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MessageSujet: runners   runners EmptyDim 3 Mai 2015 - 2:38

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Le 27 avril 2002

Liverpool.

Liverpool est sa ville. Il y a grandi, il y a vécu, et si Londres forme sa ville depuis quelques années, il n'a pas oublié les recoins de celle qui l'a vu garçonnet. Il n'y serait sans doute pas retourné, surtout pas seul, avant un certain temps, si ces blaireaux (désolés les Poufsouffle) de Nocturnes et de Métamorphes ne s'étaient pas fait découvrir leurs planques. De façon particulièrement lamentable pour les Métamorphes, d'ailleurs. La fusion des groupes Audacieux l'a emmerdé, c'est certain, surtout qu'il est obliger de se coltiner Potter encore et toujours. Seulement, aujourd'hui, c'est la goutte qui a fait déborder le vase. Cette empotée de Susan est arrivée, avec sa poignée de bras cassés, et ils sont fusionné.
Ils sont donc désormais les Pacifistes, enfin, ce qui en reste, et trois groupes d'Audacieux, dans leur planque, alors que eux n'ont rien demandé à personne.
La frustration l'a fait gueuler et protester, et aux commentaires de ceux l'invitant à quitter s'il n'était pas satisfait, il a foutu son camp.

Oh, pas pour toujours.
Juste assez pour leur foutre la trouille.

Lancelot a piqué une bagnole (même pas peur) et s'est donc enfui à Liverpool, Six sur le siège passager, avec comme seul bagage sa bite et sa baguette, pour parler dans le langage commun. Ça et une humeur de de dragon vexé. « Et Lancelot, si tu as quelque chose à dire, gnagnagna, tu n'es pas le chef de ce groupe, blabla, il faut ce qu'il faut, je vais vous en foutre, moi, des 'il faut ce qu'il faut', et ça vaudrait mieux que je sois chef de ce groupe, au moins on se ferait pas tous crever à cause de Specs. » Ses ronchonnements se poursuivent jusqu'au moment où il arrive à la ville, 3 heures plus tard, après avoir conduit trop rapidement.
Il laisse la caisse dans le stationnement d'une vieille boutique abandonnée, quelques sorts jetés dessus pour ne pas attirer l'attention des moldus, et en avant la balade dans la ville. La conduite lui a fait du bien et le soleil du printemps, qui fait déjà ressortir ses taches de rousseur, le calme. Son corbeau plane au-dessus de lui et il le suit brièvement du regard. Chapardeur, il vole une pomme dans un marché de fruits, s'enfuit jusqu'à aller se réfugier dans une ruelle, où il donne des morceaux du fruit à Six. Celui-ci semble pourtant alerté par quelque chose  plus loin – « Kroâ ! Sac ! » Rien de mieux pour attirer sa curiosité et l'attirer plus loin dans la ruelle, jusqu'à l'objet piétiné par Six, qui vient se percher sur son épaule. Un sac vieux, élimé, posé par terre. Personne autour, non plus. Love sort sa baguette et écarte les pans du sac du bout de celle-ci. Rien. Par contre, quand il bouge le sac, il remarque une brique étrangement mal replacée, dans le mur. Et quand il la déplace, une cavité. Bien réelle. Un rapide coup d’œil lui révèle la présence de quelque chose – un quelque chose qu'il prend dans sa main, glissant son bras presque jusqu'à l'épaule pour attraper l'objet.

C'est une sorte de corne. Longue, lourde, légèrement incurvée, au relief régulier, d'un noir brillant, patiné. « Wahou... t'as une idée de ce que c'est ? Magique. » L'affirmation du corbeau est sans doute vraie. Magique. Il sent la magie pulser entre ses mains, répondant à la sienne. Et donc sans doute cher. Utile. S'il ramène ça aux insurgés... franchement, ils vont avoir de quoi s'excuser de le traiter comme un gamin. Puis, il n'y a personne pour surveiller ce machin. Si c'était si important, ce ne serait pas là. Lancelot attrape le sac miteux et met la corne à l'intérieur, puis replace la brique à son emplacement initial, dans la position qui lui semble la bonne. « T'imagines leur tête quand on va leur ramener ça ? J'en connais deux qui vont se faire appeler messieurs. » Le corbeau gonfle les plumes avec fierté. Le sorcier gratte son poitrail du bout des doigts, un sourire fier sur les lèvres, et repart, longeant la ruelle. Avec, pourtant, un étrange sentiment se mêlant à la fierté. Une légère angoisse. Une sensation sur sa nuque. « Envole-toi et dis-moi si on est suivi. » Un chuchotement à l'intention de Six, qui s'envole aussitôt bien haut. Une minute passe. Deux minutes. Sa main se serre sur sa baguette, dans la poche de son chandail, et l'autre sur le sac qu'il a passé sur son épaule. Puis, un croassement qu'il a bien appris à reconnaître : « Suivi ! Courir ! »

Il fait ni une ni deux.
Il écoute son corbeau et se met à courir. Sans se retourner.


Dernière édition par Lancelot Lovett le Mer 10 Juin 2015 - 19:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyLun 4 Mai 2015 - 11:58

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-Était-ce là votre dessein ?

Ma voix agacée trahissait ma fureur. Les pâles figures se succédèrent devant mes yeux. Elles me jugeaient silencieusement, conservant leur air austère, gardant leurs secrets. Je courrais, je les dépassais, je les traversais comme on transperce le brouillard. Personne pour m'arrêter, évidemment ; mais personne pour me répondre. Pour la même raison qui m'avait poussé à traquer cette odieuse créature en 1987, j'avais abandonné une de ses cornes ; mon trophée. Je disposais de nombreuses caches, disséminées dans Londres, l'Angleterre et même dans certains recoins d'Europe. Jusqu'à aujourd'hui je n'avais jamais eu à souffrir d'un vol. Une seconde d'inattention, c'était tout ce qu'il fallait pour perdre un précieux artefact.

Ma baguette zébra l'air et les limbes me vomirent. J'étais dans la ruelle, la brique descellée me laissa de marbre. Je savais que derrière elle il n'y avait plus rien, juste le vide et la preuve de mon erreur. La rage sourde qui m'envahissait commença à lentement fissurer le masque qui était le mien. Ma langue claqua contre mon palais. J'avais aperçu le voleur de loin, mais savoir dans quelle direction il s'était enfuit demeurait impossible : Liverpool était vaste et je n'aimais pas cette ville. J'ai plongé la main dans les replis de ma cape, retirant d'une poche les cadavres desséchés de cinq noctules. La lame de mon couteau brilla un instant, puis entailla l'une de mes paumes. Le liquide carmin s'égoutta lourdement sur les chauve-souris. Elles commencèrent à s'animer dès que fut prononcée l’incantation. Offusquées d'être ainsi arrachées au trépas, elles déplièrent lentement leurs ailes défraîchies, bondissant timidement sur les murs de brique. Leurs cris plaintifs ne suffisaient pas à traduire l'atroce agonie qui étreignait leurs corps putréfiés. Mais, patientes, elles attendaient mon ordre. Celui-ci ne tarda pas.


-Il y a un sorcier dans les parages. Trouvez-le.

Les cinq créatures décollèrent immédiatement. Elles ne possédaient plus la grâce et la virtuosité qui les animaient jadis ; elles étaient lourdes, maladroites. Chaque battement d'aile était suivi d'un passage à vide où elles paraissaient chuter inexorablement vers le sol. Cependant, il n'en était rien. Elles allaient tenir le coup. J'avais utilisé ce sort de très nombreuses fois ; très simple d'utilisation, très fiable. Parfait pour transporter un petit objet ou un message à un point peu éloigné de sa position. Il fallait juste quelques bases en nécromancie et un ou plusieurs petits animaux à contrôler. Les rats étaient parmi les plus faciles à ranimer. Mais, une fois leur fonction remplie, ces outils tombaient irrémédiablement en poussière.

Une image des rues adjacentes se dessina dans mon esprit. Une image brouillée, entrecoupée de cinq points de vue parfois opposés. Je pus néanmoins reconnaître les lieux ainsi que mon voleur ; il n'avait pas encore quitté le pâté de maison. Vu son allure il me savait sur ses traces. J’aperçus également un corbeau. Alors, les petites merveilles s'abattirent autour du jeune homme ; rien de bien dangereux. Juste de quoi le ralentir et lui faire comprendre que quelque chose de peu commode le traquait. Puis plus rien. Soit il s'en était débarrassé, soit les animaux s'étaient désagrégés d'eux-mêmes. De toute manière, je possédais suffisamment d'informations.

Un transplanage et j'étais à l'autre bout de la rue. Il devait avoir une quinzaine d'années, l'air un  peu idiot, et tenait un sac que je connaissais bien. J'ai tranquillement marché dans sa direction. La baguette que j'avais en main ne laissait guère planer le doute quant à mes intentions.


-J'en connais un qui aurait dû rester au lit. Dis-je en rigolant.
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyMar 5 Mai 2015 - 8:20

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Subitement une nuée de chauve-souris – en plein jour quand même – s'abat sur Lancelot, qui les chasse non pas de sa baguette, mais de mouvements de ses trop grands bras, retenant un cri de surprise. Et de dégoût, quand il se retrouve avec une pluie d'ailes et d'os desséchés sur la gueule. Et même dans le col de son t-shirt. À ça, il ne peut retenir un « Beuârk ! » écœuré, sautillant maladroitement pour que les résidus tombent au sol.

Cet instant de distraction est bien assez pour que lorsqu'il réussit à enlever une dernière aile de chauve-souris de ses cheveux (« Beuârk » bis), il se retrouve bien trop proche à son goût d'un homme vachement louche. Vachement sorcier, vu la baguette dans sa main. Et vachement pas content, apparemment – ou vachement content, en fait, vu son rire. À chaque pas que l'inconnu fait en sa direction, Lancelot recule, les doigts crispés sur sa baguette. Il peut. Il peut faire ça. Il est capable de faire ça. Ils ne vont quand même pas avoir un vrai duel ici, au milieu de Liverpool, qui est éminemment moldue. Il suffit de distraire le... vieux, enfin, pas si vieux, l'homme, et il pourra s'enfuir en sécurité.
Ce qu'il pourrait déjà faire, s'il savait transplaner, mais ce n'est pas le cas et ce ne le sera pas avant un petit moment, en perspective, alors ne nous penchons pas trop longtemps là-dessus.
Le distraire. Comment le distraire ? Chaque pas vers l'arrière le laisse gagner un peu plus de temps. À peine. Il doit agir rapidement. « J'en connais un qui aurait dû rester au lit. » Et puis quoi encore ? Il le prend pour quoi, un gamin ? Love ne peut retenir un roulement des yeux, exaspéré. Pratiquement majeur et ça se fait encore parler comme un chiard. « Bien vous devriez retourner vous coucher, si vous êtes fatigué, m'sieur, et arrêter de m'emmerder. » Un petit commentaire comme ça, un grommellement mécontent. Ses yeux pâles sont trop occupés à chercher Six pour s'attarder plus que de raison sur Coffin.

Il repère le corbeau, perché non loin. Il a eu une idée et pour ça, il a besoin de l'animal. Et aussi qu'il ne se fasse pas attraper. Vu les cadavres desséchés de chauve-souris qu'il a reçu sur la gueule, ce type n'a pas l'air très amical envers les animaux et il aimerait éviter que Six se retrouve entre ses mains.

La main qui tient la baguette plonge dans la poche et les doigts se serrent sur un petit objet, à la forme régulière, qui le rassure aussitôt. Il recule un peu plus vite. Ses prunelles font la route entre Six et Herpo, Herpo et Six. La main avec le sac esquisse un petit geste, rapide, que le corbeau approuve d'un geste de la tête. D'accord. Le plan. Il doit élaborer le plan. Un autre geste. Prends-le et va-t-en. « J'vous ai rien fait. » Il doit partir. Il ne pense même pas à la corne, en fait, il ne voit pas du tout pourquoi ce sorcier pouilleux et miteux lui en veut – il veut seulement partir, merde. Aussitôt dit, la main droite sort et laisse tomber au sol un rubis qui laisse échapper une lourde fumée violette qui, en un temps record, envahi toute la ruelle dans laquelle il a réussi à reculer. Un croassement distinct lui indique que Six a pris son envol pour ramasser le rubis, la fumée prenant toujours plus d'ampleur.
Lui, il court.
Encore.

Plus vite, en regrettant de ne pas avoir emmené son balai dans sa fugue improvisée. Il repère un étroit passage entre deux maisons et s'y engouffre, avant de prendre un autre passage, plus sinueux. Sa respiration est trop rapide. Peut-être que l'homme ne le suit pas ? Pas le temps de s'en assurer. Il lui faut une planque, un endroit où se cacher, et ses yeux courent sur tous les bâtiments à la recherche d'un prochain chemin. Il finit par rejoindre la rue, passante, mais il n'arrête pas. Des moldus, il y a des moldus, il ne fera rien devant des moldus, non ? N'est-ce pas ? Au loin, dans le ciel, il voit un corbeau voler et disparaître dans une nuée d'autres oiseaux. Bon pour Six. Seulement, là, il est seul. Et ça l'angoisse encore plus.


Dernière édition par Lancelot Lovett le Mar 12 Mai 2015 - 2:03, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyMar 12 Mai 2015 - 1:03

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-Oh ! Mais les emmerdes ne font que commencer.

La jeunesse. L'innocence. Une pointe d'humour. Une pincée d'espoir. Que restera-t-il de tout ça dans quelques années ? Dans quelques mois ? Certainement rien de mieux que le reste de cette pitoyable populace qui arpentait les rues d'Angleterre. Faiblesse, ici tout n'était que faiblesse. Une odeur aigre-douce de lâcheté et d'opportunisme.

Ses yeux semblaient se braquer dans toutes les directions à la fois. Le coup des chauves-souris avait dû largement le refroidir. Sans doute prenait-il enfin conscience de toute l'ampleur de cette rencontre. On ne croise pas ce genre de magie tous les jours. Un art vénérable et vénéré. Au yeux du profane semblable à ce dont sont capables les pathétiques limiers de l'Usurpateur, mais pour l'adepte le cœur d'un sombre savoir ô combien galvaudé.

J'en étais à me demander par quel morceau j'allais commencer quand il recula, esquissant un petit geste sournois avec sa main. "J'vous ai rien fait." La supplique d'un enfant. Et il veut être pris au sérieux ?


-On peut dire que niveau plaidoirie tu mets le paquet, bravo.

Même les meilleures explications du monde ne l'aurait pas sorti d'un pétrin pareil. Ma décision était déjà prise avant même que je plonge mon regard dans le blanc de ses yeux. C'était le jeu du chat et de la souris ; le funeste destin du rongeur était scellé dès que le félin posait sa patte sur lui.

Cependant, je dois bien admettre que voir la souris décamper dans un nuage de fumée était une alternative que je n'avais pas envisagé. Je crus d'abord à une de ces poudres d'Amérique du Sud ; très populaire ces temps-ci. Si j'avais eu une heure à perdre sans doute me serais-je arrêté pour étudier la petite pierre que le voleur avait jeté avant de s'enfuir. Au lieu de ça j'ai réagi au quart de tour, plongeant droit devant moi dans cet océan de brume, beuglant un sort à l'aveuglette. Un éclair vert se perdit dans la fumée et explosa vraisemblablement contre un des murs en brique.

Courir en faisant fi de la moindre notion de direction est quelque chose d'extrêmement déroutant. Par miracle je ne me pris les pieds dans aucune benne à ordure et ne heurtais aucun poteau. Je sortis du nuage plutôt rapidement, à la poursuite du talon d'une basket que j'avais aperçu et du bruit d'une course qui se répercutait en échos.

Tournant l'angle, je le vis disparaitre entre deux maisons. Nouveau sortilège. Raté et de loin ; la lumière s'engouffra dans une fenêtre et termina sa course dans un concert de vaisselle brisée.

Même si je connaissais mal Liverpool, je voulus tenter le diable et suivre une autre ruelle, que j'imaginais parallèle au minuscule passage dans lequel il avait disparu. Je pensais deviner son plan : s'évanouir dans le marché moldu, bondé à cette heure. J'ignore si je suis arrivé avant lui sur la petite place, pour la simple et bonne raison que j'ai heurté de plein fouet un garçon boucher qui transportait un morceau de carcasse de bœuf sur son épaule. Le bougre, déséquilibré, alla s’effondrer sur la vitrine d'un fromager. Le coup de sifflet qui suivi ne laissa pas le moindre doute quant au type d'attention néfaste que j'avais attiré sur ma personne.

Au moment où l'agent de police posa sa main sur mon épaule ma baguette s'enfonça dans son ventre.


-Impero.
Plus de colère. Plus de soucis. Un visage morne et un regard vide.
-Vide ton chargeur dans le stand de fruits et légumes.

Et c'est ce qu'il fit. Courges, asperges, potirons et pamplemousses explosèrent en une pluie multicolore de chair sanguinolente. L'effet produit eut le mérite d'être immédiat. Des cris. Des pleurs. Des gens qui courraient dans tous les sens. Si mon voleur était dans les parages il devait amèrement regretter son choix de fuite.

Moi je ricanais.


-Si tu vois une personne autre que moi avec ceci à la main, dis-je au policier en agitant ma baguette sous son nez. Tue-la.
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyLun 8 Juin 2015 - 21:40

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Il est admirable de voir que Lancelot continue de courir, à en perdre haleine, mais que jamais il se demande vraiment pourquoi l’autre sorcier lui en veut. Ce n’est clairement pas un Rafleur, habituellement, ceux-ci œuvrent en groupe et ne sont pas vêtus ainsi. Pas non plus un Brigadier, merci de vous référer à la remarque faite pour les Rafleurs. Un Mangemort, sûrement pas. Il reste l’option « vieux fou auquel il manque un nombre honnête de boulons », mais ce n’est étrangement pas la plus rassurante. Parce qu’il ne peut pas prévoir ce qu’il va faire, ne sait pas ce qu’il veut (alors que la corne lui bat le flanc tranquillement) et que tout ce qu’il fait peut risquer de les mettre dans la merde. Tous les deux, tous les sorciers et tout le reste du monde avec.

Le jeune homme zigzague entre les passants, ses membres trop grands accrochant tout le monde, mais il croit bien avoir réussi à semer le type momentanément. Jusqu’à ce qu’une salve de coups de feu vienne l’en détromper, lui qui commençait à ralentir le pas. Il sait ce qu’est une arme à feu – ils avaient la télévision, chez eux, la moldue, et sa mère leur a bien expliqué ce en quoi ça consistait. La pétarade le fait donc sursauter et fait monter son angoisse d’un cran. Est-ce que c’est lui qu’on poursuit ? Ou y a-t-il un criminel ? Il n’a pas le temps de vérifier.
Il recommence à courir. Les jambes déjà plus lourdes. Il n’a pas assez mangé pour courir autant. Il est nerveux. Il a peur. Quelle idée il a eu de venir à Liverpool sans prévenir personne. Sa baguette est cachée dans sa manche, précieusement. Vincianne lui a dit de ne pas courir avec sa baguette sortie, que c’est le meilleur moyen de la casser en tombant, maladroit comme il est, sauf en situation d’urgence. Il est en situation d’urgence, force est de constater, mais devant des moldus. Il ne peut pas rompre le secret magique. C’est là que la Brigade va débarquer et franchement, il n’a pas besoin des sous-fifres du Ministère, en ce moment. En ce moment, c’est d’une planque dont il a besoin. D’une planque, en attendant que l’homme arrête de le poursuivre sans raison (qu’il se dit).

Il repère une rangée de magasins, bordés par une ruelle, et s’engouffre justement dans ladite ruelle. La joie se transforme bien vite en désespoir quand il s’aperçoit que l’endroit est un cul-de-sac. Il y a bien un muret, mais… il n’est pas Murphy, lui, le parkour (comme elle dit), il ne sait pas faire ça !
Tant pis. Pas le choix.
Le Serpentard s’élance pour grimper le mur, forçant de toute la force de ses bras maigrichons, et quand il réussit à arriver en haut, c’est pour voir une silhouette arriver vers lui. Le sorcier ? Panique. « J’AI RIEN FAAA- » BAM. Il a lâché ses mains et est tombé de l’autre côté du mur, la chute amortie par une pile de déchets alimentaires. Ça a quand même bien fait mal et il est un peu sonné. Quand il réussit à s’asseoir, maladroitement, c’est avec la tête qui tourne. Et un sacré mal de cœur, merci les fruits pourris. Une ombre s’étire sur lui, mais il n’ose pas lever les yeux pour la regarder, sa baguette toujours bien enfoncée dans sa manche et les doigts crispés sur le sac sur son épaule. Un petit grognement de douleur. « Fait… j’ai rien fait… » Il avait juste envie de s’éloigner des Audacieux. Juste envie d’être seul et de s’amuser un peu.
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyJeu 25 Juin 2015 - 0:36

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La panique. Je la sens tout autour de moi, aussi suave qu'une brise d'été. Ça crie, ça geint, ça implore... Je n'en tire aucun plaisir, aucune honte non plus. Je me contente de faire ce qui est nécessaire, même si ma notion de justice se trouve être profondément éloignée de celle du reste de la société magique. Les lois et les règles m'importent peu. Je me contente de marcher à contre courant du flot de corps en mouvement, mon docile ami sur mes talons. Le banc de sardine s'ouvre comme par magie devant mes yeux. "Comme par magie"... Je souris.

Il y a le cadavre d'un chat prêt d'une camionnette. Il est tout blanc, à l'exception de ses pattes, recouverte de taches noires. Son ventre explosé laisse apparaitre un chapelet de boyaux encore gorgés de sang. Il a dû être tué ce matin, ses yeux ne sont pas encore voilés. De grosses mouches bleues bourdonnent autour de lui.

Je me suis approché du cadavre, jaugeant son état. J'ai répété le même sortilège que sur les chauve-souris. Cela s'avéra plus délicat. Ça l'est toujours avec les cerveaux complexes. Il s'éveilla immédiatement, crachant et miaulant de douleur. Puis il se calma, sans se soucier de se savoir vivant ou non. Il se contenta de se lécher une patte avant de la passer sur son oreille. J'ai trainé le pied, cela attira son attention ; il me regarda comme ils me regardent tous après leur éveil. Un mélange d'étonnement et de profonde sagesse.


-Mène-moi à celui que je cherche.

Le félin se déplia, bailla et fila dans la foule, claudiquant sur sa patte cassée. J’accélérais alors le pas, suivant des yeux cette petite boule de poils et ses intestins à la traine. Nous avons quitté le marché, nous rapprochant d'une allée passante surchargée de boutiques et d'épiceries ; déjà des badauds s'attroupaient sous les devantures, pourtant leurs regards curieux vers le marché. Le chat bifurqua à droite nous amenant dans une ruelle esseulée, une voie sans issue. J'aperçus à cet instant la tête de mon voleur glisser de l'autre côté du mur -plutôt lourdement à l'entendre. Je me mis à courir.

Malgré sa condition, mon guide à quatre patte fut le plus rapide. Après une série de petits bonds griffus sur le muret, il se jucha sur l'arête et se mit à miauler à la mort, une véritable alarme.


-Oui, merci je crois qu'on a compris.

Je me montrais moins gracieux dans mon escalade, mais tout aussi vif. Bientôt je me retrouvais à califourchon sur le mur, ma baguette pointé sur mon voleur, allongé sur le dos.

-La corne, répondis-je calmement au jeune homme, comme si nous poursuivions une discussion courtoise au Chaudron Baveur. La corne que tu as "trouvé" par terre tout à l'heure, tes récents ennuis viennent de son propriétaire. Il te menace en ce moment même.
Le chat se recroquevilla en sphinx et commença à ronronner. Resté dans la ruelle, le policier moldu se campa stoïquement sur ses deux pieds, sans se soucier de sa radio qui hurlait.
-Je vais te poser une question. Je veux que tu sois honnête, même si l'une des réponses que tu me fourniras signifiera pour moi le gaspillage d'un objet extrêmement précieux. L'as-tu touché ?
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyMar 7 Juil 2015 - 21:26

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Son grognement de plainte se perd dans des miaulements alarmés, venant d’une créature décharnée et en très mauvais état perchée sur le muret. Un chat, en l’occurrence, qui n’a pourtant rien d’un chat, rapidement remplacé par son poursuivant, la baguette en main. Lui n’ose pas sortir la sienne, apeuré – il entend la radio du policier moldu clamer des ordres hystériques. Peut-être que d’autres viendront pour le sauver ?

L’homme conserve son calme, ce qui est quand même facile à faire, vu qu’il domine nettement la situation. « La corne. La corne que tu as "trouvé" par terre tout à l'heure, tes récents ennuis viennent de son propriétaire. Il te menace en ce moment même. » Sa bouche s’ouvre et son regard est traversé par un éclair de compréhension, mais il referme sa bouche avant de dire une connerie (ou de répliquer, comme il lui est venu à l’esprit, que la corne n’était pas par terre, et que si elle est si précieuse que ça, il avait qu’à la garder avec lui). Il n’est spécialement en position de force, disons-le. Vraiment pas en position de fanfaronner, donc.
Tant pis pour les acclamations, les hourras et les félicitations en revenant chez les Silencieux.
« Je vais te poser une question. Je veux que tu sois honnête, mouvement de la tête approbateur, frénétique, même si l'une des réponses que tu me fourniras signifiera pour moi le gaspillage d'un objet extrêmement précieux. L'as-tu touché ? »

Mouais.
Disons que la réponse qui risque de ne pas plaire au sorcier est assez évidente.

Lancelot se renfonce un peu plus dans les détritus, espérant quelque peu pouvoir y disparaître, ou y trouver une protection quelconque. « Ou-oui. Une petite voix, bégayante un peu, les yeux fuyants. Pas l-longtemps. » Il l’a quand même touché. Prise entre ses mains nues. Il a bien senti la magie qui s’en dégageait, il a tout de suite su que c’était quelque chose de précieux, de magique, mais de là à savoir qu’il ne devait pas la toucher… c’est pas comme s’il y avait un mode d’emploi fourni.

« Vous v-voulez la rav-voir ? » Sa main fait glisser le sac, écrasé sous lui (ça explique la douleur qui a traversé son omoplate, quand il est tombé; ce n’est pas une petite corne et il va avoir une belle ecchymose sur toute la longueur de celle-ci)(ça aurait pu être pire : il aurait pu être transpercé par elle, par exemple). Ramène le sac jusque sur lui, alors qu’il se redresse un peu, surveillant la baguette de l’homme. Ce serait bien qu’il ne le tue pas comme ça, juste parce que… enfin, c’est quand même pas si grave. Non ? « C’est quoi, c-c-omme objet ? » Son bégaiement nerveux ne s’éteint pas, mais la curiosité prend un peu le dessus, revenant à la charge. Tant qu’à mourir, autant savoir pourquoi, pour une corne de quelle bestiole. Puis, peut-être que ça va lui permettre de penser à un plan d’évasion, plus efficace que le premier. Un plan de survie, en fait, vu le guêpier dans lequel il est fourré. « Ça fait quoi ? »

Pas une malédiction, s’il vous plaît. Ou une lèpre sorcière quelconque.
Parce que ça, il va avoir beaucoup de mal à l’expliquer aux Silencieux et il est bien certain, là, qu’ils ne vont pas l’accueillir à bras ouverts.
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyJeu 9 Juil 2015 - 2:16

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-Et merde.

Le ton sec et acide du dépit. L'infime espoir de récupérer l'artefact venait de s'envoler à jamais. J'ai serré les dents. Plusieurs idées me vinrent à l'esprit, toutes liées à des émotions brutales n'inspirant guère à la bienveillance. Des tas d'envies, des tas d'images. Puis le vide. Un soupir. Les articulations de mes doigts blanchirent autour de la baguette.

-Tu vas prévenir les autres patrouilles, dis-je à l'attention du policier moldu derrière moi. Mes yeux ne quittaient pas le jeune sorcier. C'est toi qui est responsable de la panique sur le marché. Le travail était trop dur, tu as craqué. Tu as besoin d'un soutien psychologique. Tu ne gardera aucun souvenir de notre rencontre. Maintenant, va-t'en.

Une voix blanche s'éleva du muret. Un "d'accord" d'automatisme. Un bruit de pas qui s'éloignait. Propre et net.

Ma baguette pivota, pointant le chat qui ronronnait. Son pelage décrépi fut balayé d'un vent froid et il s'affala sur le sol dans un bruit flasque. Propre et net.

Je suis souplement descendu de mon perchoir, atterrissant sur le sol en pliant les genoux. Me redressant de toute ma hauteur, j'ai jaugé l'importun. Je serrais les dents. J'ai fait deux pas vers lui, toujours mas baguette à la main. Elle disparut finalement sous l'étoffe de ma cape.


-Il s'agit de la corne d'un oni, un démon japonnais. Comme tu as posé ta main dessus, elle t'appartient.
Toujours le même ton acide de la déception face à la chance insolente et à l'imbécilité.
-Les onis sont aussi rares que dangereux. Une taille de troll, la ruse pernicieuse d'un basilic, des crocs et des griffes de félin, des cornes de bœuf et, comme si ça ne suffisait pas, un gourdin en fer capable de briser les os comme du cristal. Ils ont aussi un sale caractère.
Sans m'en rendre compte, je me massais l'avant bras gauche. Le souvenir douloureux n'était pas si lointain.
-Créés pour veiller sur les hommes, ils se sont pervertis eux-mêmes. De craints ils sont devenus une légende, un peu surexploitée par le marché des aphrodisiaques dont certains produits vantent les mérites de mixtures comprenant des griffes ou des extraits de cornes d'onis. La vérité est plus... Intéressante.
Je me suis autorisé un sourire. Savait-il seulement dans quoi il venait de s'embarquer ? Il semblait dire qu'il comprenait l'étendue du désastre, mais j'ai vu à ses yeux qu'il ne comprenait rien. Alors j'ai ôté ma capuche et pris ma voix de nécromancien.
-Pour posséder la corne d'un oni il faut d'abord la toucher ; ce que tu as fait. La corne obéit alors uniquement à son propriétaire. Elle l'inspire, elle le guide. Dans des situations d'extrême danger et de mort imminente elle semble offrir à son détenteur une chance peu commune. Il y a cependant un revers à la médaille : l'addiction. Il s'est avéré qu'au fil du temps le caractère des propriétaires de corne d'oni est devenu plus téméraire. De plutôt débrouillards dans quelques bagarres, ils en sont venus à ne vivre que pour le combat ; et pas toujours avec une baguette. La nature intrinsèque de l'oni, sans doute. J'ai rencontré l'un de ces hommes en 1987 dans un bar miteux du Kabukicho, il était un peu trop porté sur le shochu et a fini poignardé dans le dos entre deux poubelles. Il faut croire que même la corne a ses limites...

Évidemment, il s'agissait là de la version courte. Témoin de la scène, j'avais vu le bougre briser les membres d'une quinzaine d'assaillants avant de s’effondrer. Digne d'un film de Park Chan-wook. Mais le mauvais tour du jeune homme méritait punition. Raison pour laquelle j'avais omis de mentionner un fait important dans l'influence de la corne sur son porteur : la durée du premier contact physique et la force morale du détenteur. Deux critères qui, d'après mes estimations, changeaient grandement la donne.

Peut m'importait la manière dont il pensait l'avoir trouvée. Cette corne m'appartenait, je n'étais pas prêt de l'oublier. Cependant, je commençais à me demander si ce "vol" n'avait pas été délibérément prévu à l'avance... Au moins, il me restait toujours l'autre.


-Allez, maintenant lève-toi, ordonnais-je en lui agrippant l'avant bras pour le remettre sur ses pieds. Je ne vais pas te tuer, ce serait un exploit difficile à réaliser même pour le plus retors des mangemorts. Cependant, n'oublie pas que tu as désormais une dette envers moi. Quel est ton nom ?
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyMar 21 Juil 2015 - 19:13

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« Et merde. »

Mouais.
Il se doutait bien que ça n'allait pas lui plaire.

L'homme parle au policier moldu, lui ordonnant de quitter. Tout en le fixant lui, ce qui le met hautement mal à l'aise. Lancelot est toujours immobile, le sac serré dans sa main, reprenant son calme. Il doit s'enfuir. Il doit bien y avoir une... ouverture... non ?

Non, puisqu'après avoir fait disparaître le chat mort-vivant (beuârk), le sorcier descend de son perchoir, bien plus habilement et souplement que ce qu'il a fait (soit en ne tombant pas dans les ordures), et se rapproche de lui. L'adolescent prend le pari de ne pas bouger, de résister à l'envie de s'enfoncer un peu plus dans les ordures. « Il s'agit de la corne d'un oni, un démon japonnais. Comme tu as posé ta main dessus, elle t'appartient. Elle m'... Il ouvre grand les yeux. Ouh la. Il ne s'attendait pas à cela. Ça veut certainement dire qu'il ne peut pas revendre ce truc – et comme il le découvre en écoutant l'homme, il n'en a plus spécialement envie, en fait. Les onis sont aussi rares que dangereux. Une taille de troll, la ruse pernicieuse d'un basilic, des crocs et des griffes de félin, des cornes de bœuf et, comme si ça ne suffisait pas, un gourdin en fer capable de briser les os comme du cristal. Ils ont aussi un sale caractère. Une créature qui n'a pas l'air de rigoler, dites donc. Créés pour veiller sur les hommes, ils se sont pervertis eux-mêmes. De craints ils sont devenus une légende, un peu surexploitée par le marché des aphrodisiaques dont certains produits vantent les mérites de mixtures comprenant des griffes ou des extraits de cornes d'onis. La vérité est plus... Intéressante. »

Et en effet, ça l'intéresse. Même s'il ne comprend pas du tout où l'autre veut en venir.
Le garçon se redresse un peu plus, attentif, écoutant le sorcier – qui a pris une voix sombre, sonore, qui lui colle des frissons sur les bras et la nuque. « Pour posséder la corne d'un oni il faut d'abord la toucher ; ce que tu as fait. La corne obéit alors uniquement à son propriétaire. Elle l'inspire, elle le guide. Dans des situations d'extrême danger et de mort imminente elle semble offrir à son détenteur une chance peu commune. Il y a cependant un revers à la médaille : l'addiction. Il s'est avéré qu'au fil du temps le caractère des propriétaires de corne d'oni est devenu plus téméraire. De plutôt débrouillards dans quelques bagarres, ils en sont venus à ne vivre que pour le combat ; et pas toujours avec une baguette. La nature intrinsèque de l'oni, sans doute. J'ai rencontré l'un de ces hommes en 1987 dans un bar miteux du Kabukicho, il était un peu trop porté sur le shochu et a fini poignardé dans le dos entre deux poubelles. Il faut croire que même la corne a ses limites... »
Sa respiration est devenue plus rapide, excitée. Oh bon sang. Et c'est... à lui. Lancelot baisse les yeux sur le sac informe, dans lequel se trace nettement la longue courbe de la corne noire et solide, les remonte sur Herpo, les baisse à nouveau sur la corne. De la chance. De l'inspiration. Dans des situations extrêmes. N'est-ce pas ce qu'il vit tous les jours, comme insurgé ? Ce qu'il risque de confronter sans cesse ? Même s'il doit être prudent

« Allez, maintenant lève-toi. Je ne vais pas te tuer, ce serait un exploit difficile à réaliser même pour le plus retors des Mangemorts. Cependant, n'oublie pas que tu as désormais une dette envers moi. Quel est ton nom ? » L'homme le remet bien vite sur ses pieds et de plus proche, il voit bien qu'il n'est pas vieux. S'il a le visage marqué, c'est par l'expérience. En vrai, il doit être un peu plus vieux que Mr Llewellyn, mais pas beaucoup. « Lancelot. Il est trop survolté pour même penser à donner un faux nom à ce type – et il n'a même pas de surnom d'insurgé, encore. Pas même le réflexe de cacher son prénom ridicule, qu'il déteste tant. La corne d'oni le rend déjà crétin (quoique ça, c'est sans doute naturel). J'ai pensé que vous étiez un Mangemort, ou un Rafleur, mais... Hochement de tête négatif. Un Mangemort ou un Rafleur, il les aurait semé. Il en a l'habitude, d'eux. Il renvoie le sac sur son épaule et nettoie un peu ses vêtements d'un coup de baguette, l'odeur de fruits pourris se dissipant heureusement. Il était en train d'étouffer, dans ces ordures. Quelques minutes de plus et il serait probablement mort d'asphyxie. C'est quoi votre nom ? Que je sache envers qui j'ai une dette. » Sa main se tend, le sourire s'étire. Il est un sorcier, il sait ce que suppose une dette magique. Il sait qu'y tourner le dos est pire que tout – alors il est prêt à en tenir la promesse. Et à retenir toutes les questions qui brûlent ses lèvres.

« Est-ce qu'il faut toujours avoir la corne sur soi, pour être inspiré ? »

Oui, non, d'accord, pas toutes les questions.
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MessageSujet: Re: runners   runners EmptyMar 4 Aoû 2015 - 0:37

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-Tu peux m'appeler Gwydion, dit ma bouche aux accents aussi lourds que les battements de cœur d'une baleine.

Tous à voir des mangemorts, tous à imaginer des rafleurs. Il existait des choses bien pire que les chapeaux pointus et les masques de fer. Il existait des choses plus insidieuses que des dénonciations anonymes. Le Mal à l'état brut, sous sa forme la plus pure et parfaite. Une créature immonde, une horreur cachée. Elle dormait le jour, recluse dans une grotte. Elle n'ouvrait ses paupières qu'une fois les dernières lueurs du crépuscule éteintes et elle couinait dès que l'aube pointait sa terrible aurore.

Avant Voldemort, avant Grindelwald, avant même la domestication de la magie par les baguettes, elle arpentait librement la Terre. Connue même des moldus, elle était jadis la raison pour laquelle les hommes barricadaient leurs portes une fois les ténèbres venues. Partout et nulle part, indomptable et vicieuse. Jamais vaincue mais cependant oubliée, reléguée au rang des mythes et des légendes. Elle hululait encore lorsqu'un loup-garou dévorait le visage d'un enfant. Elle poussait des paiements excités quand un basilic s’extirpait de son œuf. Elle éblouissait les ombres à l'instant où la mort s'incarnait dans un éclair vert.

Aujourd'hui, je pouvais l'entendre ronronner de plaisir en voyant le jeune Lancelot tomber dans sa toile. Un repas pour plus tard.


-La corne doit en effet être relativement proche de toi pour que son instinct puisse t'habiter... Mais avant que tu puisses t'en rendre compte, je doute que tu puisses passer même une seule minute sans la caresser.

J'aurais voulu être une petite souris et me glisser dans sa poche. L'accompagner et voir. Combien de temps lui faudrait-il pour changer ? Pour chuter ? Combien de temps avant de céder à la rage ?

Avant lui, certains possesseurs de ces cornes étaient effectivement parvenus à résister à leurs attraits maléfiques. Mais il fallait replacer les exploits dans leurs contextes : des mages blancs, occlumens de haut niveau, dotés d'une volonté sans faille. Lancelot était jeune, il puait la peur, l'incertitude et la bêtise à plein nez. Il était à un âge où l'on se construisait, et non à celui où les acquis de l'expérience rendaient leurs fruits.

D'un autre côté, l'avenir n'était jamais écrit. J'étais bien placé pour le savoir. Des mages de la trempe d'Albus Dumbledore ou de Gellert Grindelwald se révélaient à eux-mêmes -et à leur siècle- grâce à de tels évènement. Qui pouvait savoir ce que deviendrait Lancelot.


-Notre rencontre me fut peu agréable. Déclarais-je d'une voix morne. Prie pour qu'on ne se revoie pas avant l'heure de ta dette. D'ailleurs, si je puis me permettre : à défaut de suivre les conseils avisés d'un autre être humain, écoute au moins la corne. Qui sait ? Elle t'évitera peut-être de mourir avant la prochaine décennie.

Une bourrasque s'engouffra dans la ruelle. Soulevant les effluves nauséabondes des ordures en décomposition. Ma cape élimée claqua comme un fouet. La baguette noire et grise se tenait à nouveau entre mes doigts blafards.

Des mots qui ne devraient pas être prononcés sur cette Terre s'échappèrent de mes lèvres. Le jour devint la nuit. La tiédeur de juin s'envola, remplacée par une moiteur infâme. Les limbes m'avalèrent.

Je laissais là l'ombre projetée par le jeune sorcier, fermement décidé à rattraper le retard causé par cette rencontre importune.
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