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sujet; Even if we can't find Heaven, I'll walk through Hell with you (HESTAN #4)

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Hécate s'appliquait à écrire sur la carte magique qu'elle allait bientôt envoyer en direction de son appartement, afin de signaler à Virgile son retard. Depuis l'attaque de Poudlard, le pauvre garçon était pris de violents cauchemars durant lesquels il revivait encore et encore la mort de Léo, son proche ami Serdaigle.
Il se réveillait en hurlant et appelait Hécate à grands renforts de cris, ne parvenant à se rendormir que quand sa soeur se serrait contre lui, les mains refermées autour de son grand corps mince. Il rêvait aussi de leur père, de ses yeux d'un vert mordoré pleins de dépit, de méchanceté froide et là encore, il se réveillait en sueur, suppliant Hécate de verrouiller la porte de la chambre, de les enfermer tous les deux dans l'ambiance bleutée de la pièce afin que nul démon ou monstre n'y pénètre.

La jeune femme prenait un soin particulier à veiller sur cet être qui pour elle demeurerait toujours un petit garçon, une personne à protéger et à aimer envers et contre tout. Un adolescent fragile, dont la constitution avait pris un sacré coup dans l'aile et que le stress commençait à affaiblir. Virgile avait toujours eu un système respiratoire défaillant, une sorte d'asthme, qu'un champignon suspendu aux troncs d'arbre de Louisiane avait aggravé dès les premiers mois de sa vie. Contre ce mal, que l'angoisse risquait de rendre létal, une seule solution : des onguents fabriqués par leur clan, que Virgile appliquait contre son torse et dont l'effet magique ouvrait ses bronches, dynamisait ses poumons, lui permettant même de jouer au quidditch ou au football, un sport moldu dans lequel l'endurance était de mise. Un onguent que les apothicaires anglais ne semblaient pas connaître et dont les stocks avaient diminué d'une manière si drastique au cours des derniers jours qu'Hécate savait que d'ici une semaine il viendrait à manquer.

Il lui fallait comme d'habitude prendre le problème à bras le corps et ce jour là, elle était venue au bureau avec une besace dans laquelle demeurait tout le matériel nécessaire à la périlleuse expédition prévue pour la fin de journée. Le printemps allongeant les jours, qui s'étiraient désormais paresseusement, le soleil toucheraient les frondaisons et les clairières des bois jusqu'à une heure avancée, et elle aurait bien besoin de lumière pour mener à bien sa mission : récolter assez de plantes pour fabriquer un baume semblable à celui dont Virgile avait besoin. Elle n'était pas experte, n'avait que les connaissances glânées en voyant sa tante préparer la mixture : elle savait qu'Annabelle, la soeur aînée de sa mère, utilisait énormément de tussilage, une plante affectionnée par les améridiens, mais impossible d'en trouver ici. Il lui faudrait se contenter de menthe, de molène et dans le meilleur des cas, de pulmonaire officinale. Ces plantes allaient être un calvaire à trouver mais elle n'avait pas le choix. Seule la combinaison de plantes décongestionnantes et de la magie pouvait soutenir les fragiles poumons de Virgile et sans elle, ses terreurs nocturnes auraient raison de lui.

Le perdre était hors de question. Le confier à Ste Mangouste également. Hécate avait eu l'occasion de constater leur niveau d'incompétence et ce pays n'aurait pas son frère. Il lui avait suffisamment pris.

Hécate finit le petit mot par un "Cat" suivi d'un dessin d'étoile en guise de décoration, une convention affectueuse presque infantile mais qui permettait à chaque note, chaque message, de montrer une touche d'amour dans ce monde trop codifié. Virgile lui, signait toujours en faisant suivre un petit dessin d'oiseau, lui qui aimait tant sa nouvelle maison. Satisfaite, elle l'envoya voler et inspecta l'heure avant de se lever, et de caler son sac sur son épaule. Inutile d'apporter les rapports à Rabastan, elle ne l'avait pas vu depuis plusieurs semaines et avait pris l'habitude de voir les fichiers ôtés de son bureau par une quelconque secrétaire préssée chaque matin, sans que jamais il ne la contacte dans son bureau. Les évènements récents et la tension du niveau 2 avaient créé un silence radio. Plus de beuglantes. Plus rien à vrai dire. Si la porte du bureau restait ouverte comme à l'accoutumée, Hécate n'en avait pas franchi le seuil depuis une éternité et commençait à se faire, avec plus de difficulté qu'elle ne l'aurait voulu, à cette nouvelle situation.

Sans doute s'était-il lassé d'elle, peut être le singe avait-il accompli tous ses tours. Peut-être avait il jeté son dévolu sur une autre recrue plus prometteuse à qui il dispensait désormais ses plaisanteries douteuses et son sale caractère. Après tout comment l'en blâmer? Hécate était un soldat parmi d'autres et la guerre avait ses lois. La première étant que nul n'était irremplaçable, et surtout pas elle. Combien de fois avait-elle du réapprendre cette leçon en voyant mourir ses cousins et ses amis, juste pour apprendre le lendemain que le poste vacant avait trouvé preneur? combien de fois avait elle été laissé seule avec des images terrifiantes de bataille dans la tête, du sang sur les mains et de la bile dans la gorge mais avait-elle du se relever pour ne pas être déclarée inapte au combat et placée au placard?
Personne n'était unique.
Tout se perdait.
Tout se remplaçait.
Et elle avait été remplacée.

Par qui? par quoi? ces questions étaient inutiles et parasites, se les poser ne faisait que lui tordre le ventre. Elle avait cru, brièvement, ressentir l'aiguillon de quelque chose de nouveau lorsqu'il l'avait prise dans ses bras et raccompagné chez elle. Puis lors d'Halloween. Et durant le mariage d'Aramis. Elle avait senti quelque chose, quelque chose, dans sa poitrine, son ventre et elle s'était prise à sourire devant ces émotions si différentes de la colère, de la rage, de la rancoeur. Comme une enfant autorisée à parler pour la première fois, autorisée à chanter ou danser, elle avait apprécié le moment avec une sorte d'émerveillement timoré, n'osant pas trop jouer avec le feu de peur que quelque chose vienne casser cette petite lueur qu'il allumait quand il lui parlait et quand elle l'envoyait promener avec malice. La lueur avait brûlé un bon moment et Hécate avait cru pouvoir se chauffer à sa chaleur. Puis elle était morte. Comme ça. Naturellement, comme si elle n'avait jamais été destinée à luire. Par manque de fuel, par manque de souffle et d'oxygène.
Hécate avait senti le froid l'envahir et avait renoncé à essayer de raviver une braise dont elle savait désormais qu'elle avait la seule à l'entretenir.

"Ton destin n'est pas de te livrer à des jeux de sentiments. Personne n'aime une femme intelligente, une femme de pouvoir, une femme dure comme une lame. Tu es les trois. Si la couronne est ta gloire, la solitude est ton fardeau"

Ces mots si poétique et optimistes étaient ceux de sa grand mère et ils se vérifiaient aujourd'hui. Elle avait été naïve et presque puérile dans ses sourires et ses moments de gênes, comme une écolière découvrant qu'elle était capable d'éprouver autre chose que les plus basiques des sentiments. Il ne l'avait pas vu. Comment aurait-il pu? on ne voit que ce qui nous intéresse. Et une sauvageonne sortie d'un marais, plus habile au couteau qu'à la valse, aussi fine que du gros sel et à la bouche plus prompte à prononcer des ordres et des sarcasmes que des poèmes n'intéressait personne.

C'est amère qu'elle ferma la porte de son bureau et ne jeta pas un regard celui de Rabastan, rabattant sa capuche sur son visage et mettant les mains dans les poches de son blouson avant de dévaler les escaliers et de quitter le ministère. Puis, elle se mit à marcher. D'abord rejoindre le Londres Moldu, puis quitter la capitale en évitant les barrages grâce au réseau de transport moldu. Enfin atteindre la campagne et se livrer à ses affaires.
Morne, elle traversa le chemin de Traverse et montra son sauf conduit avant de poursuivre dans la partie non sorcière de la ville. Elle connaissait les bus et métros à emprunter, aussi n'y réfléchit-elle pas à trois fois avant d'emprunter les lignes menant à la périphérie. Elle avait l'air d'une étudiante tout à fait normale,quoique renfermée et peu désireuse de communiquer. Et en effet, elle n'avait pas la moindre envie de communiquer.

Dans le train de banlieue qui l'éloignait de Londres, Hécate appuya le front contre la vitre et regarda le paysage de briques sombres, puis d'herbe défiler sous ses yeux, et descendit en fin de ligne, alors que les rayons du soleil devenaient d'or et de pourpre. L'air de la campagne était frais et les quelques moustiques du crépuscule déjà sortis tournaient près de la petite station bucolique. Les mains invariablement enfoncées dans les poches, la jeune femme marcha le long d'une route d'asphalte un moment, passa devant un pub et quelques maisons, puis bifurqua sur un chemin de forêt. S'agenouillant une fois hors de vue, elle sortit de son sac sa baguette et un bocal opaque d'où sortirent deux de ses fidèles poupées vaudoues. Elles s'étirèrent et baillèrent, leurs bouches cousues s'étirant avant de brailler:

-On est arrivées?! ouais ouais?!
-Oui on y est. Vous vous souvenez des instructions?
-OUI! CONSTANCE, PRUDENCE ET VIGILANCE!
-Ca commence par ne pas hurler.
-Oui. pardon, diguedondon.

Elle se mit à marcher, regardant autour d'elle.

-La première qui voit ce que nous cherchons me prévient! et si un moldu ou un indésirable se pointe...
-On le met hors d'état de nuir! à cuire!
-C'est l'idée!

Les yeux alerte, la jeune femme commença à inspecter les arbres, sautant par dessus les racines et se penchant pour mieux scruter le dessous de certains troncs à la recherche de la fameuse mousse pulmonaire. Ca n'allait pas être une partie de plaisir par Merlin...d'autant qu'elle avait un désagréable sentiment, comme un arrière goût désagréable dans la bouche, ou le sentiment d'un danger imminent, qui venait s'ajouter à son amertume. Prudence. Prudence Hécate.

Alerte et vigilante, la jeune femme s'autorisa un soupir résigné, tendue comme un arc.

Non décidément, ça n'allait pas être gai, cette histoire.
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Even if we can’t find Heaven
I’ll walk through Hell with you



Dire que ce n’était pas vraiment une période facile serait un euphémisme. Sur tous les fronts. Et ceci depuis quelques mois déjà. Sur un plan emploi il ne comptait plus ses heures ; officiellement la journée bureaucratique ne s’étendait pas au-delà de vingt heures mais l’état de guerre ne s’arrêtait pas gentiment lorsque le marchand de sable venait endormir les attendrissantes têtes blondes. Alors il restait sur place plus longtemps. De toute manière qu’aurait-il pu faire d’autre ? Retourner chez lui, se coucher sur son lit et attendre les yeux grands ouverts le levé du soleil ? Quitte à ne pas dormir, autant ne pas dormir en étant productif. Il savait comment faire et avait appris à se mettre en pilotage automatique. Ça avait comme avantage sur ses subalternes de réduire grandement la pression : un Rabastan en marche automatique était un Rabastan beaucoup moins sujet au crise de colère et aux accès lunatiques. Pas le temps de s’acharner sur les incompétents, on se débarassait d’eux tout simplement en les envoyant se faire voir au Département des Jeux et des Sports Magiques. Cela faisait plusieurs semaines déjà que plus personne ne l’avait entendu élever la voix. Les autres fronts… il tâchait de ne pas trop s’y attarder. Entre son aîné qui ne lui adressait pas la parole, son cadet qui… ne lui adressait plus la parole (ils s’étaient donnés le mot) il n’y avait qu’avec sa fille Guenièvre qu’il pouvait encore communiquer, même si ce n’était jamais si facile que ça aurait du l’être entre un père et sa fille. Ce n’était pas vraiment le genre de situation familiale qui l’aidait à se détendre en dehors du travail, donc il faisait de son mieux pour ne pas y penser. Même si de temps à autres le vif sentiment d’échec venait lui acidifier la salive.

Pourquoi il n’y arrivait pas ? Pourquoi rien ne se passait comme il aurait voulu que ça se passe ? Bordel il avait toutes les cartes dans ses mains ! Toutes ! Il était Rabastan Lestrange, il était directeur de la Justice Magique, il était respecté et si ce n’est ça au moins craint… Il avait tous les droits ou presque. Alors pourquoi est-ce qu’il ne parvenait pas à avoir ce qu’il souhaitait dans ce cas là ? Pourquoi n’avait-il pas le pouvoir de tout simplement obtenir tout ce qu’il désirait ? Parce que tu ne sais même pas ce que tu veux. Il voulait ses enfants et il voulait… Quoi d’autre ? Il se leva de derrière son bureau et s’avança jusqu’à la porte, traversa l’office où devait se trouver sa secrétaire (mais qui pour le moment devait être à gérer d’autres choses ailleurs dans le niveau deux) pour se mettre sur le palier, de façon à pouvoir regarder dans le couloir. Il savait qu’un peu plus loin, dans cette direction il y avait le bureau d’Hécate. Et cela faisait longtemps qu’il n’y avait plus mis les pieds. Un choix plus ou moins réfléchi qu’il ne parvenait pas vraiment à dépasser. Une étrange euphorie l’avait clairement poussé à être de plus en plus proche de son employée après décembre, une euphorie qu’on pouvait associé avec sa soudaine liberté matrimoniale. Mais les moments de bonheur ne sont que passagers et la prise de conscience n’avait pas tardé à le frapper de nouveau.

Qu’est-ce qu’il était en train de foutre ?
Il ne parvenait déjà pas à gérer sa relation avec ses enfants, ses enfants ! Avec qui il partageait cinquante pourcent d’ADN ! Alors comment pouvait-il espérer gérer une relation avec quelqu’un comme Hécate. Qui n’était pas de sa famille. Une femme. Qu’est-ce qu’il recherchait en plus, avec elle ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien vouloir ? Sans compter Elena, la seule femme dont il avait été un tant soit peu proche (aussi proche qu’il fallait l’être pour concevoir trois enfants) l’avait magistralement trahi, le genre de trahison à faire pâlir Judas. Un véritable coup de Jarnac. C’était ça qu’il voulait de nouveau ? Qu’est-ce que la vit t’a appris ? Qu’on s’en tire bien mieux sans compter sur personne, sans avoir besoin de personne.
Qu’est-ce qu’il était en train de foutre ?
Pourquoi avait-il toléré de se rapprocher autant d’elle ?
Pourquoi ne s’était-il pas contenu ?
Pourquoi avait-il commencé ?
Tout cela n’avait rendu la rupture que plus difficile pour lui.
Du jour au lendemain, il avait décidé de couper les ponts. Et cela coïncidait parfaitement avec le branle-bas de combat général qui s’était emparé du Ministère et avait littéralement enfiévré le niveau deux. Plus de temps pour la papote et le thé. Plus de temps pour les regard en coin et les sourires. Plus de temps pour profiter. Plus de temps pour rien.
Il n’était pas prêt à revivre une seconde fois ce qu’il avait pu vivre avec l’autre.

Malgré ses bonnes résolutions pourtant il ne pouvait s’empêcher d’aller de temps en temps jusqu’à la porte, s’attendant peut être à la voir passer devant lui. Sans vraiment savoir ce qu’il espérerait. Sans vraiment savoir quelle serait sa réaction s’il l’apercevait. Peut être qu’il ne ressentirait rien. Et peut être que c’était ce qu’il voulait. Ne rien ressentir. Ce serait tellement plus pratique. Parce qu’il ne comprenait plus rien. Mais elle ne passait jamais. Il ne la voyait pas. Elle ne venait même plus. Comme si elle avait compris. Ou bien comme si elle s’en moquait. C’était peut être ça. Elle avait autre chose à faire que de penser à ça. Il savait qu’elle avait un petit frère à Poudlard… vu ce qui s’était passé il était même clair qu’elle ne devait pas avoir de temps libre pour éventuellement penser à lui.
De toute manière il ne voulait pas qu’elle pense à lui.
C’était là tout le but de la manœuvre. Personne ne pense à personne. Et tout le monde est heureux.
Alors retourne à ton bureau, crétin.
Les résolutions sont toujours difficiles à tenir, surtout lorsqu’il s’agit de se séparer de quelque chose ou quelqu’un pour qui l’on avait développé une sorte de… dépendance ?
De mauvaise grâce il fait un pas en arrière.

Et alors qu’il tournait le dos, il entendit plus loin dans le couloir des bruits de pas. Il eut presqu’envie de se fracasser la tête contre un mur lorsqu’il prit conscience qu’il avait immédiatement reconnu le rythme singulier de la marche d’Hécate. Pourquoi arrivait-il à reconnaître ça ? À l’oreille il comprit qu’elle quittait le niveau, donc là… elle devait lui tourner le dos. Il n’y avait rien de risqué à jeter un petit coup d’œil. Un tout petit petit coup d’œil ? Il se glisse une nouvelle fois jusqu’au palier et regarde, s’attendant à voir ses cheveux noirs lisses et attachés sévèrement sur sa nuque. Une capuche ? La petite silhouette d’Hécate s’éloignait, encapuchonnée. Les rares fois où Rabastan l’avait vu ainsi accoutrée c’était lors des mission sur le terrain. Au bureau elle était toujours tirée à quatre épingles. Est-ce qu’elle partait en mission ? Il fit mine de réfléchir alors qu’il savait très bien que ce n’était pas le cas. Il connaissait son emploi du temps. Et sa journée était terminée. Pas de mission. Elle rentrait chez elle.
Habillée comme ça ?
Était-ce suffisant pour la suivre ? Reste dans ton bureau. Non, non ! C’était étrange, il voulait savoir ce qui se passait. C’est de la paranoïa avec une grosse pointe de… Il avait déjà pris sa veste et lui avait emboîté le pas. De loin il la suivit hors du Ministère, et au lieu de transplaner directement elle… emprunta les transports moldus ? Bon c’est plié, tu ne vas clairement pas la suivre là dedans donc on rebrousse chemin et on… Il repéra le numéro et la destination de l’espèce de Magicobus de pacotille qu’elle prit pour prendre le suivant immédiatemment après elle. « Votre ticket mons… » Les yeux du chauffeur se firent vitreux alors que, depuis sa poche la baguette de Rabastan le visait, un sort de confusion ferait l’affaire. Le cinquantenaire affublé d’une grotesque casquette secoua sa tête et lui offrit un pauvre sourire perdu : « Bonjour monsieur. » Et un trajet gratuit, manquerait plus qu’il paie pour les compagnies de bus brittaniques moldues. Il restait vers le devant du bus, s’installa près de la fenêtre pour guetter les descentes du bus devant eux. Tu es littéralement entouré de moldu ! Et tu le vis bien ? Où est-ce qu’elle pouvait bien aller comme ça ? Pourquoi prenait-elle les transports moldus ? Elle n’aimait pas transplaner mais elle pouvait utiliser la poudre de cheminette… ou un autre moyen ! La seule raison pour laquelle elle se faufilerait avec des sans-magie serait pour… passer inaperçue. Et pour quelle putain de raison ? Si cet adolescent gothique nous touche, on le tue. Elle n’avait pas d’excuse pour faire ce genre de truc ! Il nous regarde… uuugh fais quelque chose ! Pas d’excuses. Aucune raison. Il ne comprenait pas. Il la vit descendre parmi une foule compacte, même avec sa capuche sur la tête il ne pourrait pas la rater. Il la reconnaîtrait dans une foule pendant un concert dans le noir. Il bondit de son siège, faisait sursauter l’adolescent qui en effet le scrutait avec beaucoup d’intensité depuis trois ou quatres arrêts et descendit à l’instant même où les portes du bus s’ouvrirent.

Rabastan avait une réputation qui le suivait fidèlement, mais cette réputation ne disait rien sur ses éventuels talents en matière de discrétion. Et pourtant… ce n’était plus le genre de travail qu’on lui donnait à présent, mais dans ces jeunes années il avait écopé de plusieurs missions durant lesquelles il avait du filer le train à telle ou telle personne. Il n’était pas mauvais. Évidemment suivre quelqu’un de façon discrète dans une gare bondée n’était pas difficile, Hécate ne prenait même pas la peine de se retourner, il n’y avait aucun moyen pour qu’elle puisse le voir. Il la suivit jusque dans un train, là encore il se permit de ne pas prendre de billet ou autre… et s’installa un wagon derrière elle tout en prenant soin à chaque arrêt de vérifier si oui ou non elle descendait. Et le temps s’étirait… Elle ne bougeait pas alors qu’ils s’éloignaient de plus en plus pour s’enfoncer dans la campagne. Qu’est-ce qu’elle allait foutre à la campagne ? La question tournait et retournait dans sa tête mais il n’y avait toujours qu’une seule réponse qui s’imposait à son esprit. Toutefois il ne voulait pas y croire. Ce n’est qu’au terminus qu’elle descendit, qu’il lui emboîta le pas à une certaine distance. Elle marchait, marchait encore jusqu’à finalement arriver dans une forêt.

Certain qu’elle n’est pas en mission ? Elle n’était pas en mission pour le Ministère en tout cas, ça il pourrait en mettre sa main à couper. Mais peut être qu’elle était en mission pour autre chose. Pour quelqu’un d’autre. PUTAIN ! Il s’adossa à un arbre, hors de vue. Passa sa main sur son visage. Putain… Son ventre se retourne alors qu’il se plie en deux, toussant contre son poing serré. Peut être qu’elle vient seulement cueillir des fleurs ? Hein ? Était-ce de la paranoïa ? Était-ce juste de la paranoïa ? Il respire profondément et tente d’aligner les faits. Mais rien qui fut innofensif pouvait justifier ce comportement. Cueillir des fleurs ? So Hecate. Soudain il entendit des voix. Qu’il ne reconnaissait pas puis celle d’Hécate ; légèrement étouffée par la distance et parce qu’elle prenait soin de ne pas crier. « Oui on y est. Vous vous souvenez des instructions ? » L’autre voix hurla presque : « OUI ! CONSTANCE, PRUDENCE ET VIGILANCE ! » Il se rapprocha tout doucement pour constater que les voix inconnues appartenaient aux étranges poupées qu’il avait déjà pu cotoyer. Pourquoi emporterait-elle ces choses avec elle ? « La première qui voit ce que nous cherchons me prévient! et si un moldu ou un indésirable se pointe... » « On le met hors d'état de nuir ! à cuire ! » « C'est l'idée ! » Autant pour la paranoïa, c’était au-delà du suspect. Il la voyait, de loin certes mais il n’avait pas besoin d’être planté devant elle pour constater qu’elle était tendue. Si elle venait cueillir des fleurs, serait-elle aussi tendue ? Hein ? HEIN ? Ce n’est pas de la paranoïa. Non. Alors ? Alors quoi ? Dis le ! Elle nous trahit. Mais encore ? Elle ME trahit ! Qu’est-ce que tu vas faire ?

Ses jointures blanchissaient sur la garde de sa baguette, il était pétrifié. Elle venait là… en secret… il y avait plusieurs raisons possibles : délivrer des informations, préparer à déserter… tout était envisageable. Et lui, que devait-il faire ? La procédure était plutôt claire, il devait la prendre vivante pour pouvoir lui faire cracher des informations sur ceux qu’elle était venue rencontrer. Mais non… Il allait la tuer. Là, ici et maintenant. C’est de la pitié ? Non ce n’est pas de la pitié ! Il allait la tuer parce que c’est ce qu’elle mérite ! Tu veux la tuer parce que tu sais que tu ne pourrais jamais lui faire ce que tu fais aux autres ! C’est à travers ses dents qu’il marmonne, qu’il siffle comme un serpent, pour mieux se convaincre : « Elle n’est pas différente des autres. Elle n’est pas différente des autres. Ça le prouve bien. Elle n’est pas différente. » Il mord sa langue. Parce qu’il a mal à la gorge et qu’il n’aime pas ça. Il détourne son attention. Tu ne pourrais pas lui faire du mal hein ? La tuer ce n’est pas lui faire du mal peut être ? Je ne suis pas faible ! Cette fille ne vaut rien ! Ne veut rien dire ! Ne veut plus rien dire maintenant ! Et bien tue-là. Si tu penses que c’est le pire que tu puisses faire. Exactement ! tu n’as jamais eu de cran de toute manière… Il était Rabastan Lestrange et il avait fait bien plus que beaucoup de ses collègues ! Ce n’était pas une petite nana débarqué d’Amérique qui allait le déstabiliser ! jamais de cran, pas de tripes, bon à rien.

Il dirait qu’elle a été tué par des Insurgés. Par accident.
Il ne faut pas qu’Il sache. Parce qu’Il pourrait risquer de tuer le petit frère.
Quoi ? Quoi ?
Ou alors il tournait les talons maintenant et oubliait tout. Il savait faire ça, il avait une Pensine, et les souvenirs pouvaient être détruits. Non mais tu t’entends ?
Le visage d’Alice revint à sa mémoire. pardon, je ne voulais pas, je ne voulais pas, arrêtez. Laissez moi vivre.
BOUGE-TOI ! Tu sais faire ça. Tu sais comment faire, oublie. Oublie. Et tu vireras tous les souvenirs que tu veux après. Ouais, c’était ce qu’il allait faire. Régler ça. Et ensuite il reviendrait à la bonne vieille stratégie. Un an de souvenir, ça pouvait se filtrer facilement non ? Ce serait toujours plus facile que quinze de toute manière. En effet il savait y faire.

Il se détacha de l’arbre et s’avança vers l’endroit où Hécate se tenait. Il la connaissait et savait de quoi elle était capable, alors il prit soin de rester assez loin. Elle lui tournait le dos. De sa baguette il la tint en joue. Les petites poupées sautillaient un peu plus loin. Lorsqu’il parla, sa voix était assez forte pour qu’elle puisse distinctement l’entendre, ses muscles tendus et prêts à arrêter le moindre maléfices qu’elle pourrait tenter de lui envoyer. Elle était douée. Elle était une guerrière, il le savait. Une princesse, il le savait. Il savait trop de choses sur elle, des choses qu’il oublierait ce soir. Mais lui était plus âgé, plus expérimenté sur ce genre de chose. Il n’avait pas peur pour lui.
Il avait peur pour elle.

« Tu cherches quelque chose Shacklebolt ? » Elle n’avait jamais sans doute eu l’occasion de voir cette expression sur son visage et d’entendre cette voix. La dernière ayant eu cette honneur étant Elena lors de ses derniers instants. « Des petites escapades en forêt ? Tu attends quelqu’un ? »

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-Toi tu cherches la molène! et moi la pulmonaire! si tu trouves de la menthe...
-Je lève les mains en l'air!
-Hop hop hop et une deux trois!
-En avant soldat!
-Pour la cueillette du printemps...
-Faut rien laisser derrière ni devant!


Hécate regarda les chevelues partir en sautillant, tout en chantonnant le nom des plantes qu'elles devaient trouver comme une comptine pour ne pas les oublier. De vraies têtes de linottes. Elle aurait du les suivre mais quelque chose l'empêchait de se mettre en mouvement. Une présence. Sa main se rapprocha instinctivement de sa baguette alors que sa gorge se serrait et que les poils de sa nuque se mettaient au garde-à-vous. Le danger était proche. Mais d'où venait-il?

Elle leva les yeux vers la cime des arbres et soudain les bruits de la forêt lui parurent être une véritable cacophonie, le moindre chant d'oiseau sonnant comme un cri d'alarme.
Respires. Fermes les yeux. Si quelqu'un est là tu le trouveras. Écoutes. Sens. Tu sais le faire, tu connais les bruits de la terre et les odeurs de l'air. Sens.
Son souffle se fit plus bas, ses réflexes plus affûtés. Il y avait un parfum ténu dans l'air, une sorte de fragrance élégante qui, dans la brise, venait jusqu'à ses narines mais qu'elle refusait d'identifier.
Ambre.
et quoi d'autre?
Quoi d'autre, par Papa Legba?

« Tu cherches quelque chose Shacklebolt ? Des petites escapades en forêt ? Tu attends quelqu’un ?»

La voix la fit sursauter et lui infligea une telle décharge d'adrénaline qu'elle se retourna comme un serpent, baguette levée, prête à réduire en charpie l'intrus qu'elle avait pouvait reconnu à la seconde où leurs yeux s'étaient croisés. Il y eut une seconde qui sembla durer une éternité, durant laquelle elle pu voir l'ampleur de la froideur dans le regard de Rabastan, l'ampleur de la rage sur ses traits pourtant figés, une seconde durant laquelle tout aurait pu basculer, avec un sort de trop, un mot de travers, un geste mal calculé. Mais elle ne fit rien, pendant cette seconde fatidique. Parce qu'elle le revoyait pour la première fois depuis des semaines et que sur ce visage qu'elle avait appris à connaître, il n'y avait que trois sentiments, mêlés et pourtant distincts:
La haine.
Le dégoût.
Et la déception.

La vue de ce visage lui fit plus mal que n'importe quel coup ou impardonnable. Parce qu'alors même qu'il la regardait, le cerveau d'Hécate cherchait à comprendre, à récréer les évènements qui avaient menés à cette minute et empruntait les mêmes chemins sinueux et tortueux que ceux que Rabastan avait du emprunter, pour en arriver aux mêmes conclusions. La jeune femme sentit ses intestins se glacer. Il croyait qu'elle était venue...Merlin. Il allait la tuer. Il allait l'éxécuter sur place sans lui laisser la moindre chance de se défendre parce que tout à ce moment précis, était contre elle. Idiote. Imbécile. Abrutie. Quel besoin avait-elle eu de vouloir faire passer sa fierté avant tout le reste et de partir en vadrouille comme une asociale?! pourquoi n'avait-elle pas eu le bon sens de mettre quelqu'un au courant?! Pourquoi tout était il en train de s'écrouler en une poignée de moments?!

Mais tout s'était déjà écroulé. C'était ça la vérité qui la fit presque avoir la nausée. Il était venu jusque là, l'avait suivie, l'avait surveillée, et la tenait en joue avec l'expression d'un bourreau bien décidé à abattre un chien enragé. Une implacable froideur.

Une nouvelle seconde passa. puis une autre. Et la troisième fut brisée par une voix:

-HECATE! ON A TROUVE! REGARDE!

Les chevelues revenaient en jouant à saute-mouton et la première, apercevant Rabastan, se redressa alors que sa soeur allait lui sauter par dessus, l'assommant presque au passage.

-Ooooooh! tu nous avais pas dit qu'il venait? il est venu cueillir aussi? Sapristi!

La seconde poupée qui se releva, brandit une grosse touffe de mousse d'un vert argenté.

-On a trouvé de la Plumonaire! Plomunaire! Le truc qui déconstiogène! décongestionne! Pour respirer! héhéhé!
-C'était facile au fond, il suffit d'être petit pour se glisser sous les arbres et puis tirer comme ça et comme çi! Y'en a assez? pour lui ouvrir le nez?
-...Arrêtes de brailler, je crois qu'on tombe au mauvais moment. Pas dans le bon temps.
-Oh oh.

Hécate et Rabastan, interrompus dans leur duel silencieux, furent forcés de se regarder de nouveau et cette fois, ce fut la colère qui prit le dessus chez Hécate. De quel droit?!..de quel droit la tenait-il en joue de cette manière?! après TOUT ce qu'ils avaient traversés?! après TOUT ce qu'elle avait fait pour le garder en vie, après TOUT ce qu'elle lui avait dit?! comment osait-il la regarder avec un tel mépris, avec un tel dédain, une telle froideur, comme si elle était exactement comme les autres et n'avait jamais manqué de lui planter des poignards dans le dos?! comme si elle était une traitresse, semblable à sa précédente disciple, comme si rien de ce qu'ils avaient vu n'avait d'importance.

Ecoeurée, elle rangea sa baguette, ostensiblement, et écarta les bras avec un rictus de dépit.

-Je cherche de la Molène. Et de la pulmonaire médicinale, pour mon frère. Ce sont des plantes. Vous avez eu des cours d'herboristerie à Poudlard, ça doit vous revenir, à moins que vous ayez pris l'option filature à la place?

Elle eut un rire acide et le regarda, penchant la tête sur le coté. Les pensées les plus terribles et humiliantes lui traversaient l'esprit alors que les chevelues serraient contre elle les objets du délit.

-Ca fait bien une heure que vous me suivez. vous avez pris votre pied? Qu'est ce que ça fait de se sentir invisible et tout puissant? attendez je sais : ça doit vous rendre extatique. Pas vrai? le pouvoir. Enfin une potentielle traîtresse à trainer vous même par les cheveux jusqu'au peloton d'éxécution! une mise à mort cathartique!

Elle se saisit de sa besace et ostensiblement, la vida sur le sol.

-voilà les pièces à conviction! pour les scellées! hésitez pas à un rajouter une note insurgée ou un petit pot de poison pour justifier le tout quand vous en aurez fini, ça vous facilitera la paperasse! juste une question : vous pratiquez la comédie depuis quel âge?

Voyant qu'il ne semblait pas comprendre, elle éclata de rire.

-La comédie du patron droit dans ses bottes, du "je te fais confiance", le coup de la veste prêtée pour avoir plus chaud et puis ce clou du spectacle, le coup de l'hosto! ça a du vous demander une patience dingue, de mettre ce genre de costume et de me faire croire que vous me faisiez réellement confiance, que je comptais au point que vous bougiez votre cul jusqu'à ce putain d’hôpital!

La machine était lancée et désormais on ne pouvait plus l'arrêter. Tout s'expliquait avec une désarmante facilité. Il avait gagné sa confiance par quelques tours de passe passe et par une affection qu'elle n'avait pas pu refuser, naïve qu'elle était. Puis, une fois la jeune femme acquise, bien en main, il avait coupé les ponts pour ne pas trop s'investir dans une relation qui n'était au fond qu'une simple surveillance. Les pervers se ressemblaient tous. Il était comme son père, comme les autres : ils soufflaient le chaud pour vous endormir, le froid pour vous paralyser et attendaient leur heure, prêts à vous faire disparaître. Car s'il lui avait fait confiance, si tout cela n'avait été qu'un malentendu pourquoi cette haine si glaçante, pourquoi ce mépris? Dans ses yeux elle le voyait : elle était déjà morte. Il ne ressentait rien à l'idée de la tuer et elle en fut infiniment plus dévastée qu'elle ne l'avouerait jamais. Il s'était foutu d'elle. Il l'avait prise au collier comme un animal et s'apprêtait à la piquer. Mais elle ne mourrait pas en suppliant:

-Le but de tout ça c'était quoi? siffla-t-elle, maintenant qu'on en parle vraiment?! de surveiller la dernière du clan pourri des Shacklebolt afin de voir si elle rentrait dans les rangs? de l'abattre à la première occasion suffisamment solide pour couper la branche vérolée et nettoyer le tableau des 28 sacrées? Quand vous m'avez prise sous votre aile, vous saviez déjà? que vous me gardiez juste assez longtemps pour que je mature?! vous saviez déjà que peu importe ce que je pourrais vous dire maintenant, VOUS ME FERIEZ BOUFFER LA POUSSIÈRE?!

Les chevelues coururent vers Rabastan et Hécate, agitant leurs plantes en l'air comme des drapeaux blancs:

-Ne pas crier ne pas crier! c'est un malentendu! turlututu!
-On est venu chercher des plantes pour Virgile, le petit aux poumons ténus!
-On a pas trahi, on est gentils!
-Et on peut pas jouer des tours à quelqu'un qu'on aime d'amour!


-LA FERME VOUS DEUX!! hurla Hécate, hors d'elle.

Les poupées se ratatinèrent mais Hécate ne ressentit pas même un instant le poids de la culpabilité. Elle parut plus grande soudainement et son accent français se fit plus présent, rendant sa voix hachée et terrifiante.

-Mais Hécate...bafouilla une poupée.

-DÉGAGEZ!!!

Les deux chevelues coururent vers le sac désormais vide, leurs plantes toujours à la main et sautèrent à l'intérieur en fermant le rabat de toile par dessus leurs têtes crépues et colorés, tremblant comme des feuilles. Hécate sentait le feu de l'humiliation, du dégoût de soi et de la colère brûler en elle.

-Vous auriez du me tuer le jour où j'ai fait ramper Blackwood sur le sol de votre putain de niveau et m'épargner cette mascarade! Parce que tout aurait mieux valu que d'être surveillée comme une esclave tentant de s'échapper de la plantation et fusillée si on la rattrape! vous auriez du me marquer! comme une rebus! ou mieux! me mettre une laisse! comme un chien! Pour être sur que je sois toujours docile et obéissante!

Peu importait que son discours soit intrinsèquement logique ou pas, peu imporait qu'elle soit injuste ou pas, Hécate s'en moquait. Il l'avait totalement manipulé, abandonné -à quoi s'était-elle attendu de la part d'un des membres du conseil de Lord Voldemort?- puis espionné, traqué et maintenant il la menaçait avec l'air un loup prêt à dépecer sa proie. Furibonde, Hécate attrapa sa baguette et la pointa sur Rabastan.

-Comptez pas sur moi pour me coucher sans vous donner du fil à retordre. Crever sans me battre et face à un type comme vous...ça, jamais.

Elle avait les larmes aux yeux, des larmes brûlantes, que la sorcière refusait obstinément de laisser couler. Mais ses mains tremblaient, elle tremblait comme une feuille, de dépit, de déception, de douleur, de peine. L'extérieur de sa personne devait surtout transpirer la haine, mais c'était bien la tristesse qui lui faisait perdre toute mesure, qui la faisait perdre pied et se noyer dans ses propres pensées.

Bon dieu de Merlin. Putain de merde. Elle était tombée amoureuse de cet homme. Elle était tombée amoureuse. Comme une gamine, comme une idiote, une mijorée, une pauvre greluche à peine sortie du couvent. Tous les aiguillons dans le ventre qu'il lui avait fait ressentir s'étaient transformés en lames, et son coeur semblait compressé par tous les mots qui lui revenait en mémoire et qui, auparavant, avaient rendu cet organe si particulier, tellement léger. Hécate était amoureuse de Rabastan, et se dire ces mots à ce moment, accepter de les penser, de les ressentir lui donnait envie de mourir sur place. C'était arrivé sans qu'elle le veuille, sans qu'elle puisse le prévoir et elle s'était enfoncée dans cette eau noire jusqu'à ce qu'elle remplisse ses poumons et qu'elle ferme les yeux, bercée par la chaleur du liquide, par ce sentiment d'y flotter en parfaite sécurité. Puis, elle s'était noyée. Elle l'aimait, pour la première fois de sa vie, elle ressentait de l'amour. Et il la regardait comme un déchet.

Mais elle ne pleurerait pas.
Et s'il lançait un sort, elle se savait assez rapide riposter et lui donner un avant gout de l'Enfer avant d'y atterir elle même. Si cela devait être son dernier combat, il emporterait un cadeau d'elle. Et si le destin lui offrait, à elle, sesfaveurs.... elle le tuerait.  

Le silence était si étouffant, si plein de douleur, de non-dits, de rancoeur et de colère qu'il sembla que la forêt s'était tue, comme une assemblée silencieuse observant un duel à mort. C'est alors que le sac d'Hécate frissonna et qu'une voix plaintive s'en éleva:

-Hécate fais pas ça...pitié, tu sais que tu veux pas...
-Il faut dire la vérité, il faut dire la vérité, il ne faut pas tout cacher...
-Il faut lui dire pour Virgile et pour ses petits poumons...
-Et puis lui dire qu'on veut rentrer à la maison...

-Taisez vous, ordonna Hécate d'une voix brisée, gardant ses yeux noirs fixés sur Rabastan et sa baguette.

-Mais vous allez vous battre! vous allez vous tuer!
-Hécate s'il te plaît, dis lui la vérité!
-Arrête de provoquer ce que tu peux empêcher!
-Tu as le droit de vivre et puis le droit d'aimer!
-Dis lui maintenant! ça peut plus durer!
-Hécate s'il te plaît...fais le...allez...


Une poupée laissa apparaître sa petite tête tremblante:

-Il faut pas la tuer...s'il te plaît homme bleu...on venait chercher de la mousse et d'autres choses qui font aller mieux...la tue pas...s'il te plaît...y'a des choses qu'elle dit pas...

-Mahani tais toi!!

-Elle voudrait pouvoir être un peu plus à toi...

Cette fois, Hécate agita sa baguette avec rapidité et d'un informulé, envoya un sort vers le sac, ce dernier disparaissant dans un "ploc" sonore,téléporté vers le domicile des Shacklebolt avec perte et fracas. Puis elle la leva vers Rabastan.

-Me forcez pas à le faire. Me forcez pas à me battre contre vous. Me forcez pas à vous tuer.

Les tremblements qui envahissaient son corps la faisaient viser mal. Ni la peur, ni la colère n'avaient jamais provoqués une telle réaction en elle, quelque soit la bataille, mais la guerre qui se menait à cet instant n'avait rien de militaire. Elle était blême, se sentait au bord d'une attaque de panique, d'un hurlement de douleur, d'un sort impardonnable, tout pour qu'il cesse de la regarder ainsi, pour que toute cette scène s’efface, pour que rien de cette horrible soirée ne soit jamais arrivé.
Elle voulait que les choses redeviennent telles qu'elles étaient auparavant. Elle voulait retourner dans le passé, s'arracher la mémoire et le coeur, remonter jusqu'au jour où Blackwood l'avait provoquée, afin qu'elle garde le contrôle de ses nerfs et ne craque pas. Afin que Rabastan Lestrange ne la remarque jamais.
Afin que rien de ce qu'elle ressentait, ces sentiments nouveaux et aussi destructeurs que de l'acide sulfurique ne puisse l'atteindre et la réduire à néant.

Mais il était trop tard, et il fallait désormais que tout s'achève. Ici et maintenant. La braise qui brûlait en elle était devenue aussi froide qu'un morceau de granit. Il l'avait écrasée d'un impitoyable coup de talon, ne laissant que des cendres éparpillées. Alors la mort, aussi inacceptable soit elle, serait sans doute le dénouement le plus logique.

La solitude avait toujours été son fardeau.Et vouloir autre chose au mépris de la prudence venait de la conduire à sa perte.

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Even if we can’t find Heaven
I’ll walk through Hell with you





Elle sursaute, se retourne rapidement. Si rapidement. Ses lèvres à lui sont entrouvertes et la formule est sur le bout de ses lèvres, prête à être crachée à la moindre agression. À la moindre aggression. Il était préparé à ce qu’elle lui lance un sort, ou même qu’elle se jette sur lui ; c’était son style. Mais elle ne fit pas le moindre geste. Elle se contenta de se retourner. De le regarder. Les yeux dans les yeux. Pour la première fois depuis plusieurs semaines. Il eut la très grande déception de constater que contrairement à ce qu’il aurait pu espérer, cela fut loin de ne lui faire aucun effet. Sa gorge se serra un peu plus, ses doigts également. Mais il ne broncha pas. On aurait dit deux statues de combattants dans les bois, tout deux immobiles, baguettes levées. À s’observer. Il pourrait… il pourrait si facilement s’introduire dans son esprit, parce qu’elle ne le lâchait pas du regard. Et voir, juste… voir et constater l’étendue du bordel. L’étendue de la trahison. L’étendue de l’échec. Depuis combien de temps est-ce que ça durait ?

Il ne se posait cette question que maintenant qu’elle était bel et bien face à lui. Maintenant qu’il pouvait voir son visage. Maintenant qu’il pouvait la voir les yeux dans les yeux. Depuis combien de temps est-ce que ça durait ? Depuis le début ? Depuis le putain de début ? Quand il l’avait récupéré avant qu’elle ne fasse une connerie qui l’aurait direct envoyé au cimetière ? Ou bien après… Après qu’il l’ai tiré de sous cette estrade ? Après Halloween ? Après les fiançailles ? Quand ? Il voulait savoir depuis quand, il voulait mesure l’étendue de sa cécité. Il voulait se punir pour avoir été aussi débile. Profondément imbécile. Il savait mieux que ça pourtant. Mais apparemment une seule leçon ne lui suffisait pas. Il avait besoin d’une piqûre de rappel. Ouais… son père avait bien compris ça lui. Putain… il n’avait pas envie de penser. Il n’avait plus envie de penser du tout.

C’était ainsi que ça devait être. Il creverait seul. Sans ses enfants, sans personne. Parce que visiblement il ne valait pas assez pour qu’on reste avec lui. Pas comme s’il prenait tout juste conscience de ça aujourd’hui remarque… Il s’en était toujours un peu douté. Putain de seul. C’était la peine de vivre toute cette saloperie de vie pour en arriver à là. Pas si seul… Tu sais bien que lui il sera toujours là pour toi. Oui, peut être pas si seul. Après tout si c’était grâce à lui qu’il avait survécu toutes ces années, dans un endroit où on lui volait littéralement tout son bonheur, pourquoi ne parviendrait-il pas à se relever après juste ça ? Hein ? … Il n’avait pas besoin de se parler à lui-même pour constater qu’il ne croyait pas à une seule de ces pensées. Qu’est-ce qu’il lui dirait s’il était présent ? « Tue-la. » Sans doute quelque chose de cet acabit oui. Un encouragement. Un ordre. Il lui donnerait quelque chose auquel s’accrocher parce qu’il sait très bien comment son petit Mangemort fonctionne. Il sait très bien comment faire pour amener Rabastan à agir. Et Rabastan ne veut plus réfléchir, il veut simplement suivre les ordres. Suivre ses ordres. Le seul, le seul qui ne l’avait jamais laissé tomber. « Tue-la, Rabastan. », un petit compliment aussi… Parce que c’était ce qu’on ne lui donnait jamais. Personne ne le complimentait, ne le félicitait. Ou alors de manière sarcastique. Lui pensait ses compliments. Alors, que dirait-il ? « Tue-la Rabastan. Je sais que tu peux le faire. Je te fais confiance. » Oui. Quelque chose comme ça.

Ses lèvres sont devenues sèches, il serre brièvement les dents. Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Se frapper la poitr… non. Concentre-toi, tu maîtrises la formule. Tu maîtrises le sort. Tu maîtrises la situation. Il ouvrit un peu plus la bouche.

« HECATE ! ON A TROUVÉ ! REGARDE ! » Son sursaut fut imperceptible et c’est sans lâcher Hécate des yeux qu’il aperçut du coin de l’œil les petites poupées débarquer. Avec leurs petites voix les deux chevelues continuaient d’élucubrer du babillage sur lequel il ne se concentrait pas suffisamment pour comprendre. Toute sa concentration passait majoritairement dans sa posture. Et dans l’effort de volonté qu’il employait pour ne pas se briser. Héca… Shacklebolt avait détourné les yeux vers ses compagnons, c’était le moment. Il avait une fenêtre tellement évidente pour la mettre à mort que c’en était presque risible. À bien y réfléchir, il aurait déjà pu la tuer une bonne demi-douzaine de fois… Qu’est-ce que tu attends ? Ce n’était pas tout de constater des possibilités de meurtre, il fallait encore les mettre à exécution. Et alors que les poupées eurent l’excellente idée de se la fermer, elle reporta son attention sur lui. Trop tard alors ? Il n’était même pas déçu d’avoir raté une opportunité.

Elle le regardait, comme si elle était prête à le tuer.
Il voulait qu’elle essaye. Il voulait qu’elle essaye pour qu’il se défende mécaniquement, pour qu’il puisse le faire sans réflexion. Par réflexe. Le réflexe de tuer. Il l’avait très soigneusement cultivé. Ou bien il voulait qu’elle essaye… et qu’elle réussisse. Sssh. Mais elle rangea sa baguette.
Une nouvelle chance. Qui s’éternisa. Là, il n’avait plus d’excuse.
Elle aurait du mourir depuis une seconde.
Deux secondes. Trois secondes. Quatre secondes.
PUTAIN RABASTAN RESSAISIS-TOI !

« Je cherche de la Molène. Et de la pulmonaire médicinale, pour mon frère. Ce sont des plantes. Vous avez eu des cours d'herboristerie à Poudlard, ça doit vous revenir, à moins que vous ayez pris l'option filature à la place ? » Qu… Quoi ? Quoi ? Il avait du mal à se concentrer sur ses paroles. Elle disait qu’elle était venue pour… cueillir des fleurs. Hein ?... tsss… Il n’y croyait pas, et ce n’était pas faute de vouloir y croire, mais il savait que trop bien les mensonges qu’on pouvait débiter dans ce genre de situation pour en avoir lui-même inventé un très gros paquet. Et il savait aussi que la plupart du temps on choisissait l’excuse la plus ridicule possible. Elle était venue pour cueillir des petites plantes. C’est bon ! L’accusée est jugée coupable, allez on ne va pas s’éterniser. Il voulait juste… Non ! Plus tu attends plus c’est difficile, ça a toujours été comme ça. TOUJOURS. N’attend pas. Fais vite. Puis tourne les talons et oublie. Vite. Depuis une minute. Une minute et cinq secondes. Une minute et dix secondes… VITE ! « Ça fait bien une heure que vous me suivez. vous avez pris votre pied ? Qu'est ce que ça fait de se sentir invisible et tout puissant ? attendez je sais : ça doit vous rendre extatique. Pas vrai ? le pouvoir. Enfin une potentielle traîtresse à trainer vous même par les cheveux jusqu'au peloton d'éxécution ! une mise à mort cathartique ! »  Qu’est-ce qu’elle voulait ? Le faire se sentir coupable ? Surprise ! Il n’avait pas besoin de l’entendre cracher son venin pour ça ! S’il prenait son pied ? Cette putain de sacré bon dieu de Merlin d’expression n’avait aucun sens pour lui mais il pouvait plus ou moins répondre que non, non et putain de non il ne prenait pas son pied ! Mais qu’est-ce qu’il pensait ? Qu’est-ce qu’il avait eu la malchance de croire ? Évidemment que elle aussi le prenait pour un putain de sadique, juste un pauvre mec taré comme l’était sa belle sœur et qui n’était heureux que lorsqu’il assassinait, torturait et massacrait. ÉVIDEMMENT ! Et elle n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Et comme tu es le dernier des faibles ce n’est pas toi qui va la stopper non plus… Elle renversa tout le contenu de son sac par terre : hurla des choses à propos des scellées.  « La comédie du patron droit dans ses bottes, du "je te fais confiance", le coup de la veste prêtée pour avoir plus chaud et puis ce clou du spectacle, le coup de l'hosto ! ça a du vous demander une patience dingue, de mettre ce genre de costume et de me faire croire que vous me faisiez réellement confiance, que je comptais au point que vous bougiez votre cul jusqu'à ce putain d’hôpital ! » Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle remuait le couteau dans la pl… attends voir… Il n’arrivait pas à dissocier le mensonge de la réalité. Il n’arrivait pas à tout simplement comprendre. Que croyait-elle ? Qu’il avait fait tout ça, qu’il avait joué en attente de ce jour ?

Mais pourquoi est-ce qu’on lui dressait un procès ?
Pourquoi est-ce que tout se retournait toujours, toujours contre lui ?
Et il l’entendait hurler. Il détestait ça. L’entendre crier. Il détestait quand les gens criaient. Paradoxalement lui-même hurlait beaucoup. Parce que sinon personne ne l’écoutait mais là… c’était bon. Il l’entendait. Il l’entendait. Pas besoin de hurler ! PAS BESOIN DE HURLER PUTAIN ! « Ne pas crier ne pas crier ! c'est un malentendu ! » « On est venu chercher des plantes pour Virgile, le petit aux poumons ténus ! » « On a pas trahi, on est gentils ! » L’amertume s’invita dans la tête de Rabastan, la bonne vieille amie l’amertume : tiens, tu en as mis du temps toi. N’est-ce pas… « On est gentils… » Si seulement il avait su que cette phrase pouvait tout régler, putain de Merlin il l’aurait utilisé plus tôt. Je suis gentil papa. Je suis gentil monsieur l’Auror. Bordel si seulement il avait su ! Il fallait absolument faire passer le message à tout le monde. Visiblement Shacklebolt comprit elle aussi que ce genre de rhétorique ne serait pas efficace et elle renvoya d’un cri les deux poupées au fond du sac.  « Vous auriez du me tuer le jour où j'ai fait ramper Blackwood sur le sol de votre putain de niveau et m'épargner cette mascarade ! Parce que tout aurait mieux valu que d'être surveillée comme une esclave tentant de s'échapper de la plantation et fusillée si on la rattrape ! vous auriez du me marquer ! comme une rebus ! ou mieux ! me mettre une laisse ! comme un chien ! Pour être sur que je sois toujours docile et obéissante ! » Trois minutes et quinze secondes. Trois minutes et vingt secondes. Allez, c’est si simple, c’est si rapide. C’est une formule si simple. Et puis… et puis… Tu en as envie. Il avait envie qu’elle arrête de crier. C’est un moyen simple pour faire taire quelqu’un. C’est vrai. Mais…

Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire qu’elle meure en pensant qu’il s’était foutu d’elle tout du long ? Après tout mort pour mort… ça ne changeait pas grand-chose. Et de toute manière, tout le monde pensait ça de lui. Sauf son père, qui avait toujours cru qu’il était le dernier des imbéciles. Le seul qui aurait certainement apprécié de voir son fils comme un fou furieux.  Le destin faisait mal les choses. Et elle reprenait sa baguette. Ce mouvement le fit réaffirmer sa garde. Mais il ne disait toujours rien. Toujours… rien… « Comptez pas sur moi pour me coucher sans vous donner du fil à retordre. Crever sans me battre et face à un type comme vous...ça, jamais. » Est-ce qu’il avait peur ? Non. Ce n’était pas ça qui pouvait lui faire peur. Parce qu’il savait qu’elle n’avait aucune chance, s’il voulait la tuer, il la tuerait. Et même dans le cas contraire… mourir était quelque chose qui ne lui faisait plus peur depuis assez longtemps. Plus véritablement peur plutôt. Il savait qu’il y avait bien pire. Il n’y avait que son instinct pour le pousser à s’accrocher. Face à un type comme vous. Tu vois, tu vois… Tu vois. Elle s’en fout de toi. Elle joue ce petit jeu pour te déstabiliser. Mais elle le dit clairement, elle s’en fout. Mais moi je ne m’en fous pas ! Elle ne t’aime pas ! Elle ne t’a jamais même apprécié ! Bordel OUVRE TES PUTAINS DE YEUX.

Comment avait-il pu se retrouver dans cette situation ? Il n’avait jamais recherché ça. Ce n’était pas fait pour lui. Les femmes, le mariage, l’amour en règle générale… Il n’avait jamais recherché ça. Et même… ça aurait pu tomber sur n’importe qui, il fallait que ça soit elle. Juste… elle. La femme avec le sourire le plus beau de toute cette putain de Terre… Non ! Avec ce haussement de sourcils et ce roulement d’yeux. Rabastan. Et juste cette manière de lui parler… « Tue-la, Rabastan. » « Hécate fais pas ça...pitié, tu sais que tu veux pas... », et voilà les autres qui revenaient débiter leurs salades… « Il faut lui dire pour Virgile et pour ses petits poumons... », « Il faut pas la tuer... s'il te plaît homme bleu... on venait chercher de la mousse et d'autres choses qui font aller mieux... la tue pas... s'il te plaît... y'a des choses qu'elle dit pas... », « … Elle voudrait pouvoir être un peu plus à toi... » Uuuugh… Ce n’était pas la première fois que ces petites créatures lui tenaient un pareil discours. Ça avait déjà été le cas lorsqu’il avait, il y a plusieurs mois de cela, ramené Hé… lorsqu’il l’avait ramené de l’hôpital jusqu’à son appartement. Là elles venaient de disparaître, elles l’agaçaient tout autant que la jeune femme. Mais là il les avait entendu. Correctement entendu. Qu’est-ce que c’était que ces créatures au fond ? Est-ce que ça pouvait mentir ? Tu es legilimens bordel ! Quelque chose sans pensée ne pouvait… pas mentir n’est-ce pas ? Il baissa pour la première fois depuis le début de la confrontation ses yeux vers le sol pour immédiatement les relever lorsqu’il entendit de nouveau sa voix : « Me forcez pas à le faire. Me forcez pas à me battre contre vous. Me forcez pas à vous tuer. » Et pourquoi pas ? « Visiblement tu n’attends que ça, donc pourquoi te priver. » cracha-t-il «Attends voir si tu penses que je te considère comme mon putain de chien, pourquoi est-ce que tu attendrais pour m’attaquer ? »

Pour la même raison qui fait que tu n’as toujours pas attaqué toi. Malgré les nombreuses minutes (il a cessé de compter) pendant lesquelles ça aurait pu être possible, sans danger. Quoique non… elle venait clairement de lui prouver qu’elle n’éprouvait pour lui que de la putain de haine. Et en plus elle l’avait trahi. Parce qu’il pouvait le sentir, le mensonge. Sans avoir à aller loin dans son esprit, sans avoir même à y pénétrer qu’une seule seconde, un legilimens peut savoir quand on lui ment. Et là il savait. Il le sentait. Qu’elle mentait. Elle l’avait trahi. Elle le haïssait. Et elle mentait. Il s’approcha d’un pas, puis d’un autre. Il tenait toujours sa baguette devant lui, mais il n’était plus concentré. En fait… il s’en moquait. « Tu as vraiment besoin que je force pour agir ? Tu as l’air de suffisamment me détester pour ne pas avoir besoin d’aide. » Quelque chose sans pensée ça ne pouvait pas mentir n’est-ce pas ? … si les poupées ne mentaient pas… Mais Hécate elle… d’où venait cette odeur de mensonge qu’il ressentait jusque dans ses tripes ?

Tu ne te mentirais pas à toi-même, pour changer ? Ce n’était pas comme ça que ça marchait. Alors elle pourrait aussi se mentir à elle-même ? CE N’ÉTAIT PAS COMME ÇA QUE ÇA MARCHAIT ! Et il ne se mentait pas à lui-même d’ailleurs. Tu disais que tu la tuerais ! Eh bien non ! Voilà il s’était surestimé. Comme toujours d’ailleurs. Comme toujours ! Il ne pourrait pas la tuer, c’était assez évident. Il avait eu milles occasion de le faire et il n’avait même pas pu murmurer une syllabe. Alors voilà. C’était ainsi : il était dans un face à face, lancé dans un duel contre un adversaire qu’il ne pourrait pas tuer. Parce qu’il n’en aurait jamais la force, la force de le faire ou bien la force d’y survivre ensuite. Alors comment les choses se profilaient-elle pour quelqu’un qui ne pouvait pas tuer son adversaire lors d’un duel ?

… Il était condamné.
Ce serait donc ainsi qu’il crèverait.
Etrangement il avait imaginé que ce serait pire. Pire que mis à mort par la femme qu’il aimait. Ironique… Mais Rabastan pouvait toujours trouver pire. Tué par la femme qu’il aimait et qui lui avait déjà sauvé la vie.
Eh bien…
Eh bien c’est ainsi.
Dans une forêt.
Dehors. Libre.
Il s’était rapproché d’elle suffisamment pour sentir son parfum.

« Vas-y. » répéta-t-il beaucoup plus doucement. « Vas-y. Je ne peux pas te tuer. Alors fais-le. » De toute manière… « De toute manière… » c’est fini. « Ça ne vaut plus la peine. Si tu disparais… Ça ne vaut plus la peine. » Qu’il la tue ou qu’elle parte, quelle différence pour lui ? Si elle le haïssait ? Alors mieux vaut que ce soit lui qui parte.

Il ne comprenait toujours pas ce que les poupées voulaient dire.
Mais aussi ne pouvaient-elle pas parler plus correctement ?
Et elle, elle ne pouvait-elle pas être plus cl… Non elle avait été on ne peut plus claire. Elle avait dit qu’elle le détestait. Et elle mentait.

Lui ne voulait plus penser.
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Il s'était rapproché et avec chaque pas, Hécate se sentit de plus en plus petite, de plus en plus incapable de bouger. Sa grand mère, dame de fer aux iris d'onyx, lui aurait craché au visage si elle l'avait vu dans cet état, les larmes aux yeux, la baguette tremblante.
La honte de la lignée, la déchéance de la dynastie. Elle avait pour descendante une sentimentale, incapable de tuer de sang froid un homme qui pourtant venait de rendre les armes devant elle. Hécate avait pourtant été élevée pour tuer. Malgré l'amour de sa mère, de sa famille, Hécate savait tuer, elle était si douée pour cela, un parfait petit soldat dont l'instinct de survie primait sur tellement de choses.
Et à cet instant, malgré toutes les leçons que la vie lui avait apprise, elle aurait lâché sa baguette. Elle aurait lâché son arme et se serait rendue, pour éviter l'irréparable. Elle se serait même mise à nue si elle avait eu une chance de sentir dans ces yeux bleus autre chose que de l'amertume, du dépit, de la colère et le mépris que l'on voue à ceux que l'on pense être des traîtres. Elle avait la langue changée en plomb mais avait envie de hurler. Les muscles paralysés alors même qu'elle ne demandait qu'à se mouvoir.
Mais avait-elle encore le droit de lui parler? de le toucher? après ce qui venait de se passer? Ils n'étaient plus un patron et une employée, le rapport hiérarchique avait volé en éclat pour laisser place à des cris de colère, de rancoeur, des mots lâchés dans le vent aussi rapidement et mortellement que des flèches.
Hécate crut un instant qu'elle pourrait tenir malgré tout et reprendre la barre, sans faire de vagues, rattraper le tout avant que l'un d'entre eux se fracasse sur le sol. Mais à la seconde où il lui parla, elle sut qu'ils avaient franchi un point de non retour:

« Vas-y...vas-y. Je ne peux pas te tuer. Alors fais-le...de toute manière…ça ne vaut plus la peine. Si tu disparais… Ça ne vaut plus la peine. »

"Je ne peux pas te tuer."
"Si tu disparais, ça ne vaut plus la peine."

"Si tu disparais, ça ne vaut plus la peine."
"Vas-y."
"Ca ne vaut plus la peine"
"Si tu disparais..."

La main d'Hécate retomba sur son flanc et elle lâcha sa baguette, incapable de la toucher, comme si l'acte même de le mettre en joue lui brûlait la main. C'était d'ailleurs presque vrai et elle savait, elle savait jusqu'au fond de ses entrailles que si elle avait voulu toucher ne serait-ce qu'à un seul de ses cheveux, si elle avait voulu lancer un sort, sa baguette n'aurait pas obéi. La baguette choisit son sorcier mais elle n'est pas son esclave. Et Hécate n'avait pas la moitié de la conviction nécessaire pour lui infliger le moindre mal.
Comment aurait-elle pu lui infliger de la souffrance? comment aurait-elle pu?! Et pourtant elle venait de le faire, en lui crachant au visage toute sa colère, toute cette rage momentanée qu'elle regrettait déjà. Ils s'étaient percutés comme les deux dominants qu'ils étaient, l'un refusant de lâcher ses positions, son territoire. il s'était accroché à son inquiétude et elle à sa fierté. Lui expliquer le tout, calmement, aurait été si simple, mais le fait même qu'il ait pu la soupçonner de le trahir, lui, de toutes les personnes de ce pays avait fait à Hécate l'effet d'une gifle en pleine visage.
Comment aurait-elle été capable de le trahir, lui dont elle surveillait les pas, dont elle surveillait les arrières, qu'elle défendait devant les rares collègues assez braves ou stupides pour contester son bon sens, qu'elle observait de loin et qu'elle avait cherché à connaître. Un mangemort est un masque, mais elle avait voulu voir l'homme sous le métal et à la seconde où elle l'avait vu, ce visage de chair et de sang, ces yeux qui contenaient autant de traumatismes que de regrets, autant de colère que de tristesse et de rancoeur, elle avait senti quelque chose la bouleverser.
Il était comme elle. Un tueur "né" selon la rumeur, un humain lancé sur le mauvais chemin, pour les plus clairvoyants. Elle aimait cet humain, elle aimait cet homme.
Il n'était pas Lestrange, le messager du Magister...

Il était Rabastan.

Celui qui cachait trop de chocogrenouilles dans ses tiroirs et répondait par des monosyllabes, mangeait comme un moineau et pouvait inventer n'importe quel jeu pour peu qu'il puisse procrastiner un instant. Celui qui aimait le contact de la nature et se murait dans le silence à peine la souffrance qu'il ressentait se trouvait-elle effleurée même du bout du doigt. Celui qui voulait ses enfants. Celui qui voulait qu'on le regarde, qu'on soit près de lui non pour le surveiller ou pour ordonner, mais pour lui apporter une présence amie.
Il aurait été si facile de cataloguer cette personnalité, de la qualifier de lâche et de pathétique, mais Hécate l'avait vu, vraiment vu et envers et contre tous, elle s'était accrochée à lui.
Et à cet instant précis, alors qu'il semblait prêt à mourir, elle comprit que lui aussi s'était accroché à elle, que leur fierté, leur orgueil et leurs sacro saintes cicatrices étaient seules responsables de la situation qu'ils vivaient, et qu'en l'accusant de tout ce qu'elle venait de lui débiter, elle avait commis une tragique erreur. Parce que Rabastan ne manipulait pas. Il était trop brutalement honnête pour son propre bien et trop frontal pour ses propres intérêts...

« Vas-y...vas-y. Je ne peux pas te tuer. Alors fais-le...de toute manière…ça ne vaut plus la peine. Si tu disparais… Ça ne vaut plus la peine. »

Quelle conne. Quelle conne, quelle conne, quelle conne.Elle secoua doucement la tête et sentit qu'une larme roulait sur sa joue, la baguette reposant toujours dans l'herbe.

-Je ne peux pas, murmura-t-elle misérablement, je ne peux pas.

Une deuxième larme coula sur son menton et sa voix se fit si ténue que lui seul pouvait l'entendre:

-Comment avez vous pu croire que je pourrais...vous trahir? vous?Après tout ce que nous avons traversé? Comment avez vous pu penser que ça ne voulait rien dire? Pour moi? Je ne veux pas me battre, je ne peux pas. Je ne peux pas...je ne peux pas...


Sa voix se brisa:

-Je suis tellement désolée...de ne pas réussir à...parler. Comme les autres. De ne pas être...claire et...franche avec vous. J'ai essayé de rester professionnelle...juste...professionnelle parce que je ne peux pas...me permettre de...

Elle s'interrompit et se passa la main dans les cheveux, dans un geste désespéré pour retrouver le contrôle de ses émotions.

-Vous avez coupé les ponts si...brutalement...qu'est ce que j'ai fait? qu'est ce que j'ai fait de mal? j'ai...toujours fait de mon mieux mais...je n'arrive pas à être votre disciple. Je ne peux pas. Pas comme ça. Pas avec vous. Et comment est ce que je pourrais demander...plus que ça? Je ne veux pas disparaître, je ne peux pas vous laisser mais je ne peux plus continuer comme ça. Je ne sais pas...ce qui m'arrive.

Elle eut un sanglot étranglé et ferma les yeux, ses mains tremblant toujours comme des feuilles mourantes sous le coup d'une tempête.

-Je ne sais pas pourquoi je ressens ça...j'ai essayé de m'en empêcher j'ai...essayé...vraiment essayé mais je n'y arrive pas j'ai...et c'était plus facile de crier alors j'ai explosé mais..j'étais venue chercher des plantes et...pas...ce que vous pensez, pas ça, pas à vous...

Elle s'interrompit. Pourquoi s'acharner avec les mots quand on était aussi doué pour les manier qu'un chat pour danser le ballet? Elle n'arriverait jamais à le dire. Jamais. Elle avait trop peur, elle savait trop peu comment faire.
Une vraie disgrâce.
Une véritable honte.
Son père en aurait vomit de déception, sa grand mère lui aurait jeté un regard mauvais, celui qu'on réserve à ceux que l'on croit avoir éduqué de la bonne manière et qui se révèlent être de cuisants échecs.
Elle n'arriverait jamais à lui dire qu'elle l'aimait.

Mais tu peux lui montrer.

Elle releva les yeux vers lui et sans un mot, approcha doucement la main de celle de rabastan et pris le bout de ses doigts entre les siens. puis elle leva la main à la hauteur de sa tempe, et posa l'index et le majeur du mangemort contre sa peau. Elle savait qu'il comprendrait ce qu'elle voulait dire, puisqu'elle était meilleure pour montrer que pour expliquer, et que le discours ne lui était ici d'aucune utilité.

"Je t'en supplies. Regardes. Regardes."

Elle ne savait pas s'il le ferait, s'il oserait user de son pouvoir sur elle pour trouver ce qu'elle lui montrait pourtant de son plein gré, comme une preuve, une marque...d'amour. Mais elle laissa tout de même les souvenirs revenir, librement, comme un flot laissé libre suite à la rupture d'une écluse.

***

Le Ministère est là, semblable à ce qu'il est toujours et c'est la salle des enquêteurs qui apparaît. Les voix sont fortes comme à leur habitude et les caractères, assez bigarrés pour que les disputes fusent. Elle se tient tranquille, assise près d'un café, et revoit un document alors que quelques mètres plus loin se tient une conversation dont le ton est plus bas que les autres. Comme si le secret était de mise. Elle tend l'oreille. Elle n'aime pas beaucoup les messes basses.
"Écoutes j'dis pas qu'il fait mal son boulot. Je dis juste qu'il pourrait nous lâcher la bride un peu."
"Laisse tomber il a du chiffre à faire, le monsieur. Et puis faudrait pas qu'il perde son aura sinon y'en a qui vont pas être contents là haut."
"Son aura, putain on en aura entendu parler de celle là. Faudrait penser à arrêter les conneries, il a croupi 15 ans dans une cellule, il a pas renversé un empire. Le trip chef de guerre, ça commence à me courir. Paie ton mérite."
Elle se lève soudainement et sa chaise racle sur le sol avec un bruit sonore, les têtes se tournant vers elle et quand sa voix s'élève, elle est aussi froide que la glace la plus dure:

-Tu veux répéter ça Johnson?

Les commères se taisent un instant. Puis le responsable lâche:
"détends toi Shacklebolt on fait que parler."

Elle s'approche, et en deux enjambées, elle est face à lui, sa baguette levée, collée sur son front, en plein milieu des deux yeux. D'autres armes sortent mais Johnson crie à tout le monde de se calmer, il beugle comme un enragé à ses collègues de baisser leurs armes.

-Continues à parler comme ça et tu le paiera si cher que tu souhaiteras ne jamais être né. Je me fait bien comprendre?

"Le prends pas comme ça."

-Je le prends comme je veux.

Elle se tourne vers le reste de la salle. Cette fois, c'est décidé elle est en colère et ça va faire mal.

-Avant qu'un autre imbécile trouve judicieux d'ouvrir sa grande gueule pour critiquer celui qui les garde en vie et paie leur putain de salaire, je lui conseille de réfléchir deux secondes, parce que vous venez de me mettre d'une humeur de chien et je me demande qui de vous ou de moi paiera le plus cher un dérapage dans cette salle, là tout de suite! bande de couilles molles! qu'est ce que vous savez d'Azkaban?! qu'est ce que vous connaissez à la prison?! et à l'enfermement?!

"Et toi alors qu'est ce que t'y conn..."

Elle lève sa baguette et cette fois, sa voix est basse:

-Je te préviens Johnson, je te dirai pas de la fermer une nouvelle fois. J'y connais plus à cette putain de situation que n'importe lequel de vos sales petits culs opportunistes, qui se sont rangés du côté des gagnants dès les dernières défenses tombées! alors si vous voulez cracher sur les gradés dont vous ne faîtes pas partie, faîtes le chez vous, parce qu'ici, je vous louperai pas. Et c'est un...putain...de serment.

Elle bout de rage. Elle pourrait le tuer cet abruti. Elle pourrait le tuer. Mais pas comme ça, et pas maintenant. Alors elle lui jette un regard qui veut bien dire ce qu'elle lui fera subir si elle l'entends de nouveau parler de Rabastan de cette manière et claque la porte derrière elle. Bande de trous du cul.


***


Le salon est tamisé et elle lit tranquillement, les chevelues jouant aux kaplas dans le salon. L'une d'elle saute sur son épaule.
-Tu lis quoi?
-L'histoire de Merlin et Viviane.
-Oh je connais! je connais! c'est Merlin qui aimait Viviane et elle aussi et elle l'a mit dans un bocal!

Hécate éclate de rire et caresse la tête de la petite poupée.

-C'est presque ça. Comment est ce que tu connais cette histoire?
-On se renseigne avec les copines! on se renseigne, oui oui.
-Pour quoi faire?
-Eh ben pour savoir comment faire pour mettre l'homme bleu dans un bocal.
-L'homme bleu?
-L'homme étoile!
-Rabastan?
-Oui voilà c'est ça c'est ça! tu vas le mettre dans un bocal?
-Pourquoi est ce que je le mettrais dans un bocal, petite tête de linotte?

Cette fois, les chevelues, toutes occupées à construire leur chateau de kapla, s'interrompent.

-Ben pour faire comme Viviane et pour le garder! quand on veut garder une plante, on la met dans un bocal et là c'est pareil! tu veux le garder alors il faudra un grand bocal! un Quarium!
-A-quarium. un A-quarium. Et pour votre information, je ne compte pas mettre mon patron dans un bocal pour le garder.
-Mais c'est dommage! parce que dans l'histoire de Merlin et Viviane c'est comme ça qu'ils sont ensembles.
-Je ne suis pas Viviane.
-C'est pas grave ça! l'important c'est que quand tu le vois, tu es toute rouge et on entend ton coeur qui fait boum boum et puis boum ça nous donne mal à la tête nous! alors ce qui serait bien, bien, bien, ce serait de le mettre dans un endroit ou tu peux le voir tout le temps!

Hécate ferme son livre, considérant les poupées avec tendresse.

-Ca ne marche pas comme ça mes chéries.
-Pourquoi?
-Parce que les humains sont plus compliqués.
-Pourquoi?
-On ne peut pas juste garder près de soi les gens qu'on...aime.
-Pourquoi?
-Parce que parfois ils ne nous aiment pas. Et parfois, on appartient pas au même monde.
-Mais tu es une princesse!
-Pas ici.
-Tu es jolie, même ici.
-Vous êtes gentilles.
-Moi je dis que tu devrais quand même acheter un bocal au cas où. Je suis sure qu'il a un bocal pour toi déjà, parce que lui aussi ça fait n'importe quoi dans son enveloppe de corps quand il te voit.
-...Retournez jouer les filles.
-D'accord. On ira chercher un bocal plus tard.

Elle ouvre son livre mais se passe la main dans les cheveux, un léger sourire aux lèvres. Il y a un papillon dans son estomac et il ne semble pas vouloir se calmer.


***


-Cat tu manges pas?

Elle se tourne vers Virgile. Il la regarde d'un oeil sévère, adulte dans un corps d'enfant, garçon aux instincts paternels déjà si développés que malgré leur différence d'âge il se sent l'obligation de la surveiller. Depuis qu'il est rentré en urgence de Poudlard elle se sent moins seule, mais ses pensées ne cessent de dériver vers le niveau 2 et la routine confortable qui s'y est installée, une routine à laquelle il manque une personne.

-Pas très faim.
-Quelque chose te tracasse, pas vrai?
-Non, mon grand. Je pense juste à tes onguents. J'irai chercher de quoi en préparer d'autres demain, en forêt.
-Tu veux que je vienne avec toi?
-Pas question, les forêts ne sont pas un lieu sur et tu ne sais pas te défendre. Hors de question que tu te retrouves dans un potentiel guet-appends.

Il fronce les sourcils.

-Tu comptes prévenir quelqu'un?
-Non.
-Cat...je sais que tu tiens à ton indépendance mais un de ces jours, à force de croire que l'Angleterre est comme la Louisiane tu vas te mettre dans de drôles de situations. Imagines que ton patron te demande ou tu vas et que tu ne saches pas quoi répondre!
-Mon patron et moi on ne se voit pas.
-C'est nouveau ça tiens.

Elle se tait et triture son assiette du bout de la fourchette, Virgile lui jetant un regard en chien de faïence.

-Y'a quelque chose que je devrais savoir.
-Rien. T'as pas des devoirs à faire?
-Bien tenté Cat. Très joli.

Il la considère avec la bienveillance qui lui est coutumière et la jauge de ses yeux où brille une sagesse peu adaptée à son âge.

-Toi, tu t'es mise dans de beaux draps.
-Pardon? Non mais écoutez le celui là, le lait lui coule encore du nez et il vient me sermonner.
-Je constate moi. Je juges pas. Et je constate que visiblement y'a du manque. Alors sois tu adores te faire crier dessus au quotidien soit c'est vraiment un patron très, très sympa.
-On parle de Rabastan Lestrange.
-Mais par Papa Legba, c'est vrai! où est ce que j'avais la tête! merci Hécate de cette précision! pas un type très sympa. Enfin c'est ce qu'on dit. Un peu...impulsif. Un peu...colérique. Une sorte de...chef de guerre tu vois un peu comme nos Kommandi. Un peu comme toi. C'est dingue cette ressemblance j'avais jamais vu ça avant.
-Virgile...
-Non vraiment et puis du coup, rien n'est logique! ni votre proximité, ni le temps que vous passez ensembles....j'ai fait une liste de tes heures supplémentaires depuis le début de l'année -on s'occupe comme on peu à Poudlard - en suivant l'heure d'envoi de tes lettres et les rapports de papa on atteint quand même un sacré paquet d'heures au bureau. Il doit vraiment être passionnant à écouter.
-T'as trois secondes pour débarasser le plancher.
-Ah ben tu vois ça tombe bien j'avais fini!

Virgile se lève, débarasse son assiette et jette un oeil à sa soeur avant de lâcher:

-Il est vraiment aussi séduisant qu'on le dit?

La dernière chose qu'il voit avant de fermer la porte du couloir en riant est l'assiette qui lui fonce dessus à pleine vitesse.


Elle pleure en silence.
Regardes.
Regardes je t'en pries. Essaies de comprendre.
Essaies de me comprendre.
Je n'arriverai pas à le te dire.
Essaie de comprendre.

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Even if we can’t find Heaven
I’ll walk through Hell with you




Rabastan s’était plusieurs fois demandé s’il mourrait les yeux ouverts ou bien fermés. S’il verrait la mort arriver en face, ou bien s’il aurait trop peur pour regarder. Il avait longtemps cru qu’il serait assez courageux pour ne pas ciller, allant même jusqu’à pousser le vice à aller croire qu’il resterait droit dans ses pompes, inflexible. Mais plusieurs expériences l’avaient détrompé : et il avait pu constater que face à la mort ou bien quelque chose d’à peu près équivalent il ne valait guère mieux que n’importe qui d’autre, sang pur ou mêlé, née moldu ou carrément moldu. Que ses ancêtres aient fait des enfants entre eux ne lui donnait pas de point bonus quand il s’agissait d’affronter le pire : il fermait les yeux, baissait la tête, se recroquevillait… loin de l’ideal qu’il s’était imaginé. Mais maintenant ? Après avoir passé plusieurs années à vivre à ses cotés, à lui offrir des présents régulièrement aujourd’hui la mort ne semblait pas si froide ni si dure à Rabastan. Elle était même plutôt charmante et accueillante. Alors s’il était prêt il pouvait peut être se permettre de garder les yeux ouverts. Ce rayon vert il l’avait déjà vu de nombreuses fois, parfois même il lui avait été destiné (mais Merlin merci soit ses réflexes se prouvaient efficaces soit ses adversaires visaient encore plus mal qu’un batteur saoul de la plus mauvaise équipe de Quidditch de l’Ohio), il savait tout de sa couleur, de son crépitement, de son murmure, de sa froideur. Il savait aussi que c’était rapide. C’était le mieux qu’il pouvait se permettre, que n’importe qui pouvait se permettre : et avec son âme à l’intérieur de son corps en bonus. Alors pourquoi fermer les yeux ? Pourquoi craindre un destin qui après tout n’était peut être pas si terrible ?

Et surtout, pourquoi fermer les yeux alors qu’il pouvait encore profiter ne serait-ce que quelques secondes de ce visage ? Ce serait idiot. Il n’avait pas envie d’être idiot pendant les dernières secondes. Il voulait juste profiter. Alors il la regardait. Comme un humain regarde un humain, et non pas un patron une subalterne, un mentor une apprentie, un homme mûr une plus jeune femme. Juste… lui et elle. Ses yeux bleus contre ses yeux noirs. Et cette peau sombre, ces cheveux sombres… ce nez qu’il ne verrait plus se froncer. Qu’importe il s’en souvenait. Ses lèvres ne souriaient pas mais qu’importe ? Il s’en souvenait. Et son rire ? Et sa voix ? Et ses expressions si précises et si… particulières ? Il se souvenait de tout. Il avait passé des semaines à tenter d’oublier et son cerveau avait tout catalogué, tout enregistré. On dit qu’on voit sa vie défiler devant ses yeux avant de mourir, Merlin merci ce ne fut pas son cas ; il n’avait clairement pas envie de revivre certaines années, beaucoup trop d’années. Non ce n’était pas sa vie qui défilait, mais un ensemble de souvenir qui remontait à la surface, qui revenait lui emplir la vue. Tous avait un point commun : ce rire, cette voix, ce nez, ces yeux, ces cheveux…

Elle lâcha sa baguette, qui alla choir sur le sol. Est-ce qu’elle comptait l’achever à mains nues ? « Je ne peux pas, je ne peux pas.» Est-ce que c’était une larme ? Une deuxième ? Ha… Avec la certitude de la vie revint l’incompréhension. Qu’attendait-elle ? Très franchement beaucoup de personne aurait payé cher pour pouvoir se retrouver dans cette situation et lui régler de manière facile son compte une bonne fois pour toute. Qu’attendait-elle ? Que lui ne puisse pas, c’était compréhensible : il l’aimait et ne pouvait pas la tuer, ne pouvait pas penser à volontairement lui faire du mal. Si même tous les efforts qu’il avait pu mettre dans cette volonté de l’éxécuter n’avait pas eu d’effet c’était que clairement, quelque part, il y avait cette chose en lui qui l’empêchait de mener à bien cette entreprise. Son âme, son cœur… Son cerveau ? (certainement pas son cerveau, c’était contre ça qu’il devait tout le temps lutter, contre les pensées insidieuses, contre les doutes et contre les remords.) Non c’était son corps qui l’en avait empêché. Parce que son corps savait, chacun de ses nerfs, chacun de ses muscles, chacune des gouttes de son sang savaient qu’il ne serait pas capable de la blesser. Ce serait pire que de se blesser soi même, pire que de s’arracher un bras, que de s’ouvrir le ventre. Lui ne pouvait pas mais elle ? Il n’était rien pour elle hormis comme elle l’avait si bien dit un bourreau, un sadique, un esclavagiste. À ce stade elle devrait pouvoir l’achever d’un Informulé. Il ne comprenait pas. Mais Hécate s’expliqua : « Comment avez vous pu croire que je pourrais...vous trahir ? vous ? Après tout ce que nous avons traversé ? Comment avez vous pu penser que ça ne voulait rien dire ? Pour moi ? Je ne veux pas me battre, je ne peux pas. Je ne peux pas... je ne peux pas... » Il avait du rater un wagon quelque part… Ou bien en imaginer un. Mais ses premiers mots résonnaient dans sa tête, il savait qu’il était en mesure de les comprendre mais c’était comme si une part de lui refusait de les comprendre. Refusait d’essayer de les comprendre. Puisqu’elle n’a plus sa baguette tu pour… AH NON ! Non… Il voulait réfléchir seul, il voulait comprendre lui, Rabastan, et non pas Rabastan Aldebaran Lestrange. Juste lui. Sans les codes, sans ce qu’on lui avait appris, sans les obligations, sans les doutes. Juste physiquement, instinctivement. Qu’est-ce qu’il comprenait ? …

Qu’il avait été un fois de plus le dernier des abrutis. Qu’il avait laissé une fois encore sa paranoïa et sa méfiance exacerbée vaincre la logique, vaincre la confiance, vaincre tout que ce l’humain pouvait constuire dans une relation pour tout foutre en l’air. Pour tout saccager. Tout de mê… Il avait déconné un point c’est tout ! Il n’y avait pas de « tout de même » ou de « mais enfin » à ajouter, il n’avait pas d’excuses à se trouver, il n’avait pas à se persuader lui-même d’un devoir qu’il n’avait pas envie d’éxécuter. Il s’était trompé. Et il en était si désolé… « Je suis tellement désolée... de ne pas réussir à... parler. Comme les autres. De ne pas être... claire et... franche avec vous. J'ai essayé de rester professionnelle... juste... professionnelle parce que je ne peux pas... me permettre de... » Elle se passa la main dans ses cheveux, de sa main qui ne tenait pas sa baguette il fit la même chose. La panique qu’elle paraissait ressentir le calmait étrangement. À moins que ce ne fut seulement le temps nécessaire pour qu’il puisse pleinement engrenger les informations. Le contre coup allait venir. Et il serait terrible. Et il l’écoutait. Elle continuait de parler, de s’expliquer, de pleurer. Il aurait voulu lui dire de se taire. Parce qu’elle n’avait pas besoin de tout ça : il comprenait. Elle ne le trahissait pas. Elle n’était pas là pour lui planter joyeusement un poignard dans le dos. Faisait-il si peur que ça pour que Hécate Shacklebolt en vienne aux larmes pour se justifier d’une accusation ? Parce qu’il ne s’agissait que de ça, n’est-ce pas ? Pour elle, il ne s’agissait que de ça ? « Je ne sais pas pourquoi je ressens ça... j'ai essayé de m'en empêcher j'ai... essayé... vraiment essayé mais je n'y arrive pas j'ai... et c'était plus facile de crier alors j'ai explosé mais..j'étais venue chercher des plantes et... pas... ce que vous pensez, pas ça, pas à vous... » Je ne sais pas pourquoi je ressens ça. Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Est-ce qu’elle aussi elle ressentait, quand elle le voyait, cette sorte de brûlure qu’il éprouvait sous ses côtes ? Est-ce qu’elle aussi elle sursautait quand elle entendait son prénom ou son nom quelque part ? Est-ce qu’elle aussi fermait les yeux brièvement lorsque dans la rue elle rencontrait une personne dont l’odeur s’approchait de la sienne, rien que pour pouvoir imaginer qu’il se trouvait près d’elle. Est-ce qu’elle aussi ? Est-ce qu’elle aussi ? Il remarquait à peine que mécaniquement il venait de ranger sa baguette à sa ceinture. Il remarquait en revanche de manière tout à fait distincte la main d’Hécate qui s’approchait de la sienne. Il remarqua le contact de sa peau sur la sienne, pendant une brève seconde il retint sa respiration. Elle lui prit sa main et la fit se poser contre sa tempe.

Il savait ce que cela signifiait. Même si rare étaient les personnes qui le sollicitaient. Pourquoi voulait-elle ?... Il ne voulait pas, il se savait brutal, il savait que même s’il le voulait il pouvait déraper, faire mal, bouleverser. Il ne voulait pas lui faire mal. Je t’en supplies. Mais c’était trop tard, le simple contact du bout de ses doigts contre sa peau, même si ce geste n’avait rien de théoriquement efficace pour la legilimancie, avait réveillé chez Rabastan l’envie toute simple d’être près d’elle, encore plus près d’elle, le plus proche qu’il lui était possible. Et il ne s’en n’était pas rendu compte que déjà il sentait ses pensées bruisser contre lui, défiler dans son esprit. Je t’en supplies. Regarde. C’était si fluide et clair, si simple. Comme s’il était dans son propre esprit. Il se laissa porter, il se laissa guider. C’était totalement différents de ses autres expériences où le sujet était la plupart du temps fort peu prêt à subir ce genre d’attaque et faisait tout pour rencogner ses pensées dans un endroit qu’il espère inaccessible. Il fallait enfoncer les petites portes, il fallait lutter. C’était fatiguant, même pour lui. Là il ne faisait rien, et c’était elle qui l’emmenait. À travers des souvenirs, ses souvenirs. Tous avait un point commun : cette étrange sensation que l’on éprouvait lorsqu’on surprenait une conversation nous concernant. Il reconnaissait le Ministère, il reconnaissait les personnes, puis la maison d’Hécate, les poupées, puis un jeune garçon. Virgile. Les souvenirs ne s’écoulent pas à la même vitesse que le temps, selon le point sur lequel la mémoire s’intéresse. Et les paroles coulent rapidement, ce n’est que parce qu’il est habitué à cet exercice qu’il parvient à tout entendre. Mais ce qu’il voit, sent avant tout, c’est ce sentiment si familier que lui-même ressentait depuis maintenant plusieurs mois.

Hécate était… amoureuse ?
De lui ?
Comment était-ce par Merlin possible ?
Personne n’était jamais tombé amoureux de lui. Personne ne l’avait jamais aimé de cette manière là. Il y avait bien eu sa mère, le Maître, Adele, Owen peut être à une période, ses enfants (et encore…) mais c’était de l’affection, de l’attachement. Là c’était plus. C’était plus que ce que lui avait jamais ressenti pour quelqu’un. Plus que ce qu’on avait jamais ressenti pour lui.

Et les souvenirs s’effacèrent, de nouveau face à lui il avait le visage d’Hécate. Ses yeux rendus plus brillants par les larmes. Et elle était juste… il ne trouvait pas de mot. Parce qu’il n’y en avait pas. La langue anglaise n’avait pas de mot pour la décrire. Et s’il avait mieux étudier son runique il aurait su qu’il n’y avait aucune rune pour elle non plus. Aucun mot, aucun son ne pouvait expliquer ce qu’il ressentait en cet instant. Ce sentiment de n’être plus seul. Pour quelqu’un qui avait toujours toujours été isolé. Si c’était réciproque, si c’était si fluide, si beau, pourquoi refuser ? Pourquoi se forcer à l’ignorer ?

Il posa sa main entièrement sur sa joue, il tremblait : ses doigts tremblaient contre la mâchoire d’Hécate, ses lèvres tremblaient, ses paupières tremblaient et accroché à ses cils des larmes tremblaient. Tombaient, glissaient. Il aurait pu parler, mais il n’était même plus certain de savoir formuler une phrase correcte. Il aurait pu parler mais il n’était pas certain de pouvoir émettre le moindre son. Oublie les pensées et suis ton instinct. Et son instinct lui disait de se pencher vers elle.

De rapprocher ses lèvres des siennes.
Et quand elles se touchèrent, il ferma les yeux.

Ce n’était pas de la lâcheté. C’était du bonheur.






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Elle le sentit entrer dans ses souvenirs et un frisson lui traversa le corps. Elle avait toujours entendu parler de la legilimensie comme d'un acte d'une rare violence, comme d'un viol, d'une entrée par effraction dans le lieu le plus sacré d'un être : son esprit. Et pourtant, il poussa les portes de ses souvenirs avec une douceur peu commune, comme un invité se permettant de franchir le seuil de la porte, attendant d'être guidé, d'être amené d'une pièce à l'autre, et peu désireux de déranger la décoration.
Alors elle le guida. D'un souvenir à l'autre. D'une sensation à l'autre. Elle sentait les doigts du mangemort sur sa tempe mais cette sensation d'être deux dans ce monde vaporeux du souvenir, des émotions, du ressenti, lui donnait presque l'impression de le tenir par la main, de l'emmener elle même vers une destination qu'elle était la seule à connaître et dont sans elle, il ne trouverait pas le chemin. Il se laissait faire. Et elle lui montra tout.
Tout ce qu'elle n'avait jamais pu dire.
Tout ce qu'elle n'avait jamais pu faire.
Tout ce qu'elle avait ressenti et avait tu avec obstination par...

Peur.

Elle n'aurait jamais pu lui expliquer avec des mots ce que c'était que la peur viscérale de ressentir de l'amour, elle manquait d'éloquence, et manquait de concepts. Sa jeunesse avait connu l'amour maternel, paternel, familial. Puis étaient venus les premiers amis d'enfance, les premières relations fusionnelles avec des enfants du clan, un amour innocent qui s'apparentait plus à un lien de sang qu'à quoi que ce soit d'autre. Puis les premières morts. Les premiers amis jamais revenus du champ de bataille ou tout simplement fauchés par des attaques ennemis. Les premiers trous béants dans le coeur, les premiers manques, dont on lui avait dit avec fermeté qu'il fallait les oublier. Les êtres venaient et passaient sans jamais s'attarder et la vie avait moins de solidité qu'une chandelle laissée en plein vent.
Elle ne devait pas s'attacher.
Pas dans sa position.
Pas alors qu'elle serait un jour menée à diriger des hommes.

Hécate avait vu ses cousines courtisées, ses amies émoustillées par la présence de jeunes hommes ou jeunes femmes, elle avait vu l'affection, puis le désir, et l'amour. Sans que jamais qui que ce soit ne vienne lui en donner une part. Elle était la Kommanda, celle qui n'était pas née pour se laisser aller à de gentils petits babillages sous le porche et qui plus souvent que n'importe qui d'autre, se trouvait affublées de responsabilités sans aucune commune mesure avec son âge. Un enfant soldat, un enfant chef, une princesse guerrière.
Comment aurait-elle pu aimer?
Comment...aurait-on pu l'aimer, elle?

"Personne n'aime les femmes comme toi. Et saches que ce n'est pas une malédiction mais une bénédiction. Un chef doit aimer comme un parent et le protecteur de tous ses enfants, mais jamais comme un amant. L'amour consume, l'amour détruit, il rend aveugle, il conduit à l'égarement. Ta mère s'est égarée Hécate. Je n'ai moi, jamais perdu de vue le chemin qui mène à l'équilibre. Ton grand père était un homme droit et c'est pour cette raison que je l'ai choisi. Mais ais-je sacrifié notre clan quand le moment fut venu de décider qui de lui ou de notre survie serait prioritaire? non. J'ai accepté la perte. J'ai accepté et je me suis relevée, car une reine est une lionne et une lionne marche seule. Tu as en toi le même métal que celui des plus grands. Et mon rôle est de te forger. Car un jour...tu seras reine. Mais d'abord, tu dois durcir.

Elle avait durci, seigneur, elle était devenue -durant une période- dure comme la pierre. Et il était arrivé.Comme un boulet de canon, Rabastan avait défoncé le mur d'enceinte.
A partir de quand est ce que ça avait commencé? Alors que les souvenirs continuaient de s'allonger dans le temps et que ni lui, ni elle ne bougeait, Hécate se posa cette question et son esprit continua de dériver pour retrouver la source de tout ça.
Quand est ce que ça avait commencé? Pas le jour de leur rencontre c'était certain, alors quand? Lors de leur première mission dans la forêt? L'Hôpital? Halloween? les fiancailles? Impossible de mettre le doigt dessus, le processus avait été bien trop insidieux et silencieux pour cela.
Non. Hécate ne savait pas quand tout cela avait commencé. Mais elle savait quand tout cela avait culminé. C'était un matin de la fin du mois de Décembre, juste avant le soudain silence radio imposé par le mangemort. Elle était arrivée au niveau deux de bonne heure et était allée directement dans le bureau de Rabastan, pour être accueillie par son habituel demi sourire et un "Shacklebolt, je vois qu'il y en a au moins une à se lever tôt dans ce putain de niveau. On se sent moins seul d'un coup ". Et elle avait souri elle aussi, avec l'impression de recevoir en pleine figure une vague de chaleur rassurante, protectrice. Elle se souvenait de ce moment, avec exactitude, de la manière dont il avait plissé les yeux en souriant et du moment durant lequel ils étaient juste restés plantés là à se regarder avant qu'elle ne rompe le silence et lui apporte les premiers dossiers, roulant des yeux parce que Murdock avait ENCORE jugé bon de lui rendre une serpillère en guise de rapport.

Ce souvenir là, il dut le voir aussi. Et lorsqu'elle le sentit s'effacer, comme une présence disparaissant lors du réveil, après un rêve trop présent, elle mit un moment à réaliser ce qu'elle voyait.
Il....pleurait.
Rabastan avait toujours été fier devant elle, toujours sarcastique, toujours...tellement...dur. Comme si le métal de son masque de mangemort avait peu à peu figé sa peau et lui avait imposé une fixité de sentiments. Elle avait toujours senti le bouillonnement sous le masque mais le voir était presque au dessus de ses forces. Elle aurait tout donné à ce moment, pour qu'il cesse de pleurer, pour qu'elle ne ressente pas ce terrible sentiment d'être la source de sa souffrance. Peut-être n'aurait-elle pas du lui montrer, peut-être était-ce une terrible err...

Il avait posé sa main sur sa joue. et la chaleur qui irradia contre sa peau lui fit déglutir avec difficulté. Elle savait ce que ça voulait dire. Et elle ne s'était pas préparée à...voir ce scénario devenir réalité. Elle ne savait pas comment faire et elle se trouvait presque paralysée. Elle voulait juste qu'il n'enlève pas sa main. Qu'il continue de la regarder, qu'il reste près d'elle, sans cris, sans paroles, sans accusations.

Puis il se pencha vers elle, si proche qu'elle pu sentir son souffle contre ses lèvres et soudain, celles ci se touchèrent. Hécate eut un tremblement et ferma les yeux, instinctivement. Le baiser était doux, chaud, il avait le goût de leurs larmes, et la jeune femme eut soudain l'impression que son coeur allait exploser dans sa poitrine.
Il ressentait...la même chose. Il....elle pouvait...
Hécate leva timidement les bras et les passa autour du cou de Rabastan, approfondissant lentement leur baiser, pour ne pas le faire fuir, pour ne pas s'effrayer elle même. Leurs bouches se fondirent l'une contre l'autre et lorsqu'un bras se referma autour de son dos et que sa poitrine alla se coller contre celle du mangemort, elle sut qu'elle n'avait jamais rien connu de tel, et ne le connaîtrait plus.
Il avait le coeur lancé à toute vitesse lui aussi, elle le sentait à travers le tissus. Elle sentait sa respiration plus court, calquée sur la sienne, et la fébrilité de ses mains, alors qu'il la rapprochait de lui. Alors elle l'embrassa encore, longuement, s'autorisant même à passer une main dans ses cheveux, si raides, si clairs.
Il la tenait avec fermeté, mais sans l'étouffer et c'était un sentiment tellement étrange...comme si elle se trouvait protégée. Comme...une sorte de...barrière. Entre elle et le monde extérieur, entre eux et le monde. Il n'y avait que lui à cet instant précis.
Et lorsque leurs lèvres se séparèrent, humides de leur baiser et légèrement tremblantes, elle mit un moment avant de le regarder dans les yeux de nouveau.

Il était beau. Par Merlin, qu'il était beau. Il était plus humain qu'il ne l'avait jamais été à ses yeux et elle éprouva le besoin de l'embrasser une dernière fois sur les lèvres, doucement, chastement, comme pour clore un moment hors du temps. Puis, elle parla, plus un chuchotement que n'importe quoi d'autre:

-Je...peux te dire "tu" ou est ce que c'est un peu prématuré?

Tentative d'humour, tentative pour lui montrer qu'elle était bien la même, même si elle avait le coeur toujours lancé au triple galot, et qu'il devait le sentir, même si ses mains fines reposaient toujours contre sa nuque, même si ses yeux disaient à quel point le soulagement était en train de la gagner, et quel poids venait d'être enlevé de ses épaules à la seconde où il lui avait donné ce baiser.

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Even if we can’t find Heaven
I’ll walk through Hell with you




Liste des personnes que Rabastan A. Lestrange avait embrassé.
• Aurore Faïk, la petite voisine de Birmingham lorsqu’il avait cinq ans. Très bref. Très simple. Juste enfantin et pour imiter les grandes personnes. Peut-être qu’il avait aimer Aurore ? Il ne le saurait jamais vraiment. La petite voisine avait été arraché de sa mémoire, volé à ses souvenirs.
• Elena MacMillan, feu sa femme. Il l’avait embrassée à leurs fiançailles. Deux fois. Pendant le rituel et pour la photo. Il l’avait embrassée à leur mariage. Trois fois. Pendant le rituel et pour la photo. Deux photos parce que la première était soit-disant ratée. Puis il l’avait embrassé durant leur cinq ans de vie de couple. Une fois à chaque naissance. Une fois par reception de l’Élite. Peut être une vingtaine de fois en tout. Il s’en souvenait. Les Détraqueurs n’en avait pas voulu, de ça.
• Hecate St Marc… on going

Il avait toujours pris ça pour un geste habituel, un geste que les vieux couples faisaient sans vraiment y penser, un geste à propos duquel tout le monde dissertait mais qui ne devait pas vraiment valoir cette peine. Pourquoi un baiser pouvait-il être aussi important ? Comment simplement embrasser pouvait-il avoir tant d’impact ? Rabastan n’avait jamais aimé, jamais de cette manière. Il n’avait jamais ressenti ce besoin de se rapprocher de quelqu’un d’autre à ce point. Alors ça avait été instinctif. Il n’avait pas réfléchi. Il avait juste suivi ce que ses tripes lui disait, et elles lui avaient dit de se rapprocher, encore, encore, encore. Jusqu’à ce qu’il la touche. Jusqu’à ce qu’il les touche. Les yeux soudain clos il ne voyait plus rien, il ressentait seulement. Et c’était son cœur qui battait, sa main qui tremblait et cette sensation douce, terriblement apaisante qui cueillait sa mâchoire, enveloppait son cou, détendait ses bras, ses jambes. La sensation simple qu’il n’y avait plus rien à craindre. Que rien ne pourrait plus jamais arriver. Que toutes les peurs s’évanouissaient : il n’aurait plus jamais froid, plus jamais faim. Plus de regard toujours jeté derrière soi, plus de regret et plus de crainte. Plus rien. Plus rien de tout ça n’existerait puisqu’il n’y avait plus que ce moment présent. Et dans cet instant toute l’histoire s’éteignait, le passé ne le hantait plus, le futur cessait de l’angoisser. Le présent, pour une fois, était si parfait. Et il était heureux.

Heureux.
Rabastan Lestrange était heureux.

Il sentit les bras d’Hecate serrer son cou, sentit une mains se glisser dans ses cheveux alors qu’elle prolongeait le baiser. Alors qu’elle prolongeait le temps qui s’étirait, s’étirait… Comme un réconfort, une récompense, un remerciement. Comme si, pour une fois il avait fait quelque chose de bien. Comme s’il le méritait, pour une fois, ce bonheur. Comme s’il le méritait tous les deux, parce que c’était le plus beau : cette sensation de ne faire qu’un alors qu’elle était bien réelle, en face de lui. Il sentait son absence de souffle, il la voyait même si ses yeux étaient fermés. Il la sentait. Et il comprenait maintenant pourquoi. Pourquoi les Détraqueurs volaient les âmes en embrassant.

Puis elle s’écarta, le regarda. Posa une dernière fois ses lèvres sur les siennes. Doucement et brièvement. Une dernière seconde offerte. Une dernière seconde suspendue dans le temps. Une dernière seconde de répit avant que les rouages se mettent à tourner de nouveau. Une ultime seconde avant que la machine ne remarche. Il voulait profiter. Il voulait profiter. Alors il fermait les yeux, les fermait fort. Fort comme s’il souhaitait devenir aveugle et ne plus que ressentir. N’exister plus que pour cet instant. S’il te plaît ne t’éloigne pas…

Elle retire ses lèvres. Et la roue tourne. Tourne. Ah, enfin… Tourne.
Sa bouche s’entrouvre, comme un sourire et sa voix est amusée quand elle lui parle : « Je...peux te dire "tu" ou est ce que c'est un peu prématuré ? » Il est un peu perdu, il a totalement décroché pendant de longues secondes et son cerveau avait été en apné. Maintenant il devait respiré de nouveau et il se sentait étouffer. Étouffé par ses pensées qui se bousculaient. Étouffé par toutes ces émotions qu’il traitait tous les jours, toutes les heures, tous les instants de sa vie. Elles revenaient, et plus vives. Réduites au silence un bref instant elles voulaient qu’il les entende à présent. Il avait lui-même du mal à vraiment respirer, comme si tout ce poids appuyait sur sa poitrine, comprimait ses poumons. Alors ? Alors quoi ? Comment pouvait-il revenir là-dessus ? Comment pouvait-il tenter de revenir sur ce sentiment et cette sensation ? Elle était passée, comme un souffle de vent. Comme la joie. Et tu as déjà oublié. Il était trop habitué à oublier. Tant mieux. Tant mieux ?! Ce n’est clairement pas une bonne chose. En quoi est-ce que ça ne pouvait pas une bonne chose ? Il respire profondément, cligne des yeux avant de répondre, le souffle un peu court sur un ton moins amusé, plus perdu : « Je… pense que tu peux ? » Quoi ? Quoi ? Tu vas la laisser te tutoyer ? Est-ce qu’il pouvait faire ça ? Bien sûr que oui, ils venaient de s’embrasser putain ! « Mais… peut-être pas au travail. Tu sais je… » Il… Tu ?... Oh merde ! Il la lâcha, recula d’un pas. Merde, merde, merde ! Qu’est-ce qu’il venait de faire ? « Je… suis désolé. » Ne t’excuse pas ! Il avait juste… fait une erreur. Parce que s’il s’attachait à elle… Il savait très bien, très bien comment ce genre d’attachement se terminait. L’ascension est rapide et enivrante mais la retombée… On ne s’en remettait jamais tout à fait. Oui, il le savait. Il avait encore la moelle brisée de sa chute. La prochaine le tuerait. À n’en pas douter. Alors maintenant recule plus loin d’elle ! Il lui attrape les mains. Il les a brûlantes. Comme enfièvré. Il les serre, serre fort et les rapproche de sa poitrine. Comme si elle pouvait mesurer les battements de son cœur. Comme si elle pouvait elle aussi voir ce qu’il pensait, déchiffrer ce qu’il craignait en touchant son cœur de la même manière que lui avait tout vu en touchant son esprit. Mais elle ne pouvait pas, alors il devait lui dire. Tenter de parler : « Pas au Ministère. Pas devant les autres. Oh Merlin il ne faut pas… » un brusque sentiment de panique l’empêcha de correctement inspirer, soudain il avait vraiment froid. Ses erreurs avaient toujours eu des répercussions directes sur lui, chose qu’il pouvait tolérer. Mais il savait… il savait que si… il savait que si ça se savait ce serait elle la cible. Ce serait elle qui serait choisi pour payer. « Il ne faut surtout pas qu’il sache. » Il l’avait vu faire sur d’autres que lui, c’était une bonne stratégie d’un point de vue purement objectif. Il avait même perpétré cette idée en suggérant l’idée d’emprisonner totalement Narcissa pour faire payer Lucius. Lui s’était toujours cru à l’abri, parce qu’il n’avait jamais tenu à personne de cette manière. Ses enfants… c’était différent. Il était certain que son Maître n’avait jamais compris véritablement la profondeur de son attachement pour ses deux fils et sa fille. Mais ce genre d’amour là, même s’il ne l’avait jamais connu Il savait l’utiliser. Comme moyen de motivation. De pression.  « Oh Merlin, il faut que tu me promettes que jamais, jamais il ne saura. » Mais c’était impossible. Parce qu’il savait tout. Rabastan était occlumens mais pas Hecate.

Rabastan avait toujours vu en lui le père qu’Aldebaran n’avait pas daigné être. Parce que le Maître lui avait tout donné : de l’attention, des conseils et de l’affection. Rabastan l’aimait comme on aimait un père. Mais tout comme son géniteur, il le craignait. Il le craignait tellement. Parce qu’il savait qu’il pouvait tout faire. Et parce qu’il savait que lui, petit serviteur, n’aurait jamais les tripes ni même l’envie de rien faire d’autre que de regarder.


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Il semblait perdu, confus comme si...c'était son premier baiser. Et Hécate ressentit soudain elle même une sorte d'angoisse diffuse. Cela ne pouvait pas être la première fois qu'il était proche d'une femme. Il n'avait certes pas eu un mariage heureux -c'est le moins que l'on puisse dire- mais il semblait proprement impossible qu'il n'eût pas déjà été approché par une jeune fille lors de ses années à Poudlard ou lors de jeunes années hors de l'école.
Hécate était une novice de l'amour, elle peinait à imaginer en le voyant qu'il puisse en être un. Pourtant, il garda les yeux fermés quelques secondes après que leur baiser eut pris fin. Et lorsqu'il les rouvrit, sa voix était blanche, comme s'il se forçait à articuler des mots ne voulant pas sortir:

« Je… pense que tu peux ? Mais… peut-être pas au travail. Tu sais je…  »


C'est alors qu'il eut un mouvement. Un mouvement de recul. Un simple pas en arrière qui brisa le contact entre leurs deux corps et sembla creuser un abîme sans fond. L'esprit d'Hécate, qui venait pourtant de s'apaiser, sembla s'affoler et des pensées cascadèrent aussitôt, toutes plus angoissantes les unes que les autres. Pourquoi reculait-il? Pourquoi? Qu'est ce qu'elle avait fait? Est ce que c'était son manque d'expérience? Est ce qu'elle avait été trop démonstrative est ce qu'elle aurait du...

« Je… suis désolé. »

Hécate sentit distinctement son coeur se briser dans sa poitrine et son estomac se transformer en plomb alors qu'une enclume lui tombait sur la poitrine et que sa gorge se serrait. Pitié non. Tout mais pas ça. Pitié, qu'on ne lui fasse pas ça, pas après tout ce qu'elle avait espéré, pas après tout ce qu'elle avait ressenti, ce qu'elle avait vécu, pas après tout ça. Pitié qu'on lui laisse ce moment de bonheur, qu'on le laisse rester près d'elle. Elle voulait sa part de bonheur.

Pitié non. Ne me laisse pas toute seule, ne me regarde pas comme ça, je t'en prie. Arrêtes. Je t'en supplie ne m'abandonne pas, pas après ça, je ne sais pas comment faire, je ne sais pas comment on fait, mais je peux essayer, je t'en prie, regardes moi. J'ai besoin de toi.

Hécate pouvait presque entendre le rire goguenard de sa grand mère dans son dos, sentir la fumée âcre de ses cigares bruns lui piquer le nez et son regard noir lui percer les omoplates. Elle s'était ridiculisée et se sentir sur le point de prendre en plein visage la pire claque de son existence. Pourquoi avait-elle dit ces choses, pourquoi lui avait-elle rendu ce baiser?

Parce que tu l'aimes, petite abrutie.

C'était cette fois la voix de sa tante Annabelle, lionne parmi les lionnes, reine de son coeur et mentor de ses jeunes années qu'elle entendait. De toutes, Annabelle était la plus noble, celle qui avec sa mère, avait tenté de protéger Hécate du pire sans toujours y parvenir, mais qui à la différence des autres, avait usé de sévérité, car au courant que jamais sa nièce ne serait une enfant normale. Elle n'avait jamais occulté la vérité, jamais, ni empêché Hécate de tomber. Elle l'avait seulement aidée à se relever. Et si elle avait été présente, elle aurait laissé Hécate tomber, à cette seconde précise, mais l'aurait aidée à se relever en lui disant ces mots:

"Parce que tu l'aimes"

Et que quand on aime, peu importe les conséquences. Le désir est là, le désir de proximité, de contact, de réciprocité, il vaut qu'on se brûle les ailes, qu'on crève d'une overdose, rien que pour un moment suspendu ou une seconde de tendresse.
Elle venait d'avoir la sienne. Retour à la réalité.

Pendant un moment qui parut être une éternité, Hécate se demanda quoi dire, comment repartir la tête haute, comment agir, ne pas faillir, ne pas s'écrouler face à lui et conserver la dignité qu'elle savait sa force dans ce monde en guerre. Elle se redressa, prête à feindre la fierté, le désintérêt. Et sentit ses mains sur les siennes. Le contact la fit trembler et elle crut un instant qu'elle retirerait ses mains, par instinct, et par refus. Refus d'une pitié dont elle ne voulait pas. Mais il les serra plus fort, et il avait la peau brulante. Puis, il porta les mains d'Hécate près de sa poitrine.

Tu-tum, tu-tum, tu-tum

Hécate sentit le coeur de Rabastan palpiter sous sa main, rapide, effrayé. Et son instinct lui dit de se taire, et d'écouter, parce qu'il y avait un message dans ce geste et dans ce rythme effréné qu'elle sentait. Il voulait parler, mais ils étaient à peu près aussi doués pour les discours l'un que l'autre. Alors elle lui laissa du temps. Des secondes s'étirant dans le temps comme une trainée de poudre lâchée en plein vent.

« Pas au Ministère. Pas devant les autres. Oh Merlin il ne faut pas… »


Hécate sentit un désagréable sentiment de déjà vu lui tordre l'estomac. Elle savait ce que c'était ça. Cette voix pleine de fièvre, pleine de non-dits. Cette attitude, ce dos plus courbé, ces yeux perdus dans le vide comme hantés. Elle l'avait déjà vu, dans une autre vie, à une autre époque. Elle le voyait au ministère.
De la peur. Et pas n'importe laquelle, de la terreur pure. La même qu'elle avait ressenti tellement de fois quand sa grand-mère la regardait avec cette expression si particulière qui disait clairement quel sort lui serait réservé si elle devenait un fruit pourri sur la glorieuse branche du clan.
Elle savait ce que c'était que ça. C'était la frayeur viscérale, l'horreur qu'entraîne le sentiment d'avoir un oeil malveillant rivé droit sur la nuque. Un regard tout puissant, qui conditionnerait plus tard, en cas de nécessité, un châtiment pire encore que la mort.

Elle comprit sans qu'il eut besoin de dire quoi que ce soit, et quand il parla, il confirma tout.

« Il ne faut surtout pas qu’il sache...Oh Merlin, il faut que tu me promettes que jamais, jamais il ne saura. »


Hécate n'avait jamais pris conscience de la peur que Rabastan pouvait avoir de son maître -car qui d'autre pouvait se cacher derrière ce Il?-. Elle le savait puissant, le Magister, elle le savait impitoyable, tenant ses mangemorts au collier comme des chiens d'attaque, piquant les plus récalcitrants avec un doucereux sourire de complaisance, battant ceux qui pouvaient encore être remis dans les rangs, nourrissant les plus féroces, les flattant du plat de la main, jusqu'à ce qu'ils en ronronnent de bonheur. Mais que sont des rumeurs, sinon de vagues images persistante d'une chose que l'on ne peut imaginer? A cet instant, Hécate n'avait plus besoin d'imaginer, elle voyait. Et dans le visage de Rabastan, dans son expression presque suppliante, elle retrouva la sienne. Parce que si les rôles avaient été inversés, s'ils étaient à ce moment dans les forêts moites d'Amérique et pas dans les bois verdoyants d'Angleterre, c'est elle qui aurait été forcée de le supplier de ne rien dire, de taire ce qui venait de se passer, pour ne pas craindre chaque jour de retrouver la tête de Rabastan sur une pique, plantée devant l'entrée du quartier sorcier, les yeux révulsés et picorés par les corbeaux.

Avaient-il au fond...chacun leur maître, chacun leur parent abusif? la seule différence entre eux était-elle que là où Hécate, grâce à l'éloignement, commençait à percevoir les rouages de la perfide emprise clanique pesant sur son esprit, Rabastan lui restait dans l'ombre de son maître, tentant par tous les moyens de protéger son flanc et d’aplatir les oreilles de peur qu'un coup de pied vienne le cueillir en plein ventre? se ressemblaient-ils autant?

Elle aurait pu souffrir de cette demande. Exiger qu'il reconnaisse ce qui venait de se passer, par fierté, par orgueil, par désir de se faire désirer mais à quoi bon? pour quoi faire bon dieu de Merlin, puisqu'elle comprenait ce qu'il essayait de lui dire jusque dans ses tripes et qu'elle aurait fait la même chose placée dans sa position? il ne s'agissait pas de honte, pas de remord mais de peur et ignorer cette peur aurait été la pire erreur possible. Hécate tenait plus à ce qui venait de se produire, au contact de leurs lèvres et à ce terrible sentiment de chaleur dans sa poitrine qu'à son orgueil ou à ses "titres". Elle tenait également à la vie. Affamée de vie et d'amour : voilà ce qu'elle était. Et elle sentait que quelque part, Rabastan essayait de lui faire comprendre que lui aussi mourait d'inanition. Que lui aussi crevait à l'intérieur, seul dans ses souvenirs, seul dans ce monde aseptisé qu'il avait construit autour de sa personne pour éviter qu'un virus mortel l'infecte lui ou sa pensée. Elle, en tout cas, crevait. Et un peu plus chaque jour depuis qu'elle s'était avouée qu'elle l'aimait. Alors pour cesser de mourir de manque, elle était prête à beaucoup. Y compris à accepter, à comprendre, à aider, elle dont on aurait voulu qu'elle sache détruire et rien d'autre.

Elle rapprocha les mains de Rabastan de ses lèvres et les embrassa doucement, les yeux fermés et parla d'une voix étonnamment posée, qu'il n'avait jamais du entendre sortir de sa bouche auparavant:

-Ce qui s'est passé ici est...entre toi et moi. Personne d'autre. Surtout pas lui. Je serai une tombe si tu l'es et ne crois pas une seule seconde que je sous-estime le danger dans lequel nous sommes.

Elle marqua une pause.

-J'avais une cousine tu sais. Elle est tombée amoureuse un jour d'un sorcier du nord. Un homme venu d'Alaska. Un jour, elle a résisté à ma grand mère, la Reine. Elle s'est dressée contre elle et a dit "rien ne me retiens ici. Tu ne me tiens plus. Plus maintenant". Et elle a annoncé son départ pour le lendemain. Le lendemain matin...à 5h30 précise du matin, nos éclaireurs ont retrouvé le corps de son amant noyé dans une rivière, à moitié dévoré par les crocodiles. Elle s'est tuée de chagrin, deux heures plus tard...elle était la dernière de sa branche. Je sais qui a fait ça. Tout le monde l'a su à la seconde où nous avons remonté son corps détrempé sur la rive. Personne n'a rien dit. Parce que c'était un risque qu'elle avait prit, un risque qu'elle n'avait pas pleinement compris. Et ce jour là je me suis jurée de ne jamais, jamais, me retrouver acculée de cette manière, quand bien même voudrait on de moi...ce qui...n'était pas...une évidence. Je me serais arrachée la langue plutôt que d'avouer des sentiments parce que jamais on ne se servirait d'une personne que j'aime comme moyen de pression. Magister...Reine...gouvernement...clans...ce sont des mots.Mais les êtres qui les composent sont les mêmes. Et la moindre de tes peurs...est partagée. Alors je ne dirai rien. Et tu dois encore une fois me faire confiance.


Elle le regarda dans les yeux.

-J'apprendrai à fermer mon esprit, s'il le faut, mais ce que je sais, personne ne le prendra et je ne serai pas sa victime sacrificielle. Je vaux mieux que d'être suppliciée pour t'atteindre. Mais t'aimer...c'est mon choix. Et ca non plus, personne ne me le prendra. On ne me prendra plus rien.


Il y avait une dureté dans sa voix qui ne donnait pas même l'idée de la contredire. On ne lui prendrait plus rien, non. Plus jamais. Et surtout pas lui, pas ça, pas maintenant qu'elle avait le coeur et le corps dans cet état si extraordinaire. Elle voulait qu'il demeure près d'elle, elle voulait l'entendre lui parler de nouveau et le "tu" qui roulait sur sa langue était une douce musique, celle de l'intimité qu'aucun des deux n'avait jamais réellement connu avec un autre être humain. Elle tenait toujours ses mains et soudain, sourit.
Ce sourire fut sincère, doux et elle se rapprocha, comme pour contrer le pas qu'il avait fait en arrière. et du bout des doigts elle aplatit un épis blond qui depuis leur baiser, semblait lui faire un pied de nez. Il avait cette habitude de se passer la main dans les cheveux, c'était presque risible, un véritable adolescent.

-Donc en attendant l'apocalypse ou une prochaine crise existentielle, j'aimerais que tu m'aides à récupérer ce que je suis venue chercher en premier lieu. Ca compensera ta monumentale crise de paranoïa et le petit ascenseur émotionnel que tu viens de me faire subir.


Elle sourit, et se détourna de lui avant de marcher dans l'herbe. Puis comme si elle avait oublié un détail, elle se retourna et le regarda, le soleil rougeoyant rebondissant sur ses boucles brunes et donnant à ses yeux une teinte ambrée.

-Ne crois pas que je ne vois pas le péril. Mais être effrayé est la pire chose du monde. Et je n'ai plus le temps d'y perdre mon âme.


Puis, elle lui sourit, son nez se fronçant adorablement.

-Tu m'aides?


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Il craignait… d’avoir fait la plus grosse erreur de toute sa vie. Et étant donné son pedrigree ce n’était pas peu dire. Parce que, concrètement, que venait-il de faire ? D’embrasser Hecate Shacklebolt, son employée. Bien, ce n’était pas vraiment ça le problème, Rabastan se moquait de l’étique professionnel comme d’une guigne. D’embrasser Hecate Shacklebolt, une sang pur donc… Même là-dessus il n’y avait rien à dire. Mais le problème, l’erreur, la faute résidait non pas dans le geste mais dans ce qu’il signifiait : il ne l’avait pas embrassé pour détourner son attention de quelque chose, ne l’avait pas embrassé pour gagner un pari, ne l’avait pas embrassé pour se prouver quelque chose. Non, il l’avait embrassé parce qu’il l’aimait. C’était là que le bât blessait. Méchamment qui plus est. Parce que ce sentiment là, cette émotion là n’était pas invisible dans l’esprit. Elle y laissait sa marque, au fer rouge et teignait tout de sa couleur rougeoyante et de sa chaleur. Il en avait vu des esprits, il en avait ressentit, volé, arraché, pillé des amours de différentes sortes et il avait appris à reconnaître leur trace. Maintenant il les sentait venir de loin. Il pouvait presque sentir cette marque s’apposé à tous ses souvenirs, à toute sa mémoire ; il l’aimait. Il avait tenté longtemps de rejeté ça au loin, pour son bien. Pour leur bien. Mais maintenant il ne pouvait pas. Il l’aimait. Et c’était inscrit dans sa psyché aussi clairement que la Marque était ancrée sur son bras. Et si c’était aussi clair, il n’y avait aucune raison pour qu’il ne le voit pas. Il tremblait, plus intérieurement qu’extérieurement mais sa respiration était elle en roue libre, de longues inspirations et des brèves expirations, saccadées. Non, non il était devenu un bon occlumens : peut être pas exceptionnel mais il savait comment s’y prendre. Il savait compartimenter. Il savait cloisonner. Oui, bien entendu. Mais elle ? Elle ?

Comment allait-il réagir quand il allait flairer ça ? Par Merlin mais comment avait-il pu être aussi con ? Il avait pris soin pendant plusieurs semaines à s’éloigner, pour éviter d’être déçu, pour éviter d’avoir à vivre une nouvelle chute, pour éviter… pour éviter que ce moment précis n’arrive. Ce moment qu’il savait être un point de non-retour. Mais bien sûr, déglonflé, tu n’as pas su résister. Non, il n’avait pas su. Parce qu’il était faible, tellement faible et pathétique. Un baiser de sa part était l’équivalent du dernier Impardonnable lancé en plein cœur, seulement à retardement. Comment quelque chose, quelqu’un qui lui apportait de la joie ou du bonheur pouvait subsister ? L’idée même lui paraissait ridicule. Alors… Alors Hecate allait disparaître ? Il serra ses mains un peu plus, le souffle toujours vague, erratique, comme s’il voulait s’assurer qu’elle resterait. Parce qu’il était perdu. Et il ne savait plus de quoi il devait avoir peur. Il devait être proche de lui briser les os des mains, tant il les serrait et quand elle bougea soudain, il crut qu’elle allait se dégager. Mais elle porta juste leurs mains entremêlées à ses lèvres pour les embrasser. Ce contact lui fit prendre une inspiration plus apaisée, pour un temps. « Ce qui s'est passé ici est... entre toi et moi. Personne d'autre. Surtout pas lui. Je serai une tombe si tu l'es et ne crois pas une seule seconde que je sous-estime le danger dans lequel nous sommes. » Elle comprenait, et peut être que ses paroles le rassurait un peu… un peu. Elle disait ne pas sousestimer, mais il était persuadé qu’elle ne mesurait pas l’entièreté du problème. L’énormité de la faute. Il y avait lui bien sûr, et c’était le principal obstacle mais… Obstacle ? C’est ce que tu penses ? Non ! Non… pas obstacle. C’est le mauvais mot, la mauvaise pensée. Plutôt… Tu es un livre ouvert. Non, il n’y pensait plus. Il avait déjà oublié. Que ferait-il selon toi s’il s’apercevait que pour les beaux yeux d’une étrangère tu te mettais à le voir comme un obstacle ? Non ! Non ! Il fallait arrêter de penser ce mot, de répéter ce mot ! Il ne pensait pas ça. Il ne pensait pas ça, s’il vous plaît… Il ne pens… Il devait se reprendre, il devait remettre son esprit sur les rails ou bien il serait remis plus tard mais manu militari. Vite… Rabastan avait sa propre technique de remise à niveau cérébrale, un exercice qu’il pratiquait presque tous les jours, par précaution, pour être certain qu’il n’y avait rien qui puisse être… mal pris. Pour être certain qu’il n’y avait rien qui aurait pu le gangréner. C’était rapide et il la reprenait à chaque situation semblable. Mais là Hecate coupa court à toute tentative : « J'avais une cousine tu sais. » Non, il ne savait pas. Est-ce qu’elle allait lui faire son arbre généalogique ? C’était peut être la coutume Louisianaise ; histoire qu’il connaisse la famille avant de la rencon- Mais qu’est-ce qu’il racontait là ? Imbécile. Elle n’était pas du tout en train de lui faire un listing des membres de sa famille, elle racontait l’histoire de sa défunte cousine dont on aurait trouvé, post désertion, le corps de l’amant noyé dans un de leur bayou. Apparemment la grand-mère n’était pas du genre à leur distribuer des bonbons à Halloween là bas. Il comprenait très bien où elle voulait en venir, sauf qu’il aurait aimé lui dire que noyé et bouffé par des crocodiles était un sort plutôt enviable par rapport à ce qu’il imaginait, par rapport à ce qui pourrait arriver. Et parce qu’il n’allait pas déserter. Pourquoi tu penses ça ?! Oh Merlin ! C’était au négatif, au négatif ! Il n’allait pas faire ça, évidemment. Jamais, au grand jamais. Pourquoi le ferait-il ? Tout le retenait à son Maître, absolument tout. À commencer par sa loyauté, sa magie, un inavouable besoin d’affection, une soif de reconnaissance. Il ne partirait jamais. Parce qu’il en crèverait. Il n’en doutait pas une seule seconde. « Je me serais arrachée la langue plutôt que d'avouer des sentiments parce que jamais on ne se servirait d'une personne que j'aime comme moyen de pression. » Le dire à haute voix, de manière si directe l’amena à imaginer mille scénarii. Bien malgré lui, ou peut être pas tant que ça, il n’était pas un homme apprécié et il savait très bien qu’une majorité de la population préférerait le voir mort plutôt que vif. Hors d’état de nuire dans tous les cas. Les pressions, elle ne venait pas uniquement de l’intérieur. Elle venait de partout. Il y pensait seulement mais… les évènements de l’été dernier s’imposèrent à son esprit. Si quelqu’un prenait Hecate en otage, tout comme il l’avait fait avec Gwen : que ferait-il ? S’il recevait un ordre direct de sacrifier Hecate : le ferait-il ? … oh m- Merlin. Pourquoi est-ce que tu penses à ça ? oh… Oublie ça ! Oublie ça ! Vite ! C’est trop… dangereux. C’était certainement la pensée la plus dangereuse qu’il pouvait avoir. Il fallait… l’oublier, l’ensevelir, l’enfermer un un coin et barricader. Et la remplacer. Vite. La remplacer par une réponse approprié. Vite ! Alors, s’il recevait un ordre direct de sacrifier Hecate : le ferait-il ? — Si c’est un ordre, il obéirait. On conserve. On conserve. « Alors je ne dirai rien. Et tu dois encore une fois me faire confiance. » Il lui faisait confiance. Ça oui, il savait qu’il pouvait. Mais confiance ou non, s’il le voulait, s’il cherchait il trouverait. Elle avait les yeux rivés dans les siens à présent, et ne le lâchait pas du regard : « J'apprendrai à fermer mon esprit, s'il le faut, mais ce que je sais, personne ne le prendra et je ne serai pas sa victime sacrificielle. Je vaux mieux que d'être suppliciée pour t'atteindre. Mais t'aimer... c'est mon choix. Et ca non plus, personne ne me le prendra. On ne me prendra plus rien. » C’était comme si quelque chose à l’intérieur de lui sifflait, comme un serpent qu’on venait de piétiner, comme un chat à qui on avait tiré la queue, comme un homme à qui on venait de frapper une de ses défenses. Ce n’était pas une question de… ce n’était pas… Est-ce qu’il pouvait lui apprendre à fermer son esprit ? Est-ce qu’il avait les capacités de la faire devenir un occlumens ? Sans être lui-même un expert imbattable ? Mais il y avait encore d’autres solutions : il existait des potions qui scellaient des souvenirs. N’est-ce pas ? Sans les lui retirer, sans les lui prendre ; parce qu’il comprenait ce qu’elle demandait. Lui le premier il ne voulait plus qu’on lui prenne ces souvenirs là, ces émotions là. Sa respiration se calmait un peu, et il était légèrement plus calme, comme si la vague de panique qui l’avait totalement submergé regressait un peu. Juste un peu. Elle se rapprocha de lui, et il sentit ses doigts dans ses cheveux. Il aimait bien ce contact. Personne ne lui touchait jamais les cheveux. « Donc en attendant l'apocalypse ou une prochaine crise existentielle, j'aimerais que tu m'aides à récupérer ce que je suis venue chercher en premier lieu. Ça compensera ta monumentale crise de paranoïa et le petit ascenseur émotionnel que tu viens de me faire subir. » Il eut une grimace, il détestait qu’on parle de sa paranoïa. D’ailleurs personne n’en parlait jamais, en tout cas pas en face de lui. Il savait bien ce que c’était, il savait bien qu’il pouvait complètement partir en roue libre au moindre pas de travers mais… si c’était de sa faute, certainement mais… mais… Elle ne se moquait pas de lui, établissait juste un fait. Un fait qu’il ne pouvait pas nier. Il hocha la tête. « Ne crois pas que je ne vois pas le péril. Mais être effrayé est la pire chose du monde. Et je n'ai plus le temps d'y perdre mon âme. Tu m'aides ? » Il aimerait bien pouvait faire comme elle et sourire. Ou bien être détendu, mais il avait essayé et ça ne marchait pas. Pourtant peut être que si elle lui montrait… s’il avait un exemple ce serait peut être plus simple ? C’était peut être aussi pour ça qu’il l’avait regardé, gardé avec lui, cherché à plus la connaître ; parce qu’il y avait quelque chose en elle qui le faisait se sentir mieux, imperceptiblement. Et là il l’observait encore, dans la lumière rouge du soleil, et il la sentait toujours, cette aura. Comme une brise argentée. Il secoua la tête. Il faut que tu règles certaines cho- Il aurait tout le temps de manipuler son esprit plus tard, quand il sera seul. Là il était avec elle et par Merlin si c’était sa part de joie à lui et si le destin ou quelque chose de ce style avait décidé qu’il n’aurait pas longtemps à en profiter, il n’allait pas gâcher du temps. « Je… je croyais que tes poupées là avaient trouvé ce que tu voulais. » Ce passage était un peu flou dans son esprit parce qu’il n’avait pas vraiment fait gaffe aux petites créatures mais s’était plutôt intéressé à l’immense rage qui lui avait envahi le cerveau. Est-ce que sérieusement tu ne reviens pas sur la discussion ? Tu passes, comme ça ? Il ne voyait pas ce qu’il avait à ajouter. Il ne voulait pas en parler pour être honnête. Du peu de ce qu’elle avait dit, il avait trouvé déjà Hecate beaucoup trop direct. Il ne pouvait pas dire les choses aussi clairement, ce n’était pas bon. Ce n’était pas bon du tout. Visiblement elle avait compris. C’était tout ce qu’il souhaitait. Il ne voulait pas s’étendre verbalement sur le pourquoi du comment : ça le rendrait malade. Il l’était déjà, un diffus mal de ventre qui persistait depuis quelques minutes. Mais après il savait vivre avec. Il ne fallait juste pas lui donner l’occasion d’empirer. « C’est pour ton petit frère c’est ça ? » C’est ce qu’il avait vaguement compris du charabia des chevelus. « Malade ? » Parler par phrase à mot unique : quel rêve ! Il pourrait faire ça toute sa vie…. Il s’avança pour se mettre à ses cotés, regarda dans la direction du soleil en fronçant les paupières : « J’ai tout lâché au Ministère… Ils vont me chercher partout. » Il ne savait pas pourquoi il lui disait ça : peut être pour lui souligner qu’il n’avait pas prévu de la suivre mais que ça c’était fait de manière instinctive. Qu’il n’avait pas pu s’en empêcher en la voyant de la suivre. « Ce que tu as dit tout à l’heure. » Tu tiens quand même à ne pas te taire hein ? Il ne voulait juste pas qu’elle puisse… penser tout ça. « Je sais que tu m’as ouvert ton esprit et que j’ai pu… enfin je voulais te dire : tu n’es pas prisonnière. Du tout. Et si je te garde avec moi ce n’est pas seulement parce que je… » Hum, c’était dur à répéter quand n’y étais pas habitué, ça relevait même de l’impossible. Il renonça. « Ce n’est pas à cause de ce que je ressens pour toi. C’est parce que tu es… une sorcière exceptionnelle. » Ugh, tsss… Il fallait bien lui dire non ? Qu’elle n’aille pas non plus s’imaginer qu’elle n’aurait pu accéder à quoique ce soit que parce qu’elle lui faisait tourner la tête. Il voulait qu’elle sache, ce qu’il pensait d’elle, qu’il la respectait. C’était tout. Allez, on passe à autre chose, vite, vite. « Enfin s’il reste un truc à trouver, mieux vaut se dépêcher. Ce n’est pas une bonne idée de traîner trop tard dans les bois. Si ça se trouve quelqu’un m’a suivi moi et est en train de se faire des idées. » Il avait dit ça sur un ton s’approchant de la plaisanterie mais Rabastan ne rigolait jamais tout à fait avec ça. S’il voyait ne serait-ce qu’une silhouette bouger dans un coin, il était prêt à l’abattre sur le champs et sans sommation.




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