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MessageSujet: DRANSA + crashing down   DRANSA + crashing down EmptyVen 9 Oct 2015 - 16:13

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Draco Malfoy
Draco Malfoy
‹ inscription : 13/09/2013
‹ messages : 8775
‹ crédits : faust.
‹ dialogues : seagreen.
DRANSA + crashing down Tumblr_ob1ibueZ761rmsoypo3_250

‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; calixe davis w/ audreyana michelle ; uc w/ uc ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook ; jelena kuodzevikiute w/ ariana grande.

‹ âge : 23 yo (05.06.80).
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14086
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
DRANSA + crashing down 489546spea
Spoiler:

‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
http://www.smoking-ruins.com/t4710-draco-there-s-a-hole-in-my-so
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All that I've known,

fall to the ground without a sound
10 OCT. 2002 & DRANSA (#1)


Le ciel anglais déversait sa grisaille en trombes liquides, hémorragie lacrymale qui délavait impitoyablement le terne paysage. Draco resserra légèrement les pans de sa cape, bien que sous l’effet de quelques adroits sortilèges, le crachin persistant chutait sur sa silhouette sans tout à fait la frôler, consciencieusement repoussé avant de pouvoir l’atteindre. Un mouvement de baguette et le portique du vieux cimetière grinça sombrement. Les pas du blond firent crisser le gravier sali de terre battue boueuse, foulant un chemin presque oublié, enseveli sous l’herbe haute que jaunissait déjà le froid automnal.

Son dernier passage remontait à une éternité de ça.

Il avait alors retracé le sentier sinueux aux côtés d’une nymphe aux mèches tissées d’or blanc, leurs silhouettes tranchant le crépuscule mélancolique. C’était un dix octobre, fatalement, tradition lugubre qu’ils perpétuaient depuis enfants, Sansa et lui. Elle pour se recueillir sur son mort et lui en tant que compagnon grognon, jusqu’à ce que pointe l’aurore radieuse. A ce jour, le décor demeurait inchangé, figé dans le temps, résistant aux décennies ; et il narguait Draco qui lui, n’était assurément plus le même. Drapé dans son arrogance, encore, derrière ses précieuses apparences, toujours. Abusé par les trahisons, désabusé du fait des pertes encaissées. Et flanqué de son ombre plutôt que de la compagne qu’il avait égarée – celle qui avait déserté, des années plus tôt, pour continuer sa course aux côtés d’un ennemi qu’il luttait dans l’espoir de voir tomber. Il avança au gré des souvenirs, slalomant de mémoire entre les tombes à la fois étrangères et familières, jusqu’à s’arrêter à quelques pas de celle qu’il cherchait. Les lettres gravées dans la pierre étaient quelque peu chaotiques, comme honteuses, tracées à la va-vite. Evan Rosier (1960-1980). Il ne lui évoquait rien, cousin lointain tombé bien avant que lui-même ne voie le jour. Mais il était un symbole à lui seul, Evan – gloire passée d’une famille déchue aux trois quarts, fils prodige tombé au combat. On l’avait mis en terre de façon sommaire, sans gloire, enseveli sous des livres de glaise et oublié ; on l’avait rendu tabou, crachant sur sa mémoire en blâmant son extrémisme et ses crimes. Il avait vécu dix-sept ans trop tôt, à vrai dire, et lorsque le pays avait courbé l’échine face aux préceptes de suprématie du sang-pur, son souvenir était passé de l’embarras à honneur, d’impitoyable bourreau à martyr.

Après s’être si souvent allongée dans le secret d’une nuit sans lune sur ce qu’il restait du corps épars, Sansa avait pris le parti de l’ennemi. Draco esquissa un rictus faussement amusé, aux courbes mauvaises – chargées de rancœur. Il n’était pas présent pour la carcasse poussiéreuse du défunt cette fois, loin de là, mais précisément pour la croiser elle ; mû par la certitude qu’elle resterait fidèle aux traditions qu’elle avait elle-même instaurées, toute traître à son sang qu’elle soit désormais. De toutes les pierres tombales détrempées qui s’étiraient par dizaines, celle d’Evan était la seule encore sèche et, alors qu’il s’y asseyait en un mouvement maintes fois réitéré, Draco s’étonna que leurs sorts ne se soient pas dissipés depuis le temps. Il restait même un vieux bouquet ayant flétri au ralenti – les pétales de sang avaient noirci et s’étaient recroquevillés sur eux-mêmes, comme brûlés.  Le jeune homme fit claquer le clapet de sa montre à gousset, surveillant l’heure alors même qu’il n’y avait pas de rendez-vous. Rien d’explicite, tout était demeuré tacite ; c’était une simple supposition et il la blâmerait sans doute d’être stupide si elle apparaissait comme il l’escomptait.

Et attendant, il tira de la poche intérieure de son manteau une petite fiole à moitié vide ; la dernière qu’il ait reçu de Donovan, ultime rempart entre l’effondrement et lui. L’Orviétan ne suffisait plus à le faire tenir debout, non, pas alors que son ossature même s’effondrait à la moindre saccade, rotten to the core. Il se sentait moins résistant qu’un vieux meuble endommagé, d’autant plus parce que la chute brutale demeurait inexpliquée. Autour de lui, son monde avait continué de tourner : les missions de s’enchaîner, Scorpius de grandir, tandis qu’il calait à répétition face à un obstacle qui l’affaiblissait depuis juillet. A présent que les potions non homologuées sur lesquelles il comptait n’étaient plus à sa portée, il lui fallait se résoudre à miser sur les recommandations des quelques professionnels qu’il avait consenti à voir en rechignant : examens à répétition, traitements expérimentaux, repos. Le chercheur fait rat de laboratoire – n’était-ce pas [i]putain de[/o] comique ? Mais il fallait avouer que Malfoy aimait nettement moins passer sur la table d’opération que tenir la baguette. La seule perspective suffisait à le mettre de mauvais poil.

Un craquement l’arracha à ses pensées et, coude sur l’un de ses genoux relevés, l’autre jambe posée au sol, il s’immobilisa, silencieux. Attentif. Elle venait sur la gauche, légère, mais contrainte de froisser l’herbe humide pour avancer (ou repartir ?), et il se surprit à crisper furieusement la mâchoire, à lui en vouloir plus encore de déchirer leur famille déjà bien assez scindée. « C’est stupide », énonça-t-il à son adresse, sans surprise ; « Tu es affreusement prévisible, pour une fugitive. » Il n’aimait guère les insurgés, mais il n’y avait rien qui le débectait que la trahison, depuis Blaise. « Comme quoi, tu n’es peut-être pas plus faite pour cette vie-là que pour celle de salon. » Mais si elle n’avait sa place ni auprès des siens ni chez l’ennemi, que lui restait-il ? La chute, sans doute, lot de tous les parjures.


Dernière édition par Draco Malfoy le Mer 30 Déc 2015 - 14:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: DRANSA + crashing down   DRANSA + crashing down EmptyJeu 15 Oct 2015 - 18:42

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please let me in,

oh i believe in second chances
10 OCT. 2002 & DRANSA (#1)


(I won't break you, I will not let you down). On lui a dit, bien sur, comme on a dit à tout le monde, que le temps finirait par tout effacer, tout emporter avec lui. Aujourd’hui, des années plus tard, elle n’est toujours pas sure que cela soit vrai ; mais elle fait avec, (elle fait semblant), elle s’accroche à ces fausses promesses puisqu’elle n’a plus rien d’autre. Arrête de te morfondre, Rosier, et va de l’avant. Oh, forcément, c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais elle y met du sien, férocement, déterminée à ne pas se laisser faire. Déterminée à honorer la mort d’Evan sans se mettre à déverser des torrents de larmes sur une pierre depuis trop longtemps inanimée - cela dit, elle espère qu’il y aura encore des traces des fleurs qu’elle et Draco ont pris l’habitude d’aller déposer, tradition aussi macabre que vitale. Oh, bien sur, elle sait qu’y retourner est dangereux depuis qu’elle est recherchée par le gouvernement - mais elle sait tout autant qu’elle s’en voudrait mortellement de ne pas y aller par pure peur, lâcheté, oubli, peu importe.

Alors elle n’essaye même pas de se cacher, ce matin-là, ses pieds menus faisant craquer les brindilles et plissant l’herbe - aucun sort pour se dissimuler, se rendre invisible, discrète, rien, rien d’autre que son culot et son cousin qu’elle aperçoit un peu plus loin, lui aussi fidèle au rendez-vous. (Elle voulait tellement, tellement qu’il soit là et qu’ils puissent se retrouver). D’ailleurs l’allégresse prend le pas sur le reste - sur le danger, la débilité évidente de leurs actes à tous les deux, la possibilité même qu’il s’agisse d’un piège (mais Draco ne lui aurait jamais fait ça, pas vrai ? Jamais). « C’est stupide » lance t-il alors sans même prendre soin de se retourner, d’une voix chargée… d’animosité ? Le peu de joie ressenti s’effondre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire (mais qu’attendait-elle, après tout ? C’est un jour de deuil avant tout) et Sansa ne prend même pas la peine d’essayer de calmer le jeu : « D’être finalement partie, ou d’être restée si longtemps ? ». Elle n’est pas dupe, elle sait bien qu’il ne parle pas uniquement de leurs retrouvailles - il parle aussi de leur séparation. Et comment pourrait-il en être autrement ? Elle ne l’a pas revu depuis ; tout du moins, ils ne se sont pas revus en tant que tel, puisqu’elle a eu tout le loisir de l’observer ce fameux jour, celui de l’exécution des rebuts. Heureusement, elle était alors savamment cachée pour le polynectar - et tant mieux, car elle aurait détesté voir sa réaction s’il avait posé les yeux sur elle, sa cousine, nouvellement insurgée et si avide de sang mangemort.

« Tu es affreusement prévisible, pour une fugitive. » continue Draco, imperturbable - et c’est du tac au tac qu’elle répond, inébranlable : « Et toi donc. » Après tout, elle se doutait qu’il serait là autant qu’il avait prévu qu’elle viendrait. Que les risques se valent ou non, peu lui importe ; l’important réside dans le fait qu’il est venu, malgré tout ce qu’il peut dire. « Comme quoi, tu n’es peut-être pas plus faite pour cette vie-là que pour celle de salon. » Prends ça, Fauve. Cette fois elle est à court de mots et sa bouche s’assèche tandis qu’elle en est réduite à courber l’échine. Draco touche un point sensible (forcément, il la connait si bien, par coeur) : elle, la petite dernière, la laissée pour compte, jamais assez bien pour égaler sa (défunte) médicomage de soeur, et encore moins pour arriver ne serait-ce qu’à la cheville de son (défunt) mangemort de frère. (Mais elle, au moins, elle est vivante). Par ailleurs, il est vrai qu’elle n’était pas douée pour la vie de salon ; elle aurait fait une piètre épouse, de toute évidence, enragée par la simple idée de devoir se plier aux désirs d’un mari qu’elle aurait probablement déchiqueté avec ses propres crocs au bout du compte - mais heureusement, son bien aimé oncle (papa) n’a jamais réellement soulevé la possibilité qu’elle puisse finir mariée.

Draco, lui, au moins, avait eu le bon sens de se plier à ce qu’on attendait de lui chaque fois - et d’un point de vue extérieur, il est à présent si parfait, oh oui, si parfait (qu’en est-il de l’intérieur, peut-être bien déjà pourri et rongé ?). Dingue comme les voies choisies peuvent être différentes. Draco et Astoria. Draco et Scorpius - l’adorable Scorpius qu’elle aurait tant aimé pouvoir prendre dans ses bras, malgré sa peur des enfants, Scorpius qui aurait surement pu la réconcilier avec ça. Mais puisque l’heure est aux blessures, nouvelles comme anciennes, Sansa n’a pas l’intention de pardonner à Draco ses mots amers - bien au contraire. « C’est vrai que tu as l’air infiniment plus heureux que moi, cousin. » (Avec la fatigue qui se lit dans ton regard, déjà si jeune). « Être mangemort te va admirablement bien au teint, si je peux me permettre. » continue t-elle, plus ironique que jamais, et déjà en train de se délecter de l’impact que ses paroles ne manqueront pas d’avoir sur l’héritier Malfoy (et pourtant, elle le jure, elle n’aurait jamais voulu le blesser s’il n’avait pas commencé). « D’ailleurs, puisque tu as choisi le bon chemin (elle se pare d’un regard appuyé et d’un sourire piquant où traine pourtant encore la tristesse inhérente à cette maudite journée), comment va la famille ? » Elle s’appuie sur la pierre de la tombe d’Evan, nonchalante, persuadée qu’il ne lui en voudra pas là où il est maintenant, et persiste dans son petit interrogatoire, comme animée d’une folie passagère : « Des nouvelles de mon père adoptif ? De Simon et de son précieux Orviétan ? Plus qu’à espérer que Scorpius grandira mieux que lui et ne tombera pas dans la même douleur. Et Lucius ? Oh, et comment va - Cissy ? » La vérité, c’est qu’elle n’en sait trop rien - elle n’en sait plus rien depuis qu’elle est partie, qu’elle a claqué la porte derrière elle, dans cette maison de famille qu’ont les Rosier, là bas, loin, là où tout va bien, sur les falaises où elle retrouve parfois Simon parce qu’elle est infoutue de se passer de lui - sans que personne ne le sache. C’est ce qu’elle fait, la guerre ; des secrets, des magouilles pour empêcher ceux qui s’aiment de se le montrer. (Jamais voulu te faire de mal, Draco, si tu savais). Elle caresse la pierre d’un air absent - et elle laisse les souvenirs d’enfance l’envahir, Draco et elle, leurs deux tignasses blondes, leurs innombrables faux mariages idiots et puérils qui semblent à présent si risibles, puis les couloirs de Poudlard où ils trainaient parfois ensemble, se plaignant de Potter - ce Potter qu’elle ne voit plus du tout du même oeil, aujourd’hui, la traitresse (Arsène, Faust, Taylor - répète encore - Arsène, Faust, Taylor).
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MessageSujet: Re: DRANSA + crashing down   DRANSA + crashing down EmptyMer 30 Déc 2015 - 14:40

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‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
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‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
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10 OCT. 2002 & DRANSA (#1)


Prévisible, il l’est sans doute tout autant qu’elle. Né pour s’en tenir aux traditions, et peu importe finalement qu’elles soient ancestrales ou personnelles – elles lui sont ancrées dans la chair, tatouées à même son ADN peut-être. Il aurait pu la piéger, ou elle aurait pu le faire ; cette vérité, cette évidence tournoi autour d’eux, ballotées par les feuilles d’automne, et ternit le regard gris en le teintant de méfiance. Il fronce les sourcils, inconsciemment ; pour tenter de la déchiffrer peut-être, de savoir à quoi s’en tenir ? Ou simplement pour la détailler, la sonder, cerner la faille où porter le prochain coup.

Peut-être, sinon, pour trouver la réponse aux questions qu’il ne posera pas – comment vas-tu ? Foutaises que cet intérêt déplacé qu’il enfouit au plus profond de son cœur gelé par la rancœur. Une part de lui, de toute façon, voudrait la voir au plus mal et pétrie de remords, quémandant un pardon, souhaitant la rédemption. Tout serait plus simple alors ; lui, grand prince, prêt à lui tendre une main dédaigneuse et à la rattraper, elle la gamine imprévisible et sauvage. C’est une fantaisie irréalisable pourtant, il le sait bien. Elle serait plus prompte à mordre une main tendue qu’à la saisir, animée qu’elle l’est pas une rage qu’il ne saisit pas. « C’est vrai que tu as l’air infiniment plus heureux que moi, cousin. » Il se redresse, piqué au vif, mû par une fierté sans doute déplacée et un égo toujours plus imposant que son enveloppe charnelle. « Être mangemort te va admirablement bien au teint, si je peux me permettre. » Ses lèvres s’étirent en un rictus qui n’a rien d’agréable, sa mâchoire se crispe l’espace d’une seconde – tic agacé, et il n’a pas le temps de répondre qu’elle assène un coup de plus qui, cette fois, fait retomber ses commissures. « D’ailleurs, puisque tu as choisi le bon chemin, comment va la famille ? Des nouvelles de mon père adoptif ? De Simon et de son précieux Orviétan ? Plus qu’à espérer que Scorpius grandira mieux que lui et ne tombera pas dans la même douleur. Et Lucius ? Oh, et comment va - Cissy ? » Elle empile les questions comme on assemble les cartes explosives, pour en faire un château éphémère voué à partir en fumée. Elle enchaîne les interrogations déplacées avec la soif de le voir se consumer de l’intérieur, s’effondrer, et il ne peut lui ôter son plaisir, se retenir de serrer les poings à s’en blanchir les phalanges. Parce que Cissy ; cinq lettres, et tout est dit. Torrent de désespoir à l’étroit dans un simple surnom. « Je te l’accorde, nos vies seraient incontestablement plus agréables sans les perturbateurs qui s’opposent au régime. Mais au final je ne suis qu’à ça du bonheur – » Il illustre ses mot en levant une main partiellement fermée, pouce et index indiquant un espace infime, proche du néant. « Ce n’est qu’une question de temps avant que les insurgés tombent jusqu’au dernier, et alors je serai comblé. » Il hausse légèrement les épaules, comme si ce n’était rien. Comme s’il ne venait pas simplement de déclarer qu’il effleurerait enfin la satisfaction une fois qu’il la saurait morte et enterrée. « Je ne suis pas certain que tu sois encore la bienvenue ici. A quoi bon te recueillir sur la tombe d’un ennemi ? Il t’achèverait de ses propres mains, s’il en avait encore. » Il n’est pas certain de ce que porte sa voix. Venin ou mise en garde, attention ou menace, peu importe. C’est juste une vérité de plus, de celles qui filtrent entre eux depuis que leurs regards se sont croisés un peu plus tôt, de celles qui leur soufflent que tout les oppose à présent. « Mais je n’ai pas à me plaindre, peu de choses changent en réalité. Le manoir est confortable au possible, les réceptions toujours aussi somptueuses et quand on y pense, les nobles se sont toujours adonnés à la chasse. » Traque, chasse, les mêmes danger, le même sport, et des cibles mouvantes – qu’importe qu’elles soient animales ou humaines ? C’est encore et toujours le même massacre. Mais en vérité, le manoir est hanté, car ses pièces même entièrement refaites portent les stigmates de l’époque dramatique durant laquelle il a fait office de quartier général. Les cachots qu’il aimerait faire murer résonnent encore des cris arrachés aux prisonniers, et il peut encore imaginer le fracas du lustre qui s’effondre, le sang souillé de Granger sous les ongles de sa tante, les traits déformés de Potter, la lente agonie du vieil Ollivander, et le regard éteint de Lovegood – tous ces visages familiers rendus méconnaissables par la douleur. Qu’espère-t-elle ? Cette étape n’était encore que le sombre début et depuis, les torts s’enchaînent dans un camp comme dans l’autre. Il n’y a pas de retour possible, le fossé se creuse depuis bien trop longtemps et elle est celle qui a fait le choix de se réfugier sur les rives opposées, au-delà de l’océan de haine dressé entre les deux camps.

Il lui en veut, Merlin qu’il lui en veut.

Et dans son esprit se superposent les regards arrogants des traîtres, Rosier comme Zabini, coulés dans le même moule. « Quant à ton oncle, il assume évidemment les conséquences de ta trahison, mais c’était à prévoir. C’est le prix à payer, lorsqu’on accorde sa confiance aux mauvaises personnes. » Quelque chose rugit en lui, émotions âgées de quelques siècles, arrachées à un autre temps par les anomalies de Beltane. « Si la vie de sorcière de salon ne te seyait pas, il te suffisait de le dire. Pas besoin de retourner ta veste pour être témoin des horreurs de la guerre, il t’aurait suffi de participer à la reconnaissance de la dépouille de ton beau-frère. Comment est-ce, de fraterniser avec ceux qui l’ont défiguré, réduit en lambeaux de chair brûlée, en tas de membres informes et désarticulés ? Aussi agréable, j’espère, que de t’endormir sur une souche d’arbre en ne sachant pas si tu te réveilleras le matin ou si une main alliée ou ennemie t’achèvera dans ton sommeil troublé. » Il ne peut pas croire qu’une Rosier ait sa place parmi eux ; ça le dépasse, ce choix de se détourner de son propre sang pour défendre des inconnus tout droits sortis des bas-fonds. Ça le révulse, ça l’horripile. Cela dit, ils ne valent guère mieux l’un que l’autre. Draco n’en est que trop conscient ; il collabore, pour sa part, avec ceux qui se plaisent à supplicier sa propre mère. Avec ceux qui s’acharnent à faire de lui un monstre immonde, avide de souffrance et de sang. Mais quelque part, ne l’a-t-il pas toujours été ? Le gamin infernal jamais rassasié de la peine d’autrui, le bourreau dont la voix trainante ne résonnait que pour élever une vindicte cruelle. Il s’est seulement assemblé à ceux qui lui ressemblent, ceux qu’elle dit haïr de tout son être.

Il détourne le regard, son demi-sourire est amer. « Je ne te reconnais pas. » Et ce n’est pas lui qui parle, c’est le sang d’Arsène qui crépite dans ses veines, frustré, rebuté par la tournure des évènements. « Les idéaux n’avaient aucune valeur à nos yeux, l’important était de tirer profit du camp des vainqueurs. » Gentlemen cambrioleurs, loups dans la bergerie, racaille infiltrée au plus haut de la société. Et la voilà pourtant qui bat la campagne parmi les fugitifs, les raflés ; ce statut, ils l’ont porté autrefois, mais pas réellement par choix : simplement parce que l’échec avait fait d’eux des cibles. Elle doit bien le savoir depuis le temps, Arsène est homme à se vautrer dans le luxe, pas dans la boue. « Quelle idée, de choisir Faust. Tout était plus simple avant lui. » Parce qu’avant lui, c’était Arsène et Taylor contre le monde entier. Ils s’étaient choisis alors ; quelle ironie de les voir se déchirer à l’heure où le destin les a gratifiés du même sang. Il aimait pourtant cet homme comme un frère, dans une autre vie. Mais il n’aurait jamais pu s’en prendre à Taylor, alors même qu’il a sacrifié Faust pour sauver sa propre vie. Dans ce monde, cet espace-temps, c’est elle qui le rétribue pour sa duplicité. Passé et présent s'emmêlent, se déchaînent à lui en donner le vertige.

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