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sujet; ROLFLUNA#3 — THE GOD OF LIES MUST LOVE YOU.

HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
ROLFLUNA#3 — THE GOD OF LIES MUST LOVE YOU. Tumblr_oesf3sEmR41rktrl8o6_250

‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4145
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegoodi burned so long so quiet you must have wondered if i loved you back. i did, i did, i do.
Oh, man, t'as entendu la nouvelle?Quoi donc? Graham, là, assieds-toi, tu me fais peur. ” Amelia et Rolf sont silencieusement en train de manger à une table de la Grande Salle, épuisés. Ils vont et viennent en mission, Rolf plus souvent qu'Amelia: il n'arrive pas à rester en place, il n'arrive pas à rester dans ce chateau de malheur de peur de la croiser. Dès qu'on parle d'aller quelque part faire quelque chose, il saute sur l'occasion. Hier, ils sont restés éveillés tard, sont allés cambrioler avec grande finesse un supermarché moldu en compagnie de quelques elfes de maison... Rolf en est à sa quatrième tasse de café et il n'a toujours pas l'impression de se réveiller. Il serait en train de contempler d'un oeil endormi et pensif le plafond de la Grande Salle si le ton urgent de Graham ne l'avait pas interrompu dans ses pensées: il vient de se précipiter dans la Salle et s'est assis à côté de son compère d'un air empressé, conspirateur et inquiet tout à la fois. Il se penche pour parler. “ Il y a eu une attaque de loup-garous dans la Forêt Interdite. ” Rolf sent Amelia se tendre à côté de lui. Son copain, enfin, son ami Douglas, en est un. June aussi... mais ça fait une semaine qu'elle fait le lien entre Storm's End et Poudlard pour leur apporter de la potion Tue-Loup. L'attaque ne peut pas provenir de l'un des leurs. “ Et- putain- y'avait des gamins de sortie, la fille Weasley, Emily Callaghan, le petit-fils d'Augusta et l'autre... la gamine du Quibbler. Quoi? Mais qu'est-ce qu'ils faisaient dehors?
Rolf n'entend pas la suite. Il n'entend rien. Il y a juste un bourdonnement dans ses oreilles, quelque chose qui manque un battement dans son coeur. Il n'arrive pas à réfléchir.
Il y a la main d'Amelia qui se pose sur son bras. “ Rolf? Où? ” dit-il au même moment. Graham tourne brusquement la tête vers lui, l'air surpris et inquiet, toujours. “ Où? Où sont-ils?Je ne sais pas... j'ai entendu la conversation entre Biggs et le loup de l'infirmerie, là, Buckley... ils doivent être repartis, mais je sais pas où. Apparemment, un des mioches a été mordu et ils ont pas pu la ramener à l'intérieur de l'enceinte... La? ” Graham hausse les épaules, l'air coupable. “ Pourquoi, tu-- Rolf! ” Il s'est levé, il a couru.
Amelia est à côté de lui, et elle court aussi. “ Tu crois que--J'en sais rien, Amelia, il faut qu'on trouve ce Biggs... Il voit deux silhouettes accompagnées qui courent presque en direction d'un elfe de maison. ATTENDEZ! ” Ils leur sautent dessus dans un bel ensemble et ils disparaissent.

Ils réapparaissent, quatre corps entremêlés, projetés parterre par la force de la téléportation. Rolf sent l'elfe de maison se débattre sous lui mais il s'en fiche, il n'arrive pas à réfléchir, à comprendre... son coeur bat trop vite à ses oreilles, dans sa poitrine. Il se relève, laisse à Amelia le soin d'expliquer à Biggs et Buckley la raison de leur soudain agression et fonce vers la porte du cottage devant lequel ils viennent d'atterrir. Elle ne s'arrête pas, pourtant, est sur ses talons, le pousse presque à l'intérieur quand il parvient à ouvrir la porte.
Ça sent le sang à l'intérieur. Rolf traverse la cuisine en deux grandes enjambées et s'arrête brusquement dans l'encadrement de la porte du salon. Il y a la gamine Weasley sur le canapé, celui qui s'appelle Neville à côté, sa main dans les siennes. Un loup-garou blond qu'il ne connait pas est en train de s'occuper des plaies... Rolf détourne les yeux. Tout le monde reste immobile, sauf à l'étage où il entend des cris et des gens qui marchent comme des fous, en pleine dispute — Rolf reconnait la voix de June. Il y a Emily Callaghan, ainsi qu'un autre loup-garou qui sert d'aide au blond.
Et puis il y a Luna, assise sur le rebord de la fenêtre, regardant le paysage d'un air affecté alors que tout son corps est agité de tressaillements nerveux.

Amelia le pousse brusquement pour passer et se précipite vers le blond. Au moment où elle pose sa main sur son épaule, June descend les escaliers, l'air furieuse et en voyant, Amelia, aboie presque: “ il est en haut! ” avant de se tourner vers Rolf d'un air interrogateur... se détendant seulement quand Buckley passe à son tour à travers la porte, suivi de Biggs, avec du matériel de soins dans les mains.
Rolf n'arrive pas à détacher son regard de Luna.

Luna...
Elle tourne les yeux vers lui.
Pourquoi est-ce que son ventre est-il aussi rebondi?
Pourquoi est-ce qu'elle détourne aussitôt le regard?
Pourquoi ne le regarde-t-elle pas?
Pourquoi il est là?
Il n'a rien à faire là. Il devrait partir. Tout de suite.

Il me faut plus d'espace. Vous, restez. Les autres, dehors! ” Rolf entend la moitié des mots. Il regarde le profil de Luna. Il a trois milliards de questions à lui poser mais aucune ne parvient à franchir la frontière de ses lèvres. “ Oui, même vous deux. Et plus vite que ça! ” Ils sont tous mis dehors, sauf le loup-garou blond, Neville machin et l'autre loup-garou.
Il sent la main d'Amelia sur son épaule qui le mène dehors, mais qui faillit à le retenir quand il se jette presque en direction de Luna. Il l'attrape sans lui laisser le choix, par les coudes, pour la tourner vers lui, pour la regarder: ses mains volent à son visage, pour l'examiner, mais elles retombent avant d'avoir pu toucher la peau.
Il y a des milliers de choses qu'il a envie de lui dire. Qu'il ne lui a pas pardonné, qu'il est encore en colère, qu'il l'aime malgré tout, qu'il lui en veut terriblement, qu'il est désolé de l'ignorer mais qu'il va devenir fou si il ne le fait pas, il a envie de lui demander de le regarder et de cesser d'observer le sol et il a envie, aussi, de lui dire combien il est désolé, malgré tout, contre tout, parce qu'il ne sait pas comment réagir, comment agir. Il se sent tellement vulnérable, en cet instant précis, complètement perdu, alors qu'elle ne veut toujours pas le regarder... “ Luna... est-ce que ça va? t'es pas blessée? ” dit-il faiblement, la voix enrouée par il ne sait quoi. Il se déteste, d'être faible, d'être stupide, d'être là mais de ne pas avoir été là au moment où elle avait besoin de lui.

Elle n'a pas besoin de lui. Ils le savent tous les deux. Il ne lui apportera que ses malheurs, ses problèmes, ses colères, ses incompétences. Et puis--
Ses yeux se baissent, sur ce ventre qui ne peut que cacher une seule chose. “ Luna... ” demande-t-il, mais la question tombe curieusement à plat, si bien que son ton est presque... pas inquiet, mais indifférent, incompréhensif. Il ne comprend pas ou il ne veut pas comprendre: n'est-ce pas la la tragédie de toute leur relation?
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HERO • we saved the world
Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFLUNA#3 — THE GOD OF LIES MUST LOVE YOU. C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10228
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
http://www.smoking-ruins.com/t4738-lovegood-a-circle-has-no-begi
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rolf scamanderthat is what I saw. it wasn't really you, what you were doing, i know that. but i saw you and it broke my heart. and I've never forgotten.
Elle n'est pas ici. Luna ne sait pas comment elle est arrivée ici, elle ne sait même pas ce que c'est ici. Tout ce qu'elle voit, sent, ressent, c'est un maelstrom de couleurs, d'odeurs et de douleurs qui s'entremêlent sans qu'elle ne parvienne à les figer, à les décortiquer, à les comprendre. Ce n'est pas la réalité. Elle n'est pas ici, elle n'est pas ici. La réalité, c'est ce qu'il s'est passé la veille dès son réveil, lorsqu'elle s'était extirpée de son lit, avait minutieusement suivi les directives de Neville pour lui préparer son stock d'ingrédients pour la semaine à venir, avait débuté le dressage du dernier Sombral né et assouvi cette envie irrépressible de pudding pour le dîner. Tout le reste, ça n'avait pas été la réalité ; ce n'était qu'un drôle de rêve, un affreux cauchemar, une nuit qui aurait pu rendre n'importe qui dingue ; rien d'autre. Dix, quinze, vingt minutes, peut-être plus, peut-être moins. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était sur le rebord de cette fenêtre mais elle estimait cette période à une éternité. Le temps n'avait pas vraiment de prise sur les rêves, pas vrai ? Elle n'est pas ici, elle n'est pas ici, elle n'est pas ici.

« Luna... » Son regard abandonne la lande tranquille qui s'étirait derrière la vitre pour observer une silhouette qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Quelque chose la force à détourner immédiatement le regard. Il ne pouvait pas être ici alors c'était forcément un rêve... Sauf qu'au lieu de la réconforter, l'idée s'infiltre insidieusement en elle et la projette violement dans la réalité. Elle voit le rouge partout sur elle et sent l'odeur abjecte du fer dans l'air. Elle se rappelle de la silhouette inanimée et de son teint blafard sur le canapé, de la forme douloureusement prostrée à ses côtés et des personnes qui s'affairent autour d'elles pour les soigner. Elle se souvient des Acromentules, des Sombrals et des Loups-Garous. Elle se rend compte de ses muscles qui tressautent dans le vide alors que la fatigue aurait dû les rendre aussi inutiles que sa baguette magique. C'était pour ça qu'elle s'était isolée des blessés : parce qu'elle ne parvenait plus à faire de magie. Inutile, inutile, inutile. Elle avait préféré bloquer les souvenirs plutôt que de les laisser lui envahir encore et encore l'esprit. Et puis pourquoi Rolf était-il là ? Il ne devrait pas être là. Elle ne voulait pas qu'il soit là... Il ne voulait pas qu'il la voit comme ça. Elle était stupide et inutile et vide. Elle ne veut pas être un danger pour lui aussi. Une voix qu'elle ne reconnait pas leur intime de sortir et c'est à sa plus grande surprise qu'elle parvient à se lever et obéit, s'échappe du salon sans regarder une seule fois Ginny, ou Neville, ou June, ou la blonde qu'elle sait être Amelia, ou tous les autres sorciers présents dans cette maudite pièce qui sentait de plus en plus l'hémoglobine. Elle manque d'air ici. Elle manque d'air aussi parce que ça fait des mois qu'elle n'a pas été en face de Rolf et que si elle ne veut pas étouffer, il faut qu'elle sorte vite, vite, vite.

Elle a à peine le temps d'emprunter un couloir qu'il la rattrape déjà et l'électrise en lui attrapant le bras pour lui faire faire volte-face. Il la brûle en ne laissant pas ses mains finir leur course contre ses joues et ça, c'est sans doute pire que tout le reste.

Son regard reste résolument tourné vers le sol, ignorant aussi humainement que possible la courbe de son ventre. Luna se fait alors une drôle de réflexion : si elle ne parvient pas à protéger les personnes qui lui sont chères, à sauver les animaux auxquels elle tenait et surtout, surtout, à ne pas retenir celui qu'elle avait appris à aimer plus que la vie elle-même, alors... était-elle vraiment destinée à être mère? « Luna... est-ce que ça va? t'es pas blessée? » Elle ne ressent rien, Luna, à cet instant, elle se sent juste vide. Elle n'est qu'une enveloppe vide dans lequel rien d'autre que le néant réside. Elle ne sent rien, rien du tout... Et ça l'inquiète. Ses paumes se tendent brusquement et Luna les observe curieusement avant de lui répondre. « Je ne sais pas... Oui, je crois, je... » Les sourcils se froncent en voyant qu'il n'y a pas que ses mains qui sont couvertes de sang : ses bras, ses vêtements, son ventre. Le liquide poisseux est partout et elle ne sait même pas à qui il appartient. À Ginny, à Neville, à Emily, à elle aussi. À ses bêtes qui ont pratiquement toutes perdues la vie. « Luna... » Et ce n'est qu'en entendant le timbre de voix de Rolf qu'elle s'aperçoit finalement qu'il est là, qu'il a les traits tirés, inquiets, apeurés... perdus. Elle suit la trajectoire empruntée par son regard et s'aperçoit qu'il regarde fixement son ventre. Son... Elle a vraiment besoin d'air maintenant.
Il avait prit tant de soin pour ne jamais la croiser qu'elle s'était elle-même mise à l'éviter. Parce que ça faisait mal de ne pas pouvoir l'avoir à ses côtés, ça faisait mal de ne pas pouvoir lui parler, le toucher, l'embrasser, savoir à quoi il pensait, où il était, à quoi il rêvait. Ça faisait mal de se faire un sang d'encre à toujours se demander si oui ou non il était rentré de missions ; tellement, que Neville avait commencé à lui épargner cette peine en allant toujours toujours se renseigner après un retour si personne, vous êtes certain, personne?, n'avait été blessé à sa place. C'était douloureux de respecter le choix de Scamander de ne plus vouloir d'elle dans sa vie. Ça la tuait de toujours l'entendre lui répéter qu'il ne serait jamais à elle dans sa tête.

Elle a besoin d'air parce que , c'est bel et bien la réalité. Ils ont tous failli mourir et Ginny ne se réveille toujours pas et Daisy était encore là-bas et elle a son sang sur elle et aussi celui de ses amis et elle ne sentait vraiment plus rien et Rolf était là alors qu'il ne devrait pas et qu'ils... Elle recule, s'adosse à un mur pour inspirer longuement... et lorsqu'elle expire, ce n'est rien d'autre qu'un bruit douloureux qui s'échappe de sa gorge. Elle a envie de pleurer mais elle a déjà essuyé tant de larmes pour Ginny, Neville et Emily que ses yeux la meurtrissent à chaque fois que ses paupières se ferment. Elle regarde Rolf, le détaille. Elle a envie de lui demander pardon aujourd'hui parce qu'elle a été idiote, parce qu'elle n'est rien d'autre qu'un mensonge et qu'il avait raison. Il a raison de l'éviter. Elle est comme ses précieux amis à la robe noire, Luna, mais en pire. Elle sème le chaos partout autour d'elle sans même s'en rendre compte. Elle veut s'excuser mais tout ce qu'elle croasse, c'est un misérable « Je t'aime, accompagné d'un maigre sourire parce qu'elle a frôlé la mort et qu'il le lui a dit avant de détruire tout l'espoir que ces paroles avaient eu sur elle, avant qu'elle ne puisse le lui faire savoir, elle aussi... Marie, c'est Marie qu'il a aimé ; elle, Luna, n'était rien d'autre qu'une chimère. Elle le lui dit maintenant parce que dans une minute ou deux, tout recommencera comme en juillet. Il la jaugerait, il la jugerait, il lui dirait qu'elle ne savait pas de quoi elle parlait parce qu'elle n'était rien d'autre qu'une idiote, une gamine, une menteuse, avant de tourner les talons et de partir de cet endroit qu'elle se souvenait Édouard avoir appelé Storm's End. Parce qu'il recommencerait comme avant, à tout faire pour l'éviter et l'ignorer, la rayer de sa vie, parce qu'elle n'était rien d'autre qu'une gamine étrange qu'il ne voulait pas côtoyer naturellement, question de principes, question de logique. Elle le lui dit parce qu'elle se rappelle qu'à tout moment, elle peut mourir, comme Ginny peut mourir et que c'est sans doute la dernière chance qu'elle a de le lui faire comprendre. Après seulement elle se souviendrait de la petite française blonde. La vraie. Coco l'avait aidé à être comme avant, elle lui avait rappelé comment faire pour ne rien laisser l'atteindre. Elle l'ignorerait et ça ira, comme avant. je préfère te le dire avant que ce ne soit plus réel, pas vrai ? » Le sourire s'étiole et l'angoisse la reprend, la pousse à se remettre en marche pour chercher une sortie à ce cottage qui sentait la vie et la mort, Rolf et le sang. « J'ai vraiment, vraiment, besoin d'air. », se répète-t-elle à haute voix, plus pour elle que pour lui, en s'aidant toujours du mur pour se redresser et avancer. Une intuition et elle pousse brutalement le battant de la porte qu'elle vient de frôler du bout des doigts pour s'engouffrer aveuglément à l'intérieur de la pièce, le haut-le-coeur la forçant à s'agenouiller devant la cuvette des toilettes sans aucune autre forme de procès. Elle tousse mais rien ne vient. Elle ne ressent rien, pas de bile, pas de magie, pas de coeur qui bat, pas de pensées qui la martèlent à tout va.
Luna n'a plus qu'une seule envie. Elle veut dormir pour se réveiller dans son lit à Poudlard et retrouver ce qu'elle aurait préféré être la réalité.
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Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
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rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4145
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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Il ne se rendait pas compte combien elle lui avait manqué jusqu'à la revoir, là, tout de suite, l'air hagard et un peu fatigué et franchement perdue.
Il ne se rendait pas compte à quel point il avait besoin de savoir son état jusqu'à la voir, là, survivante d'une attaque de loup-garous, les mains tremblantes, le regard planté sur le sol.
Il ne se rendait pas compte à quel point il avait besoin d'elle parce qu'il l'avait évitée pendant des semaines maintenant, des heures et des heures, des milliards de secondes lui semblait-il. Il avait besoin d'elle parce qu'il voulait des réponses à ses questions, il voulait qu'elle lui demande de lui pardonner, il voulait qu'elle fasse quelque chose, n'importe quoi pour apaiser sa rage et sa rancune et sa fureur. Il ne sait pas quoi, mais il veut qu'elle lui donne des raisons de se calmer, de la pardonner, n'importe quelle raison, même des nulles, même ça ne te manque pas mes doigts sur ta jugulaire, même c'était réel c'était réel j'étais réelle tu étais réel, même s'il te plaît.

Mais peut-être qu'il n'existe aucune raison.
C'est pour ça qu'il reste silencieux, pour ça qu'elle reste silencieuse. Il est connecté à son Bruit, ignore ceux des autres: n'existe qu'elle, dans ses yeux et dans son coeur et dans son esprit, n'existe qu'elle, avec sa tristesse inquantifiable, avec sa légère nostalgique, son inquiétude angoissante. N'existe qu'elle, avec son ventre trop rebondi duquel Rolf a du mal à détacher les yeux; quand il le fait finalement, pour les planter dans les siens, elle le regarde en retour avec quelque chose, un sentiment, ce en quoi il est expert, qu'il n'arrive pas à décrypter et à comprendre. Il ne sait pas si il la regarde de la même manière, sans doute pas. (Dans ses yeux il n'y a que l'incompréhension la plus totale, dans son coeur l'impression d'être sur un bateau dans un océan infini qui n'a de cesse de tanguer, tanguer, menaçant de se renverser à chaque nouvelle vague).
« Je t'aime. » L'océan est en feu, et il est en train de se noyer sous les vagues.

Les mots en eux-même ne veulent rien dire, pas comme ça. Rolf l'a toujours dit. C'est stupide de dire avec des mots ce qu'il comprend dans un Bruit, c'est stupide de dire à voix haute quelque chose que son grand-père ne lui a jamais accordé, c'est stupide de dire ces trois mots comme une promesse alors que les actions, le Bruit, les émotions, ça, c'est des vraies choses, qui se passent de descriptions et de mots.
Sauf que. Rolf a l'impression qu'il connait trop bien Luna. C'est bizarre, cette impression, parce que quand il était jeune et que elle elle était petite, il avait l'impression qu'elle était un point d'interrogation ambulant. Toujours extrême, jamais raisonnable, impulsive à sa manière, impossible à suivre la plupart du temps.
Pourtant en cet instant précis, il comprend parfait ce qu'elle veut dire et ce qu'elle veut entendre dire et ce qu'elle promet, quelque part, dans ces trois petits mots ridicules qui lui donnent envie de grincer des dents. Il comprend aussi pourquoi elle le dit avant même qu'elle ne l'explique: « Je préfère te le dire avant que ce ne soit plus réel, pas vrai ? » Et ce sentiment de compréhension lui soulève le coeur, et lui fait voir Luna d'une nouvelle manière.
Avant, il pensait qu'elle était des éclats de personne, des sons brefs dans son Bruit: quelque chose qui n'avait aucun sens donc qui n'avait pas lieu d'être, qui devait être réparé, comme on répare des morceaux de vases éclatés en en faisant une mosaïque. Mais il se rend compte maintenant qu'elle est comme un kaléidoscope, avec plein de petites pièces qui n'ont rien à voir et qui forment des combinaisons infinies et complexes, au hasard mais avec une logique géométrique. Un paradoxe. Mais peut-être bien que les paradoxes sont intéressants — n'était-ce pas Marie elle-même qui disait ça?

Elle bouge, il reste immobile. Il ne sait pas quoi faire avec son corps. « J'ai vraiment, vraiment, besoin d'air. » Quand elle s'engage dans le couloir où il l'a arrêtée, il la suit machinalement, comme un robot, incapable de dire quoique ce soit, digérant ses mots un à un pour essayer de sortir une phrase ayant un tant soit peu de sens. Il pourrait lui dire... non, il ne sait pas, il ne saura pas jusqu'à ce que les mots se précipitent à la frontière de ses lèvres.
Elle ouvre une porte et l'instant suivant elle est à genoux parterre, Rolf comprend avec panique qu'elle va vomir et il s'accroupit juste derrière elle machinalement, son premier réflexe étant de lever les mains pour les porter à sa nuque, dégager du passage les mèches de cheveux blonds qui pourraient la gêner. Il la touche sans la toucher, rapidement, sans faire dans le détail, les rassemblant dans son dos avec ses deux mains, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'elle vomit à vide.
Il se demande comment et pourquoi on peut éprouver de la tendresse pour quelqu'un en se trouvant nez-à-nez avec une cuvette de toilettes. Il se demande aussi comment et pourquoi on peut éprouver de la tendresse pour quelqu'un qui vous a menti, torpillé le coeur, trahi. Puis Rolf repousse ces questions pour tendre une main vers le visage de Luna, ramenant les mèches récalcitrantes de cheveux dans l'autre main qui tient toujours la crinière, ainsi que derrière son oreille, les doigts ne s'attardant qu'un instant de trop sur la pommette. Puis les doigts se recroquevillent contre la paume et la main tombe. L'autre qui tient les cheveux se pose sur le dos, réconfortante. “ Je suis désolé, ” dit-il. Il est désolé parce qu'il a peur que si il lui dit qu'il l'aime, ce soit un mensonge. Il est désolé parce qu'il a peur de ce qui se trouve dans son ventre, et qu'il sait aussi ce que c'est, qui c'est, et pourquoi elle a décidé de le garder, et il comprend, il comprend, et ça lui fait peur, et mal, et quelque chose d'autre encore qu'il ne comprend pas, ou alors qu'il ne veut pas comprendre, tout comme il ne voulait pas comprendre le mystère du Bruit de Marie de peur qu'il cache un secret trop gros et trop douloureux pour qu'elle veuille le garder dans sa vie.

Ah, l'ironie. “ Luna, je-- ” Il s'interrompt, avale, a du mal, insiste, ferme les yeux un instant. “ Est-ce que tu es enceinte? ” Et le mot fait peur, quand il est pensé, quand il est ruminé, quand il traverse son esprit à la vitesse de l'éclair tandis qu'il regardait son petit ventre arrondi; mais maintenant le mot le pétrifie, il a l'impression qu'on a remplacé son sang par de la glace dans ses veines, et il se demande même si ce n'est pas une option alternative viable pour le reste de sa, courte espère-t-il, vie.
Mais en même temps qu'il est pétrifié et gelé de l'intérieur, enfin prononcer le mot tant honni le remplit d'un certain soulagement, il a pu le dire, pu le prononcer, elle va répondre... mais est interrompue quand son corps est agité d'un soubresaut incontrôlable, suivi d'un raclement de gorge humide mais inutile: il n'y a rien à régurgiter, apparemment, ou alors elle retient tout. La main de Rolf se fait un poil plus pressante, sa voix aussi. “ T-tu veux sortir? prendre l'air? ” Il y a aussi un peu de douceur, un peu de peur dans sa voix, comme — remarque-t-il — à chaque fois qu'il lui adresse la parole ou pense à elle.
C'est insupportable. Elle l'était aussi, avant.
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFLUNA#3 — THE GOD OF LIES MUST LOVE YOU. C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10228
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
http://www.smoking-ruins.com/t4738-lovegood-a-circle-has-no-begi
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Là, tout de suite, elle se rappelle qu'elle déteste ça, finalement : le chaos. De ne rien contrôler. Elle se fiche bien de ne pas contrôler le monde qui l'entoure, Luna, elle déteste juste de ne pas réussir à se contrôler elle. Le buste se soulève dans un haut-le-cœur mais sa gorge se noue, bloque d'avance tout ce qui pourrait bien s'échapper de ses lèvres pour la soulager, d'une façon ou d'une autre. Il y a le dégoût du sang, la peur de la pleine lune, la peur de les perdre qui l'assaillent de partout. Il y a aussi la peur de... la peur de la mort, oui, qui la rattrape finalement. Ginny ne se réveille pas, elle ne se réveille pas. Et c'est ça qui la rend malade comme un chien, Luna.

Tout ce qu'elle parvient à faire, c'est s'accrocher tant bien que mal à la cuvette, en espérant qu'une simple supplique silencieuse suffirait à la libérer de ce poids qui pèse terriblement sur son estomac. Elle veut reprendre le contrôle d'elle-même. Elle aurait dû convaincre Neville de les ramener au château et non pas l'inciter à les suivre, se fustigeait-elle alors.  Contrôle-toi : elle avait développé ce trait-là dans les cachots Malfoy, par deux fois. Si elle ne pouvait pas avoir sa liberté, autant se raccrocher à ce qui lui restait à l'époque : être la seule capable de décider des réactions physiologiques que son corps pouvait bien donner. Ce n'était pas grand chose mais l'idée était suffisante pour tenir le coup, se dire que tout n'était pas fini tant qu'elle, elle ne l'aurait pas décidé. Pendant sa captivité, c'était elle qui décidait quand parler, quand penser, quand pleurer, quand manger, quand dormir et quand espérer. Elle et personne d'autre. C'était suffisant pour se convaincre qu'on pouvait tenir encore un jour, et un autre, et encore un autre jusqu'à ce qu'on vienne vous libérer. Même si la libération s'était paré d'un masque, ou deux, et d'yeux anthracites qu'elle n'aurait jamais assimilé à la grande maîtresse du Voile, avant...
Et le jeu avait continué, elle s'était convaincue qu'elle pouvait continuer comme ça, une fois sortie de son enfer rebut personnel. On ne pouvait pas dire que ce mode de conduite ait été une franche réussite, une fois Marie retirée de l'équation de la vie de Lovegood.
C'était même encore pire, ces derniers mois. Elle ne contrôlait pas grand chose, habituellement, avec ses divagations et ses réflexions douteuses pour le commun des mortels... Maintenant, elle ne parvenait même plus à réguler de simples réactions physiologiques et ça la tuait. C'est normal, lui avait dit Susan, un jour : une histoire d'hormones et d'énergies. Qu'elle expérimentait seulement la cohabitation quasi-utopique d'une femme avec son enfant à venir. C'était peut-être normal mais Lovegood détestait terriblement ça...
Pas vraiment.

Ce qu'elle déteste vraiment (ou encore plus) lorsqu'elle sent Rolf s'agenouiller près d'elle, lorsqu'il se met à prendre soin d'elle, à la fois assuré et maladroit, c'est qu'elle se déteste elle plus que tout le reste.
Il y en avait eu d'autres, des mains, qui s'étaient précipitées, comme celles de Rolf, jusqu'à sa nuque pour soulever sa chevelure loin de son visage. Pour l'épauler, tout en sachant qu'il n'y avait rien à faire de plus pour l'aider. Hermione, Neville, Ginny, Emily et Draco avaient été les seuls à être témoins de ces nausées terribles. Les seuls qui l'avaient aidé, qui étaient restés à ses côtés pour la soutenir à toute heure, de jour comme de nuit... Ses amis. De véritables amis, des personnes en lesquelles elle placerait bien plus que sa vie pour seulement prouver qu'elle tenait à eux comme à la prunelle de ses yeux. Et pourtant. Là, dans cette salle de bain inconnue, la sensation nauséeuse provoquée par autre chose que son état, Luna donnerait cher, échangerait le monde contre de la poussière, pour que ce soit Rolf qui prenne leur place dans ses souvenirs ; pour que ce soit lui qui ait été là les premières fois où elle avait senti ses tripes se tordre et s'enflammer pour un rien, où elle n'arrivait pas à dormir, où elle n'arrivait pas à manger de peur de tout rendre une fois le repas terminé. Elle donnerait tout pour l'avoir eu entre ses bras la nuit à la place de Marie, aussi... Là, dans ce cottage qu'elle ne connaissait ni de Merlin, ni de Morgane, elle ferait tout défaire les liens indestructibles du passé.
Elle n'apprend rien, Luna.
L'instant n'avait pas duré longtemps, juste quelques minutes. Mais derrière les paupières closes, elle la revoit comme si elle venait juste de se passer, en lieu et place des loups-garous qui rôdaient encore dans son esprit. Elle revoit le Lac Noir, elle revoir Rolf se décomposer devant elle et... juste éclater. La colère, partout, infime, en masse ; silencieuse et pourtant si puissante. Elle l'avait vue à force de revivre le moment, cette colère. Elle l'avait vue parce qu'elle avait à décortiquer Rolf lorsqu'ils avaient été ensemble... Colère, rage, haine. Il avait juste explosé en silence et elle avait préféré respecter ce silence... parce qu'on ne lui avait jamais voué autant d'animosité par le passé. Et, glacial, mortel, Rolf lui avait juste dit qu'elle ne savait pas de quoi elle parlait. Déjà, encore, toujours. Cara l'avait déjà mise en garde : on ne pouvait pas changer le passé. Et elle l'avait perdu.
Elle n'apprendrait jamais rien parce que Luna n'a plus rien de tangible sur lequel se raccrocher depuis ce jour-là : elle n'a plus Marie pour l'aider à tout canaliser. Elle n'a plus de Rolf pour l'aider à comprendre le monde. Elle risque aussi de ne plus avoir de Neville ni de Ginny pour la porter lorsqu'elle chuterait, désormais... Et c'est ça qui l'abrutit le plus, sans doute. Non, non. Elle ne doit pas y penser, y repenser. Sinon elle se rendra vraiment compte qu'elle a encore beaucoup de choses à perdre... et elle ne peut plus rien perdre, elle ne peut pas encore perdre une chose qui lui est chère. Sinon, elle perdra définitivement l'esprit...  

Elle ne pense généralement pas ce qui lui arrive parce que tout s'infiltre en elle instinctivement, sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Luna assimile avant de comprendre. Mais la main de Scamander qui se pose sur son dos, ça, elle ne l'avait pas prévue. Est-ce que c'était naturel qu'il s'inquiète pour elle ? Est-ce que c'était normal qu'il soit là ? Non, c'était naturel de... « Je suis désolé. –  Non, non. Je comprends... », elle ne comprend pas et ça lui arrache une grimace de seulement dire le contraire. Marie dit ça, en un sens. Marie parvenait toujours à comprendre plus ou moins les autres pour la sortir d'affaire. Et elle grimace parce qu'elle ment. Elle a mal, tendue comme ça alors que tous ses muscles hurlent de douleur, et que son esprit est bloqué quelque part entre le présent et de la faïence et le passé et des hurlements emprunts de bestialité. Elle a mal parce qu'elle comprend l'excuse, avec un temps de retard, parce que la logique de Marie s'est invitée sans crier gare, malgré tout. Ses genoux cèdent et Luna s'assied maladroitement sur le sol, le front appuyé contre ses avants-bras toujours accrochés aux toilettes. Du coin de l’œil, elle regarde Scamander et sa mine déconfite, l'incompréhension s'inscrire partout sur ses traits et la peur en filigrané sur son visage fatigué. La peur. Elle a l'impression de découvrir aujourd'hui la raison pour laquelle il préférait ne pas vivre sa vie, autrefois. « Luna, je--  » Ses sourcils se froncent, ses lèvres se pincent. Elle...  « Est-ce que tu es enceinte? » La surprise lui étire un peu les traits, comme si elle découvrait la nouvelle en même temps que lui. Elle ne sait pas quoi lui répondre. Oui, oui, elle l'est, sans aucun doute mais en même temps, elle ne l'est pas. Molly Weasley avait été enceinte, sa mère aussi avait été enceinte... Mais elle, elle ne l'était pas. Pas entièrement. Pas comme elle l'aurait voulu en tout cas. Elle protégeait cette vie qui grandissait en elle mais elle ne parvenait pas à l'accepter complètement parce qu'elle ne la comprenait pas. Pas lorsque Rolf ignorait tout d'elle, pas sans que Rolf le sache tout ce qu'elle aurait voulu lui avouer plus tôt. Sans qu'il soit là pour être sa passerelle. Pas comme ça. Pas sans lui. Elle n'a même pas la tête à penser à ça. Les pensées s'entremêlent et son cœur la martèle tant entre les tempes qu'elle ne sait pas si ça vient de lui ou d'elle ou de ce qu'il y a en elle. Elle entrouvre les lèvres pour lui répondre mais un haut-le-cœur la soulève encore et la force à se pencher pour vomir... en vain. « T-tu veux sortir? prendre l'air? » Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Elle ne sent rien. Elle veut juste que ça s'arrête. Au moins, pour ça, elle comprend qu'elle doit s'excuser, Luna. Elle aimerait revenir en arrière pour l'arrêter dans sa fuite et lui dire qu'il y avait de la vie en elle et qu'elle était désolée ; pour le confronter entre toutes ses missions et le lui dire en même temps qu'elle lui demanderait pardon ; pour accepter tous les bouleversements qui rythmaient sa vie depuis qu'elle avait soutenu Draco dans les premiers jours de sa fuite plutôt que de faire face à la réalité, à ce qu'elle était vraiment. Elle retombe sur le carrelage et s'éloigne des toilettes en glissant sur son séant, s'adosse contre la baignoire non loin de là avant de porter ses paumes contre ses lèvres.

Il est en face d'elle, agenouillé, le regard aussi doux et apeuré que le timbre de sa voix, et Luna ne sait pas quoi faire. Elle s'en veut. Elle s'en veut pour tout un tas de choses. Et c'est la première fois qu'elle qu'elle laisse l'émotion de sa grossesse déborder complètement, la faire pleurer sans son accord. Parce qu'elle est déjà atteinte par la nuit de pleine lune. Elle ne contrôle vraiment plus rien. Son regard s'embrume lorsqu'il s'accroche à l'azur de Rolf et elle déteste ça. Elle pleure parce que toute l'adrénaline de la nuit passée s'est envolée entièrement, parce qu'elle est la seule à s'en être le mieux tirée, parce qu'elle n'a pas su protéger ses amis, qu'elle ne sent plus la magie couler dans ses veines... parce qu'elle ne sent plus le cœur de son bébé et ça, ça, c'est le pire. Ça lui fait terriblement mal juste parce que Rolf la regarde : il sait maintenant, alors, elle accepte. Luna est vraiment enceinte mais un goût amer lui envahit complètement le palais. Elle ne sait pas si survivre à cette nuit voulait dire que son bébé était la contrepartie nécessaire, le prix à payer, pour un tel miracle. « Tu es parti si vite la dernière fois, commence-t-elle, la voix à moitié étouffée par ses mains qu'elle abaisse avant de les porter contre son bas-ventre. Je suis désolée... » de ne pas te l'avoir dit. Pardon, pardon, pardon. Son regard se détourne et elle efface tant bien que mal les nouveaux sillons qui lui parcourent les joues. Elle est étonnée de pouvoir encore pleurer et encore plus de sentir le fer venir lui titiller les narines. Elle regarde ses paumes, encore ; voit le sang, encore. Elle devrait se débarrasser de tout ce sang. Luna tend la paume vers Rolf pour se relever, le regard hagard, et tout ce qu'elle parvient à faire lorsqu'il la lui attrape - du bout des doigts, comme si son contact allait le brûler - c'est de l'attirer à elle pour aller la placer contre son ventre, le regard suppliant. Elle a envie de lui demander la raison de sa venue, ici, maintenant, mais tout ce qu'elle parvient à souffler, c'est la douleur et la panique qui viennent tout juste de se réveiller : « Tu es empathe, pas vrai? C'est ce que tu me disais dans les lettres ? Je... S'il-te-plait, Rolf, dis-moi qu'elle est en vie... Je te jure de répondre à tout ce que tu voudras après, j'accepterais tout ce que tu me diras, je ferais tout ce que tu voudras. Je m'effacerais complètement si c'est ce que tu veux mais s'il-te-plait, dis-moi qu'elle est en vie... » Est-ce que tu la sens, Rolf ? Parce qu'elle, elle n'y arrive pas, et ça la tue. Elle vient juste de se rendre compte que ce bébé est la seule chose qui lui reste de Scamander. C'est la seule chose qui compte quand tout le reste fout le camp tout autour d'elle, aujourd'hui, dans ce cottage, et que c'est ce qui lui reste de plus précieux au monde.
La chose la plus précieuse au monde pour Luna, c'est Rolf. Mais il ne sera jamais à elle. La culpabilité la transperce et elle comprend vraiment pourquoi il ne vivait pas sa vie, avant. Parce que ça faisait mal de s'ouvrir aux autres.Implicitement, elle le savait : c'était pour ça qu'elle s'était toujours terrée dans l'imaginaire comme lui s'était caché derrière un masque d'impassibilité glacial et austère. Sans pitié. Elle comprend. Et elle préfère abandonner l'idée de le voir lui sourire de nouveau si ça veut dire que leur bébé est en vie sous sa peau. Elle panique silencieusement, Luna. C'est la seule chose qu'elle parvient à maîtriser, maintenant.

Et elle est désolée de ne pas avoir compris tout ça plus tôt.
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Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ liens utiles :
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4145
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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Elle retombe en arrière et Rolf retombe lui dans une habitude qu'il a pris avec Marie, de bouger en même temps qu'elle, naturellement, comme si ils étaient sur la même longueur d'onde, quelle blague. Il ne s'est jamais aussi pu identifier à quelqu'un qu'à Luna. Et pourtant il le fait quand même, lui laisse de la place pour s'éloigner de la cuvette, l'observe s'adosser à la baignoire alors que lui se laisse glisser contre le mur jusqu'à s'asseoir sur le carrelage froid. Heureusement, un espace suffisant les éloigne l'un de l'autre. Il ne saurait pas faire d'une proximité ou d'une autre, pas avec elle, pas maintenant... plus jamais.
Puis tout d'un coup quelque chose, dans son Bruit, le frappe (comme c'est étrange de l'Entendre enfin...! Quand c'était Luna-Luna, il n'y comprenait rien: elle était un mélange de choses étrangères et effrayantes, de choses trop intenses et trop fausses; quand c'était Marie, il n'y Entendait rien: pas le moindre bruit, Bruit, bruit, pas le moindre mensonge, pas la moindre vérité; mais face à cette Luna-Marie... c'est clair comme de l'eau de roche, comme si il venait simplement de comprendre qui elle était au fond, Luna ou Marie, Marie ou Luna). Quelque chose de triste, et il comprend et sait tout de suite ce qui va suivre.
Elle pleure.
Il n'aurait jamais pu imaginer Luna pleurer, avant. Il y avait quelque chose à son visage distant, appartenant à un autre monde. Elle avait cette beauté des statues antiques, figées à jamais dans des expressions de beauté froide, indifférente. Quelque chose de complètement éthéré et irréel.
Elle pleure.
Il sent de la tristesse pure, beaucoup de détresse, un peu de frustration mais pas... pas de colère et soudainement, Rolf comprend que Luna ne lui en veut pas. Peut-être qu'elle comprend, à sa manière, pourquoi il est (a été) furieux et pourquoi il réagit ainsi, pourquoi il n'arrive pas à essayer de comprendre, pourquoi la colère a laissé place à la détresse dans son coeur.

Elle s'est cachée le visage comme pour le soustraire à sa vue et Rolf a posé ses mains sur ses genoux, machinalement, ses doigts se refermant sans douceur autour de l'articulation avant de la serrer, la serrer au point de faire trembler ses bras, blanchir ses phalanges, engourdir ses jambes. Il ne sait pas pourquoi il serre comme ça, pourquoi il se tient lui-même comme ça. Sans doute pour ne pas exploser en mille morceaux. « Tu es parti si vite la dernière fois. Je suis désolée... »
Elle détache ses mains de son visage. C'est étrange, parce qu'elle y laisse des marques carmines absolument terrifiantes. Ça lui donne un beauté guerrière, sauvage, mais Rolf n'arrive pas à déterminer si il est impressionné ou juste effrayé par ce côté-là d'elle qu'il ne connait que trop mal, l'Insurgée fière et farouche, celle qui vient de survivre à une attaque de loup-garous, celle qui a fait tout... tout ça, tout ce qu'il fait depuis un peu plus d'un mois maintenant, depuis des années. La Luna qui a grandi, qui est forte, qui a changé, manifestement. Il a juste envie de retourner plus de dix ans en arrière, il a juste envie de retourner dans sa chambre à elle, de la voir peindre sur son plafond en s'exprimant en énigmes et en charades. Il veut juste la voir rire et la voir danser sur la musique du lecteur de cassettes, il veut juste qu'elle soit heureuse et qu'elle retrouve qu'il a pu lui offrir pendant une semaine... même si elle était Marie.
Pourquoi cette pensée revient toujours le hanter comme un fantôme?

Ses mains s'abaissent de son visage, y laissent des traces ensanglantées parmi les autres saletés — boue, transpiration, sang, marques de guerrière —, et se posent sur le bas-ventre, le ventre arrondi, la... la marque de sa grossesse. Rolf se sent nauséeux. Lui aussi aurait bien besoin d'air... quand elle lève la main, il lève la sienne, pour l'aider à se relever, quitte à la porte jusqu'à dehors, même si il ne supportera par les regards des autres et leurs Bruits et le reste. Il a envie de rester dans cette salle de bains, bizarrement. Parce qu'elle le confronte à ses sentiments paradoxaux mais, aussi, il arrive à garder son calme, à réfléchir, à profiter de sa présence sans se haïr de la supporter. Et ça le tourmente, le fait qu'il lui ait pardonnée, mais que sa fierté mal avalée lui empêche de le lui dire.
Il prend sa main et elle la lui attrape et la pose sur son ventre, et Rolf ne sait pas quoi faire, entre mettre ses deux mains sur son ventre et s'enfuir en courant et hurler et se mettre à pleurer pour la première fois depuis des mois. « Tu es empathe, pas vrai? C'est ce que tu me disais dans les lettres ? Je... S'il-te-plait, Rolf, dis-moi qu'elle est en vie... Je te jure de répondre à tout ce que tu voudras après, j'accepterais tout ce que tu me diras, je ferais tout ce que tu voudras. Je m'effacerais complètement si c'est ce que tu veux mais s'il-te-plait, dis-moi qu'elle est en vie... »

Il n'a jamais dit ça à Luna, mais à Marie... mais elles sont la même personne, Rolf, garde ça en tête. Et puis bizarrement... ça ne le dérange pas tant que ça que Luna soit au courant de son secret, de ses secrets... peut-être qu'il a véritablement fait la paix avec son mensonge.
Elle n'a pas lâché son poignet. “ Luna, je-- ” Mais comme à chaque fois qu'il essaie cette foutue phrase, il s'interrompt.

Il... il... comment expliquer ça? Il sent quelque chose.
Ce n'est pas du Bruit, pas vraiment, enfin... peut-être, mais... non... c'est... c'est différent de tout ce qu'il a jamais Entendu.
Ce n'est pas un Bruit, tout à fait, et ce n'est pas quelqu'un, pas tout à fait. Mais presque... bientôt. Ce n'est pas un Bruit parce que ce n'est pas des émotions et des sentiments qui ont du sens, ou une force, ou même un mot pour les décrire. It just is.

Sa main s'est adoucie contre le ventre, la paume a lentement épousé la forme de l'arrondi, non pas retenue par la poigne de Luna autour du poignet, mais désireuse de comprendre, de mieux Entendre: si bien que l'autre main aussi s'est levée et s'est posée, de l'autre côté. Les yeux sont fermés, toute la concentration est projetée vers elle, vers ce ventre, vers... vers eux. “ Elle- it's- elle va bien. ” Parce qu'après tout, elle est Luna et elle doit bien comprendre et savoir ces choses-là... et ça lui semble un peu dur de considérer ce... ce bébé comme un ça alors qu'il est si... si Bruyant, si parfait, si beau, Rolf le sait déjà, c'est stupide mais c'est comme ça. Une émotion étrange l'envahit, et son nez lui pique, et ses yeux le démangent, mais il les garde résolument fermés et la seule chose qui trahit extérieurement son trouble, c'est ses lèvres blanches à force d'être pincées et mordues. “ C'est très... ” instinctif. Primaire. Manichéen. Étrange. Très étrange. Il retire brusquement ses mains, sentant lentement les émotions déteindre sur lui, trop puissantes, les posant sur le carrelage pour se maintenir en équilibre. Il s'est avancé un peu dans sa direction, ils sont quasiment nez-à-nez, mais il ne bouge pas avant de longues secondes, se laissant de nouveau tomber en arrière pour l'observer.
Il regarde ses mains et puis il prend celles de Luna pour les regarder. Elles sont pleines de sang, de boue, elle a même une toute petite cicatrice dans le gras du pouce, qui suit la ligne de sa paume. Il y a tellement de sang... “ J'aimerais savoir quoi te dire, finit-il par lâcher après que son pouce ait lentement suivi la petite cicatrice, relâchant les mains pour les laisser tomber. Mais les mots ne semblent jamais... suffisants. Ils sont plus simples à écrire, je crois... Est-ce que tu as eu mes lettres? Toutes? Il lit l'assentiment dans ses yeux. J'ai imaginé des milliers de fois comment on allait se retrouver... mais je ne m'attendais pas à ça. Tu as toujours le don de me prendre de court, ” rajoute-t-il avec un petit rire un peu triste.

Elle le prenait de court quand elle prenait des poses idiotes alors qu'il essayait de prendre des photos, en Chine. Elle le prenait de court quand elle lâchait, avec superbe et distance, des phrases bien senties qui le faisaient se remettre en question pendant des semaines. Elle le prenait de court quand elle lui claquait la porte au nez. Elle le prenait de court quand elle revenait d'entre les morts pour le hanter. “ J'aimerais savoir quoi te dire mais ce n'est pas le cas, murmure-t-il. Tu seras une mère formidable.
Et moi un père qui n'a pas sa place dans ta vie. “ Je n'arrête pas de penser à cette rivière, ” murmure-t-il en détournant les yeux, soudain embarrassé mais se sentant enfin, pour la première fois, honnête avec elle depuis qu'elle l'a été avec lui.
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Luna Lovegood
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‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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« Luna, je-- » Quoi ? Il ne veut pas ? Il ne sent rien ? Il refuse de l'aider parce qu'elle lui a menti et l'a fait souffrir et c'est comme ça qu'il veut lui exprimer sa rancœur ? Quoi, Rolf, quoi?
Please : tout en elle hurle la supplication. Dans sa main qui se ressert autour de son poignet, dans ses yeux, sur son visage souillé par la terre, la sueur, le sang et les larmes. L'index se presse plus fort contre les veines de Scamander et y déniche son pouls mais la blonde ne parvient pas à trouver du réconfort à sentir Scamander en vie contre sa peau. Luna a besoin que Rolf la sente parce qu'elle, elle n'y arrive pas, et c'est en train de la rendre folle et dingue et tous les autres qualificatifs qu'on avait bien pu lui attribuer par le passé en la pensant déconnectée du monde. Elle ne supporterait de perdre ça, pas après que Rolf l'ait découvert et que Luna l'accepte enfin pour ce que c'est vraiment. C'est son bébé. C'est effrayant, c'est inimaginable (même pour elle) mais elle comprend finalement l'amour que lui ont donné Xenophilius et Pandora, elle comprend les réactions des mères, et les yeux brillants des pères. Elle comprend les mots prononcés par Bill, le jour où il lui avait présenté Espérance à Shell Cottage. Elle comprend enfin.
Luna avait déjà supporté beaucoup de choses : les batailles perdues, les amis disparus, les âmes-sœurs à deux doigts de s'envoler loin d'elle, la liberté totalement annihilée, le ressentiment et la haine et le rejet de Rolf et tant de choses encore... mais ça, ce qu'elle comprend et accepte et aime instinctivement plus que sa vie, ce n'était pas une chose qu'elle pourrait surmonter. S'il-te-plaît mais elle n'a pas le temps de prononcer quoique ce soit parce que finalement, il accepte, il cède. Ses doigts ne se desserrent que lorsqu'elle sent la main de Scamander se détendre contre l'arrondi de son ventre et en épouser la courbe volontairement, et non plus parce qu'elle l'y oblige. Luna ne forçait rien ni personne, d'habitude, mais la panique qui coule et brûle et détruit tout à l'intérieur de ses veines lui fait oublier tout le reste. Le désir impérieux qui l'anime ne lui ressemble pas le moins du monde et elle s'en contrefiche complètement. Elle s'en fiche qu'il la prenne pour une folle, qu'il la haïsse, qu'il ne veuille pas rester ici, avec elle, respirer le même air qu'elle ; il n'y a que lui pour savoir, il n'y que lui pour comprendre ça, il n'y a que lui qui puisse lui dire que... « Elle- it's- elle va bien. » Elle est en vie. Elle va bien. Elle n'est pas morte. C'est juste elle qui ne parvient pas à la ressentir. Juste elle qui est détraquée par l'attaque, par la fatigue, par tout un tas de choses qu'elle ne parvient même pas à catégoriser tant elle est perdue. « Merci, » lâche-t-elle simplement, de sa voix râpeuse et éraillée mais tellement soulagée. Luna ne comprend pas comment on peut être soulagé par la survie d'une âme qui n'est même pas née mais c'est ce qu'elle ressent, c'est ce qui la calme et chasse cette peur viscérale. « merci. » répète-t-elle en portant ses mains par-dessus celles de Rolf, toutes les deux contre son ventre et pour la première fois depuis des mois, elle est heureuse de sentir ses battements cardiaques contre ses paumes. Thump-thump. Thump-thump. Elle les sent battre avec une telle intensité qu'elle se demande si ceux du bébé ne s'y sont pas ajoutées, pour former cette douce et parfaite symphonie sensorielle qui la recouvre entièrement. Luna le regarde: ses paupières sont closes, ses traits marqués et ses lèvres pincées. Il la ressent, elle en est certaine. Elle aimerait tellement pouvoir sentir leur bébé comme Rolf le fait. « C'est très... » Soudain, malgré la situation dans laquelle ils se trouvaient, du mal qu'elle lui avait infligé et des mots glaçants qu'il lui avait prononcé, Luna ne put s'empêcher de penser cet instant pour ce qu'il était, le présent, et ce qu'il dessinait en elle : de l'amour, pur, simple, véritable ; du bonheur, à portée de mains, malgré le chaos environnant ; une famille qu'elle pourrait construire ; Rolf, qu'elle ne pouvait pas, ne voulait pas, laisser partir sans lui expliquer, le raisonner, sans se battre contre lui pour lui ; Rolf, qu'elle aimait, sans comprendre et en sachant pourquoi simultanément, comme si les explications et les raisons et le savoir n'avaient pas besoin d'être couchés dans un grimoire pour seulement exister ; Rolf, qu'elle aimait, comme ce qui prenait forme et grandissait en elle, instinctivement, malgré tout.  
Il détache brusquement ses mains de son ventre, comme électrisé, mais Luna ne fait rien pour le retenir. Ses mains retombent par-dessus ses jambes et le temps s'arrête. Il est si proche d'elle et pourtant si loin. Ses yeux ne le lâchent pas, Luna le détaille et elle se demande quand est-ce que ses traits sont devenus si durs, pourquoi ils paraissent si fermés, et brisés, et indestructibles, et perdus. Ils sont tellement silencieux et pourtant, Luna a l'impression de les voir hurler.
Est-ce qu'elle l'avait déjà vu comme ça par le passé ? Est-ce que ce sont ses mois de fuite qui ont fait ça ou les Phénix ?
Est-ce que c'est de sa faute à elle ?

Elle ne prend véritablement conscience du manque que l'absence de Scamander avait provoqué au fil du temps que lorsque son souffle s'éloigne et qu'il la regarde, s'empare délicatement de ses mains pour les parcourir de ses doigts et de son regard. Luna ne le quitte pas des yeux, pas une seule fois. Elle devine l'horreur lorsqu'il retrace du bout des phalanges tous les sillons carmins lui striant les paumes. Elle devine la tendresse qu'il a pu ressentir (ressent toujours) pour elle grâce à la délicatesse dont il use pour les manipuler. La peau égratignée qu'il parcourt la lance mais elle ne sait pas si c'est à cause des chairs meurtries ou à cause des souvenirs que cela provoque qu'elle a mal. « J'aimerais savoir quoi te dire, » Luna perçoit la douleur de Rolf, aussi, lorsqu'il les abandonne, ne laissant rien d'autre que le fantôme de caresses passées continuer de la parcourir. « Mais les mots ne semblent jamais... suffisants. Ils sont plus simples à écrire, je crois... » Elle sent son cœur se tordre dans sa poitrine, comme le jour où Coco l'avait retrouvée dans le cabanon abandonné. Cette fois, ce n'est pas pour elle qu'il bat douloureusement : c'est pour lui. Elle l'avait évité pendant des semaines pour lui ne pas lui infliger plus longtemps cette peine, lui laisser le temps et l'espace nécessaires pour panser des plaies qu'elle lui avait infligé sans le vouloir... Là, devant lui, son visage émacié, son regard voilé, sa présence teintée par une chose qu'elle ne saurait décrire, seulement là elle prend conscience de ce qu'elle lui avait fait... Et ça faisait mal de savoir qu'on est capable de faire souffrir l'être aimé aussi facilement que ça.
La réponse tombe comme un couperet. C'est de sa faute à elle si il est comme ça, désormais. Elle est désolée... et elle ne sait même pas quoi dire, ni par où commencer, pour réparer tout ce qu'elle avait brisé. Elle est tellement, tellement, désolée.

« Est-ce que tu as eu mes lettres? Toutes? J'ai imaginé des milliers de fois comment on allait se retrouver... mais je ne m'attendais pas à ça. Tu as toujours le don de me prendre de court, » Elle non plus, elle ne sait pas trop quoi lui dire. Elle est désolée que Luna soit un tel désastre pour lui. Elle, elle n'a pas imaginé cette scène, ou trop peut-être. Elle voulait juste le revoir à l'époque et être certaine qu'il aille bien, qu'il ne manque de rien. Elle lui avait tout retiré en un claquement de doigts. Le rire de Scamander sonne faux et creux, il est tout aussi glaçant que des ongles crissant contre un tableau noir. Elle ne parvient même pas à esquisser le moindre sourire pour juste donner le change.  « J'aimerais savoir quoi te dire mais ce n'est pas le cas... » Un silence et : « Tu seras une mère formidable. », elle a du mal à déglutir. Même ça, ce n'est pas suffisant pour apaiser le tumulte ressenti par Luna. Elle ne peut pas s'imaginer être mère sans lui, elle ne veut pas s'imaginer mère dans tous les sens du terme sans affronter Scamander et se battre pour lui. Elle ne sait pas quoi dire non plus. Elle a peur. Et si elle n'était pas désolée d'avoir vécu sous un masque pendant une éternité, elle est désolée des conséquences désastreuses que cela avait eu sur lui. Pas sur les autres, juste lui. « Je n'arrête pas de penser à cette rivière. » Il tourne la tête et elle perd son regard, le bleu adoré de Rolf s'échappe et s'enfuit. Mais contrairement à avant, elle l'accepte. Elle a accepté d'avoir perdu ce droit-là sur lui, depuis quelques temps: s'il voulait s'échapper pour souffler, elle ne pouvait pas juste l'arrêter et l'apaiser à grands coups d'à quoi tu penses?' Lentement, elle se rapproche de lui. Et brusquement, elle referme tant bien que mal ses bras autour de ses épaules. Elle le sent se crisper, tout entier, dans son étreinte et avoir un mouvement de recul, primitif. Instinct de survie, ou haine, ou dégoût, ou la simple indifférence avec laquelle il l'avait toujours considéré avant. Mais elle s'en fiche, elle tient bon. Elle n'a que quelques secondes. Son visage se niche dans le creux de son cou et tout aussi bas, elle lui murmure : « Je suis désolée de t'avoir enlevé Marie. » Parce que c'est à Marie qu'il parlait, écrivait, se confiait (c'était elle), c'est elle qu'il faisait danser, chanter et faire des choses idiotes (c'était elle), c'est elle qu'il embrassait, étreignait et aimait sous cette tente (c'était elle) et pas à Luna et ça, elle l'accepte... Et si Lovegood espérait, voyait, entendait la paix dans la voix de Rolf, elle n'était absolument pas décidée à le laisser en paix. Pas comme elle l'avait fait ces dernières semaines, ces derniers mois. Plus jamais. Elle l'aimait: elle ne pouvait pas le laisser brisé, le laisser croire qu'il pouvait sortir de sa vie à elle aussi facilement. Il avait peut-être aimé un mensonge mais elle, elle avait aimé la réalité. Il pouvait l'ignorer, si c'était ce qu'il désirait, mais elle, elle ne pouvait plus laisser la réalité s'échapper comme ça. Elle ferait toujours tout pour s'assurer de ça. Pour qu'il se sente en sécurité, voulu... aimé. Toujours. Luna avait déjà commencé et elle y mettrait plus d'ardeur, de force et de passion pour parvenir à rattraper ce monde dans lequel elle s'était enfin sentie à sa place. Ses doigts trouvent la jugulaire du sorcier, pressent le point vital que Marie qu'elle touchait toujours pour se réconforter. « Mais je ne laisserais pas les courants t'emporter, Rolf. » Elle le lâche. Elle ferait toujours tout pour Rolf Scamander.

Elle le retrouve dehors. Luna ne dit rien et s'approche, s'installe à côté de lui sur le banc en bois qui fait face à la nature. Au loin, elle entend de l'eau accompagner le bruissements des arbres: elle se demande bien comment le hasard réussissait toujours à les réunir dans des lieux si différents et pourtant, sensiblement les mêmes. Un cottage avec des petites cuisines et des paysages fendus par l'eau. Il regarde droit devant lui et elle, elle le regarde lui. Quelques secondes passent sans qu'elle n'ose prononcer quoique ce soit. Ils ont déplacés Ginny du salon, Neville aussi. Aux bruits hantant la maison, elle se doute qu'ils sont tous à l'étage. Elle n'a pas osé fixer trop longtemps la couleur carmine qui était fichée partout sur le canapé et le sol, les premières fioles de soins laissées vides sur la table basse et les lambeaux de vêtements retirés à la va-vite. Elle s'était contentée d'attraper sa besace, abandonnée sur le rebord de fenêtre, avant de ressortir. Elle ne savait pas si il était resté. Elle avait juste espéré qu'il ne soit pas parti. Ça l'apaise de voir Rolf toujours ici. Elle est dans un cottage qu'elle ne connait pas, Luna, elle commence à voguer dans un brouillard qui ressemble à de la purée de pois mais tout ce qu'elle voit, ce qui l'attire, c'est la silhouette de Scamander. Comme un phare donnerait de l'espoir à un bateau en pleine tempête. Le danger d'un naufrage à beau toujours menacer, Luna s'accroche à la lumière, à l'espoir, diffusée par la simple présence de Rolf. De son sac, elle tire un long marque-page et le montre au sorcier. Sur le parchemin et sous les sortilèges, une longue plume émeraude étincelle d'une centaine de variantes à la lumière du jour. « Je crois qu'Édouard Douglas est une sorte de Sombral », commence-t-elle, en observant la plume et les égratignures contrastant avec la pâleur naturelle de sa peau. Elle a beau s'être débarrassée du sang, porter des vêtements propres, empruntés dans la première commode qu'elle ait pu trouvé, avoir l'air humaine et un peu plus elle, Luna percevait seulement les tremblements qui secouaient ses mains, les marques qu'elle avait récolté et le vide qui la plombait toute entière. « Partout où il va, la Mort le poursuit. Ou... Je ne sais pas si c'est de ma faute à moi... Je, » Erlkönig lui manque. Il lui manque terriblement, là, maintenant, tout de suite. Elle dépose le marque-page plume entre eux deux et la besace sur genoux. L'ongle retrace les différentes marques parsemant le cuir, s'attarde sur celle qui a une drôle de forme de poire, sur le flanc. Elle se souvient que c'est Rolf qui l'avait faite celle-ci, le jour où ils avaient campé dans le jardin de Cara. Un maigre sourire lui étire les lèvres avant qu'elle ne lui dise. « Désolée pour l'inquiétude inutile... » Si elle avait été un peu plus sûre d'elle, elle lui aurait certainement resservi ses propres paroles, ses propres provocations: 'Tu t'en fais pour moi?' lui lâchait-il souvent pour la faire culpabiliser ou juste l'entendre parler. Mais elle n'est pas sûre ni certaine de rien... Elle n'arrive pas à se défaire de cette appréhension qui la ronge maintenant qu'il est près d'elle et qu'elle... Elle n'a plus rien pour se cacher. L'incertitude est une expérience qu'elle accepte sereinement d'habitude mais, avec Rolf, et Ginny et Neville et Emily dans un état qu'elle ne connait pas, c'est juste terrible.
Elle se sent terrible, Luna. Et cette sensation lui serait intolérable si Rolf n'était pas là.

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Rolf Scamander
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‹ disponibilité : always.
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‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ liens utiles :
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4145
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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« Je suis désolée de t'avoir enlevé Marie. »
Elle l'a serré contre elle et Rolf n'a pas su quoi faire. Il est resté immobile, a jugulé un dur tremblement instinctif — pas contre elle mais contre le monde: il déteste(ait) toucher les autres, sentir leur Bruit trop proche, tellement proche, surtout quand il ne s'y attendait pas, (mais jamais avec elle, avec Marie, non, jamais) — puis s'est détendu malgré lui, une main se levant même pour se poser dans son dos mais sans jamais arriver à destination, par timidité peut-être. Elle a enfoncé son nez dans son cou et lui avait déjà le nez dans ses cheveux, pas aussi blancs qu'avant et pas aussi blonds que ceux de Marie. Il avait déjà le nez dans ses cheveux et l'envie, le besoin, de la serrer contre lui, pour s'excuser d'être incapable de lui offrir plus, pour s'excuser d'avoir ravalé sa colère de travers et maintenant elle est dans sa gorge et il a envie de se la griffer, se l'arracher jusqu'à ce que ce sentiment néfaste disparaisse.
Mais il est resté silencieux, et elle a parlé, et il ne sait plus quoi faire parce que oui, elle lui a enlevé Marie, elle lui a enlevé la seule personne qu'il ait aimé, vraiment aimé, et il ne sait pas quoi faire du fait que c'était elle, c'était Luna, supposée morte, qui riait à ses blagues, répondait à ses défis, l'écoutait parler, dansait, embrassait ses lèvres, frottait son nez contre son cou, enfonçait ses ongles dans son dos, gémissait son nom dans un bruit étouffé, chantait sans garder le rythme sur les cassettes, se moquait gentiment de lui et lui parlait à mi-voix des choses qu'elle aimait.
C'était Luna, et ça le tue, parce que Luna était morte à l'époque, et que Marie existait et maintenant Marie n'a jamais été en vie, et Luna a survécu.
Il se demande si elle comprend, ou si c'est juste lui qui fait n'importe quoi, si c'est juste ses émotions qui se sont tellement entremêlées à cause de la colère qu'il n'y a plus rien à faire. Peut-être que son empathie a brisé quelque chose en lui. Peut-être qu'il peut pas ressentir les choses correctement. C'est pour ça qu'il est tombé amoureux en une semaine d'un mensonge et c'est pour ça qu'il ne peut pas saisir l'opportunité d'aimer encore cette personne maintenant qu'elle est contre lui, son nez dans son cou. « Mais je ne laisserais pas les courants t'emporter, Rolf. » Et et ça sonne comme une promesse, ou une prédiction, il ne sait pas trop. Elle se détache et il la regarde, le temps qu'elle reprenne place contre la baignoire. Je n'ai pas peur des courants. Ma mère me disait souvent qu'ils ramenaient tout ce qu'ils emportaient sur la terre ferme, un jour ou l'autre.
Je sais, ” dit-il finalement, parce qu'elle dit la vérité et ça lui fait peur autant que ça le rassure.


Le cottage est insupportable. Il y a tellement de douleur et de tristesse et de colère que Rolf ne peut pas rester: il est même tenté de partir, d'essayer de transplaner à proximité de Poudlard en attendant un elfe ou en empruntant l'un des passages secrets favorisés par les RDP. Mais... il est resté, quand bien même il sent les Bruits de tous ces fous enfermés dans la maison appuyer sur son Bruit à lui, quand bien même il est fatigué et veut s'enfuir en courant, quand bien même Luna se trouve quelque part ici... Il a sorti son paquet de cigarettes, vient d'en fumer trois d'affilée, et est sur la fin de la quatrième quand il sent le Bruit de Luna avant même de la voir. Il écrase machinalement la cigarette contre l'accoudoir du banc et et met le mégot dans son paquet à défaut de trouver un cendrier; il souffle la fumée néfaste dans la direction opposée de Luna.
Elle s'est assise à côté de lui et il sent son regard sur son profil et il ne bouge pas, rétracte simplement le bras étalé sur le dossier du banc pour que ses doigts n'effleurent pas son dos. Quand elle bouge, il glisse enfin un regard oblique dans sa direction. Elle sort de sa besace... un marque-page et aussitôt, en reconnaissant la plume émeraude qui pare le parchemin, Rolf sent son coeur se serrer et se coincer dans sa gorge. « Je crois qu'Édouard Douglas est une sorte de Sombral. » Édouard...? Ah oui, l'ami d'Amelia. Celui dont le Bruit est en train de sérieusement taper sur les nerfs de Rolf. Il se demande comment quelqu'un peut se sentir aussi énervé et ne rien y faire. Il ne l'a rencontré qu'une seule fois et le loup-garou ne lui a pas laissé une bonne impression. Elle pose le marque-page entre eux et aussitôt, Rolf s'en empare, laissant ses doigts effleurer la plume.
Erlkönig est mort.

« Partout où il va, la Mort le poursuit. Ou... Je ne sais pas si c'est de ma faute à moi... Je... » Rolf reste silencieux, obsédé par la plume. Il a envie de souffler dans le sifflet, même si il sait que ça ne servira à rien. Erlkönig est mort. Il le sait depuis quelques semaines maintenant. Il est sorti à de nombreuses reprises et a sifflé, sifflé, sifflé dans le vide, en vain. L'hybride n'est jamais revenu et Rolf n'a aucune envie de savoir dans quelles circonstances il a disparu.
Ça lui a fait mal, ça lui fait encore très mal, mais Rolf reste silencieux. Le fait que ce soit elle qui lui confirme la chose l'énerve encore plus, c'est comme un couteau dans le coeur. Il sait combien elle appréciait l'oiseau, presque autant que lui. « Désolée pour l'inquiétude inutile... Non, ce- il déglutit, difficilement, -n'est pas ta faute. Luna. ” Comme à chaque fois, il dit le nom bizarrement, comme si il n'y était pas habitué, comme si il allait s'étouffer dessus. Il expérimente, un peu, Luna, Luna, Luna, Luna...
Il repose le marque-page sur le banc et relève le visage vers le ciel. “ Tu veux aller marcher? ” demande-t-il finalement, en sentant son Bruit tellement perturbé, tellement triste, tellement inquiet, tellement douloureux et tellement, tellement perturbé que ça lui donne la nausée. Rolf se lève lentement, époussette machinalement ses jambes, et se tourne finalement vers elle et lui tend la main. “ Juste quelques minutes. Il faut que tu te vides l'esprit.
Il a l'impression qu'il va exploser quand sa main se dépose dans la sienne, quand leurs Bruits s'entrechoquent pour de vrai, sans qu'il n'érige de mur, sans qu'il essaie de se défaire ou de partir. C'est violent, c'est terrible, plus douloureux qu'il aurait pu l'imaginer mais il s'efforce de ne pas s'en aller en courant, s'efforce de ne pas dresser de murs entre leurs deux Bruits: il accueille ses émotions, enfin. Ça fait mal, ça infeste ses pensées, son coeur et son corps, ça fait mal, il devrait se soustraire à son contact, garder simplement la mémoire du Bruit de l'être qui grandit en elle, oublier les lèvres de Marie sur les siennes. Il devrait simplement l'oublier elle, toute entière, parce qu'elle aussi, toute seule, le fait souffrir. Il devrait.
Il resserre ses doigts autour des siens.
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Luna Lovegood
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‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10228
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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And if you take my hand, Please pull me from the dark And show me hope again. We'll run side by side, No secrets left to hide, sheltered from the pain.
« Non, ce - » La pomme d'Adam roule sous la peau de Rolf et : « -n'est pas de ta faute. Luna. » Elle sourit d'un sourire triste, Lovegood. Elle n'est pas de ceux à mettre en faute les gens aussi facilement ; pourtant, dans ce cas précis... elle ne peut pas s'empêcher de s'en vouloir à elle-même. C'est de sa faute, un peu, beaucoup. Luna retourne son regard vers l'horizon, observe un point imaginaire pour se détourner de ça, du rôle qu'elle avait joué dans la disparition d'Erlkönig. Luna ne sait pas trop si le malaise, la douleur, est ancien ou nouveau et elle préfère ne pas chercher plus loin non plus. C'était mieux que d'analyser la situation, toute la situation ; Scamander qui retire sa main du dossier, Scamander qui ne la regarde pas, Scamander qui ne sait pas quoi dire. Rolf qui prononce son nom étrangement : elle le sait , que le ton est bizarre, parce qu'il ne le fait pas de la même façon qu'avant, quand ils étaient plus jeunes, et encore moins lorsqu'il la prénommait Marie. Elle fixe un point sur l'horizon verdoyant et grisâtre plutôt que d'essayer de mettre un mot sur tout ce qui se passe... Plutôt que de reconnaître qu'il semblait vraiment parler à une parfaite étrangère. Et ce regard... tout plutôt que deviner le désespoir et la tristesse qui le possèdent lorsqu'il caresse la plume émeraude d'Erlkönig. Elle se demande si elle parviendrait jamais à se faire pardonner le fait qu'elle lui ait ôté deux êtres chers à son existence.
Luna ferme un instant les yeux et respire profondément. Ses sourcils tressautent lorsqu'elle reconnait les lignes effroyables qui se dessinent alors sur ses rétines... Elle aurait aimé voir autre chose qu'une silhouette carbonisée et une autre, ensanglantée, apparaître derrière ses paupières closes. Elle aurait aimé. Elle aimerait beaucoup de choses, à dire vrai, mais pour le moment, tout lui paraissait hors de portée. Ces moments étaient rares pour Luna Lovegood mais mais là, elle aurait aimé entendre la voix de sa mère, réelle ou pur produit de son imagination. Elle aimerait la voir, la percevoir, devant elle ou dans sa tête juste pour réussir à souffler, évacuer, oublier, juste une seconde. Juste... « Tu veux aller marcher? » Luna rouvre les yeux, ces derniers complètement brumeux, pour pencher légèrement la tête dans sa direction et capter son profil. Rolf regardait le ciel, scrutait un monde qui restait hermétiquement hors de sa portée. Et ça, ça venait se rajouter au reste: elle ne comprenait pas pourquoi elle n'arrivait plus à le lire, elle ne savait pas pourquoi elle n'arrivait pas à deviner ce qu'il se tramait derrière les iris adorées. Les lèvres de Luna s'entrouvrent pour une raison qui lui échappe et son visage s'imprime d'un air perdu, distant, hésitant... elle revêt un masque que même son air éthéré ne peut clamer comme le sien, véritablement. Et il est apeuré, presque ou totalement, elle ne parvenait pas à se décider. Elle pensait avoir chasser la peur mais avec Rolf, la peur s'invitait toujours comme un sorcier passerait juste pour le dîner et qui finirait par s'installer durablement dans votre foyer. La peur était là mais elle n'était plus si effrayante qu'avant... elle se transformait en énergie pour la faire fonctionner à ses côtés. La peur devenait une force, presque... non ?
Elle a peur de l'état dans lequel elle se trouve, ce matin-là, et elle déteste ça: elle ne réussit pas à retrouver le combustible qui la faisait toujours tenir, redoubler d'efforts, d'amour, de vie, lorsqu'elle était avec lui. Elle avait juste l'impression de faire des bonds en arrière et de se retrouver prisonnière d'une situation qui lui échappait totalement. Une situation qu'elle ne pouvait résoudre librement. La peur. Elle jette inconsciemment un coup d’œil autour d'elle: le père de Malfoy n'est pas là, pourtant. À la place, Luna ne voyait que les traits sibyllins du Hasard. Elle sait pourquoi elle ne reconnait pas cette peur, Luna: elle craint l'inconnu, pour la première fois de sa vie...
Il se lève, elle pense qu'il va partir en avance, sans elle, mais finalement, il se retourne pour l'une tendre une main aidante. « Juste quelques minutes. Il faut que tu te vides l'esprit. » Il est comme une providence mais ne s'en aperçoit pas, alors. Et ça, c'est vraiment terrible.
Le céruléen scrute, observe, parcoure les sillons de la mains de Rolf rapidement avant de remonter le long du bras, de l'épaule et du cou pour se fixer sur le visage de Rolf. Froissé, fatigué, émacié, détruit. Elle a mal, Luna, encore, parce qu'elle surprend en plus de tout ça le regard, aussi, tout aussi incompréhensible que le reste. Elle ne sait pas comment l'accueillir, encore une fois, et ça la tue. Elle se déteste. Elle le déteste. Elle la déteste. Une seconde, juste une, juste assez pour prendre conscience que rien ne faisait plus sens dans sa vie, là, tout de suite. Ni maintenant, ni avant, ni jamais et qu'elle s'est perdue dans la Forêt Interdite sans espoir de se retrouver un jour ni de pouvoir rien faire pour y remédier ensuite. Elle est sûre, habituellement. Mais à cet instant, plus que jamais, elle a l'impression irrépressible de s'être perdue pour toujours...
Mais elle est vivante. Luna sait donc ce qu'elle ne laisserait plus le hasard ni la chance venir lui ôter la seule chose précieuse qu'elle possédait encore. Elle n'est plus sûre du reste. Juste du reste...
Et c'est ça qui la tue. Hormis cette vie qui grandit en elle, elle n'a vraiment plus rien à perdre...
Ses doigts rejoignent finalement ceux de Rolf: sa paume épouse cet oasis qui était son havre de paix  et elle oublie tout le reste.

Elle oublie tout, petit à petit. Les pensées parasites. Les morts. Les Acromentules. La guerre. Erlkönig. St Michael. Xenophilius. La haine. La salle sur demande. Dumbledore. Les rebuts. La violence. Le diadème de Ravenclaw. Le Quibbler. Les Patacitrouilles. La peur. Malfoy's Manor. Harry. Les Sombrals. Les Êtres de l'eau. Les loups-garous. Les Ronflaks Cornus. Marie. Luna. Harry, mort. Ginny, presque morte. Neville, ailleurs. Emily, coupable. Elle. Elle, tout simplement. Luna s'oublie, fatalement. Parce qu'elle est... perdue.
Elle a besoin de se vider l'esprit.
Les mots, la voix de Rolf, la percutent et lui font presque entendre raison mais rien de tout cela ne veut dire grand chose, au final. La main de Scamander est tendue et Luna l'attrape. Elle restreint les pensées parasites (est-ce qu'il ressent quelque chose? Il lui en veut? Est-ce qu'il l'aime, un peu, comme il a aimé Marie? Est-ce qu'il lui pardonnerait un jour? Est-ce qu'il lui confierait ses pensées, comme avant? Est-ce qu'il l'embrasserait à nouveau, un jour?), oui, elle restreint les pensées parasites et elle oublie. Il ne l'aide qu'à se relever, là, pour marcher, c'est tout, non ? Elle ne sait pas y faire, Luna, lorsque c'est elle qui se retrouve en ligne de mire. Elle a mal, peur, froid. Elle s'est jurée de ne plus être un fardeau pour lui, de ne pas l'ennuyer avec ses propres émotions mais... au fond, en est-elle capable ? (Est-elle seulement capable de chasser le sentiment terrible qui l'agite en ce moment? Est-elle seulement capable de faire partir la peur, la douleur, la brume, après tout ce qui est arrivé à Ginny et Neville ?) Ses phalanges n'exercent plus la pression initiale une fois que Luna s'est relevée, elle s'apprête même à le laisser s'éloigner... Mais il ne la laisse pas partir. Les doigts de Rolf l’enserrent, et lui font prendre conscience d'une réalité qui n'était ni blanche ni noire, à cet instant. Elle était à peine grisonnante. Comme le reste du monde, comme le ciel ; et si Luna n'arrive même pas à percevoir la moindre couleur dans tout ce fatras d'émotions et de faits intouchables, elle se rappelle qu'elle peut lui faire confiance. Les doigts de Rolf se resserrent: seulement là, elle se rappelle que le monde n'est pas juste blanc, ou noir, ni même gris... Elle prend conscience qu'elle ne restera pas ainsi indéfiniment et cette seule pensée lui permet d'avancer, de mettre un pied devant l'autre et de ne plus craindre le chaos sans nom qui l'habite. Ce n'est pas elle, cette âme brouillonne. Ce n'est pas elle, cette Luna, qui est en état de choc. Elle se rassure parce qu'elle sait qu'elle redeviendra elle-même, bientôt, grâce à lui, ou au temps ou... Elle ne sait pas grâce à quoi, ni à quelle émotion. Mais elle le sait. Et c'est indéniable.
Ses doigts s'entremêlent à ceux de Rolf.
Elle sait que bientôt, elle pourra de nouveau être elle-même, qu'elle pourra lui faire comprendre. Bientôt. Pas maintenant. Mais cette simple révélation personnelle suffit à la calmer, à entamer le processus de paix. Il faut que tu te vides l'esprit. Seulement maintenant, elle percute qu'elle l'envahit, lui. Lui et sa vie, lui et son empathie.  Seulement là, elle entremêle ses doigts avec les siens. Seulement là, elle rappelle à Rolf qu'elle avait toujours écouté ce qu'il disait et qu'elle le ferait toujours. Toujours. I'm right here. Et quand je me réveillerais je ne bougerais plus jamais, Rolf je te le promets...

Ils marchent durant de longues minutes, sans logique aucune si ce n'était celle des clapotis de l'eau s'écoulant tranquillement, à des dizaines de mètres de là. Luna maintient sa prise autour de la poigne de Rolf, férocement, autant que lui ne broie la sienne. C'est bizarre, ce contact, pour Luna, parce qu'elle avait cartographié les géographies de ses mains aussi précisément que possible en mars dernier... et aujourd'hui, elle ne ressemblait plus à rien. Elle ne lui était plus du tout familière. De façon sensorielle, elle ne reconnaissait rien mais son cœur, lui, battait de plus en plus vite en sachant qu'il lisait un livre dont il était épris. Quand bien même ses mots lui étaient tout aussi incompréhensibles qu'une langue étrangère... Elle le reconnaissait sans véritablement le connaître, Luna.
L'attention happée par l'envolée d'un corbeau solitaire, elle se rappelle qu'elle avait appris Rolf (son corps, sa voix, ses pensées, son essence) en étant Marie. Si les impressions restent impérissables, elle comprend désormais qu'elle a tout à réapprendre.

Un pas, deux pas, trois pas ; vingt pas et puis, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle en est à cent-trente-six. À mesure qu'elle marche, Luna se rend compte qu'elle aussi, elle doit se réadapter à lui. C'est étrange. C'est bizarre. C'est terrible. Au départ, elle ne comprend pas cette impulsion bestiale. Et à mesure que le temps passe, la main gauche de la blonde (celle qui est restée libre) se rabat sur celles entremêlées qu'ils partagent déjà, pour aspirer la chaleur de Rolf, sentir les contours de la marque qui lui gracie le revers de main et qui n'existait pas sur sa peau auparavant. Luna amène sa main libre pour deviner son cœur et ce qu'elle réussit à percevoir n'a rien à voir avec lui mais tout avec elle. Elle l'a appris, écouté, entendu, aimé, en tant que Marie. Luna était tout aussi perdue que Scamander à cet instant. Elle devait le réapprendre. Et elle se haïssait pour ça, Luna. L'impression que Rolf l'avait transportée toute entière, avant, du corps jusqu'à l'esprit ; pourquoi devait-elle repasser par là, elle aussi?
Le cours d'eau apparaît enfin entre les branches. L'allure de Luna s'accélère, attire Rolf dans son sillage tandis que ses pieds dans des chaussures trop grandes pour elle les rapproche du bord, du lit lit serein et légèrement violent du ruisseau. Elle regarde les ondulations, les scintillements, et Luna se souvient alors qu'elle doit faire le vide. Ses doigts se détachent. Elle s'éloigne de Rolf. Elle observe intensément les petites vagues qui lui font face et qui se réverbèrent contre les premières lueurs automnales de la flore environnante. Elle aimerait être ailleurs, dans un autre temps, un autre univers. Mais rien ne l'arrête, elle et son esprit, elle et son cœur, rien ne l'empêche de voir sa vie s'effeuiller sous ses yeux. Il faut que tu te vides l'esprit. Elle oublie sa main, d'abord. Elle oublie le sang, ensuite. Elle oublie Emily, et Ginny et Neville. Elle s'oublie, elle oublie la vie qui l'habite. Elle oublie les loups-garous, les Sombrals. Elle oublie les Mangemorts et la guerre et Harry et Poudlard. Elle oublie sa mort, elle oublie les mois de torture, elle oublie Draco. Elle oublie le Maître. Elle oublie Gwen, qui la vend. Elle oublie les camps. Elle oublie la capture et Kid qui la rafle. Elle oublie Hermione. Elle oublie mars et Scamander. Elle oublie Xenophilius qui s'arrête de respirer et la baguette de Lestrange qui la brûle. Elle oublie le toit de Giupure, les hallucinations offertes à Gin', les conversations animalières avec Nev. Elle se défait des mois de traque, de la guerre, du Magister, du jaune, du bleu, du rouge. Elle oublie.
Elle oublie tout parce qu'il faut qu'elle se vide l'esprit, pas vrai?

Un regard par-dessus l'épaule et elle regarde Rolf, comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. Il est magnifique. C'est tout ce qu'elle réussit à se dire... Et elle est étonnée, Luna, elle se demande vraiment pourquoi le jeune Scamander est là. Seulement maintenant, elle lui demande: « Si tu pouvais retourner en arrière, tu ferais quoi? Elle le voit se tendre, elle le voit s'assombrir. Seulement là elle se rend compte que cette question, que cette abomination, le temps, lui coûte vraiment. Elle ne sait pas pourquoi mais elle le voit. Son visage se radoucit en contrepartie et se reporte sur le ruisseau tranquille. Du bout des doigts, elle essaie d'atteindre le cours d'eau mais elle n'y arrive pas. La courbe de son ventre l'en empêche. Elle regarde et tait toutes les pensées subsidiaires qu'elle venait de reléguer au rang de poussière. Moi, si je pouvais retourner en arrière... commence-t-elle, en se remémorant des mots et des promesses qu'elle avait énoncé à Draco, autrefois, j'aurais sans doute préféré que Lucius Malfoy périsse, lâche-t-elle d'abord, le ton froid et terrible. J'aurais voulu comprendre pourquoi tu ne vivais pas ta vie plutôt que d'être désolée pour toi, elle se redresse, observe intensément la feuille qu'elle vient de ramasser sur le sol. J'aurais demandé à Neville ou Hermione de m'accompagner pour ne pas me faire rafler en premier lieu... Du bout des doigts, elle fait rouler la tige entre ses phalanges. Elle sourit légèrement, Luna, avant de se retourner vers Rolf et son visage indéchiffrable. Peut-être... elle hésite puis: Ou peut-être aurais-je demandé à Draco de m'achever plutôt que de me permettre de vivre. » Son sourire est pâle, fade, fragile ; il n'y a pas matière à sourire, et elle le sait, et ce sentiment est juste terrible. Elle regarde Rolf.
Elle n'arrive pas à le lire.
Et ça lui fait mal. Mais il faut que tu te vides l'esprit: pour quoi ou pour qui, rien ne semble avoir d'importance. Mais Lovegood se rappelle qu'elle doit se taire, lui laisser le temps.
Elle déteste le temps. « Je ne sais pas ce que j'aurais fait mais il y a des tonnes de choses que j'aurais aimé faire autrement. Un peu, juste un peu... »
Elle ne lui dit pas qu'elle veut remonter le temps, encore une fois. À la place, elle lui demande ce qu'il ferait s'il le pouvait. Elle le regarde seulement, le cloue sur place de son regard céruléen, et lui demande: « à quoi tu penses? »

Comme une réminiscence. C'est la seule chose qu'elle parviendrait jamais à formuler avec lui. La seule chose qu'elle savait acquise. La seule qui lui appartenait vraiment, finalement. À quoi tu penses? Elle aimerait tellement savoir que ça la perd, Luna.
Elle n'a plus aucun point d'attache si ce n'est lui, désormais.

Spoiler:


Dernière édition par Luna Lovegood le Dim 16 Oct 2016 - 22:25, édité 1 fois
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Rolf Scamander
Rolf Scamander
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‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4145
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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Ils marchent en silence, main dans la main, et Rolf, enfin, se détend un peu. Juste un peu. Juste pour regarder la forêt, juste pour lever les yeux vers les nuages, juste pour oublier les sentiments désordonnés des habitants du cottage. Juste pour ne pas penser à elle, à ses doigts qui se sont intercalés entre les siens, à sa paume collée à la sienne et enfin à la force, la sûreté et la détermination que transmet Luna à travers sa poigne autour de sa main, qui pourrait presque lui broyer les os si il ne la serrait pas avec la même intensité. Quand est-elle devenue si forte? pense-t-il. Quand est-elle devenue si grande? si courageuse? Il repense encore à la gamine avec de la graphite sur la joue en train de faire des esquisses sur son plafond, un mois de juillet particulièrement frais où il était venu visiter son père et qu'ils avaient fini par se faire agresser par une pile impressionnante de meubles en délire. Il repense à la gamine, avec les longs cheveux presque blancs encadrant un visage rêveur et distant, il repense à ses questions stupides et à celles qui étaient dérangeantes. Il repense à Luna Lovegood telle qu'elle l'était dans ses pensées puis décide d'appliquer son propre conseil: se vider l'esprit.
Alors il oublie Luna Lovegood, celle qui le réveillait le matin en Chine alors qu'il voulait dérober quelques minutes de sommeil, celle qui parlait de choses impossibles en profitant de son manque de sommeil pour lui faire dire n'importe quoi, celle qui ne connaissait ni peur ni compréhension, la Luna insupportable et insortable avec ses Converses et ses radis en guise de boucles d'oreille. Il oublie cette Luna là et essaie de reconstruire Marie par-dessus, avant de l'effacer aussi. Elle n'a jamais existé. Elle n'a jamais été réelle.
La seule chose réelle en ce monde, c'est la main de Luna qui s'accroche à la sienne comme si sa vie en dépendait.

Ils marchent en silence, main dans la main, et Rolf trouve en lui quelque chose comme du pardon, et aussi de la reconnaissance. Toujours. Il ne lui dit pas, bien évidemment, parce que sa fierté l'étrangle toujours et que son orgueil lui colle la langue sur le palais; mais il comprend, et l'idée s'épanouira sans doute dans ses pensées et fleurira sous peu. Il faut avoir du temps, de la patience et surtout être doté de persévérance, avec les créatures Scamander, et les travailler comme des bijoux précieux pour qu'ils gardent idées, formes et couleurs.
Il y a un petit bois près de la propriété, et Rolf se laisse mener, silencieux toujours, se laissant tirer par Luna qui, même si elle ne doit pas mieux connaître la topographie du terrain, trouve son chemin parmi les quelques arbres... jusqu'à une rivière. Ça pourrait être drôle, ces théâtres de leur relation qui se répètent: les cottages, les lits trop exigus, la rivière... Ça pourrait être drôle si Rolf croyait au Destin. Mais ils savent tous les deux que tout n'est qu'une question de Hasard.
Elle se détache et il a envie de la rattraper, mais il ne le fait pas. Sa main retombe puis les doigts s'enfoncent dans la poche du jean, imitant les autres, s'enroulant en poings serrés au bout de bras tremblants.
Elle s'est penchée près de l'eau et ses doigts toucheraient presque la surface de la rivière si elle n'était pas gênée par... son ventre. La vie qui y grandit. Leur--

Elle tourne les yeux vers lui et Rolf a l'impression d'être traversé par la foudre... « Si tu pouvais retourner en arrière, tu ferais quoi? » ...puis achevé. Il se sent se tendre avant même d'avoir pu se retenir: les traits de son visage, distants, curieux et fatigués, s'affaissent brusquement, les sourcils se fronçant légèrement autour d'yeux plissés, la bouche se pinçant jusqu'à former un rictus étrange... on dirait qu'il vient d'avaler un citron, ou bien qu'on lui a décrit une scène vivace d'un goût particulièrement mauvais.
Il se force à ne pas penser à sa question. Les réponses pourtant s'imposent à lui. Si je pouvais retourner dans le temps: - j'empêcherai Ginny Weasley de se faire mordre; - je forcerai ma rencontre avec Amelia plus tôt; - je sauverai Erlkönig; - je ferai en sorte de ne jamais te rencontrer... ou bien de te convaincre de rester avec moi; - je me convaincrai de ne pas m'enfuir; - je ne céderai pas à la pression et ne travaillerai pas au Ministère; - je tiendrai la tête à mon grand-père; - je m'empêcherai de trouver ce Retourneur de Temps; - je sauverai mes parents; - je--
« Moi, si je pouvais retourner en arrière... » dit-elle, et sa voix le ramène sur Terre. Elle ne saura sans doute jamais à quel point il lui en est reconnaissant, en cet instant précis... parce qu'il sent déjà l'impression de creux derrière ses yeux, sous sa peau, non, sous son crâne; il sent déjà le vide, le besoin, l'envie, qui ne disparaîtront jamais totalement. La tentation existe, parce que les possibilités sont multiples, précieuses et dangereuses. La tentation existera toujours, et la simple notion de temps, de retourner en arrière, de pouvoir changer les choses... réveille quelque chose en Rolf qu'il a essayé de tuer et d'oublier, le prouvent les ridules accumulées sur son visage, son corps vieilli trop vite. « J'aurais sans doute préféré que Lucius Malfoy périsse.  J'aurais voulu comprendre pourquoi tu ne vivais pas ta vie plutôt que d'être désolée pour toi. J'aurais demandé à Neville ou Hermione de m'accompagner pour ne pas me faire rafler en premier lieu... »
Quand est-ce qu'elle est devenue si forte? pense-t-il. Quand est-ce qu'elle est devenue si belle?
Il faut qu'elle arrête de le regarder. Ça agite sa peau et il a l'impression qu'il ne pourra jamais se débarrasser de cette sensation, et toutes ces émotions qu'elle soulève en lui comme un raz-de-marée.

« Ou peut-être aurais-je demandé à Draco de m'achever plutôt que de me permettre de vivre. Ne dis pas ça. ” La réplique fuse rapidement, presque brutalement, coupe comme un hachoir toute possibilité de discussion. Elle n'a pas le droit de rire de ça, même si il sait que ce n'est pas vraiment une blague. Elle le regarde toujours, et si il a pu soutenir son regard avec une prétendue froide indifférence jusque là, désormais, il se sent obligé de les détourner avec autant de timidité que de... peur. Peur. Quel étrange sentiment, se dit-il, si similaire à celui que j'éprouverai face à une horde de Rafleurs et à la fois, tellement plus dévastateur. Peut-être n'est-il pas aussi un professionnel des émotions qu'il le pensait. « Je ne sais pas ce que j'aurais fait mais il y a des tonnes de choses que j'aurais aimé faire autrement. Un peu, juste un peu... » Rolf pense à toutes les choses qu'il aimerait changer à propos de lui-même, à propos des autres autour de lui et surtout, surtout, à propos. Il repense aux détails et aux décisions importantes de sa vie. Il aimerait dire qu'il ferait tout différemment. Qu'il sauverait ses parents, vivrait sa vie comme il l'entend, dirait à son grand-père ce qu'il pense de lui et cesserait de l'aimer, travaillerait  ce qu'il veut, aurait rencontré une autre qu'elle, penserait à une autre qu'elle, aimerait une autre qu'elle.
Mais pourtant ils sont là, dans le soleil timide de septembre. Elle l'observe, ses doigts effleurant l'eau sans vraiment parvenir à la touche, son ventre arrondi par tant un miracle qu'une épée de Damoclès. Elle l'observe, ses grands yeux bleus comme deux portes ouvertes vers ses pensées, son Bruit et ses émotions, vers son amour aussi — Je t'aime, lui a-t-elle dit, et elle ne mentait pas. Elle l'observe et Rolf se dit qu'il est en vie et qu'il devrait se sentir chanceux, chanceux de l'avoir trouvée, aimée, embrassée, chanceux qu'elle soit là et qu'elle reste là malgré tout, contre tout, malgré lui, contre lui.
Elle l'observe et Rolf se dit que toute cette douleur, ces difficultés, ces horreurs et ces années, peut-être bien, peut-être, que ça en valait la peine.

« À quoi tu penses? »

Elle l'observe et finalement, il l'observe en retour.

Toi.

Moi. Nous. Il hausse les épaules, comme pour que la pensée s'évapore, et puis s'approche, s'accroupit après avoir remonté d'un coup sec son pantalon, tend la main jusqu'à ce que sa paume effleure, sans tout à fait la toucher, la surface de l'eau. Il semble concentré, totalement focalisé sur sa main qui tremble un peu au-dessus de la rivière, ignorant le feu bleu des yeux de Luna qui est rivé sur lui. “ Le futur est plus facile à modifier que le passé, ” cite-t-il finalement, utilisant ses propres mots contre elle sans aucune forme de honte ou d'embarras. Il a usé toutes les lettres à force de les lire, surtout celle-là en particulier... la dernière. Celle qui sonnait un peu comme un adieu... ou un abandon complet à ce qu'ils étaient, même si ce n'était qu'un embryon de relation à l'époque. C'est ça qui lui a toujours fait peur, à Rolf. L'abandon. Le lâcher prise. “ Ce qui est fait est fait, et rien ne pourra le changer. Je ne crois pas que l'on peut se permettre de regretter grand chose maintenant. ” Il laisse sa main tomber sous la surface de l'eau, ignore la morsure de froid et observe l'eau passer en vaguelettes sur le dos de sa main nerveuse et puissante.

Et puis finalement, son poignet de brutalement se tordre alors que le bout de ses doigts envoient à la figure de Luna quelques gouttes d'eau, tandis qu'il se laisse brusquement tomber en arrière, s'asseyant sur l'herbe humide et un peu boueuse alors qu'un léger sourire, hésitant et vulnérable, s'étire sur ses lèvres. Il a vieilli, paraît plus de six ans plus vieux, les nuits au sommeil difficile et les journées de privation ont creusé des trous et des creux sur son visage, souligné des os et approfondi des ombres: il ne ressemble pas exactement au jeune homme qu'il a été qui s'est enfui. Il ressemble à quelque chose d'autre.
Mais avec ce sourire, pourtant, on peut revoir le gamin, le garçon, Rolf. “  Tu sais que je t'aime aussi, ” et ce n'est ni une question, juste une affirmation. Elle le sait, doit le savoir si elle pense l'ignorer. Il tend les bras derrière lui, les talons de ses mains s'enfonçant profondément dans l'herbe alors qu'il lève le visage vers la cime des arbres, en observe les branches et le ciel gris, derrière. “ J'étais tellement... en colère. Que tu sois partie, que tu m'aies laissé, d'être tombé amoureux, de lire tes lettres comme des livres sacrés, d'analyser et relire et souligner du doigt chaque mot. Je me pensais si malin, avec mes missives et mes citations, te prouvant que j'avais lu, que je te comprenais... je pensais te comprendre, te connaître... et j'étais tellement en colère quand j'ai compris que tu avais... ” Menti. Pour protéger autrui, mais menti quand même.
Mais... on ne mérite pas ça, Luna. Tu ne mérites pas ça. Après toute cette... douleur, toute cette mort... je ne mérite pas cette colère, et tu ne la mérites pas non plus. Pardonne-moi, ” soupire-t-il doucement, se sentant soudainement aussi fragile qu'un enfant, ses mains quittant le sol pour se croiser derrière son crâne, alors qu'il s'allonge lentement, centimètre par centimètre, se souciant peu du sol inégal et sale, ses yeux obstinément vissés sur le ciel.
Il y a un nuage plus sombre que les autres qui arrivent vers eux.
Mais ne se trouvent-ils pas dans un endroit appelé Accalmie? Peut-être que vient de là cette impression étrange qui grandit en lui — cette paix, ce calme, cette sérénité. Il l'aime; et peut-être que sous ce ciel, pour cette fois, ça suffira.
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‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
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‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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« À quoi tu penses ?Toi. » La désagréable sensation d'avoir le souffle coupé la prend à la gorge et son regard se teinte d'abord par l'incompréhension, puis par l''inquiétude. Elle aimerait pouvoir reprendre contenance, en regardant simplement ailleurs, mais cette simple fuite - parce que c'était bel et bien des moyens de fuir que son esprit continuait de lui offrir depuis la nuit dernière – lui semble excessive. Et la plus terrible des réactions qu'elle ait jamais eu de toute sa vie. Luna reste immobile, douloureusement immobile : les yeux de Rolf ont toujours eu cet effet là sur elle. L'impression d'être épinglée ou aimantée par son regard. Hypnotiques ou dangereuses, Lovegood n'avait jamais réussi à déterminer clairement les propriétés des iris azurés de Scamander.
Luna n'a jamais non plus cherché à détourner les conversations par le passé : des concepts sociaux, telle que la gêne ou la retenue, la sorcière n'en garde qu'une infime compréhension : hormis provoquer bredouillements et sueurs froides, ces réactions ne revêtaient aucun intérêt pour elle et son envie formidable de réussir à se mêler aux autres. « Ah, » la réaction est brève et débordante d'honnêteté : Luna est clairement prise de court, seules les oscillations rauques de sa voix parviennent à en réduire l'effet. Expérimenter une nuit de pleine lune s'avérait bien plus long que les seules heures nocturnes. Tout ce qui lui vient en tête alors, c'est de minimiser l'ampleur que peut bien accorder Rolf à son sujet d'étude. « Tu devrais peut-être penser à autre chose : j'ai remarqué que je faisais le même effet que les Joncheruines sur les gens... ça ne doit pas être très agréable. » En parlant, Lovegood s'est mise à observer Rolf, sa gestuelle, sa manière d'évoluer dans l'instant présent : l'air détendu remplace une mine contrite et son rapprochement permet à Lovegood de voir les rouages d'une pensée longuement réfléchie tournés à pleine régime. L'illusion créée par sa main juste au-dessus de l'eau l'apaise aussi, un peu : se demander si l'eau était aussi glaciale qu'elle se l'imaginait réussissait à la distraire du capharnaüm sans nom qui se réinstallait progressivement dans son esprit. « Le futur est plus facile à modifier que le passé, » Seulement là quitte-t-elle le profil de Scamander pour se concentrer exclusivement sur le dos de sa main, marquée ça et là par la vie. Se rappeler de ses propres paroles la fige dans une réflexion nouvelle. Ce n'est pas une moue désapprobatrice qui s'est emparée de son visage mais bel et bien de l'incertitude. Si elle doutait retrouver un jour le Rolf qu'elle avait (re)découvert ces derniers mois, elle ignorait complètement si elle parviendrait à remettre la main sur l'assurance tranquille qui lui permettait d'évoquer les différents possibles. Plus le temps passe, plus Luna perd le fil : elle se reconnaît de moins en moins et ça l'ébranle bien plus douloureusement qu'elle ne le croyait.

« Ce qui est fait est fait, et rien ne pourra le changer. Je ne crois pas que l'on peut se permettre de regretter grand chose maintenant. » Un maigre sourire aux lèvres, attention toujours tournée vers l'eau et la main immergée de Rolf pour tout ancrage utile. « Je ne regrette rien... et toi? », sa voix est devenue un murmure qui ne laisse pas la place au moindre doute, ni à la moindre hésitation ; aucune peur n'y trouve refuge, non plus. Luna a eu peur, a encore peur, de tout un tas de choses : de broutilles futiles comme de sujets bien plus profond et complètement hors de la portée compréhensive des sorciers. Elle arrive même à lister ces craintes, désormais. Pourtant, elle est certaine d'une chose : Rolf ne fait pas parti de cette liste. Ni avant, ni maintenant. Tout ce qu'elle récolte, aujourd'hui, de leur relation est un produit étrange et écrasant, qu'elle n'échangerait pourtant pas pour tout l'or du monde.
Luna a juste le temps de fermer les yeux en percevant le mouvement : les gouttelettes qu'il vient de lui jeter au visage sont bien moins gelées qu'elle ne se les imaginait. Il s'assit, elle se redresse. Il a détourné le regard, elle a retrouvé sa direction. Peut-être qu'ils sont comme cette eau, au final. Ils s'imaginent la comprendre alors qu'en fait, ils sont à mille lieues de la réalité. Rolf a encore changé, elle ne peut s'empêcher de le remarquer, mais elle se rassure en le voyant sourire timidement. Luna est peut-être à mille lieues de l'océan qui sommeille en Rolf, elle découvre que certaines choses resteront toujours immuables. « Tu sais que je t'aime aussi, » le ton est sûr, implacable : Luna ne voit aucun intérêt à vocaliser la vague d'incertitude qui l'anime, des pieds à la tête, dans son cœur et dans son esprit. Il n'a pas fini de parler, elle l'a entendu, alors elle se tait. « J'étais tellement... en colère. Que tu sois partie, que tu m'aies laissé, d'être tombé amoureux, de lire tes lettres comme des livres sacrés, d'analyser et relire et souligner du doigt chaque mot. Je me pensais si malin, avec mes missives et mes citations, te prouvant que j'avais lu, que je te comprenais... je pensais te comprendre, te connaître... et j'étais tellement en colère quand j'ai compris que tu avais... » Une seconde, Luna lève la tête pour capter les formes résolument fixées par Rolf avant d'acquiescer, le mouvement trop subtil pour être vraiment remarqué. La sorcière assimile lentement mais sûrement l'explication de Scamander, suivant le fil logique de sa réflexion avec minutie. Pur réflexe, sa main gauche se fiche contre son flanc. Luna ne cherche plus les mains d'Hermione, de Ginny, de Coco ni même celles de Neville pour se rassurer, depuis quelques temps. Une source inépuisable de réconfort se trouve au creux de son ventre et ça, elle l'avait ressenti avant même de le savoir, sans même y penser : elle ne se rendait pas encore compte qu'elle touchait la courbe vitale lui étirant la peau à chaque fois que le doute s'insinuait en elle. « Mais... on ne mérite pas ça, Luna. Tu ne mérites pas ça. Après toute cette... douleur, toute cette mort... je ne mérite pas cette colère, et tu ne la mérites pas non plus. » Un sourcil blond s'arque, son regard se baisse. Elle essaie de deviner la suite mais les mots prononcés par Rolf la surprennent plus qu'ils ne la rassurent. « Pardonne-moi, » Le silence prend le relais. Sans réfléchir, Luna évalue la distance qui les sépare, perçoit la difficulté évidente qu'elle rencontrerait lorsqu'elle devrait se relever, et n'hésite pas plus. Avec toute la précaution dont elle est capable, Luna s'abaisse et marque un temps d'équilibre avant de s'asseoir à son tour par-terre, ignorant complètement l'aspect humide et désagréable du sol. Focalisant son attention sur ses vêtements, Luna tire sur les manches, le bord de son pull, emmitouflant son ventre du mieux possible avant de se délester de son écharpe pour en faire un coussin de fortune. Lorsqu'elle s'allonge finalement, elle remarque que le nuage qui les menaçait jusqu'alors à bonne distance entre pile dans son champ de vision. Luna inspire une longue bouffée d'air humide avant de revenir sur le visage de Scamander. Ainsi, elle ne voyait que son profil : contrairement à lui, la pointe de ses chaussures ne faisait pas face à la petite rivière mais bel et bien au cottage qu'était Storm's End. En d'autres circonstances, ça l'aurait certainement amusée et elle aurait malicieusement rappelé à Rolf sa ressemblance avec Erlk. En d'autres circonstances, elle n'aurait pas eu toutes ces pensées parasites venir lui embrouiller l'esprit comme c'était le cas maintenant. Lovegood doutait de la culpabilité des Joncheruines, aujourd'hui.

« Pardonner quoi, Rolf ?, lâche-t-elle d'abord d'une voix étonnée, clairement surprise. [color=#2E9AFE]Tu sais, ta colère m'a fait mal mais je t'ai fait encore plus mal, ça je le sais : je le vois dans ton regard, en haussant ainsi des épaules, elle sent la terre humide se creuser sous son poids et déterrer quelques pierres, Je ne te demande pas pardon alors tu n'as rien à me demander non plus. Tu sais... ni toi ni moi n'avons vécu pire que l'autre: ce n'est pas une course ou un concours... Il arrive toujours des mauvaises choses, à tout le monde : leur degré d'intensité ne peut pas être mesurée parce qu'au bout du compte, la douleur reste la même. » Les derniers mots s'éteignent et Luna tourne son visage vers le ciel grisâtre, en se demandant si les tiraillements qui venaient lui tendre les muscles pouvaient avoir une couleur. La question s'éteint en retrouvant la réponse, quelques secondes plus tard. Obscurité des cachots, noirceur des vêtements de deuil, contraste sombre de la voûte céleste avec la rondeur parfaite de la lune : la douleur avait une couleur. La douleur était noire. « Je ne sais pas trop comment ça marche, commence-t-elle d'une voix aérienne, hésitante, le bout des doigts pianotant une mélodie muette contre son bas-ventre étiré, ses avant-bras encadrant tendrement, efficacement, l'intégralité de ses flancs, tout ça. » Elle n'explique pas ce que c'est 'tout ça' parce qu'elle arrive à peine à définir elle-même tout ce que peut englober ce drôle de concept. Tout, le cottage, l'attaque nocturne, eux, elle, les sorciers, la guerre, les Mangemorts, les rebelles, le sentiment de bien-être qu'elle ressent juste parce qu'il est prêt d'elle. « Mais je suis sûre d'une chose. Tu penses que j'ai menti... elle se tait brusquement, son expression revêtant un air affolé. Je ne te le reproche pas, pas du tout !, ajoute-t-elle précipitamment, tournant une nouvelle fois son visage vers lui, sincèrement inquiète qu'il puisse croire une chose pareille. Dans un sens, tu as raison. Les perceptions ne sont jamais les mêmes, d'une personne à l'autre. Tu le sais déjà, Daddy... Daddy t'en as sûrement déjà parlé. Pas le même visage, pas le même âge... et on peut pas dire que mon écriture soit restée la même que celle de mes lettres... mais Rolf, en t'écrivant, j'ai remarqué quelque chose, », ses yeux se fixent sur un détail sur son visage, un grain de beauté, une ridule, une forme, avant d'en contempler l'intégralité et de recommencer. Détail, totalité, détail, totalité. Elle pourrait faire ça pendant des heures, l'aurait sans doute fait durant des heures si au loin, un grondement sourd n'était pas venu déchiré le silence tout relatif de la nature, « C'est que je n'ai jamais été aussi honnête avec quelqu'un de toute ma vie. Pas même avec moi-même. Tu m'as lue et tu m'as comprise, plus que personne d'autre au monde. Croire le contraire, ce serait... stupide, vraiment. » Peu importe qu'elle ne retrouve plus jamais le Rolf qu'elle avait réapprit à connaître : avoir eu une semaine, des mois, avec lui, en même temps lui, suffisait s'il s'éloignait. Il l'aimait encore : s'il y avait bien une chose qu'elle refusait, c'était bien qu'il s'y sente contraint, d'une quelconque façon. « Je ne sais pas comment tout ça fonctionne mais je suis sûre d'une chose, c'est qu'on ne doit jamais forcer les gens à faire ce qu'ils ne veulent pas faire. » Doucement, Luna se berce, caresse l'arrondi de sa grossesse d'un geste vague. « Ne te sens jamais obligé de rien avec moi Rolf. » Nouveau grondement du ciel, Lovegood ferme les yeux, au cas où le ciel sombre ne se décide à déverser ses trombes d'eau sur eux. « Au fait... merci. » Un doux sourire et puis : « Merci d'être venu. » Ici, après l'attaque, au beau milieu de nulle part, après tous ces mois de silence. Pour la première fois depuis longtemps, Luna porte sa main contre sa gorge et caresse du bout des doigts les creux vides de son cou : là où une chaine dorée l'avait habillé, des mois durant.
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