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astoria greengrass & draco malfoy
(avec la participation exceptionnelle de simon rosier)

La docile enfant qu’elle fut se transformait en véritable diablesse dans l’antre qu’était le Centuries. Elle ne connaissait pas le lieu, elle eut le cœur brisé en apprenant que le Royals n’était plus qu’un ramassis de désolation, une ruine squattée par des personnes peu recommandables. Enfin, c’est ce qu’on lui avait dit. Astoria avait énormément à réapprendre, beaucoup à rattraper et le plus rapidement possible. Son père n’était pas de nature patiente et il voulait sa cadette retrouve la superbe qu’elle avait, cette docilité qui lui facilitait son emprise sur elle. Une emprise de Wyatt Greengrass n’avait pas tardé à remettre sur sa fragile enfant le matin même de sa libération. Après tout, c’est ce même père qui l’a bourré de drogues et de potions le lendemain de son accouchement pour la montrer tellement pimpante et fraîche qu’on ne la soupçonnerait jamais d’avoir eu un bébé quelques heures, quelques jours auparavant. Malgré les protestations de son corps et de son être, la fleur abimée par les quatre années d’emprisonnement s’est laissée faire. Elle regardait les caméras de façon souriante, mais lasse, les yeux fatigués mais brillants, tentant de placer deux mots sans balbutier devant cette foule qui lui donnait le vertige. Tout avait été trop vite, trop tôt, trop rapide. On l’avait jeté sur le devant de la scène avant qu’elle n’est plus reprendre son souffle, avant qu’elle n’est plus profitée de l’avoir retrouvée lui, sa tête blonde ayant disparu de son champ de vision une fois sa sécurité bien assurée, cette fois-ci. L’adolescente de seize printemps n’était plus ; elle avait maintenant passé une nouvelle décennie, celle des vingt ans, celle où elle était supposée être pleinement libre de ses moindres faits et gestes. Mais ce détail, ce n’était que sur le papier. En action, son père la faisait surveiller à chacun de ses déplacements. Astoria ignorait si c’était pour assurer sa sécurité ou s’il voulait tout simplement veiller à ce qu’elle ne fasse pas une connerie qui entacherait le blason de nouveau brillant et verni de leur famille.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, disait-on. Voilà qui n’avait jamais été aussi vrai qu’en ce moment précis. Le ciel se teintait de sa parure de rose et de bleu, signe que la journée déclinait. Astoria observait avec dépit ce spectacle dont les couleurs la fascinaient ; une nouvelle journée de perdue à rester enfermée dans ce manoir dans lequel elle suffoquait déjà. La demoiselle aux traits crispés n’allait pas bien. Elle ignorait où était sa place ; la solitude la rendait malade et la foule la terrifiait. Cette famille n’était qu’illusoire et elle se repassait en boucle les scènes avec Daphné, notamment celle où elle lui affirme qu’elle ne se souvenait de rien. La cadette ne savait plus si elle faisait confiance à son aînée, si elle pouvait placer des certitudes réelles sur elle. La situation était compliquée et elle n’arrivait pas à dormir, les souvenirs trop vifs la hantant jusque dans son inconscience. Autrefois, elle avait une place qui était sienne ; celle de la seconde, mais celle de la parfaite héritière, la digne fille de son père, manipulable et vive d’esprit. Maintenant, elle ne savait plus. Wyatt semblait croire en la version de Daphné mais Astoria doutait, toujours et encore, ce sentiment lui tordant l’estomac, la gardant éveillée. Mais elle se martelait que cela donnait plus de sens aux actions de Daphné, qu’elle ne l’aurait jamais trahie de la sorte, que c’était une excuse valable. Les lignes entre la vérité et le doute, entre les faits et les illusions semblaient se rétrécir, ne former plus qu’un dans son esprit jusqu’à ce qu’elle en perde complètement la réalité des choses.

Sa famille était à présent réunie et c’est tout ce qui importait.

Alors, la belle gamine avait profité que son père eut le dos tourné, parti pour un rendez-vous d’affaires, pour s’extirper de la demeure familiale. Elle avait réellement besoin de retrouver ses repères, ses amis, son environnement, sa place. Pour l’instant, elle n’était qu’un électron libre virevoltant de droite à gauche ne sachant où se placer. Elle fut mal à l’aise dans les réceptions organisées par ses parents, notamment celle en son honneur. Après tout, chaque évènement de ce genre était une occasion pour la famille Greengrass de se montrer, de faire parler d’eux. Et d’autant plus quand c’était le retour la deuxième fille, le maillon manquant de la chaine familiale. La parfaite opportunité d’étaler le bonheur parental, la joie de l’aînée et le soulagement de la cadette. Alors la jolie plante plongeait la tête dans le sable et acceptait cette réalité utopique en évitant de se poser trop de questions (peine perdue). Un peu paumée, pas mal déboussolée, Astoria avait réussi à trouver son chemin vers ce club dont on lui avait parlé, celui qui était à présent le lieu branché du moment, le Centuries. Les lieux ne lui disaient naturellement rien, les visages s’y amusant non plus. Mais elle, on la reconnaissait. On la pointait du doigt, on s’amusait de son air crédule, de cette moue curieuse et innocente des premiers pas dans cet antre où tout bougeait, où tout se mouvait dans une même hystérie, dans une même frénésie. Quelques heures – ainsi que quelques grammes de poudre ingurgitées – la belle n’avait pas perdu de temps à se trouver compagnons de fortune pour la soirée. On lui murmura que Simon Rosier était le propriétaire des lieux et l’esprit embrumé de la princesse intoxiqué fit vite le rapprochement entre deux personnes avec ce nom ; Daphné – mais il était hors de question de penser à elle maintenant – et Draco. Draco et son cœur s’emballait tandis que ses pensées s’indignaient. Trop de ressentiments, trop de colère, trop de contrariété. Et pourtant, la belle partit à la recherche de ce Rosier, en espérant qu’il obtempère rapidement – la patience n’était pas un trait familial, il faut croire.

« Rosier, mon bon Simon, serai-tu assez galant pour accorder une faveur à la pauvre demoiselle en détresse que je suis ? Appelle Draco. Je ne suis pas sûre d’être capable de rentrer chez moi toute seule dans cet état. » Sans trop savoir comment, Astoria avait réussi à se faufiler jusqu’au bureau du propriétaire, visiblement désabusé qu’elle est pu atterrir jusqu’ici. Elle se tenait à la poignée de la porte pour tenter de rester droite, de rester digne. Après tout, c’est ce qu’elle faisait de mieux. « Et tu as intérêt à te dépêcher, Simon, chantonna-t-elle tout en s’avançant vers le bureau. Sinon, je fais cramer le mur qui m’a l’air coûteux, là-bas, elle eut une pause songeuse. Ou alors, j’inonde tout avec ta grande piscine. » Elle le regardait par-dessus des paupières faussement alourdies d’un alcoolisme avancé même si elle n’était pas ivre. Non, au contraire, elle se sentait bien, apaisée mais aussi fébrile et excitée. La rose piquante avait l’impression que le monde lui ouvrait les bras et qu’elle n’avait qu’à s’y jeter dedans pour y être réconfortée, protégée. Elle enroulait et déroulait une mèche de cheveux autour d’un doigt alors qu’elle s’était penchée sur le bois verni, penchant sa tête sur le côté, telle une enfant s’amusant du sérieux des adultes. « Je suis sûre que je t’ai manqué, pas vrai ? »



Dernière édition par Astoria Greengrass le Sam 30 Mai 2015 - 12:08, édité 1 fois
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5330
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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Why'd You Only Call Me When You're High?



Il avait finalement fait de l’excès son fond de commerce. La débauche des uns et des autres le concernait soudainement beaucoup plus que les affres du commerce international – du reste condamné, grâce à la politique dictatoriale du Magister, qui n’avait jamais eu les intérêts de la populace à cœur. Les riches s’enrichissaient, les pauvres s’appauvrissaient, et il avait démissionné pour se consacrer à des affaires plus lucratives qui, lorsqu’elles ne concernaient pas des ventes aux enchères silencieuses dans lesquelles il trouvait une quiétude suppurant l’opulence, chatouillaient les fantasmes nocturnes. Loin du Ministère, claustré dans un univers flirtant avec l’irréel, il retrouvait enfin un semblant de liberté, mais il ne se fourvoyait pas ; la brûlure insidieuse de la Marque lui rappelait où se trouvait sa place et vers qui allait son allégeance.
Un coude sur la balustrade intérieure, il accordait une attention mesurée à ce qu’il se passait dans la fosse, quelques mètres plus bas. Une fête sempiternelle berçait maintenant son quotidien, ou du moins, lorsqu’il se rendait au Centuries – récemment, il déléguait la gérance à d’autres, se confinait chez lui, s’injectait du vice dans le sang, et se reposait. Il se reposait beaucoup, ces derniers temps ; au point de ne plus être capable de s’extirper de son lit. Et ce soir était l’un de ces soirs où il traînait dans son établissement avec une bouteille de champagne à la main, une clope au coin des lèvres, sans pour autant se mêler à la foule. Il avait trop à penser, trop à faire. Son enthousiasme, déjà minime, était terni par le secret qui le liait à Daphné et à sa mémoire désormais amputée de tout part. Il ne pouvait s’empêcher de songer à cette épée de Damoclès tournoyant au-dessus de sa tête, cette angoisse tenace qui s’était muée en obsession, qui lui attrapait les entrailles en plein milieu de la nuit. Alors prenant le mal à la racine, il avait réarrangé ses propres souvenirs, s’était débarrassé de cette culpabilité étouffante, de la peur, pour ne pas sombrer. À supposer qu’il n’était pas déjà au fond du gouffre. Rosier quitta sa vigie pour regagner son bureau – par extension, l’ultime « Very Important Wizard Room ». Accès interdit au public, aimait-il lire ici et là, quand il passait la sécurité.
Il jeta sa veste sur un divan circulaire en traversant la pièce et, après s’être installé dans son fauteuil, il balança un sachet transparent devant lui, sur un tas de missives encore cachetées qui attendaient d’être lues. Il brisa deux capsules de Navitas sur son bureau et pointa l’embout de sa baguette sur le minuscule monticule pulvérulent pour dégager cinq lignes, sur lesquelles il plongea sans retenue, l’index pressé contre une narine. Et il se serait mis au travail si la porte ne s’était pas ouverte brusquement, lui arrachant un sursaut inattendu.

Les basses tonitruantes s’engouffrèrent en même temps que l’importun, qui referma immédiatement la porte derrière lui. « For fuck’s sake Astoria, » lâcha-t-il dans un marmonnement à peine audible, pris au dépourvu par l’intrusion pour le moins théâtrale de la jeune fille, passablement éméchée. « Comment… » Elle s’était auto-proclamée « demoiselle en détresse ». Il arqua un sourcil. Astoria gloussait, et minaudait, et jouait à l’ingénue pompette, et réclamait son prince charmant, transformant son entrée fracassante en numéro de peste capricieuse. Pourtant, son audience s’était claquemurée dans un silence indifférent et ne lui avait pas adressé l’ébauche d’une œillade, dans l’espoir incertain que son dédain suffirait à la reconduire hors de son antre. Mais non, la princesse, pas peu fière d’avoir renoué avec de vieilles habitudes et de goûter de nouveau aux plaisirs nocturnes, le somma de mander Malfoy. Et elle avait le culot de baragouiner des menaces de chantage. Un ricanement, avorté avant même d’avoir franchi la barrière de ses lèvres, l’agita faiblement : à ce moment-là, il aurait payé cher pour admirer la supposée dextérité de la cadette Greengrass avec une baguette magique. « Je peux aussi te faire mettre dehors, plutôt que déranger Draco, » rétorqua-t-il sèchement en s’affaissant sur le dossier de sa chaise. Il se doutait que sa verve ne lui serait d’aucune utilité face à Asstoria qui, ce soir, avait décidé de rappeler au reste du monde qu’elle pouvait être plus teigneuse qu’un bataillon de belliqueux enragés. Sa patience n’était pas extensible cela dit, et il n’avait pas le temps de la baby-sitter jusqu’à ce qu’elle sombre dans l’inconscience des heureux ivrognes. Ses billes azures roulèrent dans leur orbite, « J’espère pour toi qu’il est chez lui, sinon je te mets vraiment à la rue. » Et joignant le geste à la parole, il se dirigea vers l’âtre (le seul de tout l’établissement, du fait de cette maudite législation concernant le réseau de cheminées) et se pencha en avant, non sans surveiller du coin de l’œil son invitée hilare. Avec l’exaspération qui était la sienne, Rosier préférait recourir à un moyen efficace, nonobstant l’heure. Un bien cruel manque d’imagination. « Astoria a besoin d’un garde du corps pour l’escorter hors de mon foutu club. Hurry the fuck up. » Loquace au possible. Pendant un instant, il comprenait qu’elle cherche à récupérer quatre années de captivité, et il se sentait… désolé. Désolé pour elle. La sensation, fugace, dura un dixième de seconde. Les bras croisés, il écoutait d’une oreille distraite les élucubrations d’Astoria en suppliant intérieurement Merlin et Morgane de le débarrasser de ce parasite. « Tu as vraiment choisi ta nuit pour m'emmerder. » Un début de migraine lui fendait le crâne, et nul doute que la clope qu’il était en train d’allumer allait arranger les choses. « Tiens-toi tranquille aussi. » Tu vas te faire mal et on va m’engueuler.  
Et elle était si certaine qu’elle lui avait manqué. « Franchement, je commence à me poser la question, » qu’il lâcha, le rictus torve. « Et n’exagère pas trop ton numéro. » Il croisait des filles bourrées tous les soirs, et plus Astoria gesticulait, moins elle se montrait convaincante. Oh, elle avait très probablement abandonné ses neurones au vestiaire, mais il n’était pas dupe. Le petit jeu aurait pu l’amuser, dans d’autres circonstances ; elle était inoffensive après tout, encline à jouer, à rattraper le temps perdu. Dommage – il n’était pas d’humeur festive. Armés de restes d’indulgence, il revint sur ses pas et chercha un paquet de cigarettes sous les parchemins qui s’étaient amoncelés sur son bureau.
Quand Draco se montra, Rosier le darda d’un regard sombre, et ne prit pas la peine de lui expliquer la situation. D'un vaste geste du bras, il désigna Astoria, qui clopinait sur ses guiboles, avant de se masser la tempe. « Tu te démerdes, » éructa-t-il en disparaissant par la porte. Il avait vraiment perdu son sens de l'humour.
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Draco Malfoy
Draco Malfoy
‹ inscription : 13/09/2013
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‹ crédits : faust.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; calixe davis w/ audreyana michelle ; uc w/ uc ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook ; jelena kuodzevikiute w/ ariana grande.

‹ âge : 23 yo (05.06.80).
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14294
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
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Spoiler:

‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
http://www.smoking-ruins.com/t4710-draco-there-s-a-hole-in-my-so
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Am I just a shadow you drew ?

Looking back into the past and I can see it through
29 MAI 2002 & Drastoria
 




« Astoria a besoin d’un garde du corps pour l’escorter hors de mon foutu club. » La tension crispa les traits de Draco. Il tiqua, mais répondit avec un temps de retard, et d’une voix plus traînante que de coutume : « Je ne veux pas m’en mêler. Tu n’as qu’à faire signe au Magicobus, si elle ne peut pas rentrer seule. » Mais Simon n’avait visiblement que faire de ses réticences et de ses états d’âme ce soir, puisqu’il écourta l’échange par cheminée sur un « Hurry the fuck up » qui ne laissa pas place à un refus.

Clairement, ce n’était pas ce à quoi il s’était attendu lorsque l’alarme magique indiquant un appel avait retenti. En voyant le visage de Rosier se profiler dans l’âtre, il aurait plus eu tendance à anticiper une invitation à savourer l’un des nouveaux cocktails du Centuries qu’à songer à une mission baby-sitting qui s’avérerait truffée d’écueils… Passant une main frustrée dans ses mèches blondes – trop longues, décidément ; pourquoi ne pensait-il à les couper que lorsque la situation ne s’y prêtait pas ? – il tenta de recontacter le jeune propriétaire du club en vogue du moment pour lui faire savoir de façon définitive qu’il n’était pas question qu’il vienne, mais le concerné avait sans doute anticipé la démarche : l’accès était bloqué. « Bâtard », marmonna le jeune homme en se redressant et en s’époussetant les genoux, avant de trébucher jusqu’au canapé d’où Nott le fixait d’un regard flou, hilare bien que presque comateux. Ce soir, ils avaient été affublés d’une mission proprement écœurante dont ils avaient comme à chaque fois tenté de noyer les traces dans l’Orviétan, et à peine avait-il frôlé l’extase du bout des doigts, avec une demi-dose dans les veines, qu’Asstoria avait fait exploser sa bulle de Dreamer. L’espace d’un instant, le blond se contenta de fixer la surface encombrée de leur table basse, puis il se saisit du petit flacon orné d’un long dard de billywig qu’il y avait abandonné un instant plus tôt. L’extrémité du dard piqua délicatement son épiderme pâle, juste au niveau d’une veine, dans laquelle il injecta le contenu – poudre de Navitas diluée dans quelques gouttes de Potion de Paix. La sensation fut aussi immédiate que puissante : explosion des sens qui l’obligea à fermer les yeux tandis que le monde autour de lui tanguait tel un navire ivre sur une mer aux reflets psychédéliques. L’espace d’un instant il oublia Simon, Astoria, Scorpius au profit d’astres chimériques, il oublia jusqu’à sa propre identité pour simplement ressentir et exister.

Et puis, trop tôt, trop vite, la montée atteignit son paroxysme pour mieux s’atténuer, mirage délayé par la réalité. Désorienté, Malfoy resta un instant avachi dans son fauteil confortable, paupières closes, tandis que les rouages de son esprit brutalement sollicités par le psychotrope freinaient leur course à l’excès avant de se remettre en fonction à un rythme cette fois lent. Il devait… quoi, déjà ? Ah oui : il était attendu. Astra. Avec un soupir, il s’extirpa de son cocon et attrapa une cape qu’il jeta négligemment par-dessus l’une de ses épaules, échevelé mais trop stone pour tout à fait s’en soucier (ou s’en apercevoir). L’ascenseur le propulsa littéralement au rez-de-chaussée et il s’en sentit bêtement extatique, pris aux tripes par la sensation de voler à chacune des brusques embardées de l’appareil. Même lorsqu’il l’eut quitté pour remettre les pieds sur terre, l’illusion ne s’estompa qu’à peine – il lui semblait presque s’enfoncer dans un nuage agréablement cotonneux à chaque pas. Il dut prendre appui sur les dalles scellées et glaciales d’un mur, pour reprendre contact avec la réalité. Là, il parvint finalement à se concentrer sur le Centuries, à le visionner même, pour y transplaner, sans ne serait-ce que penser une seconde au désagrément qu’était la désartibulation (entre consommer ou transplaner, il avait tendance à oublier de choisir depuis quelques temps, à ses risques et périls).  

Les videurs, prévenus, le laissèrent doubler la file qui s’étirait devant la double-porte et pénétrer sans mal dans l’antre des plaisirs qui avait arraché au Royals déchu sa gloire d’antan. L’ambiance du club tranchait de façon choquante avec le calme régnant à l’extérieur, et Draco vacilla lorsque le volume outrageusement élevé fit se répercuter les sons en lui ; il entrouvrit les lèvres, conquis par l’impact répétitif, rythmé, puis secoua la tête pour se reprendre. Astra, donc ; Malfoy se fraya un chemin entre les corps mouvants, longeant les murs pour ne pas se laisser entraîner par leur frénésie. Quelque chose pourfendit le marasme de son engourdissement réjoui – dague d’amertume. Emmerdeuse fit écho au surnom de son ex qui résonnait encore à ses tempes. Il se rappela que c’était une mauvaise idée, appuya son front contre l’écriteau indiquant qu’il avait atteint la Very Important Wizard Room qu’était l’espace privé de Simon, rassembla ses idées et abdiqua face à un fait implacable : en dépit de ses réticences, il n'envisageait même pas sérieusement de faire demi-tour.

Lorsqu’il fit finalement irruption dans la pièce, ce fut pour se concentrer volontairement sur la silhouette de Rosier qui s’affairait à la recherche d’il ne savait quoi. En tout cas, les mouvements saccadés suintaient l’agacement. « La vieillesse t’irait bien si elle ne te rendait pas si aigri, papy », offrit-il d’un ton léger pour annoncer sa présence. « Tu te démerdes », répliqua sèchement le ‘vieux’ en claquant la porte, et Malfoy ricana dans sa barbe. Il ne se formalisait pas de l’agressivité de son cousin – Simon avait ses humeurs, comme les femmes (et fatalement, comme tous les hommes de la famille). « Such a drama queen », martela tout de même le plus jeune, suffisamment fort pour être entendu de l’autre côté de la porte, avec rien de moins que l’intention d’épaissir la mauvaise humeur qui enveloppait le brun tel un nuage noir brodé d’éclairs. C’était aussi un bon moyen de retarder l’échéance – le moment de se tourner vers elle et d’assumer un face à face, leur premier depuis qu’il l’avait tirée du camp des insurgés et confiée aux « bons » soins de Wyatt.

Qui serait sans doute tenté de lui arracher les yeux et de les lui faire avaler s’il apprenait, par un malheureux hasard, que Draco s’était isolé avec sa précieuse Asstoria (comme si sa seule présence auprès d’elle dans une pièce close suffirait à l’engrosser une seconde fois).

Une part de lui (celle qu’on pouvait qualifier de provocatrice et contradictoire, en y ajoutant engluée par alcool et Orviétan) était tentée d’abuser de l’instant, justement, en guise de doigt d’honneur brandi sous le nez de sa brute d’ex-futur-beau-père… Mais la part raisonnable (et encore relativement sobre) eut tôt fait de museler la première. Il adressa finalement à la jeune femme un regard à la fois sévère et sceptique, puis ânonna un simple « Hey, trouble » en guise de salutations, les lèvres lourdes comme du plomb, avant de se passer une main lasse sur le visage. « Quoi que tu ais en tête, tu peux l’oublier : c’est une mauvaise idée. » Ça ne servait jamais à rien de mettre en garde la princesse – elle persistait généralement à faire ce que bon lui semblait. C’était en tout cas ce qu’il se plaisait habituellement à penser pour se décharger de toute responsabilité vis-à-vis d’elle. Mais ça ne coûtait rien de prendre les devants pour lui faire comprendre ce qu’il pensait de la situation.

Quoi qu’il en soit, la dose complète de Navitas ne serait clairement pas de trop ce soir, bien au contraire – elle lui conférait une patience qui s’avérait bienvenue, en l’occurrence. Draco s’assit sur le bord du bureau, bras croisés en une volonté tenace d’ériger des barrières entre elle et lui, comme si cela suffirait à enrayer le passé et à lui épargner la discussion qui se profilait depuis des semaines et qu’il évitait avec soin. Heureusement, elle semblait avoir trop bu pour envisager une conversation sérieuse. Un instant, il loucha par-dessus son épaule sur les rails abandonnés, mais il s’arracha à la fascination morbide alors qu’une alarme lointaine le raisonnait avec aigreur (la voix d’Anastasiya) : plus on y touchait plus on en voulait, jusqu’à la chute – fatale. « Je vais t’appeler une calèche », informa-t-il en se redressant, baguette en main. Cette situation était juste tellement… awkward.
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« Et n’exagère pas trop ton numéro. » Qu’il était donc devenu aigri, le Rosier. Dans ses souvenirs – embrumés – elle ne se rappelait pas qu’il l’était autant. Simon se montrait ronchon, de mauvaise humeur, mais il n’avait pas perdu sa perspicacité. Ce fut d’ailleurs cette remarque qui fit tirer à la jeune Greengrass une moue idiote, ne comprenant pas de quoi il parlait. Elle jouait après tout tellement bien l’idiote, celle qui n’assimilait pas les choses, que parfois, elle se demandait si elle ne l’était pas réellement. Mais voyons, elle était Astoria Greengrass, bien sûr que non, elle n’était pas idiote, dans le fond. La sottise n’était qu’une parade, ses caprices une simple mise en scène. Tout n’était que façade et apparence, chez la princesse. Se conduire comme la première des égoïstes, de ne penser qu’à ses chaussures bien brillantes, c’était sa façon à elle de gérer le stress post-traumatique, la pression parentale, les conflits intérieurs qui se débattaient de plus en plus depuis qu’elle était revenue dans la civilisation. La jolie fleur se reconstruisait tant bien que mal, et à la voir se dandiner sur ses deux pieds, ce soir, c’était plutôt négatif que positif. Elle avait voulu oublier ses maux le temps d’une soirée, se perdre dans une foule qui n’avait fait que la compresser, que la faire suffoquer. Elle n’était plus habituée, elle n’était plus dans son monde, elle n’avait plus de place nulle part. La frêle enfant se sentait au bord du précipice, l’œil tournant au rythme des corps mouvants, son cœur oscillant sous les assauts d’une liqueur – tout de même ingurgitée – et de la poudre – cet Excess snifé avec plaisir, avec délivrance, avec bonheur. La cadence de la musique s’harmonisait avec ses tempes, avec le flux de sang dans ses veines qui tapait de façon abrutissante et décadente.

Elle voulait juste oublier qu’elle n’avait plus ses repères, que le monde avait changé en quatre ans, tout comme elle.

La cadette Greengrass s’était sagement postée près de la fenêtre, le regard courroucé de Simon l’incitant tout de même à ne pas pousser les limites trop loin. De toute façon, ce n’était pas lui qu’elle était venue voir. Ce n’était pas le moment d’essayer de rabibocher sa sœur avec Rosier. Elle avait d’autres affaires, plus importantes et plus urgentes, à régler en premier. « Hey, trouble. » Enfin le voici. Celui qui ne lui a accordé qu'une nuit d'attention et qui tourmentait son esprit, chavirait ses boyaux, pétrifiait son cœur. Pourtant, il n'avait rien fait pour. Absorbée dans son monde, se parlant à voix basse à elle-même tout en frottant inlassablement ses mains l’une contre l’autre – signe d’une certaine agitation, la candide droguée n’avait pas vu Simon partir, ni même Malfoy entrer. Alors quand son regard azur se posa sur le jeune homme, elle fut presque surprise d’être là, avant de se rappeler que c’était elle qui l’avait invoqué. « Draco, prononça-t-elle dans un faible soupir. » Comme si elle ne réalisait pas qu’il était véritablement là, en face d’elle. « Quoi que tu ais en tête, tu peux l’oublier : c’est une mauvaise idée. » Il avait l’air las, peu entrain à vouloir être avec elle ou même vouloir l’aider. Mais Astoria n’en avait que faire de ses problèmes ; après tout, il a vécu tranquillement pendant quatre ans sans elle, ce n’était pas pour une petite faveur qu’elle lui demandait qui allait la faire changer d’avis et pleurer sur le sort du blond. « Je vais t’appeler une calèche. » Bras croisés, distance entre elle et lui, la gamine sentait qu’il voulait partir le plus vite d’ici, qu’il voulait se débarrasser de la présence non désirée qu’elle était.

« Oh non, je ne crois pas. » Astoria s’était avancée silencieusement vers lui, dosant ses pas tant et si bien que sa mère serait fière d’elle. Sa main se posa sur son bras, lui faisant abaisser sa baguette, tout en posant l’autre sur le visage du jeune homme, balayant les mèches blondes qui retombaient sur ses yeux. « Je crois que tu vas vraiment me raccompagner jusqu'à chez moi, dit-elle d’une voix doucereuse, prête à cracher son venin d’une minute à l’autre.  Après tout, on ne veut pas que papa Wyatt apprenne que Malfoy junior à laisser sa fille seule et sans défense tard le soir, n’est-ce pas? » Wyatt apprenant sa fille avec Draco seule avec lui entre quatre murs suffirait pourtant à ce qu'il l'enferme pendant des jours dans sa chambre. Mais l’image de son patriarche n’étant pas dans son esprit, sa cadette se laissait tenter, se prendre à un jeu dont elle voulait être maîtresse des cartes. Astoria avait cet air enjôleur, cette moue mutine et joueuse, malgré la sincérité flagrante de ses propos et de cette voix autoritaire et quasiment froide. « Et puis, tu me dois bien ça, ajouta-t-elle tout en lui prenant furieusement la mâchoire pour qu’il la regarde dans les yeux. » Reproches, flot d'amertume qu'elle lui faisait bien ressentir dans cette phrase alourdie de rancœur, par un regard qui pourrait le décimer sur place. La princesse devenait démone. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait faire en premier ; lui crier dessus ou le supplier de la prendre dans ses bras. Elle aurait dû tenir ses distances. Elle n’aurait jamais dû faire appel à lui. Elle devait décrocher de cette tentation, de ce fruit défendu, intouchable et inaccessible dont il était la personnification. Le voir faisait naître une tempête en elle, décuplée par l’Excess, qui semblait se montrer encore plus efficace sous l’adrénaline. L’enfant inoffensif s’était laissée bercer par de douces illusions, des espoirs qu’il avait réduit à néant, qu’il avait détruit de son talon sans une once de remord. La frêle gamine qu'il avait connu avait changé. Et s'il ne l'avait pas remarqué, la princesse aura bien vite fait de lui montrer les griffes qu'elle a eu le temps d'aiguiser pendant quatre ans.

La cadette Greengrass relâcha sa pression et ses pupilles avant de reculer de quelques pas chancelant, l’allure enfantine. « On y va ? J’étouffe, ici. » La belle avait reprit de sa superbe, balayant son propre visage de mèches non voulues. Elle voulait partir d’ici, retrouver l’air extérieur, ne plus sentir ce sentiment perdue qui ne la quittait plus depuis qu’elle était revenue. Avoir la présence de Draco était quelque chose de familier. Amer mais familier dans un endroit qu’elle ne connaissait pas, elle qui adorait faire partie des festivités et que l’on invitait partout. Mais avant de retrouver cette frivolité, elle avait ce poids sur le cœur dont elle voulait se libérer, un manque immensurable qui se montrait pire que l’Orviétan lui-même. Et elle avait décrété qu’elle résoudrait le problème ce soir. Et ce n’était pas Draco Malfoy qui allait l’en empêcher.


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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Draco Malfoy
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‹ inscription : 13/09/2013
‹ messages : 8775
‹ crédits : faust.
‹ dialogues : seagreen.
drastoria ● am I just a shadow you drew Tumblr_ob1ibueZ761rmsoypo3_250

‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; calixe davis w/ audreyana michelle ; uc w/ uc ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook ; jelena kuodzevikiute w/ ariana grande.

‹ âge : 23 yo (05.06.80).
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14294
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
drastoria ● am I just a shadow you drew 489546spea
Spoiler:

‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
http://www.smoking-ruins.com/t4710-draco-there-s-a-hole-in-my-so
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Am I just a shadow you drew ?

Looking back into the past and I can see it through
29 MAI 2002 & Drastoria
 

   
   
   
What to say, really ? Une vague d’émotion couvait sous la surface, noyée par la carapace apathique qui s’était solidifiée dans son esprit ; les effets de l’Orviétan le laissaient étrangement impavide. Engourdissement des sens, exquise atonie – c’étaient précisément les sentiments qu’il recherchait à ces instants pathétiques où il se sentait osciller au bord d’un précipice. Mais ça bataillait, quelque part derrière son faciès soigneusement poli, lissé de toute émotion. Ça s’emballait sous le masque de chair, ça tentait de tatouer sur sa rétine les images qu’il avait tout fait pour oublier (hémorragie lacrymale entachée de traînées carmines). Il l’avait juste là, sur le bout de la langue (le goût turpide des souffles hachés, saccadés, chargés de terreur et de vaines suppliques) ; il en avait l’odorat saturé (la fragrance putride des corps cachectique trop rodés aux privations pour encore sembler humain) ; il le sentait encore du bout des doigts – les phalanges étrangères brutalement arrachées à ses poignets, froideur feinte mais dégout aussi réel que tangible. Les squatteurs du Royals étaient toujours plus nombreux, toujours plus pénibles à déloger. Mais il fallait tirer, régulièrement : la vermine ne pouvait côtoyer impunément les ruelles fréquentées par les honnêtes sorciers.

Draco ferma les paupières pour repousser les réminiscences mal venues, les couvrir d’un voile de déni épaissit par les singularités du Navitas. Don't let the dead bite, wrap a rope around your head.

Il lui fallait faire le vide. Rentrer à l’appartement, s’offrir quelques bribes d’oubli de plus. Si Astoria le permettait, souffla une voix moqueuse tapie au fond de sa boîte crânienne, et il rouvrit les paupières qu’il n’avait même pas conscience d’avoir fermées.  « Oh non, je ne crois pas. Je crois que tu vas vraiment me raccompagner jusqu'à chez moi. » « Ne joue pas la difficile », soupira-t-il d’un ton morne. Être difficile était précisément la spécialité d’Asstoria, selon lui. Déjà elle balayait sa requête comme une nuée de sable, et l’approchait d’une démarche assurée et féline, instaurait entre eux le contact qu’il avait souhaité éviter, écartait sa baguette d’une main et repoussait de l’autre les mèches blondes qu’il n’avait pas pris la peine de réorganiser avant de répondre à son appel. Le Navitas ingurgité le rendait difficilement sensible aux contacts, mais une part de lui désirait ardemment le réconfort que semblait suggérer son approche – illusion dérisoire promettant de disperser ses ténèbres. L’espace de quelques instants seulement, toutefois, puisque la tendresse n'était que feintes et les mots qui l'accompagnaient, déplaisants. La pensée fut donc vite repoussée et le front du blond se plissa sous le poids de son scepticisme. « Après tout, on ne veut pas que papa Wyatt apprenne que Malfoy junior à laisser sa fille seule et sans défense tard le soir, n’est-ce pas ? » La piqûre de rappel, qui raviva comme une brûlure le nom honni à ses pensées, fit s’ourler sa lèvre supérieur d’un rictus lourd d’aversion et de haine, et il étendit un bras entre eux pour l’empêcher de l’approcher de plus près. « Je ne suis pas un membre de la BPM, ta sécurité ne me concerne pas. » Ses commissures s’étirèrent, mais cela n’avait rien d’un sourire – et ses yeux demeuraient inexpressifs. « Et toi comme moi savons que ton enfoiré de père enragerait surtout de te savoir dehors à cette heure, en ma compagnie qui plus est. Tu as dépassé ton couvre-feu de plusieurs heures, daddy’s girl », remarqua-t-il, sarcastique. Les manières capiteuses de la jeune femme se teintait de mécontentement ; elle demeurait charmeuse en apparences, mais sa voit se durcit : « Tu me dois bien ça. » La sentence prononcée, autant que le geste qui l’accompagna – elle avait enserré sa mâchoire de ses longs doigts courbés comme des serres, d’un mouvement autoritaire, pour l’obliger à le fixer – dissipèrent partiellement la brume qui lui engluait l’esprit. Un frisson dangereux courut le long de son échine sous l’outrage. Elle oubliait peut-être qu’elle dealait avec un death eater autant qu’avec un Malfoy à la fierté démesuré – ou peut-être avait-elle trop foi en son emprise sur lui. En son ascendance sur le monde, alors même qu’il avait continué de tourner en son absence. Draco referma sa main sur le poignet délicat de la jeune femme, l’âme pleine de réflexes vindicatifs et douloureux qu’il bâillonna avec réticence : il serait incapable, incapable de lui asséner un sort. Même mineur. Par Salazar, elle était la mère de son fils, après tout. Cela ne l’empêcha pas pour autant de resserrer la prise qu’il avait instaurée sur son poignet pour la rendre juste assez désagréable, puis douloureuse, pour qu’elle le lâche. Il arqua un pâle sourcil dédaigneux. « J’ose croire que tu es aussi intoxiquée que tu le prétends. Ça expliquerait tes inepties, mais s’il te reste une once de sobriété, je te conseille fortement de t’y raccrocher avant que je ne perde patience », susurra-t-il.

Son épiderme brûlait presque là où elle l’avait touché – pas douloureusement. Mais parce que c’était elle. Il restait entre eux tant de non-dits et d’incompréhensions, de griefs irrésolus et de versions contradictoires ; c’était presque irréel de la voir ici, ainsi, après toutes ces années, et de les savoir emmurés dans les mêmes tourments vieux de quatre ans. Quatre ans. Scorpius. Tout venait de là, vraiment. Leur histoire avait été selon lui d’une insignifiance époustouflante avant qu’il n’entre dans leurs vies et ne bouleverse tout.

Mais elle lui avait offert ce merveilleux trésor qui les avait à la fois inéluctablement divisés et à jamais unis. Alors il déglutit, ravala sa colère.

Elle vacilla en reculant de quelques pas, changeant si brusquement d’attitude qu’elle le prit de cours. « On y va ? J’étouffe, ici. » Et de nouveau elle se redressait. Difficile à déchiffrer – il n’y avait jamais mis beaucoup d’efforts et ne comptait pas s’y mettre maintenant. « Tu devrais rentrer sans moi. Tu sais pertinemment que tout ça risque de très mal se terminer. » Elle avait à juste titre évoqué son père, ombre menaçante planant sur les retrouvailles interdites qu’elle avait orchestrées. Malgré tout, il se redressa pour s’éloigner du bureau et la rejoindre en quelques pas, saisir son coude sans douceur ni agressivité. « Tu n’aurais même jamais dû venir ici toute seule en premier lieu, c’est risqué. Es-tu inconsciente ? » Les mots avaient été grincés, chargés d’une hargne qu’il regretta. Et si elle croyait qu’il s’inquiétant ? Pour elle ? Merlin l’en préserve. Si cette idée lui traversait l’esprit, sans doute considérerait-elle pouvoir user à sa guise de son temps et de son énergie, comme ce soir. Le plus exaspérant étant, il le savait, qu’il s’agacerait mais ne l’ignorerait pas, tout comme il serait incapable de la laisser quitter le club seule – pas alors qu'elle avait été enlevée à deux reprises. Il n’était pas question qu’il se retrouve de nouveau dans la position déplaisante du père devant annoncer à son fils la disparition de sa génitrice. « Comment as-tu réussi à semer Aramis ? Je croyais qu’il était chargé de t’empêcher de te mettre en danger sans raison valable » marmonna-t-il, mécontent, sa main glissant jusqu’à l’avant-bras de la jeune femme tandis qu’il se dirigeait vers la porte. Il ne lui tenait pas la main, mais ne la trainait pas non plus, juste milieu visant surtout à ce que la foule ne les sépare pas. La remarque elle-même avait plus été lancés sur le coup de la frustration que dans le but de refléter la réalité – c’était faire passer le rôle du brun pour celui de garde-du-corps, alors qu’il n’était en rien responsable des actes de sa « protégée » du moment. Techniquement, sa tâche se limitait sans doute plutôt aux risques extérieurs, pas à ceux qu’Astoria provoquait. Ou quelque chose du style, supposait Draco. « Remarque, j’aurais aussi pensé que tes priorités auraient évolué depuis Poudlard, mais tu es visiblement aussi frivole et inconsciente qu’à l’époque. Il semblerait qu’un nundu ne puisse changer ses mouchetures. » Acide et mordant, cette fois, il ne pouvait s’empêcher de penser à la façon dont elle avait renoncé à leur enfant pour préserver sa vie à elle, après avoir insisté pour lui donner naissance. Et elle osait lui parler de dettes ?
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« Je ne suis pas un membre de la BPM, ta sécurité ne me concerne pas. Et toi comme moi savons que ton enfoiré de père enragerait surtout de te savoir dehors à cette heure, en ma compagnie qui plus est. Tu as dépassé ton couvre-feu de plusieurs heures, daddy’s girl. » Va au diable, se retenue-t-elle de dire. Mais Astoria n'ignorait pas qu'elle avait tendu la perche et qu'il l'avait attrapé pour la frapper en retour. Et il n'avait pas tort - même si jamais elle ne l'avouera. Son père est en un enfoiré et il serait dans une rage folle, voire même démentielle de savoir ce que sa fille faisait, et avec qui surtout. Quand bien même il n'y avait rien de mal à ce qu'ils faisaient - elle ne comptait pas retrouver les méandres infernaux qu'entraîne malgré eux une étreinte passionnelle. La belle ne souhaitait pas replonger dans cette humiliation, raviver les flammes d'un souvenir si lointain mais toujours aussi précis, aussi intense, aussi vif. D’autant plus que la tentation à laquelle elle avait cédé avait entraîné de furieuses conséquences. Si seulement un être vivant n’était pas sorti de ses entrailles, s’il n’y avait pas eu le symbole de la faiblesse qu’avait fait preuve la jeune Greengrass, le pêché avec lequel elle s’est fourvoyée, remplie de déshonneur et tracé un avenir plus sombre que prévu. Elle devait être promise à un sang pur de renommé ; on l’avait par la suite jetée dans la gueule de la folie même. Son père a-t-il pensé qu’à la place de devenir une épouse respectable, devenir mangemort serait un plus grand honneur? Certainement. Il n’y avait pas pareille tâche dans un tableau familial qu’une bavure comme l’était ce bâtard. Astoria voulait scandaliser qu’il la surnomme ainsi ; elle n’était pas la daddy’s girl. Elle se pliait juste aux exigences du patriarche pour avoir la paix, pour ne pas être reniée, pour garder le peu qu’elle avait auprès d’elle. Elle avait vu comment son père était avec Daphné ; il n’aurait supporté qu’Astoria se comporte de la sorte. Alors la cadette se montrait soumise mais son géniteur ne la traitait pas avec plus de respect que cela.

Heureusement que ses muscles et ses traits étaient sous l’emprise de l’Excess ; son cœur battait d’une folie furieuse, peut-être tentait-il de s’échapper de sa cage. Sa proximité avec le blond ne la laissait visiblement pas autant de marbre qu’elle aurait voulu, quand bien même que son esprit fut rapidement remis en place par la poigne du Malfoy sur son poignet. « J’ose croire que tu es aussi intoxiquée que tu le prétends. Ça expliquerait tes inepties, mais s’il te reste une once de sobriété, je te conseille fortement de t’y raccrocher avant que je ne perde patience. » La jolie demoiselle grimaça, furieuse de ne pas réussir à refouler une des plus faibles douleurs qu’elle est pu subir depuis quatre ans. Elle avait connu pire, bon sang. Elle haïssait cette fragilité physique qui la caractérisait. Et pourtant, elle en jouait. Elle en profitait pour jouer les demoiselles en détresse avec Draco, pour être l’enfant encore effrayée d’être seule dans la rue (même si pour ce fait, la peur était réelle et justifiée). « Tu devrais rentrer sans moi. Tu sais pertinemment que tout ça risque de très mal se terminer. » Astoria ne lui confierait pas les craintes véritables qui lui prenaient et l’engourdissaient quand elle sortait dans la rue. Elle ne lui fera pas le plaisir de se montrer encore plus pitoyable devant ses yeux en lui avouant que chaque pas était une épreuve, chaque personne était suspicieuse à ses yeux. Qu’elle ne savait plus à qui faire confiance, sur qui elle pouvait se reposer. Draco avait peut-être une opinion basse d’elle, il y avait peut-être des non-dits entre eux, mêlés à de la frustration et de l’ignorance, mais c’était en ce moment même un des rares dont elle avait assez confiance pour la défendre, pour la protéger. Au moins, la jeune Greengrass savait ce que le Malfoy pensait d’elle, elle était assurée qu’il n’avait certainement pas changé d’opinion d’elle - enfin, même si elle n’ôtait pas ce doute persistant sur les motivations réelles du jeune homme d’avoir tenté de la sauver deux fois tout de même. Par sympathie, affection, bravoure? Elle ne le saura sûrement jamais mais elle ne pouvait s’empêcher d’émettre le doux rêve illusoire qu’il éprouvait quelque chose d’assez fort vis-à-vis d’elle pour être venu à elle une seconde fois. Alors le sentiment de confiance était là et elle s’en rattachait furieusement car son monde avait été chamboulé de façon trop brutale. « Je finirai sûrement plus mal si je reste toute seule, dit-elle tout de même, sincèrement cette fois-ci, le regard presque fuyant. »

La jeune sorcière préférait la présence du jeune homme aussi pour la distraire de ses angoisses – stupides – qui pouvaient pourtant être atténuées par les effets de la douce poudre qu’elle avait ingurgité précédemment. « Tu n’aurais même jamais dû venir ici toute seule en premier lieu, c’est risqué. Es-tu inconsciente ? » Il la brusquait, comme pour la réveiller de cette léthargie, de cette boule dans laquelle elle s’était fourrée. Son contact la brûlait, la provoquait plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Est-ce qu’il se montrait aussi froid par son regard et chaud par sa peau ou c’était son imagination, engloutie, abrutie par la substance crayeuse? Et ces paroles, comment pouvait-il dire cela comme ça, dans la volée, avec cet air agacé placardé au visage, comme si c‘était insignifiant? Il se contredisait et Astoria ignorait si elle voulait pleurer ou lui crier dessus pour lui faire subir des sursauts d’émotions de la sorte. « Tu as dit que tu t‘en fichais de ma sécurité. Je n’ai pas de compte à te rendre, annonça-t-elle d’un ton cinglant tout en dégageant son coude de son emprise. » Mais il était piètre acteur parfois. Il pouvait dire ce qu’il voulait, soupirer autant qu’il voulait, le résultat était là ; il était venu, il était là et il la prenait quand même sous son aile cabossée pour assouvir les caprices de la jeune femme.

« Comment as-tu réussi à semer Aramis ? Je croyais qu’il était chargé de t’empêcher de te mettre en danger sans raison valable. » Alors qu’il lui empoignait le bras, la belle eut un air faussement interrogateur, jouant celle qui ne comprenait pas de qui il parlait. « Aramis?, puis elle eut une exclamation. Oh, tu veux dire cette nuisance qu'on m'a imposée aux basques? » A peine fut-elle débarrassée des sbires de Potter qu’on avait trouvé le moyen de lui foutre ceux du Magister dans les pattes. Elle n’avait connu que les barrières, les fenêtres, les cages toute sa vie. Bien sûr, Astoria avait compris que c’était procédure. Bien sûr, elle savait que le Lestrange n’était pas plus ravi qu’elle de devoir être sur son dos. Après tout, la jeune Greengrass était aussi dangereuse qu’un veracrasse. Sa baguette à peine tenue dans les mains qu’elle hésitait, devenait maladroite ; et ce stupide bout de bois le sentait et se braquait, ne lui facilitant pas la tâche. Comme si elle lui reprochait les quatre années d’absence de pratique. Et forcément, rien n’était fait pour qu’elle se mette en confiance toute seule. Non, Aramis n’était là qu’au nom du Ministère, mais qui avait le bénéfice supplémentaire d’être un arrangement qui accommodait for bien son géniteur, rendant la tâche de sa fille d’échapper à sa vigilance d’autant plus ardue. « Je ne suis pas sûre qu'il aurait été partant pour venir ici, de toute façon, dit-elle tout en haussant les épaules. Vous autres prenez les choses bien trop au sérieux. » Vous prenez la vie trop au sérieux. Ou peut-être que c’était elle qui n’était pas assez sage, pas assez réfléchie. Mais malgré son emprisonnement, malgré la fatigue, la faim et le froid, jamais elle n’avait trempé dans le vif du sujet, dans le cœur de l’action. On l’avait toujours mise à l’écart, pour la tenir loin du ledit danger, certainement jugée incapable – et son kidnapping juste après être devenue adhérente ne devait en rien arranger la vision qu’on avait d’elle.

« Remarque, j’aurais aussi pensé que tes priorités auraient évolué depuis Poudlard, mais tu es visiblement aussi frivole et inconsciente qu’à l’époque. Il semblerait qu’un nundu ne puisse changer ses mouchetures. » Draco – et les autres – ne semblait pas comprendre ; elle venait d’être de nouveau libre. Evidemment qu’elle voulait goûter de nouveau à cette joie à la vie, mêlée de décadence et d’excès, qui lui permettait de plus d’oublier tout ce qu’elle avait vécu pendant quatre ans. Avaient-ils tous oublié que la jeune sorcière n’avait pas été dans un hôtel cinq étoiles chez les insurgés ? Le jeune Malfoy n’avait jamais été le premier à lui faire des éloges, elle le savait. Et pourtant, elle avait toujours espéré qu’il pouvait la voir autrement, qu’un jour il cesserait donc de la voir comme une cruche. Mais il semble que ce jour n’était pas encore arrivé. Alors la demoiselle poussa alors un soupir tout agacé tout en levant les yeux au ciel. « Et oui, Draco, je suis toujours aussi sotte et écervelée qu'avant. Après tout, je n'ai même réussi à échapper à ces idiots de rebelles! » Sa voix était faussement perchée, moqueuse à souhait, alors qu‘ils arrivaient vers la sortie. Astoria avait conscience de l’image qu’elle renvoyait d’elle-même. Et elle se drapait dans ce rôle, en y assumant les conséquences. Mais ce n’était pas pour autant que la Greengrass appréciait qu’on le lui rappelle aussi sèchement, surtout venant du blond. « Mais si je me souviens bien… Ils ont aussi réussi à te berner toi aussi, non? » La jolie demoiselle s’était collée à son bras, l’agrippant avec force de son autre main, avec cette expression songeuse au visage. Elle se rapprochait de lui pour qu'il puisse entendre les mots âpres qu'elle lui déversait. « Oui, je me rappelle bien que tu t’es fait avoir par ces pouilleux puisqu'ils ont réussi à me foutre de nouveau en cage juste après. » Des accusations à mi mots, à lire entre les lignes, mais qui étaient présentes, qui étaient là et qu’elle lui balançait sans aucun remord. Astoria n’allait tout de même pas éprouver une once de sympathie à l’égard du blond ou même se sentir coupable de l’avoir fait appelé. Arrivée devant l’entrée, elle le lâcha pour se poster en face de lui. « J’aimerai qu’on arrête de croire que j’ai eu les chaussures cirées tous les matins et de bons repas quatre fois par jour. Qu’on cesse de penser que je ne connais rien alors que j’en sais sûrement plus que vous tous, son doigt s’enfonça dans le torse du jeune homme. Quatre ans, Malfoy, quatre longues années à attendre qu’on vienne te sortir de ce trou. Quatre années de tortures physique mais surtout psychologique. Quatre années où tu as le temps de devenir complètement fou, à te parler à toi-même, à t’écorcher les ongles à sang pour te créer une sortie. » Son visage avait perdu cette comédie d’ivresse. La jeune enfant était sérieuse et balançait ses termes sans pouvoir les arrêter. L’atmosphère de la rue était calme, un fort contraste avec le Centuries. Ses oreilles bourgeonnaient et ses tempes lui donnaient un mal terrible à la tête. Mais son regard bleu était fixé sur celui de son interlocuteur sans broncher, sans ciller. « Mais ça, tu t’en fiches aussi. Tu étais bien trop occupé à te taper ma meilleure amie pour penser à ça. » Elle aurait préféré mais elle n’avait oublié. Astoria se mordilla la langue, furieuse de passer pour une gamine jalouse. Elle n’avait pas retenu ses propos, Sue n’était pas forcément le but qui l’avait motivé à appeler le blond. « Et puis, la petite Greengrass a toujours été enfermée, de toute façon, elle a l’habitude, n’est-ce pas ? Elle peut bien encore survivre quelques mois de plus. » Un sourire presque ironique naquit sur ses lèvres alors qu’elle sentait ses yeux lui piquer. Hors de question. Elle s’arracherait les yeux elle-même avant de pleurer devant lui. Astoria se retourna donc, dos à lui, avant de marcher vers ce qu’elle pensait être la direction de son quartier tout en imitant une de ces danseuses sur un fil – mais elle restait quelque peu étourdie. Normalement, elle devrait se sentir bien. La douce fleur devrait être apaisée, s’amuser de la façon dont Draco rechignait. Et pourtant, elle ne l’était pas ; elle avait envie de le rendre coupable, de lui faire ressentir la façon misérable dont elle se sentait depuis leurs fiançailles. Elle ne voulait pas être seule dans sa misère, la solitude n’ayant jamais été son fort. Elle ravala ses larmes – maudites, traîtres, cachez-vous – avant de baisser les bras et reporter son attention sur le jeune homme. « Draco, prénom prononcé sur un ton suppliant. Viens avec moi. S’il te plait. Je n’ai pas envie d’être seule. » Elle n'excusait pas ses paroles. Mais les rues la terrifiaient et d’autant plus quand la nuit était présente. Sa moue était véritablement implorante et elle s’entêtait à croire qu’il ne l’abandonnerait pas. Il ne ferait pas cela, lui murmurait sa conscience. Après tout, comme cela lui brûlait le palais… Elle était la mère de son fils.

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Draco Malfoy
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‹ âge : 23 yo (05.06.80).
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‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
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‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
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Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
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‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
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Am I just a shadow you drew ?

Looking back into the past and I can see it through
29 MAI 2002 & Drastoria
 

   
   
   
Son poing libre se serra compulsivement alors que son regard dur se détournait d’elle. Le Navitas étouffait sa frustration aussi sûrement qu’une barrière magique amortirait le moindre choc, mais il sentait la tempête naissante se heurter à ses remparts, encore et encore. Il en était presque un témoin extérieur, à la fois secoué par sa virulence et étrangement détaché – comme s’il se trouvait de l’autre côté de la vitre, à regarder la pluie torrentielle fouetter la paroi de verre. Ils abordaient les sujets sensibles, ceux qui ne manquaient jamais de le hérisser. Les vieux reproches, les torts mal enterrés, les malentendus jamais réglés. Ils traversèrent à longues enjambée la foule agglutinée dans les moindres recoins du club et eurent à peine rejoint la sortie qu’elle relançait les hostilités, difficilement audible par-dessus la musique qui pulsait autour d’eux à plein volume. « Et oui, Draco, je suis toujours aussi sotte et écervelée qu'avant », minauda-t-elle, et il sentit poindre le mal de tête. Merlin, quelle gourde elle faisait. Le rictus mécontent qui lui étirait peu à peu les lèvres se prononça d’un coup et il se concentra sur un point au-delà de son épaule en affichant un ennui insolent, peu désireux de lui donner la satisfaction de prêter attention à son manège. Elle ne se contenta  pas de cette absence de réaction. « Mais si je me souviens bien… Ils ont aussi réussi à te berner toi aussi, non? » reprit-elle en se collant contre lui, crucifiant son bras et sa main là où elle les avait agrippés. « Oui, je me rappelle bien que tu t’es fait avoir par ces pouilleux puisqu'ils ont réussi à me foutre de nouveau en cage juste après. » Quelque part durant sa harangue, la porte du club s’était refermée derrière eux, laissant planer un silence lourd à peine troublé par les sons qui leur parvenaient de l’intérieur de façon ténue. « La dernière fois que j’ai vérifié, je n’avais pas le babysitting pour vocation », répliqua-t-il hargneusement, la mâchoire crispée. Quelque chose se tordait en lui – la consternation ressentie lorsque la Chasse avait tourné à l’anarchie et qu’il s’était aperçu, après avoir procédé avec ses collègues à l’évacuation du labyrinthe, que les insurgés avaient profité de la cacophonie ambiante pour remettre la main sur la prisonnière qui venait à peine de leur être arrachée ; la colère et la culpabilité mal venue (il lui avait assuré qu’elle était désormais en sécurité) qui s’étaient imposés au terme de cet échec. Comble de l’ironie, le père Greengrass n’avait pas manqué de faire pleuvoir les reproches en comprenant que sa cadette s’était de nouveau évanouie dans la nature. Le seul simili-réconfort tiré de cette expérience avait été l’assurance de son statut de prisonnière, qui avait fait taire quelques langues avides d’y voir une potentielle trahison.

Le fait était que les insurgés se multipliaient et se disséminaient à travers le monde sorcier comme une foutue gangrène. Les doigts de Draco se resserrèrent machinalement autour de ceux de la jeune femme et il scruta rapidement les alentours, le front plissé par une inquiétude latente. Ça virait presque à la paranoïa, mais comment y échapper par les temps qui couraient ? « Et toi qui es si bien placée pour connaître leurs méthodes, tu devrais te montrer bien plus prudente. Tu y songerais, du moins, si tu avais deux mornilles de bon sens. » Mais elle était empêtrée dans une mise au point au bout de laquelle elle comptait visiblement aller – sans doute mue par l’exaspération. « J’aimerai qu’on arrête de croire que j’ai eu les chaussures cirées tous les matins et de bons repas quatre fois par jour. Qu’on cesse de penser que je ne connais rien alors que j’en sais sûrement plus que vous tous », asséna-t-elle en lui enfonçant son index dans le torse de façon répétée pour ponctuer ses mots.

Derrière eux, la porte tournait brutalement sur ses gonds, claquait contre le mur adjacent puis se refermait tout aussi bruyamment sous l’impulsion des jeunes qui allaient et venaient sans discontinuer. Ils ne prêtaient que peu ou pas d’attention à Astoria et Draco cependant – l’avantage de ce genre de lieu était justement le fait que la clientèle, puissamment intoxiquée, était aveugle à ce qui se déroulait alentours. « Pitié », railla-t-il en reportant son attention sur sa vis-à-vis. « Ne va surtout pas croire que tu as eu le monopole des épreuves, je te signale qu’on est en guerre. » Il avait eu plus que sa part de problème, comme l’ensemble de la communauté sorcière. L’histoire des Greengrass faisait peut-être pleurer dans les chaumières, mais elle ne gagnerait pas sa sympathie en se plaignant d’avoir été un peu trop longtemps privée de soirées et de shopping. « Quatre ans, Malfoy, quatre longues années à attendre qu’on vienne te sortir de ce trou. Quatre années de tortures physique mais surtout psychologique. Quatre années où tu as le temps de devenir complètement fou, à te parler à toi-même, à t’écorcher les ongles à sang pour te créer une sortie. » Cette fois, il eut la décence de rester muet. Elle se comportait toujours de façon si futile qu’il était aisé d’oublier que son passage parmi les insurgés n’avait pas été une promenade de santé. Mais c’était peut-être ça, le plus consternant : Daphne semblait presque plus endommagée qu’elle. C’était peut-être ce qui agaçait le plus Draco, dans cette histoire. En dépit de la mauvaise volonté qu’il mettait à s’impliquer dans sa vie, il s’était tourmenté plus qu’il l’aurait voulu durant ces quatre années, en se questionnant sur le sort que réservait l’ennemi à la jeune Greengrass. Il n’avait pas eu le droit de cesser d’y songer – pas alors que Scorpius le questionnait encore et encore au sujet de sa génitrice et qu’il lui incombait d’expliquer l’inexcusable (son absence). Elle était présente même dans les silences de l’enfant, ombre dansant dans les prunelles juvéniles et ternissant jusqu’à ses instants de joies. Or à présent qu’elle était de retour, Astoria donnait l’impression d’avoir fermé une parenthèse sans importance et reprit le cours de sa vie comme si de rien n’était. Fait troublant : il réagissait à sa vulnérabilité comme à aucune autre des remarques qu’elle avait formulées ce soir.

Et le charme fut rompu. « Mais ça, tu t’en fiches aussi. Tu étais bien trop occupé à te taper ma meilleure amie pour penser à ça. Et puis, la petite Greengrass a toujours été enfermée, de toute façon, elle a l’habitude, n’est-ce pas ? Elle peut bien encore survivre quelques mois de plus. » Aussi subitement qu’elle s’était distillée dans les pensées de Draco, l’hésitation honteuse fut consumée par l’irritation. Les iris anthracite de Draco descendirent vers leurs phalanges entremêlées, qu’il délia sèchement. Astoria tourna les talons, pour sa part, et se mit en marche d’un pas résolu. Avant de s’arrêter quelques mètres plus loin. « Draco… Viens avec moi. S’il te plait. Je n’ai pas envie d’être seule. » En réponse, il ferma les yeux, inspira profondément, invoquant un quelconque mage supérieur de lui conférer la patience qui lui manquait.

Et puis, sans crier gare, il rejeta la tête en arrière et éclata de rire. « Brillant. Non vraiment, » reprit-il en lui adressant un rictus qui n’avait rien de sympathique, avant d’enfoncer négligemment les mains dans ses poches. « J’ai dû atterrir sans m’en apercevoir dans une sorte d’univers alternatif. Un dans lequel tu n’as pas renoncé à ton fils et à la prérogative de poser des limites à mes relations avec les autres femmes. Non ? » Il fronça les sourcils, semblant presque confus un instant, avant de secouer la tête. Son simulacre de sourire n’était plus qu’un souvenir, fantôme bien vite gommé par sa diatribe : « Non », confirma-t-il, susurrant la dénégation presque comme s’il la dégustait. « Je suis bien coincé dans cette bonne vieille dimension qu’on appelle réalité, et aux dernières nouvelles tu n’es rien d’autre qu’une mère indigne, n’est-ce pas ? » Il abolit la distance en quelques pas, peu désireux de risquer qu’un tiers finisse par s’immiscer dans leur échange. « Ce qu’on a vécu toi et moi, ce n’était rien », gronda-t-il hargneusement. « Rien de plus que des fiançailles arrangées, un putain de contrat. » Il articulait avec soin, martelait les mots pour les lui faire rentrer dans l’esprit. Il ne revenait pas de l’audace dont elle faisait montre. De quel droit lui reprochait-elle ses fréquentations ? « C’est pas comme si on s’était aimés. Preuve en est la promptitude avec laquelle tu m’as laissé le gamin sur les bras après m’avoir poussé à l’assumer. » Il la dévisagea, des pieds à la tête, la toisant presque, et ses lèvres s’étirèrent en un sourire factice. « La crise de possessivité arrive bien trop tard, je ne te dois rien et je ne te rétribuerai certainement pas pour les torts que les insurgés ont à ton égard. » C’était sa certitude et il s’y raccrochait, rejetant avec entêtement tout sentiment d’amertume ou de culpabilité. Il ne voulait pas comprendre : il en avait assez d’encaisser de tous côtés la responsabilité de toutes sortes d’erreurs. « Alors certes, tu as souffert. Navré pour toi. » ça suintait l'ironie. « Mais si je veux baiser ton ex meilleure amie, il n’y a rien que tu puisses dire ou faire pour m’en empêcher. » Ses yeux la défiaient d’insister, de tester ses limites. Try me. Si la dose choisie d’Orviétan le calmait, l’alcool avait tendance à lui délier désagréablement la langue. Mélange étrange – mais déplaisant en terme d’impacts. « Et s’il me prend l’envie de lui passer la bague au doigt, crois bien que je me soucierai comme de mon premier chaudron d’avoir ou non ta bénédiction. »
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