HUNTED • running man Owen Avery |
1 novembre 2002
La nuit dernière avait été épuisante, tant par le stress causé par la présence du Magister que par l'agacement inopiné de se trouver en compagnie, pendant des heures, des autres membres du Cercle. Sauver Rabastan Lestrange d'un mauvais esprit le soir d'Halloween n'avait pas amené les deux collègues à s'adresser la parole plus que de raison. Aucune reconnaissance, par Salazar, ce nanti avait bien failli y passer et lui, Avery, avait fait son possible pour l'aider à s'en sortir, le sauver d'une mort certaine. Le fait qu'il y ait été obligé n'y changeait rien, il l'avait fait, et c'était déjà, à ses yeux, énorme. Oui, la nuit avait été longue, la journée plus encore. Il se souvenait avoir fait un passage chez Rosier pour se fournir en Orviéthan, solution d'appoint quand les autres fournisseurs s'avéraient impossible à contacter. Une chance pour Rosier qu'il soit si fatigué, le cas échéant il en aurait bien profité pour essayer de récupérer son argent. Soit. Il ferait ça une autre fois. Le jour se mourrait à nouveau, et Owen avait la vague impression de n'avoir pas vu le soleil du tout. Il ne souhaitait plus qu'une chose : rentrer chez lui, décéder proprement dans son lit et ne plus en sortir à moins d'y être obligé pour une quelconque raison qui avait intérêt d'être bonne. L'épuisement physique se trahissait par des tics nerveux agitant ses doigts, des marmonnements qui attiraient le regard des rares passant qui sillonnaient les rues de Londres, pressés de rentrer chez eux avec une longue journée de boulot. Selma s'agitait dans sa tête, grisée par la faiblesse du corps qu'elle occupait. Elle s'émerveillait de sentir l'énergie affluer de nouveau vers lui, lui concédant une force nouvelle, une présence indiscutable, celle là même qu'il lui connaissait depuis toujours, et qui, ces derniers temps, était source d'inquiétude. Il avait cette impression désagréable qu'elle se nourrissait de sa propre faiblesse. D'ailleurs c'était sans doute le cas, car à cette pensée Selma émit un bref rire avant de l'ignorer. Il ne releva pas. Owen avait besoin de sommeil ; lui qui dormait si peu, n'aspirait plus qu'à ça. Plonger dans l'inconscience, le plus longtemps possible. Ne plus être atteint par le monde extérieur, par la fêlure intérieure qui l'affaiblissaient au point de ne plus savoir transplaner. Il avait déjà failli se désartibuler la veille en se rendant dans l'Allée des Embrumes pour y retrouver Bones. C'était une imprudence incroyable, transplaner en ayant encore dans son système les dernières réminiscences de la drogue. Selma acceptait de marcher, heureuse d'avoir autre chose à voir que les visages cernés et peu avenants des Mangemorts. Inutile de préciser qu'elle s'était ennuyée à mourir, qu'elle n'avait pas essayé de refaire surface pendant la nuit. Dans les rues de Londres, elle balayait leur regard autour d'eux, ravie de ne trouver aucune résistance ; il lui laissait leurs yeux tant qu'elle la fermait. Cet arrangement semblait leur convenir à tous les deux, pour l'instant. Les mains enfoncées dans les poches, il subissait la gravité de la terre en se demandant à chaque pas s'il n'allait pas s'écrouler et ne plus jamais se relever. Dire qu'il était encore à des kilomètres d'Herpo Creek. Au moins Selma se tenait tranquille, c'était toujours ça de pris.
L'esprit détaché du corps, dans des vapeurs à peines conscientes, les jambes animées par pur automatisme, Avery ne prêtait plus que peu d'attention à ce qui se passait autour de lui. Tout juste assez pour continuer dans la bonne direction. Quand une main se posa sur son avant bras. Il sursauta et s'écarta brusquement, à la manière d'un animal pris par surprise. Il s'aperçut qu'il avait sorti sa baguette, qu'il serrait entre ses doigts, un maléfice au bord des lèvres ; face à lui se tenait Hestia Carrow, gamine dont les grands yeux clairs luisaient dans l'obscurité. On eut dit un chat de gouttière, avec ses cheveux fous et son sourire en coin, qui ne lui disait rien qui vaille. L'oiseau de malheur venu hanter sa nuit. Les sourcils se froncèrent au dessus de ses yeux, qu'il darda sur elle avec méfiance. « D'où tu sors putain. C'est pas possible d'être aussi flippante, ma parole. » Et il en avait vu des choses, à vous glacer le sang. Voir le cadavre de Lestrange, se rendre compte que son « ame » (?) (quelque chose dans ce goût là) (il n'avait pas tout compris pour être honnête) flottait quelque part autour d'eux, prête à se faire bouffer par un esprit invisible... franchement, c'était déjà assez, voir trop. Mais la gosse avait ce don pour le mettre à l'aise, en toutes circonstances. À commencer par les rares bals où il avait été forcé de se rendre, et où elle lui avait tenu la grappe pendant des heures. Les réceptions mondaines en elles-mêmes étaient déjà assez pénibles sans qu'elle n'ait besoin d'en rajouter une couche. Avery crut apercevoir un vague sourire étirer les lèvres minces d'Hestia, et il n'en fut plus que désireux qu'elle s'en aille. Merlin, elle lui filait la chair de poule ! « Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Et qu'est-ce que tu fais là en pleine nuit ? Les enfants ne devraient pas traîner seuls dans les rues par les temps qui courent. » lui demanda-t-il, condescendant. C'était bien la dernière personne qu'il voulait voir cette nuit. Il voulait juste rentrer chez lui, et qu'on lui foute la paix. Était-ce si difficile ? Avery se détourna d'elle, continua d'avancer en espérant qu'elle s'en irait. Benh tiens. Il entendit le pas délicat de Carrow suivre le sien. « Qu'est-ce que tu me veux Carrow. J'ai pas de temps à perdre. » lança-t-il d'un ton las sans un regard vers elle. Sangsue.
|
|