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sujet; and the timing's never right (simanna)

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5114
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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and the timing's never right


But for now let's get away On a Roman holiday


PLAY ► Le pantin s’était détraqué. Du jour au lendemain.
Plongé dans les ténèbres à l’heure où le ciel se drapait de teintes chatoyantes, le loft paraissait plus désert qu’à l’accoutumée, trop silencieux malgré la présence du propriétaire, emmitouflé dans un édredon – un cocon confortable duquel il n’avait pas bougé depuis les quinze ou seize dernières heures, hésitant entre des épisodes de somnolence passagère ou de véritables hibernations. Les bras de Morphée n’étaient plus un joug dont il craignait l’étreinte, mais la solution rassurante, quoique factice, à bien des tracas. Le reste du temps, derrière ses paupières closes, sa conscience éveillée vagabondait dans quelque recoin poussiéreux de son esprit faisandé, et cédait paresseusement le pas à un sommeil qui n’avait rien de réparateur ou de salvateur. Le fourbe l’éloignait simplement d’une réalité qui l’étourdissait. Il remuait sous ses couvertures, roulait sur le flanc, changeait de coté, retournait un oreiller, mais même la plus inconfortable des positions ne l’aurait pas décidé à se lever, ni ses muscles endoloris. Il était fatigué. Juste fatigué. Éreinté par le seul effort d’affronter la journée, il cédait à l’asthénie avant même de poser un pied sur le sol froid de sa chambre. À ses cotés, sur l’une des tables de chevet, reposait une série de fioles colorées, minuscules, minutieusement étiquetées. Deux d’entre elles, désormais vides, s’étaient renversées. Lorsqu’il se réveillait, il les observait une à une, avant de refermer les yeux, ou de leur tourner le dos ; il rabattait alors la couette sur son visage mal rasé et attendait que le sommeil le reprenne. Il ignorait les borborygmes désagréables tiraillant ses intestins ou cette douleur, ces crampes attaquant ses muscles ankylosés – la sensation de manque, insidieuse et vengeresse. Sa cruelle punition. Il en aurait crevé. De jour comme de nuit, son corps lui rappelait qu’il ne fonctionnait plus seulement sur des réserves d’énergie, que dormir ne réparerait pas l’affront commis contre lui-même, qu’il payerait amèrement ses abus.
Il replia ses genoux, crispa ses doigts sur l’édredon, inspira longuement – des gouttes de transpiration perlaient à son front, roulaient le long de ses tempes. À cet instant, quand bien même la Marque aurait-elle noirci et cramé son épiderme qu’il n’aurait pas été capable de différencier cette souffrance ponctuelle du supplice psychologique qu’il subissait depuis le début de son sevrage. Combien de temps, déjà ? Dix semaines au moins. Dix semaines sans alcool, sans orviétan. S’il avait su de quoi les évènements de juillet en retourneraient… s’il avait su. Sa mémoire vacillante gardait encore quelques bribes de souvenirs, si lointains qu’il commençait à douter qu’il puisse s’agir des siens, si troublants qu’il n’avait pas eu la force de s’en séparer ; l’estrade, l’affolement, et lui, coincé sous des décombres. La fureur du Maître. Après… après, rien. Une faille béante dans l’ordre déjà chaotique de ses songes en décomposition. Un réveil à Sainte-Mangouste, une énième opération de la colonne vertébrale afin de minimiser les « dommages » (tardaient-ils à lui avouer que bientôt, même la magie ne suffirait plus ?), quelques leçons de morale suite à des examens pour le moins… révélateurs de son désastreux état de santé. Il avait eu le choix entre une cure de désintoxication ou un sevrage agressif. Masochiste jusqu’au bout, il avait opté pour la deuxième solution, de mauvaise grâce, comme si l’insolence le rattachait encore à un sentiment d’insouciance – comme si ce n’était qu’une formalité parmi tant d’autres. Il s’était dit, alors dopé de philtres calmants, qu’il avait déjà touché le fond, qu’il avait failli en mourir une fois, peut-être deux. Que ce ne serait pas si difficile.
Quel con.
Personne ne le savait, cela dit. Il gardait pour lui cette épreuve dont bien des quidams se seraient moqués – le Rosier sobre, dans quelle dimension parallèle s’il vous plaît ? L’idée avait eu le mérite de plaire à Anna qui (en tant que seul être humain pouvant lui faire entendre raison) s’était improvisée infirmière personnelle après son départ de Sainte-Mangouste, veillant à ce qu’il suive à la lettre son traitement de substituts et qu’il se « repose ». Entre deux crises de manque (ponctuées de longues plaintes, de menaces suicidaires et de gémissements à peine audibles), elle empaquetait ses affaires pour les expédier à la Bran Tower où elle s’était dégotée un appartement. Évidemment, Simon avait essayé de l’en dissuader. Évidemment, il avait craché sur cet immeuble et ses occupants. Évidemment, il s’était vexé. Anna s’était contentée de lever les yeux au ciel, pas le moins du monde touchée par le manque de sollicitude de Rosier (d’une certaine façon, prévisible) et trop maligne pour céder à ses enfantillages. Il se sentait… abandonné. Par son corps et ses proches, aussi rares soient-ils. Le reflet hagard que lui renvoyait le miroir de sa salle de bain, à chaque fois qu’il daignait prendre une douche, ne lui était pas – ne lui était plus – familier. Il y avait des jours sans, et d’autres plus supportables. Mais la fatigue demeurait, telle une maîtresse amère le rappelant inlassablement et à qui il ne pouvait rien refuser.
Il s’était rendormi.

Vers quinze heures, il émergea enfin – grâce à une beuglante enflammée (cadeau empoisonné de Julian). « ROSIER– » Tiré de sa torpeur, il attrapa un oreiller et le lança en direction de la forme rouge vif valdinguant au-dessus de ses draps mais manqua mollement sa cible. Il n’avait pas délaissé le Centuries, pendant ces quelques semaines de « congé » forcé – les tâches avaient été déléguées à ses principaux acolytes et il avait pu assister à quelques meetings importants, sans pour autant expliquer les raisons de ses disparitions soudaines. (Ou son comportement erratique chatouillant la bipolarité.) Rosier était certes une loque – comme l’avait gentiment sous-entendu Shacklebolt, dont l’opiniâtreté n’était pas étrangère à ses bonnes résolutions – mais il avait le mérite d’avoir une discipline, une éthique du travail. Il s’extirpa de ses couvertures à grand-peine, passa une main lasse dans sa crinière corbeau et poussa un (interminable) soupir ; à croire que la vie lui échappait un peu plus à chaque expiration. La beuglante, qu’il avait réduite au silence d’un coup de baguette, s’était déchiquetée après avoir craché sa logorrhée d’insultes (il le supposait), laissant des taches noirâtres sur son édredon. Rosier se massa la nuque et, en inclinant la tête sur le coté, aperçut une note gribouillée à la va-vite. Anna, mardi, 12h30. Son cœur manqua un battement. « Fuck ! » Le déjeuner. Avec Anna. Mardi. Aujourd’hui. Il avait promis. La semaine dernière ? Il ne se souvenait plus – il avait visité son nouvel appartement, manifesté son indifférence à coup de grognements gutturaux, et après ? Elle s’était inquiétée pour lui, puis avait suggéré qu’ils aillent manger dans ce nouveau restaurant, à la sortie du Chemin de Traverse, un italien qu’elle mourait d’envie d’essayer. Et il avait promis. Fuck. Il ferma les yeux – et parce qu’il n’était pas d’humeur, en dépit de tout ce qu’Anna représentait pour lui, il hésita à honorer son engagement. Se hâter était inutile, mais une note d’excuse (un mensonge éhonté) pourrait-il apaiser l’offense ? Non. Elle méritait mieux que les conneries qu’il faisait miroiter à d’autres. À contrecœur, Simon se redressa et traîna sa carcasse jusqu’à un monticule de fringues délaissées, poussant du pied une chemise qui entravait son chemin. Dernièrement, le rangement ne figurait pas dans l’ordre de ses priorités, et ce n’était guère en restant couché vingt heures sur vingt-quatre qu’il accomplirait le moindre effort. Il enfila les premières fripes qu’il piocha, un teeshirt blanc et un pantalon noir, tenta d’ordonner ses épis ébène (peine perdue) et, sans volonté aucune, quitta le loft pour rejoindre le Ministère de la Magie.

« On ne fume– » Les yeux du sorcier qui l’avait interpelé s’écarquillèrent quand, en guise de réponse, Rosier leva son majeur dans sa direction, tandis que brûlait déjà à ses lèvres un cylindre roulé en chemin. Des volutes grisâtres ne tardèrent pas à s’échapper de ses narines. Il ne supportait plus les gens. La plèbe, sa caste, ses « collègues », ses clients – il les emmerdait, tous autant qu’ils étaient. Il poursuivit son chemin dans les dédales embouteillés du cinquième niveau jusqu’à la porte du seul bureau l’intéressant. Plusieurs employés le sommèrent d’éteindre sa cigarette mais ne récoltèrent que des œillades assassines, d’autant plus troublantes que la couleur de ses billes céruléennes était plus claire que de coutume – ou était-ce le fait de quelques vaisseaux sanguins explosés ? « Anna ! » Il toqua sèchement contre le battant et se permit d’entrer sans attendre une autorisation quelconque. « Écoute, pour le– Anna n’était pas seule. Et il devina, pendant le dixième de seconde que dura leur échange visuel, qu’il l’avait dérangée et qu’il allait non seulement avoir à répondre du déjeuner manqué mais aussi de son irrévérence. Ah, merde. Désolé. » Il ne l’avait jamais importunée de la sorte. Ces derniers temps, il ne réfléchissait plus vraiment aux conséquences de ses actes. Il ne réfléchissait plus du tout. Adossé contre un mur, il patienta quelques minutes (à peine cinq, son intervention avait sans doute perturbé le bon déroulement de l’entretien) avant de pouvoir passer son nez dans l’entrebâillement de la porte. « Fais pas cette tête, je suis désolé, » crut-il bon de lancer, sur un ton presque désinvolte, accusant à peine la culpabilité. « J’ai provoqué un incident diplomatique ? » Tu t’enfonces. L’intonation de sa voix transforma la plaisanterie en sarcasme narquois. « Tu vas faire la gueule longtemps ? Je suis désolé. » La mauvaise foi. Et il fumait toujours, l’enfoiré. « Pour le déjeuner, aussi. J’ai… j’ai oublié. » Alors oui – il espérait qu’Anna ne tienne pas rigueur de ces incidents, lui pardonne sa rudesse, lui offre l’un de ses beaux sourires, balaye d’un revers de main les oublis et les secondes chances… mais il commençait à douter de la foi aveugle qu’elle plaçait en lui (et honnêtement, personne ne la blâmerait). Au fond, peut-être croyait-il trop en sa dévotion. Beaucoup trop. « Allez, Anna. » Il referma la porte derrière lui et y appuya son rachis – se permettant au passage une mine agacée.  
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5357
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Un mouvement. Un craquement. Puis le sursaut du réveil… Celui de la masse informe recroquevillée au bord du lit … Les yeux tardent à s’ouvrir, les paupières refusant de se décoller. Des fourmillements dans les bras rendent compte de la fatigue accumulée ces derniers jours. Un long soupir pour exprimer la détresse qui obscurcit son esprit. La tête se soulève doucement, délaissant la texture moelleuse du matelas. La nuque est raide, sa main se place dans son cou et frotte la zone douloureuse dans l’espoir de détendre les muscles. Le corps retrouve peu à peu les mouvements, calmement, lentement, simplement … L’esprit ne suit pas, il a beaucoup de mal à mettre de l’ordre dans toutes les informations qui lui parviennent … Les jambes se replient contre la poitrine, les paumes recouvrent les paupières fatiguées et les yeux cernés, le front se pose sur les genoux, et l’espace de quelques minutes, elle resta immobile, laissant simplement les mouvements de sa cage thoracique prouver qu’elle était encore vivante. Elle n’avait plus de forces, elle était épuisée … Tout le courage qui nourrissait son existence s’était envolé en quelques jours. Elle était faible et n’arrivait même plus à s’imaginer debout. Elle voulait rester là, ainsi, peut-être même s’étendre sur le tapis au sol et s’endormir … Mais elle ne pouvait pas, elle avait trop de responsabilité, trop de choses à faire … Le cadran de sa montre affichait sept heures ; dans un peu moins d’une heure, elle devrait être assise derrière son bureau à enchaîner les réunions et les rédactions de rapport pour son patron. Elle laissa échapper un long soupir, exprimant ainsi tout le désespoir qu’elle accumulait en elle. Comment réussirait-elle à tenir le coup ? Le pessimisme en elle lui disait déjà qu’elle n’y arriverait pas. Cela dit, elle se devait d’essayer, au moins un peu.

Prenant appui sur le lit pour se relever, elle dut s’adosser quelques instants contre le mur pour laisser le temps aux ombres qui dansaient devant ses yeux de se dissiper. Elle sentait ses jambes trembler et ne savait pas vraiment si elle réussirait à avancer. Serrant les poings, elle tenta, malgré tout, le coup, têtue comme elle était. Un pas vacillant, puis un autre, elle s’arrêta à côté du lit et se pencha au-dessus pour embrasser le front fiévreux qui dépassait des couvertures. « Ca va aller. Encore quelques jours de traitement, et tu seras soignée ! Tu pourras retourner faire tes bêtises et me gâcher la vie … Comme tout le monde en ce moment ! » Elle sourit dans l’obscurité de la pièce et, se retenant aux meubles et aux murs, elle quitta la chambre où elle passait toutes ses nuits depuis près de trois jours. Elle rejoignit son propre havre de paix et lorsqu’elle entra à l’intérieur, la chaleur des rayons du soleil vint apaiser sa tristesse monotone. Frottant ses yeux et respirant lentement, elle fixait tour à tour son lit et la lumière extérieure. Une part d’elle avait envie de se jeter sur le matelas et dormir encore un peu, l’autre part savait que ses obligations lui interdisaient de le faire. Alors elle mit une main devant ses yeux et occulta le lit de son champ de vision. Elle parcourut la pièce d’un pas trainant, jusqu’à son dressing où elle attrapa les premiers vêtements qui lui passèrent sous la main et fit demi-tour pour aller vers la salle de bain afin de se préparer. Trente minutes top chrono, elle fut douchée, habillée, coiffée, maquillée – maquillage qui soit disant passant ne réussissait même plus à cacher ses signes de fatigue – et prête à partir. Elle attrapa son sac, y fourra ses dossiers, revêtit sa cape de sorcière, rangea sa baguette dans sa poche et alla jeter un dernier coup d’œil à travers l’entrebâillement de la porte. « Madame souhaite-t-elle que je lui apporte un café ? » Elle se retourna dans un sursaut et sourit à sa domestique. « Non merci, Julia. Par contre, pouvez-vous garder un œil sur elle ? Les fioles de potions se trouvent dans le meuble de la cuisine, au-dessus de la machine à café ! Je les ai tous étiqueté pour chaque jour ! » Elle lui offrit un sourire crispé et lorsqu’elle obtint un acquiescement de la part de Julia, elle quitta son appartement de la Bran Tower pour se rendre au ministère.

« Grimaldi ! Dans mon bureau ! » Sa tête se redressa brusquement et elle manqua de basculer de son siège. S’était-elle assoupie sur ses dossiers ? Elle ne le savait pas vraiment. Depuis ce matin, elle effectuait machinalement toutes les tâches qu’on lui donnait, sans vraiment réfléchir à ce qu’elle écrivait ou ce qu’elle disait … Et là, à cet instant même, elle ne saurait même pas dire ce qu’elle était en train de faire. Elle posa sa plume, recula sa chaise et se leva. Elle fut prise d’un vertige mais tâtonna jusqu’au bureau de son patron. « Oui monsieur ? » Son champ visuel était réduit mais elle se força à cligner des yeux pour discerner le visage du directeur du département. « Veuillez m’organiser un rendez-vous avec le directeur du département des jeux et sports magiques s’il vous plait. » Anna acquiesça, ne cherchant même pas un regard chaleureux de la part de son supérieur, et quitta la pièce. Ouvrant son agenda, elle écrivit une note de services qu’elle envoya immédiatement au niveau 7. Elle fixa alors le rendez-vous qu’elle avait inscrit en rouge à la date d’aujourd’hui. Elle n’avait pas oublié, mais cette note rendait l’événement encore plus réel. Depuis quelques temps, Simon lui menait la vie dure. Avec sa blessure lors de la cérémonie d’exécution des rebuts, il s’était comporté comme un enfant, et Anna avait pris un grand soin à s’occuper de lui. Mais cette blessure n’était pas la seule chose qui avait motivé ses caprices, car il avait sur un coup de tête décidé de se désintoxiquer. Bien qu’en apprenant la nouvelle, elle s’enthousiasma de cette décision, elle regretta bien vite d’avoir souhaité ce changement. Il était peut-être un peu énervant lorsqu’il était saoul ou drogué, mais il l’était encore plus lorsqu’il essayait de se sevrer. Cependant, Anna restait cette amie empathique et pleine de compassion, cette amie qui ne laisserait jamais quelqu’un qu’elle aimait derrière elle et qui ferait tout pour aider. Elle substantait à toutes ses demandes, sans réfléchir, sans même demander son reste. Elle était trop gentille, trop généreuse … Elle s’était laissée portée par son amour pour lui, voilà tout.

Quelle heure était-il ? Midi et quart. Déjà ? Elle fixait le tas de dossier qui se trouvait devant elle et haussa les épaules. Elle continuerait cet après-midi … Après tout, elle aurait bien besoin d’un bon repas pour reprendre des forces, elle n’avait rien mangé depuis la veille au soir. Refermant le dossier sur lequel elle était en train de travailler, elle se leva, remit sa cape, prit son sac et rejoignit l’atrium où elle transplana. Elle passa par le Chaudron Baveur pour saluer la propriétaire avec qui elle s’était toujours bien entendue et rejoignit le lieu du rendez-vous, dans ce nouveau restaurant italien qu’elle voulait absolument tester. Le serveur l’installa et lui proposa un apéritif, mais elle refusa poliment, préférant attendre que Simon n’arrive. Les minutes qui passèrent furent longues. Midi trente-cinq, midi quarante, une heure moins le quart … Le serveur revint, mais elle ne commanda toujours pas, se mettant en tête que Simon finirait par arriver … Il était ponctuel habituellement, pourtant. Elle soupira, tapotant le bout de ses doigts sur la table. Lorsque la pendule magique du restaurant lui annonça qu’il était treize heures trente, elle décida de partir. Elle était agacée, énervée, ne sachant même pas comment réagir face au lapin qu’il venait de lui poser. Elle qui avait toujours tout fait pour lui … Elle ne méritait pas ça. Dans un profond soupir, elle attrapa le plat à emporter qu’elle avait commandé et transplana pour retourner au ministère.

De retour à son bureau, elle se replongea immédiatement sur ses rapports, tentant ainsi d’oublier sa colère contre Simon. Elle n’avait même pas envie de lui envoyer une lettre ou un patronus pour lui demander des explications. Elle en avait marre de devoir s’occuper de tout et de tout le monde, elle avait vraiment envie de tout balancer et rentrer chez elle. Là-bas, au moins, on avait besoin d’elle et on la laissait faire ce qu’elle voulait. Tout en rédigeant le compte rendu de la réunion de ce matin, elle mangeait son assiette de pâtes sans réussir à en apprécier la saveur. Elle s’alimentait plus par besoin que par envie … « Grimaldi ! Où en êtes-vous de la rédaction de l’entente commerciale italiano-britannique ? » Anna souleva son regard du rapport en question et esquissa un sourire satisfait. « Il est terminé, et la signature se fait dans – elle fixa l’heure sur sa montreexactement trente minutes. Souhaitez-vous le relire ? » L’homme leva sa main et agita la tête traduisant ainsi son manque d’intérêt pour la relecture de ce dossier. Il lui faisait parfois une confiance aveugle par pure paresse, cependant il n’envisageait même pas la possibilité qu’avait Anna de faire signer n’importe quoi à ces partenaires … Mais elle était trop honnête, et risquait gros en tentant quelque chose d’aussi irresponsable ; alors, elle s’abstenait.

« Si l’ensemble du rapport vous convient, vous n’aurez qu’à signer, ici, ici et là, tout en paraphant chacune des pages … » Alors qu’elle désignait chacune des pages où le responsable commercial devait signer, quelqu’un frappa à la porte et l’appela par son prénom. Elle n’eut pas besoin de réfléchir pour savoir qui se trouvait derrière cette porte. Le visage de Simon apparut dans l’encadrement, et Anna ne put s’empêcher de lui envoyer un regard assassin. Elle ne dit rien, elle savait qu’il avait compris ; et d’ailleurs il referma la porte sur lui non sans laisser sortir de sa bouche une petite vulgarité qu’il se permettait même devant des inconnus. Elle pinça les lèvres, gênée par cette intervention assez perturbante. « Excusez-moi. Cet homme n’a absolument aucune tenue et aucun respect pour les règles de civilité. » Elle tendit le tas de parchemin à l’homme d’affaire et poursuivit. « Tenez, prenez donc le temps de bien lire l’ensemble du rapport, incluant les petites notes de bas de pages – elle sourit avec malice pour essayer de détendre l’atmosphère – et vous n’aurez qu’à me recontacter dans la journée ou dans la semaine, dès que vous êtes disponible pour me ramener le rapport ou bien me questionner plus précisément sur certains points. Cela vous convient-il ? » L’interpellé semblait satisfait de disposer d’un peu plus de temps pour parcourir ce document, de fait il ne lui tint pas rigueur de cette irruption imprévue dans le bureau. Elle serra la main de l’homme et lui rendit un sourire chaleureux. Lorsqu’il quitta la pièce, elle se laissa retomber dans son siège et serra les poings pour contenir sa colère. Elle plaqua ensuite ses mains sur son visage et étouffa un grognement lorsque Simon s’excusa avec désinvolture. Elle n’arriva pas à contenir suffisamment sa rage pour lui répondre, du coup, elle serrait les dents et l’écouta débiter un flot de paroles insensibles. Elle ne le comprenait pas, elle n’y arrivait pas, elle n’y arriverait peut-être plus jamais. Trop fatiguée pour réfléchir, trop énervée pour lui vendre un argumentaire clair. Rien, plus rien ne tournait rond.

Lorsqu’elle entendit la porte de son bureau se refermer, elle décolla ses mains de son visage, attrapa furieusement sa baguette et dans un grand mouvement, elle lança un sort d’Impassibilité sur la pièce. Le lieu en aurait besoin, surtout avec ce qui l’attendait. Elle se leva, s’appuyant sur la table et fixa le visage impertinent de Simon. Elle laissa un temps de silence, pinçant les lèvres et faisant de petit mouvement de tête pour traduire son mécontentement. Qu’allait-elle dire, que pouvait-elle dire ? « Tu n’es qu’un … GAMIN – elle cracha le mot avec virulence – qui se croit tout permis. » Elle le pointa du doigt. « Me poser un lapin est une chose ! Mais débarquer ici, comme ça, sans même te dire que j’étais peut-être en train de travailler, c’est irresponsable et impoli. Tu peux me laisser poireauter autant que tu veux dans un restaurant ! Mais ne t’avise jamais de refaire CA ! » Elle désignait le sol du bureau pour parler de ce qui venait de se passer. « Et tes excuses, tu peux les garder. Je n’ai même pas envie de les entendre. En fait, je ne veux même pas savoir pourquoi tu n’as pas pu venir … » Elle enfonçait presque ses ongles dans le bois de la table pour contenir sa fureur. « Je te donne tout Simon ! SANS ARRET ! Je te donne de mon temps, de ma personne ! Mais là, ce n’est absolument pas le bon jour pour être toi ! Vraiment pas ! » Elle le défiait du regard, cherchant une once de culpabilité en lui, mais rien, elle ne décelait rien. « Tu n’es pas le seul sur terre à avoir besoin de moi ! » Chiara … « Si je n’étais pas aussi épuisée, tu aurais déjà reçu une gifle et je t’aurais déjà jeté du bureau ! » Contiens-toi, ce n’est pas le bon endroit pour faire une scène de ménage. La colère était tellement grande que ses yeux se voilèrent de larmes. Elle baissa la tête par pudeur et tenta de se calmer en respirant plus lentement. Inspire, 1, 2, 3, 4, expire, 1, 2, 3, 4 …
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Simon Rosier
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Il y eut un silence gênant, et peut-être, une invitation à déguerpir tant qu’il en était encore temps. Claquer la porte, puis revenir un autre jour, s’excuser une énième fois ; à la fin, ils s’y étaient accoutumés, à cette ritournelle malsaine. Pourtant, il était trop déboussolé pour esquisser ne serait-ce qu’un geste (partir) ou écouter les vagues (mauvaises) idées que lui murmurait sa conscience détraquée. Les bras ballants, d’une raideur à s’en esquinter les articulations, il la fixait sans mot dire, à peine surpris par le ton qu’enfin, elle osait employer à son encontre. De l’intransigeance, d’où transsudait un peu de colère. Et il avait envie de sourire, et de répliquer, c’est pas trop tôt, et de la provoquer jusqu’au point de non-retour. Si encore avait-il été suffisamment impertinent. « Tu n’es qu’un gamin qui se croit tout permis, » qu’elle s’exclame. Oh. Quelques ridules apparurent sur son front, quand il haussa les sourcils et accompagna sa moue goguenarde d’un hochement de tête circonspect, l’air de dire, et quoi d’autre ? Apprends-moi quelque chose que j’ignore. Remugle de déjà-vu. Des reproches, des leçons, des promesses, une dispute larvée qui traînait depuis presque dix ans et qui n’avait jamais atteint son paroxysme, parce que dans un monde qui se déchirait, ils ne pouvaient pas condamner cette dernière amitié, sublimée par deux ou trois réminiscences n’honorant plus les personnes qu’ils étaient devenues. « Mais ne t’avise jamais de refaire ça ! » Il y avait quelque chose qu’il ne disait pas, et il y avait quelque chose qu’elle lui cachait — il le savait, mais il était trop égoïste pour se concentrer sur d’autres paroles que ses foudres. Il s’en foutait – il voulait s’en foutre, comme il ne s’inquiétait plus de rien, comme tout était devenu dérisoire. Lui, elle, eux, les autres, la guerre, les pertes, le sang. Du vent. Ce n’était pas grave, ça passera, il avait envie de penser. À dire vrai, il n’était pas d’humeur à se battre avec quiconque, pas dans cet état et pas avec l’exaspération qui était la sienne. « Je t’ai plantée au resto, la belle affaire. Tu t’en remettras, » rétorqua-t-il d’un ton cinglant. Ses mains tremblotantes se réfugièrent dans les poches de son jean et se refermèrent en deux poings serrés, prêts à s’écraser contre un mur, une porte, un bureau, n’importe quelle surface solide se trouvant à sa portée, et susceptible de défoncer ses phalanges dans la foulée, lui donner une raison légitime de souffrir. « Et tes excuses, tu peux les garder. L’inspiration lui aurait manqué, de toute façon. Je n’ai même pas envie de les entendre. En fait, je ne veux même pas savoir pourquoi tu n’as pas pu venir… » Ç’aurait été une infamie de lui faire grief de leurs éclats, et la plus effroyable des hypocrisies de sa part, mais une fureur dont il ne connaissait que trop bien les origines grondait dans ses entrailles, menaçant d’imploser à tout moment ; et le ressac de son amertume n’en était que plus douloureux. C’était sans doute le moment où elle exigerait qu’il parte. Il l’espérait, soudainement, afin de limiter les dégâts. « Je te donne tout Simon ! SANS ARRÊT ! » Il ricana nerveusement, dissimulant le rictus ingrat derrière sa dextre. « Je t’ai rien demandé… » murmura-t-il, amer. « Je te donne de mon temps, de ma personne ! »
Quelque chose qu’il croyait infrangible s’était fracturé. Craignaient-ils tant la vérité, la douloureuse mais inévitable révélation du leurre qu’ils se tendaient mutuellement ? À trop espérer de l’un, à trop attendre l’autre, ils avaient atteint un point de non-retour, quelque part entre les déconvenues et les désillusions. Prétendre plutôt qu’assumer une fin qui les guettait depuis trop longtemps. « Je me répète, qui te l’a demandé ? Pourquoi tu n’arrives pas à accepter que tu ne sauveras pas tout le monde avec tes bons sentiments et tes secondes chances ? » Ça le dégoûtait, lui, les bons sentiments. L’idéalisme, l’optimisme, toutes ces conneries crées et entretenues par des imbéciles heureux, pétris d’abnégation, si certains que l’obscurité d’une âme ne pouvait en engloutir toute la lumière ! C’était Anna. Anna et ses mains tendues, et son pardon, et ses paroles réconfortantes. Anna qui l’aurait écouté pleurniché à propos d'un meurtre sans ciller. Il ne veut plus de sa pitié. « Mais là, ce n’est absolument pas le bon jour pour être toi ! Vraiment pas ! » Il se figea. L’indifférence sclérosant ses traits s’évanouit alors, révélant des ridules ici et là. Le faciès imperturbable se désagrégea et bientôt s’esquissent les marques de l’incompréhension. Un froissement de sourcils, un mouvement de recul, sa main qui tâtonne derrière lui, prévenant un éventuel obstacle. Il entrouvrit les lèvres puis les referma aussitôt ; il comprit alors que le combat intérieur qu’il menait contre sa colère, farouchement endiguée par quelques restes de volonté, était voué à l’échec. Pendant quelques secondes, il demeura inexpressif, muet. Dépouillé de son fiel. « Quoi ? » Il ahana, d’une voix blanche. Le bon jour pour être lui. « C’est quoi ces conneries ? » Il peina à articuler. Le ton était enroué, pour quelque obscure raison. Son palpitant redoubla sa folle cadence, et remonta jusqu’à sa gorge, si bien que bientôt, il crût l’entendre tambouriner contre ses tempes. L’assaut, d’une violence inattendue, ne tarda pas à fissurer ses remparts – et elle continuait d’éructer sa rancœur. « Si je n’étais pas aussi épuisée, tu aurais déjà reçu une gifle et je t’aurais déjà jeté du bureau ! » Il ne l’écouta pas, trop occupé à recouvrer ses esprits après ce moment d’absence. Avalant la maigre distance qui les séparait, Rosier attrapa brutalement la mandibule d’Anna et braqua ses iris explosés dans les siennes, « réponds-moi, tu veux dire quoi par là ? » D’égérie à poupée de chiffon, il n’y avait qu’un pas – et un geste qu’il regretterait longtemps. « Éclaire-moi, siffla-t-il, en rapprochant son visage de sa vis-à-vis. Quelque chose te gêne ? » Il avança, la força à épouser ses pas, à reculer. La valse maudite du démon et de l’ange sur lequel il avait jeté son dévolu. « Quand est-ce que tu comprendras ? » Il aurait juré sentir le souffle d’Anna caresser ses lèvres, tant ils étaient proches. Ses doigts refusaient de lâcher prise. « Je ne changerais pas pour toi, » dit-il, « et c’est une promesse que je tiendrais, cette fois. » Il se révélait, monstre qu’il était, fier porteur de la Marque, et d’idéaux sombres profondément ancrés sous son épiderme blafard. Indigne de celle dont il réclamait l’approbation, et pour qui il éprouvait une dévotion qui lui avait empoisonné l’existence. Il n’y avait rien de pire que des amours contrariées et non partagées. Rien de pire que forcer un sourire à un mariage qui aurait pu – – être le sien. Rien de pire qu’attendre. Une opportunité manquée, et son impardonnable erreur – l’avoir laissée filer par égoïsme. Anna avait été son évidence, mais qu’est-ce qu’une évidence dans la tête d’un abruti trop épris d’indépendance ?
Cette intimité-là était affreuse, et entendre leurs cœurs battre à l’unisson était un supplice. Un bourreau et sa victime. Il se dégoûtait, mais à ce stade, ce ne serait jamais qu’une forme d’honnêteté, tressée de vérité. Le mensonge, ce n’était pas de boire en cachette, quand elle avait le dos tourné, ni de vaquer à ses scandaleuses occupations lorsqu’il jurait arrêter les excès – le mensonge avait été de se réfugier derrière un souvenir commun, vitriolé par l’usure du temps, et d’espérer en une rédemption. Aujourd’hui, il ne restait rien. Il y avait une soif, en lui, intarissable, et un manque béant, une sensation d’inaccompli qui le gangrénait ; elle ne comprendrait pas. Sa main, finalement, glissa jusqu’à sa gorge, où il put sentir son pouls affolé. « Faut qu’on arrête, marmonna-t-il alors. Faut qu’on arrête de faire ça. Arrête de vouloir t’occuper de moi en permanence. Je suis pas malade, et personne ne t’a demandé de te saigner aux quatre veines pour moi. » Personne, pas même ses appels à l’aide qui n’en étaient pas. Rien. Certains étaient juste détraqués, et il n’y avait rien de récupérable.
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5357
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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Ce ton condescendant, ce regard provocateur, elle ne le connaissait pas ainsi, elle ne le reconnaissait pas … Mais elle était trop obnubilée par la colère qui coulait dans ses veines pour s’attarder sur ce qu’il était ou sur ce qu’il devenait. Elle voyait juste le contraste, elle voulait l’ignorer, mais cela lui réclamait trop d’efforts. Il fallait absolument qu’elle se rende à l’évidence, il avait toujours été ainsi : le gamin impoli, capricieux, égoïste qui n’en avait rien à faire des autres, qui réclamait de l’attention, mais qui ne la rendait pas. Elle s’était voilée la face trop longtemps, parce qu’elle l’aimait, parce qu’elle voulait tellement voir le bon qui était en lui … « Je me répète, qui te l’a demandé ? Pourquoi tu n’arrives pas à accepter que tu ne sauveras pas tout le monde avec tes bons sentiments et tes secondes chances ? » Thomas, Teresa, Anita … C’en était trop, elle ne pouvait plus, elle n’y arrivait plus … Elle savait que demain elle regretterait d’avoir abandonné, mais elle devait le laisser partir … Pour son propre bien, à elle, à lui, ils se faisaient trop de mal, et les conséquences les faisaient souffrir. Elle cracha des mots qu’elle voulut immédiatement retirer. C’était une erreur de lui reprocher d’être lui. Elle ne pouvait pas le changer, elle le savait, jamais personne ne devrait avoir à changer. La personnalité faisait l’homme ; forcer quelqu’un à devenir un autre, c’était le réduire à l’état d’animal … « Quoi ? C’est quoi ces conneries ? » Il réagit très mal à cette remarque comme elle s’y attendait, mais elle ne lâcha pas du lest, elle chargea, parce que son subconscient voulait s’exprimer, parce qu’elle voulait qu’il sache ce qu’elle pensait. A chaque fois qu’elle essayait cependant, les regrets l’oppressaient immédiatement et bientôt elle dut baisser les yeux pour calmer le jeu. Tout du moins c’est ce qu’elle pensait … Parce qu’en ne répondant pas à la fureur de Simon, elle l’avait nourrie et il était à présent incontrôlable. Tout s’enchaîna à une vitesse folle. Il avança vers elle, elle voulut reculer mais son pied se cogna contre sa chaise et elle faillit trébucher. Il était là. Il l’attrapa au visage et planta ses yeux rougis dans les siens. « Réponds-moi, tu veux dire quoi par là ? Éclaire-moi. Quelque chose te gêne ? » Il la força à reculer, et la coinça entre le mur et lui. « Quand est-ce que tu comprendras ? » Elle ne répondit pas, c’était trop tard ; elle était déjà ailleurs.

Je te lâche, tu meurs. Pigé ? Son corps se raidit, elle serrait les poings des larmes coulant d’eux même le long de son visage. Au musée, elle n’avait pas pleuré, elle avait voulu se montrer forte, mais là, impossible, ce souvenir lui faisait trop mal, elle était totalement déconnectée. Elle ne sentait plus rien, son esprit dévalait les marches de son passé. Cette petite fille face aux vagues, ces deux enfants rassemblés autour d’une rose, ce bébé babillant avec son frère et sa sœur, ce train, ce garçon, ce château, ce mariage, ce petit garçon, ce corps, cette absence, ce bébé, ce sourire … Ce sourire qu’elle ne reverrait jamais, ce sourire qu’elle n’avait pas pu voir ce matin, ce sourire qui n’existerait plus. Mourrait-elle ? Irait-il jusque-là ? Elle avait la sensation de flotter dans le vide, comme ce jour-là, et pourtant, ses pieds étaient bien fixés au sol. Cette emprise qu’il avait sur elle suffisait pour qu’elle flotte au-dessus de son corps, pour qu’elle perde pied. Elle se revoyait espérer mourir rapidement, elle se revoyait tendre la main aux enfers et au paradis, elle se revoyait regretter d’avoir si peu fait, et de ne pas avoir assez dit Je t’aime. Elle le rejoindrait. Thomas. Il l’attend sûrement. Elle le reverrait. Teresa. Elle pourrait lui dire combien elle s’en voulait de ne pas avoir été là pour elle, pour la soutenir. Chiara. Chiara serait la seule malheureuse dans l’histoire. Mais Matteo serait là, il serait là pour prendre soin d’elle, il le fera, il prendra cette mort comme un pardon pour l’avoir désavoué et rejeté, parce qu’après tout, l’amour fraternel ne se perdait pas aussi facilement.

« Je ne changerais pas pour toi, et c’est une promesse que je tiendrais, cette fois. » Elle n’avait pas encore pu analyser le sens de ces mots, mais son cerveau réussit enfin à se reconnecter à la réalité. Tu es dans ton bureau. Tu es vivante. Mais Anita est morte, voulait-elle murmurer. Sa respiration était toujours très rapide, son cœur battait à une vitesse surhumaine et ses yeux libéraient une déferlante de larmes. Brisée. Elle était brisée, essoufflée, fatiguée de son propre corps, de son propre caractère, de sa propre personne. Toute sa vie, elle s’était leurrée, elle n’avait vu que le meilleur des gens, elle s’était pliée aux demandes de chacun, faisant toujours passer son intérêt après celui des autres. Mais à présent il lui offrait une porte de sortie, il lui offrait une chance de se soulever contre lui et de le laisser partir. Elle devrait peut-être. Elle avait du mal à se l’avouer, mais tout ce temps, Matteo avait eu raison. Il n’avait jamais aimé Simon, il n’avait jamais compris pourquoi elle continuait à le voir après toutes ses transformations. En vrai, elle ne comprenait pas non plus, elle ne comprenait plus. L’attirance qu’elle avait pour lui n’arrivait pas à s’atténuer, malgré toutes les erreurs qu’il avait faites, malgré toutes les méchancetés qu’il lui avait lancées à la figure, malgré ça. Elle détourna les yeux de Simon, parce que ce contact était devenu trop lourd. Elle posa toute son attention sur le bocal rempli d’eau qui se trouvait au coin de son bureau. A la surface, flottait une fleur. Elle avait enchanté cet objet pour qu’il se modifie en fonction de son humeur. La fleur s’épanouissait ou non en fonction de sa joie ou de sa fatigue. Et lorsqu’elle était stressée ou que des émotions trop fortes la parcouraient, l’eau se mettait à vibrer, produisant parfois de violentes vagues. Là, la fleur était entièrement close et l’eau menaçait de déborder. Le flot était tellement important que le verre du bocal risquait de se fissurer à tout moment. Elle devait se calmer, se calmer et reprendre le dessus.

« Faut qu’on arrête. Faut qu’on arrête de faire ça. Arrête de vouloir t’occuper de moi en permanence. Je suis pas malade, et personne ne t’a demandé de te saigner aux quatre veines pour moi. » Il lâcha enfin la pression sur sa mâchoire. Elle se sentit défaillir mais elle ne voulait pas s’avouer vaincue, elle ne voulait pas le laisser gagner, elle ne pouvait pas le laisser croire que ce qu’il venait de faire était acceptable. Elle n’était plus aussi furieuse qu’avant, elle était simplement dégoûtée, triste et fatiguée. « QUEL … » salaud ? Elle retint ses mots ; ils se coincèrent dans sa gorge pour l’empêcher de dire des choses qu’elle regretterait. Elle le repoussa de toutes ses forces et plaqua sa main droite sous les yeux de Simon pour lui montrer les petites cicatrices datant de leur enfance. « Tu vois ça ? » Elle s’approcha de lui avec fureur et attrapa le poignet droit de Simon avec sa main gauche, elle le serra de toutes ses forces pour l’empêcher de réagir et lui mit une énorme gifle. « Je te les rends ! Je te rends tout ! Le poison de ta rose, les cicatrices qui sont restées, toutes les cicatrices que tu as laissées en moi. TOUT ! Tu peux tout reprendre ! » Elle le repoussa une nouvelle fois et recula jusqu’à la fenêtre trompe l’œil de son bureau. « Je peux pas continuer à aimer quelqu’un capable de ça ! » Sa voix se rompit et elle porta ses mains au niveau de sa mandibule et de son cou pour tenter d’apaiser la douleur qui battait encore sur sa peau. A présent, le moindre contact sur cette zone ne lui rappellerait pas seulement l’attaque au musée, mais aussi le jour où Simon avait perdu toute son estime. « Ce que tu ne comprends pas … Ce que tu n’as jamais réussi à comprendre, c’est que SI JE NE LE FAISAIS PAS ! Qui le ferait ? Qui ? » Elle posa ses bras en croix sur sa poitrine comme pour se protéger et poursuivit d’une voix emplie de sanglots. « De toute façon, tu dois avoir raison ! Tu t’en sortiras bien mieux sans moi ! Figure-toi que ça a failli arriver ! Mais tu t’en fiches ! De toute façon, tu ne m’as rien demandé, c’est que tu es capable de tout, tout seul, c’est que tu n’as pas besoin de moi ! » Elle faisait référence au maléfice qu’Hudson lui avait envoyé, celui qui l’avait détruit, celui qui avait torturé ses entrailles, elle avait eu tellement mal et une part d’elle avait voulu en finir. Elle se laissa glisser au sol et reprit sur un ton plus modéré. « Tu sembles si sûr de ne pas être malade Simon, mais sais-tu réellement ce que c’est qu’être malade ? Tu as un problème. Et tu le sais, tu le sais ! Pas besoin d’être guérisseur pour le savoir. » Elle se recroquevilla sur elle-même, enserrant ses genoux autour de ses bras engourdis. Elle sentait des picotements dans son ventre en rappel de sa propre blessure. Ça commençait par des picotements et elle finissait par se tordre de douleur. « Je ne peux plus. » Parlait-elle de Simon ou des souffrances liées au maléfice qu’elle avait reçu ? « Tu devrais y aller. » Elle avait besoin de prendre ses potions de soin, la liste s’était réduite à cinq filtres et mixtures, trois fois par jour. Avec le stress, elle avait oublié de les prendre à midi, elle devrait les prendre maintenant, mais pas devant lui … Elle s’interdisait de lui montrer sa vulnérabilité, elle se refusait de lui faire croire qu’il avait gagné.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
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‹ disponibilité : dispo (1/6)
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‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5114
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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Les connards meurent seuls.

Il le réaliserait plus tard, comme toujours. Parfois, il avait seulement besoin d’une minute, et souvent, d’une heure, d’une journée, d’une semaine ou d’une année ; peut-être même une vie entière pour mesurer l’ampleur d’une erreur. Mais il ne vivait pas dans le passé, contrairement à ses pairs, profondément attachés à la gloire passée de leurs ancêtres, et ancrés dans une époque qui ne correspondait plus à la leur. Il imaginait le lendemain alors que la veille n’avait pas encore eu lieu, et les heures filaient, balayées par son impatience d’en voir davantage. Mais à vouloir vivre à toute allure, en songeant que mille et unes aventures tromperaient sa solitude, il avait fini par se vautrer dans l’ennui. Le déjà-vu. Ça le tuait, désormais, de s’emmerder à ce point, d’attendre ce qui n’arriverait plus. Enlisé dans une sempiternelle fatigue que le plus réparateur des sommeils ne parvenait pas à vaincre, il se contemplait s’abîmer, à mesure que les abus redessinaient ses traits et phagocytaient ses neurones, sans réagir – et même curieux de savoir jusqu’où il supporterait ce calvaire, quelque part, doloriste. Il avait pris dix ans dans la tronche du jour au lendemain, et cette sobriété nouvelle lui ressemblait si peu que la tentation de courir dans le premier pub du coin le meurtrissait. L’ivresse l’aliénait de lui-même et désinhibait ses sens – salopait sa mémoire. À cet instant, il était conscient, lucide, et cette violence soudaine à l’égard d’Anna était, à son horreur, une manifestation intentionnelle de sa part. Et ils étaient si proches, quoiqu’à des éons l’un de l’autre. Des détails qu’il ne remarquait pas toujours lui sautaient aux yeux ; la fossette, qu’elle avait au menton, et les tâches de rousseur qui parsemaient subtilement son visage. Le voile humide couvrant ses yeux acier, et le frémissement de sa lèvre. Lorsqu’Anna sortit de sa torpeur, son esprit vagabondait, et elle le tira de sa léthargie quand ses mains, les seules armes qu’elle avait contre lui, s’érigèrent en bouclier et le repoussèrent en arrière. Il buta contre un coin du bureau, grimaça. « Tu vois ça ? » Sa paume braquée sous son nez, il n’eut d’autre choix que contempler les estafilades blanchâtres coupant ici et là les lignes de main.
Ils étaient enfants. « Arrête. » L’adulte, lui, était aveugle.

Les doigts d’Anna se refermèrent autour de l’un de ses poignets. Si fort. La baffe, il ne la stoppa pas. Le plat de sa main s’écrasa brutalement contre sa joue. Un claquement sec, qui acheva de plonger le bureau dans le silence. Il avait à peine tressailli, car la force de sa vis-à-vis était moindre en comparaison à la sienne, mais une trace rougeâtre ne tarda pas à s’imprimer sur une partie de son visage, et s’accompagna d’une éphémère sensation de picotement, qui s’évanouit aussi vite qu’elle était apparue. La pulpe de ses doigts effleura la marque presque invisible, et ses billes, inexpressives, rebondirent sur les traits d’Anna, soudainement plus anguleux, durcis par sa fureur. « Je te les rends ! Je te rends tout ! Le poison de ta rose, les cicatrices qui sont restées, toutes les cicatrices que tu as laissées en moi. TOUT ! Tu peux tout reprendre ! »  De nouveau, elle le repoussa, plaquant contre son torse deux paumes lassées de s’être si souvent tendues vers lui, et il chancela, pour revenir aussitôt à la charge. « Tu me rends quoi ? Ça crachait, ça se rebiffait. Tu me rends quoi ? Je t’ai jamais rien donné. Me fais pas culpabiliser pour ça ! Tout ce que tu me reprocher, ce sont… les absences, les abandons, l’ivresse, la défonce, l’égoïsme, c’est de disparaître. » La colère contaminait sa raison, sa sacro-sainte maîtrise, échauffait le un sang d’ordinaire froid, dans l'arantèle viciée de ses veines. Il s’agitait, haussait le ton. Ce n’était pas lui – ou l’était-ce, justement ? L’était-ce ? « À un certain moment, tu as fait un choix, il pointa un index accusateur dans sa direction, et je suis parti pour ne pas encombrer ton tableau, alors ne me fais pas passer pour l’enfoiré de service ! » Elle s’était mariée, putain. Elle s’était mariée. Elle regagna le coin de la pièce, et lui, il lui tourna le dos, se rapprocha de la porte. L’un de ses poings s’arrima à sa hanche, tandis qu’il fourrageait de sa main libre quelques mèches ébène, croyant remettre en ordre des pensées qui lui échappaient, dans le chaos de sa raison. Elle s’était mariée. Et il avait applaudi, comme tout le monde, il avait trinqué à la santé des heureux époux, comme tout le monde, il avait serré la main de ce type, comme tout le monde, il avait ri, et souri, et dansé, et plaisanté, comme tout le monde, quand il crevait de l’intérieur. Assister à cette cérémonie l’avait assassiné – et ceux qui disent que l’on doit se réjouir du bonheur de l’autre n’ont jamais eu le cœur brisé. « Ce que tu ne comprends pas … Ce que tu n’as jamais réussi à comprendre, c’est que SI JE NE LE FAISAIS PAS ! Qui le ferait ? Qui ? » Assez. Il se retourna tout d’une pièce, « c’est le rôle que tu veux te donner ? » C’était injuste. La porte redevint un pan de mur, cependant qu’il rebroussait chemin, et du dos de sa main, il envoya valser le pot de fleur ornant le bureau d’Anna contre le mur. Ses paumes s’aplatirent contre la surface encombrée de la table – une veine, quelque part sous son œil gauche, s’était gonflée, battait furieusement contre la peau trop fine et violacée. De rage, ou de fatigue. « Tu crois que je ne l’avais pas déjà compris ? Que j’agis comme j’agis par fierté ? Une pause, il se redressa. T’as faux… t’as tout faux. Toi, ça te blesse, de voir ça, et tu veux que ce soit un appel à l’aide… C’est pas un appel à l’aide. » Le ton se fit grave, perdit de sa virulence. À court de fiel, parce qu’il y avait de la vérité, qui résonnait dans ses paroles. « C’est juste… ça. C’est juste comme ça. » Les autres, et cette foutue propension à devoir déterrer quelque obscure justification à un comportement socialement incorrect. Il était sans doute malade – voire, très certainement. Il n’y avait rien de normal à verser davantage de pur-feu que de café dans une tasse dès sept heures du matin, et rien de normal à se bousiller de cette manière ; mais c’était comme ça. « De toute façon, tu dois avoir raison ! Tu t’en sortiras bien mieux sans moi ! Figure-toi que ça a failli arriver ! » De quoi parlait-elle. « Mais tu t’en fiches ! De toute façon, tu ne m’as rien demandé, c’est que tu es capable de tout, tout seul, c’est que tu n’as pas besoin de moi ! » Il hocha la tête, vigoureusement, à chaque nouvelle pause, levait les yeux au ciel, retenait un rictus sardonique. C’est ça, continue, continue. De l’ironie en écume au bord des lèvres, exsangues à force de les mordre, et une envie irrépressible de fondre sur elle, la secouer un peu, lui tendre l’autre joue pour une nouvelle gifle. « Arrête de parler par énigme Anna, aux dernières nouvelles, je ne suis pas legilimens et j’ai pas le temps de jouer aux charades. » Elle dramatisait. Au paroxysme de son agacement, il se recula, renversa violemment la chaise sur laquelle était installée, il n’y avait pas si longtemps de cela, l’individu dont il avait dérangé le rendez-vous, et se réfugia aussi dans un coin opposé. Anna s’était recroquevillée sur elle-même, comme pour se protéger d’un nouvel assaut, et de là où il était, il ne discernait que ses jambes et un peu de sa chevelure flamboyante.

Il y eut un silence inconfortable. Un bref moment où les cris sombrèrent, à l’instar de leur affection passée. Avait-elle dit qu’elle l’aimait ? Il ne savait plus, il ne se rappelait plus. Il avait cru l’entendre. Un couple qui n’en avait jamais été pouvait-il se désagréger ? Il attendait qu’elle le poignarde, l’oblige à partir, plutôt que le lui suggérer. Il l’adorait à s’en damner, en dépit de tout – en dépit de lui-même ; mais la réalité crachait une autre vérité. Il était plus prompt à l’empoigner à cause d’une malheureuse parole, à la plaquer contre un mur car elle avait bousculé son orgueil, qu’à disparaître sans protester. Et l’acte se suffisait à lui-même.
Tu as un problème.
« Je sais que j’ai un problème, qu’il grommela. Je le vois à chaque fois que tu me regardes. » L’épaule collée au mur, ses autans de fureur finalement jugulés, il avait croisé les bras sur son torse, et sa voix, bien que sèche, avait perdu de sa malveillance. Je sais. Il se sentait flancher. Salaud coupable et détraqué, qui s’était paumé en chemin. « On aurait dû y arriver, osa-t-il. Parce qu’il n’arriverait pas à partir. Pas comme ça. Il reviendrait, il revenait toujours ; et c’était leur fléau. Une dispute de plus ou de moins, des vérités trop dures à entendre pour être assumées, leurs éclats, leur douleur ; ces maux sobrement retenus qui s’entrechoquaient enfin, dans un ballet désordonné de hargne teintée de mélancolie. Avec Thomas, il l’avait vue sourire et s’épanouir, savourer chaque instant ; et avec lui, malgré de rares moments d’accalmie, elle se heurtait à ses contradictions, son acrimonie, son incapacité chronique à se soucier d’autre chose que de lui-même. Il enfouit son visage entre ces mains, et bientôt, celles-ci dérapèrent jusqu’à la naissance de son crâne, gominèrent de nouveau les épis corbeau et terminèrent leur course contre sa nuque, qu’il massa une minute, sans quitter du regard les étagères lui faisant face. Puis ses globes tombèrent à leur tour, sur ses pieds, sur le sol où il n’y avait rien à regarder, et ses paupières se pressèrent fugacement, brouillant cette image sans importance et l’envoyant valdinguer contre un coin de son esprit. Il n’avait rien à dire de plus, mais il cherchait des mots, des paroles, qui peut-être n’auraient rien de réconfortant, qui la blesseraient sans doute encore, et il ne trouvait pas. Il ne voulait pas partir.
– On aurait dû y arriver, » se contenta-t-il de répéter, d’une voix faiblarde.
C’était pour lui. Lui, qui n’avait pas réussi à saisir sa chance quand elle s’était présentée. C’était égoïste, de continuer à la désirer, et de provoquer ce qui n’était pas supposé être en premier lieu. Il aurait voulu se désapprendre, ou désapprendre leur relation, se libérer d’une emprise que sa seule imagination avait créée. « Je ne peux plus. Tu devrais y aller. » Et tu devrais l’ordonner. Sa charpente réagit, se redressa silencieusement. La colère de ces dernières minutes s’était dissipée, et ne restait plus qu’une sensation de vide, d’inaccompli. Sa main rencontra la poignée de la porte, mais une œillade, fugace, eut raison de sa confusion ; son bras retomba lestement le long de son corps.
« Oblige-moi, » demanda-t-il. Une chaise renversée, un vase explosé. Anna, anéantie. Son œuvre affligeante. Il revint sur ses pas, encore ; ce bureau avait tout d’une scène, sur laquelle ils évoluaient au gré de cette amitié, des fuites constantes, des replis stratégiques, des sorties théâtrales. La fin d’un acte. Il s’agenouilla lentement, passa une main lasse sur son visage blême. La contempla une seconde ; sublime. « J’aurais voulu que ce soit différent, entre nous. Mais j’en peux plus de te décevoir, » il approcha, avec la maladresse d’un débutant, ses doigts de la joue d’Anna, redoutant un éventuel mouvement de recul, frôla de ses phalanges le contour de sa pommette. « Il y a juste des choses qui ne sont plus pareilles, qui ne redeviendront jamais pareilles. Mais ça ne veut pas dire que je ne te remercie pas pour avoir été là, quand je ne le méritais pas. » La gorge s’était asséchée. Ses globes se baissèrent, sa langue humecta ses lèvres. Il secoua la tête. « Je tiens à toi, à tel point que c’est devenu intolérable. Comme une blessure, dont les chairs béantes refusaient de cicatriser, qu’il grattait afin de raviver la douleur d’un souvenir. Et… j’étais honnête. Je ne veux pas que tu te tues à m’aider. Ça te mène à rien. » On ne sauve plus les causes perdues. Ce n’était pas une histoire de rédemption. Ça, il s’en foutait. « Regarde ce que je te fais, » sa voix n’était plus audible. « Est-ce que tu as peur de moi ? » Dis-moi que non, malgré tout. Une supplique, dans ses globes inanimés. « Si tu veux que je parte, je partirai, mais– » avant de se perdre, « tu me manqueras, et je reviendrais… et je ne peux pas me passer de toi. » Ne me fais pas partir.
Mais ça le tuait, lui aussi, de dépendre d’elle, et de lui pourrir la vie. De ramper à ses pieds quand il hurlait qu’il n’avait pas besoin d’elle. Il imaginait que certaines choses étaient hors de sa portée, hors de lui ; qu’il préférerait souffrir mille et une morts plutôt que l’abandonner.  
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5357
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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La vie n’était qu’une succession de choix dont on ne voyait les conséquences que lorsqu’elles étaient devenues irréversibles … Durant toute leur enfance, leur relation avait toujours été une évidence. Leurs mères respectives étant amies, leur sang pur, leur jeune âge … Lorsqu’on était enfant, tout était simple, tout se faisait naturellement sans que l’on ait à réfléchir au pourquoi du comment, aux causes et aux conséquences … Un enfant avançait à l’instinct, il faisait confiance à son cœur et ses sentiments. C’était ce que Simon avait fait lorsqu’il était venu lui offrir cette rose pour son anniversaire. Elle avait gardé un souvenir parfait de cet instant, chacune des sensations, chacun des sourires qu’elle lui avait offerts, chacune des épines de fleur qui s’étaient enfoncées dans sa main … Elle se rappelait même du regard furieux de sa mère lorsqu’elle avait dû lui enlever les petites aiguilles unes à unes et de la crise qu’elle avait faite pour que le médecin ne lui enlève pas les petites marques sur ses mains. Je veux les garder toute ma vie, avait-elle affirmé. Elle n’avait jamais envisagé que « toute sa vie » prendrait fin aujourd’hui … Elle avait perdu le contrôle, l’avait giflé, lui avait jeté ces souvenirs à la figure dans l’espoir de le réveiller. Mais elle regrettait à présent, pourquoi s’était-elle emportée à ce point ? N’avait-elle pas toujours été patiente et calme avec lui ? Elle ne voulait pas oublier, elle voulait tout garder, le bon comme le pire … Le bon plus que le pire. Et ce souvenir faisait partie, sans nul doute, du bon … Cependant ce qui était fait, était fait. Rien n’était irréversible, mais ça oui, parce qu’elle savait qu’il n’oublierait pas. Les actes physiques s’ancraient en nous là où les paroles pouvaient être oubliées. « Tu me rends quoi ? Tu me rends quoi ? Je t’ai jamais rien donné. Me fais pas culpabiliser pour ça ! Tout ce que tu me peux reprocher, ce sont … c’est de disparaître. » Elle aurait pu rire, mais elle n’en avait pas envie. Parce qu’il avait raison, pour une fois, il avait raison … Il ne lui avait rien donné, rien de suffisamment mémorable pour être gardé, rien d’assez véridique et profond pour être conservé … Il avait raison. Dans la colère du moment, elle avait voulu lui faire mal, mais en vérité, c’était elle qu’elle avait fait souffrir. Parce qu’elle réalisait à présent qu’elle s’était laissé aveugler par son amour pour lui, elle avait cru dans chacun des gestes qu’il faisait dans sa direction, qu’elle était la cible, qu’elle était l’élue, mais il venait d’admettre que tout ça n’était que du vent ; et cette vérité faisait vraiment mal.

« À un certain moment, tu as fait un choix, et je suis parti pour ne pas encombrer ton tableau, alors ne me fais pas passer pour l’enfoiré de service ! » Osait-il ? Elle aurait voulu le frapper pour ces accusations. Lui seul était responsable de ce qui était arrivé. Il l’avait rejetée pour devenir un coureur de jupons, il l’avait abandonnée pour traîner avec des amis de son âge parce qu’elle était trop jeune pour lui, il s’était éloignée d’elle, pas elle … Tout ce dont on pouvait l’accuser c’était d’avoir tourné la page, d’avoir accepté son erreur et d’avoir trouvé mieux – comme Matteo l’avait toujours dit … Simon devait savoir au fond de lui qu’il avait une part de responsabilité dans ce qu’il s’était passé ensuite, il cherchait seulement à apaiser sa rancune en l’accusant elle aussi. Elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie ; elle ne pouvait pas le contredire … Elle avait en effet profité de l’égarement de Simon pour se rapprocher de Thomas, elle s’était mariée avec Thomas parce qu’elle s’était convaincue qu’il ne pourrait plus rien y avoir entre Simon et elle … Thomas était là, Thomas était parfait, il lui donnait tout, de l’amour, du temps, de la patience ; tout ce que Simon s’était toujours gardé de lui offrir. Elle avait voulu éviter le pire – ce pire dans lequel elle était noyée à présent -, s’installer dans la sécurité et le confort des bras de Thomas. Elle n’avait pas voulu souffrir une nouvelle fois. La première fois avait été trop douloureuse parce qu’en plus de renier leur amitié, il lui avait démontré qu’une amourette d’enfance n’arriverait jamais à dépasser la frontière de l’adolescence … Elle s’était faite à cette idée ; même si aujourd’hui, elle doutait de ce constat.

« Toi, ça te blesse, de voir ça, et tu veux que ce soit un appel à l’aide … » Avait-il raison ? Avait-elle toujours voulu le changer ? Etait-elle responsable de ce qu’il était devenu ? Aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle avait toujours pris Simon comme il était. Drogué, alcoolisé, impertinent, capricieux, tête en l’air, frivole … Elle était restée à ses côtés à chaque fois qu’il en avait eu besoin, à chaque faux-pas, à chaque moment de désespoir, à chaque moment de solitude … Alors pourquoi ? Pourquoi lui en voulait-il autant ? Quelque chose s’était fissuré dans leur relation, quelque chose avait changé … Elle n’aimait pas le changement, et ne voulait pas l’accepter. « C’est juste… ça. C’est juste comme ça. » Les choses pouvaient-elles juste être comme ça ? La fatalité qui se lisait dans sa voix était une torture. Elle ne sut même pas quoi répondre, elle ne pouvait rien répondre. Elle ne supportait plus de déterrer des événements du passé pour trouver des réponses, pour trouver des arguments. Si c’était ainsi qu’il le voyait, elle le laisserait faire … Au fond, qui était-elle pour lui demander de changer ? Il voulait rester sur des acquis, sur des facilités ? Qu’il fasse … Elle ne savait pas vraiment où elle en était, et si elle supporterait encore bien longtemps tout cela, mais elle s’accrocherait, comme elle l’avait toujours fait. Parfois, elle maudissait l’amour de la rendre aussi permissive à des actes qu’elle ne tolèrerait pas d’ordinaire.

Elle posa sa tête quelques instants sur ses genoux et respira le plus lentement possible. Les picotements dans son ventre augmentaient en fréquence et en intensité, elle avait l’impression de revivre l’accouchement d’Andrea mais en pire. C’était comme si quelque chose déchirait ses entrailles de l’intérieur et tentait ensuite de sortir. Dans la souffrance de l’instant, elle entendit quand même les reproches de Simon … N’arrêterait-il jamais d’être antipathique ? Ne voyait-il pas qu’il l’avait déjà poussé à bout ? Des résidus de larmes se mirent à couler le long de ses joues, illustrant ainsi le désespoir qui obscurcissait ses pensées. « Je sais que j’ai un problème. Je le vois à chaque fois que tu me regardes. » Elle souleva légèrement la tête pour observer les parcelles de Simon qu’elle arrivait à voir d’où elle était. Les paroles qu’il venait de prononcer l’achevèrent. Lui donnait-elle vraiment cette impression ? Avait-elle vraiment un regard qui tendait à faire comprendre à Simon qu’il avait un problème ? C’était ignoble. Elle était ignoble … Elle avait l’impression d’être à l’origine du problème … D’être le problème … Si elle était la seule à le voir, c’était peut-être ça. Dans tous les cas, elle savait qu’elle n’était pas totalement innocente dans cette affaire … Elle ferma les yeux et posa ses mains sur son ventre. La douleur pulsait au niveau de son abdomen et elle avait énormément de mal à rester concentrée sur la conversation – ou plutôt la dispute - ; elle réussit cependant à l’entendre marmonner « On aurait dû y arriver, on aurait dû y arriver … » Du conditionnel … Pourquoi cela ne semblait pouvoir exister qu’hypothétiquement ? Elle aimerait tant transformer le « aurait dû » en « doit » … On doit y arriver. Parce qu’on a toujours formé un duo spécial. Parce qu’on a toutes les raisons de prouver à ceux qui n’approuvaient pas notre amitié qu’on arrive à faire encore mieux. Parce que toi et moi, c’était censé être pour la vie …

Un gémissement, une plainte, un supplice, elle avait l’impression d’être torturée à nouveau. Il devait partir. Elle devait absolument prendre ses potions, c’était devenu une question de vie ou de mort. Quelque chose n’allait pas. Le stress qu’avait engendré cette dispute avait dû rouvrir une plaie interne. Il s’apprêtait à sortir, mais il revint sur ses pas. « Oblige-moi. » Il s’approcha dangereusement, et bizarrement elle n’avait pas peur. Elle aurait dû, après ce qu’il lui avait fait ; mais non, elle n’eut même pas un mouvement de recul. Il se mit à son niveau et elle leva la tête pour se confronter à son regard. Elle avait mal mais serrait les dents à travers sa mâchoire tendue et ses lèvres fermées. « J’aurais voulu que ce soit différent, entre nous. Mais j’en peux plus de te décevoir. » Les doigts de Simon s’approchèrent de son visage, et caressa doucement sa joue. Elle eut énormément de mal à supporter ce contact. « S’il te plait. » Elle agitait doucement la tête de droite à gauche et retira délicatement les doigts de Simon de sa joue. Elle ne rejetait pas ce geste d’affection, ce n’était pas ce qu’elle désirait. Néanmoins, ce toucher lui était insupportable, même venant de lui ; c’était encore trop tôt. « Il y a juste des choses qui ne sont plus pareilles, qui ne redeviendront jamais pareilles. Mais ça ne veut pas dire que je ne te remercie pas pour avoir été là, quand je ne le méritais pas. » Elle acquiesça. Elle était d’accord, les choses ne pouvaient pas rester ainsi. Ceci dit, elle ne savait pas vraiment comment cela pourrait changer alors que l’un comme l’autre restait obstinément aveuglé par l’impossibilité de leur avenir. L’espace de quelques secondes, la douleur sentimentale dans sa poitrine réussissait à atténuer la souffrance physique dans son ventre. Elle sentait l’étau se resserrer sur son cœur, questionnant inlassablement son esprit pour savoir si elle devait laisser une chance à Simon de se faire pardonner. « Je tiens à toi, à tel point que c’est devenu intolérable. » Il avait une bien drôle façon de le lui montrer … Elle porta une main à sa nuque et barra le passage à tout potentiel contact avec son cou. Simple traumatisme. « Et… j’étais honnête. Je ne veux pas que tu te tues à m’aider. Ça te mène à rien. » Trop tard, elle s’était déjà épuisée à l’aider, toutefois, elle n’avait aucun regret à l’avoir fait … Car clairement, si elle pouvait dénombrer toutes les personnes qu’elle avait aidées, Simon était bien le seul qu’elle n’avait jamais déçu. Elle le fixait de ses prunelles distraites, silencieuse, incapable d’exprimer ses émotions face à ce discours. Les mots n’arrivaient même pas à traverser son esprit, elle était entièrement passive et ses mouvements n’étaient commandés que par son instinct de survie. Les phrases, les odeurs … Tout se mélangeait dans sa tête et certaines des dernières phrases de Simon passèrent à la trappe.

Sa vision commençait à se flouter, les sons autour d’elle, bien que ponctuels, lui paraissaient criards, chaque odeur – la sueur, le savon, les fleurs, son propre parfum – lui donnait la nausée. Insupportable. Elle allait tourner de l’œil, tomber dans les pommes … « … je ne peux pas me passer de toi. » Elle déglutit avec difficulté et s’accrocha à cette pensée. Il avait besoin d’elle. Elle devait être là, elle devait rester consciente. Clignant des yeux plusieurs fois, le visage de Simon réussit à devenir quasiment net. Elle le dévisagea quelques minutes, détaillant les traits tirés, le regard fatigué, les cheveux ébouriffés … Et doucement, elle rassembla un peu de force au niveau de son bras pour le soulever et caresser délicatement le contour de la mâchoire de Simon. « Tu ne me déçois pas Simon, tu m’horripiles ! » Court silence. « Mais ça ne veut pas dire que je veux que tu partes … » Elle respira profondément et laissa sa main retomber à côté d’elle. « Je t’ai toujours accepté comme tu étais, et si j’avais voulu partir ou t’éloigner de moi, je l’aurais déjà fait depuis longtemps. » Elle l’aurait sans doute évincé de sa vie lorsqu’il l’avait lui-même abandonnée. « Ceci dit, je ne peux pas laisser les choses continuer ainsi … » Elle ne pouvait pas continuer à se tuer en répondant à tous ses caprices ; elle avait déjà un enfant à la maison, elle n’en avait pas besoin d’un autre. « Je suis très mal placée pour te demander de changer. Mais parfois, j’aimerai que les choses soient plus simples … On a le don pour toujours tout compliquer … » Elle posa ses mains sur le sol et s’appuya dessus pour s’accroupir en face de lui. Elle se cala contre le mur pour ne pas tomber et prit le visage de Simon entre ses mains. « On doit juste faire évoluer nos vies, on doit juste s’adapter … On doit arrêter de se mentir et de faire comme si tout allait bien. » Elle colla son front contre celui de Simon, laissant leur respiration se mêler. « Je n’oublierai jamais tout ce qu’on a vécu avant, mais la page doit être tournée, il faut qu’on grandisse, qu’on apprenne de nos erreurs. » Elle n’arriverait jamais à le laisser partir. Jamais. Elle se détacha de lui, lui prit les mains et continua, les yeux emplis de larmes. « Mais j’ai besoin d’un peu de temps. J’ai besoin d’un peu d’espace. J’ai besoin de respirer … » Elle entrelaça leurs doigts. « Autant que j’ai besoin de toi. Mais j’ai tellement de choses à gérer en ce moment … J’ai l’impression que le monde se ligue contre moi … » Elle avait surtout l’impression de perdre pied, de ne plus avoir la main sur rien … Pour une fois, elle aurait bien eu besoin de Simon pour la soutenir, ou de n’importe qui d’autres … Mais elle avait tant de secret à garder, notamment Chiara … Il ne savait pas, et elle ne se sentait pas prête à lui dire. Elle se tut et planta ses yeux dans ceux de Simon. Passant une main dans sa chevelure rousse, elle se sentait nerveuse. Elle ne savait pas exactement pourquoi, mais elle avait la conviction que tout cela ne ferait que monter en puissance … Elle se mit à tripoter ses doigts, elle n’était plus vraiment sûre de ce qu’elle ressentait. Que se passait-il ? Ils n’avaient jamais eu de conversation aussi sérieuse, aussi profonde … Elle avait peur, peur de ce qui allait arriver, peur de ne pas savoir ce qu’elle voulait, peur que leur avenir soit voué à l’échec … Avait-il seulement un avenir après ce qu’il venait de se passer ?
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
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‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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and the timing's never right

into the sea of waking dreams I follow without pride, nothing stands between us here, and I won't be denied, and I would be the one to hold you down, kiss you so hard, I'll take your breath away, and after, I'd wipe away the tears, just close your eyes


You do such damage, how do you manage, trying back for more? Anna et lui, ça n’avait jamais été une évidence. Personne ne comprenait vraiment ce qui les liait – et lui non plus, au fond. Ils étaient mal assortis. Ne se complétaient pas tellement. Partageaient des souvenirs qui s’étiolaient. Un passé abîmé, ne rappelant qu’un présent toujours plus amer. Il n’y avait pas de perspective d’avenir, entre eux. Rien, sinon des erreurs et des regrets, des occasions manquées et des opportunités dédaignées, une histoire vouée à l’échec et un début dérobé, quand bien même la fin les guettait déjà, là, par terre, au milieu de ce chaos silencieux. On aurait dû y arriver. Qui leurrait-il ? Il ne pouvait pas s’investir dans une relation. Pas avec son inconstance et son égoïsme. À l’engagement, il préférait la futilité d’une histoire fugitive, un visage dont on oublie les détails dès le réveil, un nom qui échappe, des murmures ahanés aussitôt remplacés par d’autres, et ses conquêtes finissaient par se confondre, par rejoindre un fantasme si fugace qu’il se demandait s’il ne les avait pas rêvées. Peut-être que la solitude lui seyait davantage. Peut-être qu’il avait trop aimé Anna pour oser la détrôner de son piédestal. Il l’avait pourtant quittée, deux, trois, quatre fois, jusqu’à ce qu’elle arrête de l’attendre, jusqu’à ce qu’il réalise que sa chance était passée. Et il s’interrogeait, s’imaginait une vie avec elle. Une vie à deux – le concept, cependant, lui était si peu familier que l’amoureux transi commençait à se résigner. Anna avait besoin d’une relation solide, d’un appui, alors qu’il désirait une distraction, quelqu’un qui ne poserait pas de question – qui n’avait pas à en poser. C’était étrange, pourtant, de se consumer ainsi et d’espérer un lit vide après une énième nuit de débauche. De se parer de sa mauvaise foi, oser lui reprocher d’avoir continué sa vie, et de fuir à chaque fois qu’elle lui pardonnait un écart ou un mensonge. Il n’avait plus d’excuse, sinon celle de l’aimer encore. Il y avait toujours eu quelque chose entre eux – son orgueil, son égoïsme, ses erreurs, son ambition, son besoin délétère de repousser ses propres limites. Sa morale, grisâtre, imprégnée de sillons noirs, à l’instar des courbes glissant sur son avant-bras. Ils n’en parlaient jamais, éludaient intelligemment le sujet pour se concentrer sur des détails superficiels, presque insignifiants. Il avait du sang sur les mains, et cette trace-là était indélébile.
À s’aimer ainsi, ils réussiraient, un jour, à se haïr. Il leur souhaitait.
Quel empire aurait-il bâti pour elle.
Son autre rotule ne tarda pas à rejoindre sa jumelle par terre, tandis qu’il s’affaissait sur ses mollets, la mine déconfite. Il avait essayé de changer pour elle – ses efforts, quoique vains, n’en demeuraient pas moins des efforts, mais il avait cédé à de vieilles tentations qu’il ne parvenait pas à surmonter. Encore et encore, comme si cet éternel prétexte suffisait à justifier tous leurs désaccords. « Je suis très mal placée pour te demander de changer. Mais parfois, j’aimerai que les choses soient plus simples… On a le don pour toujours tout compliquer… » La commissure de ses lèvres frémit légèrement, mais cette ridicule ébauche de sourire ne dura pas. Ce n’était pas leur problème. Leurs véritables emmerdes avaient commencé à partir du moment où ils s’étaient rencontrés, et à défaut de comprendre qu’il valait mieux pour eux de rester loin l’un de l’autre, ils s’étaient rapprochés, puis séparés, et ni leurs engueulades ni les autres n’eurent raison de cet attachement. Le mariage d’Anna, ce coup de poignard auquel il s’attendait pourtant, l’avait faiblement soulagé – au moins, s’était-il, après une énième flûte de champagne engloutie d’une traite, il pourrait avancer de son coté, plutôt que ressasser ce qui aurait pu être. Il n’aimait pas le type qu’elle avait choisi. Il ne l’avait jamais aimé. Trop… trop idéaliste. Trop américain ? Trop bon. Le genre à mériter Anna. Le genre à attiser sa jalousie – à lui, qui se croyait trop fier pour envier autrui. Le genre à lui offrir tout ce dont elle avait besoin, contrairement à lui. « On doit juste faire évoluer nos vies, on doit juste s’adapter… On doit arrêter de se mentir et de faire comme si tout allait bien. » Si seulement, songea-t-il. De toutes les promesses qu’il avait brisées, celle-ci n’en serait jamais une qu’il se proposerait de garder en premier lieu ; le monde brûlerait autour d’eux, et il continuerait de mentir sans sourciller. Souvent, il se persuadait que c’était un mal nécessaire, qu’il protégeait Anna, mais la noblesse qu’il s’évertuait à chercher dans la laideur de ses actes aussi bien que de ses paroles n’existait pas. Que pouvait-il répliquer. Oui, t’as raison, t’as raison mon ange, faut qu’on arrête ça. D’ailleurs, je devrais me barrer une bonne fois pour toutes. Ce n’était pourtant pas compliqué, putain – l’oublier, comme il avait décidé d’oublier son frère, et ses cousines, et cette foutue douleur qui écrasait son palpitant. Était-ce envisageable, de tirer un trait sur celle qu’il considérait être l’amour – même contrarié – de sa vie. Anna était sa constante, ce point d’attache auquel il se raccrochait encore, en dépit de ses égarements et ce que ça leur coûtait. S’il l’avait aimée davantage, il aurait pu () la laisser partir. C’est ce qu’on dit – sauf que personne n’y comprend rien, au fond.
« Je n’oublierai jamais tout ce qu’on a vécu avant, mais la page doit être tournée, il faut qu’on grandisse, qu’on apprenne de nos erreurs. » Ses doigts s’étaient enroulés autour des poignets d’Anna. Grandir. Depuis plus de vingt ans qu’ils se côtoyaient, l’apprendraient-ils un jour ? Ses paupières retombèrent brièvement sur ses billes céruléennes, et bientôt, l’émail de ses dents s’enfonça dans sa lèvre inférieure. Il secoua la tête. « Anna… » Un froissement de sourcils referma sa glabelle, marquant au passage quelques rides minimes. Il pouvait sentir ses paumes contre sa peau, son souffle heurter le sien, écouter sa voix, si basse, dans laquelle il entendit l’écho d’une résignation pesante. S’il te plaît – sa gorge serrée fit barrage, le forçant à ravaler ses suppliques, ses sempiternelles, insupportables suppliques. S’il te plaît, reste, le refrain d’un jour, et dégage, j’ai pas besoin de ta pitié, le couplet du lendemain. Il rouvrit les yeux lorsqu’elle s’éloigna de nouveau, sans lâcher ses poignets. « Mais j’ai besoin d’un peu de temps. J’ai besoin d’un peu d’espace. J’ai besoin de respirer… Autant que j’ai besoin de toi. » Ces dernières paroles, qu’il avait cru attendre, l’achevèrent. « D’accord, » murmura-t-il, d’une voix plus éraillée que rassurée, brisée par une amertume inexplicable tant elle était malvenue. T’es sûre ? T’es pas mieux, toute seule ? Moi aussi, je voudrais te laisser partir. Une lâcheté confortable l’empêcha de prononcer ce que, de toute façon, il aurait regretté. Il ne pouvait pas. Il ne pourrait jamais. Je t’aime trop. Beaucoup trop. Son joug, avant d’être son allégeance à une cause qui ne lui inspirait rien, resterait son affection passionnée pour Anna. Quoiqu’il advienne – elle aurait raison de lui avant le plus féroce de ses ennemis. « Mais j’ai tellement de choses à gérer en ce moment… J’ai l’impression que le monde se ligue contre moi… » Il avait envie de lui dire qu’il était là, mais ce n’était pas vrai, il avait envie de lui dire qu’elle pouvait compter sur lui, mais ce n’était pas vrai, il avait de lui dire je t’aime, mais ce n’était peut-être pas vrai. Et ça ne valait pas grand-chose. L’une de ses phalanges s’égara sur sa joue, et du bout de son pouce, il caressa le contour de sa pommette. « Qu’est-ce que tu veux dire ? » Ses doigts se mêlèrent à quelques mèches de ses cheveux roux, repoussées derrière son oreille. Il n’aurait pas à la questionner s’il avait été présent pour elle. Lui, et ses emmerdes, et ses absences. En y réfléchissant, il n’avait aucune idée de ce qu’elle avait fait, ces derniers jours – parce qu’il était trop occupé à ruminer, à lorgner sa flasque vide, à ne pas se tromper de potion pour soigner une maladie provoquée de son fait. « Parle-moi, » malgré tout. Il en avait presque oublié la raison de sa présence près d’elle, et peut-être préférait-il se dire que seul cet instant-là, cette minute, comptait. Certes – il avait tort, mais sa mémoire était sélective. Il se haïssait, de l’aimer autant, de l’obliger à souffrir, pour lui ou à cause de lui. S’il avait su comment arrêter ce carnage, Merlin sait qu’il aurait pris ses jambes à son cou.
Il n’apprendrait jamais. Un ploiement de nuque abattit alors la barrière chaste qui s’était érigée entre eux, commandé par son seul abandon. Ses lèvres effleurèrent celles d’Anna sans en prendre pleinement possession, un échange empli d’une retenue maladroite, dont il n’était pas sûr d’être conscient. Depuis le temps. Sa main dériva de sa joue à sa nuque, et il réitéra l’affront, mais jugulait sa fougue, la profonde dévotion qui lui pourfendait le palpitant. Elle n’était pas les autres, et le geste, presque embarrassé, était l’écho d’une déclaration enfiévrée qui n’avait rien de surprenant. Il recula à peine, frôla une dernière fois sa lippe inférieure des siennes. Elle lui demandait du temps, de l’espace, et il cédait à ses impulsions. Quel con. « J—je… ça lui écorcha les lèvres. Désolé. Je suis désolé. » Il ne l’était pas. Quelque chose, cependant, le dérouta, chassant ses futiles précautions de son esprit – il passa sa paume contre la tempe d’Anna, et fronça les sourcils. « Tu te sens bien ? » La manière dont elle avait protégé son ventre lui revint en mémoire, « on dirait que tu as chaud. » L’inquiétude ne tarda pas à durcir ses traits, alors qu’il se rendait compte que les rougeurs colorant les joues d’Anna n’étaient pas dues à la colère. Ses billes tombèrent sur son abdomen, et remontèrent vers le visage de la jeune femme. « Qu’est-ce que tu me dis pas ? » Qu’est-ce que tu m’as pas dit ? Il toucha son front, alarmé. C’est moi ?

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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
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‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5357
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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L’avenir était un concept abstrait et tellement dérisoire. Comment savoir ce que nous promettait le lendemain alors que le présent semblait déjà si aléatoire ? Les choix dictaient les actes, les actes définissaient l’avenir. Mais comment savoir que les choix étaient bons ? La vie n’était décidément qu’une série de décisions aléatoires qui déterminaient si l’on devait aimer telle ou telle personne, si l’on devait se marier ou divorcer, si l’on devait avoir un enfant ou pas, si l’on devait mourir jeune ou très âgé … Anna et Simon était un choix qu’ils n’avaient pas fait de leur propre chef. Leurs mères avaient décidé. Elles étaient amies – même très bonnes amies – et la logique voulait que leurs enfants le soient aussi. Parfois ces situations se soldaient par un échec, mais pour eux, l’effet fut parfaitement opposé. Une force invisible les avait rapprochés et c’était bien là, la seule évidence de leur relation. Ils ne pouvaient vivre l’un sans l’autre, mais le destin prévoyait-il qu’ils finissent en couple ? Jusqu’à présent, tout s’était heurté à cette possibilité. L’âge d’abord, la puberté ensuite, la distance après, et enfin la dépendance. Mais aujourd’hui, il y avait un espoir. Ils avaient grandi, avaient mûri, s’étaient nourris de leurs sentiments, les avaient faits grandir, s’épanouir, jusqu’à revenir l’un vers l’autre, jusqu’à faire des choix – même égoïste – pour essayer d’arranger les choses. Ils avaient atteint ce sommet, ce point maximal, enclin à faciliter leur amour mutuel. S’ils devaient essayer, c’était bien maintenant, alors que tout allait dans leur sens …

Pourtant, elle avait trop peur de se lancer. Un blocage s’était bâti en elle et pousser le mur de toutes ses forces ne suffisait pas. Quatre ans … Quatre ans que les fondations avaient été posées. De mois en mois, d’années en années, les fortifications s’étaient élevées jusqu’à recouvrir et enfermer tout ce qu’elle n’avait jamais réussi à avouer par fierté, par besoin, par devoir … Elle n’était pas prête, elle ne l’avait jamais été, et à ce rythme, elle ne le serait jamais. Elle tentait de justifier ses doutes par l’horreur qui les entourait ou par la masse de travail qui l’oppressait. Mais rien de tout ça n’était suffisamment légitime pour qu’elle refuse de se lancer. Elle s’illusionnait, tentait de se convaincre elle-même. Le délicat toucher de Simon sur sa joue n’arrangeait rien, elle n’arrivait pas à se concentrer. Qui tentait-elle de leurrer ? Lui ou elle ? Que cherchait-elle à cacher ? Tout et rien à la fois, mais ce mensonge avait assez d’influence sur elle pour lui torturer l’esprit. Les choix, toujours les choix. Celui d’oublier plutôt que d’affronter, celui de vivre dans ce monde chimérique où il a disparu mais où il n’est pas mort. Thomas. Là était le problème. Enfin non, le problème, ce n’était pas lui ; le problème résidait en son incapacité, à elle, à faire son deuil. Elle ne l’avait jamais fait. Elle avait versé quelques larmes, mais après plus rien. En affrontant tout ça seule, elle avait trouvé plus juste de jouer la carte de la force et du courage que celle de la veuve éplorée. Elle savait qu’elle avait perdu son mari, mais au fond, l’absence était la seule réalité qu’elle avait acceptée. Lorsqu’elle regardait les photos, lorsqu’elle lisait les lettres qu’il avait laissées, elle sentait la boule dans son ventre, les maux de tête dans son crâne, les picotements dans ses yeux et sa gorge, mais rien … Voilà l’explication … Elle avait la douloureuse sensation de le trahir en acceptant l’amour de Simon, ou même en donnant son amour à Simon. Cet amour il était censé lui appartenir, aujourd’hui et pour toujours. Aujourd’hui et pour toujours.

Sa conviction s’étiola lorsqu’elle sentit les lèvres de Simon se poser sur les siennes dans un maladroit baiser. Innocent, enfantin … Ses yeux s’étaient clos et son esprit s’était laissé transporter jusqu’à cette journée de l’année 1974 où elle avait posé un baiser sur sa joue pour le remercier pour son cadeau. C’était le premier geste d’affection qu’elle lui avait donné. Elle pensait d’ailleurs que c’était le seul baiser qu’ils échangeraient de toute leur vie. Mais il avait cédé, et elle se sentait défaillir. Le sol se dérobait sous elle, son cœur battait la chamade et son mur émotionnel vacilla. Elle sentait des petits papillons dans son ventre, comme lorsqu’elle était tombée amoureuse de Thomas, mais en pire … Les battements d’ailes étaient plus amples et se déployaient afin d’épouser cette liberté et cette réalité. Alors qu’elle prenait une profonde respiration, la main de Simon glissa de sa joue à sa nuque en caressant sa peau avec légèreté. Un frisson la parcourut mais elle n’avait pas peur. En fait, ce sentiment ressemblait plutôt à un désir intense. Elle souhaitait que ce moment se suspende. Plus rien ne la retenait … Un second baiser se déposa sur ses lèvres et elle s’abandonna complètement. Elle ne pensait plus à rien. La culpabilité viendrait plus tard, et il lui faudrait du temps pour surmonter tout ça, mais s’il était là, n’était-ce pas suffisant ? Son instinct la guidait, ses mouvements étaient lents, doux, mais assurés. L’une de ses mains se posa sur la nuque de Simon, l’autre se glissa dans ses doux cheveux sombres. Par ces gestes, elle acceptait, elle acceptait qu’ils forment un tout.

Et puis l’instant se rompit aussi rapidement qu’il avait commencé. Ses bras retombèrent à côté d’elle. Il ne s’éloigna que de quelques centimètres, mais c’était déjà trop, une douleur se fendit dans sa poitrine. La pièce se remit à tourner autour d’elle, mais elle réussit à concentrer son attention sur les prunelles de Simon pour ne pas défaillir. « J—je… Désolé. Je suis désolé. » L’était-elle ? Elle hocha doucement de la tête pour lui dire qu’elle ne regrettait rien. Cependant, les reliques de larmes sur son visage trahissaient des sentiments contraires. Il lui fallut une concentration accrue pour comprendre que ces émotions antagonistes avaient pour origine la chute de son mur de protection. Quelle piètre occlumens, elle faisait ! Si un simple baiser pouvait la mettre dans cet état, sa protection cérébrale était en péril. Cependant, ce n’était pas un simple baiser, c’était le baiser, celui qu’elle avait voulu, celui qu’elle avait attendu … Jusqu’alors, elle n’avait eu aucun regret à ne pas l’avoir obtenu ; mais maintenant qu’il le lui avait donné, elle comprenait que ce désir avait toujours été ancré en elle et ne l’avait jamais quittée. Cette vérité l’obligea à faire face au sentiment qu’elle espérait fuir le plus longtemps possible : la culpabilité. Liée à cette culpabilité, il y avait la douleur. Au fur et à mesure que la puissance des émotions se dissipait, la souffrance et le trouble se réinstallaient en elle. Elle fut prise de tremblements, mais avait en même temps très chaud. Ces symptômes pouvaient être liés au bonheur intense qu’elle venait de ressentir ; l’espace d’un instant, elle y crut vraiment. Mais la nausée et les spasmes la rappelèrent à la réalité et elle dut admettre que tout ça était terminé … « Tu te sens bien ? On dirait que tu as chaud. » En réponse à cette remarque, elle grelotta. Les baisers n’avaient pas réussi à taire l’oppressante douleur qui lui torturait les entrailles. Elle resserra un peu plus ses jambes contre elle et posa son front sur ses genoux. Même sans le voir, elle sentait le regard pesant de Simon sur elle. « Qu’est-ce que tu me dis pas ? » J’ai été attaquée par des insurgés et j’en garderai peut-être des séquelles à vie. Tu m’as embrassée et je t’ai laissé faire. Thomas est mort et j’ai l’impression de le trahir. Tellement d’explications et si peu de cran pour les exprimer. Elle se sentait complètement démunie et lâche. L’image idéale qu’il s’était fait d’elle n’était qu’utopie. Elle lui devait des explications, mais par où commencer ? Par le plus simple, la guida son esprit. Basculant sa tête en arrière, elle serra les dents et voulut crier pour extérioriser la souffrance. Au lieu de ça, elle tira de toutes ses forces sur les manches de sa veste pour recouvrir ses poignets meurtris. « Tu te souviens … » Non il s’était complètement déconnecté de la réalité ces derniers temps, il ne pouvait pas savoir. « Tu as peut-être entendu qu’il y a eu des attaques … dans certains musées. » Sa voix se rompit et une larme coula le long de sa joue. Elle ramassa sa baguette et souffla « Accio porte-rêves. » La petite opale atterrit dans sa paume ouverte. Elle fixa l’objet, puis ferma les yeux pour concentrer le flux de souvenirs sur un point bien précis. Elle respirait lentement et soudain l’opale se fractionna en petits cristaux. Elle construisit doucement cette scène qui hantait ses rêves depuis près d’un mois. Cet exercice aurait pu paraître complexe, mais depuis qu’Hécate lui avait offert cette opale, elle s’était entraînée à l’utiliser en imaginant des scènes féériques pour Chiara avant de la coucher. Elle détailla son arrivée au musée, le visage d’Anita joyeux et excité. L’image se flouta dans une ellipse de quelques minutes et elle se retrouva attachée dans la grande salle avec les autres otages. Elle ne s’était pas vue dans cette position, mais elle se l’était imaginé des centaines de fois. S’enchaînèrent l’horreur sur le visage des otages, la panique, le corps inanimé d’Anita, les griffures causées par les liens tranchants, elle faisant face à Hudson et ce sortilège déchirant ses entrailles avec sa propre baguette. Elle ouvrit subitement les yeux et la scène s’évanouit pour reprendre la forme de l’opale. Elle posa l’objet par terre et souleva lentement ses manches pour dévoiler les cicatrices laissées par les liens tranchants. « J’ai … Je ne voulais pas que tu saches, qu’on me prenne en pitié … Je … » Le rire de la jeune Anita retentit dans sa tête. « Certains n’ont pas survécu, je ne devrais pas me plaindre d’être en vie, d’avoir à prendre des fioles de potions trois fois par jour. Je ne devrais pas me plaindre d’avoir mal. Mais … » Sa voix suintait de tristesse et de désespoir. Elle baissa les yeux et attrapa à nouveau sa baguette. Accio médicophiltre. D’un léger mouvement, elle attira les cinq petites fioles devant elle et les aligna. Maintenant qu’il savait, elle n’avait plus aucune raison d’attendre ; surtout qu’une douloureuse contraction l’opprimait de l’intérieur. Après avoir vidé la première potion, elle reposa ses yeux sur Simon et se mordit la lèvre inférieure. Elle avait une irrésistible envie de … Agitant la tête de droite à gauche, elle repoussa sa culpabilité derrière elle, posa ses mains sur les joues de Simon et caressant ses deux pommettes saillantes, elle posa son front contre le sien. « Il y a tant d’autres choses aussi … Mais si tu pouvais … » Les mots n’arrivaient pas à prendre sens dans sa bouche. Elle était encore assez fébrile, confrontée à l’étroit espace qui les séparait. Leur air se mêlait, chaud, doux, rassurant. Elle était prête, tout du moins, elle voulait être prête. La volonté n’était-elle pas suffisante ? Elle l’embrassa tendrement, profitant de l’instant comme si les choses pouvaient basculer à tout moment. « Je veux que tu restes. » avoua-t-elle en reculant. Oublié la dispute, oublié le passé, oublié la culpabilité. La souffrance reviendrait mais pour le moment c’était l’envie qui primait. « On peut rentrer à la maison ? » Elle n’arriverait pas à le laisser partir, pas après ça, pas maintenant. Elle se menotterait à lui si elle le pouvait. Cette emprise qu’ils avaient l’un sur l’autre l’étourdissait. Il était encore trop tôt pour qu’elle lui dise qu’elle l’aimait, mais cela viendrait …
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