La forêt ! Enfin, aurais-tu envie de dire. Cela ne vaudra pas les lacs écossais mais c'est déjà mille fois mieux que de rester enfermé dans le QG. Loin des regards, tu t'étires un peu, essayant de t'habituer à ton corps d'emprunt. Une fois de plus, tu sors sous le couvert du polynectar. Cette précaution te semble bien futile par instants, étant donné que tu n'es qu'un insurgé lambda bien peu connu. Mais tu sais pertinemment qu'il le faut, parce qu'une capture mettrait en péril la sécurité de tous et cela tu ne peux te le permettre. Tu n'es pas occlumens, on briserait facilement tes défenses mentales et c'est pour cela qu'il faut que tu penses à te protéger un minimum. Mais pourquoi toujours emprunter le corps d'asiatiques ? Peut-être parce que cela te rapproche un peu plus de ta petite sœur, disparue tu ne sais où. Aussitôt, tu te mords la lèvre. Iseul. Tu n'as plus de nouvelles d'elle. Tu ne sais pas ce qu'elle est devenue ces derniers mois. Mais il ne faut pas que tu laisses tes pensées dériver vers elle. Si tu es ici, c'est pour te changer les idées et non pas pour te faire à nouveau du mouron pour les tiens. Il était grand temps que tu t'accordes enfin un peu de temps pour souffler. Et Teine est bien loin de s'en plaindre. Sitôt arrivés, il est parti en courant dans la forêt. Il va aller chasser tu-ne-sais-quoi encore. C'est toujours ainsi lorsqu'il se retrouve dans son milieu naturel.
Maintenant que ton compagnon à quatre pattes s'est sauvé, ton regard vient se poser sur la femme qui t'accompagne. Tu n'es pas venu pour t'isoler. Pas totalement en tout cas. Tu avais besoin de prendre l'air, mais il faut aussi que tu ramènes des ingrédients pour les potions et ici tu sais que tu trouveras un très grand nombre de plantes. C'est pourquoi tu as proposé à Susan Dillinger de venir avec toi. Tu apprécies sincèrement ton ancienne supérieure. Cela date de l'année que tu as passée à Sainte Mangouste en tant qu'interne, lorsque tu étais dans le même service, mais tu as toujours gardé de très bons souvenirs d'elle. Autant professionnels, c'est une excellente médicomage, que humains. Il n'y a qu'à constater sa position actuelle : elle dirige les pacifistes. Tu ne penses pas en être capable, pour ta part. Mais peut-être est-ce dû au fait que tu n'as que vingt-trois ans. Tu es encore jeune après tout, tu manques encore cruellement d'expérience sur de nombreux plans. Tu secoues un peu la tête, décidant de prendre la parole.
-Nous y voilà. Daeva. Ça fait tellement du bien, de ne plus être confiné entre quatre murs... Je vais pouvoir remplir un peu plus mon carnet à croquis. ajoutes-tu, sur le ton de la plaisanterie.
En fait, tu ne serais pas contre le fait de te poser quelques heures et de redessiner quelques plantes. Mais tout dépendra de la situation, tout en sachant que le polynectar ne fonctionne qu'une petite heure. Un petit détail te titille l'esprit, en t'entendant parler. Peut-être devrais-tu forcer un peu ton accent coréen, cela détonnerait moins que le mélange italien/écossais/coréen qui te caractérise si bien. Surtout avec un corps d'asiatique. Mais pour l'instant, vous êtes seuls et donc tu n'en vois pas l'utilité. Tu t'étires une nouvelle fois, levant les yeux vers la cime des arbres. Une boule de gui trône sur une branche à quatre mètres de hauteur, quasiment juste au-dessus de vous. Cette constatation t'arrache un sourire amusé et tu recules un peu, afin d'échapper à la tradition moldue. Tu as envie de partir en exploration, tu as envie de grimper aux arbres comme lorsque tu étais enfant, lorsque tu étais encore insouciant, que tu n'avais pas d'autre objectif que d'aller à Poudlard. Mais tu es adulte à ce jour. Alors tu te forces à te ressaisir, sortant une plume et un bloc-notes.
-Tu as fait une liste de ce qu'il faudrait trouver ? Personnellement, je pensais me concentrer sur les polygonums, et chercher des chrysopes. Ce n'est pas le bon moment pour les sisymbres... Peut-être aussi des orties et de l'aconit ? On sait jamais. Tu vois autre chose ?
Les chrysopes sont des insectes, mais ce n'est pas très important. Les trois premiers éléments cités entrent dans la composition du polynectar et vous en consommez énormément. Il est donc important de régulièrement refaire des réserves. Attendant sa réponse, tu t'adosses un peu à un arbre. Tu es fatigué et cela se voit, malgré ce sourire qui a réussi à fleurir sur ton visage. Tu es las de tout cela, épuisé aussi. Mais tu tiens bon, tu gardes le sourire. Parce que d'autres ont besoin de croire que les personnes comme toi croient encore en un avenir meilleur. Ce n'est qu'un tout petit mensonge. Il faut sourire, même lorsque le cœur n'y est pas. Susan n'est pas dupe, tu le penses bien. Elle doit bien deviner que tu ne vas plus bien. T'écouterait-elle, si tu venais à lui dévoiler tes pensées ? Comprendrait-elle ? Cela, tu ne saurais dire encore...
Oui, la forêt. Entre ses feuilles étiolées et ses fleurs fanées, elle vous offre un spectacle de couleurs flamboyantes. Face à vous, les arbres enchantés courbent leur échine, s’inclinent. C’est un lieu comme nulle part ailleurs. Son feuillage argenté caresse l’aube de tes pupilles. Son reflet brille, scintille dans un ballet comme on n’en voit jamais. Rien ne pourrait t’arracher ce sourire qui adoucit tes traits. Il n’est pourtant pas à toi. Comme à chaque fois, ton apparence est un leurre presque parfait qui te protège des Mangemorts. Complices du Polynectar, Ilario et toi goûtez à la liberté sans vous faire voir. Tu peinerais bien à t’en lasser, certaine que le sentiment est partagé. Personne ne mérite de rester enfermer pendant si longtemps. Souvent, et particulièrement maintenant, tu ressens de la tristesse pour ton compagnon du jour. Il y a dix ans, tu étais l’Insouciante, comblée de tous côtés par l’amour de tes parents et de ton amant. Lui aura tout juste eu le temps de savourer. À l’image de sa génération, il aura connu les tensions meurtrières de l’ascension du Magister. Tu lis cette même douleur dans tous leurs regards : celle de l’angoisse, du regret, d’une innocence saccagée trop tôt. Le cœur dans un étau, tu t’attardes sur sa nouvelle silhouette sans piper mot. Trop de non-dits te sautent aux yeux. Le temps s’écoule et submerge les dernières espérances. Pourtant, malgré lui, malgré toi, tu étouffes ta compassion au profit de la raison. La situation était assez difficile ainsi. Lui coller son mal à la gueule relèverait de la cruauté. Tu ne veux rien lui imposer. Alors, pour l’image, tu revêtis ce masque éphémère si légendaire. Quelle que soit ton apparence, il te reste fidèle. Joli cœur, tu arbores ce même sourire trompeur. Jamais il ne t’aura failli. La faute à l’espoir qui ravive les flammes de ton regard. La faute à cette magnifique forme de magie.
La démarche un peu gauche, tu te hâtes à la suite d’Ilario. Tu n’as jamais été très grande, et ces jambes te déstabilisent. Un faucheur serait moins disproportionné ! Avec tes guiboles, tu dégringoles sans cesse en trébuchant sur une branche. Traitresse, penses-tu en lançant un regard noir à une racine trop sournoise. « Nous y voilà. Daeva. Ça fait tellement du bien, de ne plus être confiné entre quatre murs... Je vais pouvoir remplir un peu plus mon carnet à croquis. » Ses mots te soutirent un sourire. Vous comprenez parfaitement ce que l’autre ressent. La pression de vos fonctions est unique. Soigner peut-être magique, mais lorsque les choses se gâtent, la vie vire rapidement à l’horreur. « Ouais… T’imagines pas à quel point j’ai attendu ce moment. Ça doit bien faire deux-trois semaines que je ne suis pas aérer la tête. » Tu humes à plein poumon l’air humide de la forêt. L’ambiance au refuge n’est pas comme celle à Saint-Mangouste. À l’époque, Ilario et toi étiez plus enclins à la plaisanterie. Sans pour autant négliger vos patients, ton équipe se plaisait à travailler dans un environnement décontracté. Jadis déjà, le jeune apprenti s’était montré prometteur. À tes yeux, il était voué à une belle carrière que le Magister a gâchée. Ne se sent-il jamais amer ? Beaucoup le serait. Tu l’es peut-être un peu pour lui. Ce sont ces petits détails qui attise ton courage, minuscules, ridicules, mais sages. « Tu as fait une liste de ce qu'il faudrait trouver ? Personnellement, je pensais me concentrer sur les polygonums, et chercher des chrysopes. Ce n'est pas le bon moment pour les sisymbres... Peut-être aussi des orties et de l'aconit ? On sait jamais. Tu vois autre chose ? » En réponse à ses interrogations, tu scrutes l’horizon avec plus d’attention. La liste se trouve sur un papier chiffonné dans ta poche. Sans un mot, tu la retires et survoles tes notes avec hâte. « Hm, oui, j’avais pensé aux ingrédients pour le Polynectar aussi. Nos stocks se vident tellement vite ces derniers temps… Je pensais aussi au dictame si on en trouve dans le coin, même si j’ai peur que d’autres se soient servis avant nous. » Entre les missions et les sauvetages, les blessés arrivent par flots. Chaque fois, toi ou un autre Médicomage se lamente sur l’état de vos patients. Le dictame ne fait pas de miracle, mais il a le mérite de limiter la casse. « Va pour l’aconit et les orties, du coup. Pour le reste, je vois pas comment on pourrait se les procurer ici… Et on commence à être serré aussi. Sauf si tu trouves un arbre à corne de bicorne quelque part ? » Après un clin d’œil malicieux, tu finis toi aussi par repérer la boule de gui. C’est plus fort que toi, tu te mets à pouffer de rire en douceur puis à juger la plante du regard. Sans crier garde, tu lâches ton sac et tes effets personnels. Les malheureux s’abattent sur le sol dans un fracas douloureux. Téméraire, tu t’agrippes à la cime pour gravir ces quelques mètres. Ta crédibilité s’en est allée. « Tu crois que ça pourrait nous être utile, du gui ? » Demandes-tu sur un ton ravi, suspendue à une branche.
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