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sujet; roars in disguised. (hecatrix)
MessageSujet: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyJeu 22 Déc 2016 - 18:18

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Robustes, quoi qu'usées, les pognes du vieux Fergus ont le charme de ces vénérables opuscules aux reliures râpeuses. Ça se ravine en maintes crevasses, sitôt qu'on en révèle le cœur, mais ça n'en prodigue pas avec moins d'assurance ce que ça recèle : un savoir, ou en l'occurrence un savoir-faire, que seul le temps conforte et affermit. Défiant la gravité avec la sobre élégance des gestes exécutés avec constance depuis que le monde est monde, les voilà qui s'envolent, lestées d'une théière au bec fumant. « C't'une chance que j'vous ai r'marquée, sous cette rincée. Sans ça, vous étiez bonne pour trimarder encore un moment sous cette flotte. » La jactance soutire à la prétendue rescapée du déluge une vague approbation, tandis que les menottes opalines se lovent autour de la céramique d'une tasse à la facture rustique. S'il savait, le pauvre homme. « Où c'est qu'vous alliez, comme ça ? » La sondée n'élucide pas de suite le mystère, aussi ajoute-t-il : « 'fin, si j'puis m'permettre... comment c'est qu'vous vous app'lez, d'jà ? » Alors elle guinde un iris argentin, cille et se déride, la séduisante « Brawl. Dolores Brawl. » Se satisfaisant d'une moitié de clarification, l'écossais délaisse son récipient et s'écroule sur la seconde et dernière chaise dont dispose l'humble logis mal éclairé. « Londonien, votre accent ? » Elle opine, tandis que l'attention déchoit vers l'âtre enflé d'une généreuse flambée, unique source de lumière et chaleur à des lieux à la ronde. « On croise pas beaucoup d'cette espèce ici, mais il a l'oreille fine, voyez, le vieux Fergus, hé-hé ! » Sous la broussaille roussâtre des sourcils, les prunelles du doyen rutilent d'ailleurs de cette appétence toute maladive qu'ont les culs-terreux pour tout ce qui s'échoue d'urbain sur les côtes esseulées de leurs triviales existences. « Vous connaissez ? », qu'elle s'enquiert ; la question, bradée du bout de la lippe, est saluée d'une franche risée. « Londres ? Bah, j'ai la télé, faut pas croire, on capte la civilisation ici, ma bonne dame ! », rétorque-t-il, désignant l'antiquité d'une saccade de galoche. Convenant qu'il pouvait en effet y avoir méprise sémantique, l'anglaise corrige : « Vous y êtes déjà allé ? » Cette fois, c'est d'une nutation rembrunie, qu'il désavoue. « Maman a été malade longtemps, savez c'que c'est... pis, à mon tour, bah j'ai vieilli. » Non, elle ne sait pas ; malgré cela elle hoche sur un air entendu, parce qu'il est bien brave, le vieux Fergus, et se surprend même à vouloir le solacier de la fugace mélancolie dont son front buriné s'est assombri. « Vous ne ratez pas grand chose. » À l'ondée de meubler le silence un moment, et au tonnerre, lointain, montant depuis la mer vers l'intérieur des terres que la bicoque chaperonne, du haut de son talus. Si, à ses abords, ne cabrait pas contre vent le haut manoir, la frêle cahute aurait depuis longtemps cédé aux assauts répétés de ces intempéries typiques de la contrée, songe la sorcière, tandis que la vision se dérobe par l'unique lucarne perçant le galandage. « Plus personne n'y vit, je présume ? » Soustrait à ses muettes réflexions, le vieillard branle du chef, calant sous moustaches la langue d'une pipe tout juste bourrée. Une allumette claque, le foyer s'embrase en creusant davantage encore le vélin tanné bâchant la trogne du Moldu. « Plus d'puis longtemps, non, précise-t-il alors, éructant son smog laiteux, mais y z'ont pas vendu, les anciens occupants, pis ils continuent de verser quelques livres pour que j'surveille qu'on vienne pas squatter. Ça m'fait vivre, voyez. » Tout en l'écoutant, la sorcière s'était levée et, désormais campée à la fenêtre, coudes arqués contre croupe, elle sonde l'obscurité. Plus exactement, elle scrute les contours d'une silhouette quadrupède, que la foudre a révélé en chutant non loin. Oui, il y a un chat, là, sous la pluie, lapidifié. Sous le palais, le lingual clapote. Ça l'agace, la voilà contrainte de se hâter ; elle se serait bien attardée, pourtant, en compagnie du géronte, jusqu'à ce que les cieux tarissent. Il n'en est plus question, alors elle opère une volte, et sa brusquerie extorque à l'hôte un sursaut. « Qu'est-ce que... », anônne-t-il, louchant sur cette étrange tige qu'elle lui brandit sous tarin. « Merci, pour l'asile, pour le thé. Merci surtout pour le reste. », gouale alors la sibylle se fendant d'une inclinaison de caboche sous les yeux pantois de son hôte. Avant qu'il n'ait pu relâcher quelque syllabe que ce soit, se propage la maxime raflant au bougre toute espèce de libre arbitre, émoussant ce faisant la luisance en ses quinquets exorbités : « Impero ! »

Sur ses gongs, le battant piaule. Une ombre s'en évade, avant que, condamné par la ventosité, il ne réintègre son cadre à fracas. Les courbes ondoient maintenant, rossées par de torrentielles bourrasques en direction de la demeure enténébrée, dont l'insolence cisèle l'empyrée. Abordant le seuil, jonché de bris de verre, elle marque une halte. Le félin distingué tantôt n'a pas bronché ; l'un l'autre se jauge, l'un des deux feule mais lequel ? en tels ténèbres, les secrets sont bien gardés. Nonobstant, c'est à la bipède de vaincre le statisme et, sureau ciblant l'huis entrebâillé, de s'y laisser engloutir.

Le giron de la bâtisse n'est guère moins délabré ; si la charpente résiste en ébranlements bruyants, les cloisons et le mobilier pâtissent d'une humidité patente. De moisissures en fondrilles, en passant par le plâtras et la feuillée morte s'étant infiltrée par l'une des multiples fenêtres brisées, la Lestrange déblaye du regard ce qui l'environne. « Lumos », susurre-t-elle à la cime de sa baguette. Alors, une turbulence dérange l'inertie des parages, canalisant l'attention de la sorcière sur un galbe posté à la sommité d'un vaste escalier. « Mais qu'avons-nous là ? », fredonne-t-elle, en déviant la trajectoire de son flambeau, timbre emprunt d'une curiosité humectée de défiance.  


Dernière édition par Bellatrix Lestrange le Dim 5 Fév 2017 - 22:14, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyJeu 22 Déc 2016 - 19:45

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Combien faut-il de temps à un animal pour regagner l'état sauvage et perdre toute trace de docilité? pour oublier les coups de trique et coups de gueule sensés le formater pour qu'il rentre les griffes et se laisse flatter le flanc?

Pas bien longtemps, répondra le cynique.
Tout dépend de l'animal, répondra le futé.

Hécate n'avait jamais été un animal coutumier de l'obéissance et depuis Pré-Au-Lard, il semblait que ses instincts se soient éveillés. Soumis à un sommeil forcé depuis son arrivée sur les terres de la Blanche Albion, ils se nourrissaient de son amertume, buvaient sa rage, dévoraient sa tristesse et sa rage, son désespoir, sa solitude, sa peur aussi.

Oh la peur. Émotion complexe entre toutes, multiformes, silencieuse et subtile, orfèvre du chaos, vénérable nectar. Elle coulait désormais dans les veines de la jeune femme à un point tel qu'Hécate ne faisait plus que glisser dans les ombres, loin des villes, loin des gens, loin de tout ce qui pouvait la placer en position de bête acculée. Traquée elle l'était. Vaincue, pas encore.

Pas encore. Mais bientôt peut être.

Elle était hantée. Par des visages depuis longtemps disparus, par la bouille enfantine de sa soeur, celle dont la mort avait scellé le début d'une guerre perdue d'avance, qu'Hécate avait pourtant menée de son mieux. Contre les insurgés. Contre son père, contre le monde entier, car le monde entier était la cible de sa haine, comme si la bile d'années de soumission aux désirs d'autrui ressortait en un vomi infâme de rage et de rébellion. Elle les haïssait tous. Tous autant qu'ils étaient.

Son père pour amené les petits dans ce pays de malheur et de mort.
Sa grand mère pour ne pas l'avoir stoppé.
Sa mère pour ne pas avoir chassé de chez elle cet homme qui, en plus d'être le père de ses enfants, était le maître de ses cauchemars.
Létha, sa cousine, pour avoir changé de camp et pour ses reproches.
Kingsley, pour son absence.
Rabastan pour son fanatisme.

Hécate se noyait dans la haine. Et seul demeurait Virgile, frère cadet objet de tout son amour, qu'elle revoyait parfois dans ses moments de semi-repos, et dont le visage ciselé lui rappelait les douceurs de leur enfance, les moments où ma vie semblaient encore porter des lumières d'espoir plus que des cendres. Elle ne vivait que pour lui, que pour trouver un moyen de l'extrader. De le renvoyer par delà l'Océan, là où était sa place : sur le trône de leur dynastie, ce trône bâti pour elle mais où elle ne siégerait probablement jamais. Elle vivait pour lui. Comme elle l'avait toujours fait, car l'égo était dans son cas un concept incroyablement fragile, qui s'effaçait devant presque toutes les autres nécessités.

Une princesse servait le peuple. Servait son clan. Servait ses pères et ses pairs. Dans le sang, et les larmes, la sueur et les drames, elle n'était qu'un titre et une entité royale, jamais une personne dont les états d'âmes valaient que l'on interrompe le cours des choses. Hécate devait sauver ce qui pouvait encore l'être : le plus jeune des Shacklebolt. L'enfant chéri de leur famille, celui dont l'innocence presque intacte serait leur flambeau, là où elle avait basculé dans l'ombre.

On lui avait cependant retiré Virgile. Il avait été arraché à ses bras, et placé dans une famille plus apte à faire de lui un honnête citoyen. Hécate savait qu'elle devait agir. Restait, dans le grand chaos de ses pensées, à trouver comment. Une réflexion difficile à mener dans le froid et la faim, la perte des êtres chers et l'incertitude.

Elle avait fuit loin, dans les forêts, puis sur les chemins, avant d'arriver dans une région si verte et sauvage qu'elle avait un instant perdu de vue la raison de sa venue. L'Écosse était une splendeur de la nature, un paysage aussi immense et emplit de ciel métallique que la Louisiane était fournie, sylvestre. Le manoir, elle ne l'avait trouvé que quatre jours après son arrivée, et s'était écroulée, fourbue, dans les pièces rongées d'humidité, entre des draps qui devaient avoir plus que son âge. Elle avait dormi, les membres et le coeur lourd, dormi comme une masse, d'un sommeil pourri de rêves et de songes nébuleux, toujours sombres.

Et lorsqu'elle s'était réveillée, elle avait senti la nécessité de rester. de récupérer des forces. Avant de décider quelle direction donner à ses actions. Elle ne laisserait pas Virgile, ne l'abandonnerait pas. Ni à ce moment, ni après. Les Shacklebolt en avaient fini de saigner pour ce conflit. Toute à ses réflexions, elle avait aménagé une seule pièce de l'immense bâtisse, dépensant ses maigres réserves d'énergie magique pour la rendre salubre. Puis, elle avait envoyé un de ses "petits amis" monter la garde autour de la demeure. Hécate avait depuis longtemps abandonné toute idée de veiller elle même sur sa sécurité. Les hommes étaient faillibles, inattentifs, elle même compris. D'où la nécessité de déléguer.

Elle s'était entaillée profondément la main à l'aide de l'arme blanche qu'elle transportait toujours à ses côtés et avait versé un peu d'hémoglobine sur le parquet poussiéreux de la chambre, psalmodiant dans la langue noire des clans sacrés, et observant le sang frétiller d'anticipation. Il avait ondoyé patiemment puis s'était modelé, tordu et redessiné jusqu'à prendre la forme d'un chat abyssin écarlate, donc le pelage gagnait et perdait en nuances au fur et à mesure que le sang se mouvait sous la lumière. Ses yeux rouges sans pupille ne cillaient jamais et c'est avec une grâce lente qu'il était parti guetter de potentiels ennemis au dehors, laissant Hécate à un repos presque comateux.

Longtemps il avait observé, perché tel une gargouille rouge sur les murs de la propriété. Attentif à la pluie, attentif à l'orage et au poul de sa mère et maîtresse. Longtemps il avait écouté, insensible à la peur, à l'envie de la chasse, à l'excitation. Puis il l'avait apercue, l'arachnéenne bipède.

Trop grande, trop pâle, trop douce mais aussi trop anguleuse. Trop à l'affut, et trop précise, trop décidée. Elle l'avait regardée dans les yeux et le chat s'était contenté de pousser un feulement de mauvaise augure, peut être parce que l'élégance de sa race lui imposait de prévenir avant de se jeter dans la coercition. Pourtant, la bipède le fixa en retour et ses yeux à elle étaient d'une couleur de métal frais, bon pour trancher et pour tuer. Le chat savait reconnaître les prédateurs, aussi recula-t-il, sauta-t-il de son perchoir et se faufila-t-il dans la demeure, les contours de son corps se modifiant pour épouser tous les obstacles qu'il rencontrait.

Elle le suivit, gauche et pataude sur ses deux jambes, alors qu'il filait vers les étages, son esprit lançant déjà un esprit d'alerte vers celui de sa créatrice. Des images et des sensations plus que des mots, un sentiment d'urgence absolue.

Hécate ouvrit les yeux, le coeur chargé d'une soudaine poussée d'adrénaline. Silencieuse, elle sortit de sa torpeur de manière presque immédiate et s'accroupit, alors que le chat la rejoignait à l'étage. Doucement, l'animal vint se frotter contre sa main blessée, et se glissa dans l'entaille qui lui déchirait la paume, retournant à son origine comme un fleuve à la mer. Hécate ferma brièvement les yeux, acceptant les souvenirs de son messager, puis se sentit blêmir.

La "bipède pâle" avait un nom.

La jeune femme sortit de la chambre, déplaçant ses pieds avec un méticulleux mouvement de balancier destiné à ne jamais appuyer outre mesure sur une latte de plancher et ainsi à ne jamais provoquer le moindre craquement intempestif. Passant le bout de sa baguette sur la coupure de sa main gauche, elle la referma en silence et observa en contrebas, ce qui se déroulait dans le hall du manoir.

C'était donc bien elle. Drapée dans une cape aussi noire que l'orage qui régnait au dehors et aussi maîtresse des lieux - du moins en apparence- que de sa propre baguette. Bellatrix Lestrange, la muse de la Mort. Hécate la détailla, toujours dissimulée par l'obscurité. Elle connaissait toutes les rumeurs, les contes et les récits. Bellatrix Lestrange avait pris des airs de légende, de monstre mythique, à l'instar du Basilique, une chose malheureusement courante quand l'esprit humain atteignait la limite de son imagination. Les choses se passaient toujours de la même manière: lorsque les hommes ne parvenaient pas à concevoir la violence ou la cruauté, ils la mythifiaient, en faisaient un concept surnaturel, afin que tous se sentent mieux et que les enfants puissent penser que les cauchemars disparaissent une fois le jour venu.

Mais Bellatrix Lestrange frappait même en plein jour. Ne portait-elle pas d'ailleurs le nom d'une étoile? Brillante? implacable?

Implacable. Hécate avait aussi cette réputation, elle lui collait à la peau comme une maladie. Et pour le meilleur et le pire, elle avait la sale manie de ne pas croire les rumeurs. Celles qui couraient sur Rabastan auraient du la décourager, et pourtant. Celles sur la rébellion auraient du la pousser à déserter.

Et pourtant.

Elle n'avait que faire des rumeurs, et des normes, y compris celles qui lui intimaient de ne passe dresser contre certaines personnes. Le respect ne s'exigeait pas, la peur ne se demandait pas. Bellatrix Lestrange était une légende. Mais les mythes avaient leurs limites. Aussi Hécate ne répondit elle pas directement en entendant la voix de l'ancienne mangemort la tirer de son obscurité.

« Mais qu'avons-nous là ? »

Hécate l'observa. Méfiante. Farouche. C'était visiblement une attitude générale ces derniers temps. Elle leva à son tour sa baguette et répondit de la voix la plus égale qu'il lui était possible d'emprunter, son accent se mâtinant doucement d'inflexions françaises. Fruit de trop nombreuses introspections dans sa langue maternelle.

-Vous ignorez sans le moindre doute qui je suis, mais la réciproque n'est pas vraie. Quoi que vous veniez chercher ici, vous ne le trouverez pas. La maison est vide de richesses, et la zone occupée.

Elle eut un rictus cynique, désabusé.

-Par moi.

Etait-ce de la témérité, le retour de ses instincts combattants, ou juste la résignation qui lui donnaient cette assurance? dur à dire.

-Je n'ai aucun grief avec vous. Passez votre chemin et tout le monde s'en portera pour le mieux.


Dans le cas contraire, tans pis. Tant pis pour qui, d'ailleurs?

Bonne question.

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MessageSujet: Re: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyLun 26 Déc 2016 - 14:08

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C'est un front ourlé de considérations contraires que la Mangemorte dénude, en ôtant la capuche ruisselante qui lui obombrait jusque-là un segment de trogne. Le timbre diapré d'une mélodie des plus insolites en ces provinces isolées, à défaut d'être quelconque, lui est certes inédit ; mais ce n'est guère cela qui éperonne le plus vigoureusement sa curiosité, d'ors et déjà stimulée, pas plus d'ailleurs que la confidence d'avoir été, quant à elle, percée à jour. Sa clinquante notoriété la précédant, voilà deux décades que Bellatrix ne fait plus grand cas de cette vague notion que d'aucuns encensent et nomment anonymat, résignée à ce que le mythe, ce foutu fatras d'inepties, escorte chacune de ses apparitions. C'est là un fardeau sous lequel son échine ne ploie plus, tout aussi délié qu'une effluve drapant sa dégaine d'un relent d'hostilité et qui, à bon escient manœuvrée, s'avère dissuasive. L'animagus, croisé tantôt, a sans doute eu tout loisir d'ébruiter les quelques informations glanées lors de leur fugace face-à-face, sans que cela ne la stupéfie, ni même ne la déconcerte. C'est donc plutôt l'aplomb dont l'occupante des lieux fait montre qui, en conséquence, la sidère et l'intrigue. Un Auror n'aurait guère lambiné en palabres comminatoires, pas plus qu'il ne lui aurait concédé l'avantage d'engager le duel. Mais en dehors de telle racaille, qui s'oserait à lui tenir tel laïus ? « En voilà des manières... », qu'elle bougonne, ponctuant la semonce d'une moue réprobatrice. « Cessez-donc d'aboyer, je n'vais pas vous le piquer, votre nonosse. » Loin de mésestimer les instincts territoriaux de la jeune femme, quand bien même se permet-elle d'en railler la sommation, c'est avec prudence qu'elle en teste la nervosité, tout en fléchissant poignet contre lippes. La sorcière souffle un « Nox », à la sommité lumineuse, réintégrant ainsi la nuit, dont elle avait jailli. Ainsi à couverts, les contours opacifiés se déplacent sans que ne soit pour autant réduit l'écart entre elles, au contraire. Qu'elle approche, la tigresse, puisque de toute évidence, l'inverse aurait toutes les chances d'être interprété comme une déclaration du guerre. À sa gauche s'ébrase un salon, et à l'extrémité de telle pièce, traversée à pas de loups, la trouée d'une cheminée se laisse discerner. L'incantation d'un Sortilège de Feu, dardée sur ce qui s'apparente à un fagot de bois sec somnolant dans l'âtre, a tôt fait de chasser les ténèbres des lieux en crépitant jovialement. Postée paumes en avant, dos à sa rétive hôtesse, la sorcière fait alors mine de s'y dégeler, en se fendant d'un soupir d'aise grandiloquent. « Vous souffrirez que je patiente ici jusqu'à la prochaine accalmie ? », qu'elle s'enquiert, sans pour autant hésiter une seconde à se défrusquer de ses noirs atours. « Si, comme vous le prétendez, vous n'êtes pas de ceux qui m'espèrent refroidie... ânonne-t-elle, en ébrouant ses lainages détrempés, vous ne refuserez pas à mes vieux os un peu de chaleur. »  En bordure de foyer, elle dépose ainsi cape et mitaines, avant de recouvrer sa position initiale, peu concernée par les potentielles protestations que telle invasion pourrait susciter.

« Où est votre... compagnon ? », qu'elle interpèle alors, sans couler le moindre regard en direction de la sondée. « Le matou, où est-il ? » Bien qu'en apparence frivole, la question se teinte d'inflexions autoritaires, ne concédant aucun doute sur son intrinsèque gravité. Tout, du reste, tant dans la posture de la Maudite, que dans son illusoire désinvolture, pue le danger. Il ne s'agit pas là d'une plaisante visite de courtoisie, et sa présence en ces lugubres parages n'est guère motivée par autre chose qu'une opiniâtre défiance, en témoignent les constantes virevoltes du sureau, entre phalanges. C'est qu'elle est au fait, plus que quiconque, des détours qu'emprunte la sale engeance à ses basques ; et il est hors de question qu'un témoin ne jacasse quoi que ce soit qui puisse, d'une manière ou d'une autre, attirer l'attention de ses poursuivants sur ce recoin de pays nichant sa retraite et celle de son époux. Leur survie est l'unique obsession rythmant ses nocturnes errances, et celle-ci se résume à prendre en considération le moindre détail qui pourrait trahir le secret de leur autarcie. D'humeur à causer cependant, plutôt qu'à contraindre, la traquée n'en est pas moins résolue à extorquer, manu militari si nécessaire, la moindre information qui confirmerait ou infirmerait ses soupçons. « Ce n'est pas de vos anciens associés, que vous devriez vous méfier, vous savez... », qu'elle risque alors, aux aguets, rivant cette fois une prunelle inquisitrice vers la jeune femme. Après tout, les probabilités sont élevées ; pas grand monde, ici-bas, est en mesure de scander une absence de grief à son encontre, sinon un partisan... et encore ! « Les rats d'un même rafiot n'ont aucun intérêt à s'entre-dévorer. »


Dernière édition par Bellatrix Lestrange le Dim 15 Jan 2017 - 23:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyLun 2 Jan 2017 - 14:59

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Il fallut un moment à Hécate pour descendre l'escalier et accepter d'entrer dans ce qu'elle appelait "la zone d'attaque" de son adversaire. Elle demeura dans les ombres aussi longtemps que possible, ses yeux noirs observant Bellatrix alors que celle ci se débarrassait de ses atours pour chauffer sa maigre silhouette près du feu.

Hécate avait déjà vu une stature pareille, dans la personne de sa tante, Annabelle. Une femme forgée dans le sang, capable de la plus grande loyauté, mais également d'une violence inégalée. Les lionnes se repéraient de loin, en Louisiane comme ailleurs, et Hécate se demanda brièvement à quel point les griffes de celle qui se tenait là, devant le feu, étaient aiguisées. Au risque de tomber dans le plus parfait radotage, la jeune femme ne croyait pas aux rumeurs. Elle croyait aux faits, elle n'estimait que ses adversaires personnels, ceux dont elle avait obtenu la tête ou une cicatrice. Bellatrix et elles ne s'étaient jamais rencontrées, encore moins confrontées et la fatigue, mêlée à la douleur des jours passés donnaient à Hécate des vélléités belliqueuses inquiétantes.

Le souffle calme, précis, comme dans l'attente, elle fit quelque pas vers le salon et observa l'ancienne mangemort, tout en s'adossant au mur, une attitude faussement détendue que ne masquait pas le mouvement impatient de ses doigts autour de sa baguette.

« Où est votre...compagnon ?...le matou, où est-il? »

Cette fois, Hécate sentit un sourire amer, presque acide, étirer ses lèvres, et cette expression fut presque douloureuse, tant elle était dépourvue de joie. Elle était impatiente, la vieille lionne, elle voulait savoir, exigeait de tout contrôler, avait probablement déjà inspecté les lieux du regard pour trouver le félin, sans y parvenir. Elle devait croire à un animagus, parce qu'elle était si anglaise, la redoutable Lestrange. Si engoncée dans ses idéaux, si persuadée d'être le centre du monde. Hécate étendit la paume au dessus du plancher et le sang pulsa, ouvrant la cicatrice bien trop fraîche pour résister à un ordre de la sorcière rouge.

L'hémoglobine coula, frémit et ondula, se dressant pour se donner en spectacle. Sauf que ce ne fut pas un chat qui apparut cette fois. C'était plus gros, c'est plus massif, c'était un canidé. Le nez était large, les oreilles rondes et comiques, le poil ras et rèche. Le sourire lui, était immense, car après tout, les hyènes adoraient rire. Et celle ci ne faisait pas exception à la règle, découvrant ses dents, sa machoire réputée pour être la plus meurtrière de la savane. Elle sourit comme pour se moquer de Bellatrix, comme ravie de sa petite apparition. Le sang avait ses instincts propres. Avec un claquement de crocs, elle vint s'asseoir près de Bellatrix avant de se coucher devant le feu, les flammes faisant miroiter les accents rouges de son corps comme s'il eut été constitué de grenats purs.

Il n'y eut aucun commentaire de la part de Bellatrix, pas plus que de celle d'Hécate. Aucune n'avait pour habitude de congratuler les autres sur leurs tours de passe passe, et certainement pas dans ces circonstances. Ce qui venait de se passer n'était tout au plus qu'une introduction silencieuse aux capacités de l'autre. Qu'une conversation muette qui disait : je ne suis pas comme toi, mais je te ressemble. Mords moi et je te mordrai. Je n'ai pas peur de toi.

Pourquoi avoir peur, en effet? Elles étaient bel et bien engoncées dans une situation on ne peut plus...problématique. Prises aux pièges d'un pays isolé au milieu de la mer, à attendre que leurs ennemis viennent les cueillir et leur planter les crocs dans l'arrière de la nuque. Quant à savoir si elles appartenaient bien au même navire, la question était plus épineuse, et elle arracha une moue contrariée à Hécate.

-Vous n'êtes pas plus mon associée que le vieux moldu qui vit dans la bicoque voisine. Je n'ai qu'une seule associée et elle se tient devant vous. Pour autant, vous dénoncer me demanderait infiniment trop d'énergie et je n'estime pas assez votre personne pour accorder de l'importance à votre capture. A vrai dire...je m'en fous comme des calendes grecques

Le rictus dédaigneux d'Hécate s'accentua, et elle dut résister à laisser une bouffée de colère totalement irrationnelle l'emporter trop loin.Il y avait quelque chose dans Bellatrix, dans sa personne même, capable de réveiller chez ses interlocuteurs un mélange de colère, de dégout et d'agressivité. Son aura noire et emplie de démons chuchoteurs paraissait presque capable de contaminer tout ce qu'elle touchait, de transformer les roses en ronces, les hirondelles en corbeaux et l'eau de source en flaque stagnante. Hécate n'avait jamais été une hirondelle, et éveiller ses plus viles pulsions ne tenait pas de l'exploit peut être était ce pour cette raison qu'elle éprouvait tant de défiance à l'égard de cette femme dont le reflet lui évoquait irrémédiablement celui d'un miroir. Un miroir piqueté, tacheté, vieillit, renvoyant le portrait d'une femme vieillie par la vie, et emportée sur la pente du mal, d'une Hécate désabusée et cynique, dépourvue d'empathie.
Jeune lionne et vieille chef de meute.
Par quoi étaient-elles séparées?
Un mince filament de lucidité.
Rien de plus.

Reprends toi Hécate.

-Quant à votre métaphore animalière...laissez moi y répondre par une autre : les rats se noient, mais les caïmans, jamais. Nous ne sommes pas de la même race.


Le mot était hideux, l'avait toujours été, mais il était approprié dans les circonstances présentes. La hyène eut un baillement, ses yeux sans pupilles fixant toujours Bellatrix avec une atroce fixité.

-Que venez vous faire ici? Bien peu prudent de votre part de traîner près des demeures moldues de cette taille au vu de votre situation. Le vieux moldu est mort je suppose. Ou sous imperium. Je ne sais pas lequel des deux je lui souhaite.

La voix d'Hécate lui parut rauque à l'oreille. Depuis quand était elle aussi éteinte? Et depuis quand discutait-elle de la mort d'autrui avec autant de cynisme?
Mais depuis ta naissance Hécate.
C'est l'Angleterre qui t'avais adoucie.
C'est ton amant qui te rendait paisible.
C'est l'absence de plaies qui te faisait croire que tu avais changé.

Tu ne changes pas petite idiote. Prédateur un jour, prédateur toujours. Regardes la Hécate, observe la bien, cette anguleuse araignées brittanique, observe sa beauté, observe sa froideur. C'est l'allégorie de la survie que tu observes là.

Et veux tu savoir le meilleur, petite enfant du marais?

Bientôt, tu marcheras dans ses pas.

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MessageSujet: Re: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyMer 4 Jan 2017 - 18:47

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Aux laïus psalmodiés avec suffisance, la Maudite n'a jamais eu à rétorquer que sarcasmes incisifs et crachats méprisants. Elle hait, elle abhorre, cette bouffissure vaniteuse, cette difformité pédante, dégueulant à qui veut tout un catalogue d'exploits et d'hauts faits englués de mots bleus et creux. Sitôt taquinés de la pointe d'une baguette, ces bubons de crânerie s'avèrent en définitive toujours aussi vides que disgracieux ; et elle a eu l'occasion d'en chahuter beaucoup, des fanfarons, pour en venir à telle exécration. L'Élite londonienne enfante plus de prétentions que de dispositions véritables, la faute sans doute à l'incurie que constitue l'hybridation. Désenchantée, car rodée à leurs belles diatribes vantardes, Bellatrix Lestrange n'est, en d'autres termes, pas de ces serpents qu'on charme d'un plaisant air de flûte, pas plus qu'on ne l'envoûtera jamais en l'enfumant d'alléchants arômes. Non, il convient de la nourrir, pour se concilier ses faveurs et surmonter son scepticisme. De satisfaire sa voracité, ex abrupto, sans fioritures. Et c'est littéralement ainsi que l'inconnue fait choix de s'introduire enfin, balayant d'un revers de main éraflée tous les hauts discours pour ne donner à voir que l'essentiel : sa substance, son sang, sa nature. Sans doute l'aînée en aurait-elle fait de même à son âge, naguère, avant que sa notoriété ne la précède. Des actes, en résumé. Des actes, c'est là tout. Tout ce de quoi ses opinions se forgent. Tout ce de quoi elle s'est d'ailleurs elle-même forgée. Escortant du regard le spécimen qui déambule à sa rencontre, la Mangemorte opine alors du chef comme on salue quiconque déclinerait son identité, puis sourit ; elle apprécie. Celle-ci est bien élevée, songe-t-elle même — et Merlin sait qu'on ne lui extorque pas telle appréciation sans peine —, pour une américaine. Car si elle ne pépie mot, Bellatrix pèse ceux de son adverse, et les indices glanés s'agencent, comme autant de pièces d'un puzzle qu'elle découvre non sans délice : l'accent exotique, l'ébène du derme, la magie rouge et l'allusion aux caïmans... Rodolphus l'aurait deviné d'emblée, fondant sur l'examen du seul félin des conclusions plus affûtées, plus circonstanciées ; elle n'a pas sa science, mais nul doute que la créature lui faisant face est fille des méandres bourbeux de la Louisiane, et telle indication, si vague soit-elle, n'en demeure pas moins estimable.

Nous ne sommes pas de la même race ; à cela, Bellatrix rétorque un rictus amusé, lorgnant le charognard campé à ses pieds. « C'est amusant, en un sens, que tu aies choisi de donner à ton sang l'aspect d'une bête qui, justement... mange les morts, lors même que tu nies avec telle assurance toute espèce d'appartenance à ma race. », ne peut-elle s'empêcher relever, optant pour le tutoiement, comme pour forcer entre elles la proximité que l'autre désavoue. « Tu te trompes, par ailleurs. Les rats savent nager. Ce sont des bestioles... surprenantes, à plus d'un titre. » Les prunelles se hissent de nouveau jusqu'au minois farouche, l'auscultent de biais sans se départir de cette singulière malice. « Raison pour laquelle ces rongeurs ont colonisé la terre entière... et pas les caïmans. Tires-en les conclusions que tu souhaites. » De fait, l'expérience — et, accessoirement, Pettigrow — lui ont enseigné que la duperie et l'illusion sont mères des fléaux les pires, et que le danger se mesure autrement qu'à la taille des crocs. « Cela dit, je crois comprendre où tu veux en venir. En solitaire, les chances de survie sont meilleures, par les temps qui courent. C'est ce que tu crois, n'est-ce pas ? » Tournant dos à la flambée, la Mangemorte s'en éloigne, pensive, jusqu'à aborder l'une des éminentes fenêtres perçant le salon. Les phalanges capturent l'épaisse tenture bouffée par l'humidité, tandis que son attention se porte un instant derrière le voile de pluie, sur la chaumière du vieux Fergus, en contre-bas. « Mais la solitude est un ver qui ronge l'audace et le cœur, tu dois savoir cela. Là d'où tu viens, si mes déductions sont exactes, n'enseigne-t-on pas, avec sagesse, que la famille ou... le clan — c'est ainsi que vous dites, non ? — fait la force ? » C'est au reflet de son interlocutrice, désormais, qu'elle destine derechef ses œillades assidues. « Quant à ce que je fais moi-même ici, eh bien... » Opérant volte-face, adossée cette fois à la verrière, elle ébauche une moue indécise : « Je ne vais pas te mentir, j'étais venue te tuer. Non pas toi, personnellement, entendons-nous bien. Mais vois-tu, semer une empreinte de mon passage ici me tracasse, en dépit de ton petit numéro sur l'énergie que ça te coûterait, et le désintérêt que je t'inspire. Tu n'es pas idiote, et moi non plus : tu pourrais négocier ma capture contre ta propre amnistie, peu importent les torts qui te sont reprochés. Cependant... » Bras croisés sous poitrine, caboche inclinée, la Maudite ondoie de quelques pas vers son vis-à-vis, dans une attitude méditative. « J'ai peut-être une solution, ou disons plutôt... une offre à te soumettre. Laisse-moi accéder à tes pensées, invite-moi là-dedans. », qu'elle propose, tapotant d'un ongle sa propre tempe. « Si je n'y vois pas de menace, je m'en vais et te laisse en paix. S'il s'avère en revanche que tu n'es pas le caïman que tu prétends être... eh bien, je m'en tiendrai à mes desseins initiaux. Qu'en dis-tu ? »


Dernière édition par Bellatrix Lestrange le Dim 15 Jan 2017 - 23:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyDim 15 Jan 2017 - 17:20

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Bellatrix Lestrange était une créature de l'espèce la plus dangereuse qu'il soit possible d'imaginer et à l'entendre, finalement, Hécate eut le sentiment que leurs races, à défaut d'être identiques ou mêmes soeurs, étaient du moins cousines.

Le genre à grosses canines et mâchoires puissantes, griffes acérées et muscles trapus conçus pour la traque. Bellatrix était une lionne, une dominatrice implacable capable de se battre jusqu'à la mort pour son territoire. Hécate tenait, elle, effectivement, plus du crocodile : Capable d'attendre longtemps, longtemps, longtemps, avant de se ruer en avant en l'espace de quelques secondes pour écorcher et entraîner par le fond la chose qui aurait attiré son oeil dans les tréfonds boueux du fleuve.

Deux types de dangers.
Deux types de chasseuses.

Et la hyène qui était docilement installée aux pieds de l'ancienne mangemort, actuelle criminelle en fuite et éternel cauchemar des personnes de bien, aurait en réalité été aisément dévorée par l'une ou l'autre, dans la nature. Car peu importe leurs petits mots d'esprits, leurs piques, leurs pirouettes verbales, elles n'étaient en rien des charognardes. Les autres mangeaient peut être les morts, comme des rats, comme des vers, mais elles effectuaient le meurtre. Et que Bellatrix se compare elle même à un rat n'était pour une Hécate qu'une coquetterie d'un style inhabituel, et sombre, mais une coquetterie tout de même. Une forme de modestie propre aux tueurs sans doute.

Légèrement perdue dans ses réflexions, les yeux fixés sur la silhouette anguleuse de son aînée, Hécate laissa les mots de "Madame Lestrange" glisser sur elle, et n'évoquer que des images passagères. Elle était infiniment trop occupée à tenter de décrypter le langage corporel de cette personne qui selon toute probabilité pourrait très vite se transformer en menace.

La susdite menace arriva d'ailleurs bien assez vite.

« Je ne vais pas te mentir, j'étais venue te tuer. Non pas toi, personnellement, entendons-nous bien. Mais vois-tu, semer une empreinte de mon passage ici me tracasse, en dépit de ton petit numéro sur l'énergie que ça te coûterait, et le désintérêt que je t'inspire. Tu n'es pas idiote, et moi non plus : tu pourrais négocier ma capture contre ta propre amnistie, peu importent les torts qui te sont reprochés. Cependant... »

Ainsi donc elle était entrée dans cette demeure avec l'idée de la tuer? Prévisible. Hécate ne s'était pas attendue à autre chose. Dans un monde où le chacun pour soi prévalait désormais aux yeux des monstres en fuite, il convenait de mordre avant d'être mordu. De tuer avant d'être tué.

A la différence que Bellatrix Lestrange semblait avoir le sens du jeu. Ou du moins, de la négociation. Un geste d'humanisme ? probablement pas.

« J'ai peut-être une solution, ou disons plutôt... une offre à te soumettre. Laisse-moi accéder à tes pensées, invite-moi là-dedans. », qu'elle propose, tapotant d'un ongle sa propre tempe. « Si je n'y vois pas de menace, je m'en vais et te laisse en paix. S'il s'avère en revanche que tu n'es pas le caïman que tu prétends être... eh bien, je m'en tiendrai à mes desseins initiaux. Qu'en dis-tu ? »

Hécate n'avait pas l'intention de refuser sa "proposition". Le sentiment de colère sourde mêlée d'humiliation bouillait au creux de son estomac de manière assez acide depuis la seconde où Bellatrix avait insinué qu'elle pourrait, qu'elle pourrait la vendre afin de racheter sa propre amnistie.

Grâce.

Peu importe quel mot les autorités utilisaient pour désigner le privilège réservé à ceux ayant préféré jeter les autres sous le magicobus que d'assumer leurs actions. Hécate n'acheterait pas sa grâce. Elle ne sacrifierait personne, pas même Bellatrix Sociopathe Lestrange, afin que ceux dont le laxisme, la stupidité et l'hypocrisie avaient permis la montée de Voldemort au pouvoir puissent procéder à une vulgaire parodie de masturbation égotique au vu de son corps enchaîné à un pilori.

Elle ne la vendrait pas. Pas pour qu'ils puissent clouer un autre Lestrange à leur tableau de chasse. Pas alors qu'ils lui avaient pris le seul qu'elle aime plus que sa propre vie. Elle ne leur ferait jamais le plaisir de leur faciliter la vie. A psychopathe, psychopate et demie.

-Parfait, déclara-t-elle après un moment de réflexion, tu veux donc entrer dans mon esprit...je ne peux que t'inviter à le faire. Vas-y. Mets moi au défi. Tire sur mon égo, pique le, lacère-le. Tu n'es pas la première à essayer, et pas la première à échouer.

Hécate fit deux pas en avant et écarta les bras comme pour l'inviter à procéder. Elle savait d'ors et déjà ce que Bellatrix, en bonne touriste, verrait dans son esprit.

Elle verrait le soleil de son enfance et les hautes voix de la louisiane. Il y aurait de la boue et très vite du sang, des hurlements, quelques inferis glânés au fil des traumatismes et des séances de torture. Elle verrait l'encens et la poussière.

Le premier meurtre, devant le conseil des vaudous, à 9 ans.

La première bataille. Le feu qui ravagea Baton-Rouge sans pitié pour son quartier sorcier et ses traitres.

Elle verrait une famille en pleine dislocation, comme le corps d'un lépreux.

Elle verrait l'Angleterre, la haine, la mort de Léda et les terribles mesures prises pour donner à l'enfant la justice que le système ne lui aurait jamais donné.

Elle verrait la colère, et le doute, les cris.

Elle verrait Rabastan, entendrait des mots qui ne lui étaient d'ordinaire jamais associés.

Et quand elle aurait finit son tour, peut être aurait-elle froncé le nez une poignée de fois à la vision d'un souvenir en désaccord avec ses valeurs. Mais elle ne la traiterait plus en imposteure.

Et la conversation, ne se terminerait peut être pas dans le sang et les larmes.

-Fais-le. Et profites du voyage.

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MessageSujet: Re: roars in disguised. (hecatrix)   roars in disguised. (hecatrix) EmptyDim 22 Jan 2017 - 21:53

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La procession de la hyène et son cornac s'achève à l'abord d'une table sur laquelle trône toujours un vase au cristal entartré, recelant encore les vestiges d'un bouquet de fleurs desséché. Un moment, le regard soudain rogneux de Bellatrix s'attarde sur telle icône négligée, telle allégorie de ce que fut jadis ce petit palais oublié : tous les lauriers sont-ils donc voués à faner ? Foutaises. Drossé d'un revers de métacarpes, le bibelot rejoint les décombres, mais le meuble est néanmoins dédaigné, au profit de deux des chaises le cernant, que l'Aimable charrie, à raffut, jusqu'au centre de la pièce. « Judicieuse décision, glose-t-elle, ce faisant, Approche donc, et prends tes aises. » Les serres campent toujours les châssis, lorsque d'une nutation insistante, est désigné un siège. Loin d'afficher quelque démonstration disgracieuse de sa satisfaction que ce soit, la trogne étique se fêle cependant d'un rictus amène, tandis qu'elle montre l'exemple en prenant place sur le second, disposé en immédiat vis-à-vis. « N'aie crainte, ça n'esquinte que lorsqu'on se débat. » C'est là un sempiternel refrain, qu'elle fredonne d'ordinaire à des jugeotes d'ors et déjà trop ébranlées pour suivre avec docilité si sage préconisation. Néanmoins, si ses pâtures avaient considéré la suggestion à sa juste valeur, faisant preuve un instant de bon sens, pour sûr s'en seraient-elle tirées avec tout au plus quelques contusions... mais non, il fallait toujours que ça se rebiffe, et que ça rue dans les brancards. Et l'on ose ensuite s'ébaudir des dégâts causés : les Longbottom, par exemple. Eh bien, c'est l'orgueil mal placé, qui les a condamnés. S'ils s'étaient astreint à suivre diligemment le conseil soufflé, c'était un orphelin de moins à la charge de la société ! Quoi qu'à la réflexion, le petit Neals — Ned... ? Neville, peut-être ? — ait été placé chez sa grand-mère. Bref, il est de son opinion que certains drames sont aisément évitables, à condition que l'amour-propre n'entrave pas le processus. « Quant à ton ego, ajoute-t-elle donc, ma foi, je ne lui veux et ne lui causerai aucun mal, si tant est qu'il me laisse œuvrer, sans trop broncher. »

Guiboles croisées et échine avachie contre dossier dans une pose indolente, la Mangemorte dégrafe alors avec nonchalance les boutonnières à ses manches, qu'elle retrousse ensuite aux coudes, comme si elle s'apprêtait à y foutre carrément les mains. Simple manie préliminaire, acquise avec les années, lorsqu'il fallait soi-même molester les corps, afin que les esprits coopèrent. « À moins que tu n'aies à cœur de faire durer le plaisir, ce dont je doute, ça ne sera pas long. », promet-elle, un brin facétieuse. De fait, si l'Américaine demeurait fidèle à sa parole et permission, une poignée de minutes suffirait à glaner le nécessaire à sa disculpation. Au contraire, l'interrogatrice saurait faire preuve d'endurance, si contrainte ; aussi se dispose-t-elle à cette éventualité, tandis qu'elle sonde le terrain d'une œillade pénétrante. C'est qu'elle a vu, par le passé, des adolescents tenter de contrer ses assauts avec plus de vaillance qu'un Auror entraîné. Ainsi, en vétéran qu'elle est, la Lestrange ne mésestime-t-elle pas ses adversaires, d'autant plus lorsque ceux-ci dégoulinent à ce point de sang-froid. « Tente quoi que ce soit contre moi, en revanche, et je te saccage. Entendu ? » Car nonobstant revers et chicanes, le Lieutenant n'a jamais, à ce jeu-là, essuyé le moindre insuccès ; et de sa supériorité, la garce fait parade, là encore moins par fatuité que par dissuasion. Et puis, la fausse modestie lui sied de toute façon mal au teint. « Bien, détends-toi, à présent. » La position se corrige ensuite, tandis qu'est halé le buste, désormais incliné pour que l'espace entre les deux femelles ne se réduise plus qu'à une allonge de bras. Les argentines courtisent alors les mordorées, et le contact oculaire ainsi scellé, le Sureau est à son tour hissé. Enfin, est proféré le sésame, et l'incantatrice s'immerge.

Narines dilatées, elle hume alors les primes réminiscences, olfactifs témoins d'un révolu qu'elle n'infiltre au départ qu'avec moult précautions, ne sachant pas à brûle-pourpoint ce qui l'attend là, à revers de caboche visitée. Et cette lande inconnue, à peine accostée, exhale avant tout l'humus, arôme qui camoufle un temps tous les autres. Très vite toutefois, le triage sensoriel s'initie, et affleure quantité d'autres parfums, toile de fond d'une mémoire qui, peu à peu, se tisse alentour. Sous le palais, la langue clapote une traînée d'épices méconnues, et puis aussitôt, ronfle à son tympan le chant serein de la mangrove, que ratisse une brise tépide et visqueuse. Ce n'est qu'alors que la vue lui est enfin octroyée. Et ce qu'elle distingue, en premier lieu, ce sont les marais louisianais qui somnolent, sous les rayons d'un astre sanguinolent, où que s'oriente son regard. « Charmant. », ironise la voix quelque peu lointaine de la Legilimens, tandis qu'elle patauge dans la fange, en prospection d'une trace à filer. Brassant la dense atmosphère, elle progresse donc vers un imposant palétuvier, contre le tronc duquel les paumes s'apposent, jusqu'à ce que l'écorce se fende d'une brèche, à peine assez large pour qu'elle puisse s'y couler. L'esprit s'y contorsionne et, alors que l'entaille organique, dans son dos, se colmate, la sorcière tend l'oreille. Plongée désormais dans le noir le plus absolu, elle ne perçoit que cette étrange litanie à l'idiome obscur, jusqu'ici jamais ouï, mais dont elle perce le sens car l'intellect est ainsi fait que ses langages sont universaux : « Quand d'autres goûteront le miel de la vie, la petite en boira le sang. », murmure l'arbre, et la Mangemorte à sa suite, dans un filet de son qu'essaime la babine retroussée. Puis soudain, la vision se trouble, et lui saute à la gorge l'âcre smog de feux archaïques, dansant en ronde autour d'elle... ou plutôt de « Cat. Hecate. », qui s'est matérialisée à son flanc, sous des traits bien différents. Derme couvert d'écailles et couronnée d'une tête de lion, la jeune femme traîne à sa cheville la carcasse d'un colossal poisson aux crocs monstres qui, bien que grippés, laissent filtrer : « L'orage gronde. » Alors, l'ébène harponne le poignet de l'indiscrète, et sans crier gare, l'entraîne à sa suite, à travers le brasier, puis ses fumées. De l'autre côté, c'est le vide qui les dérobe à la glèbe jusqu'ici foulée, tandis qu'elles sautent d'un même élan, en bordure d'une falaise, rongée à son assise par un impétueux ressac aux verdâtres remous menaçant les avaler. De chute, pourtant, il n'y a guère ; alors elle hasarde un coup d'œil vers les cieux anglais assombris. Incliné vers elles, « ... Rabastan ? » retient Hecate. « Si je te garde avec moi ce n’est pas seulement parce que je... »

Sur ces touchants entre-faits, l'incursion est conduite en douceur à sa fin. Déjà, les phalanges s'affairent à boutonner les manchettes, sans que la liaison visuelle ne soit pour autant séance tenante abrogée. La brune dévisage son adjacente un bon moment, en silence, avant de se gercer d'un sourire torve : « Mon beau-frère, hm ? » Alors, cognant le dallage des talons, elle se lève et déambule à l'écart, engainant baguette à sa ceinture, jusqu'à rallier son précédent poste, auprès de la cheminée. Là, un bras replié sur le marbre du cadre, la Mangemorte rive aux flammes de pensives prunelles. « La pluie a cessé. », souffle-t-elle alors, sans que le portrait n'ait a dévier pour s'en assurer. Raflant à l'âtre ses nippes drainées de leur humidité, elle ne s'en pare pas immédiatement, lorgnant par-delà épaule le minois cuivré. « Il va de soi que je ne suis jamais venue ici. Je pourrais pousser le vice à te réclamer ce souvenir, mais je n'en ferai rien. Car lorsque l'orage grondera de nouveau, je veux que tu te souviennes. » Alors, dans un ample arc d'étoffes fuligineuses, le galbe disparaît sous cape et, sans lambiner plus, fait marche vers l'issue, sur le seuil de laquelle toutefois, elle fait halte, et sans se retourner, ajoute : « Je veux qu'alors, tu viennes à moi, petite fille caïman. Et nous t'aiderons à recouvrer ce qui est tien. » À peine a-t-elle ponctué sa phrase, que déjà elle s'est éclipsée, comète ténébreuse fissurant l'empyrée, duquel elle était tombée, quelques heures auparavant.
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