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each word gets lost in the echo

décembre 1985 &
foyer Travers


Le nez plongé dans les bouquins malgré l'heure tardive, le sommeil n'est clairement pas une priorité. Contrairement à ta formation de médicomage légiste. Des vacances ? Non, du temps libre pour apprendre. Toujours remplir un peu plus ton crâne de trucs et autres machins compliqués. Tu oublies le temps qui s'écoule, la nuit qui tombe, l'heure indécente. Il n'y a que les pages des livres et les mots qui dansent à la lueur de la bougie. Et ce foutu parquet qui grince dans le couloir. Tu te lèves, prêt à quémander le silence mais tu es stoppé par la voix de ton grand-père dans la chambre d'à côté. Tu tends l'oreille mais le ton est trop bas pour que tu puisses en saisir le sens. Tu entends le parquet craquer une nouvelle fois. Puis plus rien. Tu restes là, planté, comme un con, à attendre tu ne sais quoi. Puis la porte de la chambre de Vanja se ferme, le parquet grince, puis le silence. Tu n'oses pas aller voir ce qu'il se trafique au rez-de-chaussée. Tu n'as jamais été très à l'aise avec lui dans les parages. Et cette façon qu'il a de tourner autour de ta sœur tel un vautour te dérange. Il s'occupe d'elle à la place de vos parents et si tu ne connais pas avec exactitude ce qu'il lui apprend, tu sais que ça n'a rien de joyeux. De la magie noire, c'est certain. Mais à part ça ? Ils gardent le secret, même Vanja n'a pas voulu délier sa langue. C'est sans doute pour ça que toute cette machinerie te gêne autant. Parce que c'est le premier secret qu'elle refuse de te confier.

Tu sors de ta paralysie pour rejoindre la fenêtre. Ton nez collé à la paroi vitrée, tu aperçois deux silhouettes apparaître sous les rayons de lune et quitter la maison. Mais putain qu'est-ce qu'ils foutent ? Tu hésites un moment à aller réveiller ta mère pour la prévenir. Mais à quoi bon ? Elle est aussi réactive qu'une limace endormie depuis l'emprisonnement de son mari. Tu sens bien que la présence de son beau père ne l'enchante pas. Mais comme toi, elle se contente de pincer les lèvres et de regarder ailleurs. Oui, mais là c'est différent non ? Elle a quatorze ans putain. Elle a rien à foutre dehors à une heure pareille pour tu ne sais quelle raison. Ta mère serait d'accord avec ça, non ? Il y a bien une limite à votre ignorance volontaire. Et elle doit être là. Mais tu renonces à aller faire paniquer ta mère, préférant attendre le retour des deux fugitifs pour être rassuré. Et aller reprendre tes activités comme si tu n'avais rien vu une fois de plus.




« Mama … » Penché sur la silhouette endormie de ta mère, tu lui secoues doucement l'épaule pour la réveiller. Elle ouvre légèrement les yeux. « Doći, ti napravio sam kavu. » Et tu sors de sa chambre pour rejoindre la cuisine. Tu as tourné en rond toute la nuit. D'abord dans ta chambre puis tu as migré dans la chambre de ta sœur, puis au salon, dans l'entrée, dans la cuisine. Et personne n'est revenu. Mais maintenant le soleil pointe à l'horizon et tu t'inquiètes. Beaucoup trop. Et c'est tout tremblant que tu portes la dixième tasse de café à tes lèvres.

Mais putain. Où est ta sœur ? Qu'est ce que ce vieux con a fait à ta sœur ? Bordel, tu vas le tuer. Oui, tu vas le tuer. Dès qu'il rentre, tu lui sautes au cou s'il le faut.

Enveloppée dans son peignoir ta mère vient te rejoindre à la table de la cuisine. « Ti si rano. » Et son regard s'éteint. Elle boit une gorgée avant de poser ses yeux stérile sur la fenêtre derrière toi. Mais tu ne la laisseras pas se réfugier dans sa léthargie. Pas aujourd'hui. « To je  Vanja ... » Elle ne cille pas, tu ne sais même pas si elle t'écoute encore. « Nije … » Mais tu es interrompu par un bruit dans l'entrée. Ah non. Tu ne te laisseras pas faire. Pas cette fois. Le vieux ne sera pas sauvé par le gong. Il faut que tu fasses quelque chose. Il faut que ta mère fasse quelque chose. Les pas se rapprochent. Vite Zoran. Maintenant. « Djed je otišao s Vanja večeras. » Tu parles rapidement comme pour cacher aux deux promeneurs que tu es en train de les balancer. Alors qu'aucun des deux n'est foutu de comprendre un mot de croate.

Tes paroles n'ont pas eu l'air d'avoir fait un quelconque effet sur ta mère. Elle a toujours le regard perdu. Putain elle est pas avec toi là. C'est pas le moment. Pas alors que tu as enfin le courage de réagir, de mettre fin au règne du vieux Travers dans cette maison s'il le faut. Mais alors que ton grand-père apparaît sur le pas de la porte de la cuisine elle se penche légèrement vers toi. « Gdje ? » Tu hausses les épaules. Il aurait pu l'emmener n'importe où ce vieux fou.

Vos opales se tournent en même temps vers lui. Vanja est derrière, épuisée, les yeux rouges, la peau ternie par la même pâleur qui vient orner ton visage lorsque tu as peur. QU'EST-CE QU'IL LUI A FAIT PUTAIN ? « Mislite li da ju je povrijedio ? » La question t'est adressé mais le regard accusateur est déstiné au vieil homme. « Možda.  » « Uzmi svoju sestru u svojoj sobi. Sada. » Tu te lèves, ta main roule sur l'épaule de Vanja avant de la conduire jusqu'à sa chambre. Là haut, tu lui retires son manteau en silence et l'oblige à se glisser sous la couette. Tu t'installes à côté d'elle sans un mot de plus. Tu ne l'obligeras pas à parler même si plusieurs questions te brûlent les lèvres. Tu peux attendre qu'elle rattrape son sommeil, qu'elle soit prête un autre jour. Ou simplement accepter qu'elle veuille encore taire un nouveau secret. Tant que ta mère règle toute cette histoire en bas avec le grand-père. Pourvu qu'elle le fasse. Pourvu qu'elle soit assez forte pour s'opposer à lui.

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décembre 1985 & foyer Travers

« Je veux que tu ramènes quelqu'un, que tu crées ton premier inferius. » S'écoulent alors les secondes les plus longues de sa vie. Elle qui jusque-là s'était contentée de bouquins divers traitant de la nécromancie, mais pas seulement. Aurait-elle pu imaginer être jetée comme ça face à un tel pouvoir, elle qui n'est encore qu'à Poudlard et continue d'apprendre les rudiments des arts magiques ? Elle qui n'a encore que des connaissances obscures dans le domaine, qui ne sait que peu de choses dans la pratique, qui ne sait même pas si un simple Incendio peut suffir à annihiler la créature au cas où elle venait à perdre le contrôle. Sans doute que non, auquel cas personne ne ferait toute une histoire de ces créatures maudites, dépouillées de leur âme, devenues simples pantins entre les mains d'un sorcier ayant volé la Mort. Elle a peur, la petite fille. Peur de se planter, peur de décevoir un homme qui semble placer tous ses espoirs en elle, peur de décevoir cet homme remplaçant son père le temps de son enfermement à Azkaban. Pour la première fois depuis son entrée à Poudlard, elle a peur. Peur de n'être finalement qu'une petite fille stupide jouant avec des pouvoirs qui la dépassent, qui sont bien au-delà de sa compréhension. Elle qui n'a fait que gratter la surface, encore bien trop jeune, bien trop innocente pour aller plus en profondeur dans l'assombrissement de son âme. Elle sait qu'elle est sur le point de passer un seuil, une ligne qu'elle ne pourra plus jamais traverser à nouveau. Mais elle sait également que franchir la ligne jaune est obligatoire pour devenir ce qu'a été son père avant, ce qu'a été son père avant lui. Elle n'a pas le droit à l'échec, au risque d'exposer à nouveau Zoran aux tentatives désespérées de l'homme pour l'amener sur une pente bien trop glissante, bien trop dangereuse, pour lui. Elle, la gamine entrée depuis peu à Poudlard, tentant de protéger un adulte de ses responsabilités. La situation pourrait prêter à rire, si elle ne se trouvait pas devant une tombe. Une véritable tombe, avec un véritable corps à l'intérieur. Est-elle réellement prête à profaner cet endroit, à réveiller un corps supposé endormi pour l'éternité ? « N'aies crainte mon enfant, je suis là. » Elle le sait, elle le sent. Pourtant, il n'est rien de plus que le père de son père. Un homme presque inconnu à ses yeux, un simple mentor dont la présence n'a jamais pu contester celle de son paternel. Jamais, quand même bien il le voudrait réellement, il ne pourra la rassurer comme l'a déjà fait le patriarche Travers. Jamais, malgré ses airs faussement protecteurs. « Je n'ai pas peur. » Debout à ses côtés, face à la pierre tombale, il sourit. Un large sourire, qui lui semble presque sincère. Qui lui semble contenir une once de fierté, pour cette gamine qui ne recule pas devant le plus grand challenge de sa courte vie. Mais il n'a pas de temps à perdre avec de telles inepties. Elle n'a encore rien fait, et a tout à prouver à cet homme. « Alors commençons. »



Combien d'heures se sont écoulées ? Elle n'a aucune idée, alors qu'elle finit par tomber à genoux, les mains lourdement plantées dans le sol, le souffle court, la mine épuisée. Déjà, les premières éclaircies apparaissent dans le ciel écossais. Elle parvient difficilement à relever la tête, plantant son regard sur son grand-père qui semble l'ignorer, se contenant de regarder autour de lui. Il n'affiche rien sur ses traits, ni déception, ni surprise, rien. Un mur, masquant toutes les émotions qu'il peut ressentir. Un mur, que la petite fille heurte de plein fouet, son propre visage rompant drastiquement avec celui du vieil homme. Elle ne saurait dire ce qu'il pense d'elle mais, au fond, elle s'en doute. De la déception, des espoirs brisés, fissurés, calcinés. Des rêves de grandeur tués dans l'oeuf, emportés par l'incompétence d'une gamille qu'il a surestimé. Peut-elle lui en vouloir, elle qui a tout tenté pour le rendre fier, pour voir en elle l'héritère dont cette famille, pour qu'il oublie définitivement l'idée de choisir son frère ? Elle le voulait, véritablement. Elle voulait épouser ce rôle qui ne lui était pas destiné, elle voulait prendre ce chemin autrefois réservé aux mâles de la famille. Elle voulait devenir la première Travers à maîtriser l'art ô combien difficile de la nécromancie. Mais c'est un échec. Un échec total. Une déception amère, un sentiment d'impuissance, de faiblesse. Voilà ce qu'elle ressent actuellement, tandis que les premières larmes apparaissent à la comissure de ses yeux, glissant le long de ses joues pour s'abattre sur la terre molle du cimetière. « Ce n'est rien Vanja. Tu fera mieux la prochaine fois. Vas donc te poser, pendant que je nettoie tout ça. » Tout ça. A ces mots, elle tourne la tête pour mieux contempler le décor qui s'offre à elle. Combien de corps a-t-elle tenté de ramener à la vie ? Beaucoup trop pour ses capacités magiques encore bien trop faibles. Tous des échecs. Créatures faibles, apathiques, incapables de supporter leur propre poids. Et, surtout, incapables d'obéir à la moindre consigne donnée par Vanja. La moitié d'entre eux ne s'est même pas relevée. L'autre s'est contenté d'héberger le minimum de magie pour les animer, sans rien de plus. Aucune capacité cognitive, aucun moyen d'accomplir le moindre mouvement. Et, à chaque fois, la même scène se répétait. La créature qui rampait, inconsciente de son état, avant de finir dans les flammes du sortilège lancé par le grand-père. Elle aurait tant aimé y parvenir, faire quelque chose de bien. Mais force est de constater qu'elle en est tout simplement incapable.

Dans le silence le plus total, elle s'éxécute. Marchant tant bien que mal jusqu'à se laisser tomber contre l'une des pierres ornant le cimetière, le regard toujours fixé sur les cadavres gisant au sol. Ils auraient pu être un succès, ils auraient pu devenir les pierres fondatrices d'une nouvelle ère pour elle. Mais au lieu de ça, ils sont le symbole de sa faiblesse, de son incapacité à faire quelque chose d'aussi basique. N'était-ce pas aux alentours de son propre âge que son père est parvenu à en conjurer un ? Au même âge que cet homme qui élimine les traces de son échec ? Elle seule semble avoir été suffisamment faible pour échouer, pour couvrir cet homme de honte. Elle l'imagine réfléchir aux possibilités futures, à celle qui consiste tout simplement d'abandonner Vanja à son sort, de choisir Zoran à sa place. D'éliminer de son existence le dernier lien encore valable la reliant à son père. La laisser devenir ce qu'elle devait devenir dès son plus jeune âge, passant ses journées avec une mère apathique, à s'occuper du domicile familial. Serait-elle meilleure dans une cuisine que dans ce cimetière ? Peut-être. Mais elle ne veut pas le découvrir. Pas maintenant, ni jamais.

« Viens, on rentre. » Une main tendue vers elle, l'invitant à se relever pour s'accrocher à son bras. Avant que le cimetière ne disparaisse, remplacé par l'entrée du domicile familial. « Ils sont en bas. Ne lui dis rien. » Ne rien dire à la mère. Cette bonne femme incapable de voir que sa fille disparaît en pleine nuit, qu'elle passe parfois de longues heures enfermée dans la bibliothèque avec son grand-père. Une pauvre femme amorphe, devenue simple coquille vide depuis l'arrestation de son mari. Depuis que son monde s'est écroulé en même temps que la disparition du Seigneur des Ténèbres. Au bout de quelques secondes, elle relève finalement la tête, captant le regard de son grand-père pointé vers elle, attendant une réponse quelconque de sa part. Un simple mouvement de tête, pour lui indiquer qu'elle ne dira rien. Ni à elle, ni à son frère. Rien ne sert de lui dire qu'elle s'adonne à la magie noire et, pire encore, à la nécromancie. Rien ne sert de lui annoncer que, si elle fait ça aujourd'hui, c'est bel et bien pour que lui n'ait pas à plonger là-dedans. De toute façon, elle se sent incapable de dire quoique ce soit. Les yeux rougis par la fatigue et les larmes, le visage terne, les mains recouvertes de terre séchée, marquée par endroits par les larmes qu'elle s'est séchée tant bien que mal. Elle ne veut rien lui dire, elle ne veut rien entendre. Simplement remonter dans sa chambre, se coucher, et pleurer. Pleurer comme la faible, misérable chose qu'elle est. Comme l'échec qu'elle représente pour cette famille qu'elle idôlatre. Pour ces générations de Travers n'ayant jamais connu l'échec comme elle l'a fait aujourd'hui.

« Mislite li da ju je povrijedio ? » Elle entend distinctement sa mère, alors qu'elle suit son grand-père dans la cuisine. Du croate. Des mots incompréhensibles pour ses oreilles. Des mot dont elle ne parvient à identifier ni le début, ni la fin. Une simple suite de paroles indéchiffrables, et qui lui rappellent à chaque instant que cette femme n'est sa mère que parce qu'elle l'a mise au monde. Elles n'ont rien en commun. Ni la mentalité, ni les idéaux, ni la langue natale. La suite est tout autant incompréhensible, quand Zoran lui répond également en croate, les yeux rivés sur elle, rendue pitoyable par ce visage marqué par toutes les émotions qu'elle a pu ressentir au cours des dernières heures. Un visage qu'elle rêverait de voir disparaître, pour ne plus supporter le regard horrifié de son frère. Pour ne plus supporter celui plus accusateur de sa mère. Ils ne savent pas, et ne comprendraient pas, ce qu'ils ont fait toute la nuit durant. Ils ne l'accepteraient pas, plongés dans une faiblesse que sa mère tente de maintenir de toutes ses forces. Contaminant Zoran, l'entraînant avec elle dans sa chute. Ils ne pourraient pas comprendre, non, que Vanja ne se préoccupe que de la protection, de l'épanouissement d'un frère qu'elle aime bien plus que quiconque en ce monde.

Elle reste immobile, poupée fragile aux muscles endormis, quand Zoran vient passer sa main sur son épaule. Et se contente d'avancer, silencieuse, le regard vide, quand il la conduit jusqu'aux escaliers, puis sa chambre. Elle ne proteste pas, ne se plaint pas de la douleur qui envahit chacun de ses muscles, de ses nerfs. Elle ne réagit pas, quand il lui enlève la veste. Petite chose devenue tout aussi amorphe que sa mère, simple pantin manié par les mouvements de son frère. Il le fait pour elle, elle le sait. Elle devrait le remercier de prendre soin d'elle, de ne rien dire. De faire simplement le travail du grand-frère. Mais les mots lui manquent, la fatigue l'envahit. Elle veut simplement disparaître, devenir autre chose, quitter ce corps meurtri pour enfin sentir à nouveau le confort. Quitter ce corps qui refuse de s'offusquer lorsqu'elle est amenée jusqu'au lit, qui ne rien faire de plus que rester immobile dans le lit, se contentant de s'enfouir contre la poitrine de Zoran lorsqu'il se couche à côté d'elle. Avant qu'elle n'éclate en sanglots. « J'ai échoué... Ils étaient tous... Je l'ai déçu. Père ne m'aimera plus. »
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décembre 1985 &
foyer Travers


« J'ai échoué... Ils étaient tous... Je l'ai déçu. Père ne m'aimera plus. » Qu'est ce que c'est encore ces conneries ? Et c'est qui ces foutus « ils » ? Où est-ce que le vieux fou l'a emmené ? Ton esprit va trop loin pour répondre à la dernière question. Mais l'humiliation revient presque dans chacun de tes scénarios. Certains sont plus morbides que d'autres, les autres sont juste terriblement malsains. Et tu ne comprends pas. Tout ça n'a aucun sens. Foutue éducation ancestrale ou tu ne sais pas quoi. Le papy a fait un trop bon boulot avec la cervelle de ta sœur. Et tu t'en veux. Putain, c'est de ta faute tout ça. Si t'avais les couilles pour porter le fardeau de l'aîné, elle aurait pas à subir tout ça. Et si t'avais le cran pour t'opposer aux plus ancienne traditions de votre famille tordue, tu aurais pu la protéger de toute cette merde. Aucun de vous d'eux n'est obligé d'endurer des volontés qui ne sont à l'origine pas les vôtres … si ? En quoi cette fatalité est-elle juste ? Mais réveille toi Zoran, la vie n'est pas juste. Fais ton deuil.

Et d'abord aucun mot ne franchit la barrière de tes lèvres, te contentant d'être là en essayant de ne pas être trop brusque. Tes bras noués autour des épaules de Vanja, la pressant contre son torse avec toute la bienveillance que tu peux lui offrir. Un main noyée dans ses boucles brunes alors que l'autre enroulée autour de son dos se dresse en barrière contre le reste du monde, tu parles enfin. « Tu sais bien que tu resteras à vie la préférée, Van'. De lui, de moi, de tout le monde. » Tes phalanges glissent dans ses cheveux. Avec une douceur précautionneuse. Malgré la rage qui coule dans tes veines. Malgré ça et là. Malgré tout. Tu arrives encore à te maîtriser. Tu n'essayes pas de lui retourner le cerveau comme le vieux con en bas. Tu n'essayes pas de t'immiscer dans sa tête avec les bons mots. Tu n'essayes pas de la convaincre que, elle aussi, elle pourrait dire merde à toute cette histoire. Et c'est certainement la ta plus belle erreur. Mais tu n'as pas le droit. Pas parce que le rôle de l'héritier modèle risque de tomber dessus à nouveau. Mais simplement parce que tu n'as pas à lui dicter quoi faire. Pas comme eux tous. Non, tu n'as pas le droit. Mais est-ce que lui laisser le libre arbitre, laisser les cartes aux mains de votre grand-père est plus judicieux ? T'en sais foutrement rien. Tu ne sais pas comment réparer ce que ta lâcheté à causer. Mais tu ne veux pas le faire comme ça. Jamais. Sa vie, ses décisions. Et que valent les conseils d'un frère couard ? Tu ne vaudrais pas mieux que les autres de toute façon. Si tu profitais d'un état de faiblesse de sa part pour bousculer tout dans son crâne.

« Alors maintenant, dors. C'est fini. Repose toi. » Tu colles un baiser au sommet de son crâne. « C'est fini. » Et tu attends qu'elle s'endorme. Tu attends et tu restes avec elle. Sans rien de plus. Parce que tu as définitivement décidé de ne pas être un vrai Travers. Tu ne joues pas avec elle, tu n'en fais pas ta marionnette, même pour une nuit.




Tu quittes la chambre de Vanja maintenant baignée par la lumière du jour. Il n'y a que sa respiration régulière qui brise le silence et le léger grincement de la porte quand tu la refermes. Au rez-de-chaussée, tu retrouves ta mère et son beau-père installé dans le salon. Et tu bloques. Tu bloques une minute sur la scène. Il lit le journal dans le fauteuil de ton père, elle … et elle putain … elle a récupéré son air absent. Ils sont là. Comme d'habitude. Comme si rien ne s'était passé cette nuit. Comme s'il n'avait pas franchit la limite, comme si elle se foutait du sort de sa propre fille. Mais bordel. NON. Juste non. Tu croyais qu'elle allait le foutre dehors, qu'elle allait reprendre son rôle de mère. Tu pensais naïvement qu'elle reprendrait les rennes de sa vie et de celles de ses gosses. Tu comptais sur elle. Putain, tu comptais vraiment sur elle.

Tu n'as pas encore fait un pas dans le salon, tu es simplement là, dans l'encadrement, à contempler l'atrocité de la scène, de tout ce qu'elle représente. « Mama, molim te, reci mi da je ovo šala. » Mais personne ne lève les yeux vers toi. T'existes pas. Tu n'as plus de réelle importance au milieu de ces cinglés. Tu le savais, maintenant, tu en as la preuve.

Et là pour le première fois de ta vie tu pètes les plombs. Parce que cette fois, tu as plus peur pour Vanja que pour toi. Parce que cette fois c'est trop.

Tu sors la baguette de ta poche pour la pointer sur la carcasse du vieux assis à la place de ton père. Et le reste ne répond plus vraiment de toi. L'instant d'après tu te retrouves à agripper le col de ton grand-père de ta main libre, le bout de ton bâton planté dans son cou. Des insultes et des menaces en croate jaillissent de ta bouche. Plus fort, toujours plus plus bruyant, assez pour couvrir les suppliques de ta mère derrière toi. Tu ne contrôles pas tes cris, tu ne maîtrises plus ta haine. Et il ne fait rien pour t'apaiser, il ne sait pas faire. Il ne sait faire ce qu'il a toujours fait. Se moquer, te dénigrer. « Allons, mon garçon, range ça tu vas te blesser. » Putain. Il croit que t'es qu'un débile agitant un morceau de bois. Il ne te croit pas assez intelligent pour savoir te servir de ta baguette. Pas assez courageux pour t'en servir contre lui. Mais n'es-tu pas un Travers après tout ? Pas un vrai, non, mais le sang de tes tordus d'ancêtres coulent quand même dans tes veines. Tu comprends le corps humains et ses faiblesses. Tu comprends le mal qu'il fait subir à ta sœur. Tu ressens enfin ce besoin malsain de torturer pour soulager. Merci papy. « C'est la dernière fois que tu … » « Tu ne peux pas comprendre. » « Ah non ? Mais putain tu l'as vu ? T'as vu dans quel état t'as foutu Vanja ? Rien, absolument RIEN ne justifie … » « Zoran, Vanja je ! » Tes prunelles se détournent immédiatement vers l'encadrement de la porte. Et tu lâches automatiquement l'étoffe lorsque tu aperçois le visage encore fatiguée de ta sœur. Le bras tenant la baguette retombe mollement le longe de ton corps. Et tu ne dis plus rien. Ton grand-père se chargeant de remplir la pièce de son rire moqueur.

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décembre 1985 & foyer Travers

La préférée... Elle aurait aimé que les choses soient aussi simples. Elle aurait préféré rester elle aussi dans le noir, dans l'ignorance la plus totale. Elle aurait voulu tout ignorer des traditions familiales, du poids qui lui pèse désormais sur les épaules, de toute cette pression qu'elle subit constamment pour parvenir au niveau de ses prédécesseurs, pour ne pas faire honte à son grand-père, pour ne pas décevoir ce père absent qu'elle idolâtre toujours. Peut-être l'est-elle pour cette raison. Peut-être est-elle réellement devenue celle qu'ils préfèrent, celle pour qui les Travers ressentent de l'amour, dans leurs manières bien étranges. Peut-être. Mais cet échec vient tout changer. Jamais, elle n'avait échoué. Jamais, elle n'était autant passé à côté de son sujet. Jamais, elle n'avait senti une telle honte, un tel sentiment de faiblesse, d'impuissance. Brusquement, elle venait de retomber sur terre, dans le corps de cette simple gamine incapable de réellement comprendre la puissance d'un art qu'elle tente de maîtriser, sans jamais y parvenir réellement. Elle venait de se rendre compte qu'elle n'était rien de plus qu'un échec ambulant, une fillette incapable de réaliser ce que l'on attendait d'elle. Et dans les bras de son frère, elle continue de ressentir toute cette faiblesse. Et elle se déteste pour ça. Bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Il ne s'en rend pas compte, ou fait mine de ne pas le voir. Mais derrière les larmes et ses yeux rougis, elle ressent bien plus de haine que de tristesse. De la haine contre elle-même. Pour avoir déçu. Car il le saura. Il saura qu'elle n'est parvenue à rien. Il saura qu'elle est loin d'atteindre la hauteur de ses attentes. Pourrait-il l'aimer encore, alors que cette nuit elle a enterré ses derniers espoirs ? Elle en doute, malgré les mots de Zoran. Au moins lui continuera de l'aimer, malgré les secrets, malgré le silence face aux questions qu'il a déjà pu poser par le passé. Il reste là, pour elle, laissant la pièce baigner dans un silence qu'elle n'espérait pas aussi reposant. Pas un mot, pas un bruit pour retarder l'arrivée d'un sommeil dont elle a terriblement besoin. Un somme qui arrive rapidement, bien plus qu'elle ne l'imaginait, alors qu'elle sent les lèvres de son frère déposer sur son crâne un baiser rassurant, réconfortant. Pour lui montrer qu'il existe dans cette maison quelqu'un qui s'intéresse encore à elle. Elle, la fille. Pas simplement l'héritage qu'elle représente. Mais bien cette fille qui n'a jamais eu l'enfance qu'elle rêvait d'avoir, qui n'a jamais pu parler de ses études à son père, qui n'a jamais pu faire rien d'autre que s'imaginer déballant toutes les histoires qu'il a pu lui arriver à l'école des sorciers, ou au village de Pré-au-Lard.

Des cris. Inconnus. Pourtant venant d'une voix qui lui rappelle vaguement quelqu'un. Elle tente d'ouvrir un œil, le refermant aussitôt sous l'effet d'une lumière bien trop aveuglante. Elle n'a pas dormi longtemps, et son corps réclame encore du sommeil. Beaucoup de sommeil, pour récupérer de cette nuit qui l'a épuisée, qui l'a foutue sur les rotules. Mais les cris continuent, se multiplient, l'empêchent de retrouver le sommeil. Quand bien même elle se tourne, quand bien même elle tente d'enfoncer son visage et ses oreilles dans les coussins, les hurlements parviennent toujours jusqu'à elle, s'agitent dans son cerveau privé de sommeil. Son frère, sa mère. Une langue qu'elle ne comprend pas. Se disputent-ils à cause d'elle ? Pourquoi ? Elle n'arrive pas à réfléchir. Le sommeil l'en prive. La dispute aussi. Alors, lentement, elle se relève, rejoint le couloir puis les escaliers. Et à mesure que ses pas la rapprochent du lieu de la dispute, elle aperçoit la scène. Leur mère dont le regard se porte aussitôt sur elle, mêlé de peur, d'incompréhension et de surprise. Et, plus loin, Zoran. La main tenant leur grand-père par le col, la baguette pointée sous son menton. Une position menaçante qu'elle ne comprend pas. Pourquoi ? Pourquoi fait-il ça, lui qui était si doux quelques instants plus tôt ? Il n'a aucune raison d'agir comme ça. Pas avec lui. Pas avec cet homme qui tente de faire d'elle une femme, une digne héritière du clan Travers. Pourquoi voudrait-il du mal à sa propre famille ? Les Travers ne sont-ils pas supposés être liés contre le monde ? Ne sont-ils pas censés se défendre face à l'adversité, face à la haine du monde sorcier à leur égard ? Pourtant, voilà qu'elle voit son propre frère faire tout le contraire de ça. Voilà qu'elle le voit menacer son propre grand-père. Sans se douter un instant des répercussions d'un tel acte. Il ne semble pas comprendre. Il ne semble pas voir que cet homme, en l'absence de leur paternel, est désormais le chef de famille. Et que rien ne pourra changer cet état des faits, et encore moins lui ou leur mère. Que, au fond, les traces marquant encore le visage de la jeune fille sont autant sa faute à lui que la sienne. Que si elle a échoué, si elle s'est épuisée au point de chuter, c'est aussi parce qu'elle ne voulait pas le voir prendre cette charge, parce qu'elle le savait incapable d'assumer un tel fardeau. Elle l'a protégé. Pour le voir s'attaquer frontalement à l'homme à qui elle doit ses connaissances. « Zoran... Il ne m'a pas fait de mal, pourquoi fais-tu ça ? » Et c'est vrai, en quelque sorte. Il ne l'a pas touchée, ne l'a pas fait souffrir. A même soufflé qu'ils en arrêtent là pour le moment. C'est elle qui a insisté, pour qu'ils ne partent pas sur un échec de sa part. C'est elle qui a tout tenté pour le rendre fier d'elle, pour lui montrer qu'elle est bien la fille de William Travers. C'est elle qui a accepté de s'épuiser à la mort, sous le regard de son grand-père. Oui, il n'a pas insisté. Parce que lui aussi voulait voir en elle la fille de son fils. Mais jamais il n'a porté sur elle. Jamais il ne l'a menacée de quelque façon que ce soit. Bien au contraire. Il l'a éduquée, bien mieux que leur mère ne l'aurait jamais fait. Il a parfaitement réussi à la modeler selon ses envies, selon ses préceptes, selon ses principes. Ignorant totalement les quelques tentatives désespérées de sa mère pour lui faire rebrousser chemin.

« Si tu savais... » que tout ce qu'elle a fait, c'est pour lui. Que toutes ces cessions ne sont que la conséquence de son propre sacrifice pour l'empêcher d'avoir à subir tout ça. Car jamais il n'aurait pu gérer cette nuit comme elle l'a fait. Jamais il n'aurait tenu aussi longtemps, il n'aurait autant tenté malgré les échecs et la fatigue. « Si tu savais ce que j'ai pu ressentir quand il a disparu, tu comprendrais pourquoi grand-père est aussi important pour moi. Et tu ne ferais pas ça. » Jamais il ne chercherait à l'attaquer, jamais il ne le menacerait. S'il comprenait seulement qu'elle dépend de lui bien plus qu'il ne le pense. Qu'en attendant naïvement le retour de son père, il est celui autour duquel son univers tourne. « Je t'aime. Mais comprend que je l'aime, que j'ai besoin de lui. » Un besoin qui grandit de plus en plus. Un besoin qui devient dépendance. Une dépendance qui finira par la ronger, par faire d'elle un monstre un jour ou l'autre. Mais aveuglée par une ambition féroce, par un amour ne laissant guère de place à la remise en question, elle ne peut le voir, le sentir. Elle qui ne semble exister que pour les autres.
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décembre 1985 &
foyer Travers


« Zoran... Il ne m'a pas fait de mal, pourquoi fais-tu ça ? » Pourquoi tu fais ça ? Sérieusement ? Mais pour elle putain. C'est toujours pour elle. Même si tu ne le montres pas souvent. Même si c'est surtout elle qui endosse le rôle de protectrice. Même si tu n'es qu'un faible, qu'un pauvre con égoïste. Un pauvre mec qui a besoin que sa petite sœur s'occupe de lui. La déception des Travers. Tu ne rentres pas dans leurs clous. Tu n'adhères pas à leur principes de base. Et non, non tu ne comprends pas qu'on puisse faire souffrir Vanja. Tu ne comprends pas qu'on puisse la manipuler au point qu'elle trouve cette situation tout à fait normal. Tu ne les comprends pas. Ce n'est peut-être pas toi le con au fond. C'est eux. Mais tu auras toujours tort. Ils détiennent la vérité absolu et toi tu n'es qu'un crétin trop peureux pour la saisir. Et elle, elle te le rappelle si bien.
« Si tu savais... » Et si tu savais ? N'irais-tu pas encore plus loin ? Est-ce que tu ne te serais pas déjà chargé de foutre dehors celui qui a voulu remplacer votre père ? Est-ce que tout savoir n'aurait pas tout déclenché beaucoup plus tôt ?  « Si tu savais ce que j'ai pu ressentir quand il a disparu, tu comprendrais pourquoi grand-père est aussi important pour moi. Et tu ne ferais pas ça. » La culpabilité te tombe lourdement dessus. Elle t'écrase la poitrine et comprime douloureusement tes poumons. T'as mal Zoran. Tant mieux parce que c'est de ta faute. Tu n'aurais pas dû lui laisser ta place. Ta lâcheté n'aurait pas dû t'empêcher de la protéger.Tu aurais pu faire semblant de te laisser faire, de croire à leur belles paroles, jouer ton rôle même sans y croire. Juste pour qu'on foute la paix à ta sœur. Pour ne pas qu'on la formate sans aucun scrupule. Pour elle. Juste pour elle. Tu aurais dû faire autrement. Malheureusement il n'y a pas de retour en arrière possible. Malheureusement tu ne peux déjà plus réparer tout ça. C'est trop tard. Et ça date depuis bien avant l'arrestation du patriarche Travers. C'était là ta dernière chance de faire les choses comme il faut. Mais tu as laissé le grand-père se charger de l'éducation de Vanja, tu as laissé ta mère se morfondre dans les abysses. Et tu es retourné égoïstement à ta vie tranquille de Poudlard, bien heureux de la nouvelle paix installée.

« Je t'aime. Mais comprend que je l'aime, que j'ai besoin de lui. » « T'es complètement endoctrinée putain. » Tu t'éloignes d'un pas du vieux fou, ta baguette glissant entre tes doigts dans une danse nerveuse. Tu l'observes rouler entre tes phalanges plutôt que de la regarder dans les yeux. Parce que tu ne veux pas briser la promesse silencieuse que tu t'es faite depuis le début. Celle que tu as répété quelques heures plus tôt là haut. Tu ne dois pas t’immiscer dans sa tête, ne pas rajouter un bordel de plus dans son crâne. Tu as promis Zoran. Mais à quoi bon ? Elle ne t'écoute plus. Ils ont trop bien fait leur boulot. Elle leur appartient. C'est trop tard. C'est trop tard bordel. Tu as bien merdé. Et tu n'oses même plus regarder ce que tu les as laissé créer. Un pantin. Un foutu pantin. Un de ceux des plus loyal, un de ceux qui préfère s'acharner à garder les fils bien serrés autour des poignets. Et tu l'aimes cette marionnette malgré tout. Tu l'aimes à en crever et c'est bien là le problème. Ce serait tellement plus simple de la haïr maintenant, de la mettre dans le même panier que les autres. Mais elle est toujours sur le piédestal en cristal sur lequel tu l'as foutu avec votre mère. Et malgré tout tu n'as pas le courage ou la force de les déloger de là. Et pourtant … et pourtant tu pourrais lui dire que lui ne l'aime pas. Qu'il ne voit en elle qu'un objet, une façon de plus de faire briller son nom. Rien de plus. Tu pourrais lui dire que ce n'est qu'une idiote de ne rien voir. Que se cacher derrière l'excuse de te protéger de tout ça ne l'empêche pas d'avoir un libre arbitre. Tu pourrais lui dire que tu les détestes. Et qu'un jour tu vas finir pas la haïr aussi. Mais tu te tais. Tu as l'intelligence de savoir la fermer. Tu ne réponds pas aux paroles de Vanja. À quoi bon ? Le rire moqueur du vieux qui résonne à nouveau dans la pièce résume tout. Il a gagné. Vous avez perdu. « Sranje, mrzim ovu obitelj. » Un murmure pour toi. Un souffle de haine pour t'encourager. Avant d'écraser ton poing sur le nez de ton grand-père. « ZORAN ! » Ta mère effarée se plaque une main devant la bouche et retombe mollement sur le canapé. Est-ce que tu la choques, est-ce que tu la déçois ? Est-ce qu'elle s'en veut de devoir laissé son fils péter un plomb pour son agaçante passivité ? Tu l'espères. Tu lui en veux aussi. Elle, les Travers, le reste du monde et même Vanja, tu les maudis tous. Pour rien, pour tout.  

Et tu t'en vas sans un regard pour ta famille. Tu claques la porte et tu transplanes loin de toute cette merde. Parce que tu ne peux plus la sauver, parce que tu ne sais plus quoi faire pour elle, tu fuis. Comme un gamin capricieux, comme un vieil adolescent aveuglé par la haine. Un semblant de témérité qui te coûtera de ne pas retourner au foyer Travers avant le retour de Vanja pour les vacances d'été. Parce que tu auras toujours tes limites, celles définies par ta lâcheté.

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part. II
mai 1998 & herpo creek

Les minutes défilent, devenant bien trop rapidement des heures. Le regard bloqué sur les étoiles, elle abandonne la simple idée de trouver le sommeil. Elle ne le peut pas. Elle ne le veut pas. Alors elle se relève, fait plusieurs fois le tour de sa chambre, boit, se réinstalle au lit, pour se relever plusieurs dizaines de minutes plus tard, pour s'installer face à cette même fenêtre, tous les soirs, jusqu'à ce que l'aube pointe le bout de son nez. Et c'est ainsi que se passe le même scénario, tous les jours, depuis la bataille de Poudlard. Qui n'a de bataille que le nom. Une barbarie, un chaos sans précédent, où rien ne ressemblait de près ou de loin à une bataille rangée entre deux camps ennemis. C'était un massacre, un massacre simple et brutal, où la pensée n'avait pas sa place. Et elle, elle a participé à ça. Elle a tué, à plusieurs reprises. Combien ? Elle-même ne saurait le dire. L'âme éclatée, scarifiée à jamais par ses actes. Et chaque fois qu'elle ferme les yeux, chaque fois qu'elle tente de trouver un sommeil qui lui fait défaut depuis trop longtemps, elle les revoit. Ces garçons, ces filles, adultes ou mineurs, qui ont eu le malheur de croiser sa route. Elle revoit leur air horrifié, lorsque les sortilèges se sont abattus sur eux. Elle revoit ces yeux devenus vides, l'âme emportée sans distinction par la grande faucheuse. Elle revoit tout ce sang sur ses mains. Elle revoit les attaques qu'elle a subie. Les attaques qui, pour certaines d'entre elles, sont parvenues à briser ses défenses. Blessée physiquement, elle a depuis récupéré des combats, grâce aux efforts de ses collègues. Mais ils n'ont pas réussi  réparer le plus important, cette blessure qui offre à Vanja les pires douleurs qu'elle puisse ressentir. Ces blessures infligées à sa propre âme, au fur et à mesure qu'elle tuait de jeunes enfants. Étaient-ils au moins des traîtres, des sang-de-bourbe ? Ou simplement des gamins perdus, abandonnés au beau milieu d'un champ de ruines, tentant simplement de survivre au chaos de la guerre ? Serait-il possible qu'elle ait tué des innocents, des enfants pareils à ce qu'elle a été un jour ? Elle ne peut se résoudre à accepter ce qui pourrait pourtant être la vérité. Tous ceux qui se sont retrouvés face à elle méritaient de mourir. Ennemis du Lord, ils étaient les ennemis du monde sorcier. Les méchants de l'histoire. Des méchants qui tentaient de s'en prendre à elle. Elle se défendait, défendait sa nation et ses idéaux. Tout au long de la semaine, elle s'est répétée cette phrase. Inlassablement, chaque soir devant sa fenêtre, elle tente de se convaincre qu'elle a réellement bien agi. Qu'elle se devait d'apporter sa pierre à ce macabre édifice. Que si elle n'avait pas été de ce côté-là, assurément, elle serait elle-aussi devenue une ennemie de la nation. Une ennemie pourchassée par ceux avec qui elle partage pourtant les mêmes idées. Mais de là à s'attaquer à des gamins... Elle l'a pourtant fait. Encore et encore. Jusqu'à quitter le combat à l'aube, laissant derrière une traînée de cadavres encore chauds. Des adultes, des ennemis. Mais aussi des enfants, de simples élèves de Poudlard.

Elle quitte finalement sa chambre. Le sommeil ne lui viendra pas. Les images lui inondant le crâne non plus. Elle ne veut pas revoir tout ça, tout ce sang, toute cette mort. Elle ne veut plus s'infliger cette douleur infernale, cette douleur bien pire que toutes celles qu'elle a jusque-là connu. Elle se refuse à laisser ainsi un simple souvenir la hanter de la sorte, la torturer aussi violemment. Malgré la fatigue, elle ne peut pas fermer les yeux. Elle ne peut pas se laisser porter par les vagues de sommeil, se laisser aller jusqu'à atteindre cette phase de cauchemars. Elle en rêverait, encore et encore. Insistant à chaque fois sur les blessures encore vives de son âme, de son cœur ravagé par la sauvegarie de la guerre. Elle n'est pas faite pour ça. Elle n'est pas faite pour se battre, pour participer à ces bains de sang. En dépit de l'image qu'elle tente de se donner, elle n'est pas de ces personnes insensibles, sans émotions, capables de refouler la moindre tentative de regrets, de tristesse. Capables de se détacher du monde qui les entoure pour ne devenir rien de plus qu'une arme utilisée à loisir. Bien sûr, tous les meurtres ne lui pèsent pas de la même façon. Elle sait que celle d'Emily ne la touchera jamais autant que celle de ces enfants à peine entrés à l'école, de ces jeunes n'ayant même pas fêté leurs quinze bougies. Pourtant, même son visage à elle revient la hanter. Parce que, pour la première fois, Vanja s'est montrée animale. Bestiale. Indigne de sa condition d'être humain, d'être civilisé. La torturant, encore et encore, jusqu'à l'achever. La mort de cette femme n'est clairement pas du à la guerre, mais bien à cette cruauté croissante qui prend naissances dans les tripes même de Vanja. Et elle déteste ça. Elle déteste ce qu'elle est capable de faire, cette ligne qu'elle est capable de franchir d'un simple claquement de doigts. Elle se déteste pour avoir cédé à une pulsion malsaine, irréfléchie, meurtrière. Fascinée par l'art du corps humain, elle n'a pourtant jamais imaginé expérimenter ses premières tortures de la sorte. Elle pensait ne pas avoir besoin de ça, elle pensait pouvoir utiliser ses connaissances pour des découvertes stimulantes, intéressantes sur le plan intellectuel. Elle ne comptait pas les utiliser pour appuyer là où ça fait le plus mal, pour faire de quelqu'un d'autre l'objet de toute sa haine, la cible de tous ses tourments.

Monstre. Tueuse d'enfants. Créature malfaisante, programmée pour accomplir les pires méfaits. Mais gardant toujours, dans un coin de sa tête, cette petite fillette qu'elle a un jour été. Cette petite fille qui, dans le miroir de la cuisine, ne la lâche pas du regard, l'expression mauvaise. Comme pour lui dire qu'elle n'existe désormais plus, qu'elle n'est aujourd'hui plus qu'une simple représentation de ce qu'elle était jadis. Qu'elle ne peut plus vivre hors de ce miroir, hors du regard horrifié du monstre cachant tant bien que mal l'étendue de sa propre peine, de sa propre maladie. Du monstre qui, un jour, était aimé pour ce qu'il était. Une enfant comme les autres, grandissant sans trop de peine au milieu d'un monde en guerre, recevant pour éducation les valeurs de l'amour, de la protection, de la famille. Où est-elle, aujourd'hui, quand il n'y a plus que l'assassin qui se présente devant le verre ? Peut-elle être sauvée des méandres de l'oubli ? Le veut-elle seulement ? Sans doute la mort est bien plus douce qu'une telle vie, entourée de morts et de victimes potentielles. Sans doute est-ce plus simple d'oublier tout de sa vie passée, de cette vie simple auprès d'une mère bienveillante et d'un frère cajoleur. Sans doute est-ce plus simple de se persuader qu'elle n'a jamais crée le monstre qu'elle est aujourd'hui, qu'il a toujours été là, tapi dans l'ombre, attendant patiemment son heure pour surgir des abysses. Que rien n'est réellement de sa faute. Qu'elle a été élevée pour ça. Endoctrinée. Elle ne l'a jamais réellement compris, jusqu'à maintenant. Jusqu'à ce que, tandis que de sa baguette la mort sortait, elle se rende compte qu'elle ne faisait pas ça pour elle. Qu'elle agissait pour quelqu'un d'autre. Pour cette créature qu'elle est capable désormais de ressentir, de voir, d'entendre. Cette haine latente grognant dans ses tripes, luttant contre elle-même pour sortir et prendre la place qu'elle réclame depuis bien trop longtemps à son goût. Comme ses victimes, la simple vision de cette petite fille, de cette petite Vanja attristée de se voir ainsi provoque chez elle des douleurs atroces. Des douleurs mentales qu'aucune médecine ne saurait soigner. Hormis celle de la douleur, physique cette fois. Alors elle abat son poing contre le miroir, encore et encore. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des morceaux de verre dispersés dans la pièce, certains laissant couler à leur surface le sang de ses poings marqués. Laissant apparaître, alors qu'elle se baisse pour ramasser les morceaux, un reflet brisé, sans futur, contenant uniquement les regrets et la douleur.
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mai 1998 &
herpo creek


« Mnogi dolaze k meni pjevati pohvale Vanja, znaš, za svojim podvizima u Hogwarts. » « Obitelj Travers znali ... » Tu la stoppes d'un geste de la main en secouant la tête. Un posture que ton père a l'habitude de lui offrir. Et que tu imites inconsciemment à la perfection. La même expression lasse affiché sur le visage, le même mouvement empressé pour la faire taire. « Mama, prestani, ne sa mnom. » Tu sais très bien ce qu'elle pense de tout ça. Elle s'accorde moins avec les valeurs des Travers qu'elle devrait. Même après une vie à avoir convaincu le grand public, elle ne te dupe pas. Depuis l'arrestation de son mari, elle s'est bien rendue compte de l'ampleur du bordel. Ces conneries ont faillit lui coûter son mari il y a quelques années. Et clairement sa fille emprunte le même chemin dangereux. Et même si elle a retrouvé la parole et n'a plus ses moments d'absence depuis l'évasion de son mari, elle n'est pas plus réactive. Elle est toujours cette parfaite épouse muette et souriante au bras du patriarche Travers en public. Et toujours aussi passive en privé. Elle laisse faire, ne contredit jamais et bordel qu'est-ce que ça t'énerves. Tu aimerais qu'elle est le cran de bousculer les choses à ta place.

Après une minute de silence, tu reprends tout bas. Comme si quelqu'un d'autre pouvait vous entendre dans la bibliothèque du manoir. Comme si tu disais quelque chose d'interdit. « Čuo sam da je Vanja kriva za smrt Emily. » Ses lèvres se pincent et ne rajoute rien tout de suite à ta révélation. Elle sait qui est Emily. Elle a sentit ta peine, elle connaît ton deuil. Et n'a jamais approuvé ou interdit votre relation. Elle était là lorsqu'il a fallut te consoler ce soir là. Elle t'a bordé en silence comme un gosse. Et tu n'avais pas besoin de plus de sa part. « Nije mi trebali razgovarati. » « Znam ali trebam ... » Elle fait non de la tête. Et tu t'arrêtes là. Tu ne la forceras pas à commenter la rumeur. Enfin … « Ne bi mi to raditi. » « Znate što ona misli o mutnjak. » Oui et c'est bien ça qui t'effraie. Si tu connais par cœur ses idéologies, tu ignores où sont ses limites. Si elle en a. Si votre vieux fou de grand-père n'a pas oublié de lui en mettre.

Tu tournes les talons, décidé à parler à ta sœur de tout ça. Puisque ta mère ne t'a pas convaincu de son innocence. Puisqu'au final personne ne peut t'en convaincre à part Vanja elle-même. Tu ne sais pas ce que tu espérais en allant voir ta mère. Sûrement une preuve qui lèverait le voile sur la blancheur de ta sœur. Du moins pour ce meurtre précis. Quelque chose qui ne t'obligerait pas à avoir une discussion délicate avec Vanja. « Zoran, ono što ona može učiniti, ne zaboravite da je to važnije od … » Qu'une simple née moldue ? Qu'une foutue Sang de Bourbe venue pour entacher la pureté de votre famille ? Une pauvre femme qui par la nature de son sang ne valait pas la peine. Oui, tu as bien compris qu'Emily n'aurait jamais été accepté. Mais est-ce que ça justifie sa mort ?




Tu t'aventures dans la maison de Vanja, ouvrant les portes pour n'y découvrir que des pièces vides au rez-de-chaussée. Au moment où ton pied se pose sur la première marche de l'escalier du bruit se fait entendre à l'étage. Et tu finis par la trouver. Là, au milieu de la salle de bain. « Vanja qu'est ce que ... » Tu bloques sur les morceaux de verres étalés sur le sol et le sang qui perle des jointures de sa main. Tu t'accroupis près d'elle, ta baguette sortie de la poche. Tes doigts viennent prendre les siens, l'obligeant à lâcher le fragment de miroir qu'ils tenaient. D'un léger mouvement de baguette tu fais disparaître la plaie. Tu attrapes une serviette sur le meuble à côté toi avant de la lui tendre pour essuyer le sang. Et tu commences à ramasser les bouts de miroir sur le sol, pas encore prêt à aborder le sujet, comme ça de but en blanc. Alors tu te tais, jetant ce qu'il reste de la glace dans la poubelle. Tu ne lui demandes pas non plus ce qu'il s'est passé. Tu sais faire A+B. Et tu ne cherches pas à savoir pourquoi elle s'en est prise au miroir. Si elle juge utile de t'en parler, elle le fera d'elle même. Depuis l'incident avec votre grand-père, tu as appris à retenir tes questions même si elles continuent de te brûler les lèvres.

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part. II
mai 1998 & herpo creek

Accroupie au beau milieu de la pièce, le morceau de verre posé au creux de sa main, les larmes de sang chutant au sol en gouttelettes paresseuses, elle reste immobile, le regard vide, tentant tant bien que mal de revenir à la réalité, de réaliser ce qu'elle vient de faire. Elle craque, semble-t-il. Elle se laisse aller, après des années à garder pour elle ses émotions, ces émotions fugaces qui lui traversent de temps en temps l'esprit, qui tentent de l'embrouiller un peu plus encore, de la ramener à sa condition de simple femme. De cette femme, elle en est ressortie blessée. Physiquement, touchée par des sortilèges ou des éclats de pierre, lacérée par endroits, ecchymosée à d'autres. Mais surtout psychologiquement. Elle ne s'est jamais considérée comme un monstre, comme une machine impitoyable, capable de supprimer la vie comme certains se mouchent. Elle n'a jamais vu dans le reflet un être de terreur, une créature morbide se réjouissant des larmes et du sang. Elle ne s'est jamais imaginée à même de tuer, encore et encore, des enfants et des adolescents, quand bien même sa haine envers eux est réelle et puissante. Elle n'aurait imaginé participer à quelque chose de l'ampleur et de l'atrocité de Poudlard. Encore moins prendre du plaisir à torturer, à tuer, à briser son âme en milliers de pièces éparses, presque impossibles à recoller après cette nuit d'horreur. Toutes ces morts, elle ne les regrette pas. La guerre apporte avec elle son lot de vaincus, de combattants tombés pour les idées qui sont les leurs. Mais face au morceau de miroir dévoilant son reflet, elle ne voit désormais plus que le monstre qui a prit le plus grand des plaisirs à torturer, de longues minutes durant, une femme qu'elle a connu, qu'elle a détesté, qu'elle a voulu voir loin, très loin de son frère. Un plaisir malsain, qui ne s'approche en rien de ses stimulations habituelles. La mort l'obsède, le corps humain n'est pour elle qu'un champ d'exploration et d'expérimentation infinies. Pas un jouet sur lequel elle peut s'amuser quand bon lui semble, pour le simple plaisir de voir les traits de l'autre se tordre de douleur, d'entendre son agonie à mesure que la douleur le traverse. Pourtant, ce soir-là, c'est bel et bien ce qu'il s'est passé. Elle a joui d'un sentiment de puissance jusque-là jamais ressenti. Bien plus que lors de ses expérimentations, bien plus que lorsqu'elle fait une avancée majeure dans ses travaux. Elle a ressenti le plaisir d'avoir non pas le pouvoir de vie ou de mort, un pouvoir grisant mais bien trop rapide, mais d'avoir le contrôle total sur le cerveau de quelqu'un, de faire d'elle un pantin de douleur. Elle a aimé ça, bien plus qu'elle ne l'aurait du. Elle a aimé la voir se tordre face au Doloris, elle a aimé voir son regard horrifié face à ses promesses. Elle a tellement aimé voir cette sang-de-bourbe subir encore et encore ses assauts enragés, ses attaques sauvages. Et si elle a finalement mit un terme à tout ça, pour se concentrer à nouveau sur une bataille qui faisait rage non loin d'elle, elle aurait tant aimé faire durer ce plaisir jusqu'à l'aube. Jusqu'à rendre folle cette saleté de née-moldue, jusqu'à lui faire perdre toute notion de raison, jusqu'à aspirer la moindre parcelle de son âme dans les méandres de l'inconscience. Elle aurait tant aimé faire d'elle une simple coquille vide, exposée à l'entrée de l'école, en guise de symbole pour ceux qui oseraient s'opposer aux tout-puissants Mangemorts.

Et, quelque part, elle déteste ce plaisir ressenti pendant qu'elle tuait tous ces gens. Elle déteste cette impression qu'il ne comprendrait pas, qu'il serait incapable de voir qu'elle l'a fait pour lui, qu'il s'agissait simplement de le protéger d'une vipère n'ayant d'yeux que pour sa magie. Une magie pure, nullement souillée par l'ignominie, et qu'elle convoitait plus que tout au monde. Quitte à, un jour, la lui arracher de force pour parvenir à son réel objectif ; la destruction du monde magique, l'asservissement des vingt-huit sacrées, l'invasion et le contrôle total d'un monde qui n'est pas le sien, et qui ne le sera jamais. Peut-être aurait-il raison. Peut-être, finalement, a-t-elle arrêté depuis un moment déjà de se battre pour lui, d'agir uniquement pour son bien. Peut-être ne trouve-t-elle finalement en cette idée qu'une simple excuse, un simple prétexte pour continuer son chemin vers des forces de plus en plus obscures, vers une bestialité de plus en plus sauvage, impitoyable. Peut-être n'accepte-t-elle tout simplement pas les ténèbres qu'elle voit dans ce miroir brisé, reflet de sa propre âme noircie par une magie noire qui s'imprègne bien trop facilement en elle.

« Vanja, qu'est-ce que ... » Elle ne l'a pas entendu arriver, et a à peine entendu ses paroles. A peine tourne-t-elle la tête vers lui, lorsqu'il attrape sa main pour la soigner d'un sort qu'il connaît parfaitement. Bien trop entraîné pour se protéger et se soigner, plutôt qu'attaquer. Ils sont finalement bien plus complémentaires, ces deux-là. A lui la protection et la solidarité, à elle l'attaque et la violence. D'une certain façon, une part d'elle, cachée bien trop profondément, voudrait lui ressembler d'avantage. Ne pas suivre le chemin tracé par une famille à cheval sur les traditions, faire ses propres choix, ne pas devenir un monstre au cœur de plus en plus froid. Elle aurait aimé ne pas être celle qui l'a fait souffrir, qui le fera encore souffrir, et qui continuera sans doute à le faire souffrir, encore et encore, pour des idéaux qui ont fini par être les siens après des années de passage en force. Elle l'envie, au fond. Et garde le regard bloqué sur lui alors que, dans un silence de plomb, il commence à ramasser les morceaux de verre. Un silence qu'elle ne parvient pas à briser, malgré toute sa volonté. Mais sa bouche reste cousue, aucun son ne parvient à s'extirper de ses lèvres. Elle ne comprend même pas ce qu'il fait là, à une telle heure. Ni pour quelle raison il a bien pu avoir l'envie de venir la voir en pleine nuit. Autrefois, ils dormaient ensemble, lorsque les éclairs zébraient le ciel. Autrefois, plus maintenant. De l'eau a coulé sous les ponts, ils ont passé l'âge de visiter le lit de l'autre pour se réconforter. Ils l'ont passé depuis qu'elle a prit la défense de leur grand-père, depuis qu'elle a provoqué le départ de son frère.

« Tu n'es pas entré dans Poudlard, n'est-ce-pas ? » Comme elle lui la dit avant de se lancer à l’assaut de l'école. Elle aurait préféré s'assurer qu'il ne la suive pas, qu'il respecte bien les consignes qu'elle lui a donné. Mais peut-elle vraiment exiger quoique ce soit de cet homme qui reste, malgré les apparences, son grand frère, l'aîné de la famille ? Non, elle ne le peut pas. Elle peut simplement espérer. Espérer qu'il ne soit pas entré. Espéré qu'il ne l'ait pas suivie. Tu n'es pas au courant, n'est-ce-pas ? Parce qu'elle sait que l'effet que la nouvelle lui ferait. Elle sait qu'il aurait un mal fou à lui pardonner cet acte, qu'il ne comprendrait pas toute l'importance de cette mort. Qu'il était manipulé, piégé par une vermine. Il ne verrait que la mort de la femme qu'il aime, pas la libération offerte par sa sœur. Et c'est bien pour ça qu'elle tient absolument à garder tout ça pour elle, quitte à évacuer toute cette frustration sur le mobilier de sa demeure. Si seulement il pouvait comprendre, s'aligner sur ses idées... « Quand tu es parti, mère nous a dis ce que tu avais dit... Tu nous détestes toujours ? » Si tel est le cas, la situation risquerait bien de devenir difficilement supportable s'il venait à apprendre la vérité...
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mai 1998 &
herpo creek


Bon. Ça te gonfle tout ces petits bouts de verre. Tu te relèves en agitant ta baguette et les brisures s'envolent et se rassemblent sur le mur, à leur place initiale. Les méthodes moldues ne sont clairement pas faites pour toi et tes doigts maladroits. « Allez Vanja, on … » « Tu n'es pas entré dans Poudlard, n'est-ce-pas ? » Tu la fixes un instant avant de répondre. Un peu surpris par le sujet de la conversation. « Tu sais bien que non. » Tu n'as pas été assez courageux pour ça. Ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant. Pendant un moment tu étais parti pour la suivre. Pour la protéger avec tes maigres moyens. Tu étais sûr de ce que tu allais faire. Jusqu'à ce qu'au premier sort tu transplanes à la seconde. Ce foutu réflexe. De ceux qui caractérisent trop bien ta lâcheté permanente. Il te faut bien plus pour changer ta nature. Et si la vie de ta sœur n'est pas suffisant, tu crains que rien d'autre ne le soit. Mais tu regrettes amèrement de ne pas avoir participé à la bataille. Tu aurais pu te rendre compte de la présence d'Emily. Si tu ne pouvais pas protéger ta sœur, au moins aurais-tu pu la sauver elle. Non ? Tu ne le sauras jamais, tu n'as plus qu'à vivre avec tes remords. Mais ça, tu ne lui as jamais dit. Que tu avais presque désobéi à ses ordres. Que tu avais presque couru pour la rattraper. Que tu avais été presque courageux.  La finalité reste la même, tu es parti. Tu n'oseras jamais lui avouer que ton élan téméraire a été brisé si vite. Tu n'es pas le grand frère que tu voudrais être pour elle. Tu n'en a pas l'étoffe, la carrure, le tempérament. Tu es la souillure de cette famille. Et avouer à voix haute avoir failli si proche de l'exploit, te fait trop honte pour le partager. De toute façon, elle sait de quoi tu es fait, le craintif que tu es resté. Il est inutile d'en rajouter.

« Quand tu es parti, mère nous a dis ce que tu avais dit ... Tu nous détestes toujours ? » Clairement, tu n'arrives pas à suivre le cheminement de ses pensées. Votre mère n'étais pas là lorsque tu t'es salement enfuit de Poudlard. « De quoi tu parles ? » Elle est passé à autre chose et il ne te faut qu'une seconde de plus pour reconstituer le contexte. « Tu veux dire le jour où j'ai, avec beaucoup de grâce, arrangé le nez du papy ? » Un léger rire crispé s'échappent de tes lèvres. C'est la seule et unique fois où tu as montré, un peu violemment, ton désaccord avec les traditions malsaines des Travers. La seule et unique fois où tu as réagis. Tu n'as plus rien dit après ça. Tu as disparu un peu chez Abel, un peu chez Emily et n'est revenu que le jour où tu es allé cherché ta sœur sur le quai 9 ¾. Comme si de rien n'était. Et plus personne n'a parlé de cet incident depuis. Tu n'as même pas eu le droit à une leçon de morale du vieux fou, et encore moins de ta mère. Vous avez tous foutu cette scène dans un vieux tiroir avant d'en avaler la clé. « J'étais un jeune con en colère, c'est tout. J'pensais pas ce que j'disais. Puis, j'serai pas revenu à la maison si je vo... si je te détestais. » Parce que tu n'es pas très sûr d'apprécier les Travers autant que tu le devrais. Eux non, mais elle … elle ça a toujours été différent. Malgré ses croyances et ses idéologies communes avec le reste de la famille, c'est … oui c'est différent. C'est ta sœur. Celle qui t'a toujours protégé, a sacrifié son libre arbitre pour que toi, petit ingrat, tu puisses en réchapper. Au fond, c'est de ta faute si elle est devenue celle qu'elle est. Mais tu préfères te dire que c'est celle du papy, des Travers. C'est plus facile de vivre avec ça. Avec le blâme sur les autres,  et non sur ta pauvre tête de dégonflé. Mais bon, si tu as pu esquiver le fardeau d'être hériter sang-pur, pourquoi pas elle non plus ? Pourquoi à deux, vous n'auriez pas pu vous battre ensemble contre ces traditions vieillottes et barbares ? Tu aurais pu la préserver comme elle l'a fait pour toi. Sans nécessairement abdiquer sous la pression de ces tordus d'ancêtres. Il y avait peut-être une solution. Mais tu n'as jamais cherché suffisamment. Bien trop soulagé d'être épargné. « Pourquoi ces questions ? » Et tu ne t'en arrêtes pas là. Malheureusement. La question d'après est certainement de trop. Surtout ce sur ton trop brut. « Qu'est-ce que t'as fait ? » Tu la connais presque par cœur. Tu sais qu'elle ne s’épanche pas sur le passé juste par simple nostalgie, sentimentalisme ou autre connerie dans le genre. Non, il y a quelque chose de plus.
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