Son coeur va trop vite; Neville a l'impression qu'il est coincé au fond de sa gorge, et qu'il ne va jamais en sortir. C'est comme un cours de Potions, c'est comme monter sur un Balai, c'est comme courir à mille à l'heure pour échapper à des Rafleurs, sauf que c'est tous les jours toutes les nuits tout le temps, ça le quitte pas, on dit qu'il a le diable au corps, les veines en feu, le poids du monde sur les épaules et Neville n'arrive pas à distinguer ce qui est vrai et ce qui est faux, il n'arrive pas à se reposer, à se poser, à attendre, à se faire soigner. Je dois retourner sur le champ de bataille, je dois retourner à Pré-au-Lard, vous savez où est Luna, vous savez ce qui se passe, je veux ma grand-mère, je ne peux pas m'arrêter, laissez-moi partir, je n'arrive pas à respirer, je veux ma baguette, je veux ma baguette.
Elijah l'a longuement regardé, avec un peu de douleur dans les yeux, avant de poser le bout de sa baguette à lui sur son front, entre ses deux yeux; et puis le sommeil.

Sa grand-mère disait toujours qu'il avait le sommeil agité, il était le genre de gamin à tourner et retourner dans son lit, à se cogner sur les murs et à s'entortiller dans ses draps sans pour autant se réveiller. Combien de frayeurs lui a-t-elle faites...! Mais ça s'est calmé avec les ans. Et puis Neville se sent tellement fatigué, depuis plus de cinq ans, qu'il a l'impression que quand il dort, il n'a plus la force de rien. Il ne dort pas beaucoup, depuis ces cinq dernières années, et toujours sur une oreille; mais dans les moments où on le force dans les bras de Morphée, c'est la pire des choses: à cause d'Elijah, il perd ainsi presque quinze heures, à faire quelque chose d'aussi ridicule que dormir. Quinze heures et puis il se réveille, la tête vacillante, la joue endormie et les paupières lourdes; il se réveille, se redresse, on l'a amené dans la salle commune la plus proche de la Grande Salle, celle des Serpentards. C'est le milieu de la nuit, et il est surpris de voir que quelques personnes dorment aussi, dans les lits autour de lui; silencieusement, il ramasse les chaussures qu'on a mis à côté de son lit, sans doute Elijah, et sort du dortoir puis de la salle commune sur la pointe des pieds. Ses vêtements ont été lavés sur son corps, et il sent encore l'élancement dans ses côtes des points de suture magiques qu'on lui a donné, ainsi que le sang sur sa peau. Mais sa chemise est toujours blanche, son pull bleu, et il peut prétendre que tout va bien.

Tout ne va pas bien.

Il finit par trouver quelqu'un qui trouve quelqu'un qui lui trouve un Portoloin de secours, on lui fourre une potion dans la poche et après avoir attrapé la potion de l'elfe, il est envoyé en bordure du château. La créature ne se fait pas attendre et retourne dans l'école; il s'en fiche, de la solitude.
Ce qui compte, c'est l'énergie sans fin dans ses veines, c'est sa tête un peu mal réveillée mais prête à se battre, c'est ses jointures blanches à force de se serrer en poing autour de sa baguette. Ce qui compte c'est qu'il va pas abandonner, jamais.

“ Neville? ” Son prénom est dit doucement, comme avec hésitation. Il est en train de descendre vers le village, côté Forêt; c'est un peu plus long que le chemin habituel, mais avec un peu de chance il arrivera dans un endroit désert, le temps de mettre au point une stratégie. Quelqu'un l'aurait-il surpris? Va-t-on le forcer à rentrer, ou à être accompagné? Il se tourne en direction de la voix; un ennemi aurait déjà envoyé un sortilège.
“ INCENDIO, ” est son premier réflexe quand il voit son visage; puis il se jette derrière un arbre, grognant quand sa blessure au flanc se rappelle à lui. La gerbe de flammes embrase l'air, éclaire soudainement la scène; et oui, c'est bien elle, il le voit. Elle n'enflamme ni tronc, ni feuille, ni branche; sert juste d'éclairage, de quoi l'éblouir pendant qu'il se planque. “ Espèce de sale petite traîtresse, ”  qu'il marmonne sous son souffle, faisant tourner sa baguette dans sa main pour se détendre le poignet, avant de subitement sortir de sa planque en la pointant en direction de la silhouette qu'il a entrevu. Elle a disparu, dans l'obscurité et la Forêt mais il va la trouver. Il va la trouver.
Sa moitié de loup a envie de la trouver. De la tuer. De tous les tuer, ces traîtres. “ Montre tON VISAGE. T'AS HONTE? J'ESPÈRE QUE TA HONTE. ET MOI QUI PENSAIS QUE TU N'AURAIS JAMAIS LES COUILLES DE REVE-- ” Un bruit sur sa droite, nouvelle gerbe de flammes dans la direction de Daphne Greengrass.

Spoiler:

Daphne a tué son père. Son nez a saigné. Elle a du sang partout sur le visage. Elle est fatiguée et ses traits montrent encore la migraine qui lui tape les tympans. Mais elle est là. Sa mémoire est revenue. Elle est enfin elle-même, entièrement elle-même. Certains souvenirs sont encore confus, embrouillés et probablement modifiés, mais c’est la Daphne Greengrass d’avant qui est debout et qui se bat. Celle qui est contre le Magister et ses copains. Elle a laissé Astoria derrière elle. Astoria qui semble la détester de nouveau parce qu’elle a provoqué la mort de leur père. Astoria qui a ce feu brûlant dans les yeux alors que Daphne aimerait qu’elle comprenne que toute cette situation ne pouvait plus durer. Wyatt les enfermait dans son cercle manipulateur. A cause de lui, Astoria n’avait plus l’autorisation d’amener son fils chez eux. Scorpius qu’Hortense n’a pas eu l’occasion de voir grandir à cause de son mari. Scorpius que Wyatt a tenté d’assassiner. Daphne a essayé de lui expliquer, mais Astoria n’a pas voulu comprendre et elle l’a détestée. Blessée, la Greengrass a décidé de s’éloigner d’Herpo Creek et de rejoindre un groupe de mangemorts qui se rendait à Pré-au-Lard parce qu’à ce qu’il paraît, ça pète par là-bas. Elle a décidé de s’accrocher à l’un d’eux avant de l’exécuter de sang-froid une fois les pieds dans le village quasiment détruit. Elle n’était plus la Daphne adhérente et elle était en colère, si en colère. On l’a manipulée. On a fait d’elle un pantin de plus à la solde du ministère. Elle s’est battue encore et encore et encore pour laisser sa frustration sortir en ignorant la douleur qui tambourine sous son crâne et dans son âme meurtrie. Elle n’a plus été elle-même pendant si longtemps qu’elle a besoin que ça sorte. Elle a essuyé des sortilèges, s’est fait projeter, a roulé au sol, mordu des jambes et elle s’est battu encore et encore et encore. Elle a pleuré aussi en entendant des anciens camarades insurgés la charger ou hurler son nom avec une lueur de rage dans les yeux. Elle n’aurait jamais dû venir ici. Elle est du côté des insurgés, mais elle passe pour une traîtresse. Elle a envie de les attraper et de leur dire que c’est bon c’est elle, qu’elle est revenue elle-même et qu’elle est désolée, si désolée. Mais ils n’ont pas le temps, la dernière bataille est là. Daphne éprouve pourtant le besoin de bouger, de trouver une tête qu’elle connaît et qui la connaît. Quelqu’un qui saura qu’elle dit la vérité. Elle doit remonter à Poudlard et trouver, trouver. Hermione ou Ronald ou Neville ou Ginevra ou Blaise. Il faut qu’elle trouve quelqu’un.

Elle balance des expelliarmus à tour de bras, évite le cadavre d’une créature immonde qui lui soulève l’estomac et reprend sa course. Elle essaie de sauver quelques insurgés en mauvaise posture, à visage découvert évidemment. Des mangemorts la reconnaissent et elle manque plusieurs fois de se prendre un avada kedavra dans la figure. Elle reconnaît la lisière de la forêt qui borde bientôt les protections de Poudlard. Elle se met là et elle attend.

Elle attend les mains tremblantes et le temps d’essayer de faire un tri dans sa mémoire. Comment savoir si ce qui est inscrit est erroné ou non ? Un crac lui fait dresser la tête et elle reconnaît vaguement la silhouette. C’est Neville. Neville, cet ami, son ami. « Neville? » Un sortilège file dans sa direction. “ INCENDIO, ” Elle l’esquive comme elle peut en faisant apparaître un bouclier très rapidement avant de se rendre compte que ça l’aveugle simplement, ça ne touche rien, pas même elle. Daphne aperçoit vaguement Neville disparaître derrière un arbre. « Nev… » Murmure-t-elle. Elle a le cœur qui bat tellement fort. Nev, s’il te plaît s’il te plaît s’il te plaît. Elle se cache. S’il réagit comme ça maintenant quelque chose lui dit que l’approcher sera difficile sans se manger un sort dans la figure. “ Montre tON VISAGE. T'AS HONTE? J'ESPÈRE QUE TA HONTE. ET MOI QUI PENSAIS QUE TU N'AURAIS JAMAIS LES COUILLES DE REVE-- ” Arrête. « Laisse-moi t’expliquer. » Elle tente de bouger sans faire de bruit, mais son pied rencontre une brindille et elle craque sous sa chaussure. Une gerbe de flamme la frôle. « C’est moi, Neville. Moi. Fox. » Elle a un ton désespéré et pourtant si soulagé à la fois. Elle est la vraie Daphne Greengrass. Neville doit la croire. Qu’il l’amène à Hermione et Hermione saura. Ou Ginevra. « C’est moi. » Elle le répète encore et encore et encore. « Je ne vais pas t’attaquer, Neville. S’il te plaît, je… je dois… laisse-moi m’expliquer. » Elle est toujours derrière son arbre et elle évite de bouger. Elle essaie de focaliser son attention sur les alentours et d’écouter les mouvements de Neville. Elle serre sa baguette entre ses doigts. Elle ne va pas l’attaquer. Elle ne doit pas l’attaquer. Neville est son ami. Ça c’est une chose vraie.

Neville est furieux. C'est une fureur qui n'a pas de condition, ni de limite, ni de raison; la trahison est le pire pêché, la déloyauté est passible de mort, la fourberie ne sera jamais pardonné. Il se souvient d'avoir fait confiance à Daphne, malgré tout et contre tout. Il se souvient de lui avoir fait confiance, quand bien même elle faisait partie de Serpentard, de l'année de Malfoy de surcroît; de lui avoir fait confiance, même si il voyait bien sa soeur cadette parader et minauder autour du prince des serpents; de lui avoir fait confiance, malgré tout et contre tout, malgré tout et contre tout. Il a déposé sa vie dans ses mains, il a partagé avec elle ses repas et des histoires et des blagues, il a accepté à contre-coeur de veiller sur sa soeur, il a fait tout ça, et tellement plus de choses encore: il a reposé toute sa confiance en elle, tout comme il a reposé toute sa confiance en Ginny, Luna, Buckley, et Penny. Et Penny l'a trahi, et Daphne l'a trahi.
Il se souvient encore du regard froid de Penelope dans les cachots de Poudlard, l'horrible condescendance dans sa voix, cette manie qu'elle a de toujours parler comme si elle a toujours raison. Il se souvient encore de son regard froid, et de sa logique implacable, et il est furieux, furieux à l'idée d'avoir été trompé, moqué, trahi, trahi.
« Laisse-moi t’expliquer. » Il n'y a RIEN à expliquer. Penny a voulu lui expliquer; mais que croire de la bouche d'un serpent? Il revoit la Marque sur son bras, le crâne et le serpent, noirs sur sa peau pâle. Il revoit la cruelle et froide détermination dans son regard. Il n'y a RIEN à expliquer sa fureur parle pour lui, quand elle écrase une branche de son talon, les flammes sortant de sa baguette avant même que la formule soit parfaitement claire dans son esprit, la soudaine chaleur rougissant ses joues d'un rouge traître, ses yeux cherchant les alentours avec fièvre.

« C’est moi, Neville. Moi. Fox. »  Il éclate de rire. Une fois en tant que tragédie, et une autre fois en tant que farce. Neville ne se laissera pas avoir, pas encore une fois; il a cru, pendant un millième de secondes, que Penny n'était pas une traître, qu'elle s'était trompée, s'était faite manipuler... plus maintenant. Il ne se laissera plus jamais avoir. « C’est moi. » Ce n'est pas elle, NEVILLE NE L'ÉCOUTE PAS, ce n'est pas elle, ça ne peut pas être elle. C'est impossible. Il se souvient avoir trouvé la Gazette le lendemain de son départ, quand ils étaient encore dans les environs de Londres: l'héritière Greengrass retrouve sa famille avec un cliché de Daphne, l'air épuisé, avec ses deux horribles parents. Il se souvient avoir hurlé à la soeur cadette des questions, avoir exigé des explications, des pensées, n'importe quoi pour justifier l'acte de celle qu'il avait commencé à considérer comme une amie.
Ne pas savoir avait été la pire torture. « Je ne vais pas t’attaquer, Neville. S’il te plaît, je… je dois… laisse-moi m’expliquer. » Il se guide au son de sa voix; une fois n'est pas coutume, il repose ses réflexes sur ses nouveaux sens de demi-loup, essayant de se concentrer même sur le plus infime des sons... en vain, son coeur bat trop vite dans sa poitrine et ses tympans, et il est toujours blessé, et la FUREUR dans ses veines ne connait pas de calme ou de repos. “ D'accord. D'ACCORD, ” hurle-t-il pour qu'il l'entend, jumelant sa colère et son sentiment d'impuissance, baissant un peu sa baguette et détendant ses doigts autour de l'artefact magique pour ne pas se mettre à lancer des sortilèges flamboyants à tout va.

Il sort de derrière son arbre, sa baguette levée; elle n'est pas là. Pendant un instant, il pense qu'elle a fui; mais non, elle apparait, l'air tout aussi méfiante que lui certainement. Il ne baisse pas sa baguette, la garde vissée sur sa tête, mais elle ne fait pas mieux. “ Tu as deux minutes. Prouve-moi que tu es Daphne et explique-moi, ” dit-il simplement, de la voix la plus froide qu'il ait dans son répertoire, laissant ses sens envelopper les environs pour bien vérifier qu'ils sont seuls et que ce n'est pas un traquenard... mais même le hominum revelio silencieux qu'il incante lui indque qu'ils sont bel et bien livrés à eux-mêmes.
Il se demande si elle sera regrettée, traîtresse ou non, si il la tue ici et maintenant. “ Allez. ”

“ D'accord. D'ACCORD, ” Elle sent comme une vague de soulagement lorsqu’elle l’entend dire ça. Neville est en colère, il a tous les droits d’être en colère. Elle sait très bien de quoi sa mission a l’air d’un point de vue extérieur. Trahison. Elle a trahi les insurgés, elle a scellé sa mémoire sans savoir que ça allait lui causer autant de tort et elle a changé et on a modifié ses souvenirs aussi. Mais là, sa véritable mémoire est de retour. Elle a retrouvé qui elle était. Elle a embrassé Fox comme une vieille amie en laissant derrière elle les faux semblants. Pourtant Daphne a un goût amer dans la bouche, elle a l’impression qu’il y a des choses fausses sans savoir quoi. Elle suit ses instincts depuis le début de la soirée, mais elle n’est sûre de rien. Elle s’appuie juste sur ce qu’on n’a pas falsifié ou qu’elle pense qu’on n’a pas falsifié. Elle sait qu’elle va devoir sortir son meilleur argumentaire pour essayer de convaincre Neville que c’est bien elle. Il finit par sortir de derrière son arbre et il a changé. Daphne sent qu’il a changé. Son regard est plus dur, plus fatigué. La culpabilité l’assaille. Pendant qu’elle retrouvait un lit confortable et une situation paisible, ses amis, dehors, luttaient toujours contre tout. Elle n’a pas été là pour tout ça. Il ne baisse pas sa baguette tout comme elle. Elle sait qu’elle peut avoir confiance en lui, mais c’est la guerre et aux yeux de tous le insurgés, c’est une traîtresse. “ Tu as deux minutes. Prouve-moi que tu es Daphne et explique-moi. Allez. ” Elle hoche la tête. « Très bien. » Deux minutes. Par où commencer. Qu’est-ce que Neville sait ? « J’ai fait sceller ma mémoire pour revenir auprès de ma famille. La mission de base était de récolter des informations directement de l’intérieur, mais je ne suis pas une occlumens alors il me fallait une solution pour ne pas être détectée par mon père. Sceller mes souvenirs, Fox et vous tous était la meilleure chose à faire sur le moment, je n’avais pas prévu que ça allait tout changer. » Elle garde toujours sa baguette levée. Le regard de Neville la glace sur place. Elle ne l’a jamais vu comme ça et quelque part ça lui fait de la peine. Neville est une personne qu’elle n’aurait pas voulu voir changer à cause de la guerre. « J’avais une page blanche à écrire alors j’ai dit que j’étais chez vous sous imperium sinon personne n’allait me croire. Mon père s’est méfié au début, mais j’ai réussi le test. Un peu trop bien. » Et après, ça s’est compliqué. Elle a cru que les souvenirs inventés étaient vrais sans savoir que les vrais étaient bien au fond de sa mémoire. « On a modifié ma mémoire Neville. Après les exécutions des rebuts. Je ne me souviens pas comment, mais le gouvernement a modifié ma mémoire pour que je sois un parfait soldat. » Elle baisse son bras gauche et remonte sa manche pour prouver un point à Neville. « J’ai pas la marque. » Elle a failli. Un frisson d’horreur parcourt son dos. Elle a failli prendre la marque bordel.

Elle aurait pu assassiner quelqu’un juste pour prouver sa fidélité au Magister.

Ils l’ont transformée en monstre.

« Je crois que j’ai commencé à retrouver ma mémoire quand ils l’ont trafiquée. » Situation ironique quand on y pense. Elle sait qu’elle doit avoir un gros pourcentage de ses souvenirs qui sont faux, mais elle ne sait pas lesquels. « Je suis de nouveau moi depuis tout à l’heure. » Enfin elle croit. C’est toujours confus. Sa tête lui fait toujours mal. « Je suis désolée, Neville, de n’avoir rien dit pour ce plan foireux. Je ne voulais mettre personne en danger avec ça. » Elle se demande s’il va la croire. Lui pardonner, elle peut toujours rêver, mais au moins la croire. Elle a besoin de ça. « Les Belliqueux ont attaqué Herpo Creek ce soir. » Elle ne sait pas pourquoi elle a besoin de préciser ça, mais elle le fait quand même. Peut-être qu’ils ne savent pas ? « Et Wyatt Greengrass est mort. » Lâche-t-elle d’un seul coup. Comme si apporter la tête d’un mangemort sur un plateau allait changer les choses.

« Très bien. »  Il devrait la tuer. Incanter une énième gerbe de flammes et la regarder s'en dépêtrer. Neville ne supporte pas la traîtrise, et ce n'est pas que mental: c'est dans tout son corps, qui rejette violemment Daphne, qui peut à peine la regarder; la seule raison pour laquelle s'est yeux sont vissés sur elle, c'est parce qu'il ne lui fait pas confiance justement, qu'il pointe sa baguette, la main sûre et immobile, raide. « J’ai fait sceller ma mémoire pour revenir auprès de ma famille. La mission de base était de récolter des informations directement de l’intérieur, mais je ne suis pas une occlumens alors il me fallait une solution pour ne pas être détectée par mon père. Sceller mes souvenirs, Fox et vous tous était la meilleure chose à faire sur le moment, je n’avais pas prévu que ça allait tout changer. » How convenient, ne peut-il pas s'empêcher de penser. C'est bien simple, de se faire sceller la mémoire et ses souvenirs et de revenir comme une fleur, dans un camp comme dans l'autre. Il grogne, pour lui faire comprendre que ça ne suffira pas à le convaincre. « J’avais une page blanche à écrire alors j’ai dit que j’étais chez vous sous imperium sinon personne n’allait me croire. Mon père s’est méfié au début, mais j’ai réussi le test. Un peu trop bien. » Beaucoup trop bien. Elle n'est pas revenue. « On a modifié ma mémoire Neville. Après les exécutions des rebuts. Je ne me souviens pas comment, mais le gouvernement a modifié ma mémoire pour que je sois un parfait soldat. » À ces mots, Neville doute. Il a entendu plein de témoignages comme ça parce qu'autant isolés qu'ils soient, même les Insurgés ont pu remarquer les revirement de situation dans la tête de pas mal de sorciers, des anciens alliés passés dans l'autre camp, hurlant des choses fausses et terribles aux visages de leurs anciens amis... Et Daphne... non, il ne peut pas la croire. Il ne peut pas.

Elle relève sa manche et il se crispe, bien malgré lui, s'attendant à y voir de l'encre... « J’ai pas la marque. » Il soupire, soulagé malgré lui. Elle compte à ses yeux. Ils comptent tous, à ses yeux. « Je crois que j’ai commencé à retrouver ma mémoire quand ils l’ont trafiquée. Je suis de nouveau moi depuis tout à l’heure. » Convenient again. « Je suis désolée, Neville, de n’avoir rien dit pour ce plan foireux. Je ne voulais mettre personne en danger avec ça. » Et maintenant ils sont là, et tout en lui lui crie de l'exécuter, de l'oublier, de la tuer, de la trucider pour avoir trahi. Il est en colère, Neville, EN COLÈRE, son tempérament déjà teinté par la Guerre encore plus aggravé par la griffure du loup-garou. « Les Belliqueux ont attaqué Herpo Creek ce soir. » Neville serre les dents. Il a entendu, au milieu de la bataille, entre deux sessions de combats. Ils ont osé. Il ignore complètement les dégâts qu'il y a pu avoir, ceci dit... Certains ont parlé d'y aller sauver ce qui peut l'être mais à quoi bon, au milieu d'une Bataille qu'on murmure déjà finale? « Et Wyatt Greengrass est mort. » Son père. “ Tu l'as tué? ” Non pas que ça lui importe; ce qui compte, c'est qu'il y a une enflure de moins dans ce monde.
Il y a quelque chose sur le visage de Daphne qui répond à sa question avant même qu'elle ne parle. Elle a tué son propre père — qui peut dire ça? Elle a tué son enflure de Mangemort de père et... elle est là, lui servant une histoire abracadabrantesque pour revenir dans leur camp... pour l'infiltrer, encore une fois?

Neville serre les dents, avançant d'un pas prudent dans sa direction, il a ramené sa main contre l'autre autour de sa baguette mais il la détache lentement, la tend en direction de Daphne, paume vers le ciel. “ Donne-moi ta baguette. Si tu me donnes ta baguette, ” je te tue, “ je te ferai rentrer à Poudlard. Je ne te promets rien d'autre que les cachots mais... ” Il ne peut pas la tuer. Pas ici pas maintenant, il en crève d'envie mais... mais qui saurait? Personne ne la trouverait jamais, elle ne serait qu'une autre victime de la guerre...
Non. Depuis quand est-il si froid? Si violent, prêt à tuer une ancienne alliée de sang-froid, prêt à l'exécuter? C'est sur cette pensée que, brutalement, Neville se détend, détourne sa baguette. Si elle essaie quelque chose, il sautera sur le côté, il fait confiance à ses sens de semi-loup, focalisés sur elle, pour être plus rapide que n'importe quel sortilège. Le message est clair: il ne la menace plus directement, même si il a toujours une main tendue vers elle. “ Le Conseil t'entendra. Mais donne-moi ta baguette, je ne te fais pas confiance. ”

“ Tu l'as tué? ” Elle ne répond pas. Elle se contente juste de le fixer. Il sait qu’elle a toujours détesté son père et ses opinions trop portées sur la pureté du sang. Neville s’avance vers elle, elle essaie de ne pas tressaillir parce qu’elle n’est pas certaine de sa réaction. Son ami (peut-être encore l’appeler ainsi ?) fait preuve d’une méfiance qui la surprend autant qu’elle la comprend. Le jeune homme lui tend une main, paume vers le ciel. Elle la fixe sans comprendre. “ Donne-moi ta baguette. Si tu me donnes ta baguette, je te ferai rentrer à Poudlard. Je ne te promets rien d'autre que les cachots mais... ” Daphne hésite clairement. Neville ne lui fait pas confiance, elle sait qu’avant il n’aurait pas attaqué, mais maintenant ? Son cœur se serre à cette idée. Son cœur se serre et elle se dit que la guerre l’a définitivement changé. Elle sait qu’elle n’obtiendra probablement pas mieux de sa part et elle veut prouver sa bonne foi. “ Le Conseil t'entendra. Mais donne-moi ta baguette, je ne te fais pas confiance. ” Elle a un petit sourire triste. Elle comprend alors elle obtempère enfin. La jeune femme baisse sa baguette et la donne à Neville. « Désolée qu’on en arrive là. » Finit-elle par dire alors que Neville se recule, sa baguette toujours tendue dans sa direction pendant qu’il referme ses doigts autour de la sienne. Il hausse les épaules, les sourcils toujours froncés et l’air toujours aussi sérieux. Daphne sent un sentiment de solitude l’envahir férocement. Sa sœur lui en voudra probablement pour toujours pour la mort de leur père. Sa mère est trop perchée pour le moment, mais elle est sûre que lorsqu’elle apprendra ce que son aînée a fait à son mari, elle ne lui parlera plus jamais. Ses souvenirs sont tellement confus qu’elle ne sait pas qui sont ses vrais amis parmi les sorciers qu’elle a côtoyé récemment. Et maintenant qu’elle est de nouveau elle-même, ses alliés, les insurgés, ne lui font pas confiance et la voient comme une traîtresse.

Neville la fait passer devant et la suit derrière, sa baguette pointée dans son dos. Elle se sent presque frustrée d’avoir voulu passer par là avant de plus se battre à Pré-au-Lard. Combien sont en train de tomber à l’heure actuelle ? Elle voudrait dire autre chose aussi, elle voudrait demander des nouvelles, mais clairement, elle n’ose pas. Bien entendu, elle ne s’attendait pas à un accueil super chaleureux de la part des insurgés, mais pas de Neville. Neville l’a tellement aidée et il lui a fait confiance alors que les autres insurgés se sont méfiés d’elle parce qu’elle est la fille d’un mangemort. Mais il a su passer outre et au final ils sont devenus amis (elle ose espérer). De ce fait, ça la rend triste de voir où ils en sont. La guerre a arraché bien des choses à tout le monde. Lorsqu’ils arrivent au château, Daphne remarque que tout a bien changé. Un élan de nostalgie la renverse un peu quand elle se rend compte qu’elle n’a plus mis les pieds ici depuis des années. Tous les souvenirs qui vivent en ces lieux reviennent à la charge et elle se sent submergée avant de redescendre les pieds sur terre quand Neville la pousse en direction des cachots. Évidemment, elle ne va pas voir le Conseil tout de suite. Ils ont d’autres chats à fouetter pour le moment. Elle comprend, elle patientera. Toujours sans un mot, Neville déverrouille une porte et il la fait entrer dans un cachot. « Tu seras pas toute seule. » Avant qu’elle ne soit plongée dans le noir, elle aperçoit une silhouette.

Elle apprendra plus tard que c’est Penelope Clearwater. Une autre qui a trahi les insurgés qui se trouve avec elle dans ces cachots sombres.