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sometimes I think that it's better  to never ask why
Where there is desire
There is gonna be a flame
(play)

Tu trembles tellement, stupidement, lentement.

Tu espères n'être pas trop laid pour lui. Tu espères être rien qu'un peu aimer. Et le cœur s'éventre, s'ébranle, t'étrangle. Et tu le désires plus fort, assumant tous les tords. La passion te mord, serpent sensuel & cruel s'éclatant à même tes reins. Les baisers courent, les lèvres s'accrochent doucement, lentement. Sa tendresse est là, sous le froid, tout contre toi. Elle t'échauffe, te réchauffe. Et il suit sa course de ses lèvres ravageuses, tueuses. Le baiser dans ton cou te fait hoqueter, écarquiller les yeux. Et tu le laisses dévaler ton torse, embrasser, aimer le mot ignoble à même ton cœur en cavale, en saccade. Et tu le laisses te dire qu'il ne faut plus avoir peur, d'un baiser appuyé, enflammé.

Tu n'as plus peur.
Tu n'auras plus jamais peur.

Et puis, il chasse les maux sur ta poitrine, sur ton ventre, ta hanche d'une myriade de tendresse, de délicatesse. Il te dit la beauté, la normalité. Maladroitement, tu te sens aimé, désiré. Tu te laisses apprivoisé, touché, apaisé. Ses cheveux caressent ta peau, son souffle se réfugie sur ton nombril. Tu frémis un peu, doucement, tendrement. Les mains s'égarent dans les cheveux, les boucles retombent devant tes yeux. Et tu t'attardes dans des gestes lents, apaisants. Si il se soumet, tu lui promet une douceur éternelle dans tes caresses. Tu lui promets de toujours le protéger, l'aimer. Et tu ne résistes pas à l'audace de poser un baiser sur sa nuque, de t'égarer dans ses cheveux. Il sent l'amour & un parfum de toujours.

« Il faut que tu comprrrrennes quelque chose...Dorian. » Tu l'interroges de tes yeux, dans un mouvement de ta tête.Tu souris au prénom parfaitement formulé, pressé à même ses lèvres. Tu es conscient de ses efforts, conscient de tes tords. Et les caresses sur ta taille (trop) fine te fait gesticuler, t'agiter, un peu gêné, un peu dépassé par tes propres émotions. « La beauté physique...est une invention. C'est une convention, rrrien de plus. Quand bien même serrrrais-tu "laid" selon cette convention, je n'ai pas à lui obéirrrr. Quand bien même...parrrrrce que tu n'es pas laid Dorrrrian. La seule laideurrr que je vois ici, c'est celle de la perrrrsonne qui t'as infligé ces choses. Toi...tu es beau. Tu es poétique. Tu touches mon coeurrr. Et c'est la seule beauté qui imporrrrte dans ce monde de menteurrrs » Pour lui, tu es beau. Pour lui, tes entailles ne sont rien de laids. Pour lui, tu es aimé, sincèrement chéri, sans cesse adoré. Tu réalises que sur le bord de tes doigts, il t'appartient comme tu lui appartiens. Cette soirée vous a offert une rencontre, le coup de foudre & les désirs à foison, au bord de la déraison. Il y a là le destin dans ses yeux anthracites. Et tu ne vas pas lutter. Tu ne vas plus lutter. C'est promis, juré. Tu vas l'aimer à en crever, à t'en damner. « J'espèrrrre que tu me crrrrois. Parrrrce que moi je ne veux pas te laisser. Si je suis assez, tu es assez. Si je te plaît, tu me plais. Si tu me prrrrotèges, je te prrrotèges. Et si tu as envie de moi...j'ai envie de toi. »  . Il a raison. Il a toujours eu raison. Tu es assez & il est assez. Il te plait & tu lui plais. Vous vous désirez. Vous vous voulez. Et c'est assez. Assez de jouer pour s’abîmer, se bousiller. Assez. Tu veux juste le sentir, le ressentir. Tu veux juste être sien. Pour demain & encore mille lendemains. « Kirill », le prénom est murmuré, pressé contre ses lèvres tremblantes. Tu as tellement raison. J'ai été tellement con. Mais déjà il s'envole sur ton ventre, sur ta peau tendue, fendue d'interdits, de dénis. Et d'un soupir, tu laisses exploser encore son prénom comme une litanie d'amour, de velours. Tu le laisses te conquérir alors qu'il a déjà tout depuis ce premier soir. Il a toujours eu tout. Et tes mains chutent, retracent les mots bloqués, pressés. Tes doigts s'égarent sur sa peau qu'il dévoile. Et il t'offre toute sa confiance sans méfiance. Tes mains le vénèrent, apprend sa mélodie, s'éprend de son cœur. D'un rougissement, tu le laisses te déshabiller, te caresser, vous aimer. Et puis le baiser qui percute & t'allume. Et le baiser qui t'éveille, te réveille. Tu l'attires à toi, au plus près de toi. Tu as froid sans lui. Tellement froid.

« On peut tout arrrrêter. Si les choses vont trrrrop vites, si je te fais peurrrr. On peut tout cesser. Mais saches une chose : si tu te donnes à moi...si tu acceptes d'êtrrrre...pourrr moi...plus qu'un collègue, plus qu'un ami...tu ne serrrras pas un objet. Pas un jouet. Pas un oiseau de passage. Je donnerrrrai peut être trrrrop dès le déparrrrt, mais je donnerrrrai. Je ne peux pas te mentirrrrr. Tu dois savoirrrr dans quoi tu t'engages. J'ai trrrrrop souffferrrrrt de l'indifférrrrence d'amants en manque de sensualité pourrrr me contenter de plaisirrrr. » Tu fais non de la tête. Tout va bien. Tu es bien contre lui. Tu es prêt à l'aimer. Tu es prêt à être aimé. D'un geste, tu rejoins la main sur ta ceinture, caressant les phalanges patientes, bienveillantes. « Je veux plus. Peux tu donner...plus..qu'un corrrrps? Je ne te blâmerrrrai pas si ce n'est pas le cas. », un murmure au bord de tes lèvres.

« Il faut que tu comprennes aussi. », commences-tu doucement, lentement, en posant un baiser à la commissure de ses lèvres. Les mains s'attardent sur la nuque. « Tu es mon premier. », tu baisses les yeux, doucement, lentement en clignant des yeux. Tu enfouis ton nez dans son cou, gêné, touché. « Mon tout premier. ». Leona pourrait être un contre-exemple mais tu ne te souviens de rien. Tu ne te souviens même pas l'avoir embrassé. L'amortencia a bien joué son rôle. « Je n'ai pas … Ma femme … J'aifaitmesenfantssousAmortencia. ». Tu n'as donc jamais été conscient. Tu n'as jamais pu vraiment aimer. « Et on a pas de souvenirs … de ce qu'on fait … sous amortencia. », mortifié, tu dépasses ta gêne dans le tremblement de ta voix. «  Alors … Tuesmonpremier. ». Et ton dernier.

En douceur, tu dégages ton visage devenu rouge pivoine. Il ne sera jamais qu'un corps. Il ne sera jamais de passage. Tu ne veux plus partir & tant pis, pour les cauchemars qui s'agitent dans le noir. Tant pis, pour la décence. Il est plus, tellement plus. « T-Tu n'as jamais été un corps. Tu ne le seras jamais. », affirmes-tu, en embrassant sa gorge, en remontant vers son oreille. « Tu n'es ni un objet, ni un jouet. Tu n'as jamais été un jeu. ». Ton cœur bat trop vite, et ta passion te brûle, t'embrume. « Je ne vais jamais te mentir, te trahir. », tu promets. «  Ce sera juste toi, & toi seul. ». Tu fermes les yeux & le sourire s'agrandit. « Tu comprends ? Je suis à toi, seulement à toi, juste à toi. Pour aujourd'hui, demain & encore demain. Pas juste mon corps, moi en entier. ». Il t'a entre ses mains, entre ses doigts.

Et lentement, tu défais ta ceinture, laissant le pantalon tomber au sol, dévoilant tes jambes maigres. Tu l'approches, le rapproches dans un baiser, dans un besoin de lui, dans un murmure ; « Alors, aime-moi. »

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Le docteur avait menti.
Il avait menti, ce sale corbeau de mauvaise augure paré de robes de sorcier hors de prix, avec son titre, ses tests.
"Cet enfant ne ressent rien"
Il avait menti. Parce que Kirill avait été insolent avec lui en lui expliquant la vanité de croire pouvoir sauver toute l'espèce humaine quand la mort accidentelle était son seul moyen de régulation. Parce que l'enfant l'avait contredit en le regardant dans les yeux. Il avait menti pour le briser.
Mais il avait menti.
Parce qu'alors que Dorian souffle des mots à son oreille, Kirill ressent presque trop de choses pour son coeur peu habitué aux déferlements d'émotions. Il semble que Dorian joue avec les cordes de son âme comme avec celles d'un violon mais que plutôt que de les pincer, il les tranche, envoyant valser la précieuse chorégraphie, la magnifique partition que Kirill construit depuis des années.
Ce n'est pas de la destruction pourtant. Wilde, lui avait brûlé la partition, saccagé les cuivres, brisé l'ivoire du piano. Dorian ne fait que désaccorder le premier violon,instrument sacré et méthodique entre tous, que le repousser, le rendre inapte à jouer pour donner enfin, enfin à tous les autres instruments leur chance d'avoir un précieux moment de solo.
Le tambour du coeur.
Les notes fluides de la tendresses, jouées comme par une flûte.
Les arpèges cristallins de la harpe prête à toutes les merveilles, à toutes les découvertes, à tous les partages de rêves et d'amour.
Les tons chauds de la contrebasse.
La beauté enfin du piano en arrière plan.
Dorian laisse Kirill exploser en une symphonie, lui que l'on croît être un austère instrument venu de l'Est et pleurant une neige perdue, un froid purificateur.

Kirill ferme les yeux, l'enlace alors que Dorian se débarasse de son pantalon, puis de ses chaussures et de tout le reste, montre comprise. Tout, sauf le plus essentiel, le seul rempart de sa pudeur. Kirill, lui est encore presque totalement habillé, seule lui manque la chemise désormais tâchée de sang. Murano, patient observateur de la scène, s'enroule autour de son ventre et darde son oeil clair sur Dorian. Il se tient tranquille. Il a promis à son terrestre aux cheveux blancs de se tenir tranquille. Il a des marques l'autre terrestre. Sa peau sans écaille et lisse est balafrée comme par un animal mais quel animal fait ça?
c'est l'homme. C'est toujours l'homme.
Heureusement, son terrestre à lui n'est pas comme ça. Plus libre que ses semblables, moins emporté par ses rages et ses démons. Murano aime à penser que ça le rend très différent, que ça le rend plus parfait, même si plus froid. Et pourtant là, il a chaud, c'est à n'y rien comprendre du tout.

Kirill s'approche, prend le visage de Dorian entre ses mains et lui donne un baiser, long, langoureux, rassurant.Il murmure d'une voix à peine audible:

-Merci...

Puis, dans un geste souple, il l'entraîne vers le canapé, celui qui près de son fauteil favori, tourne le dos à la cheminée et reste ainsi perpétuellement chaud. Il allonge dorian sur la surface moelleuse et confortable, passe une main dans ses boucles, le cherche du regard pour voir si tout va bien. Il est son premier. Son tout premier. Il ne peut pas l'oublier et il ne doit pas se louper. D'un geste de baguette, la porte est vérouillée. D'un autre, la musique se met en route sur le gramophone, diffusant un vieux morceau rappelant ceux de ce compositeur moldu, à tord négligé : Debussy.
Puis, il s'allonge contre dorian, leurs visages au même niveau, se débarassant lui aussi de ses effets personnels jusqu'à ce qu'ils soient peau contre peau. Kirill n'a pas autant de cicatrices, mais il en a tout de même, souvenirs de ses années à Koldo ou de certaines expérimentations dangereuses. Une marque de griffes sur sa hanche notamment, est bien visible : attraper une baba Yaga ne s'est jamais fait sans y laisser un peu de chair.
Pourtant il n'a pas honte. Il est ainsi. Pâle, presque uniformément blanc et argenté mais chaud sous la glace et solide contre la tempête.
Lentement, il l'embrasse de nouveau, cherchant la dernière pièce de tissu portée par Dorian du bout des doigts, la retirant lentement. Le sentant se tendre, il s'interrompt.

-Nous avons tout notrrre temps...tu peux dirrre non...je ne te forrcerrrai à rien...


Tout cela est si dur pour l'un comme pour l'autre. La confiance. Le don de soi sans méfiance ou crocs, sans babines retroussées et griffes sorties, sans armes, sans haine, sans larmes. Mais ils peuvent y arriver. Il faut juste...juste...qu'ils s'aident l'un l'autre.

-Attends...je vais essayer quelque chose...

Sans un autre mot, il l'embrasse, puis laisse descendre ses lèvres, de plus en plus bas, jusqu'à atteindre un endroit dont visiblement, personne n'a eu l'accès hormis lui et une femme que Dorian n'a jamais aimé. Il ferme les yeux, laisse ses pensées dériver lentement et glisse ses mains contre celles de son amant, sa bouche et ses instincts désormais affutés en la matière, faisant le reste.

-Est ce que tu aimes?

La question est sincère, presque enfantine. Il veut savoir comment le détendre, comment lui faire plaisir. Ceux qui ignorent les préliminaires sont les affamés que l'amour a failli déserter ou ceux pour qui l'affection n'importe que peu. Kirill n'est pas de ceux là. Pas à ce moment. Il dépose un baiser contre la chair et souffle légèrement, son pouce décrivant des cercles lents contre la paume de Dorian.

-Tu peux me dirrre ce que te plaît ou pas...bien aimer, c'est écouter.

Derrière ses mèches argentées, qui paraissent plus longues une fois décoiffées, ses yeux scintillent de leur éclat polaire, presque cryogénique, mais il n'y a dans ce regard de prédateur par le moindre attrait du sang. Juste une tendresse. Comme un loup couché sur le dos. Comme un tigre albinos au repos. Il attends. Il protège. Il aime.

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Where there is desire
There is gonna be a flame
(play)

Les lèvres s'entrouvrent, tremblantes, fuyantes, à la recherche des siennes. Il a la tendresse qui danse sur la langue, virevoltant en myriade de caresses. Il paresse de sa bouche à la tienne, traînant en délicatesse tout contre toi. Et tu veux juste le tenir, le retenir. Tu veux juste lui appartenir. Tu veux juste guérir, vous guérir. De tes doigts qui tracent & retracent les muscles saillants, détaillant une cicatrice, échouant dans la chute de ses reins, tu sais les blessures, les déchirures. Tu sais les horreurs, les douleurs. Tu sais que vous vous ressemblez, vous vous assemblez. Tu veux juste l'aimer, l'adorer comme il mérite d'être aimé, adoré.

« Merci... » , un murmure au creux de ton oreille. Merci ? Un sourire fleurit sur tes lèvres, sur tes rêves. Ta main se décale, ébouriffant les cheveux blonds, semant le bazar alors que tu cales ton nez dans son cou. Tu inspires, respires son odeur. Le parfum masculin s'entrelace à l'éclat de ses yeux de givre. Il a des hivers au bord des yeux alors que ses doigts tracent les flammes d'un soleil ardent, brûlant sur ton épiderme. Il jette des « je t'aime » dans le creux de chaque merci. Il jette de la tendresse sur chaque geste. Et tu comprends son merci, mais tu ne peux t'empêcher de souffler ; « Non. Merci à toi. ». D'être toi. De bien vouloir de moi.

Car il faut être un peu fou pour te désirer.
Pour t'aimer.

Un hoquet de surprise alors que tu te cèdes le bureau pour une surface moelleuse & duveteuse. En clignant des yeux, tu observes le canapé alors que la porte se referme dans un cliquetis. « I-Il ne faudrait pas que Madelyn entre. », du bout du doigt, tu t'approches de Murano, esquissant les courbes de l'animal dans un sourire joueur, d'amuseur. Et puis tu te mords la lèvre, la plaisanterie est mauvaise. Tu pianotes sur sa peau sentant le désir te nouer le ventre ainsi que la timidité. Alors tu gesticules, te désarticules sous lui, mal à l'aise. « P-Pardon … Je ne devrais pas. ». Tu devrais savoir, non ? Tu n'es pas vraiment, pas tellement doué pour ça. Tu ne devrais pas t'y essayer, tu ne fais que t'y brûler, que t'y égarer. Et déjà la musique t'enveloppe, vous enveloppe, cocon de chaleur & de pudeur. Les yeux se ferment, et tu te laisses bercer, enivrer. Tu es bien, tout va bien. « J'aime bien ça. Le bleu réapparaît doux, apaisé, calmé. Tu as bons goûts après tout. Un sourire ravageur, charmeur. Peut-être que tu as aussi bon goût en matière d'homme. ». L'humour titille ta langue, la taquine sensuellement. Et tu n'as pas honte pour une fois, pour cette unique fois.

Le cœur tambourine, s’abîme contre tes côtes, sonnant, trébuchant contre le sien. Il cherche à s'échapper à fusionner avec le sien, à être sien. Peau contre peau, tu le cherches un peu, couvrant & découvrant son corps avec plus d'appétit que tu ne t'en es jamais connu. Et tu admires du bout des doigts, traçant son dos, comptant les grains de beauté qui lui trace un chemin étoilé jusque dans le cou où tu peux poser tes lèvres, tes rêves. Les drames se sont tus, la douleur n'existe plus. Il n'y a plus que lui, vos respirations un peu saccadées, ébréchées. Il n'y a plus que la mélodie douce, émoussée de vos cœurs. « Tu es beau. C'est à peine un murmure qui t'échappe, dérape. Tellement beau. ». Tu rougis doucement, tendrement.

Puis, ses lèvres rejoignent les tiennes, écrasant ta honte, tes excuses. Dans un gémissement, tu sens glisser le dernier rempart, le laissant se suicider sur le sol. « Nous avons tout notrrre temps...tu peux dirrre non...je ne te forrcerrrai à rien... Tu t'es tendu sous ses doigts et déjà, tu caches ton visage brûlant. J-Je suis désolé … Je n'ai pas l'h-l'habitude. Tout est tellement nouveau, dérangeant & pourtant si plaisant. Tu aimes les frissons qu'il provoque, qui te disloquent. Tu aimes la morsure de sa peau contre la tienne. Tu adores sa tendresse, sa délicatesse. Tu n'as pas peur. Tu n'as jamais eu peur entre ses doigts. Attends...je vais essayer quelque chose... J-Je … Et ses lèvres rejoignent les tiennes dans un frémissement, dans un gémissement & tu t'accroches à lui, doucement, tendrement. Tu soupires à ses baisers, t'agitant comme brûlé, attisé, attiré. Et tu le vois descendre de plus en plus bas, trop bas. P-Pas ici, couines-tu. De honte en gêne, tu le vois te caresser dans un gémissement. Tu le vois te frôler, te caresser. Et tu bouges les jambes intimidés, empêtré dans ta timidité, et pourtant, tu désires ça, tu veux ça. Et tu soupires, reposant la tête sur le divan. Tu te sens partir, gémir, les mains sur tes yeux. Tu ne veux pas voir. Tu ne veux pas te voir. Tu ne veux plus te voir. Ki-Kirill … Est ce que tu aimes?  Et tu te raidis, entrouvrant les doigts pour le voir. Les pupilles sont dilatés, les cils ont chassés les fantasmes. J-Je … Un silence. Est-ce que tu aimes ? Oui, tu aimes ses baisers là, sa langue qui glisse, s'immisce, t'épuise. Et tu sens ton cœur s'abrutir, se réduire. Je crois que … oui. ». Mon dieu, tu es tellement rouge. Et tu sens la fièvre te brûler le cœur, écraser tes peurs. « Qu'est-ce que tu me fais ? », un soupire amouraché, arraché de ta poitrine. «  … C'est bon. », tu es tiré d'une sincérité innocente, touchante. Et tu ne sais pas si tu fais bien, si c'est assez ou si tu devrais te taire. Et pourtant, tu ne veux plus te taire.

« Tu peux me dirrre ce que te plaît ou pas...bien aimer, c'est écouter. Et tu te redresses doucement, tendrement, laissant tes boucles brunes tomber en un désordre douloureux, fameux. Doucement, tu le dresses contre toi dans un soupire. Je veux t'embrasser. Tu frôles ses lèvres du bout de tes doigts, d'un morceau de toi. Le monde pourrait s'écrouler, s'effondrer, tu n'en aurais rien à faire. Je vais t'embrasser. Et tu jettes la timidité aux enfers, pressant ses lèvres aux tiennes. Le baiser doux n'a que faire de ta pudeur, il jongle de la pointe de ta langue timorée qui ose le séduire, le ressentir. Et tu l'approches un peu plus, toujours plus, papillon léger, abîmé, ne souhaitant que le chérir, l'adorer. Un autre soupire & tu recouvres son visage de baisers légers & puis son cou. Et enfin, tu viens lui mordiller l'oreille, osant glisser ta main sur ses abdos. Tu n'es sûr de rien en tremblant. Tu ne sais pas bien y faire. Tu ne sais rien faire. Plus bas, tu l'attises, le cultives doucement, tendrement, timidement. Tu es beau. Tellement beau. ». Encore ses mots dont tu ne te lasses pas, dont tu ne peux pas te lasser.

« Moi aussi. Je veux aussi … te faire plaisir. », toi aussi, tu veux le toucher, l'apprivoiser. Toi aussi, tu veux le voir défaillir, faillir. Tu veux te faire un peu voleur, un peu menteur en le frôlant, en l'apprivoisant, en sentant les mots s'éclater sur ta langue. Et tu la mêles à la sienne en sentant les coeurs trébucher, s'éventrer contre tes côtes. Tu veux l'aimer. Tu veux qu'il se sente aimé. Tu sais le pli des souffrances qui s’ébrèchent sur ses yeux. Prince polaire aux milliers d'univers, Kirill n'a jamais été de ses songes faciles, futiles. Il a les blessures accrochés aux côtes. Elles le tuent à chaque respiration, à chaque inspiration. Et tu veux juste les effacer dans vos instants volés, dérobés. Tu veux juste lui montrer comme tu peux l'aimer, l'adorer, lui, tout entier.

De baisers en baisers, tu picores son oreille d'une douce morsure, d'une lente usure. Tu veux juste un peu soigner, combler ses blessures. « Je veux juste te rendre heureux. ». Ta main s'agite, lui tire des soupirs. Et peut-être même un peu amoureux.
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«Tu es beau. Tellement beau. »

Qu'est ce que tu fais?
Mais qu'est ce que tu fais?
Tu as déjà entendu ça.
On t'a déjà dit ça.
Tu n'apprends donc rien?!


Il a les pensées en désordre, lui qui est d'ordinaire aussi organisé que les laboratoires où il passe sa vie, et il ressent de la chaleur, lui qui se complaît dans le froid.

Il faut que Dorian le touche à son tour pour que les pensées se mettent à cascader de manière incontrôlable et qu'il ressente l'insupportable aiguillon de l'expérience, des passions allumées puis éteinte d'un mouvement cruel de la main. Il s'est jeté à corps perdu dans cette attirance qu'il ne peut pas quantifier, comprendre ou analyser, cette sorte de désir viscéral et cet instinct de protection animal. Cette envie de rester devant Dorian Selwyn comme un grand chat protégeant un minuscule chiot. Soudain, alors qu'il ressent du plaisir pour la première fois depuis maintenant plusieurs années, c'est le manque de contrôle qui l'effraie et il serre les dents si fort qu'il en a mal à la mâchoire. Le risque commence toujours avec ce qui attire son oeil, le goût de la beauté, il s'insinue avec l'intérêt, et culmine lorsque même son corps si habitué à la rigueur cède à la tentation d'être étreint, et tenu.

C'est déjà arrivé.
Cette scène est déja arrivée.


Il lui faut toute la concentration du monde, à Kirill, au grand prince drapé dans ses certitudes, pour chasser cette pensée venimeuse. Comment a-t-il pu ne pas voir que les échos viendraient le hanter, alors que Dorian reproduit un geste qu'il à déjà senti sous d'autres mains, infiniment moins bienveillantes que les siennes? Il s'en veut soudain d'avoir initié le rapprochement et cet acte qu'il ne peut plus interrompre sans que cela passe pour un rejet. Parce que quelque chose en lui va finir par lâcher et Kirill sait qu'il va se crisper, se tendre, se souvenir et gâcher un instant pourtant si parfait jusqu'à présent. Un instant qu'il a voulu.
Pourquoi cela arrive-t-il maintenant?!

Il laisse échapper un soupir, à la limite du gémissement.

« Je veux juste te rendre heureux. »

Reprends toi.
Reprends toi maintenant.


Il déglutit et s'écarte légèrement, les yeux mi-clos. Ses mains sont demeurées contre Dorian, une preuve qu'il ne brise pas le contact, ni l'échange, ni cette étrange communion. Mais tout est trop fort, la musique est belle mais joue trop fort à ses oreilles, rendant tout autre sous-mélodie inaudible. Il lui faut faire le silence dans son esprit. Doucement, il souffle:

-Parrrdonne moi j'ai juste besoin...d'une seconde. Juste une ou deux. Ne t'en forrrmalise pas s'il te plaît...tu n'es pas la cause de ce qui arrive.

La cause, elle, se complaît ailleurs, dans un fauteuil hors de prix ou dans une salle bien éclairée où les regards étincelles devant la beauté Méditerranéenne, les paroles suaves et l'éclat malin des yeux. Il sait que la cause vit très bien sa vie. Et soudain, il sent ses doigts s'enfoncer dans la peau de Dorian, fort heureusement pas assez pour lui infliger une réelle souffrance. Comment peut il...lui.. vivre si parfaitement l'ignoble mascarade qu'est sa vie lorsque Kirill en est encore - à sa plus grande honte- à ramasser les éclats de verre brisé qu'il a laissé dans son sillage. Comment a-t-il pu le laisser, lui, s'en sortir, au point de devenir un fantôme dans son esprit, un parasite dans sa psychée l'empêchant même de donner une chance à ceux qui selon toute apparence le méritent?

Ce sont des envies de meurtres qui submergent soudain Kirill et qui le font presque suffoquer. Il va tout gâcher, le moment le plus important, il va court-circuiter tout ce que Kirill désire, tout ce dont il a envie et besoin. C'est presque comme un rire dans son oreille, comme un toucher qui se superpose à celui de Dorian et retrace les mêmes chemins en ricanant pour reprendre possession d'un bien. Les pires des enfants préfèrent briser leurs jouets que les laisser à qui que ce soit d'autre et il se sent se fissurer. Il a pris soin de fracturer Kirill du haut de la colonne vertébrale au bassin pour s'assurer que personne après lui ne vienne profiter de ce qu'il a jugé être sien.
Pourquoi est il encore en vie? le tuer est-il seulement la solution?! et la solution à quoi d'ailleurs?! à quoi?!  
à quoi, bon dieu de merde?!

Dis lui.
Fais face à ça.
Dis lui avant qu'il pense qu'il est le cause de ton dégoût et du pli qui barre ton front.


Non c'est impossible. On ne dit pas ce genre de choses. Kirill sait comment supporter la douleur sourde de ce qui ne se dit pas, ne s'avoue pas.

Tu vas le perdre si tu ne parles pas.
Ne laisse pas l'Autre gagner.
Ne le laisse pas te prendre tout ce que tu as.
Tu le tueras plus tard.
Pour l'instant, tu dois aimer.


Il le lâche, se passe les mains sur le visage. S'il ne parle pas, il ne sera plus jamais capable de le toucher, plus jamais capable de s'ouvrir, d'aborder même la périphérie de ce sujet qu'il garde enfoui sous des couches sédimentaires de déni et de théorisation, quand tout est pourtant si simple.

-Dorrrian pouvons nous fairrre...une pause? je sais qu'il est...inconvenant de le demander quand j'ai...commencé cet échange mais je ne peux pas aller plus loin si je ne te mets pas en garrrrde. Ce n'est pas ton toucher qui me hérrrisse c'est...

Et la voilà partie la belle éloquence russe maîtrisée depuis l'enfance, ça fait peine à voir. Kirill inspire et s'assied sur le canapé en face de Dorian, leurs jambes entremêlées et leurs corps toujours si proches, leurs visages si proches que l'un peut distinguer tous les détails de celui de l'autre. C'est toujours une posture intime, impossible à confondre, cet entremêlement spécifique aux amants, mais Kirill ne peut franchir le pas. Il faut qu'il le dise. Pourquoi n'arrive-t-il pas à se l'avouer?
Parce que c'est honteux.
Parce que c'est le signe qu'il a failli.
Qu'il a cédé.
Qu'il n'est pas à moitié aussi digne que le monde le pense.
Le comble de l'humiliation pour une personne comme lui.
Mais il ouvre la bouche, sa main paressant sur la hanche de Dorian, l'autre cherchant du réconfort dans ses boucles brunes, douces au toucher et dégageant une odeur de pomme.

-Tu n'es pas mon prrrremier tu le sais. Je pense. J'ai eu des...femmes...et des hommes de passage avant mais...ce n'est pas le sujet, ils étaient sans imporrrtance. Ce que je veux dirrre, c'est qu'il y a eu une perrrsonne avant toi. Ici en Angleterrre. Un homme que je ne parrrrviens pas à oublier.

Il se rend immédiatement compte que ce n'est pas l'idée qu'il a voulu exprimer, et que l'anglais lui échappe, un fait rarissime que le stress provoque vicieusement. Il fronce les sourcils et cherche ses mots.

-Il a...nous avons été "intimes" pendant prrresque un an. Et durrrrant cette pérrrriode j'ai...

Ca va lui arracher la gorge et il le sent. Murano est devenu complètement affolé et s'est enroulé autour de sa trachée comme pour l'empêcher de parler et de ruiner leur magnifique image à tous les deux. Pas question qu'il parle, son terrestre, si ça venait à se savoir, ils seraient ruinés, le déshonneur leur tomberait dessus comme la foudre divine et ce n'est pas digne d'un membre de la grande Rodina, pas de l'hériter du clan Moltchaline. Il est l'enfant des rois, un fils de prince, qu'il se taise et qu'il invente une exc...

-J'ai accompli des actes auquel je n'avais pas...consenti.

Piètre formulation. Piètre justification. Médiocre éloquence.

-Je ne sais pas ce que la notion...d'abus, recouvre dans ta langue. Abuse.

Une pause.

-Rape. Je ne sais pas s'il faut avoirrr dit..."non", s'êtrrre défendu ou avoirrr hurrlé, bataillé pourrr éviter ça. Et je ne sais pas où finit...le consentement. Je n'ai pas...hurrlé. Crrié. Frrapé, j'ai garrrdé le silence et je crrrois qu'en ce sens je n'ai pas le drrroit de dire avoirrr été...

Il ne va jamais sortir, ce mot. Il ne va jamais sortir. Murano resserre son emprise autour de la gorge de Kirill, prêt à lui broyer la trachée.

-Violé.


Il ne le regarde pas, il parle d'une voix égale, les yeux fixés sur une boucle brune avec laquelle il joue nerveusement.

-"Qui ne dit rrrien consent", alorrrs j'ai sans doute consenti. Il savait le mal qu'il m'infligeait et les blessurrres physiques ou...mentales qui en rrrésultaient. Mais c'était selon ses mots le..."prix de la fusion". Le don de soi sans...entrrraves et sans prrrotestation. J'ai rrrefusé une fois et la rrréaction ne s'est pas faite attendrrrre. "La Frrigidité est l'apanage des sociopathes" et je "valais mieux que ça", du moins..."le pensait-il".

Un rire amer, vide, lui échappe.

-Je n'ai jamais été aussi seul qu'à l'instant où il a décidé de me fairrre me sentirrr ainsi. Alors la fois suivante j'ai dit oui. Ce fut doulourrreux. Mais il était de rrrretourrr.

Il a beaucoup parlé et sa voix commence à s'épuiser sous le poids de ce qu'il lâche dans l'atmosphère, cette atmosphère de salissure et de souillure.

-Il est toujourrrs envie, j'ai manqué de déterrmination, comme de dignité. Et depuis lui il n'y a pas eu qui que ce soit. A parrrt toi. Je pensais que rrretrrrouver les automatismes serrrait aisé. Aprrrès tout, je n'ai pas été violenté. Juste...poussé à...peu imporrrte. Mais je vais avoirrr besoin de ton aide et de ta patience carrrr je suis visiblement moins apte que je le pensais.

Il sent qu'il va le dégouter, comment, l'éviter? il se dégoûte lui même. Les mains de Dorian ont réveillé la trace d'autres mains, d'une autre pression contre sa peau et il sait que même en se lavant un millier de fois, il n'effacera pas ça.
Ça.

Les moments passés le visage contre le bois d'une table, à serrer les dents, à attendre la fin, les jointures blanches de douleur.
Les pansements sur des griffures et des morsures trop violentes pour être des marques d'affection.
Les hématomes à la gorge, résultats d'une suffocation prolongée.
Le sang lavé sous la douche, méticuleusement, fruits de parties intimes trop brutalement sollicitées, irritées, inflammées.
La semence vomie dans les toilettes après le départ de l'Autre, signe que tout ça n'avait pas de sens ou plutôt, un sens terrifiant.
La peau irritée d'être trop frottée par le savon, les cheveux secs d'avoir été trop débarrassés de substances ne devant pas s'y trouver, à la fois rouges et blanchâtres.

Dieu merci, Dorian ne semble pas être legilimens.

-Je comprendrrrais que tu désirrre parrrrtirr. Je ne suis prrrobablement pas...un bon choix pourrr êtrre ton prrremier. Il y a plus prrroprrre que moi et moins compliqué. Ne te forrrrce à rien.

C'est la phrase la plus douloureuse qu'il ait eu à prononcer depuis un moment et il inspire l'odeur de pommes à pleins poumons comme si la fragrance allait bientôt disparaître dans le sillage de cet homme aux yeux bleus, dont la présence l'apaise tellement mais réveille tant de choses.

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