| Chaque matin, lorsque mon regard croise pour la première fois l’astre diurne, j’ignore ce qui m’attend. Je me lève et me prépare à l’imprévu. Amusant, n’est-ce-pas? Certaines personnes aiment les tâches répétitives, le “train-train quotidien”. Alors, ils deviennent secrétaire ou banquier voir éleveur de boursoufs. Rien de bien passionnant. Mais ce qui convient au voisin est respectable s’il ne dérange personne. Le chemin que j’avais choisi n’était pas respectable, mes desseins, eux, l’étaient un peu plus. Après tout, le bien et le mal étaient deux termes dont la définition dépendait de chaque être humain. Quand on s’engage dans une voie, il faut être prêt à en suivre tous les méandres. Les entraînements faisaient partie de ces boucles obligatoires afin de conforter ma place au sein des mangemorts. Mon mentor, Maksim Dolohov, prenait un malin plaisir à me tester comme il se devait. J’ignorais tout de la façon dont les adhérents étaient distribués aux mangemorts actifs mais je devais m’estimer heureuse que le hasard ait fait ce choix. Le Russe, comme certains l’appelaient lorsqu’il n’était pas dans les parages, était un homme... étrange. Même s’il l’ignorait, nous nous ressemblions sur quelques points. Il arborait, lui aussi, un masque de circonstances. Celui d’un homme charmant et charmeur, un diplomate hors pair, mais il était clair à mes yeux que la vérité était ailleurs. Mangemort de premier ordre, il faisait également partie des sponsors des enchères et nous avions eu le loisirs de discuter ensemble avant qu’il ne devienne mon mentor. La journée au ministère s’était déroulée sans encombre, chose qui était assez rare ces derniers temps. Le peuple se révoltait de plus en plus et, travaillant dans l’atrium, j’étais la première à assister aux débordements. Il ne me restait plus qu’une petite heure de travail quand je reçus “l’invitation” de mon mentor. Inutile de préciser qu’un refus serait mal venu. J’enfilai rapidement une cape noire de circonstances et quittai le ministère pour me rendre sur le lieu de rendez-vous. La lisière de la forêt noire, j’étais à l’heure, comme toujours. Je m’avançai dans sa direction d’un pas léger mais sûr. Je lui offris un signe de tête ainsi qu’un sourire pour le saluer convenablement. Bonsoir, Monsieur Dolohov. Il ne faisait, pas encore, nuit mais l’heure n’était plus au “bonjour”. Cette lisière, cette forêt, me rappelait Poudlard, interdite en théorie et pourtant si souvent visitée. Le frisson de l’interdit j’imagine. Je la connaissais moi-même assez bien, je l’avais traversée plus d’une fois pour retrouver Harry Potter. Une partie des insurgés se cachaient dans des campements qui bougeaient assez souvent pour n’être vus de personne. Tout le monde savait qu’ils étaient là, mais le lieu précis restait un mystère. Entraînement en milieu hostile ce soir ? Hostile, oui puisque les insurgés n’aimeraient sans doute pas qu’on piétine leur territoire, encore moins certaines créatures qui peuplaient ces bois. J’avais ma baguette à portée de main, n’ignorant pas que mon mentor était du genre imprévisible. Parfois, il avait envie de discuter un peu, parfois non. Rien dans son visage ne me permettait de trouver une réponse à mes questions, cet homme était insondable. Je n’avais pas l’intention d’abréger l’exercice, j’attendais patiemment qu’il se décide à me donner les ordres du jour... J’étais sur mes gardes bien décidée à ne pas le décevoir. Je n’étais peut-être pas l’adhérente la plus vicieuse mais j’étais consciencieuse et appliquée. |
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