresse. Le picotement est léger, elle tente de le chasser, rejetant en arrière sa chevelure éphémère dans un mouvement revêche. Elle ne veut pas être abandonnée, pas encore. Pas par lui. A t'elle demandé ... trop ? Doit-elle avoir trouvé une âme capable de percevoir son agonie pour la perdre l'instant d'après ?

Interdite et muette, Ginny ne peut esquisser le moindre mouvement. Son regard s'arrête sur la tente dans laquelle s'est engouffré Harry. Son cœur meurtri se brise à ce contact, et la vision de Harry qui lui tourne le dos joue en boucle sous ses paupières à chaque fois qu'elle cligne des yeux.

Sa poitrine se soulève lorsqu'il ressurgit. Elle relève le menton, s’apercevant alors qu'elle s'est légèrement affaissée face à la fuite présumée du sorcier. Elle redresse les épaules et ne le quitte pas des yeux alors qu'il revient vers elle. « D'accord. » Il est désormais posté face à elle, et Ginny peine à réaliser le sens de ce simple mot. Triste constat, elle prend conscience qu'elle ne s'est pas préparée à obtenir gain de cause. Pas aussi rapidement. Surprise, elle ne peut dire un mot. Et l'une des mains de Harry se fixe alors sur sa hanche. Son visage se fige et ses muscles se crispent.  L'autre main vient se poser dans sa nuque. Ses lèvres entrouvertes laissent échapper un souffle fébrile, alors qu'un frisson ricoche sur sa peau. Et ils transplanent.

Sans se soucier immédiatement du lieu où ils ont atterri, Ginny s'écarte, d'un bond en arrière. Elle ne peut soutenir un contact de ce type. Elle n'en a pas la force et le courage lui fait défaut. Dans le noir et le silence du lieu inconnu où ils ont débouché, Ginny cherche à rassembler ses esprits. Sa respiration est saccadée. Un contact fugace avec Harry, et le souffle lui manque. Sans s'en soucier, il a saisi son cœur dans sa paume et a fait pression dessus. Sa cage thoracique ne pouvait plus se soulever correctement. Elle baisse la tête et ferme les yeux. Expire une fois de plus. Et la lumière qui provient soudain de la baguette de Harry la trouve le visage à nouveau levé et fermé. Elle ne doit pas montrer sa gêne, sa faiblesse. Ginny ne doit lui laisser aucune occasion de revenir sur son accord, de la ramener au campement. « C’est ce que tu voulais, non ? Aller en mission ? Huh, si tu veux te rétracter, c’est le moment. » C'est comme s'il lisait dans ses pensées. Ses lèvres se crispent dans un rictus contrarié, et elle saisit la cape qu'il lui tend. « Non. » consent-elle simplement à répondre en enfilant le tissu sur ses épaules.

Elle détache son regard irrité de Harry et le promène sur les alentours éclairés par la baguette du sorcier. Ils se trouvent dans une caverne à l'allure banale. Mais Ginny n'est pas assez confiante pour imaginer que le leader des nocturnes l'a mené ici sans idée derrière la tête. Elle scrute les environs, et commence à avancer, prudente. Elle ne se tourne pas vers Harry, elle n'a pas besoin de l'aviser pour savoir qu'il la suit. Elle sent son regard sur sa nuque, son ombre derrière elle. Il attend son premier faux pas, se prépare à la voir échouer. Mais Ginny n'est pas prête à lui faire ce plaisir. Pas prête pour le naufrage. Elle n'a peut-être pas la force d'avancer seule, mais elle est encore moins capable de reculer.

Elle extirpe sa baguette de la poche intérieure de sa veste et la lève devant elle alors qu'une lumière vive se déclare à son extrémité.  Ginny plisse les yeux, tente de percevoir les ennuis avant qu'ils ne lui tombent dessus. Et soudain, sans crier gare, elle s'arrête. C'est au delà de l’ouïe, de la vue ou même de la magie, c'est une intuition. Un sixième sens qu'elle a développé à force de se préparer aux tourments. « Nous ne sommes pas seuls. » Elle jette un coup d’œil derrière elle, et ne peut comprendre la surprise qui saisit Harry. A ses yeux à elle, c'est un test. Mais elle croit connaître Harry, croit savoir qu'il ne la mettra pas volontairement en danger pour marquer un point. Elle reporte son attention devant elle, juste à temps pour voir la clarté distinctive d'un sort qui jaillit des ténèbres. La rouquine n'est plus aussi réactive qu'avant, elle a perdu le réflexe du recours à la baguette, à force d'en avoir été privée. Un seul impératif la guide, et son instinct la pousse à se jeter dans la direction du sort. Le dévier de sa trajectoire, c'est tout ce qu'elle a dans le crâne. Retrouver un sort de protection efficace dans les méandres de son esprit engourdi lui prendrait trop de temps. C'est maintenant qu'elle doit faire preuve de courage. Et d'un brin de témérité.

Ginny prend le sortilège de plein fouet. Il lui arrache un grognement, et elle se penche par réflexe pour poser les mains sur sa cuisse, victime du maléfice. Le tissu de son slim noir a été brûlé et sa chair mise à vif. Ginny grimace, puis relève rapidement la tête. Elle ne cherche pas à percevoir leur assaillant, mais se tourne vers Harry et lui attrape le bras pour l'attirer à sa suite vers une alcôve taillée dans la roche. La déformation rocheuse devrait les maintenir en sécurité un instant. Elle relâche le sorcier à ses côtés et son regard tombe dans le sien. Il est si près. Elle ne parvient pas à calmer immédiatement sa respiration agitée. Quelques mèches se sont échappées de la coiffure qui maintient sa chevelure en arrière, lui donnant une allure sauvage. Elle glisse un regard sur la blessure sur sa cuisse et grimace à nouveau. Elle devrait souffrir davantage, mais Ginny a connu des  morsures plus vicieuses. Elle arrache un morceau de sa cape, et entreprend d'appliquer un bandage sur sa plaie. Privée de magie, réduite au cachot, la cadette Weasley a du apprendre à composer avec le peu de ressources qu'elle possédait. Et les habitudes de cette demi-vie s'accrochent à elle, la hantent et l’obsèdent. Au point qu'elle craint de ne jamais retrouver les repères associés à la liberté. Ses doigts s'écorchent sur le bandage qu'elle tente furieusement de réaliser. Un souffle plus lourd lui échappe alors que sa poitrine se serre. Elle fronce les sourcils et s'agite. « Je peux y arriver, Harry. » Elle ne parle pas du bandage, mais tout se brouille dans sa tête. Passé, présent et futur ne font plus qu'un. « Je n'ai pas perdu ma valeur. » Sa voix se brise, trébuche et se relève péniblement. Elle répète : « Je n'ai pas perdu ma valeur, Harry. »
   
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