A shot in the dark. The past and the chase. You hunted me down
Sorrow et Rodrigue
Sorrow relève la tête, laisse le vent emmêler ses longs cheveux noirs un soupir au bord des lèvres. Elle à l’air épuisée. Elle l’est. Ses yeux sont cernés de noirs, sa peau translucide au point de ressembler à du papier, ses doigts tremblent un peu. Sorrow ressemble enfin à l’ombre qu’elle prétend être tous les jours. Ses vêtements sont froissés, un peu déchirés et quelques tâches de terres se dessinent sur son pantalon et ses chaussures. C’est le jour après la pleine lune. Et tout son corps proteste contre l’effort qu’elle lui a fait fournir. Des courbatures traversent ses membres comme des flèches de douleur brûlantes. Chaque pas est un effort. Elle ne rêve que d’une chose, aller se coucher chez elle et dormir pendant quelques jours de suite. Mais bien sûr elle ne peut pas. Sorrow va bien aller dormir quelques heures oui, mais après il lui faudra retourner travailler. Maintenant qu’elle à deux boulots elle n’a plus une minute à elle.
Un frisson trace lentement son chemin dans la peau délicate de son dos. Elle se retourne. Jette un coup d’œil derrière elle. Soupire. Pendant une minuscule seconde elle a eu l’impression de sentir un regard sur elle. Mais ce n’est sûrement rien. La fatigue sans doute. Il n’empêche qu’elle à toujours peur après une pleine lune. Peur que quelqu’un l’ait vue. Peur que quelqu’un lise les signes sur son corps abîmé et son visage épuisé. C’est pour cela qu’elle voute ses épaules et reste dans les ombres. Pour tenter d’éviter les regards trop curieux, les coups d’œil trop perspicace. Inquiète petite Sorrow. Toujours terrorisée, même quand elle ne devrait pas. C’est ce qui lui a permis de rester invisible ces trois dernières années. Mais c’est également sa plus grande faiblesse. Celle qui la condamne à laisser ceux qu’elle aime derrière parce qu’elle pense d’abord à elle. Et seulement ensuite aux autres. Triste réalité.
Celle qui dit qu’elle ne vaut pas mieux que ceux qu’elle hait …
Elle tourne au coin de la rue. Lentement. Chacun de ses pas lui coûte un suprême effort, mais elle ne peut pas non plus s’effondrer ici, au milieu des pierres sales et des passants indifférents. Elle vaut mieux que ça … ou peut-être que non au demeurant mais elle ne peut pas se permettre de paraitre faible. Parce qu’en ces temps troublés, être faible c’est mourir. Le monde s’est transformé en univers impitoyable pendant qu’elle avait le dos tourné. Ou peut-être qu’il avait toujours été ainsi … qu’elle n’avait simplement pas voulu le remarquer. Qui pouvait savoir ? Pas elle. Plus elle, perdue qu’elle est dans ses rêves sans fondements. Sorrow secoue la tête. Avance mécaniquement. Mais quelque chose la dérange sans qu’elle sache trop quoi. Alors elle ralentit encore et ses pieds se posent doucement sur la pierre sans plus faire un seul bruit.
Tap. Tap. Tap. Tap.
La rue est déserte. Et pourtant son ouïe fine remarque le claquement de chaussures qui doivent se trouver plus loin. Alors Sorrow s’arrête. Plaque son corps mince contre un mur. Et les tapements s’arrêtent. Elle est suivie. Sans doute. Pas vrai ? Pour prouver sa théorie elle se décolle des ombres refait quelques pas. Fort. Poussant sur ses pieds pour leur faire exprimer le plus de son possible. Et les pas derrière elle, reprennent. Plus de doute possible donc … mais pourquoi ? Pourquoi la suivre elle ? Sorrow ne vaut rien. Sorrow n’est personne. Et dans ce monde ou seuls existent ceux qui ont de la valeur c’est son plus grand atout. Parce que puisqu’elle n’est personne nul ne daigne s’intéresser à elle. Elle n’existe pas. Juste une spirale de fumée dans la nuit. La panique s’insinue dans son corps. Glacée. Terrifiante. Mais pourtant son cerveau, comme dissocié de la terreur qui monte en elle , analyse froidement la situation. Elle n’est pas loin de chez elle. Donc elle ne peut pas fuir et rentrer se terrer dans son antre. Pour la première fois c’est une menace qu’elle se doit d’affronter.
Alors elle tourne à droite. Et elle attend. Les secondes s’égrènent aussi longues que des années. Des fragments d’éternité. Puis il y a cette silhouette qui se dessine au coin de la rue. Un homme. Brun. Mais elle ne peut guère en dire plus. Le soleil projette sa lumière droit sur elle. Pourtant Sorrow ne perd pas de temps. Dégaine sa baguette, ce morceau argenté si familier et agréable. La pointe sur lui . Aussi menaçante qu’elle le peut. Sorrow se rapproche lentement, prudente. Comme toujours. De la peur qui est en elle nait une colère sourde envers cet inconnu qui se permet de vouloir bouleverser sa vie. « Qui êtes-vous ? » Sa voix sort sifflante. Hargneuse. Lui elle ne l’a jamais vu. Elle s’en souviendrait pourtant. Il fait partie des visages qu’on oublie pas. Donc lui sait quelque chose à propos d’elle. Quelque chose que Sorrow ignore mais qu’elle craint de connaitre. « Pourquoi est-ce que vous me suivez ? » Il peut se défendre. Dire que ce n’est pas le cas. Elle saura Sorrow. Saura parce qu’elle est une louve-garou et que ses sens ne mentent pas.
Les loups-garous. Ils m'ont toujours fasciné. Toutes ces histoires qui font peur la nuit à leur sujet. Les hurlements distincts de ces créatures les soirs de pleine lune. En être un n'est pas chose aisée, je le conçois facilement. Mais pour un ou deux soirs par mois où l'on perd le contrôle, quels-sont donc les avantages le reste du temps ? Trop nombreux pour tous les lister. Des sens décuplés. Une meilleure santé. Rien que ces deux propriétés me font frissonner. Bien que niveau odorat, j'ai déjà de quoi faire. Cependant, je m'imagine volontiers encore plus doué dans mon métier. Cela induirait une montée dans l'échelle sociale. Et mieux je suis placé, mieux je me porte ! Premièrement dans ce gouvernement, et deuxièmement parce que si les Insurgés venaient à reprendre le pouvoir, je serais alors un élément plus qu'utile pour eux. Moi, un traitre ? Opportuniste, sans aucun doute. Traitre, jamais.
En ce soir de pleine lune, j'ai suivi un loup-garou. Je les traque à mes heures perdues, afin de les étudier. De dresser un tableau des avantages et désavantages de leur condition. Et plus je le fais, plus j'ai secrètement envie de me faire attaquer par l'un des leurs... Tout le monde a ses propres fantasmes, après tout. Quoi qu'il en soit, je suis parvenu, ce soir, à suivre les traces d'un loup-garou à travers la forêt. J'ai gardé mes distances toute la nuit pour ne pas me faire repérer. Je préfère rester en vie pour le moment. Alors j'ai patienté de la tombée de la nuit au levé du jour, sans jamais quitter les traces de ma proie, gardant un œil sur elle, quoi qu'il arrive. Une ou deux fois, j'ai bien faillit la perdre, mais dans l'absolu, tout s'est bien passé. Et j'ai même pu, cette fois, voir sa forme humaine...
Première fois que je vois un loup-garou sous cette apparence. C'est ainsi que je me suis rendu compte que ce n'était pas un loup-garou, mais une louve-garou. Je souris derrière les fourrées, à l'abri des regards. Ma filature continue donc, de la forêt à la campagne, de la campagne à la ville. Je reste bien à distance de cette jeune femme que je connais depuis à présent quelques temps, pour l'avoir vu sous sa forme des mauvaises nuits, et cela à plusieurs reprises. Oui, en effet ce n'est pas la première fois que je la traque, elle précisément. Mais je n'ai jamais réussi à aller aussi loin ! Maintenant, mes talonnettes claquent doucement sur les pavés d'une rue complètement vide. En même temps, vu l'heure matinale, comment pourrait-il en être autrement ? Le seul problème c'est que justement, on entend que moi. Lorsque la jeune femme s'arrête, je fais donc de même.
Je reprends ma marche au même rythme que ma proie. J'ai l'impression qu'elle se doute de quelque chose. En même temps, avec ses capacités, elle doit bien savoir que je suis là, n'est-ce pas ? Mais dois-je pour autant me dévoiler dès maintenant ? Je ne pense pas. Sinon je ne me serais pas encore arrêté pour attendre qu'elle reparte de l'avant. Cependant, je ne peux empêcher mon cœur de battre un peu plus vite. Je ne me suis absolument pas préparé pour ce moment. Je commence donc à sortir ma baguette au cas où, tout doucement, quand j'entends les pas reprendre. Relevant la tête, j'aperçois du coin de l’œil une silhouette tourner dans un angle. Laissant donc mon arme dans son emplacement, je me mets presque à courir afin de rattraper la louve-garou. Je ne peux pas abandonner maintenant. Pas si près du but.
Les mains en l'air. Je me mets dans cette position en pilant violemment sur les pavés, manquant de me retrouver face contre terre. La jeune femme pointe sur moi une baguette couleur argent, avec une telle flamme dans le regard que je sens bien qu'elle me sait derrière elle depuis le début. Je déglutis légèrement quand sa voix, froide comme la glace, arrive à mes oreilles. Je ne réponds pas tout de suite. J'observe d'abord la louve-garou. Plus petite que moi. Presque frêle. Discrète. Normale. Banale. Fantomatique. Elle n'a pas l'air d'avoir l'habitude des gens qui la suivent. Mais par contre, elle a l'habitude d'être sur ses gardes. Je souris donc faiblement, d'un air assez rassurant. Et comme en réponse à cela, ma tête penche un peu sur le côté en signe d'arrogance. Je peux me défendre sans problème. Mais ce serait prendre le risque de l'abîmer.
" Je ne suis ni plus ni moins qu'un admirateur secret. Vous n'avez aucune raison de vous inquiéter. Je ne vous veux pas le moindre mal. Sauf si nécessaire, bien évidemment. "
Mon sourire se fait à son tour arrogant, puis je me redresse en l'effaçant de mon visage. Tout doucement, je tente de baisser les mains. Sans le moindre petit geste brusque. Je n'ai aucune envie de faire du mal à cette femme, en effet. Ni même de la voir s'enfuir. Je veux discuter. Je veux négocier. En savoir un peu plus. Et faire en sorte que moi aussi, si possible, je devienne un loup-garou. Tout ce pouvoir à portée de main... C'est tellement excitant ! Et d'autant plus dommage si jamais je commence à tout gâcher...
A shot in the dark. The past and the chase. You hunted me down
Sorrow et Rodrigue
Un pas en avant. Un pas en avant. Encore et encore. De la méfiance illumine les yeux bleus de Sorrow. Sa poitrine se soulève rapidement. Son cœur bat violemment contre sa cage thoracique , au point que cela en devient presque douloureux. Terrifiée. Pauvre petite Sorrow. Combien de fois c’était-elle dit que sa cacher était inutile ? Qu’elle pouvait assumer. Qu’elle était assez forte pour le faire. Elle s’était répété ces mots des dizaines de fois. Des centaines. Cachée dans sa chambre aux murs gris sale remplis de lézardes qui indiquaient la fragilité de la pierre. Elle en avait rêvé tous les jours. N’avait jamais osé le faire. Trop lâche. Et aujourd’hui elle réalise qu’elle avait eu raison. Parce que la peur qui la heurte, qui la frappe de plein fouet est trop. Trop pour elle malgré la façade de force qu’elle affiche. Têtue et hargneuse. Et pourtant aussi faible qu’une petite enfant.
Elle est comme ça Sorrow. Tout en contraste. Tout en angles bruts et sourires doux. Elle n’est jamais ce que l’on croit. Perpétuellement en mouvement. Changeante. Peut-être est-ce pour cela qu’elle a survécu. Qu’elle arrive à garder son esprit sain et cette volonté de survivre qui ne s’évanouit jamais. Une goutte de sueur roule lentement le long de sa nuque. Trahissant sa nervosité. Mais heureusement ses cheveux noirs forment une barrière protectrice. Ses grands yeux bleus se plantent dans les bruns de l’homme qui se tient devant elle. De lui elle ne sait rien. Ni nom, ni même la raison de sa présence. Et il est sans doute préférable que cela reste comme ça. La baguette qu’elle tient droit devant elle tremble un peu. Il faut être observateur pour le remarquer. Mais Sorrow sait, elle. Alors elle raffermit lentement sa prise. Et intérieurement se murmure une litanie. « Montrer sa peur c’est être faible. Et être faible c’est mourir. Montrer sa peur c’est être faible. Et être faible c’est mourir. » Encore et encore. Comme une sinistre ritournelle. Un squelette qui danse dans sa tête.
Une prédiction qui sait ? Car peut importe qui il est le fait qu’il la suive en pleine rue et qu’il ne montre aucune peur devant sa baguette tendue voulait dire qu’il jouissait d’une certaine influence. Contrairement à elle. Sorrow avait tout donné pour disparaitre. Pour ne plus exister. Mais des gens comme elle, qui ne possédaient qu’un nom et quelques gallions était on ne peut courants dans les rues de londres. Et ils n’avaient aucune valeur. Alors peu importe ce qu’elle pourrait dire. Cela n’aurait pas d’intérêt. Personne ne croirait cette serveuse qui travaillait dans un coin louche et dont personne ne savait rien. Pas même un nom de famille. Au mieux on lui dirait de dégager. Au pire on lui infligerait une peine quelconque. Et elle n’avait pas besoin de tout cela Sorrow. Absolument pas. Et soudain l’homme parle. Et elle plisse les yeux.
Personne n’admire une ombre. Personne. Alors il cache quelque chose. « Un admirateur ? Vraiment ? Je suppose que vous ne parlez pas de mon travail au bar ? » Sa voix dégouline d’ironie. Mordante petite Sorrow qui retrouve un peu du courage dont elle manque si cruellement. « Sans vouloir vous vexer puisque vous êtes là vous n’êtes pas vraiment si secret que ça … » Bien sûr elle n’a pas son nom. Mais a vrai dire elle s’en moque et souhaiterait bien se débarrasser de sa présence le plus vite possible. Elle ne veut pas de lui. Ni ici. Ni dans sa vie. Alors peu importe les raisons qui l’on conduit à venir ici il peut partir et retourner d’où il vient. Sorrow ne l’aidera pas. Sorrow n’aide personne et personne ne peut l’aider. Elle avance un peu. Légèrement. Soudain envahie par un regain de force. Peut-être parce qu’il fait moins peut maintenant qu’elle a entendu le son de sa voix. Surement.
Un éclat de rire froid et sans vie sort de ses lèvres glacées et gercées. « Je n’ai pas à m’inquiéter … et vous ne me ferez aucun mal … sauf si vous le souhaitez en somme ? On ne peut plus rassurant comme message » Il y a du mépris et de la colère dans voix. Qui sont-ils tous pour venir la menacer et bouleverser sa vie sans qu’elle n’ait aucune chance de tout poursuivre paisiblement ? Elle veut être tranquille Sorrow. Elle veut disparaitre ! Alors pourquoi est-ce que personne ne l’accepte ? Ses muscles se tendent et un éclair de douleur envahit son corps fourbu. Abîmée par cette nuit trop intense qui ne veut pas s’effacer. Comme après toutes les pleines lunes. Un soupir lui échappe mais elle reste forte. Plus par dépit que par envie. Par sens du paraitre en somme. « Maintenant ayez l’obligeance de dire ce que vous voulez et disparaissez ! J’ai autre chose à faire que de parler avec un inconnu qui ne veut pas se présenter. » Un nom veut dire beaucoup. Et tant qu’elle ne sait pas le sien elle peut le traiter avec mépris et faire comme s’il n’était rien d’autre qu’un client récalcitrant qu’elle aurait le droit de rabrouer. Tant qu’il n’a pas de nom il n’est rien. Un peu comme elle finalement …
Je peux aisément sentir mon cœur battre plus vite que d'habitude. Je tente pourtant de garder mon calme, alors que mes mains sont presque au niveau de ma taille. Bientôt je serai dans une position plus adéquate pour négocier. J'ai comme l'impression que cette jeune femme, malgré sa baguette pointée droit sur moi, ne veut déclencher aucun conflit entre nous. Elle est du genre à vouloir qu'on la laisse en paix. Enfin, c'est ce que je pense en tout cas. Parce que je sais que pour avoir tenu tout ce temps sans être inquiétée, elle doit savoir aussi bien se cacher que se défendre. Ce qui me fait sourire intérieurement. Je ne suis visiblement pas tombé sur n'importe quelle fille, aujourd'hui. Et d'un certain côté, ça me plait. Il faut dire ce qui est : trop de facilité nuit au talent. Et le talent, c'est précisément ce qui me caractérise.
Une femme forte. C'est l'image qu'elle veut montrer d'elle. Elle ne se laisse pas attendrir par mes paroles. Au contraire. Si bien que je me surprends à relever mes mains, qui reviennent se caler de chaque côté de mes épaules. J'ai l'étrange sensation de ne rien contrôler, et je dois bien avouer que ça me fait presque peur. Presque, dans la mesure où cette fille ne veut pas de problème. Elle n'a qu'une envie, c'est de se débarrasser de moi rien qu'avec ses menaces et son caractère pour le moins agaçant. Ou tout du moins je m'accroche à cette idée pour rester neutre dans mes émotions. Elle doit bien sentir si j'ai peur ou non, étant donné sa nature. Ce serait une question intéressante à lui poser. Enfin, quant elle sera un peu plus disposée à tenir une conversation avec moi comme si j'étais autre chose qu'un type qui l'emmerde...
" Peter. S'il vous faut seulement mon nom pour que vous baissiez cette arme, alors appelez-moi Peter. "
C'est pas tout à fait vrai. Mais pas faux non plus. Je m'appelle bien Peter. Mais Rodrigue, Peter, Holmes. Mon deuxième prénom est Peter, oui. Au départ je pensais qu'il ne servait à rien. Mais ensuite j'ai appris à l'utiliser à mon avantage. Comme par exemple ici et maintenant. Je suis tellement plus à l'aise que je me permets d'approcher de quelques pas, souriant, jusqu'à ce que la baguette de la jeune louve-garou soit à portée de mes mains. Je m'arrête et respire lentement, la détaillant de haut en bas. Autant la baguette que ma cible. Puis je pose un doigt sur le bout de bois. Sans brusquerie je le décale sur le côté, et vers le bas par la même occasion, histoire de retirer cette barrière peu agréable entre la sorcière et moi-même. Puis je pose mes mains sur ma boucle de ceinture, changeant totalement d'attitude, devenant presque convivial.
" Je suis en effet ici pour un autre de vos talents, mademoiselle. Tout ce que je souhaite, c'est en discuter avec vous, entre personnes civilisées. Est-ce que c'est possible selon vous, ou alors vous allez continuer de me menacer ? "
Je deviens soudain plus froid. Je n'aime pas être menacé. Généralement ceux qui essayent de me mener à la baguette se reçoivent la mienne en plein visage. Une bonne avalanche de sorts qui les défigure jusqu'à les tuer. Et c'est ce léger ressentiment qui ressort en cet instant dans ma voix. Bien que, cette fois, je ne veuille pas tuer celle qui, une seconde plus tôt, aurait pu mettre un terme à ma vie. Je me contente de la dévisager froidement, n'essayant même pas de retrouver cette pseudo-chaleur que j'avais essayé d'adopter pour la mettre en confiance. J'espère seulement que je ne vais pas la faire fuir. Bien que, si jamais c'était le cas, j'ai ma baguette à portée de main, moi aussi... Enfin bref. Ne parlons pas des choses qui fâchent. Tentons plutôt d'éclaircir cette situation.
" Je ne vous ferai pas de mal. Je n'en ai aucune envie. Mais comprenez bien que si vous m'attaquez, je serais dans l'obligation de me défendre. C'est tout ce que je veux dire par là. Alors oublions cela autour d'un verre. Qu'en dites-vous ? "
A shot in the dark. The past and the chase. You hunted me down
Sorrow et Rodrigue
Les traits de Sorrow sont tirés. Hésitants entre la peur et la colère. La rage qu’elle ressent à l’idée d’être menacée par un inconnu sans pouvoir risquer de se défendre sans attirer l’attention sur elle. Une attention qu’elle est bien loin de vouloir. Au fond elle ne peut absolument rien faire si ce n’est tenter de l’éloigner le plus délicatement du monde ce qui, vu la ténacité de l’homme installé en face d’elle. N’est certainement pas gagné. Bien au contraire. Mais sortir sa baguette n’est pas une option ; Pas pour elle qui passe ses jours à tenter de cacher sa présence derrière des murs de fumée qui menacent de s’écrouler à chaque instant. Un soupir tremblant s’échappe alors de ses lèvres. Mais elle garde la tête haute. Comme si elle n’avait pas peur. Comme si tout allait bien.
Un masque qu’elle à désormais l’habitude de porter … au point qu’elle en oublie parfois sa réalité. De bête traquée …
Ses yeux se plissent un peu alors qu’elle tente d’évaluer la menace que peut représenter l’homme brun qui se tient devant elle. Sorrow à l’habitude de ne plus faire confiance à personne. Et certainement pas à un inconnu. Pour elle chaque parole est faite de mensonges. C’est ainsi qu’elle survit. Au jour le jour. Mais la méfiance est usante. C’est pour cela que ses grands yeux bleus ne reflètent bien souvent qu’une lassitude profonde. Parce que Sorrow ne vit plus. Depuis trois ans, depuis sa transformation elle se contente de tenter de survivre, du mieux qu’elle peut certes mais sans que cela soit réellement utile. Elle sait que bientôt elle ne tiendra plus . Que de nouveau elle devra fuir. Plus loin. Jusqu'à oublier la ville qui l’a vue grandir et le visage de sa famille. C’est ainsi. Elle n’a plus la possibilité d’être heureuse Sorrow. Pas alors qu’elle est devenue cette chose. Bestiale. Monstrueuse.
Du moins c’est ce qu’elle se dit. D’aucuns lui murmuraient sans doute qu’elle à tort. Mais ceux-là ne savent rien. Enfermés dans leurs idées ils ne prennent pas en compte le goût amer de la réalité. Du moins pas avant qu’elle ne leur tombe dessus comme un couperet. Et ce jour-là ils s’effondrent. Incapables de l’accepter. Sorrow est une survivante elle. Et c’est quelque chose qui ne peut venir qu’avec la perte de toutes illusions. Elle secoue la tête lentement. Plante son regard froid dans celui de l’homme qui se tient devant elle. « Et vous allez tenter de me faire croire que c’est votre vrai nom ? Vous savez que je ne suis pas totalement stupide pas vrai ? » Sorrow hausse nonchalamment les épaules. « Mais ça n’a pas d’importance au fond. La seule chose qui importe c’est que vous disparaissiez le plus vite possible de ma vie. » Franche à l’extrême Sorrow. Sans doute un peu trop. Elle ne possède pas les manières policées qui font force de loi dans le beau monde. Ceci dit on ne peut pas vraiment dire qu’elle y vive non plus. Du moins plus depuis longtemps …
« Un autre de mes talents ? Intéressant … moi qui pensais ne pas en avoir … du moins pas susceptible d’intéresser une personne comme … vous » un soupçon de dédain ? Possible. Sorrow se sent agressée par la présence de cet inconnu dans sa zone de confort. Et c’est de cette façon qu’elle réplique. La seule qu’elle connait d’ailleurs. « Je ne vous menace pas. De toute évidence je ne suis pas en mesure de le faire … sinon pour ma plus grande joie … vous ne seriez déjà plus là » Mais Sorrow ne peut se permettre de se débarrasser de quiconque. Il lui faut donc baisser la tête. Faire comme si rien n’avait d’importance alors qu’en réalité tout en à … Sorrow se tourne avec un soupir exaspéré vers le dénommé Peter … ou du moins s’il faut l’en croire
« J’en dit que cela ne me tente absolument pas, bien au contraire. Mais que visiblement vous tenez à me parler et que vous ne partirez pas avant de l’avoir fait. Je vais donc vous laisser quelques minutes pour se faire avant de m’en aller … ma proposition est-elle correcte ? » Elle veut fuir Sorrow. Mais sait que ce n’est pas une solution. Pas maintenant. Pas avec lui. Donc elle va l’écouter. Et peut-être alors qu’après elle s’enfuira pour de bon …
Ne pas crier victoire trop vite. J'ai très envie de le faire, c'est certain. Après tout, la jeune femme qui est devant moi m'accorde un peu de son temps. Cependant, elle le fait semble-t-il plus comme s'il s'agissait d'une corvée et non d'un entretien en toute... disons amitié. Et je peux très bien constater que ma proie n'a aucunement l'envie de devenir amie avec moi. En effet, elle commence par ne pas me croire au sujet de mon prénom, ce que je peux comprendre dans la mesure où ce n'est qu'une partie de la vérité, avant de me menacer. Ou plutôt de m'annoncer clairement que si elle avait été en mesure de le faire, elle n'aurait pas hésité une seule seconde. Quelle charmante demoiselle. Enfin bref. Je suis déjà bien content qu'elle n'ait pas pris la fuite. J'aurais pu lui lancer quelques petits sorts, mais jamais lui courir après. Pas pour très longtemps, en tout cas. Mais je vais éviter de lui parler de mes soucis de santé, ce sera mieux pour tout le monde.
Je soupire intérieurement, soulagé. Un point pour moi. J'ai le sentiment d'être déjà bien plus proche de la jeune louve. Enfin, ce n'est évidemment qu'une impression. En réalité je n'ai jamais été aussi loin du but. Dans la mesure où, malgré ma proximité physique avec celle que je cherche depuis si longtemps maintenant, il me suffit de faire la moindre erreur, le moindre faux pas, de prononcer le moindre petit mot de travers, pour tout gâcher. Et devoir tout recommencer avec un autre loup-garou. Si tant est que je parvienne à en trouver un qui soit assez docile. Non pas que cette jeune femme l'est. Seulement... Elle veut bien me parler. Je considère ça comme un bon début. Je me mets donc à sourire, tentant d'être le plus rassurant possible. Après tout, mieux vaut cacher mes véritables sentiments. À savoir une certaine rancune. Il faut dire ce qui est, je suis obligé de me laisser à moitié rabaisser par ma proie, si je ne veux pas devenir, justement, cette même proie, à ses yeux.
" Je n'ai pas besoin de vous importuner plus longtemps. Donc on peut dire que c'est même plus que correct. Et, pour votre gouverne, je sais très bien que vous n'êtes pas stupide. Sinon vous ne parviendriez pas à vous cacher aussi bien. "
Je lui fais un clin d’œil. J'ai envie qu'elle sache à qui elle a à faire. Pas un simple vagabond ou que sais-je encore qui irait jusqu'à protéger sa véritable identité pour X ou Y raison. Mais un homme qui sait lui aussi en face de qui il se trouve. Et ce bien que, d'une certaine façon, je ressemble en plusieurs points au premier profil que je décris. J'en viens même à me demander si je ne devrais pas lui avouer que j'utilise plutôt le prénom de Rodrigue. J'entre-ouvre donc la bouche, prêt à vendre la mèche dans l'espoir d'instaurer une nouvelle relation de confiance réciproque. Cependant, au dernier moment, je ferme mes lèvres. Ou, plus précisément, je change de discours. En effet, si jamais je disais à ma compagne que, comme elle l'a si bien deviné, Peter n'est pas mon vrai prénom, ou plus exactement mon nom d'usage, j'allais perdre, précisément, le peu de confiance que j'avais obtenu. Je réfléchis donc à deux fois avant de prononcer la moindre parole.
" Vous pourriez commencer par me donner votre nom, qu'en dites-vous ? Après tout, vous connaissez déjà le mien. "
Progressivement, je parviens à me détendre. Mes poings se desserrent, venant même doucement réajuster mon manteau pour en retirer le moindre pli. Après tout, être propre sur soi est essentiel, autant dans mon travail que dans la vie courante. Et il faut bien que je fasse quelque chose de mes mains, si je ne veux pas paraître stressé ou que sais-je encore. Seulement, jouer avec mon briquet est hors de question. Pourquoi ? Tout simplement parce que pour ça il faut que je fouille dans mes poches. Sauf que je m'y refuse. Mon interlocutrice pourrait parfaitement croire que je veux sortir une arme. Qu'il s'agisse de ma baguette ou de tout autre objet capable de la blesser. Un couteau, par exemple. Non pas que j'en ai sur moi en ce moment, mais en général, je sors toujours en cachant une lame quelque part sur moi. Juste au cas où. J'espère seulement ne pas avoir à regretter de ne pas en avoir une aujourd'hui. Ce serait pour le moins... déplorable.
A shot in the dark. The past and the chase. You hunted me down
Sorrow et Rodrigue
Il y a de la colère dans les yeux de Sorrow. Mais plus seulement. Il y a aussi de la peur. Beaucoup de peur. Parce qu’elle comprend que les allusions de l’homme qui se tient devant elle cognent violemment contre la porte du secret qu’elle cherche à dissimuler depuis si longtemps. Plus il parle, plus Sorrow à l’impression qu’il sait. Comment ? Elle ne sait pas. Pourquoi est-il là ? Elle n’en à aucune idée non plus. Mais ce n’est pas pour rien qu’il est venu. Les gens ne se déplacent pas dans les bas-fonds de la capitale pour rien. Ils viennent parce qu’ils ont quelque chose à cacher. Des affaires qui se trament dans l’ombre et requièrent leur présence. Sorrow n’est pas idiote. En se cachant elle à appris à connaitre les habitudes de ceux qui s’aventurent dans les ténèbres. Et il n’en existe que trois sortes. Les âmes perdues qui ne savent plus où aller. Les idiots qui viennent s’encanailler. Les prédateurs qui viennent chasser …
Et quand on regarde l’homme … Peter ou peu importe le nom qu’il possède réellement on peut voir sans difficulté la catégorie à laquelle il appartient. Et le seul problème de Sorrow c’est que la proie qu’il chasse c’est elle. Ce qui la met dans une position plus que délicate. Bien sûr elle peut fuir encore une fois mais ce ne sera pas une solution. Elle peut le sentir Sorrow. Autant que la pestilence qui émane des égouts. Il ne la lâchera pas. La suivra s’il le faut. Mais il n’abandonnera pas avant d’avoir obtenu ce qu’il souhaite … et même si Sorrow ne sait pas de quoi il s’agit elle se doute bien que ce n’est pas quelque chose qui va lui plaire outre-mesure. Non. Le mangemort est dangereux. Elle le sait. Alors le mieux serait de s’en débarrasser. Seulement Sorrow se heurte à un problème de taille. Elle a fui. Est devenue une ombre. Et à cause de cela elle n’a plus aucun soutien.
Et ne peut aller en chercher nulle part. A moins d’avouer la vérité bien sûr. Mais elle n’est pas prête. Peut-être ne le sera-t-elle jamais d’ailleurs. Alors pour le moment tout ce qu’elle peut faire c’est baisser la tête et encaisser. Du moins jusqu'à ce qu’elle trouve une solution. Mais elle ne compte pas tolérer ses sous-entendus plus longtemps. Rapide comme l’éclaire elle se penche vers lui au point que leurs nez se touchent avant de murmurer d’une voix chargée de menaces et de sauvagerie « Assez de vos sous-entendus ! Dites-moi ce que vous savez sur moi et ce que vous voulez maintenant ! Je ne suis définitivement pas d’humeur à jouer à de petits jeux de langage ! » On oublie vite que Sorrow est dangereuse tant elle semble fragile et prête à tout pour se fondre dans le paysage. Mais elle est loin de l’être. Bien au contraire. Si Sorrow à survécue jusqu’ici ce n’est pas seulement grâce à de doux sourires et des ronds de jambes.
Bien sûr que non. Alors elle montre à cet homme un petit aperçu de ce qui l’attend. Parce que Sorrow tombera sans doute oui. Mais alors pas question de le faire sans lui. Si le sang doit être versé le sien ne sera pas le seul à tomber sur les rues pavées. Un éclat de rire froid et cynique s’extirpe soudain de sa bouche lorsqu’elle entend parler le jeune homme. « Vous ne m’avez pas dit votre vrai nom … pourquoi vous dirais-je le mien ? Mais soit. Je suis Sorrow. Et mon nom est sans aucun doute la seule chose que vous obtiendrez de moi c’est bien clair ? » Elle inspire. Expire. « Peu importe pourquoi vous êtes-là. Vous n’avez besoin de savoir qu’une chose. Je ne me mêle jamais des histoires des autres et j’attends d’eux qu’il fasse la même chose vous comprenez ? » S’il vient du quartier il comprendra. On ne dérange pas ceux qui gardent leur bouche fermée parce que sinon ils l’ouvrent. Ils fouillent. Et déterrent alors tous les vilains petits secrets de ceux qui les entourent. Et Sorrow n’hésitera pas une minute à faire de même pour le mangemort qui se tient devant elle.
La situation devient tendue. La jeune louve semble s'énerver. Je ne parviens plus à penser de manière convenable. Toutes mes capacités cérébrales cherchent à analyser tout ce qui m'entoure. Chaque geste. Chaque mot. Les miens. Ceux de ma proie. Bien que, ironiquement, je me transforme peu à peu en proie à mon tour. N'est-ce pas là ce que j'avais prédis ? Je dois donc faire en sorte de reprendre l'avantage. Seul bémol : procéder ainsi fera fuir la jeune louve. Je le sais. Je le sens au plus profond de moi. Alors je reste calme. En d'autres circonstances cette pauvre fille serait sans aucun doute déjà morte. Mais j'ai trop besoin d'elle. Et ce sentiment de dépendance me donne la désagréable impression d'être tenu en laisse. Je viens d'ailleurs me gratter nerveusement le cou. Avant de longuement soupirer.
Cette journée risque d'être bien longue... J'hésite à être direct avec la fameuse Sorrow, comme elle souhaite se faire appeler. Au moins je saurai si j'ai mes chances ou non. Et ce dès à présent. Ce qui me ferait gagner un temps précieux sur mes recherches. Tout reprendre depuis le début n'est en effet pas chose aisée. Loin de là. Seulement, y aller doucement pour rien... Ça me donnerait envie de casser quelque chose. Ou plutôt de tuer quelqu'un. Une bonne descente surprise dans un quartier connu pour abriter des Insurgés et autres resquilleurs. Voilà exactement ce dont j'aurais besoin. Mais pour le moment, je dois me concentrer sur mes choix présents. Prévoir mon avenir est bien beau, mais encore faut-il en effet faire en sorte qu'il se produise, n'est-ce pas ? Je me mets donc à faire quelques pas, essayant de tourner autour de la jeune femme.
" Je ne vais pas vous déranger bien longtemps, Mademoiselle. Quant à votre parcours, seule une infime partie de celui-ci m'intéresse, en réalité. "
Je marche en décrivant un cercle presque parfait autour de Sorrow. Je fais en sorte de cacher au maximum mon boitillement, afin de ne pas paraître faible. Ce handicap a tendance à monter certains collègues contre moi. Soit disant que je ne mérite aucune promotion. Que je n'ai strictement rien à faire sur le terrain. Que je suis la honte des Rafleurs. Puis ensuite vient le moment où je montre à tous ma supériorité. Généralement, ça les calme pendant quelques semaines. Avant que tout ne recommence quant ils me voient de nouveau boiter plus que d'habitude. Je m'arrête donc sur cette pensée, droit et fier, les poings serrés de chaque côté de mes hanches. Je suis de nouveau face à la louve. Ses capacités me permettront enfin d'être reconnu par mes confrères à ma juste valeur. Ou plus précisément, par mes supérieurs. Je vise toujours les hauteurs.
" J'aimerais que vous me disiez ce que vous a apporté, en tant qu'humaine, votre statut de loup-garou. Quelles nouvelles capacités avez-vous développé, Mademoiselle Sorrow ? "
Spoiler:
Désolé, c'est court, mais j'étais pas hyper inspiré...
A shot in the dark. The past and the chase. You hunted me down
Sorrow et Rodrigue
Sorrow serre les poings, laisse ses ongles trainer lentement sur la table en émettant un son strident. Enervée. Terrifiée à la fois. Un combo particulièrement mortel quand on vient à parler de la jeune femme. Sorrow déteste être mise au pied du mur. Et lorsque cela lui arrive il n’est pas rare qu’elle prenne des décisions désespérées qui la condamne elle ou les autres. La jeune fille qu’elle à tué un de ces soirs de pleine lune sans le vouloir. La manière dont elle à trainé son corps en se réveillant. Laissant derrière elle un sillon de sang qui attirerait mouches et autres insectes qui se chargeraient de nettoyer. Elle se souvient de la manière dont le corps frêle et fragile s’est heurté contre chaque brindille, chaque rocher en laissant échapper des craquements répugnants. Comme une dernière façon d’appeler à l’aide. De laisser une trace alors que son corps s’appraitait à disparaitre …
Au final Sorrow avait creusé une tombe avant de jeter le corps dedans comme s’il s’agissait d’un chien. Sans penser une minute à la fille qu’elle avait tuée. Ni même à sa famille d’ailleurs. Elle s’était protégée et pour elle c’était tout ce qui avait compté à ce instant. Bien sûr aujourd’hui elle regrette. Tous les jours. A chaque seconde. Elle voit le regard vitreux de la morte dans chaque brune qu’elle rencontre en ce demandant si elle était de sa famille. Ou comment elle avait été lorsqu’elle était en vie. Cette nuit-là elle avait pris une décision parce qu’elle était désespérée. Et à cause d’elle une famille devait chercher leur fille encore et encore en espérant. Alors qu’ils ne la reverraient jamais. Doit-elle se comporter de cette façon encore ? Tuer Rodrigue ne serait pas si compliqué. Et ce même s’il s’agit d’un mangemort. Puis fuir ne poserait pas forcément de problèmes non plus. Sorrow n’existe pas. Opale n’existe plus. Elle n’est qu’une ombre et personne ne chasse les ombres. C’est inutile.
La question qu’elle doit se poser c’est … veut-elle vraiment partir ? La réponse est non. Alors il ne lui reste plus qu’a s’incliner devant Rodrigue ou parvenir à le désintéresser d’elle. Ses dents se plantent dans ses lèvres. Ses yeux prennent une lueur sauvage. Violente. Sorrow s’incline pour laisser parler la bête. Et sa voix s’échappe de sa gorge rauque et basse emplie de menace. « Comment avez-vous su ? » Elle secoue la tête. « Peu importe … je suppose que la question la plus importante n’est pas celle-ci mais plutôt : qu’allez-vous me demander en échange de votre silence ?! » Elle sait comment marche le monde Sorrow. On n’a rien sans rien. Et cet homme ne fait pas exception à la règle. Elle le sait. Elle en est sûre. Sorrow à envie de hurler. De lancer ses poings en l’air et de détruire tout ce qui l’entoure. Elle se sent piégée. Prisonnière. Un insecte coincé dans une fine toile d’araignée qui va lentement étouffer. Voila ce qu’elle est.
Elle se penche en avant. Jusqu’à ce que ses cheveux aussi noirs que la nuit viennent se mêler à ceux bruns sombres du jeune homme. Sa voix n’est qu’un murmure haineux. « A part vouloir arracher la gorge de ceux qui me sont chers à chaque pleine lune ? le mépris et le dédain de l'ensemble de la race sorcière ? Si peu de choses … » Sa façon à elle de le décourager, de le menacer d’une certaine façon. Détournée certes. Mais tout de même. De lui conseiller de partir. De ne pas prononcer les mots qu’elle sait déjà qu’il va dire. Il n’y a aucun espoir pour des créatures comme les loups-garous. Aucune rédemption. Hormis la mort.
#EVENTS & #MISSIONS. NE MANQUEZ PAS LA WIZPRIDE (rp et hrp) !#SCRYNEWS. refonte du ministère (plus d'infos) & nouveaux procès de guerre (plus d'infos)#FORUMATHON.