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sujet; Shanks Get Shanked - Eshmé
MessageSujet: Shanks Get Shanked - Eshmé   Shanks Get Shanked - Eshmé EmptyDim 24 Jan 2016 - 1:21

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Alan avait failli ne pas réussir à entrer. C'était un comble pour lui, après tout ce temps passé chez les Aliénés, d'avoir fait d'une vieille bâtisse en ruine sa maison, froide, sombre, inhospitalière et d'être incapable d'y pénétrer à nouveau. Cette semaine-ci c'était à cause d'une date qu'il avait oublié. Alan n'avait jamais été bon pour retenir les dates et l'énigme qui lui aurait permis d'entrer en temps normal consistait cette semaine à donner une date bien précise de leur passé d'Insurgé qu'Alan avait totalement oublié. C'était forcément une idée d'un quelconque Serdaigle, ce principe. Il était donc resté là, à jurer, à pester, à insulter les Serdaigles et leurs idées stupides avant de finalement retrouver la date qui lui ouvrit le passage jusqu'à chez lui.

Chez lui. Quelle drôle d'expression pour parler d'un tel lieu. Autrefois son chez lui était un petit pavillon de la banlieue londonienne, confortable, pas très grand à cause du budget qu'il pouvait se permettre, mais suffisamment pour être à l'aise. À une époque il aurait aimé pouvoir un jour montrer cette maison à une femme, puis déménager avec elle et fonder une famille dans un monde plus heureux. Cependant cela faisait bien des années qu'il n'avait plus pensé à tout ceci. Il ne se souvenait sans doute même plus d'avoir un jour rêvé à cette vie, désormais.

À l'intérieur, tout semblait exactement à l'identique comparé à avant. Les mêmes visages plus ou moins propre, lugubres ou neutres, mais incroyablement familier. Ils ne s'entendaient pas avec tous, mais ils faisaient tous parti des siens. Ils partageaient le même objectif, ils fonctionnaient au même carburant, à la même rage. Il tenait chacun d'entre eux en grande estime, même les plus arrogants et les moins disciplinés d'entre eux.

En revanche il y avait ici une personne envers qui Alan avait construit un certain ressentiment. Une personne à qui il avait tendu la main à de multiple reprises et qui n'avait cessé de repousser sa sympathie, son aide et préférait cavaler seule dans la nature en laissant le soin aux Insurgés de lui servir de nounou alors qu'ils avaient autre chose à faire. Alan n'appréciait pas dans sa « maison » ceux qui n'étaient ici que par parasitisme. Il n'appréciait pas ceux qui utilisaient leurs réserves déjà limitées en nourriture et en couvertures sans se rendre utile en retour.

Cette personne n'était autre que Eshmé, cette femme qui se croyait tout permis et qui marchait parmi eux comme si tout lui était acquis alors qu'elle ne portait pas le ruban ni ne partageait leurs idéaux. Elle n'était qu'une sans abri qui passait de temps en temps pour leur prendre de la nourriture, jouer son numéro de femme maudite dont personne ne pouvait comprendre les tourments, puis laisser son enfant ici pour aller faire une folle escapade nocturne sans but ni utilité. Un nuisance, voilà ce qu'elle était. Cependant, c'était fini désormais, Alan ne laisserait pas Eshmé jouer les campeuses ici. Il se dirigea vers elle d'un pas déterminé et l'aborda franchement, agressivement.

-Tu es encore là toi ?

Son intention était claire. Il voulait lui faire comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue ici. Pas sous son toit. Un sourire mauvais étira ses lèvres. Il avait des nouvelles pour elle. Des nouvelles qui ne lui plairaient pas.

-Tu ne me demandes pas comment s'est passé mon voyage à Londres ?
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MessageSujet: Re: Shanks Get Shanked - Eshmé   Shanks Get Shanked - Eshmé EmptyDim 31 Jan 2016 - 16:50

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Elle fuit. Elle fuit les gens, leur présence, leur comportement. Elle les fuit, parce que c’est plus facile que d’avoir à combattre, à admettre que l’on a tort. Eshmé fuit, parce qu’elle a peur, parce qu’elle a mal, parce qu’elle craint que tout ne s’effondre. Que les morceaux qu’elle tente de recoller ne s’affaissent définitivement, pour l’y ensevelir. Elle respire, mais l’air lui manque, parfois. Elle tente de s’en sortir, de ces sables mouvants, mais l’effort est vain, inutile, futile. Elle s’enlise, dans ce tourbillon infâme et étouffant qu’elle a elle-même créé. Alors, elle fuit, toujours. Pour ne jamais s’arrêter. Pour ne jamais se retourner. Du moins, elle essaie. Elle n’y arrive pas. Joshua l’en empêche, il la ramène à la raison, même si elle n’a rien demandé. Il lui rappelle qu’elle est avant tout une mère, qui tente tant bien que mal de s’occuper de son enfant, de le sauver d’un père, d’un monstre, de cet homme qu’elle aime beaucoup trop ; il lui rappelle qu’elle fait ça pour lui, non pour elle, égoïstement et que rien d’autre ne semble compter. Car les sacrifices d’une mère sont parfois les plus beaux, les plus douloureux et les plus inconcevables. Elle ne cesse de s’échapper, comme un nuage de fumée, une brise d’été, intemporel, que l’on sent à peine, qui est déjà loin. Elle est la brise, celle qui disparait, sans cesse ; celle qui se fait à peine ressentir.

Eshmé sait que revenir dans le repère des Belliqueux est un risque qu’elle n’aurait jamais dû prendre. Pourtant, c’était la dernière fois qu’elle y met les pieds. Sa confrontation avec Ancrath avait été un calvaire qu’elle ne voulait absolument pas reproduire. Même si, techniquement, ça n’est ni sa faute, ni la sienne, juste celle… de Jane. D’ailleurs, elle ne refait pas surface, plus depuis cet incident. Et Eshmé en est que plus libre. Elle était venue y récupérer ses dernières affaires, en s’appliquant pour ne pas croiser Cillian, ni Alan. L’un comme l’autre aurait très bien pu lui faire une belle leçon de morale. Ce qu’elle veut à tout prix éviter pour continuer à avancer, se défaire de toute attache, encombrante ou non. Comme son idée première. Du moins, c’est ce qu’elle croyait. « Tu es encore là toi ? » Le ton n’a rien d’amical et la force avec laquelle il la tirait vers lui, pour la bloquer contre un mur, lui rappelle étrangement ce fameux soir. « Tu ne me demandes pas comment s’est passé mon voyage à Londres ? » Là, elle ne comprend pas. De quoi parle-t-il encore ? Il est bien la dernière personne qu’elle s’attendait à voir. Évidemment, éviter l’un revient forcément à croiser l’autre. Elle hausse les épaules, avec insolence, pour montrer qu’elle s’en moque, tout en essayant de se défaire de son emprise, encore une fois. « Lâche-moi Alan, sinon je te jure que… —— Sinon quoi Ginger ? —— Oh non ça n’est pas vrai… —— Moi il m’a manqué tu sais. » Trois semaines. Trois putain de semaines qu’elle ne vivait plus dans son crâne, qu’elle était enfin tranquille. Vingt et un putain de jours. Il suffit juste qu’elle le croise pour qu’elle revienne, sale chienne. Elle voit Jane lui tourner autour, comme un félin tournerait autour de sa proie. Elle ne mentait pas quand elle disait qu’elle l’aimait bien. La garce. « Écoute, je t’ai pardonné ce qu’il s’est passé la dernière fois, et sincèrement, je compte me barrer définitivement de ce QG pour ne plus te croiser, ni… ni l’autre. Alors lâche-moi et on en restera là, d’accord ? —— L’odeur de chien mouillé qu’il dégage m’enivre moi. Il m’émoustille. Et ça m’a atrocement manqué. » Jane glisse sa langue sur la joue d’Alan, même s’il ne peut rien ressentir, Eshmé peut goûter cette sueur crasse et sale. Elle a presque envie de vomir. Presque. « Tu m’écœures Jane… —— Tu devrais lui expliquer, je suis sûre qu’il va apprécier. —— Il va surtout me prendre pour une tarée et m’envoyer directement à Ste Mangouste par ta putain de faute. »

Lui dire… c’est vrai qu’en soit, l’idée est séduisante. Mais peut-il comprendre ? Peut-il saisir ce qui se passe dans son crâne ? Cette guerre incessante contre elle-même, chaque jour. Non, bien sûr, c’est plus complexe que ça. Fais l’autruche Eshmé, fais l’autruche. « Bon, je vois que tu n’es pas prêt de me lâcher, alors que s’est-il passé de si grave à Londres pour que tu veuilles absolument me prendre entre quatre yeux ? Tu n’as aucun compte à me rendre, je te rappelle Alan. A-U-C-U-N. Alors je ne vois pas pourquoi tu tentes tant bien que mal de m’aider et en plus de me soutirer je ne sais quelle info. On s’est déjà tout dit je crois. Alors laisse-moi partir. » Jane passe ses doigts dans ses cheveux, et hume son odeur, bestiale. Cette odeur qui la rend si folle, qui la retient là, plantée comme un i. Et Eshmé n’arrive pas à lutter, encore une fois. Alors elle subit, elle subit l’assaut comme une vulgaire marionnette. Elle subit l’attaque comme un pauvre chiot. « Je le veux Ginger, ne sois pas égoïste ! —— NON ! Ça suffit Jane ! » Cette fois, l’ordre claque dans l’air et même lui a pu l’entendre. Elle voit Jane bouder dans un coin, elle la voit se tenir là, les bras croisés. Et elle, elle est essoufflée par ce combat. Par cette rage incessante qui n’a jamais fini de la tuer, à petit feu. « Je… je suis désolée. Ça n’est pas à toi que je parlais Alan. » Elle n’ose pas le regarder dans les yeux, peinée qu’il la croit folle, alors qu’elle est saine d’esprit. Bien plus saine qu’il ne le pense. Elle garde la tête baissée, pour ne pas qu’il voit à quel point elle en a assez de se battre, à quel point elle voudrait que tout s’arrête. Elle ferme les paupières pour ne pas pleurer, elle, la femme que tout le monde voit comme une maudite, avec des tourments invisibles, folle de s’enfuir avec un enfant sous le bras. Mais elle avait fini par les accepter. Parce qu’après tout, les gens ignorants sont ceux qui ne méritent rien d’autre que le véritable mépris. Le karma est un sacré farceur.
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MessageSujet: Re: Shanks Get Shanked - Eshmé   Shanks Get Shanked - Eshmé EmptyVen 5 Fév 2016 - 19:50

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Alan n'avait aucune idée de ce qui se déroulait dans la tête de ce qui se déroulait dans le crâne d'Eshmé et il s'en fichait. En vérité il était simplement satisfait de l'avoir croisée ici, satisfait à l'idée d'avoir de quoi faire disparaître son arrogance et surtout, de quoi la forcer à se rendre utile pour le camp dans lequel elle avait choisi d'imposer sa déplaisante présence. Il n'en revenait toujours pas d'avoir croisé la bonne personne au bon moment pour ce faire, une véritable aubaine. Il accueillit ses pseudo-menace avec un rictus et en refermant plus durement sa main sur son bras, cherchant à lui faire mal, mais surtout à lui montrer que c'était bien lui qui commandait, entre eux. Il lui répondit alors sans se douter qu'il créait un écho pour Eshmé.

-Sinon quoi ? Tu t'amuseras à nouveau à me sauter dessus et à te barrer à nouveau ?

En plus elle osait le pardonner ? Le pardonner de quoi ? La seule faute qu'il ai jamais commise avec elle fut de l'embrasser sans permission et au vu de la baffe qu'il avait obtenue en retour, il se passerait de son « pardon ». Qu'on ne vienne pas lui dire qu'il avait forcé Eshmé à faire quoi que ce soit après ça, elle lui avait littéralement sauté dessus pour obtenir le reste, puis l'avait repoussé sans motif directement après. Il n'aimait pas qu'on se moque de lui. Sa deuxième main vint saisir son autre bras et il la tira vers lui avant de la frapper contre le mur en la repoussant de toutes ses forces, sans la libérer malgré tout.

-Ton pardon ? Tu crois que j'ai quelque chose à foutre de ton putain de pardon ? J'ai sauvé nos deux culs, je t'ai embrassé, tu m'as giflé, puis tu m'as sauté dessus. Je n'ai pas besoin de ton pardon. Ni de ta putain d'insolence. Un sourire féroce se dessina sur son visage. Non, je crois pas que tu vas te barrer non. La vérité c'est que Londres m'a fait réfléchir vois-tu ? Tu as trop joué les parasites par chez moi.

Chez lui... Alan se comportait comme s'il était effectivement chez lui. Comme si les lieux lui appartenaient. Ça n'était pas exactement le cas, mais l'idée lui était assez... attrayante. Les Audacieux avaient un chef. Les Loups chez qui il allait parfois avaient un chef. Les aliénés avaient été privé trop longtemps du leur, morte depuis des mois à présent. Ils avaient besoin de quelqu'un pour les tenir et Alan ne voyait pas qui pourrait être plus investi que lui dans leur cause.

-Pas de chance, c'est l'heure de payer le bail. J'ai fait une rencontre à Londres. Une rencontre... intéressante. Et je pense que...

Soudainement, Eshmé se mit à crier sur une certaine Jane, mais il connaissait personnellement tout ceux qui résidaient à l'asile et personne ne portait ce nom là par ici. Il lâcha Eshmé et se retourna promptement, sortant sa baguette, ses réflexes de duelliste lui revenant rapidement. Il n'y avait cependant personne derrière lui et son regard se tourna à nouveau vers Eshmé, interrogateur, agressif.

-Qui est Jane ? Demanda-t-il d'un ton sec. Il leva les yeux ua ciel. Je sais bien que tu me parles pas, je m'appelle pas Jane bordel.

Elle le prenait vraiment pour un con parfois. Il examinait toujours les alentours, cherchant une personne de plus à part eux, peut-être invisible. Il agita sa baguette pour lancer un sortilège censé révéler la présence de n'importe qui dans le bâtiment, hominum revelio, mais personne ne se trouvait avec eux dans cette pièce. Ni à proximité.

-Y a personne ici. Et personne n'a parlé. Qui est Jane ? Répéta-t-il, sa patience décidément bien trop courte arrivant à sa limite.
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MessageSujet: Re: Shanks Get Shanked - Eshmé   Shanks Get Shanked - Eshmé EmptyMer 17 Fév 2016 - 18:03

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Defeat is not the worst of failures
Not to have tried is the true failure

Elle bouillonnait de rage et la seule chose qu’elle voulait, c’était de le briser pour son ton condescendant, lui faire ravaler sa langue de son caractère impétueux. Pourtant, elle faisait preuve d’un profond self-control, suffisant pour ne pas l’anéantir et l’emplâtrer contre un mur. L’idée était alléchante, jouissive, mais c’était contre sa nature, contre elle-même. Elle s’était jurée de ne plus sombrer dans cette colère sournoise qu’elle avait eue tant de mal à éradiquer et à faire taire. Elle se retenait, tant bien que mal, alors que ça grondait, par tous ses pores, tous ses traits. Il empestait la putain et le fumier, la terre mouillée et la médiocrité. Un lâche se prenant pour un roi ; un prince de pacotille se prenant pour un dieu. Quelle ironie, tous les mêmes. Pas un pour rattraper l’autre. Il lui donnait envie de vomir. Et de mourir aussi, avec tant de vélocité mal habile. « De payer le bail ? Je t’ai dit que je me cassais d’ici définitivement d’accord Alan ? Je me fiche de savoir qui tu as rencontré à Londres, qui tu as rencontré même à l’autre bout du monde. Tu ne sais rien, tu ne comprends pas ce qu’on te dit et tu te prends pour plus intelligent que les autres ? Laisse-moi te dire une chose, t’es qu’une pauvre merde d’accord ? Alors laisse-moi partir. » Elle ne supportait pas cette Eshmé là, celle qui crachait son venin au visage des gens pour se défendre, celle qui n’avait aucun scrupule à se défendre. Mais elle la détestait, cette partie d’elle incapable de se contrôler, incapable de se retenir à hurler. Elle aurait préféré la tuer, mais cela revenait à se tuer elle. « Tu veux savoir qui est Jane ? Vraiment ? Ok, mais tu vas me prendre pour une tarée, encore plus qu’à ce moment précis. Parce que c’est le cas non ? Tu me prends pour une tarée ? Comme tous les insurgés ? » La haine ne pouvait pas être aussi visible, mais elle la ressentait, constamment. Dans leurs yeux, dans leurs gestes, dans leurs paroles. Ces regards en biais de pitié et d’incompréhension. Mais ils ne comprenaient pas, après tout l’ignorance et l’indifférence étaient deux des peurs humaines les plus basiques. Eshmé l’avait accepté, mais certainement que son degré de tolérance atteignait un certain pallier qui ne pouvait aller au-delà cette fois. « Beltane… Tout a commencé avec Beltane. Il m’a révélé ma vie antérieure avec mon mari, Cillian, elle l’avait dit, elle lui avait révélé, elle avait osé le dire à voix haute, sans avoir peur, et j’ai découvert que dans cette vie-là, il… il nous a poussé à mourir, notre enfant et… Jane. Jane est ma vie antérieure, elle fait partie de moi et elle veut m’aider à ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’elle a faites. C’est elle qui t’a sauté dessus la dernière fois, c’est elle qui a voulu coucher avec toi, c’est elle qui… Elle me parasite le cerveau, ma vie, mes gestes. Jane a une emprise sur moi que je n’arrive pas à contrôler et je n’arrive pas à m’en défaire. Elle… elle a eu un béguin pour toi, tu lui plais… Contrairement à moi qui te déteste et à qui tu répugnes. » Elle n’osait pas le regarder dans les yeux. Elle n’y arrivait pas, elle avait honte sans doute. Elle avait peur aussi, que oui, il la prenne pour une folle, une pauvre malade mentale bonne pour Sainte Mangouste. Mais après tout, c’était le risque en lui révélant tout ça non ? C’était le prix à payer pour sauver sa misérable vie et celle de son fils mh ? « J’ai fui, parce que l’homme que j’aime – qui est aussi mon mari par la même occasion – est celui qui a tué Jane. Du moins, sa vie antérieure. Tu m’suis ? De ce fait, j’ai voulu éviter que cela ne recommence. J’ai voulu être une mère protectrice, la louve qui gronde en moi ne peut pas se soumettre à lui. Bien qu’il soit lui aussi un loup garou. Je n’ai rien dit, parce que personne n’aurait pu comprendre de toute façon. Et je sais que toi-même tu ne me crois pas et que tu me prends pour… une illuminée par je ne sais quelle vérité. C’est ça mon secret. C’est ça mon fardeau Alan. Je ne te demande pas de m’aider, encore moins de comprendre – tu en serais incapable de toute évidence – mais juste de l’accepter et de me laisser m’en aller. S’il te plaît. » Elle n’avait jamais voulu blesser qui que ce soit, encore moins profiter d’une quelconque personne. Les rares à savoir pour sa condition et ce fameux fardeau ne posaient jamais de questions, ne demandaient jamais rien comprenant les risques qu’elle encourait. Alors il était vrai qu’elle ne l’avait pas joué fine, encore moins subtile, mais… son fils, il était la seule raison pour laquelle elle se battait encore. Une fois qu’elle fermait les yeux, une fois qu’elle s’endormait, Jane et son subconscient ne cessaient de lui rappeler ce qu’il s’était passé dans une autre vie, dans un autre temps. Et elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable, tellement coupable d’avoir été si naïve par amour, par obsession de sa propre conception du bonheur. Il avait fini par la ronger, par la détruire de part et d’autre pour l’anéantir. Jane était si stupide, Eshmé refusait que cela soit aussi son cas. « Elle est derrière toi. Elle ne cesse de te dévorer du regard et elle a essayé de te toucher. Je sais qu’elle n’existe pas vraiment et qu’elle est dans ma tête. Je ne suis pas encore tout à fait malade. Mais je la vois, tout le temps, comme je te vois. Et pour moi, elle est malheureusement bien réelle. Tu peux ne pas me croire. Je le respecte entièrement. Mais ce qu’il s’est passé la dernière fois, n’était absolument pas de ma propre volonté, encore moins de mon propre chef. Je n’ai aimé qu’une fois dans ma vie. Je me suis jurée de ne jamais aimer qui que ce soit d’autre, aussi douloureux que cela puisse être de devoir lui appartenir corps et âmes, malgré les maux qui nous séparent. Il est le seul, mon premier et mon dernier. Et je suis désolée de cette ignorance et de cet éloignement. Vraiment. Merci d’avoir essayé de nous aider. Mais ça n’est plus ton rôle. » Pour une fois, elle avait été sincère, vraie, sans fioritures, sans faux-semblants. Non, pour une fois, elle se voulait authentique pour quelqu’un. Chose qu’elle n’avait pas faite depuis des années, une éternité même. Alors elle s’avança vers lui, le voyant les yeux incrédules et déposa un baiser sur sa joue. Un merci tacite, mais franc. Il n’appartenait qu’à lui d’en faire ce qu’il voulait désormais.
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