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sujet; there's no sea left for me - jessie
MessageSujet: there's no sea left for me - jessie   there's no sea left for me - jessie EmptyMar 2 Aoû 2016 - 11:09

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« Eeeeh, Jenner, j’suis pas sûr qu’ce soit une bonne idée » que tu répètes à mi-voix, fébrilement vissé sur ta planche. T’avais p’t’être fait le malin quand il avait refusé de rentrer dans l’eau sans combinaison, ne te faisant pas prier pour le traiter de petite nature, tu risquais à présent d’attraper froid si tu t’obstinais à refuser de bouger, immobile que tu étais, comme une moule accrochée à son rocher – à ceci près que tu pesais davantage le poids du rocher que celui de la moule.

Au premier abord pourtant, cette idée de courts congés improvisés t’avait semblé assez lumineuse dans son genre, d’autant plus qu’elle avait été proposée par Jenner.
Tout comme cette idée t’avait paru brillante en premier lieu, cet homme avait éveillé une certaine méfiance quand vos chemins s’étaient croisés pour la première fois. Vous travailliez chacun à une poignée de bureaux de l’autre ; de fait, t’avais entendu parler de son ukulélé avant même de découvrir sa tronche bronzée. A peu de choses près, il avait tout du type ensoleillé et joli cœur que tu ne pouvais pas blairer – d’un autre côté, au Ministère, à part Rookwood –et encore-, on se demandait qui d’autre tu pouvais supporter. Pourtant, quand il avait fallu lui adresser la parole, il avait été, à ta grande surprise, l’une des seules personnes au monde à ne pas juger bon de te juger, comme on avait l’habitude de faire dès que tu ouvrais le bec.
Non, il s’était contenté de continuer de gratouiller sur sa guitare miniature en pointant du bout de ses orteils découverts l’emplacement où tu pouvais poser un dossier qui lui était adressé, hé tiens, c’est pas toi qui aimes nager, si pourquoi ?

On avait pas à faire à de grands échanges qui auraient pu transformer la face du monde –quoique. Cependant, malgré son terrible accent américain et les soupirs passionnés des secrétaires quand il se promenait dans les couloirs du Ministère comme s’il y était en vacances, un étrange courant était finalement passé entre vous, si bien qu’on eût pu vous comparer à Timon et Pumbaa, genre pas courant électrique ; peut-être plus courant marin.

De fait, après l’attentat de ste-Mangouste, la trahison insensée de Lukombo, il n’en aurait pas fallu beaucoup plus avant que tu ne pètes le peu de câbles qu’il te restait dans la caboche. Tu avais donc sauté sur son initiative comme un renard dans un trou de terrier sous la neige. Et sans réfléchir, cela va de soi.
Il était clair que Jenner n’avait pas l’air non plus dans son assiette – son teint hâlé avait perdu de sa superbe- et qu’il était temps pour vous deux d’aller faire gonfler le nombre des employés du Ministère soudainement indisponibles –ce qui, au passage, avait tendance à agacer Rookwood. Ça se résumait à ça pour l’instant, disons qu’aucun d’entre vous n’avait particulièrement envie de tout déballer tout de suite.

Ainsi, comme on ne faisait pas de manière entre vous, il avait suffi d’emballer quelques affaires et de prendre le premier Portoloin qui vous avait conduit sur les rivages de la mer du Nord.
Y’avait clairement plus sympa comme climat, mais disons que, frontières fermées obligent, c’était le mieux que vous puissiez vous offrir pour l’instant.
De plus, comme tu avais saisi l’idée au vol avant même d’en lire les petites lignes en bas du contrat, tu découvrais –trop tard- que t’étais inclus dans l’offre « initiation au surf ».
Voilà pourquoi on te retrouvait à cheval sur ta planche, au milieu des rouleaux grisâtres, les doigts crispés comme les griffes d’un gros félin, doté d’un sens de l’équilibre digne d’un faon nouveau-né.
« T’sais, moi, l’eau, j’préfère autant être en-d’ssous qu’au-d’ssus… » que tu marmonnes en zyeutant un peu trop souvent derrière toi, comme si tu craignais qu’un raz-de-marée te galope sur la tronche…


Dernière édition par Bacchus A. Murdock le Mar 9 Aoû 2016 - 20:28, édité 2 fois
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Il y avait dans l'air comme un parfum de poule mouillée qui n'avait aucune envie de se tremper les plumes dans l'eau de mer. Personnellement, j'adore l'eau. Non non, je vous jure, je suis un vrai poisson dans le genre, j'adore le surf, le kayak de mer, le ski nautique, toutes ces choses que n'importe quel type que tu croises dans la rue saura faire. D'ailleurs, si tu lui poses la question, il répondra sans doute un truc du style « mais ouais maaan, j'savais surfer avant d'savoir marcher moi, y a une vraie vibe entre moi et la grande bleue ! » Ce qui, une fois traduit pour les touristes, voulait plus ou moins dire « moi savoir surfer et très bon pour me la ramener. »

Enfin bref, un vrai poisson je dis. Sauf que vu la température de l'eau, les seuls poissons qui doivent nager dans le coin sont soit des surgelés, soit des touristes Suédois qui considèrent qu'à partir de 12°C, c'est la canicule et j'exagère à peine. Du coup en arrivant, mon premier investissement avait été une combinaison intégrale dont la principale mission était de m'empêcher de mourir d'hypothermie, renforcée discrètement d'un sort ou deux, qui fonctionnait du coup plus ou moins. Ça avait fait rire Bacchus au début, mais maintenant qu'on était pour ainsi dire dans le vif du sujet, il faisait un peu moins le malin.

Pour ma part, le dauphin en moi était en éveil, enfin revigoré par la brise (ou plutôt les bourrasques violentes) qui soufflait délicatement dans mes cheveux mouillés (je suis bon pour le rhume, c'est sûr) et par la présence de vagues de tailles moyennes qui secouaient parfois la planche immobile sur les flots sur laquelle j'étais juché. Y avait pas matière à vraiment s'éclater, mais en cherchant bien, on devrait pouvoir trouver un ou deux bon spécimen de rouleaux pour se rappeler le bon temps. Je me retourne vers le grand baraqué qui avait été assez sympa pour m'accompagner dans ma quête folle d'éloignement et de retrouvailles avec le surf et lui lance ce qui sera sans doute mon dernier sourire avant d'avoir les lèvres complètement gercées par le froid et le vent.

-T'inquiète Backy ! Tu te débrouilles comme un chef pour le moment !

Le pire c'est que je suis sincère, il n'est pas encore tombé à l'eau. Équilibre approximatif : check ! De toute façon il n'aura pas besoin de beaucoup plus pour faire face aux intempéries. J'essaye de me rappeler comment on m'a appris le surf, histoire de lui transmettre, mais tout ce dont j'arrive à me souvenir est la simple communion absolument naturelle entre l'homme et la planche, la planche et la vague, qui m'entraîne dans un paradis trempé et salé où tout est beau et tout est bien.

-Bon, je vais devoir commencer par les règles de sécu chiante, alors autant y aller. Règle numéro une. J'espère que t'as bien attaché le cordon de ta planche à ta cheville, sinon à la première vague, tu vas la paumer et tu la reverras jamais.

Un moment d'émotion me traverse en me souvenant d'un ami qui avait perdu sa planche de cette façon, le deuil qui en avait suivit, la tristesse au fond de ses yeux encore gravée dans ma mémoire.

-Règle numéro deux. Si tu veux pas te prendre la planche dans le nez, reste dos aux vagues, ou lève toi quand elle arrive.

J'en avais vu des touristes allongés sur leur planche se péter le nez sur le nez de leur planche, justement.

-Règle numéro trois... protège ta tête quand tu tombes. T'es plus costaud que moi, j'aurais du mal à te sortir de l'eau si tu t'assommes haha ! Ah aussi il faudr... OH LA VACHE accroche toi à ta planche et essaye de me suivre, ça vient !

Normalement on devait se limiter à un seul surfeur par vague, mais celle qui venait promettait d'être l'une des plus intéressantes du coin et je ne voulais pas la rater, d'autant plus qu'après ça, tous les surfeurs anglais allaient venir se coller à nous. Je me mets donc à ramer dans la même direction que la vague en veillant à ce qu'elle me rattrape au bon moment et là, d'une poussée, je me lève sur ma planche en poussant un cri de joie. C'est presque aussi parfait que les vagues de la maison.
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« Comme un chef » que tu répètes en bougonnant, il en avait des bonnes celui-là « j’vais t’en donner moi, des ch… » le pire dans tout ça, c’est que tu peux même pas te montrer menaçant parce que tes poings restent scotchés à la planche, t’empêchant ainsi de lui faire ravaler ce surnom débile qu’il t’avait donné.
Cette situation était bien dérisoire, en y réfléchissant, puisque tu ne craignais habituellement pas le clapotis des vagues contre tes jambes, ni le ciel gris surfant sur la ligne d’horizon. Parce que t’étais le premier à te baigner par tous les temps, n’importe où, même jusque dans la Tamise. Et pourtant, il avait fallu que ce bougre d’immigré te mette en face de ce qui te manquait le plus : le sens de l’équilibre. Jusqu’à présent, la seule personne qui était au courant de ce relatif handicap était Nannie –ce à quoi elle avait voulu rectifier le tir en t’apprenant la grimpette-, mais elle n’était désormais plus là pour se moquer de toi… C’est que ça te manquerait presque.

Tu tends l’oreille lorsque Jenner énonce les « règles de sécu » que, pour ta part, tu ne trouves pas si chiantes que ça, pour le coup. Le temps de vérifier que t’étais effectivement attaché à ta planche –ce qui n’était pas pour te faire très plaisir, en sachant qu’elle te retarderait si tu voulais fuir à la nage, comme on se coltinerait un collègue trop lent- et que ton nez était toujours en place, voilà que le surfeur d’argent interrompt ses précieuses recommandations. Le moment tant attendu pour l’un et tant redouté pour l’autre, que vos deux tronches mériteraient de faire la une des journaux.
Jenner s’élance avec une facilité déconcertante, et tu te résous à l’imiter au geste près. Sauf qu’en lui obéissant au mot près, tu te devais de le « suivre », et donc de rester derrière lui, si bien que t’es pris de court quand il faut se hisser sur la planche et, pour rattraper ton retard, te juches sur tes grosses pattes en prenant bien trop d’élan. A ce point-là, ce n’était même plus une question d’équilibre, au passage.
De fait, dans un beuglement, tu bascules vers l’avant, les bras tendus, et t’agrippes dans un geste désespéré à tout ce que tu peux trouver devant toi avant de plonger la tête la première, soit, la planche de monsieur Jenner que tu entraînes dans ta chute.

La vague finit donc de te passer par-dessus, en ayant la bonté de te ramener la planche sur la tronche –trop aimable, ‘fallait p-.
Te revoilà sous l’eau, à boire la tasse en voulant pousser un juron. Heureusement pour toi, la collision n’a pas été trop forte, à moins que, tu sais pas si t’as bien entendu un léger craquement qui ne provient certainement pas de ton crâne. Tu ressors aussitôt en soufflant comme un cachalot et ramènes ta planche vers toi précipitamment, histoire de vérifier qu’elle ne soit pas brisée. A première vue, elle tenait encore la route et tu n’avais pas à déplorer de fissure visible, au risque de t’attirer les foudres –ou simplement les moqueries- de Jen… tiens d’ailleurs il était passé où celui-là ? Un regard circulaire un peu brouillé par le sel dans tes yeux et la bosse sur ton crâne, et te voilà à fouiller dans l’eau comme on fourragerait dans un tas de feuilles.
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Je lui avais pourtant dis, à ce bonhomme non ? Une personne pas vague seulement, c'était la règle numéro... combien déjà ? Peut-être que j'avais pas eu le temps d'aller jusque là. Tout ce que je sais, c'est que j'étais en train de savourer une vague plutôt pas mal quand soudainement quelque chose a voulu Hi Jacker ma planche, me propulsant dans les airs avant d'être brutalement rappeler à l'ordre par mon cordon de sécurité qui se tendit et m'envoya bien trop sèchement dans la flotte, m'écrasant dans un plat monumental qui avait dû s'entendre à des kilomètres à la ronde et qui me fit lâcher un cris de douleur bien vite étouffer par un retour de vague que j'avalais joyeusement de travers, m'étranglant à l'eau de mer.

Le temps de retrouver le haut du bas, je m'agite pour remonter à la surface en suivant mon fil de sécurité qui me ramène à ma planche bien gentiment. Je me hisse dessus, je tousse, je crache de la flotte à tout bout de champ et je finis par m'effondrer sur le ventre. Non loin de là je vois Bacchus, apparemment vivant et en bonne santé et surtout, avec sa planche en bon état. Bon, parfait, c'était pas si mauvais que ça finalement.

Soudainement, je me mets à rire avec le peu de souffle que j'ai retrouvé entre temps et je lève mon pouce vers Bacchus pour lui signifier que tout était impec.

-Règle numéro quatre donc, une seule personne par vague ! J'ai pas vu ce qui c'est passé, Backy c'est toi qui a sauté sur ma planche, ou bien y a des requins dans la flotte ?

Je savais bien sûr que la deuxième possibilité était à exclure, sinon on aurait eu un peu plus de mal à remonter tous les deux. D'autant plus que j'avais pas ma baguette, j'en ai pas besoin pour profiter des vagues. Je me demande si j'ai bien fait de l'emmener directement au spot où les vagues étaient les plus hautes à présent. Pas que ça atteigne des sommets non plus, mais pour un débutant c'était peut-être un peu corsé.

D'un autre côté, s'il a réussi à me sauter sur la planche, c'est qu'il a réussi à se mettre debout à un moment ou un autre, donc il se débrouille bien mieux que certains touristes qui glisse dès qu'il s'agit de se hisser et finissent tout de suite à la flotte. Tout n'était donc pas désespéré pour lui, même si c'est un anglais. Je lui adresse donc un sourire rayonnant et lui lance :

-Bon en tout cas niveau technique, t'as l'air d'être impec, manque plus que le timing, j'imagine que c'est la vague qui t'as fait décoller de ta planche, ça arrive même au meilleur (donc moi). Je pense que t'as bien compris les règles, maintenant y manque plus que je t'apprenne à prendre une vague !

En vérité il existait des tas d'autres règles, notamment de priorité ou ce genre de choses, mais pour tout dire je préférais qu'on s'y mette le plus vite possible. Je rapproche donc ma planche de la sienne pour le moment avant qu'il entende parfaitement ce que j'ai à lui dire, puis je commence à lui expliquer.

-Quand la vague arrive mon vieux, tu dois rester bien couché sur ta planche pour ramer dans la même direction qu'elle ok ? Faut que tu la laisses te rattraper, mais que tu t'arrêtes pas de la regarder pour voir où elle est par rapport à toi. Au bon moment, quand elle est presque sur toi, tu te lèves sur ta planche et tu surf ! Suffit de se pencher un peu en avant ou en arrière pour tourner d'un côté ou de l'autre, alors commence pas à battre des bras dans tous les sens quand t'es dessus, sinon elle va rien comprendre et te renvoyer à la flotte, capish?

Si maintenant il ne savait toujours pas surfer, je voyais pas quoi faire de plus pour lui, fallait juste qu'il prenne la prochaine correctement.

-En gros tu fais comme j'ai fait avec la première, mais en essayant de rester dessus haha, ça fait super mal de se prendre un plat comme ça !

J'avais encore le dos, les fesses, l'arrière des cuisses et les mollets totalement cuisant, sans parler de ma nuque et mon crâne. Heureusement que je n'étais pas tombé de bien haut. Cependant, avec tout ça, je ne m'étais même pas rendu compte que la violence du choc avait déchiré ma combinaison au niveau de mes fesses, causant le léger craquement entendu par Bacchus pendant que j'étais sonné.
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Tu fais volte-face quand il se marre. Toi, t’as pas trouvé ça hyper drôle, bien que par la suite, lorsque Jenner raconterait vos exploits aux secrétaires du département, tu te forcerais à aligner les crocs parce que, ok, ok, après coup, une fois au sec et en sécurité, vrai qu’on pouvait éventuellement se dire que ça avait été rigolo. Et t’étais encore loin d’imaginer comment votre escapade allait finir.
Mais pour l’instant, tu vois juste rouge dans le bleu-gris de l’océan, si bien que t’aurais pu effectivement passer pour un requin. « J’espère pour tes fesses qu’y’a pas d’requin ici » que tu le pointes du doigt. La panique est telle que tu te rends même pas compte de ce que tu déblatères, toi, habituel fin connaisseur de la faune marine. Et, si un jour t’avais effectivement eu à faire à un requin, la fois où t’avais transplané dans un endroit inconnu pour faire de la plongée, t’avais eu tôt fait de lui foutre un coup dans le nez pour lui couper l’appétit. « parce que sinon j’te jure j’t’envoie toi et ton brushing leur servir d’apéro, pigé ? »
Pourtant, le gueux ne se laisse pas démonter par tes menaces à deux gallions –et il fait bien, c’est que t’as plus vraiment d’autorité à revendre, dans cette position, à lui faire la leçon comme un p’tit vieux, accroché à ta plante ballotant entre deux flots.
C’est qu’il essayait même de t’amadouer en te félicitant de ta première performance. Et, si tu trouvais pas ça dérisoire que Rookwood te flatte le flanc comme un percheron quand tu venais de liquider une famille entière, tu voyais pas ce qu’il y avait d’exceptionnel au vol plané que t’avais fait. Un haussement d’épaules, incrédule que tu étais à l’écouter te féliciter.
C’est qu’il était parvenu à te calmer, à envoyer balader ton agacement comme on faisait des ricochés. Il était comme ça, Jenner, à surfer aussi bien sur les vagues du nord que les remarques désobligeantes. ‘Fallait juste qu’il fasse gaffe à ne pas se prendre la planche en retour, quoi.

Le voilà qui repart. Cette fois-ci, tu le laisses prendre les devants, en attendant de réussir à te hisser de nouveau sur ta planche. Tu jettes un œil derrière vous ; y’a la p’tite sœur de sa vague à lui qui suit direct, et serait donc pour toi. Ce qui veut dire que tu n’aurais pas forcément le temps d’admirer son numéro à lui en entier. En attendant, t’es bien obligé d’en prendre de la graine.
Cependant, drôle de graine que voilà puisque, lorsque le jeune amerloc se redresse avec dextérité sur sa planche, ses fesses un peu trop bronzées pour être honnêtes - quoique actuellement rougies comme si elles étaient passées à la fessée - apparaissent entre les plis déchirés de sa combinaison pour passer le bonjour. Tu ouvres des yeux grands comme ta connerie et vas pour le prévenir, sauf que ça servirait à rien, il t’entendrait pas et puis, ô par Merlin, c’est tellement ridicule que tu te sentirais presque obligé de pas le mettre au courant…
Ça par contre, ça t’arrache un ricanement de hyène, sauf que du coup, t’es encore pris de court sur ta vague. Tu rames avec les bras à toutes berzingues, te montes accroupi sur ta planche, les bras presque en croix pour garder un certain équilibre, les yeux rivés sur le postérieur de ton collègue –no homo, bien entendu - qui a fière allure avec ça, tiens.

Roh allez, ça trébuche sur ta bouche comme le premier cri d’une mandragore, t’as le vent pour toi, il porterait ta voix et puis, t’es prêt à sacrifier une nouvelle vague juste pour voir sa gueule quand tu vas « Eh ! Jenner ! » c’est ce qui arrive quand on traîne avec trop de vicieux du bocal « T’as la raie manta à l’air, mon gros ! » Et, comme tu es ton meilleur public – parce que les autres se refusaient à reconnaître ton irréfutable talent pour les blagues – tu éclates de rire jusqu’à en perdre l’équilibre et de te casser la figure à moitié sur la planche, à moitié dans les vagues, parce que tu refusais de louper sa réaction face à cette grande nouvelle.
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Pour cette fois, il me laisse la priorité sur la vague suivante. C'est bien, c'est en observant qu'on apprend, j'imagine et aussi en appréciant avec quelle grâce de dauphin on pouvait se débrouiller pour monter sur une planche de surf. Je me mets debout et j'entends Bacchus qui rigole derrière moi, sans doute amusé par une blague à lui pendant que je savoure cette vague malgré le vent froid de ce foutu pays. À quoi bon être entouré par la mer si c'était pour devoir se baigner en combinaison intégrale ? Un peu plus et j'irais chercher le pull à mettre par dessus, je vous jure.

Quoi qu'il en soit, j'étais en plein milieu de cette vague, caressant l'intérieur d'un rouleau parfaitement satisfaisant du bout des doigts lorsqu'un cri atteignit mes oreilles pour le moment baignée par le rugissement des embruns. La raie manta ? C'était quoi cette nouvelle plaisanterie ? Au sortir de ma vague, je fronce les sourcils et je me tourne vers Bacchus qui s'est une fois de plus écroulé sur sa planche pendant que j'avais le dos tourné.

-La quoi ?

En tout cas il avait l'air vraiment content de sa trouvaille. Moi je décide de m'asseoir sur ma planche pour le rejoindre en ramant et je me rends compte un peu distraitement que la sensation n'est pas tout à fait la même qu'il y avait quelques minutes, les fesses sur la planche. Je rabats mes cheveux longs et trempé en arrière en réfléchissant à cette gêne jusqu'à ce que l'illumination se fasse. Comme quoi, les agents de la BPM sont vraiment de fins enquêteurs, la crème de la crème de toute la population sorcière dont nous avons la charge.

Mon visage doit plutôt bien refléter ma prise de conciense, avec ma bouche qui forme un « oh ! » silencieux et mes yeux qui s'écarquillent. Mon premier réflexe est bien sûr de me mettre debout à nouveau sur ma planche pour observer les dégâts d'un air réprobateur, mais l'exercice me paraît si juste que je m'arrête alors que j'allais me retourner.

-Eh ! Tu vois le mouvement que je viens de faire là ? Faudrait que tu le maîtrises avant de pouvoir prendre les vagues, c'est plus difficile quand la mer se soulève sous tes pieds, alors que là, au calme entre deux, t'y arriveras sûrement beaucoup mieux !

Je souris, fier de ma trouvaille, attendant qu'il remonte sur sa planche avec l'air d'un professeur qui a donné un exercice cadeau pour ses élèves, certains qu'ils apprécieront l'idée et que leurs notes s'amélioreront immédiatement après avoir réussi la chose. Je veux dire, c'est un peu la base de la base, savoir se relever sur sa planche. Si on sait pas faire ça, on sait pas surfer. Autant retourner directement à la plage pour faire des châteaux de sable à la place. Puis, soudainement, je fronce les sourcils à nouveau. De quoi on parlait avant ça ? Un petit remous viens à mon aide, butant contre ma planche, envoyant une gerbe d'eau glacée sur mon fessier à l'air qui me fait faire un bond en glapissant. Mauvaise idée, j'arrive droit dans la flotte et me vois contraint de remonter sur ma planche dos à Bacchus qui peut admirer un peu plus ma « raie manta » comme il l'a nommée.

-Foutu moldu et leurs combi bon marché, je marmonne.

À nouveau sur ma planche, je constate les dégâts avec un air ennuyé. En soit, montrer mes fesses ne m'avait jamais dérangé, mais l'idée de me prendre des fessées à chaque vague un peu trop forte ne me tente pas du tout. Sans parler du ridicule. Non, vraiment, surfer avec seulement un trou au niveau des fesses ne me tente pas du tout.

-Elle me sert plus à rien cette combi, je préfère encore surfer tout nu !

Aussitôt dit, je commence à tirer sur la fermeture éclaire de ce vêtement de malheur pour le retirer. Voilà l'avantage d'être à l'aise avec son corps. De toute façon, la moitié des Gryffondor avait déjà dû voir mes bijoux de famille à force d'oublier de m'habiller en allant dans la salle commune, alors un de plus ou un de moins...
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T’as fait un bide avec ta blague et un plat avec ton ventre en tombant dans l’eau. Contrairement à ce que tu espérais, le gueux ne se démonte pas, comme s’il découvrait simplement qu’il avait une algue sur l’épaule et non pas plus de combinaison sur le cul. Tu fais la grimace, visiblement déçu, et un Bacchus déçu c’est encore plus con qu’un Bacchus tout court. Tu boudes donc son exercice, y mettant toute la mauvaise volonté du monde, à grimper nonchalamment sur ta planche et t’y avachir avec la grâce d’un lamantin échoué. Au mieux, tu finis par te mettre accroupi sur ta planche comme un homme des cavernes, les yeux sempiternellement rivés sur l’origine –non pas du monde- de cette blague qui aurait rencontré un franc succès parmi la peuplade rafleuse –ils étaient beaux les fins limiers du Lord, avec leur humour d’ados pré-pubères. Il semblerait que depuis la création de votre escouade, une rivalité s’était tacitement installée entre vous et le reste de la BPM, comme celle qui s’imposait d’elle-même entre deux classes d’une même école, quand bien même le sort voulait que vous vous penchiez sur les mêmes affaires et que vous couriez après les mêmes rebuts. De toute manière, au pays des ahuris, on n’était jamais plus ennemi qu’avec les gens qui nous ressemblaient.
Et quand bien même t’avais trouvé un collègue assez rigolo en la personne de Jenner, tu le pris presque personnellement que le surfeur ait osé laisser ta blague tomber à l’eau.

Mais voilà que finalement, il se décide à aller la rejoindre. Il en faut peu pour être heureux et voilà que tu te fends d’un sourire de requin avant d’éclater de rire comme un cachalot, toute amertume ayant levé les voiles. Comme quoi, t’étais pas si compliqué à comprendre et à satisfaire, mais peut-être un peu plus à suivre.
Toutefois, ‘faut croire que ça aura servi puisque, plié de rire, tu n’hésites pas à reprendre ton souffle en t’allongeant un court instant sur ta planche, le temps que ton comparse ne ressorte de l’eau –pendant un moment, t’as eu peur qu’il refuse, par gêne, mais apparemment, il en fallait plus, même beaucoup plus, pour le faire rougir de honte.

Tu te redresses, le coin des yeux humide d’eau de mer et de larmes de rire et manques soudain de t’étouffer lorsque tu découvres que non content de rester les fesses à l’air, il allait la jouer franco (pour ne pas dire rocco).
« Eh… Jenner, tu sais qu’j’t’aime bien mais… ça ira jamais plus loin entre nous, hein » C’est pas que t’avais pas l’habitude -après un entraînement de Quidditch, on s’amusait pas à se doucher en slip de bain, mais disons que le côté joli cœur, combo chemise à fleur et brushing ne te garantissait pas que Jenner était un coureur seulement de jupons.
… Mais il ne s’agirait pas là de faire de ton cas une généralité, pas vrai mon gros ? « J’veux dire, si d’jà on apprend qu’on s’casse pour aller surfer, rien qu’tous les deux, et qu’en plus d’ça, on l’fait à poil, j’garantis pas qu’tu puisses encore un jour ramasser la savonnette sans risque de… » une vague interrompt ton discours sur les mœurs bien glauques des rafleurs dans les douches. Tu cherches à garder l’équilibre quelques instants, te laisses même porter par une vague en te foutant à plat ventre. Une grimace te tord la figure.
« Nan sérieusement, Jenner, j’vois tout d’en-d’ssous, c’est un peu dégueulasse » Tu lâches pas l’affaire et rames précipitamment jusqu’à la combinaison abandonnée flottant entre deux eaux, cadavre mou qui t’arrache une hésitation maniérée avant de la repêcher « Rhabille-toi, tu vas attraper froid à force de pas avoir froid aux œufs… euh aux yeux »

Et, tandis que tu rames à toutes berzingues pour le rattraper et le forcer à la renfiler comme on courserait un gamin à poil capricieux, vous ne remarquez pas que, sur la plage, une femme trotte discrètement jusqu’à la cabine téléphonique la plus proche pour avertir la police que deux dangereux pervers homosexuels naturistes se prêtaient à leurs ébats saugrenus aux yeux de tous et en particulier de son petit garçon dont elle tentait par une acrobatie de cacher les yeux de sa main qui ne tenait pas le combiné. Calmez-vous madame, on vous envoie une voiture qui patrouillait dans le coin, apparemment, ce genre d’énergumène aurait déjà été aperçu dans les environs…
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Alors je me défais difficilement de cette combinaison (sérieusement, essayez donc de vous tirer de ce genre de truc en équilibre sur une planche, un coup debout, un coup assis, puis finalement debout à nouveau pour réussir à s'en débarrasser) Bacchus, qui semblait intéressé par le spectacle, déclara qu'il ne fallait pas qu'il se fasse d'idée sur une quelconque histoire de fesses entre nous. L'image qui vint avec me fit éclater de rire alors que je laissais tomber la combinaison dans l'eau, à l'abandon. Dommage que je n'ai pas ma baguette pour la réparer.

-N'ai pas l'air si déçu Backy, tu finiras bien par trouver chaussure à ton pied ! Ou bien autre chose autre part dans ce cas là j'imagine.

C'est à mon tour de rire à ma propre blague plus qu'il ne l'est nécessaire, n'imaginant pas du tout Bacchus dans ce genre de situation. J'espère en tout cas qu'il me connaissait assez pour savoir que je plaisantais et ne pas s'offusquer de tout ça. C'était lui qui avait commencé sur le sujet de toute façon, alors je n'aurais qu'à lever les mains et à rappeler qui avait lancé l'idée. L'histoire de la savonnette me laisse en revanche tout songeur. Je me demandais jusqu'à quel point ce genre de légende urbaine pouvaient être vrai.

-Tu crois que ça se fait vraiment ce genre de trucs ?

Je prenais mes douches seuls, mais c'était le genre de question qui pouvait poser des hésitations quand on avait pas le choix entre rester sale ou passer par les douches communes. Je n'avais rien en particulier contre les homosexuels, mais pour le moment je n'avais jamais été initié à ce genre de pratique et j'avais une très légère peur de l'inconnu sur ce point là. D'autant plus que la compagnie des femmes m'avait toujours amplement contenté, voir plus, alors pourquoi changer une recette qui marche ?

En revanche, remettre cette combinaison ne me tentait pas du tout. Je me sentais drôlement bien finalement avec le vent dans les cheveux et dans les parties. Sans compter que c'était parfaitement ridicule de remettre une combinaison avec un trou au niveau de la lune. Je refuse donc le vêtement avec un geste de dédain et commence à avoir comme des envies d'expériences scientifiques. Oui oui, pour la science. D'un air songeur, je m'adresse donc à Bacchus.

-Eh tu crois que l'aérodynamisme est meilleur comme ça ? Après tout, les plongeurs professionnels portes des sortent de bikini pour homme pour avoir une meilleure pénétration dans l'air.

Du coup tout nu la pénétration devait être maximale. Je me retiens de lancer une blague parfaitement stupide avec ce mot en base et objet, puis je m'allonge sur ma planche pour commencer à ramer vers la prochaine vague lorsque j'entends comme un chant de sirène pas particulièrement mélodieux. Je me redresse et je commence à râler, impossible de surfer dans le calme.

-C'est quoi qui fait ce boucan ?

Je me redresse assis sur ma planche pour voir d'où vient le son lorsqu'au détour d'un récif je vois un bateau aux couleurs de la police arriver à tout berzingue, sirène hurlante et capitaine visiblement énervé à la barre. Bien sûr, ce spectacle me fait rire et premier réflexe, je me mets debout puor scruter les alentours en souriant comme un gosse, cherchant un feu sur la plage ou ce genre de joyeuseté.

-Mec, je crois que quelqu'un va avoir des ennuis !

Mais les secondes passent et le bateau se dirigeait tout de même très vite dans notre direction. Puis l'un des officiers sortit un mégaphone dans lequel il se mit à crier de ne pas bouger et d'arrêter d'agiter ses parties au vent. Je comprends alors enfin que ceux qui allaient avoir des ennuis n'étaient pas des moldus mais bien nous, les deux sorciers en vacances.

-Oh merde c'est pour nous ! Lâche ça et nage mon con !

Si on arrivait à retrouver nos baguettes on pourrait s'enfuir facilement mais pour ça il fallait qu'on arrive à la plage avant que les policiers nous rattrapent, et ça allait être foutrement juste. Je me jette donc à plat ventre sur ma planche en espérant que Bacchus m'imite et je commence à ramer comme un fou vers le rivage, me disant que leur bateau n'irait pas jusque dans les eaux moins profonde, puis je me relève pour courir vers mes affaires sans remarquer qu'un policier visiblement habitué à ce genre d'intervention n'attendait visiblement que l'occasion de me prendre à revers pour me faire un plaquage digne d'un grand footballer américain, les protections en moins. Le souffle coupé en un instant, je m'écrase dans le sable qui se colle à ma peau mouillée et je commence à lutter pour me débarrasser du policier, remerciant au passage mon entraînement physique de la BPM, jusqu'à ce que deux autres arrivent en renfort pour m'immobiliser et me passer les menottes.

-J'ai l'impression qu'on va tirer cette histoire de savonnette au clair plus vite que prévu, je marmonne en voyant que Bacchus ne connaissait pas un sort très différent du mien. Ramassez nos affaires ! Y a mes vêtements dedans !
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Le regard offusqué de celui qui s’est fait piquer sa dignité que tu lui lances est bien vite rattrapé par celui du type qui se remémore de sombres heures de sa vie. Pas qu’t’y avais eu droit au coup de la savonnette, mais disons que quelques petits nouveaux n’avaient pas fait long feu… Crois-moi joli cœur, tu veux pas savoir ; j’avais pas envie de savoir mais je crois quand même le savoir et, crois-moi, tu veux pas savoir.

Mais c’est qu’il cherche à noyer le poisson, ce gueux ! Il refuse la combinaison que tu lui tends, et t’as un regard pour le rivage où vos affaires sont agglutinées avec vos baguettes, songeant à quel sortilège pourrait le faire se rhabiller. Tu ne voyais d’autres solutions qu’un Imperium des familles. Comme s’il avait deviné ta pensée, le voilà qui se fait la malle sous prétexte de tester un soi-disant aérodynamisme rendu optimal par son cul à l’air. Tu fronces les sourcils, perplexe.
« Elle va plutôt t’pénétrer dans l’cul la vague, moi j’dis… » grommelles-tu en le secondant, préservant cependant une distance considérable entre lui et toi, parce que t’en voyais définitivement trop.
T’en étais à ravaler un énième juron coupé d’eau de mer lorsque le bruit de la sirène te vrille les tympans. Tu fais volte-face, toujours accroché à ta planche. Si ton acolyte n’avait pas tout de suite pigé que c’était pour vous, tu bats des pieds et des mains à toute vitesse dans sa direction, pour tenter de le choper par la cheville et le refoutre dans l’eau.
Mais il était trop tard, les policiers en avaient trop vu eux aussi.

Voilà que le dauphin naturiste bite enfin ce qui se passe et s’élance vers la plage. Tu rencontres plus de difficultés à le suivre, pas encore habitué à nager avec une planche au poignet. Jenner était déjà sur la plage à se faire mettre la main dessus que tu avais enfin pied. Grave erreur, puisqu’en te remettant debout, tu t’emmêles les pattes dans ta planche qui finit de te faire tomber en avant, à croire qu’elle était un agent de police infiltré depuis le début ; à ceci près que vous étiez en train de vous faire arrêter par des flics moldus.
Et que toi, les moldus, t’aimes autant ça que de découvrir un rat dans ta douche.

Pour les agents, c’est une occasion inespérée que tu te sois mis à terre tout seul. Ils pensent donc qu’ils n’ont plus qu’à te cueillir, ce qui s’avéra bien naïf de leur part. A peine l’un d’entre eux pose une patte sur toi que tu te redresses dans un râle assourdissant et lui envoie la planche dans la figure. S’ensuit une bagarre grotesque puisque les policiers sur le bateau débarquent et s’empilent sur toi pour essayer de t’appréhender.
Retour à l’envoyeur ; à force de mouvements brusques, tu finis par t’assommer toi-même avec la planche.

Lorsque tu te réveilles, t’as la joue qui colle à la cuisse de Jenner. Tu comprends qu’ils t’ont traîné jusqu’à leur véhicule de service, déposé à moitié sur ton complice –lui-même coincé entre toi et les planches enfournées par le coffre- histoire de te faire rentrer, et attaché une patte en l’air avec des menottes pour te calmer.
Tu te redresses, courbaturé de partout et maquillé visiblement un œil au beurre noir.
« Bien roupillé, la belle au bois dormant ? » demandes un flic en vous narguant de derrière le rétroviseur. « Tu t’réveilles juste à temps, on est arrivé au poste ! »
Ta respiration s’accélère quand tu jettes un œil par la vitre à ce lieu grouillant de moldus en uniforme. Ça ressemble au Ministère, en plus petit, plus rural, et moins magique. Et plein de moldus, par les hémorroïdes de Merlin !
T’échanges un regard circonspect avec Jenner, alors qu’ils vous sortent chacun d’un côté de la voiture.
« Allez, au trot mes jolis ; on va voir c’que vous avez là ! » goguenarde un autre policier en agitant vos affaires sous votre nez d’où dépassent, à votre soulagement, vos baguettes respectives. « Hors de question qu’j’ramasse leur savonnette, Jenner » grognes-tu à mi-mots, tandis qu’ils vous font entrer épaule contre épaule en vous pressant, la matraque dans le dos.
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Impuissant, j'assiste à la parodie de combat que mon collègue mène contre la police moldu qui s'achève sur un magistral coup de planche sur la tête, directement envoyé par Bacchus en personne à destination de sa propre tête. Le rafleurs s'effondre et se fait aussitôt traîner de force par les policiers moldus jusque sur la plage où mes propres gardiens m'entraînaient déjà vers leur voiture garée à l'arrache sur le sable, un peu plus loin. Personne ne daigne ne me rendre mes vêtements, en revanche on m'enroule dans une serviette sur laquelle je n'ai aucun contrôle à cause des menottes qu'on a passé à mes poignets.

Une fois installé on me jette également Bacchus en travers des jambes, un peu comme un sac dont on ne saurait pas quoi faire parce que le coffre est déjà plein. Faut dire qu'il pèse un âne mort le gars, je comprends qu'on essaye pas de l'installer un peu plus correctement. Par contre il va sans doute faire la tronche quand il va se réveiller pour se retrouver attacher au plafond de la voiture. Si jamais il se réveille un jour, parce que pour le moment il a l'air plutôt cuit.

La voiture démarre et je commence à réfléchir. Comment se sortir de cette situation délicate ? Avec juste un problème de nudité publique on aurait pu s'en sortir avec une amende et un avertissement, mais le réflexe humain et stupide de s'enfuir, puis de mettre des coups de planche à des agents des forces de l'ordre allait nous amener directement en garde vue. Sans Bacchus qui s'acharne à utiliser sa planche comme une matraque, j'aurais pu prétendre courir vers mes vêtements pour les enfiler avant que la police arrive, ce qui aurait pu supprimer le délit de fuite, mais là... là on était bon pour rester en cellule pendant au moins vingt-quatre heures, si ce n'est plus. Donc impossibilité de récupérer nos baguette avant au moins ce moment, sauf si je réussis à les convaincre de me laisser fouiller mon sac pour enfiler mes vêtements. Après ça, baguette dans ma manche, quelques sortilèges de confusion bien inoffensifs nous sortiraient de la mouise sans nous attirer des ennuis côté magique du terme, le gouvernement actuel étant bien plus coulant avec la magie sur les moldus que ne l'était celui d'avant.

Ces pensées me traversent et un semblant de plan se dessine dans ma tête jusqu'au moment où Bacchus se réveille enfin, se faisant tout de suite interpeller par l'un des policiers qui se trouvait avec nous dans la voiture. Je ne peux m'empêcher de sourire devant la pique avant de dire un peu trop fort :

-Je crois que tu lui as tapé dans l’œil, Backy !

En vérité, j'étais très fier de ma blague. D'autant plus que l'agent en question commençait à avoir l’œil tournant légèrement violacé à cause d'un coup sans doute porté par ce boxeur de Bacchus. Je n'aurais peut-être pas du, mais l'occasion était vraiment trop bonne, je n'avais pas pu me la fermer sur ce coup là. On nous sort un peu plus brutalement que nécessaire de la voiture et je retiens une envie de pouffer à nouveau sans faire d'effort véritable pour maintenir cette serviette autour de mes hanches. Je crois que je l'ai vexé. Au moins ils ont toujours nos baguettes. On nous dirige directement vers les cellules du poste, mais je freine des quatre fers pour arrêter l'escorte.

-Eh attendez, vous allez pas m'envoyer en taule à poil ! Rendez-moi mon sac, je vais choper la crève si je me rhabille pas et j'hésiterais pas à vous coller un procès pour ça !

L'avantage d'avoir à tout prix conservé mon accent de bon Américain, c'était qu'on me prenait absolument au sérieux en général quand je disais des trucs d'Américain. Par exemple, traîner une compagnie de micro-onde en justice pour ne pas avoir spécifier de ne pas mettre de chat dans leurs appareils était quelque chose de totalement normal dans ma chère mère patrie. Manque de bol, c'est pas mon sac qu'on me balance, mais bien mes vêtements roulés en boule tels que j'aime les enfouir dans mon sac à dos. Autant pour la tentative. L'un des moldus semble enfin remarquer ma magnifique baguette en bois gravé blanc et le sort de mon sac avec un air spéculatif.

-Woh mec fait attention avec ça, c'est précieux !

Mauvaise idée. Voyant que l'objet avait de l'intérêt, le policier s'y penche de plus belle, trop curieux pour son bien. C'était terrible cette indignation que je ressentais à l'idée qu'on touche ma baguette. C'était comme une part de moi-même entre les paluches d'un parfait inconnu qui n'avait aucune idée de ce qu'il faisait. Comme si quelqu'un mettait un bébé dans les bras de Bacchus. On sent tout de suite le danger dans ces cas-là.

-Pourquoi ? Qu'est-ce que c'est ? Une baguette chinoise ? Il t'en manque pas une deuxième ?

Un sourire éclaire alors de nouveau mon visage, parfaitement innocent et de mauvais augure, puis je désigne Bacchus du pouce, pliant les deux bras pour ce faire, puisque toujours attaché ensemble, et lâchant définitivement la serviette qui glissa le long de mes jambes devant l'auditoire qui détourna d'un seul coup les yeux dans un tonnerre de protestation.

-En fait, c'est fait pour aller dans son cul à lui.

La réaction se fait un peu attendre, comme si le gars n'était pas sûr d'avoir entendu. Ses yeux font l'aller retour entre moi, Bacchus, la baguette qu'il tient dans ses mains, comme s'il évaluait les chances que je dise la vérité, puis il posa les yeux sur la serviette qui gisait à mes pieds et sembla conclure en verdissant et blanchissant en même temps que je devais être assez fou pour effectivement enfoncer des baguettes ouvragées dans le cul de mon compagnon.

-Et encore, j'en ai des plus larges à la maison ! Que je rajoute joyeusement.
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