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sujet; (warning) QUINCEY#1 ⊹ I don't wanna be your lover, I don't wanna be your fool

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I don't wanna be your lover,I don't wanna be your fool,

It's about you and not about you
FIN JUILLET 2003



Les volutes de fumée s'élèvent, lentes & traînantes. Arabesques flous, elles dansent dans l'air humide et il flotte, il trotte dans la rue. Les fenêtres sont toujours teintés de ses même rideaux. Tu es sûr que son petit appartement respire encore le chocolat, les jus de fruit & la magie. Peut-être qu'elle peint une nouvelle toile ? Peut-être qu'elle a encore cette photo volée de tes fesses nues alors que tu cuisines ? Peut-être que ce n'est qu'un cauchemar. Un sourire se dérobe, un peu comme la béquille qui soutient ton cœur. La cerise t'enveloppe, t'étrangle. Mécanique un peu ébréchée, totalement dévastée, l'odeur t'intoxique, t'électrise, reflet sourd d'une autre époque. Elle n'est pas chez elle. Perchée à la manière de ces princesses mondaines sur des talons vertigineux, elle s'est pressée un peu, jetant un regard vers la ruelle où tu t'es caché. Elle a sans doute du se dire qu'elle avait rêvé. Tu ne prends plus tant de risques, si ? Si.

La cigarette se suicide sous la chaussure. Les mains tremblent & dans le long manteau noir, tu t'agrippes à ta baguette, tu l'étrangles. Tu pousses la porte en t'excusant, en bousculant le moldu en retard. Tu prétends que ta petite amie a oublié ses papiers pour travailler au concierge. Et tu gravis les escaliers si assuré, si rassuré. Ça aurait pu être ton quotidien. Le sort descelle la porte & tu te réfugies dans ce petite cocon qui vous t'a si souvent recueilli. Le chat ronronne contre tes jambes, miaulant doucement, lentement, te grondant d'être parti si longtemps. « Je t'ai manqué ? Miaulement aiguë à la  manière de ces chatons cherchant leur mère. Tu la détestes toujours autant, hein ? Un ronronnement lorsque tu me grattes derrière les oreilles. Tu fais bien, elle est trèèès, très méchante. » Miaulement d'approbation, un sourire se colle à ta bouche, te tirant une expression de gamin. «  Tu es un bon chat, je t'achèterai un poisson rouge & je te le donnerai devant Tracey. », une expression se dessine entre taquinerie & ample satisfaction. Lentement, tu bouges dans la pièce, observant la toile commencée, la tasse vide de chocolat. Tu te sens un peu inconnu, un peu perdu. Tu n'es pas venu depuis un moment, depuis tellement longtemps. Un tiroir s'ouvre rempli de vêtements, débordant de son odeur, de sa chaleur. Tu fous le bordel, jetant les tissus au sol, et l'animal se frotte dessus, semant ses poils. Tu veux tout détruire, tout réduire d'elle à néant. Les livres se suicident au sol, la douche s'emplit de crasse, tu te brosses les dents avec sa brosse. Tu craches dans ses jus de fruit. Certain d'y voir là une revanche. Certain dans ton assurance.

En très peu de temps, le capharnaüm devient immense, te creuse d'une satisfaction brûlante. Si elle a mis le bordel dans ton coeur, tu mettras sans dessus dessous sa vie si parfaite, si défaite de toi, de tes bras. Et l'expression se tord dans une grimace, dans un débordement de rage. Tu l'aimes la détestes tellement, évidemment.  C'est pour ça que ça fait si mal.  C'est pour ça que ça te détruit, te bousille. Le coeur s'étrangle, s’éventre à chaque respiration. Et il te semble que tu vas t'effondrer, te tuer à chaque pas, à chaque main qui tourne & retourne les affaires à la recherche de ta chevalière. Et brises le tableau. «  … Mademoiselle Davis, navré de vous déranger mais votre « petit-ami » semble tout casser chez vous. Ah ? Vous arrivez ? », une expression se peint. Tu peux fuir, t'enfuir. Tu te défiler, filer. Pas cette fois. Pas encore une fois.

La clé tourne dans la porte, et tu lances à la jeune femme, nonchalamment ; « Salut chérie. ». Il y a l'irrésistibilité des princes blessés dans ton sourire, dans le vin qui tourne dans la coupe. Le chat s'est logé sur tes jambes. « J'ai jugé bon de redécorer. » après tout tu as des gouts tellement pourris sinon pourquoi tu m'aurais choisi ?


Dernière édition par Quinn O'Malley le Mar 9 Mai 2017 - 21:38, édité 1 fois
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(quincey) re:re: erased
❝ Someday, my memories of him will fade. His voice, his actions – I might forget them as well. But even then, I will always remember that I loved him. ❞


LATE JULY 2003. Un, deux, trois. Inspire, expire. Au rythme des pas légers, elle se concentre sur des gestes simples. Courir, respirer. Dans son dos, contre le débardeur fin, une queue de cheval marque le rythme. Dans ses oreilles, une musique à la mode bat une mesure égale. Et autour d'elle, personne alors qu'elle fait son jogging dans la brume du matin. Inspire, expire. Puis elle tourne à droite dans un square moldu déserté, s'enfonce entre les haies vertes. Des gestes simples, pas de pensée - c'est la règle. Un moment, elle s'arrête, se rafraîchit le visage et repart aussitôt, s'éloigne encore plus, va plus loin. Inspire, expire. C'est toute une discipline (cours, cours, cours) d'être simplement une mécanique, d'être juste cette fille qui court en laissant derrière elle ses pensées, toutes ses pensées. Quand elle ne fait pas assez attention, elle se demande si elle ne pourrait pas juste courir, ne jamais s'arrêter et partir loin (où ? partout, nulle part, n'importe où, loin) ; et la question se suicide sous les protestations révoltées d'une petite voix intérieure (tu ne peux pas les L'abandonner !) et aussitôt, elle fait demi-tour, presque honteuse d'y avoir simplement pensé.

(Tu ne vas pas recommencer, n'est-ce pas ?)
Non, bien sûr que non. Elle ne l'aime plus, elle le déteste même.

Mais la pensée continue de la hanter, flotte autour d'elle - ça fait longtemps qu'elle a été libérée de lui, et pourtant, la perspective la glace toujours autant de terreur. De retomber dans le piège de ses sourires, de sa magie et de retrouver ses bras.  Elle a tellement, tellement peur de trahir, volontairement ou non, et de Le décevoir.

Inspire, expire. Mais la mécanique est cassée. Tracey accélère la course, fuit même. C'est la vibration d'un téléphone moldu trafiqué par un technomage qui la fait stopper pour décrocher l'appareil et entendre la voix de son concierge. “ … Mademoiselle Davis, navré de vous déranger mais votre « petit-ami » semble tout casser chez vous. ” Elle fronce les sourcils, se demande de quoi il parle quand elle comprend que c'est lui. Forcément. Elle l'a bien cherché, après tout - et machinalement, elle tripote la chevalière qui pend au bout d'une chaîne à son cou avant d'annoncer qu'elle rentre. “ Ah ? Vous arrivez ? ” “ Oui, tout à fait. Si vous le voyez sortir, ne vous interposez pas. ” Elle ne peut pas laisser le moldu se faire tuer par ce terroriste, elle n'a pas besoin de ça. (et il reviendra toujours)J'arrive, je ne suis pas loin.

Le pas d'abord, puis la course, et enfin l'escalier dont elle avale les marches, deux à deux. Est-ce qu'il est encore là ? Le concierge assure que oui, mais elle a peur (qu'il ait transplané, qu'il lui échappe encore) (de le revoir, d'être faible à nouveau). Le souffle est court. La main tremble, maladroite, en enfonçant la clé dans la serrure ; mais pas quand elle s'avance dans les ravages de son appartement, précédée d'une baguette aggressive et menaçante. “ Salut chérie. ”  Lui. Forcément. Le vin tâche le cristal et elle se rappelle avoir épargné cette caisse de bouteilles qu'elle gardait pour lui il y a longtemps. Elle se souvient s'être dit que ce serait au cas où elle avait des invités alors qu'elle n'invite presque personne ici sauf Astoria qui n'aime pas ce vin là. “ J'ai jugé bon de redécorer. ” La langue claque, agacée devant sa nonchalence, alors qu'elle est là, plantée devant lui dans ses vêtements de sport trempés par la bruine londonienne et la sueur. Pas à son avantage, face à lui toujours si douloureusement séduisant. Elle aurait voulu qu'il regrette, qu'il regrette un peu de l'avoir manipulée. “ O'Malley. ” Grince-t-elle, mécontente (jalouse même) de voir le félin, d'ordinaire si agressif, ronronner sur les cuisses de Quinn - foutu charmeur, toujours à séduire tout le monde. Elle voit le vin faire un tour de plus dans le cristal sorcier quand il donne un coup délicat du poignet ; et Tracey n'espère qu'une chose, c'est que le vin soit bouchonné, ou ait tourné au vinaigre.

Qu'est-ce que tu fous ici ? ” Et il y a toutes les questions du monde dans sa voix. Qu'est-ce que tu as fait à mon appartement ? Qu'est-ce que tu me veux ? Pourquoi, putain pourquoi tu t'es jeté dans la gueule du loup ? Mais elle sait bien, elle le connait par coeur - elle a toujours su qu'il finirait par venir, elle l'a attendu, elle l'a voulu et elle l'a redouté. Car, sous le débardeur de coton, repose la si précieuse chevalière de Quinn dont la magie chauffe doucement contre la peau nue. Bien sûr. Bijou dérobé à la faveur d'une attaque surprise, elle l'a prise comme otage et appât pour l'obliger à se montrer. Et maintenant qu'elle est face à lui, elle ne veut rien livrer, ni lui, ni la bague - à personne, jamais la baguette est tirée, menaçante. “ Qu'est-ce que tu fous chez moi ? ” Assène-t-elle, tuant sous le tranchant de sa voix les vieux espoirs d'un nid rien que pour eux.
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It's about you and not about you
FIN JUILLET 2003



Tu ne sais plus comment parler, lui parler. Tu ne sais plus vraiment comment l'attirer. Tu as toujours su que tu n'arriverais pas à la garder.  Trop vieux, elle n'a jamais été faite pour toi, pour tes bras. Trop jeune, tu t'es toujours dit qu'elle pouvait avoir mieux, tellement mieux. Les bras d'un homme de son âge, les lèvres brûlantes au creux de son cou, et puis une vraie vie de couple, c'est au bout de ses doigts. Aujourd'hui, la question ne te taraude plus. Elle t'a déjà balayé, sans doute trompé. Son père doit déjà envisager le meilleur futur possible. Ce dernier est fait de fiançailles arrangés, de pureté réarrangée. Au fond, les chiens ne font pas des chats.

Et bien sûre qu'un désir fourmille au creux du ventre, rugit dans les basses de ton coeur, s'étouffe dans ta gorge serrée. Pendant un instant, les doigts sont suspendus dans le pelage de Queenie, pendant un instant, tu en as le souffle coupé de la retrouver, de l'approcher, d'espérer qu'elle n'a pas trop changé. Foutaises.  Belle à en damner tous les saints sorciers, tu as juste envie de la voir crevée, tuée. Et même si une perle de sueur s'écrase dans le creux de ses seins. Et même si tu pourrais juste sombrer pour un baiser.

Plantée là, la baguette au bout des doigts, elle pourrait te tuer ici & maintenant. “ O'Malley. ”  , lâche-t-elle entre ses dents. Maintenant, elle te sert du O'Malley, hein ? Là où il n'y avait que des amour au creux de tes bras et ses Quinn murmurés sur le bord de l'oreiller. Colère amère, tu ressers ta main autour du cristal. “ Qu'est-ce que tu fous ici ? ” le canif s'écrase dans ton coeur. Il n'y a pas si longtemps – tout juste un an, cet endroit était votre nid d'amour au milieux des bombes. Il n'y a pas si longtemps, elle t'aurait attendu sur le pas de la porte dans une chemise trop légère. Et tu aurais plaisanté à l'idée de la voler, de la kidnapper. « Question rhétorique ? Un sourire indulgent, presque charmant qui dissimule tous les ; Es-tu trop conne pour comprendre?. J'aimerai récupérer ce qui est à moi, Davis. » La voix est douce, légère, tournoyant comme une chanson éphémère. Elle cache les décadences des reproches cruels, clairs & nets. Tu tranches simple & précis de l'aiguille de tes yeux bleus. “ Qu'est-ce que tu fous chez moi ? ”  et sur ta langue, il y a tous les espoirs qui se suicident.

« Je veux que tu me rendes ce qui est à moi. » Elle ou toi. Plus de nous, plus d'amour. Plus jamais pour elle. Ses promesses t'ont foutus en l'air, ce sont envolés, échappés. Les mots sont au final éphémères, sans queues, ni têtes, entre ses lèvres. Et il n'y a jamais eu d'amour, il y a juste une montagne de mensonges. « Ni plus ni moins. », claques-tu comme si c'était aussi facile que d'arracher un pansement, comme si c'était la seule chose à récupérer ici. Personne ne t'en voudrait de la balancer dans une valise sans fond pour l'emmener là où tu iras. Tu grimaces, écartant doucement les résidus de jalousie, de possessivité. « Sois une gentille fille, Davis. Je n'ai pas de temps à perdre avec une traîtresse. » C'est ce que tu répètes en boucle, avec un sourire décontracté, une moue désabusée. C'est ce que tu sers à toutes les sauces sans sourciller, sans (trop) tanguer ; Merlin, tu avais toute une vie à perdre pour elle.

Et tu louches là où loge la chevalière O'Malley. Entre ses deux seins, la forme caractéristique de l'anneau forme une petite colline disgracieuse. Et tu le vis comme une putain d'insulte, comme un putain de rappel à toutes ses lâchetés, à toutes ses fausses vérités. Jeté au visage, sa colère devient tienne. Serpent venimeux, elle s'enroule à tes reins, mordant, distillant son venin. La rage galope, te sabote. Et boum, te voilà explosé sur le bitume, masse dégueulasse de haine & de frustrations. Les pressions craquent & ton si doux, si charmant visage se métamorphose, s'expose ; «  Accio Bród». La chevalière file et Tracey au bout. La coupe est posée, la main se resserre sur le haut. « Rends-moi ça, tout de suite. », tu files dans le débardeur, posant le bout de tes doigts froids sur sa peau. La chaîne est tirée, la chevalière bat la mesure & tu l'agrippes, féroce, véloce. « Tu la souilles avec ta magie dégueulasse. » Tu la sens pulser sous tes doigts, hurler. Tu la sens se vider de toute sa puissance, son innocence. Elle crie & te supplie de retourner à tes doigts, là où est sa place. Monstre, tu ne ressens plus que sa souffrance, que la violence que  Tracey y a niché. De toute façon, elle bousille toujours tout. De toute façon, c'est toujours elle la fautive. Alors  tu veux juste l’étouffer, tu veux juste la tuer. ( Alors tes mains se resserrent autour de la chaine )
Tu ne veux plus que l'a(b)imer pour ne plus en (c)rêver. ( Alors tu espères qu'après elle, tout sera fini )

NB:
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❝ Someday, my memories of him will fade. His voice, his actions – I might forget them as well. But even then, I will always remember that I loved him. ❞


ELLE SE DETESTE DE LE TROUVER SI BEAU, SI ATTIRANT QUAND IL EST SI LAID. Et ça l'agace ; quand il sourit, joue à l'adulte d'un sourire plein d'une indulgence moqueuse. Es-tu trop conne pour comprendre ? glisse-t-il entre les mots, et les doigts se serrent plus fort sur le bois, le cœur pulse plus fort la colère et la douleur. Parce que, bien évidemment, qu'elle a compris. Elle n'était qu'un jouet, un moyen pratique d'atteindre ses fins. Elle n'était qu'une gamine trop amoureuse, trop aveugle - et il en profité. Bien sûr que Tracey comprend à quel point il l'a utilisée. Elle a passé des jours et des nuits à se repasser les souvenirs, à emprunter la Pensine de son père pour tout regarder, tout disséquer encore et encore et tenter de comprendre ce qu'elle a loupé - pourquoi elle a failli trahir le Lord. Fière, elle veut se dire que, peut-être, ce n'est pas elle qui était trop conne mais juste lui qui était trop bon. Pourtant, l'évidence est partout dans les souvenirs, l'évidence s'étale partout sous les yeux clairs qui ne lâchent pas Quinn. Elle l'a trop aimé, et il en a profité. Et si elle était honnête, elle saurait qu'elle l'aime encore, quelque part dans les nœuds qui se nouent dans son ventre. “ J'aimerai récupérer ce qui est à moi, Davis. ” Les sourcils se froncent, signe évident de mécontentement. Et ce qui est à moi ? songe-t-elle, amère. “ Je veux que tu me rendes ce qui est à moi. Ni plus, ni moins. ” Est-ce qu'il va lui rendre son adolescence à le rêver ? sa virginité stupidement offerte ? son honneur jeté aux orties ? ses années à l'aimer en secret, à mentir à sa famille en jurant par tous les enchanteurs qu'elle n'a plus de lien avec lui ? tout cet amour gâché, tout ce temps à aller contre le gouvernement ?

Est-ce qu'il va lui rendre son putain de cœur aussi ?

Sois une gentille fille, Davis. Je n'ai pas de temps à perdre avec une traîtresse.Traîtresse, l'insulte allume des feux et tire sur toutes les alarmes. Traîtresse, traîtresse, traîtresse. Le corps entier se tend, la mâchoire se crispe et déjà la magie roule dans son sang, s'affole sur sa peau devant l'effrayante perspective. Dans sa tête, une voix grince les reproches, les accusations qu'elle crache sont un effroyable, insupportable crissement : tu as failli Le trahir, une fois déjà, et tu recommences encore, tu hésites. “ Ne me traite pas de traîtresse, c'est toi le traître. ” Traître à son sang, traître à son père, à ses vœux d'auror, traître à elle. Qu'est-ce qu'il n'a pas trahi pour sa guerre ? Qu'est-ce qu'il ne trahira pas pour des idées tueuses de société ? “ C'est toi, le terroriste. ” C'est lui, avec tous les autres, qui a tué Maman et ça a un peu plus accablé Papa. C'est lui qui lâche des bombes et des catastrophes, et tout ça pour quoi ? Pour aller contre Lui. “ Tu as trahi tellement de choses, est-ce que tu ne te sens pas sale ? ” crache-t-elle, venimeuse. Est-ce qu'il ne se sent pas sale de s'opposer à Lui et à ses Idées ? Est-ce que Quinn ne se sent pas un peu comme elle, répugnante et souillée, lui qui a trahi cent fois, mille fois plus qu'elle ? Pourquoi est-ce qu'elle doit être la seule à être tellement tellement sale ?

Et elle jubile quand il trouve la cachette de la chevalière, quand le masque tombe et révèle la haine peinte partout sur les traits taillés au couteau. Ce qu'elle est contente, Tracey. C'est l'égalité qui se rétablit un peu entre eux. Oeil pour oeil, dent pour dent - elle ne peut pas être la seule à détester, elle ne peut pas être la seule à être blessée. Elle refuse.

Accio Bród. ” Tracey remarque trop tard le sort lancé ; et emportée par le sort et la chaîne qui s'imprime dans sa nuque, elle percute son corps, finit contre lui dans le fauteuil. Sa poitrine s’écrase contre son torse et elle veut reculer, à la fois dégoûtée et fascinée par quelque chose qui se délie enfin au creux du cœur, comme une accalmie qui pointe le bout du nez. Un geste en arrière s'esquisse, mais Quinn la retient, tire sur le débardeur. Et l'espace d'un instant, il y a encore, toujours ce stupide, imbécile amour qui croit qu'il va la prendre dans ses bras, qui pense qu'il veut l'aimer. “ Rends-moi ça, tout de suite. ” Et l'instant suivant, c'est encore, toujours ce stupide, imbécile cœur qui prend la réalité en pleine gueule, piétiné par sa propre connerie. “ Non. ” siffle-t-elle pour exorciser le frisson qui lui court sur son épiderme, griffe sa peau quand ses doigts la frôlent. “ Tu la souilles avec ta magie dégueulasse. ” Bien sûr qu'elle est dégueulasse, immonde, la Tracey. Elle a été abîmée, souillée par lui. C'est de la faute de Quinn tout ça. C'est de sa faute si elle a failli trahir, si elle est tellement tellement indigne de la confiance du Magister. “ Va te faire f- ” Le mot s'étrangle dans sa gorge quand il lui coupe l'air et l'empêche de respirer. Les yeux s'écarquillent sous la surprise, mais pas bien longtemps : dans le ventre de Quinn, le bout d'une baguette s'enfonce, un Expelliarmus silencieux le percute, renversant le fauteuil et leurs corps collés mais il ne la lâche toujours pas. Et déjà les poumons privés d'oxygène hurlent, la trachée écrasée brûle, la chair tendre du cou est taillée par la chaîne fine. Les ongles d'une main grattent le poignet de Quinn, s'enfoncent pour le faire lâcher prise mais il ne la libère que quand un poing brouillon s'abat sur sa tempe.

Du temps à perdre, c'est tout ce que tu as, O'Malley ” crache-t-elle, la voix sifflante, la gorge encore encombrée d'une toux rauque, alors qu'assise sur lui, elle le domine enfin. Le poing serré s'abat à nouveau sur la joue de Quinn. Sur la pommette, juste là où elle l'embrassait autrefois en guise de bonjour, le bout de ses doigts grattant tendrement les bords de la barbe. Mais, aujourd'hui, la main n'a plus rien de tendre. Il y a des tornades qui lui déchirent le cœur, des entrelacs de Sirocco et de Mistral entre l'amour brûlant et la colère glacée ; et c'est douloureux d'aimer autant, de détester autant. Tracey a l'impression que la seule façon de se sortir de ce tourment, d'arrêter de Le trahir ; c'est de s'arracher le cœur, c'est de se débarrasser de lui, de Quinn. Son père lui a dit : débarrasse-toi de cette faiblesse avant qu'elle ne te tue - et quand elle voit l'homme qu'elle aimait (qu'elle aime), quand elle voit comme sa simple présence la fout à terre, la fait trahir ; elle se dit qu'il a raison, que c'est ça la solution pour reposer en paix, enfin. “ Tu n'as rien, O'Malley ; il n'y a rien qui soit à toi ici ” crie-t-elle, la voix dans les aigus de l'hystérie et le cœur qui crisse, piétiné.

(Merlin, elle ne sait pas si elle peut - elle jure qu'elle va le tuer, le réduire à rien, l'oublier ; gronde l'esprit remodelé pendant que tout son instinct de survie s'affole : est-ce qu'elle ne va pas crever sans lui ? est-ce qu'on ne crève pas sans cœur ?)
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It's about you and not about you
FIN JUILLET 2003



Sur le bord de ta langue se mêle le goût pâteux des amours explosifs, des haines décisives, incisives. Invincible, trop sensible, ton coeur grille la mesure à la recherche de la démesure. Et tu veux juste serrer, tout laisser s'échapper, se briser. Tu ne l'aimes plus vraiment, plus tellement, n'est-ce pas ? Tu cessé de penser à elle, matin, midi & soir. Tu as cessé d'espérer, de te poser des questions, d'écouter ta passion. Maintenant, il ne reste plus que la raison.

Maintenant, elle ne t'aime plus.

Et elle se tend à bout de nerfs, prête à te déclarer l'enfer. Et elle te fixe, dents serrés, coeur broyé. D'un regard de défi, tu ne scilles pas, tu ne vacilles plus. “ Ne me traite pas de traîtresse, c'est toi le traître. ” Tu l'observes ; Quand a-t-elle commencé à mentir comme elle respire ? Quand a-t-elle commencé à te fuir ? Elle était au bout de ton coeur, l'adolescente timide devenue femme entre tes draps, tes bras. Tu lui soufflais des blagues nulles pour lui arracher un sourire qui faisait remonter ses fossettes, valdinguer ton coeur. Tu lui arrachais un peu de chaleur. Pourquoi a-t-elle changé ? Le plan était si parfait, si calculé. Elle devait s'échapper, te rejoindre, combattre à tes côtés. Maintenant, la marque s'esquisse dans le creux de son bras, gerbes de ténèbres, zébrés de noir & de désespoir. Tu l'as tant combattu, tu en as vaincu tellement de ces mages tatoués, tarés. Aujourd'hui, c'est son tour. Aujourd'hui, c'est elle que tu dois abattre. “ C'est toi, le terroriste”  Un rire s'échappe, dérape. Et tu les sens, les certitudes gravées, embrassées à même l'âme. Elle y croit vraiment, tellement. Plus qu'elle ne t'a jamais cru, plus qu'elle ne t'a jamais voulu. Ça te bousille, ça t'éclabousse le ventre, nouant des drames invisibles, invincibles. Et tu sais que ce ne sont que des mensonges. Tu sais qui tu es. L'idéalisme te remplit les yeux. Inflexible, indestructible, tu brandis tes principes en étendards. Tu te reposes sur tes valeurs, tes rancoeurs. Tu sais ce qui est bon. Tu as toujours fait ce qui est bon. « Tu confonds avec toi, non ? Un sourire dégueulasse, de fauve prêt à dévorer sa proie, à broyer le petit serpent sans défense. Qui a cramé des innocents, des civils à Godrics Hollow ? Qui a attaqué des enfants sur le toit de Madame Guipure ? Moi, je n'ai rien fait, Davis. Un silence. Ici, tu es la vraie terroriste. » Et tu n'es même plus sûr que la femme que tu as aimé, existe encore un peu. Tu n'es même plus sûr de l'avoir vraiment aimé. Tous ses actes se lisent. Tous ce qu'elle a fait, tout ce qu'elle a accepté. Tout ce qu'elle a pris, t'a pris.

Mais c'est tout ce qu'elle a toujours été, n'est-ce pas ? Elle baise les pieds de VDM, te submergeant de colère. Elle se jette presque sur son père, les yeux fiers. Elle t'a trahi, elle t'a tout pris. Tu voudrais juste qu'elle crève, qu'elle disparaisse. “ Tu as trahi tellement de choses, est-ce que tu ne te sens pas sale ? ” Un soupir, d'un œil vide, tu la fixes ; «  Tu devrais retourner sucer ton père. C'est ce qu'elle fait de mieux après tout. Elle l'a jusqu'au fond de la gorge avec tout ses bobards, tout ses sentiments vantards. Ou peut-être que tu préfères celle de ton Maitre ? Tu dois pas faire de différence, maintenant. Plus c'est crade, plus tu aimes. » Plus elle trahit, plus elle réussit à détruire, séduire. Et tu sais très bien que tu n'es pas le plus dégueulasse. Tu sais très bien que toi, tu n'as jamais fléchi, tu ne t'es jamais menti. De l'amour est né la colère amère qui t'entoure dans tous ses atours. Le coeur exposé, il est déjà explosé, brisé sous ses pieds.

Il n'y a plus de tendresse.
( Même quand ça te dépasse, t'enlace )
Il n'y a plus d'amour.
( Même quand ça te crevasse, te dégueulasse )

Tu fais semblant de ne rien sentir, de ne pas la ressentir tout contre toi. Tu refuses de voir la douceur de ses yeux, de ses espérances lorsque tu plonges les doigts contre sa peau. En overdose de maux, tu la griffes en agrippant l'anneau, en détruisant son coeur. Tu es faible de l'aimer tant. Tu es faible d'espérer encore, même jusqu'à la mort. “ Non. ” , claque-t-elle, ripant sur tes rages, provoquant l'orage. Elle te fait mal, elle te fait toujours mal. A son souffle raide & rapide, étranglé par tes mains, là où l'insulte se suicide, la petite poitrine se soulevant avec excès, avec brutalité, elle te fait mal à être si loin de toi. Elle te fait mal de sa haine ratée, si souvent déposée à tes pieds. A bras le corps, tu veux juste l'enlever, l'effacer, vous abandonner. Tu veux revenir en arrière, t'excuser, tout recommencer. Peut-être même lui pardonner. Les yeux s'écarquillent, se révulsent de surprise. Tu serres plus fort, le visage fermé, les émotions broyées, dévastées. Ce n'est pourtant plus la Tracey aimée, adorée. Tu le sais lorsqu'elle enfonce la baguette dans ton ventre, te propulse d'un Expelliarmus dans le décor. Choqué, tu refuses pourtant de lâcher, d'abandonner. Au contraire, tu te débats, t'accrochant à elle, à la chaîne. Elle griffe le poignet, jusqu'au sang, suppliant pour de l'air. Et tu l'observes, tu la crèves de tes yeux clairs, éternels. Tu sais ne plus faire partie de ses envies, tu n'es plus qu'un ennemi. Et si toi, tu ne peux plus l'avoir, pourquoi les autres le pourraient ? Pourquoi tu devrais la laisser s'en aller, t'abandonner ?

Qu'elle disparaisse, qu'elle cesse de te tourmenter, d'exister. Tu n'auras plus jamais à partager, à te détester de n'être pas assez. Et elle cogne, elle te désarçonne, tu t'effondres dans le fauteuil renversé, le cœur dépassé. “ Du temps à perdre, c'est tout ce que tu as, O'Malley ”  Tu ne vas même pas nier, lorsqu'elle tousse, à califourchon sur toi. Tu ne vas même pas résister. Tu en perds tellement, tu en as tellement perdu & tu te sais vaincu. Tu te sais déçu & décevant à toujours te précipiter devant elle. Tu te sais ridicule à céder. Tu la détailles, les cheveux en bataille, le cou rougeoyant, la poitrine brusquée à chaque respirations, à chaque pulsions de coeur. Elle a des airs d'Amazone divine au dessus de toi, te dominant dans un souffle. Et les coups s'abattent, t'abattent. Dans le creux du ventre, tu sais que tu mérites tout ça. Dans l'antre de ton coeur, le cocktail Molotov de colère chaude & d'amour froid se mêlent, s’entremêlent, cherchent à dominer. Écho d'elle-même, tu glisses, t'immisces, avalant ses douleurs, faisant tiennes ses rancœurs. Et tu sais qu'elle ment. Tu sais qu'elle aussi ne veut plus ressentir, qu'elle en a assez de subir. Tu sais comme elle a mal d'aimer, comme tu l'as mal aimer.  “ Tu n'as rien, O'Malley ; il n'y a rien qui soit à toi ici ” et sa voix trébuche contre les murs, te brûlant de ses peurs, de ses douleurs. Et c'est assez pour une autre claque. C'est assez pour toi aussi, cogner. Le poing part droit dans son nez. « Ta gueule ! Cèdes-tu, craches-tu. Ta gueule, cales-tu dans le ballet effréné des souffles. Elle a reculé & tu la repousses dans un autre coup de pied dans le ventre contre la porte d'entrée. Tu as le cœur balafré de ses sentiments fuyants, trop puissants. Tu as l'amour dépassé, avorté. Pourquoi, avec toi, je n'ai que des putains de problèmes ? Pourquoi tu as toujours besoin de me faire ça ? » Pourquoi tu dois encore la ressentir ?

Château de sable, tu t'effondres. L'envie te tenant le ventre & l'entrejambe, tu veux juste en finir. Tu veux juste la fuir, elle & ses émotions en explosion, en implosion. Elle, tu ne sais jamais lui résister. Tu sais que tu vas t'incliner, que tu vas avancer. Et dans un souffle, tu vas lui voler un baiser, cognant son corps contre le tien, mordant ses lèvres jusqu'au sang. « Je te déteste tellement. », cales-tu d'une voix rauque, pesante, ivre de désirs. Je t'aime évidemment. Entre tes grandes mains, tu écrases ses seins. Tu sens ton cœur trébucher, s'effondrer dans tes intestins. Et tu te dis juste que c'est parce que ça fait longtemps que tu n'as pas baiser, que tu n'as pas toucher une poitrine. Elle ne te manque pas, elle ne te manque jamais. C'est juste un corps, c'est juste son corps. Ta main attrape la chaîne, l'attires au plus près de toi-même. « Donne-la-moi. », murmures-tu doucement, chaudement, ardemment comme si tu demandais le droit de l'aimer de la baiser. Donne-toi à moi.
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ELLE LE FRAPPE ENCORE ET ENCORE COMME SI CA POUVAIT COMPENSER TOUT CE QU'IL LUI FAIT. Et elle le répète pour qu'il comprenne bien : “ Tu n'as rien, O'Malley ” Elle le répète en criant pour que ça se grave sans ambiguiïté ; pour que son putain de coeur comprenne enfin : “ il n'y a rien qui soit à toi ici. ” Tracey ne veut plus être à lui, elle ne veut plus. Il y a toutes ces voix dans sa tête qui lui hurlent de trancher leurs liens ; il y a des mécaniques qui la poussent contre lui, à s'opposer aux instincts stupides, puissants de son coeur. Mais elle est plus forte que ça, elle vaut mieux que ça, non ? Elle peut être digne de Sa confiance, elle peut se débarrasser de ses faiblesses et rendre son père fier, rendre sa famille fière. Ses instincts n'ont pas à être les plus forts. Elle. Vaut. Mieux. Que. Ca.

Elle va le prouver, elle va le tuer et se débarrasser de tout, même des émotions tyranniques. Et tant pis si elle n'a plus jamais chaud. Et tant pis si elle n'a plus jamais froid. Tant pis si elle ne frissonne plus, si elle se brise de l'intérieur. Le Lord n'a pas besoin d'une gamine faible, bernée par ses émotions stupides ; Il a besoin d'un bras armé, d'une volonté qui ne faiblit pas devant les illogismes sentimentaux.

Ta gueule ! ” Le poing de Quinn l'a envoyée en arrière, et précipitamment, son corps s'écarte, recule pour fuir la douleur ; ses mains viennent couvrir le nez brisé, retenir le sang (sale) qui coule (et salit tout). “ Ta gueule. ” Le pied dans son estomac piétine son souffle, un gémissement explose quand la poignée ronde s'enfonce dans son dos, agresse la chair tendre. Au coin des yeux, elle sent s’amonceler des larmes de douleur comme pour éteindre la brûlure des muscles brutalisés et d'un cœur en overdose d'émotions. “ Pourquoi, avec toi, je n'ai que des putains de problèmes ? Pourquoi tu as toujours besoin de me faire ça ? ” Un rictus lui tord la bouche, un rire s'étrangle sur les lèvres laquées de sang et dans un souffle, elle grince, satisfaite : “ Pas si facile que ça, la gamine, hein, O'Malley ? ” Tracey veut croire qu'elle lui donne un peu de difficulté, qu'elle n'est pas si simple à berner, à jouer, à utiliser. Elle veut croire qu'elle ne tombe pas si aisément dans la trahison - qu'elle peut se battre. Qu'elle peut valoir mieux que les princesses stupides et insipides qui ne font que trébucher dans les pièges.

Les muscles tendus, prêts à l'attaque ; elle veut lui foncer dessus, le renverser comme lui la fout à terre, ignorant les règles du duel comme la magie qui s'affole dans sa baguette. Un pas en avant, deux, et déjà il est sur elle, les corps percutés et les lèvres écrasées. Contre elle, il la rassemble un peu ; le puzzle éclaté s'assemble un peu. Car le corps se souvient, lui ; les doigts savent s'enrouler autour de la laine du pull pour le tirer plus près, le garder encore. Les hanches se souviennent de l'effet qu'elles ont quand elles se pressent contre lui. Le corps se souvient, il crie le manque, la chute est encore plus forte après le sevrage - dans ses entrailles, c'est presque douloureux de l'avoir à nouveau contre elle, de sentir sa chaleur sur sa peau. Et un gémissement roule sur sa langue, fleurit entre la douleur et le désir quand il fend sa lèvre. “ Je te déteste tellement. ” Le bras se tend, écarte les mains sur ses seins et les doigts fins rencontrent violemment la joue de Quinn. Mais cette fois, ce n'est pas le poing de l'agresseur qu'elle lui offre. Cette fois, c'est la gifle de l'amante outragée. Je sais, mais moi, putain moi, je t'aime encore. “ Donne-la-moi. ” Le regard qu'elle darde est un abysse noir de désirs qui bouffent l'iris mais, au fond, il y a comme le feu brûlant, fou d'une révolte. Sur la pointe des pieds, elle s'élève jusqu'à son oreille, prend appui de ses mains autour de la nuque de Quinn, de son corps pressé contre lui. “ Elle n'est plus à toi. ” Souffle-t-elle, la poitrine soulevée par une respiration affolée, avant de mordre le lobe, puis d'enfoncer ses doigts dans les cheveux blonds, de tirer en arrière. “ Je l'ai gagnée. ” Ce morceau de lui, ces quelques fragments issus de sa magie ; c'est tout ce qu'elle a encore de lui. “ Ce n'est pas toi qui décides - ” Clame-t-elle, vipère amère. Elle ne va pas le laisser prendre ce qu'il veut et fuir loin d'elle sans rien faire. Agrippée à ses cheveux, elle le force à reculer, elle se force à ignorer la sensation de déchirure sur sa peau de nouveau solitaire. “ - ce n'est pas toi qui gagnes la guerre. ” C'est elle qui capture le Roi. “ Admets ta défaite. ” Le bois magique se presse contre la gorge exposée, menace de déverser la magie, de mordre la jugulaire. “ DIS-LE !

Dis-le que je t' ai gagné.
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It's about you and not about you
FIN JUILLET 2003



Et tu la fais saigner, et tu la fais se bousiller. Elle a le sang sale, après tout, non ? Il n'est pas pure comme le tien. Il n'est pas ce millésime de magie entrecroisée et entrelacé. Elle n'est rien de tout ça. Elle est sale du coeur au corps, pourrie par les serments brisés, tués. Elle est tellement sale que tu voudrais juste rayer, raturer son existence. Elle ne te mérite pas.

La langue claque, les instincts se détraquent.
Et tu tapes. Et tu dérapes. Le corps mutin, fin que tu as tant aimé, tant désiré, il s'éclate contre les murs, il s'explose dans une traînée acide de sang ( si dégueulasse, si tenace ). Et quelque chose d'abjecte, d'infecte te soulage dans ta rage.  Elle a mal. Comme tu as mal. Le coeur brulant, battant, les cendres de votre amour ne semble plus couvrir de braises. Et elle pleure de douleur & tu souffles la chaleur de tes rancoeurs. «  Pourquoi, avec toi, je n'ai que des putains de problèmes ? Pourquoi tu as toujours besoin de me faire ça ?   », un rire s'étrangle, et elle semble satisfaite dans la lumière du jour du petit appartement. Elle semble te gueuler ses mots ; “ Pas si facile que ça, la gamine, hein, O'Malley ? ” Tac au tac, tu craches ; « Rien d'étonnant avec une famille comme la tienne. ». Tu ne l'as jamais pensé, tu as toujours pardonné l'ascendance des Davis. Who cares about the past ? , calais-tu, dans le goût acidulé des cigarettes aux fruits rouges à ton ancien ami, Isaiah. Les rumeurs, les légendes, les passés, tu les as toujours balayé. Tu as toujours fait ce qui est bon, ce qui est juste. Everybody, l'as-tu entendu soupirer, se pincer le nez. Not me, as-tu haussé les épaules. Tu es celui qui a offert son frère à l'enfer d'Azkaban. Tu es celui qui n'a pas fléchi devant les siens pour pardonner, excuser. Tu as fui pour lutter, tu as fui pour aider. Et tu es prêt à faire de même pour elle. Tu es prêt à la laisser s'en aller pour payer ce qu'elle doit à cette société. « Les mages noirs ne font pas des médicomages. », et ce même si elle doit rester enfermée pour l'éternité.

Et tu t'avances dans ce sourire de Sphinx, tissant tes mensonges sans réponses. Tu ne l'aimes plus, n'est-ce pas ?  Tel un bateau ivre, saoulé des vagues, tu t'écrases contre elle. Tel un ancien drogué craquant sur une dernière dose, tu l'embrasses pour te prouver qu'il n'y a plus rien à espérer. Le désir s'est tiré, balayé par un coeur glacé, bercé par les injustices. Tu promets, tu le jures, tu ne l'aimes plus.  Tu l'écorches en t'accrochant, en reculant, refusant d'avouer que le coeur te monte aux lèvres, que tout ceci n'a jamais été un rêve. Sur la langue s'égare encore les mots d'amour, de velours. Sur les peurs remontent toutes tes erreurs. Le coup part du bout de ta voix, grisante de désespoirs. Tu veux qu'elle aussi elle broie du noir. Tu veux sentir sa douleur, ses horreurs, ses rancoeurs. Tu ne veux plus être seul, là où elle t'a laissé depuis qu'elle est partie.  Elle t'écarte, écrasant sa main sur ta joue. Certains diront que tu ne l'as pas volé, tu demandes ce qu'elle, elle ne t'a pas volé.

Des années.
Le pouvoir d'espérer.
Le simple fait d'aimer.
De l'aimer, elle.

Et tu sais bien que des années après, tu ne cesseras pas de l'aimer.

Tu te mords la langue, blessé, amusé. Et de la pointe de ses pieds, elle vient se coller à toi, glissant ses mains sur ta nuque, chuchotant, mordante ; «  Elle n'est plus à toi. Je l'ai gagnée. ». Et tu tiques. La vérité est là toute nue, dégueulant sous son poids toute son impatience, déshabillant ta prudence ; Elle aussi, elle n'est plus à toi. Les yeux se dardent de flammes & tu chuchotes presque innocemment ; « Oh et je me demande vraiment pourquoi. ». Tu sais bien les causes. Tu sais bien les conséquences alors qu'elle tire te faisant grogner de douleur. « Ce n'est pas toi qui décide. », déclare-t-elle, clame-t-elle et tu recules, les yeux clairs bordés d'enfer. Tu n'as que faire de son avis. Tu prends sans demander puisqu'elle te l'a volé. « -Ce n'est pas toi qui gagne la guerre, mord-t-elle, convaincue, bon petit soldat sans foi ni vertu. Et tu envies ses certitudes, son manque d'inquiétude. Tu envies sa passion d'avoir toujours raison. Admets ta défaite. » Un autre grognement se meurt entre tes lèvres serrées, tu refuses de te dévoiler. La sensation est froide contre ta gorge, noyé dans la barbe de deux semaines. La baguette s'érige en menace au son de sa voix ; « DIS-LE. ». Un sourcil se hausse ; Sinon quoi?

Elle va te tuer ? Toi, tu es déjà mort. Tu évolues depuis des mois en corps délaissé de son âme, ne sentant que le froid te saisir les côtes. Tu attends juste la victoire des tiens, le retour à l'ordre puisqu'une vie sans elle n'est pas une vie. Tu ne crois pas aux contes de fée, aux histoires de repentis. Tu ne crois qu'à ce que tu vois. Et il n'existe plus que des corps.  « Tire-le. », la voix est calme, elle ne tremble pas, elle ne supplie pas. Les yeux droits dans les siens, tu as encore cet air de prince revêche que rien n'arrête, que rien ne pourra défaire. Si elle veut te tuer, tu ne vas pas lutter. Tu t'offres même sous la baguette. Tu pousses, enfonçant le bois précieux dans ta pomme d'Adam. « TIRE TON PUTAIN DE SORT, DAVIS. », elle le sait pourtant ; un auror meurt debout, jamais à genoux. Tu ne plieras jamais devant elle, tu ne t'agenouilleras jamais. Elle n'a, au final, plus rien à gagner, en ayant tout perdu, en t'ayant perdu.

Il y a un instant de faiblesse, une seconde de relâchement dans ses sentiments. Et tu en uses & abuses. Le poignet est attrapé, enfermé dans ta main féroce, tordu. « Tu es trop lâche. », assènes-tu, critique & incisif, dans le creux de son oreille, le bras piégé dans son dos. « Tu ne gagneras jamais. », et tu la pousses, au milieu des débris de l'appartement saccagé, ravagé. C'est promis, juré ; tu ne la laisseras plus jamais triompher. Tu ne la laisseras plus te tromper, te tourmenter. Les mains s'attachent à elle, coulent vers ses hanches, retrouve où se loger en la ramenant contre toi. « Pourquoi tu m'as trahi ? » Pourquoi tu es partie ? Pas que ça t'intéresse. Elle n'est plus qu'un souvenir éloigné, même en enfouissant ton nez dans ses cheveux noirs, même en respirant sa sueur & sa tristesse. Pardon de ne pas t'avoir kidnappé cette fois. Pardon d'avoir échoué.
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IL VA LUI CONCEDER LA VICTOIRE. “ Tire-le. ” Durement, cruellement, les doigts serrent plus fort, le poignet se tord encore, augmentant la tension sur la gorge exposée pour le faire céder. Il va céder. Il le faut, il le doit - parce qu'elle devra le tuer sinon et elle n'a pas envie et il gagnerait. “ TIRE TON PUTAIN DE SORT, DAVIS. ” Le cri la fait sursauter, basculer - un instant, tout semble se déconnecter. Sur sa peau, elle sent le sort initié s'emballer, la magie se transformer d'étincelles en incendio. Sur sa rétine troublée, l'image de Quinn avalé tout entier par les flammes s'inscrit, se dessine et Tracey voit la magie le cramer jusqu'à ce qu'il ne reste que des cendres. La vision la terrifie et elle vacille brusquement, rattrapant la magie, ravalant d'instinct le sort avec une grimace douloureuse quand elle croit entendre la voix de Quinn hurler comme l'ont fait les condamnés à Godric's Hollow.

Quinn aussi est un putain de traître pourtant - lui aussi, il est condamné pourtant.
(Tue-le, tue-le, tue-le. Rappelle-toi tes serments, tu as juré, tu as promis de tous les tuer - même lui, surtout lui)

Glac- ” tente-t-elle quand la main large se referme sur son poignet, écrasant l'articulation fragile dans sa poigne féroce pour lui faire lâcher sa baguette ; et Tracey gémit, s'étouffe de la douleur qui irradie de son bras tordu dans son dos, de l'épaule malmenée. “ Tu es trop lâche. ” Et elle s'agite entre ses doigts comme pour lui prouver le contraire, elle s'agite comme un oiseau en cage, comme un animal sauvage piégé, saccagé par les filets dans lesquels il est empêtré. “ Tu ne gagneras jamais. ” Repoussée, elle titube, son pied encore fragile glisse sur un magazine abandonné par terre et elle ne doit qu'à Quinn, qu'aux mains accrochées à ses hanches, de ne pas s'effondrer sur le sol. “ Pourquoi tu m'as trahi ?

Parce que vous ne comprenez pas le Lord.
Parce que vous vous trompez de direction.
Parce que vous allez tuer notre pays.


Je ne t'ai pas suivi parce que j'ai compris que c'était plus important de protéger le pays, d'être fidèle à ma famille plutôt que de t'aimer aveuglément. ” Tracey aurait voulu paraître plus ferme, être moins triste, moins blessée. Elle aurait aimé ne pas avoir cette douleur au cœur, cet amour parasite qui persiste, résiste à la réalité, aux faits. “ J'ai ouvert les yeux. ” Et elle a vu qu'ils étaient des meurtriers, des traîtres, des assassins, et pour quoi ? Pour rien. Pour des bêtises, pour des idées fausses, tueuses d'ordre.

Doucement, elle pivote, lui fait face. Bleu contre bleu, les yeux dans les yeux - elle lui fait face, scrutant son visage, lisant ses traits du bout des doigts qui les retracent avec cette ancienne pudeur. Si seulement elle pouvait le faire comprendre à Quinn, si seulement elle pouvait lui ouvrir les yeux à lui aussi - elle est certaine que c'est ce qu'il lui faut à lui aussi. Rien qu'un peu d'aide pour qu'il comprenne ce qui est bon pour le pays et les gens. “ Viens. Viens avec nous, viens avec le Lord, Quinn. Tu n'as qu'à t'excuser. Je parlerai en ta faveur au Magister, et à mon père. Je te jure que tu seras pardonné. ” Et il n'y aura plus de faiblesse à tuer, à bannir chez elle puisque Quinn sera là, à ses côtés, et aux côtés du Lord, Quinn sera dans le bon camp. “ On te pardonnera pour Sainte Mangouste et pour tout le reste - je sais que tu n'as pas fait exprès pour Maman. Que tu ne savais pas. Je te pardonnerai. ” Dans son cœur, ce n'est qu'une demie-vérité, un morceau de promesse incomplète - parce qu'elle ne peut pas pardonner aux insurgés d'être contre le Lord, d'avoir tué sa mère, d'avoir fait pleurer Camille. Mais elle peut bien faire un effort tant que Quinn revient du bon côté. Elle peut faire semblant si ça veut dire qu'il est avec la justice, s'il défend les bonnes idées. “ On pourra s'aimer, on pourra vivre ensemble comme on s'était promis.
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It's about you and not about you
FIN JUILLET 2003



Peut-être qu'ils ont raison, peut-être que c'est toi qui joue trop au con. A force de t'entêter à l'aimer la détester, tu n'as pas remarqué que tu passais ton temps à te battre contre le vent, contre le vide, le rien. Tu es fait de ça, après tout, un patchwork de n'importe quoi, de j'y crois encore et de ces mensonges que tu sais plus avouer, ni même discerner. Tu crois toujours un peu à cette Tracey là. Celle qui se souciait de toi, de tes combats. Celle qui, silencieusement, même dans les blessures, acceptait les moments tristement volés à cette guerre, qui te tirait de l'enfer. Celle qui a promis. Promis de t'aimer, promis de te retrouver, promis de ne jamais t'abandonner.

Celle qui n'existe plus.

Peut-être que tu devrais t'avouer vaincu, peut-être que c'est foutu. L'air dans le petit nid appartement devient trop chaud, ténues par vos bouches déjà à bout de souffle. Tu l'as si souvent aimé sur ce bout de parquet, si souvent câliné emmitouflé dans ce plaid pelucheux, les tasses de chocolat chauds fumantes. Mais cette Tracey n'existe plus – Elle a peut-etre jamais existé. Il ne reste plus qu'un corps qui lui ressemble, vidé d'elle, vidé de toute humanité, que tu baises froidement, cruellement, si désespérément amoureusement. Sans doutes qu'à coup de reins assassins, tu la feras revenir, se souvenir.

 Je ne t'ai pas suivi parce que j'ai compris que c'était plus important de protéger le pays, d'être fidèle à ma famille plutôt que de t'aimer aveuglément. ” Où est cette enfant qui aurait crevé pour toi ? Où est la femme si ivre de t'aimer quitte à s'en aveugler, quitte à tout quitter ? Un murmure, dans le creux de l'oreille ; Elle n'a jamais existé. Et dans le soubresaut maladif, dans les orbes d'orage, tu voudras qu'elle mente. Elle est, pourtant, si sûre. La confiance est souveraine, sereine. La confiance est partout.

Oh, c'est ça, n'est-ce pas ?
Elle a juste tirer une croix sur toi, sur vous, sur un nous qui s'envole déjà à tire d'aile. Les blessures ne font que lui rappeler la dureté de ses serments, de sa raison. Au fond, un peu comme toi, elle a choisi. Mais, elle ne t'a pas choisi, toi. “ J'ai ouvert les yeux. ”  , et toi aussi, tu devrais les ouvrir en grand. Tu devrais voir s'entortiller les mensonges, les émotions redessinés, refaçonnés, avec ce goût acre au fond du palais de forcé. Pourtant, tu n'as plus que de la méfiance envers tes capacités, tu n'as que le gouffre incessant d'un manque de confiance au fond des tripes. Bien sûre que tu t'es mis à douter. Bien sûre que tu dois douter. Après tout, ne t'a-t-elle pas complètement bousillé ?

Écornée est la belle image de Charming sans peur, ni reproche. La gueule cassée, le coeur en vrac, tu avances comme un pantin sans fil, ni vie. Parce qu'elle ne fera plus jamais parti de la tienne. La pulpe de ses doigts a beau t'arracher un frisson, une excitation sur la joue broussailleuse, elle n'est rien qu'une menteuse, une allumeuse. Sa voix a beau ricoché contre les murs du petit studio, ce n'est pas sa voix. “ Viens. Viens avec nous, viens avec le Lord, Quinn. Tu n'as qu'à t'excuser. Je parlerai en ta faveur au Magister, et à mon père. Je te jure que tu seras pardonné. ”  Imposteur. Tracey n'aurait jamais dit ça, Tracey ne t'aurait jamais suggéré ça. Chaque fibre de ton être hurle que tu préfères crever plutôt que d'être pardonné par Lui. Cet enfoiré t'a volé tes plus belles années, d'innombrables amitiés, et maintenant, ton unique amour. Croit-elle vraiment qu'à Lui, tu vas lui pardonner ? Tu as envie de la tuer.

 On te pardonnera pour Sainte Mangouste et pour tout le reste - je sais que tu n'as pas fait exprès pour Maman. Que tu ne savais pas. Je te pardonnerai. ”  Tu te mords la langue, le coeur au bord des lèvres, l'envie de dégueuler. Tu voudrais tellement l'envoyer chier, lui rire au nez. Tu sais qu'elle ment comme elle inspire, expire. Elle n'y croit pas, elle n'y croit plus. Plus jamais, tambourine son être contre le tien, crachant son mépris, suintant la haine. Menteuse, menteuse, menteuse, lèche les vibrations, les torsions de ton ventre, prête à lui jaillir à la gueule comme un prédateur.

“ On pourra s'aimer, on pourra vivre ensemble comme on s'était promis. ” C'était un autre temps qui n'est plus de maintenant, une autre existence où le bas blesse, où l'amour transperce. L'odeur des deux tasses de chocolat chaud te revient pourtant. Elle flotte dans l'air alors qu'une Tracey plus jeune paresse dans les draps. Dans quelques instants, elle s'étirera comme un chat, viendra réclamer des baisers chocolatés. Et puis, après, les souffles entrecoupés, l'amour éclaté entre les draps, vos bras. De temps à autre, le rêve paresse encore. De temps à autre, tu t'en souviens pour ne pas oublier, ne pas l'oublier. Parce que cette Tracey là, tu ne veux pas l'abandonner. Tu ne veux pas cesser de l'aimer, même si c'est de travers, à l'envers. Et tu es un peu con d'être aussi entiché, attaché à un vieux souvenir, au son d'un rire.

Et puis, il y a un raidissement, un saisissement ; Peut-être que tu peux l'aider à se souvenir. Bien sûre, tu veux ta Tracey. Bien sûre, tu veux son sourire mordue d'une expression taquine, mutine. Mais tu peux pas y arriver si tu ne lui fais pas sentir comment c'est était. Elle a besoin de ressentir ce picotement lascif dans le bas du ventre, cette envie d'amour que seul toi peut contenter, armer. Alors, pour cette fois, cette unique fois, tu veux bien mentir alors que tu poses un baiser dans le creux de sa main : « D'accord. ».

Le mot est à peine murmuré, avoué. Les yeux dans les yeux, tu lui laisses réaliser. « A une condition, le pouce retrace le contour de ses lèvres, glisse dans le cou, venant emprisonner son menton, je veux t'aimer avant d'être pardonné. » Parce que c'est comme ça que tu vas la ramener, que tu vas la garder. L'amour guérit tous les tords, écrase les malentendus, ne fait ni perdant, ni gagnant. Jusqu'à présent, tu ne l'as que baiser dans une guerre d'usure, de blessures. Tu n'as fait que lutter contre elle, en elle sans jamais t'avouer vaincu, te mettre à nu. « Tu veux bien, s'il te plait ? », les lèvres s'approchent des siennes, volent un baiser lent, pesant et pourtant prenant. La langue cherche sa jumelle, s'entremêlant, se quittant pour mieux s'éprendre, se réapprendre. Le ventre titille , se tortille alors que tu la ramènes contre toi, entre tes doigts. Tu tires un peu sur le gilet de sport, l'en défait dans une inspiration haletante, chantante. « Tu te souv – Un murmure alors que tu l'accroches encore, que tu l'écorches. Les dents finissent dans le cou, grignote de baisers la jugulaire. Iens ? » Vous vous êtes aimés comme ça. Partout. Infiniment. Lentement.

Toi, tu n'as pas oublié comment la toucher, la caresser. Tracey gémissait comme ça, elle aussi, quand tu la charmais, la séduisais. Tracey est là sous la crasse du faux, tu le sais, lorsque ta bouche s'égare en suçon au creux de la poitrine. La langue glisse, ensorcelle, chancelle dans son nombril, puis plus bas. Tu la fais dégringoler dans le seul fauteuil encore entier, les jambes écartées, le coeur exposé. Un rire chatouille la bouche, un peu amère : « Au début, tu étais timide. Tu caresses l'intérieur des cuisses, sombrant déjà contre elle, en elle, dans la chaleur de ta bouche. Tu n'arrêtais pas de rougir et de vouloir m'étouffer. » Un baiser s'égare contre la peau, en overdose de maux. Merlin, qu'elle te manque. Affreusement lent, tu avais tellement faim d'elle que tu peinais à te contrôler, à lui résister. Et plus, elle serrait ses cuisses, plus elle gémissait, plus tu craquais, le regard fougueux, orageux. Un soupir : « J'ai cru que tu allais me rendre fou. »

Et dans la nostalgie s'attarde la mélancolie. Parce qu'au fond, tu sais qu'elle ne reviendra plus jamais. Parce qu'au fond, tu crois qu'il est trop tard pour vous. C'est sans doute pour ça que le rire s'est évanoui, s'est tari. L'amertume vient chasser l'écume d'une fausse joie en même temps que toi : « Après tout, tu ne peux pas savoir ce que c'est vu que tu n'es pas elle. ». Les yeux la scrutent, indifférents, pesants, tu as enfin compris. «  Tu n'y as pas cru, n'est-ce pas ? », la grimace est atroce, mélange de dégoût et de satisfaction. « Parce que, pour moi, Davis, tu es aussi crevée que ta mère. »

Et dans un bruit de tissu, tu remets le manteau, l'air dégoûté. « Ma Tracey ne m'aurait jamais dit ça, fake », l'oeil noir, tu te détournes déjà, une clope au bec, dévalant l'escalier, loin de la pale copie de la femme que tu as aimé. Ta Tracey t'aurait tuer si tu avais renoncé, tu en es persuadé.
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