« Home isn't where you're from, it's where you find light when all grows dark. » ♱ -Pierce Brown, Golden Son
Evidemment. Aucun d’eux ne pouvait comprendre et tu te sentais soudainement étrangère à leur famille, à leur mode de vie et à leurs sentiments. « Traite-le encore une fois de fouine et tu sauras ce qu’il reste de Mangemort en moi, Ronald. » Peut-être le plus angoissant était le ton parfaitement calme assorti à cette phrase, la menace ténue et terriblement naturelle. Tu n’avais jamais envisagé ton existence sans Draco, comme eux n’avaient jamais envisagé la vie sans tous ces morts de l’Ordre. Parfaitement incompatibles. Tu avais fait des sacrifices pour avoir le droit, si fragile, de vivre avec Fred. Tu te fichais des autres, tu ne sourcillerais sans doute pas pour les trois quarts de ceux qui avaient partagé ton rang au sein de l’armée du Lord. En revanche, tu ne cèderais rien sur Draco. Il t’avait fait tenir debout, au même titre que le jumeau brisé. Les deux moitiés d’une histoire décousue.
L’humour t’a laissée de glace et tu as préféré reprendre le travail sur l’objet moldu, contrariée. Tu avais dû dire adieux à un de tes rares amis pour protéger son frère, pour tenter de le garder en vie, et si au début tu t’étais sentie plus heureuse que jamais, l’euphorie retombait à mesure que les fossés se creusaient. Tu n’étais jamais à la hauteur. Et le silence répondit à son commentaire sur la bièraubeurre. Tu n’aimais pas cela, en plus. Au dos du pin’s, tu pris le temps de graver le symbole de l’infini, refermé par une tête de serpent, sorte d’ouroboros revisité. « Mais tu vas exploser à ressentir tout ça !!!! » « C’est déjà fait. » Contre son t-shirt trempé, en plus. Il en avait été témoin. Avait-il déjà oublié ? Son esprit ne pouvait pas être linéaire à ce point, tout de même.
« Oops… désolé. Ouais donc. Je comprends le machin du meilleur ami. En fait c’est un peu comme Hermione et moi. » Tu t’es crispée à son contact. C’était trop. Tout le monde était bien trop tactile dans cette famille. Tu n’as cependant pas osé protester. Pas pour le sang étalé. « Je ne suis jamais sortie avec Fred, contrairement à toi avec Hermione. Les serpents ont des oreilles, Weasley. » Et puis.. les tensions au sujet de la demoiselle étaient palpables, même pour une handicapée sociale comme toi. « A la limite, George.. » aurait été plus probable. Tes infinis paradoxes t’empêchant d’associer les relations à long terme avec le fait d’aimer profondément et sans limite. Tu aimais moins George donc tu aurais accepté. Et surtout, tu avais une peur terrible de faire plus de mal que de bien au rouquin dont tu partageais l’atelier.
« Moi ce que je comprends pas c’est ton machin comme quoi tu vis que pour lui. C’est beau, j’dis pas mais, personne fait ça. » Sans doute la plupart des gens avaient des obstacles internes empêchant ce type de dévotion, et dans ce cas, il était parfaitement anormal que la petite fille dépourvue de sentiments soit devenue cette jeune femme dépourvue de sens de la préservation. Défaite de désir d’avenir. « Sinon t’es comme un elfe de maison et même pas, parce qu’ils vivent aussi pour les chaussettes. Faut que tu te trouves…» Tu n’as strictement rien compris à la suite de son discours. Mais c’était une parfaite insulte de te placer au dessous d’un vulgaire Elfe de maison. Tu avais déjà été l’équivalent pour le manoir Rowle, ça suffisait. Cinderella’s story. Sauf qu’il manquait le prince charmant. Ou alors c’était un enfoiré. T’as presque souri, avant d’entendre la suite. « Mais tu devrais pas dire que t’es pas jolie. Tu l’es donc t’en fais pas. » Tu t’es piquée le doigt avec l’outil t’ayant servi à affiner la gravure. Sleeping beauty. « Idiote ! » Le sang carmin qui perle doucement sur la table. Tu écartes rapidement ce qui pourrait l’absorber et glisses ton index entre tes lèvres. « Les filles qui sont futés c’est chouette, celles qui savent faire des gâteaux aussi et aussi qui savent se concentrer même quand tu fais des conneries à côté. » L’hémoglobine maîtrisée, tu lâches sans autre forme de procès : « Je ne suis rien de tout ça. Tu oublies que mes yeux sont une anomalie, que je parle le langage des serpents et que je suis une tortionnaire. Il n’y a aucune qualité à souligner. » Rien, nada. Parce que tu considérais ton intellect comme seule qualité et qu’elle était noyée dans une véritable soupe de défauts. « Je sauve ton frère, je lui trouve une femme et je disparais. Fin de l’histoire. » Mauvaise humeur latente. Sans doute un premier effet secondaire de ton éloignement. La Magie Noire ne pardonne pas. Et la mort d'Ypsös non plus.
« Traite-le encore une fois de fouine et tu sauras ce qu’il reste de Mangemort en moi, Ronald. »
Ron lui lança un regard assassin. Elle s’imaginait quoi au juste blondie? Pouvoir défendre ses petits copains de la mangemort factory tranquille quand elle parlait à un Weasley? Pourvoir lui dire peinarde qu’il lui restait du mangemort d’ailleurs en elle?
Il était en train d'avoir une sacré hallucination là. Elle faisait le même coup à Fred?
Le souci de Lucrezia selon Ron c’était sa loyauté. Elle n’en avait pas ou plutôt elle en avait trop et au lieu de les faire coïncider, elle s’évertuait à les mettre face l’une à l’autre. Les gens confondaient toujours tout et c’était franchement ennuyeux selon le rouquin. Le cœur était faible (il en savait quelque chose) parfois chez les gens. Il était esclave d’autres nécessités purement physique ou morale. Une envie de baiser et les gens confondaient ça avec des sentiments. Un élan de reconnaissance et certains croyaient à une amitié indéfectible. Des rêves de gloire et les gens prenaient ça pour des désirs d'émancipation.
Des leurres qui ne s’avéraient que rarement fondés.
Le cœur était faible mais les convictions ne l’étaient jamais. Ron était convaincu que le Magister et ses idées étaient un ramassis de conneries. Avec ou sans ses meilleurs amis, il aurait lutté contre. Lucrezia était convaincu qu’elle n’existait que pour et par Fred mais défendait quand même Draco sous un prétexte qui franchement l’emmerdait d’avance. Paradoxe trop grand pour Ron qui ne voyait guère comment tout cela cohabitait tranquillement dans l’esprit de la jeune femme.
Deux loyautés contraires s’annihilaient nécessairement.
Il ne répondit pas, préférant bifurquer aimablement sur des histoires de chaussettes mais la réponse aurait été de toute façon assez limpide : il disait ce qu’il voulait, sur qui il voulait de la manière dont il le souhaitait. Et elle n’avait certainement pas à lui dicter quoi que ce soit surtout sur un individu comme Malfoy qui avait été responsable de bien trop d’horreur autour de lui. Si elle désirait le retrouver la porte était ouverte et la haine aussi. Car il y avait bien une chose que Ron ne pardonnait pas et c’était ce genre de petites trahisons mesquines.
« Je ne suis rien de tout ça. Tu oublies que mes yeux sont une anomalie, que je parle le langage des serpents et que je suis une tortionnaire. Il n’y a aucune qualité à souligner. »
« Non Blondie. Mes frères l’oublient, moi pas. » La réponse avait été dite de manière souple. Ron faisait des efforts, pour Fred et peut-être aussi pour Lucrezia elle-même, même s’il avait du mal à se l’admettre. Elle était plaisante. Puis merde! On ne laissait pas une fille vous pleurer dessus des heures sans que ça vous fende un peu le cœur! Il sentait ses failles, percevait facilement le fait qu’elle ne se sentait pas à la hauteur (il connaissait bien tout ça), comprenait ses angoisses. Elle lui ressemblait un peu. Pas mal. Mais il ne se ménageait jamais quand il s’engueulait et ne voyait pas pourquoi il le ferait envers elle non plus.
La patience n’était pas spécialement une de ses principales vertus.
Ne pas choisir était se mettre la tête dans le sable et Ron se leva brusquement en s’éloignant, la colère montant d’un cran soudain en écoutant sa dernière phrase.
« Je sauve ton frère, je lui trouve une femme et je disparais. Fin de l’histoire. »
Ça allait gueuler sec là.
« Personne sauvera Fred s’il ne décide pas de se sortir les doigts du cul déjà ! Tu veux quoi de lui en fait ? Putain mais c’est une blague ! C’est quoi ce syndrome de martyr… » Ron fit quelques pas en s’agitant puis en passant ses mains dans les cheveux en guise de signe d’incrédulité. « Ouhouh j’aime Fred je veux qu’il soit heureux, e.r.e ,mais je resterais pas avec lui, je vais lui trouver une poupée gonflable et ça ira. »
Le tout dans une voix girly à souhait qui suintait l’ironie. Il stoppa ses pas devant elle.
« Sans déconner Rowle? Tu te fous pas de ma gueule là ? ou pire…. Tu te fous de toi-même et là on atteint un level que même-moi je peux pas atteindre. »
« Home isn't where you're from, it's where you find light when all grows dark. » ♱ -Pierce Brown, Golden Son
La gifle a claqué, sèche. La main s’est écrasée sur sa joue avec une précision déconcertante. « Fais gaffe à ton langage. » Comme si c’était l’affront le plus grand qui soit sorti de la bouche de Ronald ces dernières minutes. Passe encore qu’il ait un esprit linéaire, la politesse n’épargne pas les imbéciles heureux. Ton regard sévère te donnerait presque l’air d’une mère sermonnant un enfant pris en faute. Le syndrome de martyr. Il faisait un effort de vocabulaire sur la fin. Mais son acerbe moquerie n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. La colère grondante a glacé tes pupilles claires fixées sur lui, trop grand, trop roux. « Qu’une chose soit claire entre nous, Ronald : je suis là parce qu’il me l’a demandé, ça ne veut pas dire que je renie tout ce que j’ai été. Je ne sacrifierai pas la vie de mon ami pour vos rancoeurs d’adolescents attardés. » Des ados qui se tirent dans les pattes depuis Poudlard. Tu as pu faire le choix de partir parce que ton amour pour Fred allait au-delà de ta détresse, de cette dépression qui ronge ton âme et tes sens, qui bouffe ta magie pour la faire plonger plus loin dans l’obscurité. Es-tu prête pour autant à tuer ceux avec qui tu as vécu ? Oui. Sauf Draco, contre qui ta baguette demeurerait baissée. Tu savais que, de toute manière, elle refuserait d’obéir à cet acte. Elle te connaissait comme tu la connaissais, et le choix était primordial dans le meurtre. Tu avais toujours torturé en pleine conscience des conséquences, aujourd’hui, l’objet magique refusait parfois de plier dans la contradiction profonde qui régnait en toi. Un pardon ne suffirait pas. « Ouhouh j’aime Fred je veux qu’il soit heureux, e.r.e ,mais je resterais pas avec lui, je vais lui trouver une poupée gonflable et ça ira. »
Et la seconde gifle, sur l’autre joue, aurait pu tomber comme la morsure du givre. Tu t’es retenue, crispée, trop droite, trop comme eux, charmante élite pleine de manières et de tenue. Tu le regardais avec l’envie de sang au fond des yeux. Ce garçon n’intégrait décidément rien. Et par Merlin que tu te sentais au bord de la rupture. Respire. T’étais presque comme un loup-garou non loin de la pleine lune. Tu aurais presque senti le tatouage brûler ta peau alors même que tu savais cela impossible. « Les poupées gonflables, c’est bon pour toi. Fred mérite quelqu’un qui sera capable de l’aimer pour ce qu’il est, loin de l’ombre de George. Quelqu’un de positif et joyeux. Quelqu’un qui ne s’effondrera pas comme un château de cartes. » Quelqu’un qui le poussera à vivre, en somme.
« Sans déconner Rowle? Tu te fous pas de ma gueule là ? ou pire…. Tu te fous de toi-même et là on atteint un level que même-moi je peux pas atteindre. » Pas Rowle. T’as quasiment pas mangé et les sentiments brusques font tourner le décor, mais tu résistes, et tu ne songes pas une seconde que ton instabilité exacerbée puisse venir de là. Brillante mais dans le déni, n’est-ce pas ? « Je ne peux pas tenir ma promesse. J’y arrive pas.. j’ai peur de le blesser, de le briser un peu plus.. on sait tous les deux qu’il vaut mieux que ça. » « Redresse-toi. » Le sifflement du serpent t’oblige à te reprendre. Inquisiteur, il te fixe, crochets dehors, menaçant, autoritaire. Et tu sens la bague à ton doigt émettre la douce chaleur du réconfort, comme une caresse tendre qui te ramène à la raison de ta présence ici : si tu l’abandonnes, que deviendra-t-il ? Tu l’as déjà imaginé avec une femme aimante et des enfants, mais tu as vu l’irréversible cassure dans ses billes tristes. Rien ne ramènerait le Fred Weasley d’autrefois. Et tu te sentais coupable de vouloir garder celui-ci pour toi. « Et par Morgane, cesse de m’appeler Rowle ! »
« In wartime, he thought to himself, you don’t call a death murder. » S.Sheridan
"
La brûlure sèche de la gifle lui fit sauter une respiration avant qu’il ne tourna de nouveau son visage vers elle, des endoloris perlant dans l’iris azur des yeux et la tension palpable sur l’épiderme. La respiration tremblait. Les organes –prisonniers- aussi. Et sa langue à elle claquait sur son palais en mots rudes et implacables.
« Qu’une chose soit claire entre nous, Ronald : je suis là parce qu’il me l’a demandé, ça ne veut pas dire que je renie tout ce que j’ai été. Je ne sacrifierai pas la vie de mon ami pour vos rancoeurs d’adolescents attardés. »
Il y avait une satisfaction nauséeuse dans sa démonstration de colère. Quelque chose comme un ‘enfin’ qui s’étendait indélébilement entre eux. C’était là, cuisant, sur sa joue tout autant que sur l’arrondi du relief des doigts de la blonde.
Une réaction.
Il n’avait aucune patience pour les statues de glace, aucun ménagement pour les longs silences et les non-dits. Il en avait eu sa dose avec Hermione. Il aurait voulu à l’époque avoir eu le courage de la secouer jusqu’à ce que les mots tombent comme des couperets. Kill me. Kiss me. Do something. N’importe quoi plutôt que le gouffre et le néant. Mais il n’avait rien fait. Il s’était contenté d’attendre patiemment. Ah! Ah! Comme si en temps de guerre on avait du temps. Comme si le sang n’était pas compté.
De patience, il n’en aurait plus. Pour personne. Personne d’autre en tout cas que ceux qui portaient le même nom que lui, et Harry.
Lucrezia lui faisait le même effet que Zabini en cet instant. Fidèle à personne d’autre qu’à elle-même et Ron aurait trouvé ça admirable si les temps avaient été différent. Ce n’était plus le moment de voguer d’un camp à un autre. De ramener son corps ici et de laisser son cœur là-bas. Ou le contraire. Il n’en avait rien à foutre à vrai dire.
Tout ou Rien.
Peut-être était-il seulement usé par une nuit sans sommeil, agité par des cauchemars silencieux? Un peu comme elle qui mangeait à peine quand bien même la nourriture était rare chez les insurgés. La colère alourdit ses paupières en un cillement pesant, les lèvres se crispèrent tandis qu’il la toisait en serrant les poings, le bijou aux volutes rouges scintillant d’un carmin plus sombre non loin de là.
« Les poupées gonflables, c’est bon pour toi. Fred mérite quelqu’un qui sera capable de l’aimer pour ce qu’il est, loin de l’ombre de George. Quelqu’un de positif et joyeux. Quelqu’un qui ne s’effondrera pas comme un château de cartes. »
Comme si aucun des frères de George ne vivaient pas avec l’ombre de ce dernier. A croire que Fred avait été le seul à pâtir de la mort d’un des siens.
« Eh bien si tu l’aimes tellement, » cracha Ron « Tu n’as qu’à le devenir, positive et joyeuse. Ton serment à Voldemort tu l’as jeté par-dessus ton épaule, non ? tu n’as qu’à jeter le reste aussi. »
Comme si son frère était homme à baigner dans la joie et le bonheur. Il l’avait été. Même lorsque le manteau des partisans du seigneur sombre avait recouvert le Royaume-Uni, Fred avait toujours été le premier à blaguer. Peur de rien et sourire frondeur aux lèvres. De la témérité à revendre, une inconscience faite de bravade et de panache. Puis tout avait disparu d’un coup, d’un seul. Si Lucrezia aimait Fred depuis Poudlard, c’était tout à son honneur puisque ce n’était plus le même homme qui travaillait aujourd’hui dans la pièce à côté.
Aucun d’entre eux n'étaient plus vraiment le même à vrai dire.
« Je ne peux pas tenir ma promesse. J’y arrive pas.. j’ai peur de le blesser, de le briser un peu plus.. on sait tous les deux qu’il vaut mieux que ça. »
Le souvenir de ses larmes, là, encore palpable sur son épaule.
La colère retomba, avec le même vent de rapidité qui l’avait emmené. Elle semblait plus fragile tout à coup. Les cheveux pleurant presque sur ses épaules et le regard qui s’éteignait au fur et à mesure malgré le mouvement du corps, qui s’était relevé sous le sifflement aiguë du serpent. C’était comme se regarder dans un miroir déformant. Il avait été ainsi pendant de long mois, prisonniers de pensées noires qui ne voulaient pas partir, qui tournoyaient en continue dans son esprit.
Pas à la hauteur, Avec ou sans toi, Fatigué…. Tellement, tellement fatigué…
Il détourna son regard de la jeune femme en un soupir qui lui gonfla le torse sans jamais vouloir s’échapper. Elle ne trahirait pas. Eux, peut-être. Surement. Sans regarder en arrière en plus. Ron ne se faisait aucune illusion.
Mais pas Fred.
« Et par Morgane, cesse de m’appeler Rowle! »
Il s’écarta. Il l’appelait Rowle tout comme Susanna était une Carrow. Des rappels indélébiles. Il n’avait pas la candeur de certains. Il aurait aimé être aussi tolérant qu’Hermione qui ne voyait aucun mal à se mêler à des mangemorts, mais ce n’était pas le cas. Il s’obstinait à se souvenir.
A se souvenir de ceux qui étaient morts dans les sous-sols du Magister sous les crucios et les baisers froids des détraqueurs.
A se souvenir des créatures magiques qu’on avait cantonné dans des endroits quadrillés.
Aux noms de ceux qui avaient commis ses crimes.
A ceux qu’on avait réduits en esclavage et les autres qui n’avaient jamais reçu leur lettre pour Poudlard, pour rentrer dans l’équipe de quidditch locale ou pour ce métier sorcier auxquels ils aspiraient tant, à toute ces vies enfin qu’on avait effacées, modulées, et grimées parce qu’ils n’étaient pas assez purs.
Si les insurgés ne s’en souvenaient pas, qui le ferait?
« C’est plus grand que nous, Lucrezia... C’est pas grave si tu flanches… on t’aidera à te relever. L’important, c’est de se relever. »
L’important c’était d’assumer ses choix, même si on tombait un peu –beaucoup- avec.
Ron recula de quelques pas, épuisé, notant à peine la première utilisation du prénom. Il souleva la cravate avec le pins dessus où le sang frais tournoyait, une moue se dessinant sur son visage. Étrangement calme.
« Ça brille, c’est normal? »
Ils auraient du rester sur la conversation des chaussettes.
« Home isn't where you're from, it's where you find light when all grows dark. » ♱ -Pierce Brown, Golden Son
« Eh bien si tu l’aimes tellement, » avait-il craché « Tu n’as qu’à le devenir, positive et joyeuse. Ton serment à Voldemort tu l’as jeté par-dessus ton épaule, non ? tu n’as qu’à jeter le reste aussi. » Et tu comprenais à cette sensation qui te tordait l’estomac que tu n’en étais pas capable. Ce qui avait fait de toi une Mangemort était bien plus complexe qu’un idéal, qu’un racisme pur. Tes yeux s’étaient longuement promenés sur Nagini, ton esprit s’était trop longtemps attardés sur le désir de rendre les tiens un peu fiers, juste un peu. Plus jeune, tu t’étais dis qu’en satisfaisant la demande de ton père, tu pourrais apprendre à contrôler comme Lord Voldemort savait si bien le faire, qu’ainsi plus personne n’aurait de dégoût en ta présence. On ne reprochait pas son don au Maître. Et si tu avais pu te faire aimer au moins une fois.. Draco t’aimait, mais ça, tu l’avais vu trop tard. Tu ne pouvais plus te défaire de sa supplique ; reviens. Il t’aurait pardonnée, lui pour qui la trahison était irréversible. Et Fred, te pardonnerait-il quand il comprendrait que, quelque soit le camp vainqueur, une part de toi serait réduite en cendres ? Plus qu’elle ne l’était, s’entend. Alors non, tu ne pouvais pas jeter le reste, parce que tu avais été Marquée par devoir familial, pour ne pas être encore rejetée, par désir de connaissance. Le pouvoir t’importait peu. Ton racisme n’était qu’une excuse. Tu ne voulais simplement plus souffrir, donc ne pas changer. Un jour viendrait où tu ne serais plus aussi bien tolérée, si tu ne changeais pas, tu aurais moins de mal à fuir.
« C’est plus grand que nous, Lucrezia... C’est pas grave si tu flanches… on t’aidera à te relever. L’important, c’est de se relever. » « Je n’ai pas le droit ! » Tu ne peux pas flancher. Tu n’étais jamais sûre de pouvoir te remettre debout, de pouvoir avancer ensuite. « Je dois tenir, je dois lui donner ce qu’il a perdu, l’aider.. arrêter l'alcool et.. » rendre à Fred un peu d’équilibre. Est-ce que Ronald pourrait te reprocher cela ? « Ça brille, c’est normal? » Tu as suivi le mouvement de la cravate, comme s’il soulevait l’intégralité d’un pan de ta vie, et tu as eu un long moment de latence. Rouge et or. Qu’est-ce qui n’avait pas pris cette teinte au moins une fois dans tes souvenirs ? Même toi, par un habile tour de magie de George. Ton corps a lâché sa posture droite, tu t’es retrouvée assise, sans trop comprendre comment, sur la chaise à proximité. Ses doigts maladroits sur ta peau juvénile. Ses lèvres inexpérimentées dans ton cou.Rouge et or. Tes tentatives vaines de toucher un univers qui n’était pas le tien. Vert et argent à ton annulaire. « Ton sang a été assimilé. Ca signale que le rubis a reconnu son propriétaire.. » as-tu consenti à souffler après avoir cligné des yeux, revenant à l’instant présent.
Tu détaches le pin’s de la cravate, troublée, d’un tour de baguette qui fait glisser l’accessoire Gryffondor d’entre les mains du jeune homme. « Dans l’idéal, tu voudrais quelle propriété pour ce rubis ? » Tu te masses les tempes. Ce ne sont que des souvenirs, tu es juste fatiguée. Tu travailles trop. Beaucoup trop, jamais raisonnable, jamais inactive, maladivement accrochée à la magie, au fait d'être utile.
« In wartime, he thought to himself, you don’t call a death murder. » S.Sheridan
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« Je dois tenir, je dois lui donner ce qu’il a perdu, l’aider.. arrêter l'alcool et.. »
Ron ne fit aucune remarque sarcastique ni même suintant la colère. Cela aurait été drôle si toute la situation n’avait pas eu des relents pathétiques. Elle avait dû le sentir aussi d’où sa chute sur la chaise. Ça ou elle nageait tellement dans l’absolu imbroglio dans lequel elle pensait être.
Ron n’avait aucune idée -avec son pragmatisme habituel- du pourquoi les gens se compliquaient autant la vie. Il refusait de tomber dans ce travers, luttait obstinément contre les rouages qui menaçaient. Pour d’autres c’était pire. Sa sœur était encore avec Parkinson par exemple. Et lui, ok il avait un petit béguin comme ça… mais c’était des désirs d’hommes, Rien qui ne pouvait être contrôler. Garder sous contrôle.
C’était exactement ce que faisait Lucrezia, non ? Garder sous contrôle.
Il posa une main réconfortante sur l’épaule de la jeune femme, serra un peu et la retira avec légèreté. On se sauvait avant tout soi-même. Ron restait ferme là-dessus. On aidait à côté mais la volonté devait venir de la personne. Il avait failli perdre ses deux meilleurs amis parce qu’il n’avait pas voulu, parce qu’il s’était laissé sombrer pendant quelques mois. La faim, la fatigue, les deuils, la guerre en somme. Ça avait été trop d’un coup pour le garçon simple et joyeux qu’était le benjamin des Weasley.
« Ton sang a été assimilé. Ça signale que le rubis a reconnu son propriétaire.. »
Pendant quelques secondes, Ron se perdit dans la contemplation du rubis. Les reflets or devenaient ambre en scintillant en miroir sur son iris azur. Le pin’s était simple, ouvragé de manière élégante. Surement, Lucrezia pourrait en faire son métier après la guerre.
« Dans l’idéal, tu voudrais quelle propriété pour ce rubis ? »
Ron fronça les sourcils dans sa réflexion. Il se souvint du collier d’Herpo qu’il avait soigneusement glissé sous son oreiller. Il avait comme propriété d’absorber sa peur. Ron à la base n’en avait pas besoin : il avait souvent peur : peur de déplaire, peur de ne pas être à la hauteur, peur de perdre mais il surmontait en général, tant bien que mal. Il l’avait essayé cela dit une fois et le changement avait été notoire. C’était comme boire une boisson ultra-energisante et en chopant un rail d’orviétan. Ça calmait vos nerfs tout en boostant l’énergie.
Ron fixa le bijoux entre ses mains puis leva son regard bleu clair sur la jeune femme.
« Je ne veux pas de trucs liés à la protection. Je préfèrerais …Je suppose que demander à ce que ça puisse me rendre invisible c’est trop demander hein ? » Le rouquin fronça le nez et tira la chaise pour s’asseoir prés de Lucrezia « Tu connais toi aussi l’histoire des reliques de la mort? les contes de Beedle le barde. J'aime bien... » C’était un conte populaire pour les sorciers, un peu vieillot, un peu passé. Ron fit tourner le pins entre ses doigts, le regard dessus sans trahir ses pensées intérieures. « Tu aurais choisis quoi ? La pierre, la baguette ou la cape ? »
Ron scruta le visage de Lucrezia, reposant le bijou dans sa paume.
« La propriété d'accroitre la puissance de mes sortilèges... y'a moyen? Ca doit être possible en activant la concentration, non? »
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« Je ne veux pas de trucs liés à la protection. Je préfèrerais …Je suppose que demander à ce que ça puisse me rendre invisible c’est trop demander hein ? » Tu t’es raidie sous sa paume réconfortante, comme si tu craignais un revers, un coup par surprise. Ca n’a duré qu’une fraction de seconde, trop perceptible. Il a observé le rubis, fixé à ce pin’s, comme si ses reflets en étaient hypnotiques. La réflexion semble profonde et tu n’oses pas la rompre. La chaise approchée de la tienne t’indique qu’il attend, sans doute, une réponse. « .. Je n’ai pas encore ce talent. » En effet. Tu ne voyais pas en tes créations quelque chose d’exceptionnel, tu te savais objectivement douée mais pas aussi géniale que les jumeaux, pas aussi efficace que le Maître, alors le rendre invisible.. serait ambitieux. Tu risquais de le faire exploser, avec ton instabilité chronique. « Tu connais toi aussi l’histoire des reliques de la mort? les contes de Beedle le barde. J'aime bien... » Ca s’est éclairé, dans ton regard bicolore. Les reliques de la mort. Un mystère. Et tu te souviens des heures passées au sein du ministère, de tout ce temps à écumer les vieux grimoires, les histoires ancestrales, les origines de certaines légendes pour démêler le vrai du faux et ramener des théories sur des magies à faire expérimenter ensuite. Le fait que tu les essayes ensuite était un secret bien gardé. « Tu aurais choisis quoi ? La pierre, la baguette ou la cape ? » Silence. Si la réponse t’est évidente, elle peine à sortir d’entre tes lèvres.
« La pierre. » au sombre pouvoir de ramener les morts parmi les vivants, au triste prix de la Raison, le lien rompu et seul le reflet d’une âme perdue en consolation. Qu’importe la cape puisque tu ne cherchais ni à fuir la Faucheuse ni à vivre une existence longue et prospère. Une pierre, comme un bijou, un ornement noir, puissante. Quel autre artefact pour ton coeur en peine ? Qu’importe la baguette puisque tu ne recherches pas le pouvoir, pas ainsi, tu préfères le Savoir. Tu voudrais seulement les revoir. Ypsös, Nhÿx, George.. Gabriel. Les pensées flottent et tu songes que Gabriel, n’ayant jamais eu ni vie ni consistance, ne pourrait être ramené par aucune magie, aussi obscure et douloureuse soit-elle. « Mais à la Mort j’aurais demandé la paix. » Car c’est ainsi que le conte évoque la création des objets, par la réalisation d’un souhait. Tu aurais demandé à redevenir l’être distant et écarté des émotions que tu fus plus jeune, avant que Lord Voldemort n’infeste ton âme de ses ambitions cruelles, avant que sur ta peau ne dorme le tatouage qui t’a coûté l’enfant et le peu de stabilité que tu possédais. Avant qu’il ne trouve la clef de ta folie, qu’il ne déverrouille le myocarde endolori.
« La propriété d'accroitre la puissance de mes sortilèges... y'a moyen? Ca doit être possible en activant la concentration, non? » Le rubis te revient. Tes yeux fixent l’objet, signe de ta réflexion. Te sens-tu vraiment capable d’agir sur la puissance de ses sortilèges ? Tu récupères un épais carnet de cuir à la couverture d’un vert foncé, vieillie par les années, et tu en tourne les pages, sans un mot. Ton écriture ronde et fine couvre le papier, alternant avec des croquis, des visages, des schémas, des formules. Tu stoppes ta recherche vers la fin des pages maculées avec un soupir. « N’en parle à personne, s’il te plaît. » Tu prends le temps de graver, entre les dessins et volutes décorant le métal servant de support à la pierre deux petites runes ; accroître la concentration, assurer les défenses. Tu ne peux pas réellement agir sur les sortilèges, tu n’as aucune compétence en baguettes, et si tu pourrais tenter de graver sur la sienne le symbole magique, tu ne prendras pas le risque.
Transfert magique. Tu as sans doute murmuré quelques formules, l’utilisation de ta baguette précise, sans une once d’hésitation, comme si travailler supprimait le manque d’assurance, et il est bien là l’objectif décidé de l’objet : augmenter l’assurance du jeune homme pour gagner en précision. C’est tout ce que tu peux faire. Les minutes s’égrainent et la fatigue finit par se lire dans tes yeux. Tu termines quand même. Est-ce que cela fait déjà une demi heure ? Il te faudra recharger tout ça plus tard, parce que les heures te manquent ; tu reprendrais à votre prochaine rencontre, renforcerais les noeuds magiques. Pas aujourd’hui. Cela suffirait pour quelques semaines. Les facettes du rubis te servent toujours à décupler les effets.
Tu l’accroches à son haut, au niveau du coeur, soigneusement. « Détache le rubis, jette le sur le sol et il provoquera une brume épaisse, mais ça ne fonctionnera qu’une fois, très peu de temps. Garde le métal près du coeur, il renforcera la précision. » Il ne fera que l’aider dans ses certitudes, de la volonté à l’exécution, mais tu ne lui diras pas. Mieux valait qu’il croit en un effet magique plutôt qu’il en sache l’essence. Il suffit d’un rien pour faire pencher une balance, un duel. On sent que la moitié de tes gestes sont habituels, comme une seconde nature et que seule l'application des runes nécessite une concentration plus intense, un sacrifice plus grand. Mais qui s'en soucie, puisque le sablier tourne à la fois trop vite et trop lentement dans cette guerre sans fin. « … tu veux bien m’attraper le bol et les céréales ? » C’est sucré et ça se conserve sans trop de problèmes, mieux que rien, n’est-ce pas ?
« In wartime, he thought to himself, you don’t call a death murder. » S.Sheridan
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« La pierre. »
Forcément.
Ron trouvait que la mort n’avait aucun sens. Dans la vie, il y avait les beautés, les joies, les éclats de rire, les goinfreries de toute sorte, des éclaboussures… mais la mort?
« Mais à la Mort j’aurais demandé la paix. »
Ron réprima un froncement de nez, une envie discourtoise de la pousser brutalement vers le mur pour lui faire entendre raison une fois pour toute lui démangeant le bout des doigts. « Tu fais chier Lucrezia. » Il l’appelait rarement par son prénom mais ils avaient après tout une curieuse relation faite de proximité tumultueuse et compliquée et d’agacement mutuel dissipé. C’était étrange de pouvoir se dire des choses qu’on ne disait pas nécessairement à d’autres qu’on aimait mieux pourtant quand bien même le désir sous-jacent d’enfoncer la jolie caboche de l’autre dans le sable persistait. Nul doute que Lucrezia le jugeait frustre, irascible et parfois soupe-au-lait. Quant à lui il la trouvait cool mais indigne de confiance. Elle le vendrait à Malfoy ou à une ancienne connaissance en un clignement d’œil. Il restait méfiant.
Et pourtant, malgré tout ça, Ron laissa Lucrezia épingler le bijou chargé de magie sur le devant élimé.
« N’en parle à personne, s’il te plaît. »
Le long nez frémit et il leva les yeux bleu clair vers elle. «A qui diable veux-tu que je le dise ? » Certes, on risquait de lui poser la question en voyant le bijou mais c’était simple de contourner. Il ne parlait jamais de la jeune femme à l’extérieur de l’Atelier. Il ne parlait pas d’elle tout court d’ailleurs. Après tout, elle n’existait plus aux yeux du monde. Il avait tellement envie de la secouer. Fort. Jusqu’à la mettre sens dessus-dessous. C’était bonne chose qu’elle se soit attaché à Fred et à Percy. Ils étaient plus patients naturellement avec elle.
« Détache le rubis, jette le sur le sol et il provoquera une brume épaisse, mais ça ne fonctionnera qu’une fois, très peu de temps. Garde le métal près du cœur, il renforcera la précision. »
« Tu ne peux pas t’en faire pour toi des bijoux? » Demanda Ron en allant chercher le bol de céréales. Elle s’était épuisée mais, dans son pragmatisme un peu cruel, Ron se fit la réflexion que ça l’obligerait à se reposer. Ce n’était donc pas un mal en soi. « C’est extra. »
Il le pensait réellement. La confection de bijoux magiques était à vrai dire sans prix. Cela pouvait être exploitée en prime par pas mal d’insurgés, surement Fred y pensait déjà et encore plus Percy qui, sous ses boucles rousses, avait souvent des longueurs d’avance lorsqu’il s’agissait de planifier.
Ron avait ce défaut constant d’adorer lorsque que quelqu’un excellait dans un domaine particulier. Regarder Hermione traduire de l’arithmancie et de l’ancien sorcier ne le dérangeait pas, surveiller Creevey pendant qu’il développait des photos sorcières en lui expliquant le processus l’intriguait largement, contempler la grâce de Sue quand elle cueillait des plantes était une des plus belles choses qu’il n’ait jamais vu et Lucrezia concentrée sur le morceau de métal psalmodiant il ne savait quoi l’avait tout autant fasciné. Chacun ses aventures et il aimait les gens qui semblaient experts en travaux manuels. Il en aimait la mécanique.
Ce qui captivait Ron était toujours de l’ordre de l’intelligence appliqué.
« Blondie. Je crois que t’as trouvé ta future carrière là. » Ron lissa son t-shirt sur le devant, restant debout face à la jeune femme et son bol de céréales. L’incongruité de la scène le fit sourire. « Reste sage et arrête de chouiner pour un rien. » Il exagérait, bien sûr, mais c’était Ron et il agrémenta la chose d’un clin d’œil avant de s’étirer sans vergogne. « Tu diras aux frangins que je suis passé. Poudre de Pérou hein. C’est bien pratique cette merde. Plus personne voit rien…. Bon, moi compris mais on a rien sans rien non plus. »
Elle était un peu pâle, valait mieux qu'elle dorme un bout maintenant.
« Home isn't where you're from, it's where you find light when all grows dark. » ♱ -Pierce Brown, Golden Son
« Tu ne peux pas t’en faire pour toi des bijoux? » A ton annulaire gauche s’enroulait un serpent d’argent dont les crochets d’émeraude semblaient parfois luire légèrement au rythme du battement d’un coeur. En prenant le bol qu’il te tendait, tu baissais les yeux vers le bijou pour le lui indiquer. C’était le seul que tu ne quittais jamais et, à sa finesse et aux détails qu’il comportait, certains en étaient venus à le considérer comme le symbole d’une promesse de mariage. « .. je préfère les faire pour les autres. Protéger ou nuire. » Tu ne montrais à l’insurrection que le politiquement correct, l’acceptable à leurs yeux, parce que tu savais que Perceval ne laisserait jamais sortir de l’Atelier ce que tu savais créer de pire ; adieux donc les fumées corrosives, les pierres qui rongent l’épiderme, la magie noire aux conséquences à retardement. Ce qui contenait encore ces créations mortelles ne durait pas, tu les enfermais dans un boîte ou en annulait les effets pour en refondre les matériaux ; t’occuper, toujours, quitte à t’épuiser. Eloigner tes hantises. « C’est extra. » « Merci.. » un souffle, pour le bol, pour le compliment. Peut-être considérais-tu cela comme banal, parce que tu avais grandis le nez dans les bijoux fantaisie de ta mère. Tu savais que tes talents surpassaient largement les siens, parce qu’ils étaient plus fins, plus dignes encore de cette avide élite. Les ensorceler ? Il suffisait d’adapter, d’emboîter les sortilèges, les matières, les venins, ce qui en soi prenait du temps mais te semblait accessible ; naïve demoiselle à l’assurance bancale. Fred saurait le faire, te disais-tu toujours. Tu n’avais même pas dévoilé tes capacités avec les runes, certaine que ça n’intéresserait personne.
« Blondie. Je crois que t’as trouvé ta future carrière là. » Future. Tu as détourné les yeux, glissant la cuillère entre tes lèvres. Tu n’avais même pas songé qu’il puisse y avoir une carrière avec tout cela. Ta vie était au ministère, quoique ton ancien poste, tu n’en faisais pas étalage non plus. « Je suis Langue-de-Plomb. » indiques-tu, comme l’évidence que tu ne pourrais être rien d’autre, comme le signe d’une résignation étrange, quand tes doigts signaient une déception dans le léger tremblement autour du bol alors que ton regard soufflait la passion que tu pouvais éprouver pour ton métier. Comme un Auror dirait qu'il l'est encore, malgré la fuite, malgré la dictature. Un emploi abandonné lâchement. « Ma mère, la bijoutière. » Pas d’héritage. [i}Obsidian crown[/i] ne te reviendrait pas. Tu en avais volé le stock avec une telle facilité. Ce que ta génitrice pouvait être inconséquente. Elle n’avait sans doute encore rien vu. « Reste sage et arrête de chouiner pour un rien. » Un sourire au coin de ta bouche à son clin d’oeil. Un instant, tu regrettes de ne pas avoir eu un frère aussi joyeux, plus léger et résistant que toi. « Si j’étais sage, je plairais moins à Fred. » teinte d’humour au goût du regret passé, du rire de Fred, des sermons de George, des blagues des jumeaux. Les cachettes, les malices, les folles inventions et ton coeur qui se serre en silence sur ce que tu as laissé pour un type sans nez. Si tu avais tout laissé plus tôt, l’aurais-tu sauvé ? « Tu diras aux frangins que je suis passé. Poudre de Pérou hein. C’est bien pratique cette merde. Plus personne voit rien…. Bon, moi compris mais on a rien sans rien non plus. » Un hochement de tête. « Sois prudent, s’il te plaît. » Je serais malheureuse sans disputes avec toi. Tes céréales, ton teint pâle, tes regrets au bout de la langue et ton incapacité à traduire ce qui tourne au creux de ta poitrine gelée par les années.
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