03:01 PM●●●●Ludovic Fudge
12 janvier 2004

CHOUCHOU ! TU AS REPRIS DES GRAINES POUR MOMO ???       04:01 PM
ah c'est bon j'ai trouvé   04:05 PM
désolééé    ça va ?   04:06 PM
tu réponds pas ? t'as pas chargé ton POW ? t'es au travail ?       05:16 PM
Chouchou ???? T'es occupé ??? Tu boudes ???     05:21 PM
... T'es au travail c'est ça ? Tu pourrais répondre quand même !   Tu rentres à quelle heure ?   Tu ne laisses pas ton secrétaire faire des heures sup avec toi hein ?   06:37 PM
Bon j'arrive   A tout de suite   07:01PM

Le Ministère de la Magie n’est pas vraiment un lieu que Ludo a pu craindre un jour. Il n’a rien vécu de la guerre et, à ses yeux, ces couloirs n’ont jamais été parcourus par ces mangemorts tyranniques connus par tous. Non. Les derniers souvenirs que Ludo a du Ministère sont, au final, des souvenirs assez heureux. Il a passé sa dernière année en tant que Directeur des Jeux et Sports Magiques à célebrer la fin de la Coupe du Monde et à organiser plus ou moins le Tournoi des Trois Sorciers. Il zonait entre son bureau, celui de Monica, celui de Ross et celui de Cornelius avec une rapidité et un inconstance qui expliquait considérablement qu’il soit capable de  ne pas travailler tout en bougeant continuellement. Papillonant partout sans arrêt, il a appris à connaître tout le bâtiment par coeur et, avec lui, tous ses habitants. Il connaissait tous les potins, toutes les histoires, et si on l’ignorait superbement en cas de crise professionnelle, il avait très souvent été l’épaule vers laquelle pleurer.
Ainsi, lorsqu’il y revient, c’est toujours avec l’assurance au pied de celui qui cherche à reconquérir un domaine perdu. Heureusement pour lui, il reste célèbre en tant que joueur de Quidditch et on ne le juge pas pour la suffisance avec laquelle il considère parfois les règles qui incombent aux visiteurs. Il leur en foutrait des visiteurs. De fait, à son habitude, il prend souvent la peine de s’arrêter auprès de ceux qu’il reconnaît encore, demandant des nouvelles avec un sourire tendre. On lui pose parfois des questions sur son mariage, et ça l’occupe bien cinq minutes. Son rire, déjà, éclaire les couloirs alors qu’il remonte, peu à peu, jusqu’au bureau de Cornelius. Les réactions sont diverses : on le salue, on l’ignore, on se cache… ou on le suit discrètement. On a appris à suivre ses arrivées au Niveau 3, finissant toujours dans le bureau de l’ancien Ministre, le plus souvent pour y hurler. S’ils pensent systématiquement à insonoriser la pièce, il y a toujours espoir de surprendre quelque scène de message dans un couloir. La machine à potins ne s’arrête jamais au Niveau 3.

Et effectivement, avant d’aller toquer directement à la porte du conseiller M. Fudge, voilà que l’autre M. Fudge s’arrête devant la figure sidérée de son secrétaire : Marc Sullivan. Un poing se pose très délicatement à côté de ses dossiers, alors qu’un sourire lui murmure : « Bonjour, Marc. » Celui-ci se doute déjà de ce qui va lui tomber dessus puisqu’il se ramasse un peu sur lui-même avant de répondre : « Bonsoir, Ludo. » Personne n’appelait Ludo par son nom de famille, c’était ridicule, quand les journaux ne l’avaient jamais fait. La planète semblait autorisée à le tutoyer, et c’était en effet ce qu’il inspirait… Sauf quand il te servait un sourire bien trop mieilleux pour être honnête. « Ah oui, tiens, bonsoir en effet. Quelle heure est-il, Marc ? » Le gamin déglutit, comprenant peu à peu ce qu’il se passait. « Dix-neuf heures et sept minutes. » Le sourit s’élargit. « Et  quelle heure es-tu censé finir ? Tu ne fais tout de même pas des heures supplémentaires pour mon mari, n’est-ce pas ? » Ok, là, vraiment, on peut sentir le venin commencer à couler depuis ses yeux soudain bien secs. Les doigts pianotent sur le bois du bureau alors que, déjà, le pauvre Sullivan rassemble ses affaires. « Ah non, bien sûr, il serait temps que je rentre. » Il arrive à lui lancer un regard par dessus ses lunettes pour lâcher un : « Il est seul dans son bureau, tu sais. » Lui qui croyait, peut-être, calmer le mari bafoué se retrouve avec cette fois un froncement de sourcil sévère qui le fait aussitôt attraper son écharpe.

C’est à ce moment que la porte du bureau s’ouvre sur Cornelius. Peut-être a-t-il entendu le bruit, ou alors vient-il juste inviter sa putain de secréataire pour une petite réunion privée à l’intérieur. Il se fait accueillir, donc, par Ludo, rayonnant de colère contenue et donc d’un sourire éclatant d’hyprocrisie : « Oh bonjour Chouchou ! Quelle surprise de te croiser ici ! » Il ne bouge pas d’un poil. Ne fais même pas l’effort de baisser de son ton enjoué. Cornelius déteste ça, quand il l’appelle Chouchou dans les couloirs. « Tu as décidé de ne pas regarder ton POW aujourd’hui, n’est-ce pas ? » Il déteste aussi qu’il lui fasse une scène avant même de passer la porte. De toute manière, en fait, Cornelius déteste juste voir Ludo au Ministère ces derniers temps.
Dommage.