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sujet; (december 19th, bran tower) apologize # hecanna

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
(december 19th, bran tower) apologize # hecanna Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5380
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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December 19th, 2002     +     Minuit, ses yeux fixaient l’horloge qui trônait sur sa table de chevet à côté des cadres photos et du lapin en peluche de son fils Andrea. Assommée par la fatigue mais incapable de s’endormir, elle avait tardé à se coucher, préférant terminer ses dossiers plutôt que de se risquer à des songes qui se transformeraient fatalement en cauchemar. Une heure du matin, l’absence de Simon à ses côtés se faisait sentir et le désir laissait gentiment place à la culpabilité. Comment arrivait-elle encore à se regarder dans un miroir alors qu’elle trahissait les sentiments qu’elle avait pour Thomas, pour une relation qui n’était même pas sûre de tenir ? Pourquoi se sentait-elle si fautive alors que c’était lui, Thomas, qui l’avait abandonnée ? Ses joues devinrent humides, mais elle ne tenta pas de les essuyer, laissant cette réaction naturelle faire son effet. Deux heures, elle s’était assoupie, une demi-heure, peut-être plus mais un cri – le sien ? – l’avait tirée de l’effrayante torpeur dans laquelle elle s’était enfermée. Sa chemise de nuit collait à sa peau, elle était en sueur et se sentait poisseuse. Pourquoi s’obstinait-elle à dormir alors qu’elle savait pertinemment qu’elle n’y arriverait pas ? Parce qu’elle voulait s’échapper quelques instants et oublier la souffrance qui la rongeait de l’intérieur. Quelques instants, quelques minutes, s’il vous plait. Quatre heures, elle s’était assise dans le lit, avait replié ses genoux contre elle et serrait la peluche d’Andrea dans ses bras. Cette étoffe était un rappel constant à l’âme maternelle qui dormait en elle, maintenant que ses deux amours étaient partis. Ses dents étaient serrées pour retenir la boule de désespoir qui pesait sur son estomac. Elle ne pleurerait pas, un refus catégorique pour se souvenir qu’Andrea était bien mieux auprès de Thomas, et que Chiara était toujours vivante et en sécurité. Ses yeux fixaient le mur en face et ses doigts caressaient doucement la fourrure du petit animal inanimé. Six heures, la peluche avait repris sa place, le lit se refroidissait doucement sous les draps soigneusement rangés et les rayons du soleil n’étaient pas prêts à filtrer à travers les rideaux mais déjà le froid s’engouffrait par la fenêtre de la chambre, laissée grande ouverte. Elle sortit de la salle de bain, décolla une mèche de cheveux qui s’était figée sur sa joue et étouffa cette entrée d’air glacial. Revenant sur ses pas, son attention se porta sur son reflet et les énormes cernes qui ornaient ses yeux, mais décidée à ne pas en tenir compte, elle masqua le miroir d’un coup de baguette et alla s’habiller. Sept heures, la tasse de café vide dans l’évier, les potions antidouleur avalées, elle revêtit son manteau, sa cape, attrapa ses dossiers et se dirigea vers la sortie.

Perchée sur ses talons, ses pas étaient pourtant traînants. Aucune volonté n’aurait suffi à la porter. Lorsque l’ascenseur s’arrêta à son niveau, elle hésita quelques instants à y entrer. Peut-être pourrait-elle poser un jour de congé ? Peut-être pourrait-elle aller se morfondre dans son lit et ne plus en sortir ? Tellement de possibilités et si peu de liberté. Ses responsabilités la rappelaient toujours à la raison. Lorsque l’ascenseur se referma sur son appartement, elle réussit à rassembler en elle suffisamment de détermination pour survivre à cette journée de travail. Elle voyait le décompte des étages défiler sous ses yeux et soudainement s’arrêter au troisième. Les portes s’ouvrirent sur un visage familier et le sien s’éteignit subitement. Hécate Shacklebolt. Aussi loin qu’elle s’en souvenait, elles étaient amies, mais quelle amie faisait-elle ? Près de six mois qu’elles n’avaient pas parlé, près de six mois qu’elles ne s’étaient pas revues autrement qu’au détour d’un couloir. A quand remontait leur dernière conversation ? Etait-ce ce dîner au mois de juillet durant lequel ses motivations d’insurgés étaient nées ? Bien qu’ayant mal commencé, ce repas s’était pourtant clos par une délicieuse soirée à la belle étoile durant laquelle elles s’étaient raconté un tas de choses sur leur vie passée. Ce soir-là, Anna se souvenait s’être dit qu’une réelle amitié était en train de naître entre elles et que sa nouvelle acquisition immobilière lui permettrait sans doute d’organiser des soirées sympathiques, en compagnie de son amie, plus souvent. Néanmoins les événements ayant bouleversé le ministère à la suite de l’exécution des rebuts l’avaient amenée à se déconnecter de la réalité. Elle avait consacré plus de temps à prendre soin de Simon qu’à entretenir ses relations sociales. Hécate aurait pourtant dû faire partie de l’équation – des priorités – si Anna l’avait vraiment considérée comme une amie. Lâche et coupable, elle n’avait pas fait un seul pas vers la jeune femme lorsque cette dernière avait été hospitalisée à Ste Mangouste. Elle n’avait pas non plus fait l’effort de quitter le loft de Simon pour retourner à la Bran Tower et prendre de ses nouvelles. Comment pouvait-elle encore se regarder en face sans ressentir la culpabilité des erreurs qu’elle avait pu faire ces derniers mois ? Elle n’était pas parfaite, loin de là, mais elle tendait à la suffisance. La suffisance de son amour, la suffisance de son altruisme, la suffisance de ses actes … Elle aurait dû aller s’excuser. Cependant, même si cela ne justifiait rien, son propre séjour à Ste Mangouste, la déclaration d’amour de Simon et le départ précipité de Chiara l’avaient plongée dans un bain de plomb et l’avaient complètement déconnectée de ce qui était important. A présent, ce qui avait été fait était fait et les conséquences n’en étaient que plus désastreuses.

Il n’y avait que trois étages mais la descente de l’ascenseur jusqu’au rez-de-chaussée sembla durer des heures. La tension pesait dans la cabine sans qu’aucune des deux ne rompe le silence. Anna était mal à l’aise, des tas de mots, d’arguments et de justification lui traversaient l’esprit mais rien n’était suffisant pour excuser ses actes. Elle s’en voulait. Si les choses avaient pu se dérouler autrement, les aurait-elle changées ? Pas nécessairement, pensa-t-elle. Après tout, elle avait toujours fait passer Simon avant les autres, une manie qui lui avait valu les pires douleurs, psychiques, physiques et mentales. Mais là, elle aurait dû faire autrement, elle aurait dû se partager entre ses deux amis, elle était fautive, voilà tout. Elle se sentait suffoquer lorsque les portes s’ouvrirent enfin sur le hall de l’immeuble. Anna sortit précipitamment et hésita à aborder Hécate pour s’excuser. Mais les simples mots Je te prie d’accepter mes excuses, seraient-ils suffisant au pardon ? Elle se doutait que non, mais que dire d’autres ? Que faire ? Elle devait réagir. La silhouette de son amie était sur le point de disparaître dans les ruelles de l’Allée de Embrume. Bouge-toi Anna ! Elle fit un pas en avant, posa ses dossiers par terre à côté de l’ascenseur et tendant le bras vers la victime de ses mauvais choix, elle cria. « Hécate ! Attends ! » Est-ce que l’interpellée réagit ? Elle la fixait déterminée à la retenir par le simple pouvoir de la volonté. Attends, soufflait-elle indéfiniment dans sa tête.
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Il y avait pour tout le monde comme pour Hécate, des jours avec, et des jours sans. Les semaines précédentes avaient été une longue et insupportable liste de jours "sans". Halloween avait été un désastre, et les situations qui n'avaient cessé de se produire en cascade depuis avaient transformé les sentiments d'Hécate en une véritable bouillabaisse de confusion, de stress et de colère. Keziah Campbell l'avait profondément irritée, et que dire de tous les membres du niveau 2?
Si elle avait été aux Etats-Unis elle aurait mis tout ce beau monde au pas, mais ici elle n'était pas le patron, et son propre patron commençait à lui évoquer des idées un peu trop perturbantes pour être honnêtes.

Hécate aurait juste voulu demeurer sous sa couette jusqu'à ce que ses problèmes se dématérialisent, disparaissent d'eux même. Mais bien évidemment, les choses ne marchaient pas ainsi. Elle devait se lever, devait fournir l'effort conscient nécessaire à s'habiller, à sortir de chez elle, à prendre l'ascenseur, marcher jusqu'au ministère, s'installer à son bureau, répondre aux questions, prendre des décisions. Elle était épuisée.Littérallement, épuisée.

Aussi pénétra-t-elle dans l'ascenseur ce matin là avec la claire impression d'évoluer dans le brouillard et ce n'est que lorsque les portes se refermèrent derrière elle qu'elle prit conscience de la personne à côté d'elle.
Tiens, tiens, une revenante. La jeune femme dut produire un effort conscient et appliqué pour ne pas accorder un seul regard à Anna tandis que les deux sorcières descendaient vers le rez de chaussée.
Les vaudous avaient le caractère enflammé et la rancune tenace. Quand ils désignaient un ami, cet ami se devait de mériter son titre. On était pas ami quand cela nous arrangeait. On aidait l'autre, se battait pour l'autre ou en l'occurence, on se contentait de venir lui parler quand il gisait dans un lit et luttait contre la mort.
Anna, bien qu'amie récente, n'avait rien fait de tout celà. Hécate n'avait certainement pas espéré qu'elle aurait organisé une vente de charité pour décorer sa chambre d'hôpital mais elle aurait voulu entendre une voix. Une voix. Sentir une chaleur près d'elle, savoir que quelqu'un se préoccupait de son sort.
Quand Rabastan était venu, qu'elle l'avait entendu dans la brume de son sommeil artificiel, elle s'était accrochée à sa voix, elle l'aurait suivie jusqu'au bout du monde, parce qu'il était là, parce qu'il lui donnait envie de vivre, parce qu'il était une main tendue, une paire de bras autour de son corps, une âme qui lui disait : reviens. J'ai besoin que tu reviennes. Reviens vers moi.

Anna n'avait pas eu l'idée de faire un dixième de cet effort et elle avait prétendue être son amie. Son amie. Une seule personne dans ce putain de pays avait-elle la même définition qu'elle de ce qu'un ami était sensé représenter?

Alors lorsque l'ascenseur s'ouvrit, c'est d'un pas raide et décidé qu'Hécate sortit de la cabine et se dirigea vers la rue. Quand la voix d'Anna retentit, elle hésita un moment à s'arrêter. Elle ne voulait pas lui parler, elle n'était plus rien pour elle, rien de plus qu'une ombre qui l'espace d'un soir ou deux avait traversé la nuit de l'Angleterre pour venir se nicher dans son cocon à elle l'américaine. Elle aurait voulu partir, avancer, mais elle se retourna et décocha à son interlocutrice un regard si noir qu'il aurait fallu être proprement idiot pour ne pas en comprendre la signification : ne t'approches pas de moi. Restes où tu es.
Si Anna la touchait, Hécate se savait capable de la frapper sans une arrière pensée, il n'y avait au monde qu'elle haïssait plus qu'un contact non voulu de la part d'une personne non estimée. Voyant qu'Anna ne romprait pas le silence, et décidée à arriver au bureau à l'heure, ce fut donc Hécate qui ouvrit la bouche en premier:

-Je ne suis pas en avance, alors on va passer outre les "qu'est ce que tu deviens" et les " ça fait longtemps". Oh et une chose aussi sur laquelle on va passer c'est "désolée".

Elle fixa Anna de ses yeux noirs, enflammés par une colère qu'elle n'avait pas cru ressentir jusque là mais qui devant le beau visage de la jeune anglaise, ressortait dans toute sa puissance.Quand elle pensait à ces évènements au musée...à ce qu'elle avait tenté de faire pour garder Anna et les autres en vie sans trahir sa couverture, acceptant que l'on sacrifie Anita Romero plutôt que n'importe quelle autre personne, parce qu'Anna était là, parce qu'une amie se trouvait dans le cortège des otages et qu'elle avait voulu les garder à l'abris, sans grand succès, mais de toutes ses forces, elle se donnait envie de vomir. Pourquoi continuait-elle a croire en ces vieilles notions de semper fidelis. C'était d'une absurdité totale, ce dicton n'avait pas cours ici. Keziah Campbell le lui avait appris, Serguei Molchtaline le lui avait appris, Anna, elle, et tous les autres.

-N'essaie même pas de me dire que tu es désolée. Tu ne le dirais que pour alléger ta conscience parce que si vraiment tu étais désolée, tu n'aurais pas attendu de me croiser inopinément dans un ascenseur pour te demander si j'étais en vie. Tu n'es pas désolée. Tu te sens coupable, nuance. Je n'ai aucune seconde à accorder à ton petit complexe d'héroïne manquée.

Elle se retourna, puis brièvement, eut une poussée de rage qui la fit de nouveau faire volte face. Et elle cria. Au mépris des convenances anglaises et de la bienséance elle lui cria:

-je croyais que nous étions amies!! tu m'avais laissée croire que tu serais là pour moi!! tu crois que quand je t'ai offert cette pierre magique, qu'elle a matérialisé tes pensées, je n'avais pas compris qu'il te manquait un enfant?! tu crois que je n'aurais pas été prête à t'aider, à t'écouter, à te soutenir?! je t'ai accueillie chez moi!! j'ai écouté tes paroles!! et moi j'ai passé deux semaines dans le noir! et le froid! à attendre quelqu'un qui n'est jamais venu parce que vous les anglais êtes excellents quand il s'agit de prendre et MINABLES quand il s'agit de donner! tu avait l'air différente des autres mais au fond tu es exactement la même! lâche et égocentrique!


Reculant d'un pas ou deux, Hécate écarta légèrement les jambes, une pose de combat qui l'aidait à faire face dans les situations de crises émotionnelles comme dans les conflits politiques. Peut-être Anna était elle la mauvaise cible pour sa colère, mais la seule personne qu'elle aurait vraiment pu haïr, le nécromancien qui avait failli la tuer durant son coma et avait pris sa soeur, s'était volatilisé dans la nature. Mais peut-être que si quelqu'un était venu, elle se serait éveillée. Peut-être aurait-il pu être pris de court. Peut-être, peut-être, peut-être...mais rien de tout cela n'était arrivé et désormais la rage débordait du coeur d'Hécate comme l'eau d'un fleuve en crue. Regardant Anna, elle lui cracha au visage ces derniers mots:

-Tu n'as rien de la personne que tu prétends être.

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Anna Grimaldi
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5380
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
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Ses yeux perdus dans le vague, sa culpabilité pesant sur ses épaules, elle sentait le malaise qui grandissait en elle comme un bouton sur le point d’éclore. La silhouette au loin s’immobilisa et son cœur manqua un battement. Le moment de la confrontation était arrivé, elle allait devoir assumer chacune des erreurs qu’elle avait commises, chacun des choix qu’elle avait fait … Comment se détacher de cette douleur alors que l’on savait pertinemment qu’on en était la cause ? Elle n’avait pas le droit de se plaindre ou de passer pour la victime, parce qu’elle ne l’était pas. Elle devait faire face, laisser les choses se faire. N’était-ce pas ce qu’elle cherchait en interpellant Hécate après tout ? Une issue de secours, un moyen de se faire pardonner, ou même de se pardonner à elle-même …
Le volte-face de l’interpellée la fit sursauter et la fureur qu’elle réussit à lire dans son regard la fit frissonner. Son assurance s’étiola l’espace d’un instant, mais maintenant qu’elle avait lancé les hostilités, elle ne pouvait plus reculer, elle devait accepter toutes les colères et toutes les paroles du monde, aussi blessantes puissent-elles être. Ses poings se serrèrent contre son flanc mais ses yeux ne défaillirent pas. Elle soutint le regard de l’américaine, se donnant comme objectif de ne pas lâcher prise. Elle n’était pas faible, elle devait absolument se montrer forte et courageuse pour affronter ce qui allait se passer. Elle savait que leur conversation ne serait pas toute rose et mielleuse. Impossible. Elle était tellement obnubilée par sa quête que lorsqu’Hécate fut à sa hauteur, elle n’eut même pas le déclic de rompre le silence par une quelconque parole. Elle offrit ainsi à son amie – pouvait-elle encore l’être un jour ? – une chance de détruire tout ce qu’elle représentait encore à ses yeux.

Le flot de parole ne prit que quelques secondes à se déverser sur elle et son cerveau dut se raccrocher à son sentiment de culpabilité pour ne pas défaillir ou se perdre dans la cascade d’horreur et d’insulte qui s’abattait sur elle. Loin d’ignorer les gens, il lui arrivait parfois de faire abstraction de quelques phrases d’une conversation pour tenter d’assimiler tout le reste … Mais là, elle ne pouvait pas, car chaque mot était important et elle devait absolument connaître l’état d’esprit d’Hécate pour me pas la rendre encore plus furieuse. L’ignorance faisait notamment partie des choses qu’elle devait éviter, si elle ne souhaitait pas attiser la bouillonnante rage qui implosait déjà dans le regard sombre de la métisse.
Passer la phase des excuses. Si c’est ce qu’elle souhaitait, Anna tairait ces mots qui ponctuaient chacune des phrases du discours qu’elle n’avait pas préparé. Elle n’avait aucune défense, était tout simplement vulnérable et dépouillée de toute protection. Hécate ne lui ferait pas de cadeaux, elle devait le lui concéder. Et puis les paroles devinrent plus violentes, plus personnelles. Elle était directement visée, piquée là où la douleur était la plus grande. Un complexe d’héroïne manquée. N’ayant jamais envisagé ce statut une seule seconde, le fait que quelqu’un ait pu penser à sa place qu’elle tentait d’atteindre un tel objectif la blessa. Oui, elle avait déjà voulu sauver ou protéger mais jamais elle n’avait tenté d’être cet idéal qu’Hécate semblait avoir perçu chez elle. Elle se sentait jugée, écrasée, réduite à une image, à un paraître. Et ça faisait mal, horriblement …
Hécate se détourna. Elle lui laissait le temps de répondre, de réagir, mais à la place, elle ne bougea pas. Raide, choquée, figée, elle n’arrivait même plus à avoir sa confiance en elle, comme brisée. Elle était incapable de s’interposer, de protester ainsi, au tac au tac. Elle était lente, trop sensible, trop raisonnable. Sa seule victoire était qu’elle n’avait pas encore fondu en larmes. Cependant, cette trêve fut de courte durée car Hécate renchérit et laissa éclater toute sa colère. Les cris, la rage, les reproches, la tristesse, un mélange indiscernable de sentiments, d’actes, de tonalité … Elle était enveloppée par cette vicieuse et tortueuse souffrance qui prenait racine à l’intérieur de l’américaine. Elle l’avait méritée …

Je croyais que nous étions amies ! L’amitié n’était plus qu’un artifice de nos jours. Anna avait cru et espéré pouvoir détromper cette dure vérité, mais sa relation avec Hécate semblait prouver à tous égards qu’elle avait eu tort et qu’il n’y avait plus aucune chance. Et moi j'ai passé deux semaines dans le noir ! et le froid ! à attendre quelqu'un qui n'est jamais venu … Maudit choix ! Maudite évidence ! Elle avait fait passer Simon avant Hécate, elle avait priorisé et hiérarchisé ses amis. Son amour pour Simon l’avait rendue aveugle, lui avait fait fermer des portes. Elle n’avait pas géré, elle n’avait pas su se défaire de sa petite personne et de son égoïsme. Elle avait fait les mêmes erreurs que pour Thomas et Teresa. N’apprendrait-elle jamais de ses fautes passées ? Vous les anglais êtes excellents quand il s'agit de prendre et MINABLES quand il s'agit de donner ! Décidément, elle ne mâchait pas ses mots. Est-ce que le fait de ne pas réellement être anglaise changeait quelque chose ? Elle agita machinalement sa tête de droite à gauche et se prépara à lui jeter à la figure l’opale qu’elle lui avait offerte. Elle n’en avait pas besoin si cela signifiait qu’elle avait une raison de devoir quelque chose à Hécate. Elle bouillonnait à son tour. Elle ne devrait pas. Elle devrait s’écraser comme elle savait si bien le faire ; laisser les ressentiments et la rage fondre à l’intérieur d’elle dans cette boule nerveuse qui pesait sur sa poitrine à chacune de ses respirations. Mais elle ne se contrôlait plus et ses membres commencèrent à trembler. Elle serra les dents jusqu’à l’apogée du discours d’Hécate. Lâche et égocentrique. Un rire narquois s’étouffa entre ses lèvres et elle sortit sa baguette pour faire léviter ses dossiers jusqu’à elle. Elle se savait lâche, elle n’avait pas besoin que quelqu’un d’autres le lui dise. Elle ne voulait plus s’attarder, elle savait qu’elle n’aurait aucune chance d’arranger les choses. Le temps ne suffirait peut-être même pas. Tu n'as rien de la personne que tu prétends être. Serrant ses dossiers contre elle, elle maîtrisa au mieux sa propre colère et serra les dents pour empêcher un flot déchaîné de paroles de dépasser la barrière de ses lèvres.

Sa respiration s’accéléra, se saccada. Elle pouvait partir et prouver à Hécate ce qu’était qu’être lâche. Ou bien, elle pouvait rester, s’énerver à son tour, dire des paroles qu’elle regretterait sûrement, s’abandonner à une personnalité qu’elle ne voulait pas devenir. L’idée même de pouvoir se transformer en monstre l’apaisa un peu. Elle baissa légèrement les yeux, ne souhaitant plus faire barrière ou attiser la confrontation. Et elle commença, d’un ton tranchant mais maîtrisé.
« Je ne sais pas vraiment qui j’ai prétendu être et j’ai jamais essayé de jouer un rôle. Maintenant, tu t’es fait ta propre description de ma personne, et malheureusement si je n’y ressemble plus, ce n’est pas ma faute. » Elle marqua une pause, inspira profondément et poursuivit. « Je n’ai jamais prétendu être l’héroïne que tu pensais que j’étais ou que j’essayais d’être ! Je n’ai jamais dit que je serai une amie parfaite, qui ne ferait pas des erreurs et qui ne se sentirait pas coupable d’avoir fait du mal aux autres. Donc oui, je me sens coupable ! Et alors ? Ça ne m’empêche pas d’être désolée. On peut être désolé et coupable à la fois. » Ses yeux se voilèrent d’une fine couche humide. Mais elle ne pleurait pas non, c’était la colère, la rage qui provoquait ces larmes. « Fais-moi autant de reproches que tu veux, détestes-moi si tu veux, je le fais déjà bien assez donc quelques critiques, quelques colères et quelques coups en plus, ça me fait rien ! » Sa mère avait fait bien pire. « Sache tout de même que je n’abandonnerai jamais. Je ne cesserai jamais d’essayer de me faire racheter, de me faire pardonner. J’ai pas été là quand lorsque j’aurais dû l’être. J’ai décidé de hiérarchiser mes priorités alors que je n’aurais pas dû le faire si je t’avais réellement considérée comme une amie. Donc oui, si ça peut te faire du bien, dis-toi que tout est de ma faute, que je suis coupable et pas désolée. Deux termes que tu sembles si bien contraster. Juge-moi, oblige-moi à m’asseoir sur le banc des accusés ! Tant que tu me parles, je pense pouvoir ignorer la violence de ces paroles. Parce que de toute façon, je les mérite ! N’est-ce pas ? »
Se mouvant légèrement de côté, elle porta une main contre sa poitrine et sentit son cœur battre à un rythme irréel. Pourquoi s’était-elle mis tant de pression à répondre à Hécate. Au fond d’elle, elle désirait sûrement qu’on lui accorde une petite chance. Mais la fatalité la rattrapait et elle ne se laissa pas avoir par les duperies. Elle ferma les yeux quelques secondes, soupira longuement et s’avoua vaincue. « Vu que tu es pressée, je ne te retiendrais pas … »
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Hécate écouta Anna sans broncher une seule seconde. Son coeur semblait s'être fermé, emprisonné sous une couche de lave brûlante par dessus laquelle restait une épaisse carapace de glace.
La jeune femme rousse, élégante qui se tenait devant elle ne semblait pas réaliser que chaque mot creusait sa propre tombe.
Car Hécate avait déjà entendu ces mots. Ailleurs. A une autre époque. Dans un autre contexte, dans la bouche d'une personne adorée et aimée, celle qui avait voulu lui apprendre la dureté de la vie mais avait dans le même temps -sans même qu'Hécate sans rende compte même à ce jour - sapé toutes les fondations normalement indispensables au développement personnel d'une jeune fille, à la stabilité émotionnelle d'une adulte, à la capacité à faire confiance, à aimer, à pardonner.

"tu t’es fait ta propre description de ma personne, et malheureusement si je n’y ressemble plus, ce n’est pas ma faute.Je n’ai jamais prétendu être l’héroïne que tu pensais que j’étais ou que j’essayais d’être ! Je n’ai jamais dit que je serai une amie parfaite"

La jeune femme revit un autre visage, entendit une autre voix, rauque d'avoir trop fumé, trop parlé, trop crié au cours d'une longue vie de combat. Elle revit la peau noire et parcheminée, les cheveux d'un blanc de neige, le trône fait d'ossements, la couronne de plumes et le baton d'ébène au bout duquel brillait une immense opale.

"Tu vas devoir comprendre quelque chose Hécate : l'image que tu as de moi n'est pas celle que le monde doit connaître et si mon attitude te décoit, te blesse, saches que cette souffrance est due a ton manque de perception. Je n'ai jamais dévié de ma route. Marche à mes côtés ou reste immobile dans tes illusions d'enfants ma chérie. Je ne t'ai jamais promis une clémence inconditionnelle. Ne me blâmes pas pour ton manque de perspicacité ma petite-fille."

"Fais-moi autant de reproches que tu veux, détestes-moi si tu veux, je le fais déjà bien assez donc quelques critiques, quelques colères et quelques coups en plus, ça me fait rien"

"Tu peux crier autant que tu le veux, enfant stupide que tu es, crois bien que ma peau est plus dure que tes crocs et mes griffes plus aiguisées que les tiennes! détestes moi donc si tu le veux! je ne suis pas assise à la place que j'occupe pour être aimée."

"J’ai décidé de hiérarchiser mes priorités"

"Tes sentiments ne sont pas une priorité. La clan l'est."

Elle serra les poings et s'efforça de s'ôter de la tête ces souvenirs amers, voire acide et planta son regard dans celui d'Anna. Elle la haïssait à cet instant précis, elle la détestait à un point tel qu'elle aurait pu devenir violente et lui enfoncer le sternum à coups de poings. Puis, d'une voix particulièrement basse et calme, ce qui était généralement annonciateur de catastrophe avec elle, elle souffla:

-...si nous avions eu cette conversation il y a trois mois...peut être quatre, ou cinq...tu aurais pris mon poing dans la gueule, Grimaldi. Et saches que j'ai la réputation de frapper fort et bien. Mais il faut croire que l'atmosphère locale déteint sur moi et que je deviens comme vous tous : molle et indécise.

Elle se redressa et lâcha:

-Tu peux chercher à te racheter, si ça t'amuse. Et dans pire des cas, tu n'auras plus qu'à considérer toute cette histoire comme une "non-priorité". Quel bonheur ça doit être...d'être capable de peser la valeur d'une relation et de lui attribuer un numéro avec autant de facilité. Tu me bluffes. Vraiment. Et sur ce, je suis effectivement pressée. La guerre ne se mènera pas toute seule, il faut des gens à sacrifier.

Elle tourna les talons et fit quelques pas en avant avant de rajuster son sac sur son épaule. Elle avait les yeux secs depuis un moment désormais et refusait de pleurer pour une amitié perdue. Elle refusait de lui montrer l'ampleur des dégâts commis. Marchant vivement, son allure accélérée par ses bottes plates et pâtinées par les missions de terrain, elle tourna au coin de la rue. Et renifla.
Merde.
Voilà les larmes.
D'un geste rageur, elle chassa les perles salées qui lui dévalaient les joues. Honteuse de sa propre faiblesse, elle frotta jusqu'à ce que ses yeux soient rouges et brillant mais cessent de produire des larmes. La main fermement serrée sur la sangle de son sac, elle se maudit d'y avoir cru. Elle se maudit encore et encore d'avoir cru à la réalité d'une amitié féminine dans ce monde essentiellement masculin qu'elle fréquentait, à la sincérité d'une personne qu'elle avait essayé de sauver à son insu. Elle était si lasse.
Si fatiguée.

C'est furibonde qu'elle arriva au ministère ce matin là et c'est tout aussi furibonde qu'elle s'enferma dans son bureau. La journée serait longue et son tempérament peu clément pour tous les emmerdeurs et empêcheurs de tourner en rond qu'on lui servirait sur un plateau ce jour là.
Comme disait toujours son patron: il y avait des jours avec et des jours sans.

Ce jour sans, allait devenir infiniment plus négatif pour toute personne la contrariant dans les heures qui suivaient.

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