Let's go down in flames

theolana

⊰

Ennui. Ennui mortel, même.
Svetlana tournait en rond dans sa luxueuse chambre. Cette dernière avait été redécorée dernièrement, puisque ses goûts avaient changé depuis ses seize ans. La jeune femme avait longuement demandé à Maksim si elle avait l'autorisation d'en changer les couleurs, pour qu'elles soient plus sombres. Désormais décorée de pourpre et de noir, la jeune russe était satisfaite. La brune décida de cesser de faire les cent pas. Elle s'habilla de beaux vêtements, une robe noire élégante et non-révélatrice, mais qui moulait particulièrement les formes de son corps. Elle ajouta à sa tenue des souliers assortis, et dévala les longs escaliers du Manoir Dolohov.
Depuis longtemps maintenant, la Volkova habitait l'endroit, au plus grand déplaisir de l'une des habitantes. La soeur de Maksim, Nhÿx, semblait détester l'héritière supposée au plus haut point. Et ce, sans que la sorcière ne comprenne quoique ce soit. En réalité, elle ne voulait pas comprendre. Mais elle savait pourquoi la Dolohov ne l'aimait pas particulièrement. Maksim pensait à lui léguer un héritage qui ne lui appartenait pas. Svetlana avait du mal à comprendre pourquoi. Même si elle considérait Maks comme son père, ou du moins, ce qui s'en rapprochait le plus. La figure paternelle en laquelle il consistait était celle à laquelle Sveta tenait le plus. La belle ne se serait jamais imaginée avec une famille potentielle. Enfin, avec un semblant. Parce que tous n'appréciaient pas la décision de l'homme qui l'avait pris sous son aile. Mais ça, la rafleuse s'en foutait. Royalement. Personne ne lui dirait ce qui est bon ou mauvais pour elle.

La jeune femme se pressa d'empoigner ses feuilles de parchemin, de l'encre aussi. Elle aperçut le piano au loin, et sourit en voyant le magnifique instrument. Nhÿx était absente, alors bon, elle pouvait bien en profiter un peu et de toute façon, il fallait qu'elle répète pour les grandes réceptions à venir.
Elle inscrivit les notes sur le parchemin et glissa les feuilles sur le piano. Ensuite, elle alla ranger l'encre, les feuilles restantes et la plume. La sorcière s'installa devant l'instrument, et souffla un bon coup. Depuis qu'elle avait appris à en jouer, la musique avait un effet bénéfique sur tout son être. Lana était constamment tendue, entre les grandioses soirées et les événements se déroulant chez les sorciers. Le Seigneur des Ténèbres effrayait fortement la russe, et même si cette dernière ne l'affirmait pas à voix haute, à chaque fois qu'elle l'avait vu ou entendu parlé, un frisson incommensurable s'emparait d'elle. Un jour, peut-être, lui vouerait-elle allégeance. Pour le moment, elle se disait être du côté du gouvernement et pourtant, parfois, ses yeux glissaient sur les nombreux prisonniers lors des rafles.
La Volkova fit courir ses doigts sur les douces touches du piano à queue, qui produisait un son magnifique. La mélodie l'envoûta, durant de longues -très longues- minutes, voire des heures. Elle ne sut trop combien de temps elle passa à jouer, mais elle se rendit rapidement compte qu'elle devait être en train de manger, à l'heure qu'il était. La pauvre Elfe l'appelait et, captivée, la russe n'avait rien remarqué. Lorsqu'elle sorti de son envoûtement, elle sourit à la servante des Dolohov et rangea ses parchemins, qu'elle monta ranger dans sa chambre.

Elle redescendit ensuite, ne perdant pas de temps, ayant drôlement faim tout à couo. Sveta ne se rendit pas compte qu'elle bouscula maladroitement quelqu'un. « Oh, je-- pardonn... f » Alors qu'elle relevait la tête, elle souffla. L'homme qu'elle venait de plaquer - et qui s'était retrouvé sur le sol - était un de ses amis. Du moins, elle le considérait ainsi. Théodore était proche de Maksim, ou du moins, ils se respectaient mutuellement.
Les deux jeunes adultes s'étaient rencontrés à Poudlard. Ils faisaient parti de la même maison - Serpentard - et ils s'étaient liés d'une drôle de façon. Aux premiers abords, Svetlana avait trouvé le jeune homme tout à fait charmant. Il avait un charisme et une prestance indéniable, et bien d'autres qualités que la jeune femme s'empêcherait d'énumérer, pour ne pas s'y attarder. Ce qui comptait, c'était qu'ils étaient tous les deux sur le sol, à se toiser mutuellement. Soudainement, la jeune femme éclata d'un rire sincère. La situation semblait absurde, au manoir Dolohov. Elle se tu, lorsqu'elle se sentie fusillée du regard par la cuisinière, qui l'attendait -elle seule- pour manger.
Le Manoir était vide. Elle y était seule, et Théodore était là. Pourquoi? « Théo! Pardon, je suis vraiment maladroite. » Elle lui tendit une main, pour l'aider à se relever. « Que fais-tu ici? Enfin, comment vas-tu? » Lana passa une main dans ses longs cheveux bouclés. Nervosité. Anxiété. Les deux jeunes adultes étaient liés. D'un jeu qui ne semblait jamais vouloir se terminer.

SVETLANA + THEODORE

down in flames
Le manoir Dolohov était imposant, d'une architecture classique qui se dessinait jusque dans les nuages. Si Theodore avait vu plusieurs fois cette illustre demeure, il n'en restait pas moins admiratif de sa grandeur et de sa superbe. Impossible de dire de quand datait ces murs mais le jeune Nott était persuadé qu'ils étaient imprégnés de l'histoire de la famille russe. Toutefois, n'étant pas là pour faire du tourisme ou une visite de curiosité, Theodore continua sa route, gravissant ainsi avec fluidité les marches menant à l'entrée. Il avait affaire avec Maskim à propos de diverses histoires préoccupants le Lord et dont ils devaient, tous en tant que mangemorts, se charger. S'il ne passait pas l'improviste, Theo avait néanmoins une bonne demie heure d'avance sur son entrevue avec le mangemort russe et ne ralentissait absolument pas la cadence.

Il fut accueilli par une esclave qui annonça que Maksim n'était pas présent. Avec un sourire faussement charmeur, Theodore se contenta de répondre : « Ce n'est pas grave, je vais l'attendre. » Sans ajouter un mot, la jeune femme hocha la tête avant de s’éclipser. Elle savait visiblement à qui elle avait affaire et il n'était pas question de remettre en cause la parole d'un sang pur aussi réputé que le fils Nott. C'est ce à quoi pensait Theo lorsque la silhouette frêle eut disparu à l'angle d'un couloir, persuadé d'être à ce point respecté. Les derniers mois qui s'étaient écoulés avaient été remplis de rebondissements : le retour de Daphné Greengrass dans sa famille, la dernière mission pleine de sang effectuée par Theo et son partenaire, Draco. La consommation de drogue de l'héritier Nott n'avait cessé d'augmenter et était devenue quasiment quotidienne. Impossible de dire si Theodore en prenait pour se détendre, comme un moldu prendrait son verre de whisky une fois sa journée de travail terminée, ou s'il avait véritablement besoin de cette substance pour tenir le coup face aux événements de plus en plus macabres.

L'esprit ailleurs, Theo commença à déambuler dans la vaste demeure Dolohov, livré à lui-même. Il jeta un coup d’œil autour de lui avant de finalement s'attarder sur les peintures murales et le luxe présent absolument partout chez les trafiquants de l'est. Bien entendu, le manoir Nott ne manquait pas de splendeur lui non plus mais à force de l'avoir cotôyé et d'en avoir fréquenter les moindres recoins durant son enfance, Theodore ne voyait plus la beauté que renfermait la demeure familiale. Il fallait dire également que l'éloignement dont avait eu besoin Theo vis-à-vis de son père n'avait pas arrangé les choses et l'emprise paternelle avait failli atteindre un point de non-retour, teinté d'étouffement et d’écœurement. C'était notamment l'une des raisons qui expliquaient le manque d'intérêt du brun pour sa propre maison. Perdu dans ses réflexions et admiratif de la décoration, Theodore fut toutefois surpris par des notes de piano. Une mélodie douce et légère, presque entêtante émanait d'une pièce de l'étage et sans trop s'en apercevoir, le jeune homme avait commencé à se diriger vers l'origine de cette musique. Le concert ne dura que quelques minutes et lorsque les sons cessèrent, Theodore ne put s'empêcher de les regretter, déçu de n'avoir pas pu en profiter un peu plus.

Le choc se fit quelques minutes plus tard : sans le moindre avertissement, Theodore s'était retrouvé projeté au sol par mégarde. Aussitôt, les traits du jeune mangemort se firent plus durs et il fut prêt à râler contre son assaillant jusqu'à ce que la main délicate d'une jeune femme ne lui soit tendue. Svetlana. La belle brune affichait un sourire charmant, ses longs cheveux détachés formant une cascade tandis que Theo empoignait sa main pour se relever. Elle sembla hésitante, décontenancée par sa présence, ce qui fit aussitôt sourire Theodore, satisfait de l'effet qu'il pouvait provoquer. Elle lui présenta des excuses et son sourire si adorable mit fin à la colère du jeune homme.

Svetlana avait toujours été très attirante avec sa chevelure soyeuse et ses yeux chocolat. Lorsqu'il était à Poudlard, Theodore avait longuement ignoré ses charmes, tentant au possible de se concentrer sur sa scolarité et sur son avenir déjà tout tracé. Pourtant, forcé était de constater qu'un certain jeu de séduction s'était installé entre eux. Elle, gênée de tomber sur lui à l'improviste, amusait beaucoup le jeune Nott. Et lui, perturbé par les charmes et les petites manies de la jeune femme parvenait à la faire sourire avec son air troublé. Lorsqu'il était devenu mangemort et avait par la même occasion, rejoint Maksim Dolohov au service du Seigneur des Ténèbres, Theodore avait été refroidi de constater le lien unissant le russe à la belle Svetlana, qu'il avait prise sous son aile. Refusant d'entrer en conflit avec Maksim, ne souhaitant pas non plus manquer de respect au sorcier à l'accent prononcé, Theo avait naturellement pris ses distances avec Svetlana.

Visiblement mal à l'aise, Svetlana passa une main dans ses cheveux, geste qui fit encore plus sourire son interlocuteur. « Ma présence te dérange ? » demanda le jeune mangemort avec humour mais il s'empressa d'ajouter : « Je dois voir Maksim. » il y eut un moment de flottement durant lequel Theodore garda les yeux posés sur Svetlana, ne se privant pas d'admirer la finesse de ses traits. Puis, inconfortable du silence qui régnait, il tenta d'engager la discussion : « Le piano, c'était toi tout à l'heure ? » les notes lui revinrent à l'esprit et l'espace d'une minute, il aurait souhaité se retrouver dans la même pièce, pour pouvoir assister à ce court morceau. Étrangement, il n'était pas étonné de savoir que Svetlana jouait du piano, il la connaissait depuis quelques années déjà et s'il savait bien quelque chose à propos de la sulfureuse russe, c'est qu'elle était pleine de surprises.