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the night is dark and full of terrors
vincianne de lancastre ► 26/01/2002

Un lion ne se sent pas coupable lorsqu'il tue une gazelle. La comparaison te semble juste. Tant tu te sens comme un lion libéré de sa cage une fois la nuit tombée, prêt à bondir sur la première gazelle venue. Prêt à bondir sur le premier mangemort pour le déchiqueter, le lacérer, et ne laisser rien de plus qu'un tas d'ossements rougis de sang. Lorsque le soleil se couche, ton apparente neutralité le suit immédiatement. Ne laissant plus qu'une enveloppe emplie de rage, de violence. Une enveloppe assoiffée de sang et de mort. Rien n'est plus délicieux que de tenir la vie de quelqu'un entre ses mains, d'avoir le pouvoir de décider s'il peut continuer à respirer ou non. Masqué, le visage caché derrière le tissu sombre, tu as l'impression de pouvoir accomplir n'importe quoi. De pouvoir tuer en totale impunité, sans craindre les conséquences de tes actions. Personne ne sait qui tu es, personne ne sait ce que tu fais. Les découvertes trop tardives des corps empêchent de te tracer, et de remonter jusqu'à cet homme qui ne s'implique pas dans la guerre. Trop préoccupé par l'idée de salir un peu plus le nom de sa famille. Qui t'empêche d'intenter quelconque action contre le gouvernement. Mais il n'est plus là désormais, et tu es entièrement disponible pour partir à la chasse. Pour leur faire ressentir cette peur implacable, qui ronge le cœur et l'esprit, une fois l'obscurité tombée sur la ville.

Tout comme l'homme ne se sent pas coupable en écrasant une mouche. Des mouches, par centaines. A la solde d'un dictateur, un monstre. Obligeant la population à vivre dans la peur. Oh non, tu ne te sens pas coupable de chaque mort que tu causes. Puisqu'elles servent un intérêt supérieur. La libération du pays, l'abolition du nouvel esclavage. Tu te sens d'avantage comme un guerrier en mission sainte. Touché par la Grâce, afin de libérer tout un pays du joug du tyran. Même si tu dois y passer ta vie – qui sera de toute façon éternelle, tu continuera ta mission. Tuant un par un chacun des ennemis qui aura le malheur de croiser le chemin de ce chien enragé, le visage caché, qui ne laisse rien transparaître de sa folie, de cette bave qui coule le long de ses lèvres, de ce délicieux sentiment de puissance qu'il ressent chaque soir.
Et chaque soir, tu n'as aucune difficulté à te trouver de nouvelles victimes. Toujours par patrouilles de deux, rarement plus. Jamais moins. Même en ces temps troublés, leur sentiment de supériorité reste intact. Inaltérable. Quand bien même un fou comme toi rôde dans les parages, attendant patiemment le moment propice pour fondre sur eux. Comme celui qui se présente maintenant à toi, tandis que les deux futurs morts quittent l'artère principale pour se lancer dans une ruelle d'un pas rapide. Sans doute à la recherche de quelqu'un. L'un des indésirables. Ils sont nombreux depuis les événements de l'arène, où de nombreux insurgés se sont retrouvés à la fois dans le terrain de jeu et les tribunes, causant un bordel sans nom. Tu regrettes de ne pas avoir été des leurs à ce moment-là, à jouir avec eux d'un combat perdu d'avance. Mais qui devait être terriblement exaltant.
Mais tu ne prends pas le temps de rêvasser. Il est temps de passer à l'action, et de montrer à tous ce dont tu es capable. De transformer ces chasseurs en proies, traquées par le super prédateur que tu es. N'ayant aucune chance de survie, de s'échapper, ou de prévenir qui que ce soit. Tu t'enfonces dans la ruelle, à quelques mètres d'eux. Ombre invisible s'agrippant aux deux sorciers. Tu ne sais rien d'eux. Tu ne veux rien savoir d'eux.

L'instant est parfait. Aucune lumière aux alentours. Leurs silhouettes se fondent dans l'obscurité, mais tu les perçois encore. Faiblement, mais suffisamment pour les viser de ta baguette. Un sourire étire tes lèvres, tandis que tu observes tes deux victimes, inconscientes du danger qui les guette. Je suis le danger. Cette simple pensée étire encore un peu plus ton sourire, qui apparaît durant une fraction de seconde alors qu'un flash illumine le bout de ta baguette. Le sort est silencieux, sans trace. Mais son effet est indiscutable, le corps de l'un des deux s'effondre immédiatement. Endormi, victime d'un stupéfix qui ne lui a laissé aucune chance. Il peut en mourir si j'en abuse. Et tu comptes bien en abuser, une fois l'autre sorcier mit hors d'état de nuire. Mais celui-ci n'a pas le temps de sortir sa baguette qu'il se retrouve immobilisé, incapable du moindre mouvement. Tu ne maîtrise les sortilèges informulés que depuis peu, mais tu sembles déjà en être un grand adepte. Et tu te félicites intérieurement pour cette prouesse que d'autres sont incapables d'accomplir. Pas avec ta maladie qui t'empêche de te concentrer trop longtemps.
Un nouveau sourire aux lèvres, tu t'approches du mangemort encore conscient. Avant de t'agenouiller à côté de lui, admirant ton œuvre. Qu'il semble faible, docile, dans cette position. Ses yeux bougent rapidement, donnant presque l'impression qu'il convulse. Qu'il profite de ses derniers mouvements.

« Je veux que tu regardes, et que vois de tes propres yeux ce qu'il en coûte de se faire ennemi de la Mort. »
Délicatement, presque trop, tu décales le corps solidifié du mangemort. Le posant face à son ami. La lumière est faible, mais tu sais qu'il te voit lorsque tu poses tes jambes de chaque côté du comateux. Coupant sa robe sur la longueur pour exposer la peau de son torse. « Diffindo. » Cette fois, tu veux qu'il sache quel sort tu lances. Qu'il voit les effets qu'ils ont sur le corps humain. Lentement, la peau se lacère sur le chemin de ta baguette, tandis qu'un M apparaît. Aucun gémissement ne se fait entendre. Seules tes paroles brisent le silence alentour. [/color]« La Mort guette, serpent. »[/color] Ton regard reste bloqué sur le second mangemort, le pétrifié, tandis que ta baguette pointe encore vers le premier. « Avada Kedavra. »

Un mort. Encore un à tuer. Ta concentration reste figée sur le survivant. Les yeux glacés par l'effroi. Tous ne sont pas aussi puissants qu'ils le prétendent. Et tu imagines sans peine la peur qui parcourt ses veines, agresse son palpitant. Bientôt, il ne ressentira plus rien. Il n'exister plus. Lorsque tu aura fini de jouer avec lui. Revenant vers lui, tu relèves sa manche. Ne laissant à ton grand regret qu'un bras à la peau lisse, blanche, sans aucune marque. « Tu n'es même pas un Mangemort. » Ta déception est immense, te coupe dans ton élan. Tu n'as pas envie de jouer avec lui, avec cet imposteur. Ce faible de collabo. « Oubliettes. » Ce n'est que la seconde fois que tu utilises ce sort. Et tu ne sais toujours pas le maîtriser. Tu préfères y mettre la puissance maximum, quitte à tout supprimer de sa mémoire, jusqu'à sa propre identité. « Les Mangemorts sont l'ennemi. »

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