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sujet; DRAMIS + happiness is a state of mind |
PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
can be found even in the darkest of times 26 OCTOBRE 2002 & DRAMIS Il revit. C’est son impression du moins, celle qui l’électrise alors qu’il plie et déplie la jambe à répétition après des jours de douleurs, de quasi immobilisme, forcé. Alors qu’il s’accorde un instant d’humanité, Briar-Rose au creux d’un bras tandis qu’il observe d’un œil critique les progrès de Scorpius sur son balai-jouet, à l’abri des regards extérieurs grâce aux sortilèges qui garantissent l’intimité de la galerie ensorcelée pour être incroyablement spacieuse. « Penche-toi un peu plus sur ton balai », recommande-t-il en avisant le dos raide de son fils. « Plus de flexibilité – voilà, la posture est plus naturelle non ? » « Tu viens voler avec moi ? » quémande l’enfant, et un rictus satisfait étire ses lèvres lorsqu’il peut se permettre de répondre : « Demain. » La réponse émerveillée fuse aussitôt. « Vraiment ? Promis ? » A son hochement de tête solennel, Scorpius jubile et semble gagner en assurance. Ça tire encore, mais après avoir été écartelé et damné, il pourrait presque rire de ces séquelles, qui lui semblent mineures – peut-être y repensera-t-il à deux fois d’ici quelques années, cependant, si elles persistent ou s’aggravent. Mais pour l’heure, il jubile. Retrouve le plaisir de faire face à son miroir, Glamours bien en place, pour compenser les fardeaux qui lui pèsent encore – le repos manque toujours, les cauchemars persistent à gratter à sa porte, l’inquiétude le ronge. Pansy. On est le 26 et elle n’est toujours pas réapparue. Violet et elle manquent à l’appelle, plus précisément. Elle l’avait appelé en catastrophe pour lui confier Briar-Rose et Jinx, avant de partir en urgence pour Sainte-Mangouste. Consultation pour la petite, si fragile depuis sa naissance. Elles auraient dû être rentrées depuis. Depuis longtemps. Mais bien sûr, lorsqu’il a signalé leur disparition, on lui a dit qu’il était trop tôt pour employer ce terme ou parler d’enlèvement. Bien sûr, on a sous-entendu qu’il était alarmiste, sans trop oser formuler le terme. Cependant, son statut de mangemort n’a pas pu servir de passe-droit. Pour l’instant, on le dévisage étrangement, à cause des rumeurs selon lesquelles il aurait été vu à participer au pillage d'un musée ; et le torchon publié la veille par la Gazette, annonçant qu'il est cité à comparaître devant le Magenmagot, n'arrange rien. On tente de lire en lui la réponse à la question en suspens : traîtrise ou manigance ? A-t-il réellement pris part à une arnaque, pillé un musée sous le nez du gouvernement ? Le pire, c’est qu’il l’a fait. Pour le gouvernement. Sans occlumencie, il passerait par l’étape du véritaserum avec la certitude de se faire avoir. Son père a tenté de plaider sa cause auprès du Lord, arguant qu’Il ne pouvait laisser l’un de ses fidèles courir le risque, malgré lui, de trahir la confidentialité d’une mission, sous le feu des interrogatoires orchestrés par le Magenmagot. Requête que leur maître a jugée crédible mais a choisi d'écarter, non sans malice. Qu’il prouve sa fiabilité, a-t-il exigé. Car après tout, ce n’est pas à lui de protéger : c’est à ses hommes que revient le devoir d’assurer la pérennité de sa suprématie. Et leur propre survie. La menace est claire : il ne peut laisser filtrer le moindre soupçon de vérité, car s’il s’en tire par ce biais (en révélant avoir été blessé à la suite de cette mission condamnable et secrète), c’est son Maître en personne qui lui fera la peau. Soit. Il trouvera le moyen de construire un alibi, s’il le faut. « Très bien, tu peux t’arrêter pour aujourd’hui. Tu peux mieux faire – » il s’interrompt en s’apercevant de l’impact que son front plissé et sa moue instinctivement dédaigneuse ne peuvent qu’avoir ; contreproductif. « Mais il y a du progrès. C’est prometteur », se force-t-il à ajouter. Ce n’est pas qu’il ne soit pas fier de son fils, mais il est avare de compliments. Surtout lorsqu’il est certain que le potentiel n’est pas correctement exploité – mais c’est aussi de sa faute : il a été négligeant ces derniers jours, incapable de réellement s’occuper des aspects de l’apprentissage de son fils qui lui incombent. Scorpius le précède à l’intérieur de l’appartement et il ferme avec soin derrière eux, activant les sorts qui barricadent la porte fenêtre. Accroché à sa cheminée, le parchemin répertoriant les appels par cheminée auxquels il n’a pas répondu durant sa convalescence est chargé de messages vocaux. Il l’active, l’écoute réciter puis effacer les mots formulés par ceux qui ont tenté de le joindre, aussi fidèle et efficace qu’une Beuglante – mais l’aspect agressif en moins. Sa liste d’activité à entamer l’espace des deux prochains jours s’établit alors en fonction de ses manquements forcés de ces derniers jours : Voler un corps (check), - Contacter Aramis,
- Engager un excellent Sorcier à la Défense afin de construire sa stratégie pour se dépêtrer de cette impasse (urgent),
- Rechercher Pansy (en cours),
- Assister au match éliminatoire de Greg.
Un tempus lui apprend que le timing est juste pour la confirmation demandée par Aramis et il claque la langue, agacé de devoir s’y prendre si tard. D’une main, il rédige un court mot à l’attention d’Aramis, prévenant qu’il pourra tout compte fait le rejoindre devant Gringotts, pour retirer de l'argent avant le rendez-vous à la boutique, pour les essayages. « Vous passerez l’après-midi chez ton grand-père », informe-t-il en repositionnant Rose sur son épaule – elle rechigne dès qu’elle ne peut voir le monde qui l’entoure. Gazouille de bonheur lorsqu’elle est en hauteur. Mâchouille son poing miniature, sourcils froncés, comme pour déterminer s’il est déjà temps pour elle de lui faire savoir qu’elle a encore soif. Il a dû entamer un sevrage forcé, à cause de l’absence de Pansy… comme il a dû le faire à l’époque, pour Scorpius. Coup au cœur. L’espace d’un instant, alors que son garçon proteste quant aux arrangements dont il vient de l’informer, il s’en veut de dédier son après-midi à une activité liée à des réjouissance alors même que l’incertitude concernant le sort de la brune lui lacère le cœur, avec une virulence accrue au fil des heures qui s’écoulent. « Tu aimes que ta marraine soit heureuse, n’est-ce pas ? » Scorpius réfléchit, puis : « Marraine Nyss est heureuse quand je suis avec elle », clame-t-il (en glissant « subtilement » quelques vifs d’or volés à Draco dans son sac, en dépit de l’interdiction d’y toucher). « Parce que je peux réparer son cœur quand des méchants le cassent. » Ce môme. « hmhm », se contente de répondre Draco d’un air absent, quelque peu blasé, en rejoignant la chambre des enfants pour faire léviter jusqu’à un sac les affaires dont ils auront besoin. « Mais cette fois c’est Aramis qui va la rendre heureuse. Je vais l’accompagner pour faire quelques achats et en attendant, tu passeras un moment avec ton grand-père. » Il devine les grands yeux que lui fait Scorpius sans même avoir besoin de se retourner pour les voir. « Monsieur Lestrange est pas gentil, il fait peur. Marraine aime la soupe aux potirons et les choux ? Il me fait toujours manger tout quand y’en a. » Il l’appelle ainsi tout spécialement pour manifester son mécontentement, et Draco lève les yeux au ciel. Voilà son gamin qui grimace. Et qui boude. Hésite. Puis, incertain : « Vous allez acheter des cadeaux à marraine ? S’il fait des cadeaux à marraine alors il n’est pas si mauvais, je suppose… » Il fronce son petit nez tandis que Draco lui confie l’une de ses peluches – un dragon qu’il lui arrive de faire flotter, depuis quelques semaines. Depuis la première manifestation de ses pouvoirs, qui a rendue Draco incroyablement fier. « Marraine m’offre des cadeaux parce qu’elle m’adore. J’espère qu’elle en donne pas trop à monsieur Lestrange. » Il dévisage son père d’un air suspicieux. « Tu lui dis bien qu’elle me préfère hein ? » « Choisis les livres que tu veux emmener avec toi », élude-t-il, imperméable aux réclamations du petit capricieux. « Je peux prendre mes cartes de chogronouilles plutôt ? » « Cho-co-gre-nouilles. Mais soit tu prends deux des vifs que tu as ajouté dans mon dos, soit tu prends les cartes. Et si tu prends deux livres, tu auras droit à deux chocogrenouilles pour agrandir ta collection. A condition bien sûr de laisser Tipsy t’aider à les lire. » Il abdique, prend les contes de Beedle et Terre de Feu qu’il connait par cœur – Draco remplace donc le second par un livre contenant des cartes en volume de l’Angleterre sorcière. Une bonne demi-heure plus tard, le petit monstre est livré à bon port et Briar, peu satisfaite du changement de décor, ne se laisse apaiser que par les inepties que lui chuchote Scorpius (ou par le fait qu’elle puisse tirer sur ses cheveux blonds lorsqu’il se penche à son oreille ?). Draco s’échappe à reculons, se rassure en misant sur le fait que Tipsy n’a pas sa pareille avec les demi-portions. Il n’assimile pas encore tout à fait. Les fiançailles. Il est partagé entre perplexité et une euphorie encore latente, masquée sous des couches de contenance. Et pourtant, lorsqu’il quitte la tour pour transplaner jusqu’à la boutique, tout semble plus concret. Presque. Il enfonce ses mains dans ses poches en attendant qu’arrive le fiancé, négligeant les mines surprises, curieuses, que posent sur lui les badauds. |
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| m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi Regarder le soleil qui s'en va Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous Te dire que les méchants c'est pas nous
« Tu n'as pas la trouille pour ton cousin, Lestrange ? Un soupire, la question tourne & retourne en boucle, inlassablement, brutalement. Tu te tournes & te retournes. Où vos parents vous ont éduqués ? Le silence plane, assassin, divin. La froideur s'esquisse dans tes prunelles. C'est vrai, vous n'avez pas de parent. Puisqu'il faut tout vous apprendre, c'est monsieur Lestrange & le vouvoiement est de mise. Mais j'ai … Touché ma fiancée ? Osez reposer un doigt sur elle & vous n'en aurez plus pour vous curer le nez. ». La mine est choquée, effacée. Qu'il se mêle de leurs affaires. Qu'il te foute la paix. La peur se noue suffisamment à ton ventre, creusant des douleurs, des horreurs sans cœur. L'article jonche ton bureau, laissant une traînée de questions, d'hésitations. Les doigts pianotent, agacé, énervé. Tu n'y crois pas. La trahison n'est pas une question. Il y a bien plus à perdre en se dressant contre Lui. Il y a bien plus pour vous. Doucement, tu enfonces tes dents dans ta lèvre, furieux, orageux. Tu en as assez qu'on essaye tout briser, saccager. Ta famille est suffisamment cassé, abîmé. Et puis, lui aussi, il ne peut pas t'abandonner, n'est-ce pas ?
Et puis, ce n'est pas si grave. Il n'a déjà plus le temps de te voir. Alors pourquoi croire les inepties, les futilités énumérés avec débilité ? Il a refusé de t'aider, & tu n'as pas insisté. A quoi bon? Il y a les rumeurs de son état & tu le crois. Tu veux le croire. Tu n'as plus que lui dans le noir, en travers des nuages. Très bien, as-tu répondu de ta voix trop sèche, trop cassante, tellement hésitante. Et pourtant, tu t'es condamné & tu lui as redemandé. Tu as, au final, besoin de lui, besoin de savoir que tout va bien. Ou presque.
Toujours pas de nouvelles. … Bonnes nouvelles ?
Tu déglutis difficilement, désagréablement. Ce n'est jamais bon signe lorsque Draco se tait, se positionne en retrait. Tu as appris à le connaître ainsi, dans l'enfant capricieux, orageux, forcé de grandir trop vite, propulsé dans un monde impitoyable. Tu as appris à l'aimer comme ça, dans les blessures sous les dorures. Et les fissures s'imposent, s'osent sous les masques, elles le crevassent. En retrait, tu n'as jamais été là que dans le jeu, la ( fausse ) rivalité, la famille présente et pourtant un peu absente. Tu n'en fais jamais assez, tu sais bien. Pop, tu observes le message qui s'esquisse, en souriant un peu timide, un peu fragile. Finalement, il viendra. Et le soulagement s'enlace, se délace, s'en lasse de ton cœur. Il ne t'a pas vraiment oublié. Il ne s'est pas vraiment effondré.
En douceur, tu te drapes dans ta veste. Tu relâches négligemment la cravate. « Vous prenez ma suite. », lâches-tu au jeune stagiaire, frémissant, hésitant. « Sans foutre le bordel de préférence. ». Et de tes pas, tu quittes les locaux surchargés de la BPM. Tu t'extirpes de la fourmilière géante qu'est devenue le ministère. Une sensation d'euphorie se glisse, s'immisce dans ta poitrine, pulvérisant les rancœurs, les douleurs. Les mois se sont égrainés sans pouvoir réellement lui parler, sans pouvoir réellement l'effleurer. Et sans doute, que la peur t’assassine, se devine. Et sans doute, n'en as-tu pas pris assez soin. Les regrets dégoulinent, s'enlaçant à ta poitrine, se suicidant sur les jours perdus, vaincus. Et peut-être que sans s'en apercevoir, sans vraiment le voir, une bombe est tombée dans vos vies.
Et peut-être que la folie amoureuse, heureuse qui te fait croire à un avenir meilleur avec Nyssandra, la laissant paresser, couler dans tes bras te fait penser que tu peux peut-être, pour une fois, parler, ne pas te briser. Les mots, au fond, ont toujours été ton fléau. Ils se nouent à ta gorge, refusant de sortir, refusant de s'enfuir. Tu n'y as pas le droit, tu te souviens ?
Le chemin de traverse n'a plus rien du lieu de ton enfance. Là où tu pendais aux bras de ton père, là où il n'y avait que des guerres de chamailleries, les rires de Gwen & la rame d'Arsenius, il n'y a plus qu'un désert d'inconscience & de débauche. Terne, la peur s'enlise, se lit, glissant, se pressant entre les cotes. Tous se font pressés, personne ne veut s'attarder, se faire repérer. Et quelques personnes s'écartent sur ton passage, dans ton sillage. On craint ton père, on te craint aussi. Prince des glaces, tu n'es que froideur & horreurs. « Draco. », souffles-tu, d'une voix lente & pesante. « Tu es toujours aussi petit. », un sourire timide, un peu fragile crevasse ton visage, le masque. Enfant moqueur, vainqueur, tu l'as toujours charrié sur sa petite taille. Les jeux d'une innocence volée, balayée traînent, s’entraînent, roulant sur des notes un peu plus joyeuses, un peu plus trompeuses. Dans une autre vie, des années en arrière, tu aurais ébouriffé ses mèches blondes. Vous aurez jouer, vous n'aurez pas vu la vie vous réduire en cendre. Et puis lentement, en douceur, tu glisses avec nonchalance ; « Comment vas-tu ? ». Là où certains ne voient que des banalités, une politesse sucrée-salée, il y a la tendresse, une inquiétude. « Comment vas-tu, vraiment ? », les yeux clairs s'entrechoquent sous les vagues de ton indifférence brisée, avortée. Tu tiens à bien peu de choses, à bien peu d'êtres. Mais Draco n'a jamais été une option, une hésitation. Draco est un peu de ta famille, un peu ton ami. Et l'amour de ses êtres imparfaits glisse en loyauté indéfectible, inébranlable. Ils seront toujours les premiers & les derniers.
Les regards s'attardent sur vous, ainsi que les murmures, les brûlures de ses débuts de rumeurs. La colère se précipite, s'invite dans tes veines & de la clarté de tes yeux, tu jettes des regards antipathique aux curieux qui s'aventurent. « Ils ont toujours besoin de quelque chose à se mettre sous la dent. », le murmure est acerbe, teinté d'une violence sans nom, sans question. Et certains détalent, dégagent & enragent. « Lassant & navrant. », commentes-tu. L'habitude des regards, des égards ne te rend pas le moins du monde aimable, charitable. Tu en as assez de perdre ton temps sur des rumeurs, des humeurs. Et tu sais que tu n'arrives pas tellement, pas vraiment à les protéger de ce monde cassant, brutalisant. Mais tu échoues toujours. Il faudrait t'y habituer, ne plus se laisser toucher. Il faudrait aussi se pardonner, n'est-ce pas ? Jamais.
Et la main s'attarde sur l'épaule, dans une pression rassurante & tendre. Dans tes yeux, il y a la compréhension, il y a les appréhensions & peut-être un peu d'hésitation dans ton geste. Les mots s'avortent, se déportent. Il faut trouver quelque chose à dire, vite sinon tu vas encore succomber, tu vas encore te noyer. « T-Tu veux entrer ? », croasses-tu, calmement alors qu'une tempête s'agite, s'érige en toi. Bien sûre qu'il veut entrer, tu es juste complètement demeuré, paumé de le souffler. Et comme une brûlure, tu retires, étires tes doigts. « Je suis désolé. C'est stupide. ». Tu es stupide.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
can be found even in the darkest of times 26 OCTOBRE 2002 & DRAMIS « Et toi toujours aussi ridiculement grand », qu’il répond avec humeur et un amusement difficilement masqué, exactement comme si rien n’était différent aujourd’hui, comme s’ils s’étaient quitté la veille plutôt que des semaines auparavant, comme s’il était encore ce gamin bouffi de fierté qui se plaisait à affirmer qu’il était la norme : que tout ceux qui étaient plus grands que lui l’étaient trop et ceux qui n’atteignaient pas sa taille, trop peu. Comme si les regards qui coulent sur lui, sur eux, méfiants, accusateurs, curieux, ne sont rien. Et c’est vrai – peu importe ce qu’ils pensent, puisqu’il est enfin à même de reprendre sa vie en main. Il n’empêche qu’il n’avait pas mesuré la difficulté de l’exercice. Que faire face à Aramis n’est pas aisé, parce que dans ces circonstances, il incarne sans le savoir ce qui pourrait être la conscience de Draco. Sa présence l’accuse, involontairement. Pour Nyssandra, Gwen, maltraitées sous ses yeux sans qu’il ne puisse mettre un terme à leur calvaire. D’un coup d’un seul, avec la brusquerie d’un orage, ce qu’il était parvenu à enterrer grâce à l’occlumencie fait trembler ses remparts, menace de les effondrer. Il se barricade, tient bon. Résiste, refoule. Il n’avait pas le choix, pas le choix, pas le choix, c’est son mantra, son bouclier, et la bourrasque s’apaise, les palpitations de son cœur se font stables. Pas le choix. « Comment vas-tu ? » « Bien », affirme-t-il sans ciller en testant machinalement sa jambe (plie, déplie, repose). Mais la question se répète, assortie cette fois d’un adverbe qui refuse ses escapades vagues. Il soupire, fronce les sourcils. Il voudrait sans doute être honnête, à cet instant, si ce terme n’impliquait pas d’avouer à son cousin qu’il a laissé sa fiancée – stop, assez, il n’avait pas le choix. « Mieux », cède-t-il avec un soupir lourd de sens, de ceux qui se chargent d’aveux tacites, qui évoquent une dure étape tout juste franchie. « Vraiment. » Il pourrait lui offrir le mensonge servi à l’hôpital quelques nuits plus tôt ; il pourrait, devrait ? Mais l’idée le répugne. L’omission est-elle plus ou moins pardonnable qu’une tentative franche et volontaire de déformer les faits ? Dans le doute, il opte pour la première option, tandis qu’Aramis se hérisse sous les regards insistants des badauds. « La plèbe vit par procuration. Notre existence est tellement plus palpitante que la leur », crâne-t-il d’une voix suffisamment haute pour être entendue par une femme qui traînait plus loin, espérant peut-être capter une bribe de conversation intéressante. Elle écarquille les yeux, s’offusque sous le regard moqueur et gorgé de mépris de Draco, se ratatine en découvrant être la cible de celui, assassin, du fils Lestrange, et presse le pas en serrant un peu trop fort le bras du marmot qui trébuche maladroitement derrière elle. Aramis est sur les dents, mais sa pression sur l’épaule de Draco est rassurante ; le blond croise son regard, et ses prunelles anthracite soufflent ce que ses lèvres ne disent pas : que ce n’est pas grave, parce qu’à deux ils sont invincibles. Impression tenace, vieille de plus de vingt ans. Mais mimer l’absence d’inquiétudes, nier les tracas ne les efface pas pour autant. Et les semaines de silence ne disparaissent pas d’un revers de main. Il le sait, qu’il doit s’expliquer. « Aramis. » Ton grave, ferme, assuré. « C’est de devoir me désister, qui m’aurait coûté. » Il a l’air d’hésiter, comme s’il craignait qu’avoir réclamé sa présence ici ait été un fardeau. Mais il n’y a pas plus réel que ces mots, cette affirmation. « Je te l’aurais dit plus tôt si j’avais été certain de pouvoir honorer l’invitation, mais une… mission m’a laissé en piteux état. » L’ajout a été fait d’une voix plus étouffée, basse, et s’y est ajouté un coup d’œil par-dessus son épaule, pour s’assurer qu’il n’y ait personne à proximité, tandis qu’ils grimpent les quelques marches les séparant de l’entrée de Gringotts. « Concours de circonstances, ladite mission est supposée rester secrète et me laisse sans alibis valable à opposer aux récentes accusations. » Il crispe la mâchoire un instant, laissant percevoir sa frustration, mais secoue la tête, résolu. « Je trouverai autre chose. » Pas question de tomber ainsi. C’est loin d’être une affaire réglée, même s’il fait comme si, cependant c’est un autre sujet qui lui ronge les lèvres, et ses yeux cernés pétillent indubitablement, taquins. « Mais la question aujourd’hui est plutôt de savoir comment se porte le futur fiancé », reprend-il en écartant l’une des lourdes portes d’une main et d’une épaule, faisant presque face à son interlocuteur. La cicatrice pâlie par le temps qu’il porte à la main, témoignage de cette même étape franchie des années auparavant, le picote étrangement, comme un rappel des promesses rompues. Dans une autre vie, ils ont occupé ces mêmes rôles – fiancé et témoin –, mais les places étaient inversées et l’atmosphère plus terne, plus morose. Pas à cause du monde extérieur cette fois, mais parce que Draco était jeune, engagé par nécessité, et s’y était résolu par sens du devoir sans en éprouver la moindre satisfaction. Il hésite un instant, leurs pas résonnant contre le marbre, mais interroge finalement à voix basse : « Qu’est-ce que ça fait ? » Il cherche les bons mots pour préciser sa pensée, hésite. « De choisir, je veux dire. » Et il sait qu’Aramis comprendra. Dans leur monde, le mariage arrangé est une formalité ; rien de choquant, et l’éducation de bon nombre de sang-pur gomme toute trace de rébellion vis-à-vis de ce qui s’impose comme le cours naturel des choses. De fait, c’est l’attachement réel qui revient à sortir des sentiers battus. Certains théoriciens affirment d’ailleurs que dans ces rares cas, l’union des magies n’est que plus intense. Draco ne se l’était pas vraiment posée, cette question ; elle s’est… imposée à lui au terme d’une succession d’évènements. La révélation concernant la relation d’Aramis et de Nyssandra, les retrouvailles avec Susanna... depuis, il ne peut pas s’empêcher d’y penser. |
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| m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi Regarder le soleil qui s'en va Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous Te dire que les méchants c'est pas nous
« Mieux » , cale-t-il dans un soupir, alors que de tes yeux trop bleus, tu le couvres, le recouvres. De méfiances en défiances, lui & toi tissez les mensonges sans un remord, sans jamais avoir tord. Qui oserait dire que les 28 sacrés ne sont qu'un ramassis de songes soigneusement emballés, présentés ? Personne. Les jeux sont depuis longtemps faits. Enfants, déjà, les faiblesses se sont effacées, gommées, réduites à une peau de chagrin. Les princes ne courbent jamais l'échine, ne tolèrent que la force, que leur propre normes. « La plèbe vit par procuration. Notre existence est tellement plus palpitante que la leur » « Ou alors ils sont jaloux de la femme superbe que j'épouse. », dardes-tu sur le bout de ta langue, dans un humour mordant, percutant. Il est étrange de te voir prononcer ses mots. Toi qui ne jurait que Nyssandra ne rimait qu'avec petite peste agaçante & volontairement gênante. Au fond, tu n'avais que des mots pour ne pas la perdre. Tu n'as que des maux pour ne pas renoncer, l'abandonner. Tes yeux dévient dans les siens, bleu sur bleu et tu corriges en douceur, en lenteur ; Tu refuses de les abandonner. Tu suis des yeux la démarche de la femme & de son enfant trébuchant, te permettant un commentaire assassin du bout des lèvres ; « Elle mériterait un sort de déformation pour étouffer son fils sous ses fesses. Tu roules des yeux, usé, lassé des passants qui font de vos vies les moments les plus palpitants de leur navrante & épuisante existence. Quoiqu'elle n'aurait pas besoin de notre aide. »
«Aramis. » , les yeux se reportent dans les siens alors que tes doigts quittent son épaule, suspendus en plein vol, étonnés de leur propre fragilité, de leur propre imbécillité. Ton prénom te semble toujours plus inquiétant, plus désarmant sur la langue de ta propre famille, de tes amis. « C’est de devoir me désister, qui m’aurait coûté. » , tu le scrutes, attentif, incisif. Le silence te laisse goûter à ses paroles, en savourant toute la portée. Il est toujours étrange de réaliser qu'on ne va pas te laisser sur le bas côté, qu'on ne va pas t'abandonner. Tu clignes des yeux, interloqué, un peu choqué. « Je te l’aurais dit plus tôt si j’avais été certain de pouvoir honorer l’invitation, mais une… mission m’a laissé en piteux état. » « En piteux état ? Il y a un grondement, un grognement dans ta voix. Et brutalement, comme un enfant trop gâté, qui ne sait jamais patienté, tu recules, observe, fait le tour de ce demi-rival, de ce cousin tant aimé, sans cesse protégé. Et tu comptais me le dire quand ? Le claquement de langue roule, s'écoule. Fais-moi le plaisir de rester en vie, s'il te plait. ». Tu ne comptes pas le perdre ni maintenant, ni jamais. Et il y a de vieux élans de rage, des sauvageries intestines, divines qui te percutent, t'allument & qui ne clament que sa protection. Mais il s'en fiche, il gravit déjà les quelques marches & tu le rattrapes de ta démarche souple & longue. Chien en chasse, tu vas toi-même lui couper les jambes pour t'assurer que jamais il ne s'éteigne, jamais il ne tombe, ni ne s'effondre. . « Concours de circonstances, ladite mission est supposée rester secrète et me laisse sans alibis valable à opposer aux récentes accusations. » . Sous la crispation, tu sens les frustrations, les véritables questions. Le Lord a toujours aimé jouer avec lui, en faisant le pantin de ses missions les plus foireuses, les plus désastreuses. Faire bien n'est jamais assez. Échouer n'est jamais toléré. Et les punitions se font plus cuisantes, plus blessantes. « Je trouverai autre chose. » , un soupir & tu souffles, « Tu n'as qu'à dire que tu étais avec moi & Nyssandra. ». Mentir pour lui n'a jamais été un soucis. Complices, irrémédiablement précieux, tu lui as confié Gwen les yeux fermés, lui offrant une clé de ton cœur. Tu effacerai toutes ses erreurs, tu tuerai dans l'oeuf ceux qui le font coupable, sans cesse minable. Ils ne savent rien. Ils ne connaissent pas les masques, les crevasses qui l'habitent, que tu devines sous le givre d'une moue boudeuse, sous la lâcheté de survie. « On inventera une jolie histoire. », après tout, ils préfèrent tous les belles histoires que les tristes cauchemars. Tu tords le cou à ton honneur, mordant le déshonneur sans tendresse, ni caresse. Tu t'es déjà sacrifié & tu le referais encore & encore.
« Mais la question aujourd’hui est plutôt de savoir comment se porte le futur fiancé » , tu roules des yeux, amusé, avant de lancer du tac au tac, « Il n'y aura pas de mariage si tu n'es pas là. Les yeux s'incrustent dans les siens. Ni fiançailles. Ni Nyss, ni toi ne supporteriez son absence. Essaie de ne pas te faire abîmer ou de te faire tuer, d'ici là. », sous l'apparente froideur, la plaisante indifférence de tes mots se cachent une hantise affichée, loin d'être dissimulée. Et les portes claquent sur votre passage alors que les dalles polies roulent sous vos pieds. Et au fond, l'ironie te va bien alors que sur ta joue, la balafre s'étale, t'érafle, symbole de tous les risques que tu prends, apprends. Encore brûlante, à peine refermée, tu la comptes parmi les blessures, les usures qui te permettent encore de serrer Gwen dans tes bras, de sentir le corps chaud de Nyss sous les draps. « Je vais bien. » Et tes yeux observent ceux de Draco, perdus sur la marque qui a été faite, il y a des années, rompue depuis bien longtemps, tellement longtemps. Il y a soudainement l'envie au bout de tes doigts de frotter sur la marque, de la faire disparaître. Astoria ne l'a jamais mérité. Cette petite princesse capricieuse n'a même pas été foutue de garder les cuisses bien fermées. Tu as toujours voulu mieux, plus pour lui. Pendant un court instant, un court moment, tu as espéré que cette mère de pacotille, cette inutile futile soit bel et bien morte & enterrée. Un soucis en moins, au moins.
Et puis, il y a eu Susanna & l'espoir. Tu entends encore le rire de Sue, les cheveux d'ébènes tressautant & les lèvres disparaissant dans un sourire timide. Il y a toujours eu de l'amitié entre vous, de la compréhension & une absence totale d'hésitation. Elle aussi, elle a connu l'abandon. Elle aussi, elle a trop souffert, tellement souffert. Touché, coulé. Tout s'est effondré dans un soupir, dans un pauvre sourire. Et Draco n'a connu que l'indécence des cœurs profiteurs, voleurs, les peaux brûlantes sous les doigts & les plaisirs sans désir, sans foi, ni loi. « Qu’est-ce que ça fait ? » , tu penches la tête en douceur, chassant les dépits, les rancœurs. « De choisir, je veux dire. ». Un rire éclot, discret & léger, sûrement un peu gêné. Tu n'es pas vraiment habitué à parler de sentiments, de passions. Pour toi, tout n'a été que raisons, que successions de choix bien calculés, bien dirigés. Tu n'as pas pour habitude des folies, de braver les interdits. L'amour n'a longtemps été qu'une faiblesse à bannir, à ternir. Il fallait se glacer, ne jamais se fissurer. « Je n'ai pas vraiment choisi. ». C'est juste arrivé dans l'enlacement de vos baisers, dans les guerres de corps & de cœurs, de désamours & d'amours. . La bombe est tombée, & tu ne veux plus vraiment, plus tellement te relever, assassiné sous les gestes & ses millions de caresses.
« C'est juste Nyssandra. ». Et il y a plus, dans le fond de tes yeux bleus, dans l'âme bordé & crevassé d'amour. Il y a des myriades de souvenirs, de rires & de batailles qui se déposent en entailles sur tout ton corps, sur tous tes tords. « Elle reste la même. » Attachiante, peste adorable & coupable dans les yeux fauves, prête au meilleur & au pire. « Et je suis le même. ». Prince des glaces tiré à quatre épingles, prêt à la jeter dans la Tamise pour simple vengeance. Il n'y a que les guerres éternelles, sensuelles qui s'agrippent à vos phalanges. Il n'y a que l'amour qui vous pulvérise & vous brise. « Mais comparé au temps où j'étais destiné à Pansy, les traits se tirent & s'étirent, tu t'empêches de lui demander si elle aussi, il l'a sauté, je suppose que j'ai choisi ma souffrance. ». Et un sourire explose, s'appose sur tes lèvres, faisant apparaître des fossettes, des éclats de tendresses au yeux d'une mer calme, couleur caraïbes. « Et aussi ma délivrance. ». Il n'y après tout que dans ses bras, dans la pénombre de la chambre, dans son souffle que tu construis, bâtis un empire. « Je pense juste que je l'aime. Un rougissement dans le murmure bas. Il est toujours un peu compliqué de t'autoriser à parler de ce qui s'agite, crépite sous ta peau. Même si tu resteras, bien entendu, l'amour de ma vie. ». Tu ébouriffes les cheveux, éclipsant les malaises & tes faiblesses dans le fond de ton ventre, au chaud dans les silences qui n'appartiennent qu'à toi. « Pourquoi ces questions ? Tu as quelqu'un ? ». Par quelqu'un, tu veux bien entendu parler d'une sorcière estimable par sa personnalité & non, par son décolleté. « Et par merlin, ne me dis pas que tu es attiré par Rowle. Susanna mérite mieux que de passer après ça. Un silence. Tu t'es au moins réconcilier avec elle ? ». Le regard se fait incisif, critique ; si pour une fois, vous pouviez arrêter de jouer aux imbéciles pour suivre vos cœurs bien docilement. Ce n'est pas comme si toi, tu avais mis des années pour avouer.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
can be found even in the darkest of times 26 OCTOBRE 2002 & DRAMIS « Ou alors ils sont jaloux de la femme superbe que j'épouse. » « Fort probable », acquiesce-t-il en laissant s’étirer ses commissures, sourire moqueur à l’adresse d’une femme banale ne pouvant en rien rivaliser avec celle mentionnée. Aramis et lui, lui et Aramis ; deux enveloppes distinctes, deux noms liés, des caractères bien marqués mais trait irrémédiablement commun – l’égo monstre des enfants gâtés. De ceux à qui on a tout donné (et de qui on exige beaucoup), de ceux que la vie a gâtés (et abusés). Aramis baigne dans l’autosatisfaction, certain de sa veine et de celle qu’il a choisi pour partager avec lui les années à venir ; à côté, celles qui se pâmaient devant lui sont en deuils et il n’en a cure. Draco envie presque cette assurance décontractée, cette satisfaction totale quant à l’avenir qu’il se dessine. Et tandis qu’ils grimpent les marches de la Banque sorcière, Draco oublie jusqu’à l’existence de ce qui n’est pas eux – de ce qui est de moindre valeur, monde en-dessous du leur. « Et tu comptais me le dire quand ? » Il grimace légèrement. Mauvaise foi. « Je le fais maintenant ? » Conscient que cette réponse ne le satisferait en rien si les positions étaient inversées. « Le timing n’était pas idéal. » Vraiment pas. Il aurait été incapable de lui faire face, ceci sans mentionner certains menus détails comme son incapacité à tenir debout. A vrai dire, il préférait encore ne pas repenser au fait qu’il n’aurait eu aucune solution, aucune issue s’il n’avait été lié à demi-vélane douée de capacités de soigneuse. Une vie à sacrifier, un corps à briser sous le poids de la douleur et de la malédiction dont il se défaisait à ses dépens. « Fais-moi le plaisir de rester en vie, s'il te plait. » « Au moins jusqu’au mariage. Deal ? » offre-t-il d’un ton dégagé qui n’est que taquinerie puérile, visant à agacer son cousin. Mais il acquiesce, et sous son rictus d’emmerdeur son regard est sérieux, signifie qu’il luttera pour si Aramis peut lui assurer que la réciproque sera tout aussi vraie. Il rechigne à poser la question qui lui vient automatiquement ensuite. Honteux. Comment va Nyssandra ? Privée de voix, de ce qu’il sait. Il se dégoûte, il s’en veut d’être resté immobile et inapte à la secourir mais – pas le choix pas le choix pas le choix – le laïus se répète incessamment et il s’y accroche, encore, toujours. Et le brun, inconscient de ses torts, lui offre un alibi. Il fronce les sourcils, mesure l’offre. Son père était absent au moment des faits, incapable de lui faire une telle proposition. A vrai dire, c’est la seule option, une occasion inespérée. « Tu serais prêt à témoigner ? » Il connait la réponse avant même de l’entendre. Sait que d’un coup, tout est possible, parce que seuls les accusés sont soumis au Véritasérum. « On inventera une jolie histoire. » Et juste comme ça, l’horizon se dégage. Il ne devrait pas y avoir trop d’acharnement – le gouvernement ne peut décemment pas creuser trop en profondeur, pas alors qu’il y a tant à cacher. Il rit jaune, Draco. « Une belle histoire, ce dont l’Elite aime se bercer en temps de guerre. » Pour prétendre que rien ne va mal. « Ce serait l’idéal. » Cependant, il soupire, secoue légèrement la tête. « Worst timing ever, really », réitère-t-il en secouant la tête, agacé. « Nyssandra et toi êtes sans doute bien assez occupés par les préparatifs, mais si tu penses pouvoir te ménager du temps, il y aura sans doute une mise au point à faire une fois que j’aurai contacté un Sorcier à la Défense. Sûrement quelqu’un du cabinet NOTT & MULCIBER. » Ils sont les plus réputés et, bien que son froid respect à l’égard de Nott Sr. cache en vérité un profond dégoût pour ce sorcier plus bourreau que père, Theodore semble tout à fait confiant en les capacités de sa cousine Margaret. « Tu m’ôtes un poids », avoue-t-il en tout cas, avant de procéder à des remerciements typiques de lui – « S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire en retour, fais-le moi savoir. Vraiment. » Et l’insistance, encore, pour marquer la solennité de la demande. Ce n’est pas réduire un service à l’état de dette ; c’est affirmer qu’il serait prêt à en faire autant pour Aramis si une difficulté se présentait. Ils badinent, ensuite. Abordent un sujet qui semble plus léger, sans l’être tout à fait. L’engagement, c’est une étape importante, capitale même, et la curiosité de Draco n’est pas tout à fait gratuite. Et juste comme ça, ils ne sont plus deux jeunes mangemorts laminés par la guerre, mais redeviennent deux jeunes hommes dont les soucis sont ceux du quotidien et des jours à venir. Un fiancé et son témoin. « Je n'ai pas vraiment choisi. C'est juste Nyssandra. » En temps normal, il aurait rétorqué que ça ne voulait rien dire. Mais là – il croit comprendre. Discerner l’évidence et son intensité, à même de terrasser les moindres doutes. « Je pense juste que je l'aime. » Il secoue la tête, de nouveau. Cette fois, c’est un mélange d’incrédulité et une euphorie mesurée, qui ne se manifeste qu’au travers de la chaleur de son regard. « C’était une sacrée surprise. Vous auriez pu me laisser le temps de m’en remettre. » Plaisanterie, encore, toujours ; le ton est léger, et il y a un fond de vérité, pour exprimer l’inattendu de cette relation découverte par le plus grand des hasards – au détour d’un délire provoqué par la douleur, le sang et les potions de soin. A croire que chaque instant important de leur vie doit être cimenté par ça : le risque de tout perdre suivi d’un sursaut d’énergie, d’une envie de tout faire, de tout voir, pour éloigner les serres glacées de la Mort qui étend lentement son manteau sur l’Angleterre sorcière. « tu resteras, bien entendu, l'amour de ma vie. » Draco plisse les yeux, mimant une mine dubitative. « C’est ça. En attendant, c’est à une autre que tu passeras la bague au doigt. » Et il lève le nez tel un prince prétentieux, bafoué, bien qu’il n’en pense pas un traître mot. C’est l’une de ces vieilles boutades qu’ils ne partagent qu’entre eux et jamais, jamais face au grand public ; de ces histoires de familles et soupirs nostalgiques des mères – « si l’un d’eux étaient né femme, quel mariage intéressant ils auraient fait ! » étouffés par les rugissements des patriarches qui se miraient en chiens de faïence – « Sornettes ! Cessez de clamer de telles inepties voulez-vous. » Aramis et Draco en avait longtemps grincé des dents, très soucieux d’affirmer leur indéniable virilité, avant que le temps ne rende la blague cocasse et le lien suffisamment fort pour leur permettre d’en rire plutôt que de s’en vexer. Mais il a le don de pointer du doigt les sujets clés, cash. « Pourquoi ces questions ? Tu as quelqu'un ? » Tandis qu’ils prennent leur tour en fin d’une file d’attente, dépassant sans gêne quelque client sans importance au passage, Draco enfonce ses mains dans ses poches en une posture plus décontractée qu’il ne l’est réellement. « J’ai l’air maqué ? » Aux dernières nouvelles, il est libre comme l’air. C’est vrai, dans une certaine mesure seulement – il est plus célibataire qu’il ne l’a jamais été ces derniers mois. Physiquement. Mais côté cœur (que ça sonne stupide) il en est autrement. Peut-être. « Et par merlin, ne me dis pas que tu es attiré par Rowle. Susanna mérite mieux que de passer après ça. Un silence. Tu t'es au moins réconcilier avec elle ? » « Rowle ? Non », grimace-t-il, et sa lèvre supérieure se plisse en une moue insatisfaite. Leur tour arrive et Draco s’interrompt le temps qu’ils s’adresse aux gobelins – Aramis d’abord, puis lui ; « 137 gallions et 13 mornilles. » La somme requise est glissée dans une bourse, pièces sonnantes et trébuchantes qu’il range ensuite dans la poche de sa robe de sorcier, tandis qu’ils s’extirpent du lieu bondé de monde. « J’ai essayé » – il se passe de commenter la nature de l’essai, sait pertinemment qu’Aramis désapprouverait sinon la trêve, au moins le bref instant de plaisir non-réciproque volé au terme d’une journée de travail. « Elle n’est pas de celles qu’on épouse. Bien trop… familière avec plusieurs de mes contacts masculins. Y compris de proches amis ou ennemis. » C’est sobre, mais significatif. Draco ne s’imagine pas se présenter à une réception avec la certitude que la moitié des sorciers présents ont eu l’occasion de goûter sa fiancée avant lui ; c’est beaucoup trop à encaisser pour son égo, considérant le fait que les dits hommes sont trop présents dans son existence pour ne pas le narguer du regard ou de leurs mots, à la moindre occasion. A présent qu’ils sont de retour dans la rue, Draco lève sa baguette pour faire appel à une calèche, en vue de la trotte qui les sépare de la première boutique à visiter. « J’peux vous conduire que’qu' part, Messieurs ? » Offre le conducteur en retirant respectueusement son chapeau pointu. Un instant plus tard, la destination énoncée, ils sont à l’intérieur, à l’abri des oreilles curieuses. « Je compte mettre au plus tôt un terme à cette mascarade. Merlin seul sait ce qui a bien pu passer par la tête de mon père lorsqu’il a contracté une telle alliance. » Il étend les jambes devant lui et les croise aux chevilles, tournant autour du pot, cherchant surtout comment répondre aux questions d’Aramis. « Pour ce qui est de Susanne, c’est un peu tôt pour le dire », tempère-t-il, conscient de la fragilité des liens recréés avec Susanna ; « mais je crois bien que c’est en bonne voie. » Il le pense, en tout cas, en dépit du voile d’inquiétude que recèle l’aveu. Draco se racle la gorge, discrètement, mal à l’aise. « Je sais que vous êtes proches et que je ne me suis pas toujours comporté comme je l’aurais dû, vis-à-vis d’elle. » Il y a là une touche d’humilité qui ne lui ressemble guère ; de l’amant délaissé, éconduit, furieux et persuadé de n’avoir aucun tort, il passe enfin au statut du jeune homme apte à revenir sur le passé et à reconnaître ses erreurs. A les avouer, même ; effort qu’il se force trop peu souvent à effectuer. « Lazarus, bien sûr, est très semblable à mon père et pense avant tout aux avantages. Il n’a jamais cessé d’insister pour que je demande officiellement la main de sa fille. Sans savoir que je m’y suis déjà essayé. » Il toussote dans son poing clos, orgueil, orgueil, orgueil. Sujet encore sensible que cette proposition rejetée ; Aramis en a eu vent parce que dans l’une de ses crises de colères alcoolisées, Draco avait eu l’occasion de cracher d’un ton venimeux que cette garce avait osé lui opposer un refus. Mais le blond n’en a parlé à personne d’autre et Susanna s’est faite très discrète sur le sujet, avare de commentaires même (ou surtout) face aux questions des journalistes avides de ragots. Ceci dit, si le père Melville avait été au fait de l’ensemble de l’affaire, il aurait sans doute été capable de placer sa fille sous Imperium pour l’obliger à revenir sur son refus. « Tu fais partie des rares qui se soucient réellement d’elle et je comprendrais que tu puisses être… réticent à me voir l’approcher de nouveau. » Les chaos de la route ne constituent pas une source de distraction suffisante. La nervosité déferle en Draco, brûlante et dérangeante, et il pianote sur bout des doigts sur la surface de sa jambe réparée, soignée. Réflexe. « Mais j’ai eu le temps de réfléchir, pendant notre séparation. De m’apercevoir que je pouvais – me projeter. » Légère hésitation durant sa quête du mot approprié. C’est étrange, de se livrer ainsi. Il aimerait être aussi inébranlable qu’Aramis dans ces certitudes, mais il reste tant de décombres à déblayer que l’enthousiasme qui bout en lui est tempéré par sa part rationnel : la conscience de n’être pas encore pardonné et d’avoir un long chemin à parcourir pour prouver sa bonne foi à Susanna. « Je peux imaginer un futur avec elle. Je peine à imaginer un avenir sans elle. » C’est étrange à avouer, cette… dépendance, ce besoin de l’autre. Déplaisant et étrangement agréable à la fois. - Spoiler:
pardon pour ce retard monstrueux, j'ai honte, j'm'étais oubliée
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| m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi Regarder le soleil qui s'en va Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous Te dire que les méchants c'est pas nous
De mauvaise foi en effroi, il lâche, sec et certain, presque assassin ; « Je le fais maintenant ? » . Maintenant, c'est déjà trop tard. L’œillade claire se fait plus cruel, plus personnel. Il y a un grondement, un grognement qui s'échoue entre tes lèvres fermées, pincées. Il y a la frustration de ses gamins capricieux, impérieux, tempétueux. On ne t'a jamais dit non, on t'a toujours donné Merlin sans confession. Et tu es toujours sûr d'avoir raison. « Le timing n’était pas idéal. La langue claque. Tu as toujours le temps pour lui. Tu trouves toujours le moment pour l'aider, le garder, le sauvegarder. Oh vraiment ? J'en ai foutrement rien à foutre du timing. Derrière la brutalité de ta voix, il y a la colère familière qui danse sur le bout de tes doigts, sans foi, ni loi. Il y a les promesses nouées, pressées à ton cœur. Cousins ou frères, au final, il n'y a pas de réelles différences. Au final, il n'y a que les branches qui se touchent & se croisent. Il n'y a que la certitude que vous venez du même tronc & que vous allez dans la même direction. Fais-moi le plaisir de rester en vie, s'il te plait. Au moins jusqu’au mariage. Deal ? » . Tu soupires, dissimulant un sourire amusé. Il a toujours été très facile (peut-être trop) de te tirer des rictus, des moues touchées, des sourires tremblotants et pourtant si puissants. Tu n'as jamais vraiment su leur cacher qui tu es vraiment.
« Deal », croques-tu avec humour, avec plaisir. Les délices de vos enfances, de vos innocences (condamnées ) courent encore. Et dans les silences, tu promets encore. Tu restes en vie pour eux. Tu restes en vie pour les protéger, les sauvegarder. Il demande naturellement, presque naïvement si « Tu serais prêt à témoigner ? » . Et tu hoches la tête. Mentir n'est pas dans tes habitudes. Mentir n'est pas ta façon de fonctionner, de t'exprimer. Mais c'est lui qui est en jeu, c'est ta famille qui est sur le fil. Et sans hésiter, sans douter, tu envoie ta moral en enfer pour eux. Tu envoies en l'air les morceaux d’honnêteté qu'il te reste. Il vaut mieux toi que eux, n'est-ce pas ? Il vaut mieux se sacrifier plutôt que le condamner. Il vaut mieux se tuer plutôt que de les voir crever.
« Une belle histoire, ce dont l’Elite aime se bercer en temps de guerre. » . Un rictus méprisant s'écrase contre tes lèvres. Tu as horreur de cette Elite qui n'en porte que le nom. La puissance des purs ne devrait pas à se complaire dans des badinages de couloirs, dans des sordides racontars. Elle devrait se soucier de politique, d'avenir, de survivre & tout se perd en fêtes décadentes, impuissantes. Parfois, tu admires Nyss d'évoluer si sereinement dans ces milieux. Tu admires les secrets qu'elle sait tisser, les réputations qu'elle anéantit, détruit dans un sourire, dans un rire. « Ce serait l’idéal. » , oui, ce serait l'idéal et au fond de ton ventre, la décision est déjà prise. «Worst timing ever, really » , tu sens son agacement dans sa tête qui bouge, mécontent. Tu hausses les épaules. « Les trucs moches, ça arrive. ». Souvent. Trop souvent lorsqu'on est lui ou toi. « Nyssandra et toi êtes sans doute bien assez occupés par les préparatifs, mais si tu penses pouvoir te ménager du temps, il y aura sans doute une mise au point à faire une fois que j’aurai contacté un Sorcier à la Défense. Sûrement quelqu’un du cabinet NOTT & MULCIBER. » . Occupés ? Un peu. Surtout elle, en vérité. Tu la vois feuilleter les magasines de mariage, comparer les gâteaux, contacter, râler contre certains. Et tu souris, perpétuellement amusé, charmé par ta fiancée. « J'ai toujours le temps pour toi. Et Nyss, aussi. ». Draco & Scorpius sont la famille qu'elle s'est choisie, qu'elle n'a jamais trahie. Sans doute, sera-t-elle d'accord avec toi. « Tu m’ôtes un poids », Un grognement, tu lèves les yeux au ciel. Vraiment ? Pas besoin de fouetter Salazar pour si peu. « S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire en retour, fais-le moi savoir. Vraiment. ». Les mots te brûlent les lèvres sans trouver le chemin de ta gorge ; Reste en vie. Tu as toujours cette peur vorace de le perdre, tu as toujours cette horreur accroché au cœur de le voir faillir, défaillir. Alors tes yeux le cherchent, le trouvent et hurlent ; Reste en vie. Craché, volé, tu veux juste qu'il survive, tu veux juste qu'il vive.
Les mains dans les poches, tu laisses la légèreté vous apprivoiser, vous captiver. La chaleur de ses pupilles d'un gris-bleu semble briller d'un nouvel éclat, d'un nouveau combat ; « C’était une sacrée surprise. Vous auriez pu me laisser le temps de m’en remettre. » . Un sourire ravageur s'étire, attirant tes yeux dans des éclats de joie. « Tu as eu le temps de t'en remettre en piochant dans mes affaires. ». Tu te souviens avoir froncé le nez en voyant que certains de tes vêtements ont disparus. Puis tu as très vite saisi, compris qui était le chapardeur, le voleur. « Tu les aimes bien ? Nyss aimait beaucoup la chemise que tu as pris. », la moquerie est douce-amère, chaleureuse, heureuse. Et le désir court, bête sombre. Tu revois Nyss sourire dans la chemise trop grande pour elle, tombant sur ses jambes fines, fragiles. Tellement belle, tellement cruelle alors qu'elle se défile dans un rire, dans un sourire. Elle est à toi, juste à toi.
« C’est ça. En attendant, c’est à une autre que tu passeras la bague au doigt. » . Un sourire creuse tes fossettes, timide & sensible. Draco joue & les souvenirs s'emmêlent, plus cruels, moins artificiels. Le port de prince courroucé le fait lever le nez, faussement blessé. « Tu veux qu'on te fasse une place dans nos draps ? », l'humour est mordant, attirant. « Nyssandra sera enchantée. ». Cette fois-ci, tu en doutes. Et même toi, tu ne veux de personne d'autre qu'elle & toi, dans les draps, à murmurer des douces vérités, à s'enlacer jusqu'à s'en damner, jusqu'aux premières heures du matin. Les mains dans les poches, tu souris doucement, lentement, heureux d'avoir fait le malheur de vos mères. Tu ne lui as pourtant jamais dit que tu pouvais aussi embraser la peau des hommes, d'un homme en particulier. Tu ne lui as jamais dit pour ne pas le faire fuir, tout est muselé, secret. Et il y a déjà bien assez de rumeurs qui déchirent la fureur du MSN sur un Dramis qui te hérisse le poil. Tu revois les dessins, les montages et le dégoût qui s'égare sur ta peau. Les groupies ont de bien étranges lubies. « Plus sérieusement, tu es surpris pour Nyss & moi ? », murmures-tu, un peu curieux, suspicieux. Certains vous pensent mal assortis, tu as tendance à dire que c'est de la jalousie. D'autres soufflent que ça menaçait depuis des années. Et tu sais, au fond, qu'ici se cache la vérité. Il y avait les tensions pour vous ronger, vous ravager. Il y avait les mots durs, blessants pour ne pas avouer ce qui dort sur les coeurs. Et tu n'as cessé de la chercher, de la blesser pour ne pas la perdre. Maladroit, tu as cherché ses douleurs en cultivant les horreurs pour ne pas avouer que tu avais peur. Peur, peur, peur. De la perdre comme avec Ianinutile. De la voir s'évader dans d'autres bras, dans d'autres draps en signant toute ton impuissance. Peur de ne pas être assez. Peur de ne pas être un peu aimé.
« J’ai l’air maqué ? » . Il a l'air surtout embarrassé derrière ses airs flegmatiques de fils bien comme il faut, doter de tout ce qu'il faut. L’œil bleu se pose sur lui, acéré. Tu as toujours été soupçonneux, étonnamment suspicieux sur les fréquentations de tes proches. Critique, tu lamines les indésirables, les irrécupérables, balayant les futiles & les inutiles d'un geste sec, d'une remarque acide. Aucune n'a jamais trouvé grâce à tes yeux. Toujours pas assez si & puis trop ça. Tu connais la valse des femmes qui tentent de le séduire. Tu connais si bien les élans de convoitise qui ne sont que des traîtrises sous les doigts de celles qui veulent avoir le nom Malfoy collé à leur nom. Tu sais comme elles vous chassent, traquent. « Avec la prochaine blondasse qui te fera trop boire, ouai. », murmures-tu, incisif & décisif. Le visage se tire dans une critique que tu as si souvent, trop souvent sorti. Tu as horreur des vices qui plombent les ailes & la pureté telle la luxure ou la boisson. Tradition s'amourache de ton coeur. Tradition que tu veux voir perdurer. Mais tu réalises un peu soudainement, un peu brutalement que tu peux blesser, parfois. Alors tu enfonces tes mains dans tes poches, les yeux rivés vers la foule qui se déroule à vos côtés. « Désolé. », ce n'est qu'un souffle, c'est déjà trop en connaissant ta proportion à ne jamais t'excuser, t'incliner. « Mais je tiens à souligner que ce n'est que la vérité. ». Tu as promis à Nyss de faire des efforts, de ne pas tout le temps mordre. Visiblement, ce n'est pas gagné.
Et puis sa « fiancée » arrive sur la table comme un dragée goût crotte de nez. Un frisson d'horreur s'arrache à ta peau. Quel idée a frappé Lucius quand il lui a donné ça à épouser ? « Rowle ? Non » . Il t'arrache presque un soupir de soulagement. Vous vous stoppez devant les gobelins, récupérant religieusement l'argent qui vous est dû. « J’ai essayé » . Tu réalises que tu ne veux absolument pas savoir comment il a essayé. Les sourcils se froncent, se froissent. « Elle n’est pas de celles qu’on épouse. Bien trop… familière avec plusieurs de mes contacts masculins. Y compris de proches amis ou ennemis. » Autrement dit, Rowle n'est absolument pas frileuse & a, au contraire, la cuisse légère, la peau incendiaire. L'air frais te fait grimacer & tu laisses ton partenaire de crime appeler la calèche. Tu lances un regard au pauvre diable qui conduit le transport. Trop maigre, ses yeux sont vitreux collés d'une misère assassine, maligne. Il lève son chapeau, tu lui offres un oui de la tête. Et bientôt, la calèche s'agite. . «Je compte mettre au plus tôt un terme à cette mascarade. Merlin seul sait ce qui a bien pu passer par la tête de mon père lorsqu’il a contracté une telle alliance. » . Tu as bien une idée mais pas sûr que cela lui plaise vraiment. « Je crois qu'il voulait combler les apparences. ». Pour rattraper ses imprudences & ses folies nocturnes. « Seulement, il aurait pu mieux choisir. ». Il mérite mieux que la première catin d'Angleterre, très certainement.
« Pour ce qui est de Susanna, c’est un peu tôt pour le dire », tu le scrutes attentivement, observant les traits de Draco. Tu tends, plaçant tes coudes sur tes genoux pour soutenir ta tête entre tes mains. « mais je crois bien que c’est en bonne voie. » . Tu grognes, satisfait. Il était temps. Il était vraiment temps. Susanna s'est depuis longtemps recluse, un mal inconnu s'accrochant à sa poitrine, un mal que tu n'arrives pas vraiment à déceler. « Je sais que vous êtes proches et que je ne me suis pas toujours comporté comme je l’aurais dû, vis-à-vis d’elle. » . Proche est un euphémisme. Susanna est quasi une sœur, une amie fidèle qui de sa douceur, dessine les courbes de ton coeur. On vous a longtemps dessinés amants. Et tu as souris, amusé. Se taper Melville reviendrait à se taper Gwen. Autant dire allier le sordide & le ridicule dans la même équation. Mais tu saisis, décris la sincérité touchante qui enlace ton cousin. Aussi égoïste l'un que l'autre, vous savez que reconnaître vos tords est complexe, définitivement trop complexe. De ses princes trop gâtés, vous avez conquis la facilité ( et la bêtise ) de croire que vos actes étaient des vérités. Lui & toi n'êtes pas fait pour avoir tord, pour se tromper. On ne vous l'a pas autorisé.
« Lazarus, bien sûr, est très semblable à mon père et pense avant tout aux avantages. Il n’a jamais cessé d’insister pour que je demande officiellement la main de sa fille. Sans savoir que je m’y suis déjà essayé. » . Et Draco s'y est malencontreusement cassé les dents. Il tousse dans sa main, tu perçois la gêne, les malaises qui le flagellent. Encore & toujours, il est mal, désolé que ce se soit passé ainsi. « Tu n'y peux rien, le rassures-tu lentement, doucement. Elle n'est pas vraiment de celle qu'on épouse. ». Un trait d'humour qui vise autant à le détendre qu'à lui faire entendre que ce n'est pas vraiment de sa faute. Repliée, habitée par une douceur, une fraîcheur qui n'appartient qu'à elle, Susanna se perd plus sûrement dans ses plantes que dans les intrigues de cour. Elle s'amourache, d'un geste, pour les feuilles grasses d'une plante empoisonnée. Difficile à enchaîner, elle n'a dans le ventre que le souhait d'une vie apaisée, bien rangée. « Tu fais partie des rares qui se soucient réellement d’elle et je comprendrais que tu puisses être… réticent à me voir l’approcher de nouveau. » . Encore un euphémisme. Par delà tes cils, tu poses un regard glacé sur le blond. Il sait que tu as mal réagi lors de sa colère. Tu te souviens lui avoir craché qu'il l'a bien mérité, blessé de voir ainsi ta vieille amie ainsi traitée. « Mais j’ai eu le temps de réfléchir, pendant notre séparation. De m’apercevoir que je pouvais – me projeter. » . Et tu sais que derrière la nervosité des doigts qui s'agitent, il y a une joie vite étouffée, une part cruel qui lui dit que ce n'est pas fait pour lui. Tu sais qu'il a des ravages, des naufrages qui creusent des orages sans fin dans sa poitrine. Alors tu restes silencieux, tu restes digne & froid, en te redressant & en te calant sur ton siège, tel une statue de givre. « Je peux imaginer un futur avec elle. Je peine à imaginer un avenir sans elle. » . Touché, coulé. Au fond, c'est exactement ce que tu attendais. « Tu en auras mis du temps à le réaliser. ».
Mieux vaut tard que jamais. Et le carrosse sautille sur les pavés irréguliers, faisant cogner vos genoux. Et il y a dans tes yeux, une joie difficilement contenu, retenu. Le sourire se fait plus large, plus ravageur, tapageur aussi. « Je pense que tu es le meilleur choix pour elle. Elle ne t'a pas dit oui pour te tester, voir si tu étais vraiment entiché d'elle. ». La peur greffée au coeur, Susanna connaît les affres de l'abandon, des pères qui ne sont connus qu'en point de suspension & peut-être, redoute-t-elle aussi de devoir s'enfoncer dans une répétition du mariage de sa mère. Peut-être craint-elle de ne jamais être aimé à sa juste valeur. « Et je te soutiens pour la reconquérir. », tu caches le sourire qui vient de naître dans ta main, sincèrement heureux.
Et puis les yeux se ferment & tu sens le monde tanguer, vaciller. Les tremblements de calèche s'atténuent, le monde se dilue, formant d'autres formes, d'autres couleurs. Un rire sonne, claironne, son visage est si beau, ses cheveux sèment d'autres batailles. Elle soigne une entaille. « J'ai eu peur pour toi … ». Pour qui ? Susanna te semble si loin, si flou. Les mots sortent de ta bouche & tu ne peux pas les comprendre, les apprendre. « Il en reste une. Laisse-moi te soigner. Un autre rire, tu es heureux. Un baiser pour chaque plaie ? C'est une excellente idée. ». Et elle se tend, s'approchant en douceur, en lenteur pour te donner un baiser. Et Susanna se trouble, le décor se floute.
Respiration sifflante, puissante. Une nausée s'écrase contre ta langue, te donnant des envies de mourir, de vomir. Et tu griffes le siège, en tentant de te calmer, de t'apaiser. « Est-ce qu- Une toux sèche, aride se précipite dans ta bouche. Est-ce que Susanna t'a un jour soigné ? ». Et il y a comme une ombre qui passe dans tes yeux. Il y a comme le début d'un aveu.
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