NERSIE + smells like teen spirit

‹ inscription : 11/11/2016

Nersie + smells like teen spiritI'm worse at what I do best and for this gift, I feel blessed. Our little group has always been and always will until the end.

Indie soupire, exaspérée, repousse le rack de vêtements incongrus et se remet à fourrager dans la réserve en quête d'éléments adaptés au programme de ce soir. Les repères des hitters sont de vraies cavernes d'Ali Baba : on y trouve d'absolument tout. Mais Indie, elle sait jamais repérer ce dont elle a besoin. Manque de patience, horreur de chercher.

La guerre a asséché les bourses des sorciers et, puisque le gouvernement temporaire n'a aucune intention de renflouer celle de la brave populace, les récoltes des Shadow Moses se font de plus en plus maigres. Fatalement, l'atmosphère à WHC s'en ressent. Tension palpable, humeur mordante généralisée... la faim lancinante les talonne à chaque instant, doublée de la conscience aiguë que n'importe quelle tête pourrait tomber d'un jour à l'autre : quiconque laisse filer l'une des trop rares opportunités qui se présentent le paye cher, car c'est l'ensemble du groupe qui pâtit des failles des maillons faibles. Le froid glacial qui les berce effectue déjà une sélection naturelle, mais il y a aussi des règles à respecter, l'une des premières concernant la rentabilité.

Indie rejette ses cheveux en arrière d'un mouvement agacé. Les derniers jours n'ont pas été bons pour elle, entre les filatures pour Mood, la rechute brutale de ce dernier et les vols infructueux. C'est frustrant à souhait, de parvenir à éviter les rondes incessantes de woo et même à glisser les doigts dans la poche d'une robe de sorcier, seulement pour s'apercevoir qu'il n'y a rien à l'intérieur — ou tout au plus deux, trois pièces et de la paperasse. Les papiers ont, eux au moins, été rentabilisés : refilés aux hitters et soit conservés pour être réutilisés, soit revendus au marché noir pour créer de fausses identités au profit du gang. Reste que c'est un maigre butin : les pièces d'identité ne rapportent pas grand-chose à SM, alors même qu'une fois modifiées leur valeur triple (au moins), remportant gros au marché noir à la revente. Frustrant.

En clair, c'est l'impasse — raison pour laquelle les efforts du Path se concentrent de plus en plus fréquemment, presque exclusivement même, sur la communauté voisine. Ce n'est pas l'idéal : le taux de change entre Livres et Gallions ne joue pas du tout en leur faveur, mais c'est mieux que rien et leurs documents administratifs à eux, plus complexes que ceux des sorciers et pratiques pour les criminels de guerre en fuite, sont très recherchés par le marché noir. Autant en tirer profit.

Comme chaque soir, quelques grands ont été chargés de cadrer les troublemakers pour une descente dans les rues ; mais pour la première fois, Mist ne sera pas de ceux-là. Les fake ID conservés par le groupe entrent enfin mis en usage, quelques-uns des pickpockets ayant été réquisitionnés pour se déployer dans des établissements nocturnes du monde moldu et en piller la clientèle. Pour sa part, Indie est sensée bosser avec Crow. Soit parce qu'il a décidément un soft spot pour elle, soit parce que c'est sa première infiltration dans un lieu clos aux entrées restreintes et surveillées, ou peut-être les deux — allez savoir. ça l'a rassurée au départ, de savoir qu'il serait là ; mais maintenant elle ravale difficilement sa panique croissante et sa nervosité. Il est en retard.

Indie sursaute lorsqu'une main se pose sur son épaule. Elle se retourne avec des yeux ronds, prise de court. Ce n'est pas normal qu'on la surprenne. C'est quasi impossible, elle est taillée pour percevoir les présences de par le déplacement de l'eau que contient le corps humain : soit plus d'une soixantaine de putain de pourcents de sa composition. Et pourtant il est l'exception à la règle, Casper. Drôle d'énergumène, tous le disent : il échappe à tous les radars, plus silencieux qu'une ombre, mais énigmatique et surtout, affreusement observateur. Dans le genre encore plus creepy que Sand, et clairement Indie n'y voit pas un compliment. Enfile ça, il indique en lui mettant une tenue entre les mains, des chaussures dans l'autre, réglant son dilemme. Et tu donneras ça à Crow à son arrivée. Y'a vos identités de ce soir dans la poche arrière de son fut. Elle reste un instant abasourdie, demande : C'est lui qui t'a demandé de préparer tout ça ? et il lui retourne un coup d'oeil perplexe, comme si la question n'avait aucun sens. Nope. Il hausse les épaules comme si de rien n'était, tandis qu'Indie plisse sa lèvre supérieure en se retenant de demander, dans ce cas, comme il a su ce qu'il leur fallait. Vraiment creepy, décidément. Elle tourne la tête une seconde pour ajuster sa prise sur tout ce qu'il lui a mis sur les bras et le temps qu'elle lève les yeux, il a disparu.

Ok. Soit. Mais ce weirdo quoi.

Elle a le temps de s'habiller sur place et en est à se battre avec la fermeture éclaire dans son dos, le stress lui rongeant désagréablement les nerfs, quand son partenaire (leader) finit par apparaître. Mist plisse les yeux en lui jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, prête à lui faire remarquer d'un ton mauvais qu'il avait menacé de lui en coller une si elle était en retard, mais elle ravale sa remarque acide en avisant sa mine renfrognée. Ses lèvres se plissent en un rictus carnassier. Nan, me dit pas qu'c'est vrai ? elle demande, penchant la tête de côté comme pour étudier son humeur visiblement massacrante. Y'a un troublemaker qui a rapporté une histoire louche comme quoi tu t'serais fait choper, elle balance sans pression, Avec les autres on y croyait pas trop mais vu ta gueule... ça a l'air vrai (elle pense très fort, sans le formuler). Son air goguenard trahit à quel point l'idée la ravit et elle se mord la lèvre pour ne pas éclater de rire. Numéro 4, elle susurre pour enfoncer le couteau dans la plaie, avant de se reconcentrer sur ses fringues. T'inquiète, ça n'arrivera pas aux oreilles des Breaches, on a fait taire le môme parce que ce serait trop la honte qu'ils apprennent que tu t'es loupé. La rivalité entre les deux groupes (et surtout entre Aspen et Crow) n'est un secret pour personne. Mais Indie reste team Path anyway et bien sûr que protéger l'honneur de leur leader est une priorité (pour l'égo du groupe et, ok, aussi parce que c'est lui et qu'elle lui doit beaucoup).

C'est clairement "un peu" risqué de se foutre de lui ouvertement comme ça (elle ne devrait vraiment pas), mais c'est tellement rare qu'elle ne peut pas se retenir de jubiler, et puis elle s'en fait pas excessivement. Elle a le dos à moitié découvert et les cheveux relevés, révélant la courbe de sa nuque, et même si c'était pas prévu ou calculé ça reste stratégique. Les charmes de demi-vélanes sont toujours un atout sympa avec Crow. Du bout du pied, Indie lui désigne ce qui a été préparé pour lui, et qu'elle a lâché en vrac sur un tas d'objets. Casper t'a laissé ça. Trop flippant ce mec, il doit être voyant ou quoi j'sais pas. Indie c'est pas la reconnaissance qui l'étouffera, elle aime pas les gens qu'elle comprend pas.

smells like teen spirit

Load up on guns, Bring your friends, It's fun to lose and to pretend. She's overboard, self assured Oh no I know, a dirty word. Hello, hello, hello, how low. Hello, hello, hello. With the lights out, it's less dangerous, Here we are now, entertain us I feel stupid and contagious, Here we are now, entertain us, A mulatto, an Albino, A mosquito, my libido, yeah. I'm worse at what I do best And for this gift, I feel blessed, Our little group has always been And always will until the end. Hello, hello, hello, how low. Hello, hello, hello. With the lights out, it's less dangerous, Here we are now, entertain us, I feel stupid and contagious. Here we are now, entertain us, A mulatto, an Albino, A mosquito, my libido. ~ feel like teen spirit, nirvana.

Crow était en retard et se traînait derrière lui un monde de souffrance. Les mains enfoncées dans les poches, il passa l'entrée du cimetière et, lorsqu'on le héla, ne répondit pas. Il se contenta d'un grincement de dents. Je me suis fait prendre, putain. Il avait vu un troublemaker galoper hors de sa portée, quelques heures plus tôt, le même qui l'avait vu aux prises avec la Johnson (qui devait être bionique ou peut-être qu'elle avait des yeux dans son dos, un truc du genre). Et c'était bien ça l'problème, le petit truc qui le faisait tiquer et qui lui donnait la gerbe. Bientôt cette information, qu'il aurait bien aimé garder pour lui, allait se répendre comme une traînée de poudre parmi le gang. Dans les oreilles d'Aspen, par exemple, qui ne manquerait pas de se la jouer diva à son égard puisque les rivalités ne faisaient qu'amplifier lorsqu'un geste était commis de travers. Et quelle bourde, putain, quelle bourde. Crow ne pourrait pas le supporter sincèrement – alors il réfléchissait : casser quelques gueules pourraient p't'être lui sauver la mise, et rafistoler son honneur qui avait pris du plomb dans l'aile, mais il ne pouvait décemment pas se mettre les Breaches à dos s'il s'en prenait à leur leader. Et puis merde, dans les faits, un contre quinze, c'était pas équitable. Mais qui s'en souciait ?

Fuck. Il devait rejoindre Mist, il était retard et il était certain qu'elle allait être incapable de garder sa langue dans sa poche. Hypothèse qui se vérifia dès qu'il la rejoignit. Son flot de paroles lui donna envie de lui en coller une, et l'empêcha de trop la reluquer tant il était focalisé sur ses mains qui le démangeaient – un bon coup, ouais, comme il le lui avait promis en cas de retard, mais puisqu'il se trouvait dans cette situation, il préférait s'la fermer à ce propos. Elle parlait pour deux de toute façon, et posait le doigt sur ce qui l'emmerdait. Les Breaches. Aspen.

Lèvres pincées, Crow toisa sa disciple du coin de l'oeil tandis qu'elle s'engorgeait visiblement de son infructueuse situation. Il envoya son poing vers l'épaule de Mist qui para sans problème son geste et, alors qu'elle était focalisée sur le haut de son corps, le voleur heurta l'arrière de sa cuisse avec son genou. « J'suis pas d'humeur. » lâcha-t-il en guise d'explication – même si celle-ci était toujours facultative, l'air mauvais en se dégageant de la prise de sa partenaire. Il n'était pas dupe. Ils avaient beau avoir fait taire le gosse, sa mésaventure allait sans doute faire le tour du cimetière avant la fin d'la semaine. « Et puisqu'on en parle, comment s'est passée ta journée ? Encore rentrée les mains vides ? A croire que t'as vraiment pas faim. Qui bosse se paie le droit de manger, tu te souviens ? » La menace planait dans les airs sans vraiment retomber, à croire que Mist savait que Crow était parfois un peu trop tendre avec elle. A croire que le soft spot qu'il cachait derrière son regard sombre était plus visible qu'il n'y paraissait. En désespoir de cause, il lâchait deux trois coups sur la carcasse de la blonde pour s'assurer que son autorité continuait à faire d'l'effet. Pas sûr que ça fonctionnait comme il l'imaginait mais tant qu'il continuait à dresser ce genre de barrière, son honneur était sauf. Il se déporta sur la pile de vêtements que Mist lui avait désignée, et du coin de l'oeil avisa la fermeture éclair qui longeait le dos de la gamine et avec laquelle elle était certainement en train de batailler depuis des plombes. « Good luck » qu'il lui lança en désignant du menton l'attirail d'acier sophistiqué et élégant qu'elle peinait à fermer, un rictus mauvais faisant frémir ses lèvres – good luck, ou un doigt d'honneur déguisé qu'il lui brandissait sans complexe sous son nez.

De la poche arrière de son pantalon, il sortit l'identité d'Indiana et lui lança sa carte avant de considérer la sienne d'un œil circonspect. Pas d'humeur. Tournant le dos à la gosse, non pas par pudeur mais pour marquer à quel point il était furax contre elle (plus ou moins), il enleva son t-shirt et son futal avant de se glisser dans les étoffes laissées par Casper. Ce mec était un mystère et, bien franchement, tant qu'il continuait sur cette lancée, Crow appréciait l'étrange personnage qui anticipait ses besoins. « Voyant, ouais, ou bien il écoute aux portes sans s'faire choper, et se rend utile par la même occasion. Qui sait ? M'enfin, dit-il en se retournant, ça va, il a pas des goûts trop dégueulasses. Tu devrais t'estimer heureuse – même si j'me demande comment tu vas bien pouvoir faire pour te déplacer avec ces chaussures. Te casse pas la gueule en chemin surtout, je vais sûrement pas te ramasser. » Crow aimait le confort. La simplicité. Des baskets. Et dans sa tête résonnait le même refrain je me suis fait prendre, et s'il arrivait quelque chose à Mist ? Inutile d'envisager d'courir avec ces trucs-là. Au bout d'quatre mètres, elle se mettrait à tanguer dangereusement et s'écraserait la tronche sur le sol. Si l'image était drôle en soi, cela lui apportait un curieux sentiment de panique. Maintenant qu'il avait été pris la main dans le sac, Crow avait l'impression que cela pouvait arriver à tout le monde – même à Indie. Son visage n'arborait pourtant aucune émotion propre à ce qu'il ressentait, les lèvres étirées en un demi-sourire (paix, ma sœur, je réclame la paix). « On y va, Mist. » pas de proposition, pas d'demande quant à savoir si elle avait finalement vaincu la fermeture éclair (même si la manière dont elle était flattée par ses fringues lui faisait dire qu'elle n'avait pas eu besoin d'son aide), il était temps pour elle de découvrir le monde de la nuit façon Shadow Moses.

Ils faisaient la queue. Et Crow, en tant que grand Sage dont ses prières abreuvent l'éducation de la gamine (en espérant qu'elle n'oublie pas tout dès le lendemain), se pencha sur le côté, ses lèvres frôlant l'oreille d'Indiana « Interdiction de boire, faut garder les idées claires. Si tu touches à un verre, je t'en colle une. » Danser – well, danser, c'était autre chose. Il avait déjà remarqué ceux qui lorgnaient sa comparse du coin de l'oeil (avec plus ou moins d’aplomb s'ils étaient accompagnés, mais aucune d'entre elles n'était aussi jolie que sa Mist). Une fois à l'intérieur, il devrait s'effacer pour lui laisser l'opportunité de briller et de faire ses preuves. Il resterait à proximité, évidemment, suffisamment proche pour lui sauver la mise en cas de pépin – mais il fallait qu'il disparaisse. Il donna son ID au videur, attendit Mist et, alors qu'ils commençaient à s'enfoncer dans les ténèbres et le brouhaha de la discothèque, il se retourna vers sa partenaire. Il posa son index et son majeur joints contre sa tempe en un signe de salut « Me déçois pas. J'te regarde. » fit un clin d'oeil, et disparut au sein de la foule grandissante où les corps se frottaient, et où la sueur était visiblement devenue reine.

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