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MessageSujet: Raw + lost in the open   Raw + lost in the open EmptyJeu 26 Jan 2017 - 22:19

WIZARD • always the first casuality
Jelena Kuodzevikiute
Jelena Kuodzevikiute
‹ disponibilité : dispo (2/3)
‹ inscription : 18/12/2016
‹ messages : 201
‹ crédits : metaphor.
‹ dialogues : #339999
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‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; jelena k w/ ariana grande ; calixe Davis w/ audreyana michelle ; uc w/ uc ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ jcw ; even li w/ jeon jungkook.

‹ âge : 23 yo (08.01.81)
‹ occupation : patineuse artistique et étudiante à sawl centre.
‹ maison : slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : Koldovstoretz (92/93) & Poudlard (1993 à 1999).
‹ baguette : "bois" de rose : épines et élégance-douceur, deux facettes indissociables. elle mesure 28,8 cm, si grande pour une naine que c'en est risible, mais nell aime pouvoir dire aux machos la mienne est plus longue en une référence tout sauf innocente évidemment. elle contient un crin de licorne.
‹ gallions (ʛ) : 2884
‹ réputation : jelena est une naine et un poids plume, mais un petit mètre cinquante-cinq d'ambition, de volonté féroce de toucher les étoiles, quitte à écarter ses adversaires par le biais de coups de pute. elle dégage quelque chose de snob, pour diverses raisons : colonne constamment droite et pas de danseuse assorti (déformation professionnelle oblige), la façon dont son nez se plisse de dégoût lorsqu'elle désapprouve quelque chose (et le commentaire qui vient avec : ew, sale.), ses remarques peu sympa, et puis les personnes qu'elle fréquente (de jeunes pro comme elle ou, au quotidien, ceux qu'on appelle flower squad, entre autres. quand elle s'emporte elle parle fort, vite et avec les mains, en un clin d’œil involontaire à ses origines ; et quand elle est bout de passion, rien ne l'arrête : sa tendance est à l'excès plutôt qu'à la mesure. on sait aussi d'elle qu'elle est une athlète talentueuse. cela dit, on ne la reconnait pas dans la rue comme on acclame les joueurs de quidditch : certains sports se suivent en permanence, d'autres à l'occasion puis s'oublient. celui de nell est à la fois aussi exigeant que la première catégorie et invisible que la seconde, ses médailles étant fêtées sur le coup puis vouées à prendre la poussière (les jours suivants, tout le monde sait que l'angleterre a eu l'or, l'argent ou le bronze, mais on ne sait plus trop le nom imprononçable de l'athlète l'ayant décroché).
‹ particularité : aucune capacité magique hors norme, mais une insensibilité à la douleur. ça peut sonner comme une chance, un super pouvoir presque, mais ne pas être capable de percevoir ses propres limites peut être un terrible handicap.
‹ faits :
23 yo • italienne et lituanienne • sang-pure • 4ème année à Sawl Centre: spécialisation en sport (patinage artistique) + option danse
au RU depuis ses 12 ans. • souffre d'orthorexie • sa mère, Azucena Del Vecchio (épouse Kuodzevikiute), était une patineuse de renommée internationale. Nell avait 13 ans quand elle est morte. • son père et sa belle-mère travaillaient au dpt de la coop magique internationale, Emilia siégeant à la CIMS et Mykolas étant ambassadeur de la Lituanie en Angleterre. tous deux ont été emprisonnés après la guerre, laissant le nom en disgrâce. • Nell a deux frères et une soeur, tous plus jeunes, majeurs mais pas indépendants. elle est responsable d'eux désormais. • elle a toujours tout sacrifié pour son sport, n'a donc pas fait tout ce que s'autorisent les jeunes en grandissant. aujourd'hui on lui reproche d'être certes remarquable sur la glace, mais trop technique, trop rigide, plutôt que sensuelle comme le voudrait le public. elle est supposée apprendre à s'amuser et tester ce qui hier lui était interdit, pour donner plus de vie et de dimension à ses prestations. • elle est pleine de vie et d'audace mais aussi de manières, de dégoûts, de jugements. • elle a une passion pour les voitures, son principal sponsor est dans le domaine et elle a peut ainsi étrenner une SpyderPosh dont elle est folle. • mi cute mi bitch: c'est la meuf qui fait des invitations sous forme de cupcakes personnalisés et qui laisse des messages adorables à ses proches, mais aussi celle qui, face à la pression ou à l'impression de risquer sa place et son avenir, recourt aux coups bas pour écarter les rivaux.
‹ patronus : un poisson des glaces. elle le déteste. y voit une injure, presque : créature faire pour survivre dans les eaux glaciales, pourvue d'un sang transparent ne contenant pas d'hémoglobine, mais des molécules spéciales qui s’attachent aux cristaux de glace lorsqu’ils se forment. comme si elle n'était pas humaine, au fond, mais juste la machine qu'on lui reproche d'être, juste un corps programmé d'avance. cela dit, l'image est adaptée : comme eux nell a appris à survivre privée de chaleur et elle s'est construit une carapace pour tout endurer. la glace est son domaine, le seul espace où elle est en contrôle.
‹ épouvantard : sa mère cinglant qu'elle est une incapable, insuffisante, ratée — personnification de l'échec.
‹ risèd : elle veut l'or, nell, rien d'autre. elle ne voit que ça, les médailles qui brillent et éloignent l'obscurité, la reconnaissance, elle veut s'entendre dire qu'elle est forte et excellente, qu'elle a réussi, surpassé sa mère et tous les autres. elle voudrait qu'on lui assure qu'elle a de la valeur, pour une fois. mais lorsque l'objectif est atteint, ce n'est jamais assez pour elle. elle en a toujours un nouveau, elle n'est jamais rassasiée. alors son désir n'évolue pas, parce qu'il ne sera jamais pleinement satisfait. peut-être parce qu'il n'est pas ce que son cœur désire de mieux — peut-être parce que quoi qu'elle en pense il ne suffira jamais à la combler réellement.
http://www.smoking-ruins.com/t7544-nell-make-it-or-break-it#1749
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26JAN 04. Elle va exploser une ou deux gueules, c'est sûr. C'est ce que semblent souffler comme toujours les regards qui croisent le sien, lorsqu'elle s'extirpe en furie du département de la JM en direction de la cafétéria. Parce que Spinnet agit toujours comme une bombe dont la minuterie résonne à un rythme menaçant et ce, plus encore depuis la fuite du duo de mangemorts en début de mois. Cette fois pourtant, elle ne leur retourne qu'un regard sombre, qui en fait quelques-uns frémir ou détourner le regard. Pas de peur, non. Mais d'une sorte d'effroi mêlé d'une curiosité malsaine — elle est de ces déchets produits par la guerre et jetés à la mer, voués à une dérive certaine ; déchéance amorcée, enrubannée du titre fancy d'héroïne de guerre, surfait et creux. Il y a quelque chose de dérangeant dans le spectacle pathétique qu’offrent nombre de ces anciens combattants. La populace oscille entre la tentation d'admirer l'implosion et l’envie de fermer les yeux, parce que ce n’est pas ce que réclame la multitude, ce n’est pas l'image de marque que vend le ministère. Non, loques humaines consumées par PTSD et autres troubles en tous genres ne coïncident pas avec la vision forte et solide attendue — espérée — par la communauté en pleine reconstruction, tendant avec espoir vers un avenir meilleur.

Caféine et potions se disputent la primauté au creux des veines de Spinnet, supplantant le liquide vital. Malgré sa tronche de déterrée son pas est vif, rapide, nerveux, tandis qu'elle traverse la vaste salle comme si elle lui appartenait. Cible verrouillée : ses orbes veinés de rouge creusent des cratères fumants à l'arrière du crâne de Croft, et il se tourne avant même qu'elle n'ait eu le temps de l'atteindre, percevant peut-être le noeud de nerfs qui lui fond dessus comme un oiseau de proie. Spinnet. Qu'est-ce qui me vaut le plaisir ? L'ironie suintante lui passe largement au-dessus. On fait ça ici ou loin de ta cour, choisis. Mine dure, poings serrés, elle ne se gênerait clairement pas pour faire un esclandre là, tout de suite, mais l'autre lève les yeux au ciel et s'extirpe paresseusement de son siège, saluant d'un clin d'oeil les quelques sorciers et sorcières qui ne manquent jamais une occasion de le talonner. Je suis tout à toi. Satisfaite ? Elle ne prend même pas la peine de répondre à la provocation. Attaque d'emblée. C'est quoi ton problème, tu m'expliques ? Assignation à résidence pour Bannister, sérieusement ? T'as perdu la tête ou tu veux tant que ça offrir à ce malade l'occasion de se tirer ? Je fais mon travail, et mon travail consiste à défendre les intérêts de mes clients, que ça te plaise ou non. Tu as une idée de tous les moyens qui ont été mis en oeuvre pour coincer cet enfoiré ? De tout le boulot que t'es sur le point de ruiner ? De l'état dans lequel sont les familles de ses victimes depuis l'annonce de la Gazette ? Plains-toi à Weller, c'est lui qui se charge de l'accusation et je ne vais certainement pas m'excuser d'être meilleur que lui, il réplique, goguenard, en dépouillant tranquillement de son sachet le sandwich qu'il a emmené avec lui. Les traits d'Alicia se plissent de dégoût lorsque l'odeur de nourriture l'assaille. Elle est dans l'une de ces humeurs qui la poussent à ne supporter aucune interruption à son travail, et voir ce petit con prétentieux se goinfrer sans état d'âmes après ce qu'il a fait lui donne la gerbe. Penser que des gens comme Édouard, qui se sont saignés pour ce pays, croupissent en cellule tandis que d'autres comme Bannister, qui ont saigné des pères de famille, des femmes et des mômes par lâcheté pour sauver leur propre peau, rôdent à l'extérieur et risquent de disparaître des radars — ça la rend complètement dingue. Son vis-à-vis soupire de lassitude (le culot de ce type !). Relaxe, t'en trouveras bien d'autres à mettre en cage. Enfin, à condition qu'ils n'aient pas la chance d'être défendus par moi évidemment. Il a le cran de se fendre d'un sourire railleur. Il vaut mieux qu'elle sorte de là avant de céder à la tentation de l'encastrer dans le mur assez fort pour qu'on le confonde avec un fossile fraîchement mis à jour, alors elle tourne les talons sans un mot en ne le gratifiant que d'un doigt d'honneur, qui lui tire un éclat de rire.

Ce n'est qu'une fois confinée dans le bureau de son mentor qu'elle s'aperçoit qu'elle tremble littéralement de colère. Ce n'est pas un putain de jeu. C'est une question de justice, pourquoi le système est-il si dégueulasse ? C'est là que son formateur la trouve plus d'une heure plus tard ; affalée contre le mur à broyer du noir, à moitié enterrée sous une pile de documents qu'elle fouille en quête de- d'une faille, de quelque chose de potentiellement utile, n'importe quoi. Cinq origamis expédiés par le bureau d'accueil s'engouffrent à sa suite, l'un d'eux voletant droit sur elle. Toujours là Spinnet ? La journée de demain s'annonce chargée, vous n'avez pas le temps de vous laisser miner par une déception. Elle bondit sur ses pieds, ignorant royalement l'oiseau de papier qui lui tourne autour de la tête. Il faut placer une patrouille de surveillance autour de la résidence de- Non. Vous savez comme moi qu'il ne restera pas sagement à attendre de se faire inculper. S'il ne se tire pas dès que possible il s'attellera à falsifier des preuves, on ne peut quand même pas laisser faire ça ! Ça ne nous concerne plus Alicia, laissez la Cour de Justice gérer la suite. Vous vous êtes déjà penchée sur le dossier Coombs ? Non, elle éructe furieusement, outrée, je cherchais une information à côté de laquelle l'accusation aurait pu passer et qui pourrait éventuellement renverser la- Ok. Stop. Vous devez apprendre à respecter les limites de vos tâches et là, vous les outrepassez clairement. Rentrez chez vous Spinnet, prenez un bain, détendez-vous et mettez vos idées au clair. Je vous veux opérationnelle d'ici demain. Et rangez-moi ce foutoir avant de partir. Il la congédie d'un geste impatient, nez plongé dans une série de clichés de scène de crime, ne lui laissant d'autre choix que de s'exécuter.  

Tout en faisant léviter les documents pour les remettre en place, Alicia finit par attraper avec agacement le parchemin ensorcelé qui la harcèle et le déplie de mauvaise grâce.

Ms Johnson demande à vous voir.

Il lui faut un moment pour s'apercevoir qu'il est effectivement 8pm passées et que comme l'a souligné son mentor,  elle aurait dû être chez elle depuis longtemps. C'est si facile de perdre la notion du temps ici, il y a juste trop à faire. Mais clairement, s'attarder plus longtemps ne lui apporterait rien et si Rocket est là, il y a fort à parier que quelques pintes seront au programme de la soirée, histoire de noyer les réminiscences de cette journée pourrie. Exactement ce qu'il lui faut.

Lorsqu'Alicia rejoint l'accueil une dizaine de minutes plus tard, Angelina est flanquée de Cormac et l'apprentie Auror hausse les sourcils, perplexe. Me dites pas qu'on avait prévu quelque chose et que j'ai oublié ? elle demande en grimaçant, pénitente. Elle se débarrasse de sa robe de travail, qu'elle roule en boule et fourre dans son sac, tandis qu'ils dévalent les escaliers de secours pour rejoindre la sortie (l'ascenseur la rebute violemment). A peine ont-ils quitté l'enceinte de la bâtisse qu'elle sort un paquet de cigarettes moldues, le leur tend puis s'en coince une entre les lèvres, l'allumant d'un sort. On tire un trait sur les pubs sorciers hein ? Parce que si des journalistes nous tombent dessus comme la dernière fois je les bute, et Doxy va encore râler qu'ça bousille son image. Elle lève les yeux au ciel, lève sa baguette pour produire des gerbes blanches qui font un magicobus freiner abruptement juste sous leur nez, dans la minute. Une part d'elle sait pertinemment qu'elle est supposée cesser d'utiliser leurs pseudos de Belliqueux, mais Alicia ne peut pas (ne veut pas) s'y résoudre. Rien à cirer de ce que disent les autres, leur monde est encore en guerre. Il l'est tant que des Rabastan Lestrange et des Bannister se baladent dans la nature. Le trio s'installe tout au fond du véhicule sorcier, les filles côte à côte, McLaggen en face de Rocket, et Alicia cale sans gêne ses pieds sur le siège vide devant elle, avant de sortir de son sac des aiguilles à tricoter et une pelote, comme si de rien n'était. Quoi, elle s'irrite, sur la défensive en avisant les regards éberlués dont elle écope. Prescription de mon expérimage, paraît que c'est bon pour les nerfs.
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MessageSujet: Re: Raw + lost in the open   Raw + lost in the open EmptyMar 14 Fév 2017 - 1:55

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26JAN 04. « Quoi. Prescription de mon expérimage, paraît que c'est bon pour les nerfs. »

Rocket sentit un rire la secouer, une espèce de ricanement moqueur qui trouva un écho dans le gloussement de Doxy. En face d'eux, Claws était en train de faire du tricot. Ils étaient dans le Magicobus, en route pour le bar du soir, et Claws se mettait au crochet. C'était peut-être la preuve la plus flagrante que la guerre était finie. C'était peut-être, aussi, en même temps, un des rares trucs qu'Angelina accepta dans un rire. Il y avait quelque chose d'absurde, et donc de profondément normal face à cette image. Claws faisait du tricot. En fait, tout ce qui comptait, en cet instant, pour Rocket, c'était de nouveau pouvoir sentir qu'elle faisait partie du groupe des belliqueux. Chaque jour, la jeune femme brûlait de voir l'Auror pour cette peut-être unique raison : entendre de nouveau leurs pseudos, sentir de nouveau leur osmose et pouvoir effleurer de nouveau ce quelque chose d'absolu qui les avait agité de si longs mois.
Lorsque que Claws l'appelait Rocket, lorsqu'elles se foutaient de la gueule de Doxy, lorsqu'elles se comprenaient d'un regard, c'était comme si tout allait bien.

Rocket, honnêtement, s'épuisait de la paix. Elle n'avait plus aucun exutoire, à peine une voiture à rafistoler, des pompes à faire et des tables à nettoyer. Rien de ce que la paix lui proposait lui permettait de se détendre comme avaient pu le faire leurs nombreuses battailles et conflits, des mois auparavant. Elle n'avait jamais tiré le moindre plaisir au meurtre et au massacre, mais cette sensation profonde d'appartenance lui manquait. Sans la guerre, Rocket ne servait plus à personne d'autre qu'à elle-même et ses proches direct, et d'avoir perdu sa destinée (celle de mourir en plein combat) la laissait vide, et creuse.
Autour d'elle, tout le monde passait à autre chose. Il y avait les POW (auxquels elle ne pigeait toujours rien), les études, le travail, les vêtements, la vie, au fond, qui reprenait, et elle, elle restait figée sur ses positions, incapable d'avancer. Même Claws allait voir un expérimage, se plongeait dans sa formation d'Auror, et arrivait à retrouver la flamme de la guerre dans sa chasse aux mangemorts. Doxy aussi, se recyclait, se dévouait à la cause, travaillait d'arrache-pied (ne semblait dormir qu'entre les bras de Rocket). Inutile d'évoquer Blackfish. Au fond, Rocket ne trouvait de miroir que chez Stormrage, qui semblait déterminé à être aussi perdu qu'elle. Cependant, il n'y avait rien de pire qu'une Rocket perdue. Une fusée sans direction n'était qu'un synonyme d'implosion.

Ainsi, goûter de nouveau à cet ersatz de leur ambiance belliqueuse lui faisait un bien fou. Et elle pouvait bien supporter mille Claws tendue, nerveuse, et vieillissante pour avoir la certitude de pouvoir de nouveau passer une soirée sans avoir à surveiller ses paroles. « Putain t'aurais du faire ça avant, t'aurait pu tricoter un bâillon pour notre Pixie nationale, ça nous aurait éviter un nombre incalculable de blagues de merde. » Bien sûr il s'indigna, Claws rigola, et ils finirent le trajet dans cette étrange bonne humeur qui les caractérisait tant. Ils souriaient, riaient, se bagarraient, et pourtant on pouvait sentir la tension qui habitait leurs trois corps. Comme un seul être, à la moindre agression, ils auraient été capables d'abandonner tout sourire pour anéantir l'ennemi.
Et Rocket ne connaissait cette sensation avec personne d'autre.




Bien entendu, ce ne fut pas Rocket qui choisit le bar. La sorcière ne connaissait du monde moldu quasiment que ce que Claws avait bien voulu lui montrer. (Elle semblait d'ailleurs persuadée que le rap était le seul genre musical moldu.) Doxy non plus, n'était pas vraiment spécialiste moldu, mais clairement plus spécialiste bar que Rocket. Après tout, quand on avait passé sa vie à vivre au pied du Chaudron Baveur, on n'était pas vraiment habitué à aller voir ailleurs. A vrai dire, elle ressentait même un semblant de sentiment de trahison à chaque fois qu'elle allait quelque part d'autre.
Cependant, Claws avait raison. Ils ne pouvait pas se permettre de trainer dans l'établissement de la Turner. A trois, ils attiraient vraiment beaucoup trop l'animosité sorcière, et sans Nazir, il manquait quelqu'un pour arriver à contrôler les deux furies, malgré toute la bonne volonté de Cormac.

Ils finirent dans un coin d'un pub irlandais. Bien sûr, Claws fut celle qui choisit la bière de Rocket, qui la trouva évidement à son goût. Affalées sur leur chaise, jambes étalées devant elles, elles passèrent une bonne demi-heure à se foutre de la gueule du costard de Doxy, et de son boulot, et de son léchage de couilles. Ils firent quelques écarts sur le potentiel futur Ordre de Merlin de Johnson puis il fallut que Doxy se casse. Ce con avait encore du boulot. Il y eu donc fatalement un moment où il finit son verre avec un large mouvement de tête, avant de leur lâcher avec un clin d’œil : « Allez les filles, soyez sages, Papa retourne au travail. »
Sous les huées, il se dirigea vers la porte.
Puis il y eut le silence.

Angelina et Alicia se retrouvaient assez rarement seules, toutes les deux, dernièrement. Plus ou moins consciemment, il y avait toujours quelqu'un avec elles. Dans ce genre de circonstances, elles formaient toutes les deux, toujours, un front unique, que la personne devant elles soient alliée ou ennemie. En dehors des éventuelles taquineries, elles tombaient toujours d'accord. Elles étaient, après tout, Spinnet et Johnson. Il n'y avait rien d'autre à dire à cela. Il ne devait y avoir rien d'autres à dire que cela.
Angelina, cependant, évitait de plus en plus d'être seule avec Alicia ; c'était dans ces moments qu'elles se retrouvaient enfin en face de leurs différences. Des différences qui, dernièrement, se faisaient de plus en plus criantes et qui terrifiaient la jeune femme. Il était censé il y avoir des choses stables dans sa vie : la connerie de Doxy, la présence de Turner, le sourire de Nazir, et le soutien de Claws. Ce genre de choses. Dernièrement, elles semblaient toutes partir en couilles. En fait, c'était surtout Claws qui était en train de partir en couilles.
A chaque fois, Rocket pouvait entendre la voix de McLaggen lui répéter « Ne lui en veux pas, putain. Tu sais que c'est pire pour elle. Elle n'a pas envie d'être comme ça. » Oui, elle le savait. Rocket se doutait bien que Claws n'avait jamais prévu de sécher son procès. C'était pas comme si c'était l'événement de l'année. Elle ne devrait pas lui en vouloir comme ça. Claws avait des soucis, c'était médical, elle le savait bien, ils le savaient tous.
Impossible, cependant, pour elle, de ne pas lui en vouloir ; Alicia était censée être une partie d'elle-même, et elles n'étaient pas censées céder à la folie et s'abandonner l'une l'autre. Quelque chose, en Rocket, accusait silencieusement son amie. Si elle-même était faible, c'était forcément parce que son alter ego n'était plus l'ombre d'elle-même.
Hors de question, cependant de lui dire cela en face. Aussi branlant que soit leur statu quo, Rocket y tenait bien trop pour le risquer avec sa brusquerie habituelle.

Elle choisit donc de tendre sa pinte à son amie et de lancer un : « Bon bah il reste plus que les vraies hein.  » Elle se vida une gorgée, avisant du reste du bar avec un soupir blasé. « Non mais j'te jure. Claws qui se met au tricot et Rocket à la mécanique. On se tasse ma vieille. » Encore une fois, cet espèce de ricanement rauque lui échappa de la gorge, vibrant d'une amertume difficilement contenue.

Elles avaient été tellement plus.
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