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sujet; Your Pain Is Mine [Anna] |
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Anna… La peine alourdissait son cœur et coulait dans ses veines au point de lui avoir arraché plusieurs larmes. Anna… Celle qui l’avait pris sous son aile. Celle qui lui avait tant appris. Celle qui avait fait de Garden la guérisseuse qu’elle était devenue. Celle qu’elle respectait tant. Celle qu’elle admirait tant. Anna… Elle était forte, mais la vie se montrait cruelle avec elle. Après lui avoir arraché son époux, voilà qu’elle lui retirait sa petite sœur. Même si la guerre était responsable, qu’en ces temps sombres, personne n’était à l’abri et que la mort frappait bien trop souvent, certains étaient plus touchés que d’autres, comme Anna. De son côté Garden pouvait s’estimer heureuse : La guerre ne lui avait rien prit… Du moins pas d’êtres chers… ou en tout cas ils n’étaient pas morts. Le choix qu’elle avait fait l’avait coupé de son monde, de ses relations, de ses amitiés. Quitter les Insurgés pour rejoindre les Mangemorts n’avait pas été une décision simple, ni une chose facile à faire. Elle y avait mûrement réfléchi et elle était sûre de pouvoir faire quelque chose de son côté. S’infiltrer afin de découvrir les projets de l’autre camp, les faire échouer. Cela lui paraissait possible, mais elle s’était montrée un peu trop optimiste, voir naïve. De tous ceux qui la connaissaient, personne n’avait compris sa décision. Garden avait toujours mis un point d’honneur à défendre les plus faibles. Déjà à Poudlard, elle s’en était donnée la mission avec trois autres élèves. Tout cela lui paraissait bien loin. Chez les Insurgés, l’incompréhension était compréhensible – et oui – pourquoi était-elle partie ? Pourquoi rejoindre ceux faisant souffrir les personnes qu’ils ne jugeaient pas dignes d’eux ? Parce qu’elle était tombée amoureuse de Paris Selwyn et l’avait donc suivi ? Parce qu’elle n’était finalement qu’une opportuniste qui s’était très vite tournée vers ceux qui dominaient cette guerre ? Parce qu’elle avait peur finalement et préférait être avec ceux qui semblaient être les plus forts ? Garden n’était pas une pleutre. Il lui arrivait d’avoir peur bien entendu, mais elle essayait de passer outre. Elle n’avait rien d’une opportuniste, quiconque la connaissait pouvait l’affirmer. Quant à Paris… c’était le raison la plus plausible à son retournement de cape, bien qu’elle n’est jamais été amoureuse de lui, qu’elle n’ait fait que se servir de lui afin d’approcher les Mangemorts. Elle avait quelques sentiments pour lui à présent, elle l’appréciait. Elle avait réussi à fendre sa carapace mais l’amour n’était pas au rendez-vous. De toute façon, Garden ne croyait pas en l’amour… Enfin : Garden avait perdu beaucoup mais pas les personnes qu’elle chérissait, elle les savait vivant à défaut de faire partie de leur vie. C’était suffisant… pour le moment.
Ses yeux se levèrent vers les hauts murs de la demeure des Grimaldi. Dans ses choix qui lui avaient collé le statut de traite auprès de son entourage, seule Anna était restée près d’elle. Elle l’avait soutenu sans même le savoir, même si elle ne comprenait pas son changement de camp, et même si elle lui faisait part – parfois – de certains doutes concernant cette décision. Aujourd’hui, c’était à Garden d’être là pour elle. Elle frappa trois fois à la porte. Elle attendit que quelques secondes avant qu’elle ne s’ouvre sur un elfe de Maison. « Bonjour. J’aimerai voir Anna s’il te plait. » Garden ne venait pas souvent chez les Grimaldi, mais elle avait déjà foulé le sol de cette demeure. Pourtant l’Elfe semblait surpris de sa politesse. Elle n’était pas contre l’acquisition d’Elfe de Maison. Ces derniers semblaient vivre que pour servir leurs maîtres. C’était ainsi qu’ils étaient heureux, mais se n’était pas une raison pour mal les traiter comme certains pouvaient le faire. L’Elfe l’accompagna à l’étage et s’arrêta devant la porte close de la chambre d’Anna. Il paraissait hésitant, aussi Garden pris soin de le rassurer : « Je ne suis pas venue l’ennuyer. Je veux juste lui apporter mon soutient. » L’elfe sembla s’apaiser quelque peu. En tout cas, il frappa à la porte et l’ouvrit une fois qu’Anna lui en donna l’autorisation. Il s’excusa pour le dérangement et lui annonça la présence de Garden. Cette dernière entra dans la chambre en contournant la créature. Elle lui offrit un petit sourire puis le remercia. Il lui jeta un dernier regard surpris avant de refermer la porte et de laisser les deux femmes seules. « Anna… » Garden ne chercha pas à cacher sa peine et se précipita vers Anna afin de la serre avec force dans ses bras. « Je suis désolée. Tellement désolée. » Lui murmura-t-elle près de l’oreille. Garden connaissait peu la sœur d’Anna, mais elle était sensible, et elle était également sensible à la douleur d’autrui, ainsi le chagrin d’Anna la touchait.
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Garden and Anna All journeys have secret destinations of which the traveler is unaware. L’album magique posé sur les genoux. La petite lampe de chevet allumée projetant un cercle lumineux et l’ombre d’Anna sur le mur immaculé de sa chambre. Le silence ponctué par quelques soupirs d’incompréhension, quelques hoquets de douleur. Le vide en elle était un gouffre sans fin, un feu brûlait autour l’empêchant de se jeter à l’intérieur. Les pensées et les émotions qui parcouraient son esprit n’avaient pas vraiment de sens. Elle était nourrie par la colère et la rage, et en même temps elle avait tellement de peine, une peine si grande que les larmes ne suffisaient pas à la calmer. Elle était tendue, elle serrait les poings enfonçant ses ongles dans la peau fragile de ses paumes. Les cicatrices qu’elle avait gardé de son enfance détonnaient avec l’épiderme à vif qu’elle agressait encore et encore, heures après heures, jours après jours depuis que Teresa les avait quittés. Elle avait l’impression que cela faisait un mois, peut-être deux, mais non, ce n’était qu’une question de jours. Enfermée dans sa chambre, ne sortant que deux ou trois heures par jour ; on lui avait accordé deux semaines pour qu’elle fasse son deuil, une chance face à un patron aussi exigeant et un gouvernement si indifférent face à la mort d’un insurgé.
Elle caressait la photo d’une petite fille souriante à la chevelure ambrée qui tendait devant elle un petit chat et le lançait en l’air avant de le rattraper. Elle riait aux éclats, elle était heureuse, elle semblait si innocente, si naïve. Teresa n’était encore qu’une enfant, comment s’était-elle retrouvée enrôlée dans ce combat qui n’était pas celui d’une jeune femme de vingt-deux ans. Elle était si jeune. Tessa lui manquait tellement et pourtant elle n’arrivait à penser qu’à une chose, les contrôles qu’on lui avait fait subir. Elle se souvenait de tout. La douleur qui avait torturé ses entrailles, la sensation si désagréable lorsque le directeur du département avait pénétré son esprit, la force et le courage qu’elle avait dû rassembler pour utiliser son occlumencie sans éveiller les soupçons, les parcelles de vérité qu’elle avait dû révéler subtilement et les grands secrets qu’elle avait dû ranger au plus loin dans son esprit. Elle se rappelait de leur méthode, de leur façon de faire croire à leur accusé qu’ils avaient un peu de répit et leur manière d’attaquer dans ces moments de creux. Elle avait mal rien qu’à y penser, elle était parcourue de frissons, trop effrayée par ce qui pouvait encore l’attendre. Elle savait que cela recommencerait, encore et encore, qu’elle subirait ces mêmes tests jusqu’à ce qu’il n’ait plus aucune raison de douter d’elle, et vu comme tout cela avait commencé, cela ne s’arrêterait jamais. Et il n’y avait pas que ça, autre chose l’empêchait de faire son deuil, de penser uniquement à Tessa … Son esprit était trop occupé à digérer ce qu’elle avait dit presque sans réfléchir, cette antipathie qui s’était lu dans son ton lorsqu’elle s’était vendue au diable, lui proposant de s’infiltrer pour lui dans les rangs des insurgés. Elle s’était préparée à ça, elle voulait le faire, en temps voulu, lorsqu’elle n’aurait plus le choix … Mais ce moment était arrivé trop vite, et à présent, elle n’avait plus de recours, elle ne pouvait plus reculer, tout ce qu’elle avait dit était réel, était vrai et surtout était gravé dans la mémoire de son patron, elle ne pouvait plus l’effacer. Elle avait l’impression de s’être lancée à corps perdu dans une tâche qu’elle aurait beaucoup de mal à accomplir.
Elle posa l’album photo sur le lit, le fixa encore quelques instants et se leva. Elle alla prendre dans son armoire un cadre vide, elle se rassit sur le lit, détacha soigneusement la photo et la mit à l’intérieur du cadre. Elle referma l’album, le remit à sa place dans le petit meuble à côté de son lit, et posa le cadre à côté de celui de Thomas et elle, sur la table de chevet. Elle le fixa encore, les yeux désespérément secs, le visage tiré, le regard vide. Tessa n’était plus là, il fallait qu’elle le comprenne … On frappa à sa porte, elle leva les yeux, hésitante, elle n’avait envie de voir personne, elle voulait rester terrée, et pourtant quelque chose au fond d’elle lui criait de se réveiller et de se reprendre en main. A présent, plus rien d’autres ne comptait que la protection de sa famille et de ses amis les plus proches, elle devait se relever, trouver un moyen d’oublier. « Entrez ! » Le petit elfe de la maison entra par un minuscule entrebâillement et la regarda avec douceur. Elle avait presque envie de la prendre dans ses bras. Elsky était l’elfe de Tessa, elle s’occupait d’elle depuis qu’elle était toute petite. C’était le dernier elfe que la famille Grimaldi avait accepté de garder. Anna avait énormément de tendresse pour cette créature qui n’était pas si différente des humains, ils avaient des émotions, des sentiments ; comme les serviteurs, Anna l’avait toujours considéré comme son égal. Elle regarda Elsky avec tendresse. Maintenant que Tessa était morte, sa présence n’avait plus vraiment de sens, pourtant elle voulait la garder auprès d’elle, par pure égoïsme sûrement, par compassion aussi, Elsky n’a jamais rien connu d’autre que cette maison, elle ne saurait pas où aller. « Mademoiselle Grimaldi a un visiteur. Mademoiselle Haugen. Voulez-vous … » La phrase resta en suspens car Garden entrait déjà dans la chambre. Elle se tourna rapidement vers l’Elfe. « Je vous remercie Elsky, pouvez-vous préparer le repas de … - le nom resta silencieux, car Elsky savait ce qu’elle devait faire – j’irai la nourrir après. » L’elfe acquiesça et sortit, laissant Garden avancer vers Anna. Elle la fixait avec ce même regard vide qu’elle avait depuis des jours. Anna sentit les bras de Garden se refermer sur elle. Elle voulait se détendre et pleurer, mais elle resta impassible, tendue, fixant le mur face à elle. Elle ne pleurerait pas, elle le savait, elle en avait envie, mais n’y arrivait pas. Elle était torturée par la douleur, la souffrance. Ses entrailles étaient toutes retournées, elle n’avait envie de rien.
Garden était là, à essayer de la réconforter, mais sa tête était ailleurs, elle pensait à tout ce que risquait son amie chez les Mangemorts. Autant chez les Insurgés que chez les Mangemorts, il y avait des risques, personne n’était épargné dans une guerre. Elle n’écouta pas un mot de ce que lui disait sa protégée, elle posa simplement ses mains sur les bras de Garden et se recula un peu. « Il faut que tu arrêtes. Je ne sais pas ce qu’il se passe chez les Mangemorts, pourquoi tu as rejoint leur rang, mais tu dois arrêter. Que ce soit chez les Insurgés ou les Mangemorts, c’est la même musique, la même histoire. Je ne veux pas que tu meurs comme elle. » En regardant Garden, elle avait l’impression de voir sa sœur. Tessa et Garden n’avaient qu’un ou deux ans d’écart, elles se destinaient à la même voie professionnelle, physiquement elles étaient différentes mais caractériellement, elles se ressemblaient tellement. Anna savait que Garden lui cachait quelque chose depuis trois ans. Son enrôlement chez les Mangemorts était très loin de sa nature douce et insouciante. « Trop de risques … » murmurait-elle. Elle la regardait dans les yeux, essayait de lire en elle, de lui insuffler l’envie du changement. « Je te connais Garden. Cinq ans maintenant. Ce n’est pas toi, je le sais, je sais que tu me caches quelque chose. » Son amie, sa protégée était venue la réconforter et tout ce qu’elle trouvait à lui dire était des reproches. Elle voulait la bousculer, comme elle l’avait toujours fait, elle voulait la protéger, comme elle n’avait pas réussi à protéger Tessa. Elle ne la laisserait pas partir sans savoir la vérité. Cette entrée en matière annonçait la couleur, elle n’allait pas lâcher l’affaire. |
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| Elle serrait de plus en plus fort Anna pour lui faire comprendre qu’elle était là pour elle, mais aussi parce qu’elle avait de la peine pour elle. Les larmes lui montaient aux yeux alors qu’elle se remémorait tout ce qu’Anna avait traversé. C’était injuste, tellement injuste. Cependant, elle n’autorisa pas les larmes à passer la barrière de ses cils. Anna n’en versait aucune, comme si elle était figée mais Garden ne la lâcha pas pour autant. Le traumatisme qu’elle venait de vivre était profond, chacun réagissait à sa façon et Anna n’était pas encore de l’acceptation ou des larmes. A moins qu’elle l’ait dépassé et qu’elle soit à présent dans la colère. Doucement, celle qui l’avait pris sous son aile durant ses études à Sainte Magouste posa ses mains sur ses bras et se dégagea de son étreinte. Incapable de savoir où en était Anna dans son deuil et donc ses sentiments et potentielles réactions, Garden ne bougea pas et garda le silence.
« Il faut que tu arrêtes. Je ne sais pas ce qu’il se passe chez les Mangemorts, pourquoi tu as rejoint leur rang, mais tu dois arrêter. Que ce soit chez les Insurgés ou les Mangemorts, c’est la même musique, la même histoire. Je ne veux pas que tu meures comme elle. » « Anna… » La voix de Garden était chargée de peine. Elle venait de perdre sa sœur et à présent, elle s’inquiétait pour elle. Que le même sort ne lui soit destinée. Malheureusement, dans ce genre de situation, tout le monde risque sa vie. Même les sorciers ‘neutres’ peuvent périr. Dommages collatéraux. Elle comprenait ce que pouvait ressentir Anna, mais elle ne pouvait pas empêcher les choses d’arriver. Garden s’y employait déjà depuis trois ans.
« Trop de risques … » Le murmure d’Anna, la tira de ses pensées et lui fit relever la tête alors même qu’elle n’avait pas eu conscience de l’avoir baissé. Les yeux d’Anna étaient perçant, comme cherchant à lire en elle, ce qui la mettait mal à l’aise. « Je te connais Garden. Cinq ans maintenant. Ce n’est pas toi, je le sais, je sais que tu me caches quelque chose. » Le poids du secret de Garden lui pesait un peu plus chaque jour. Il était de plus en plus difficile d’être seule dans la confidence, de n’avoir personne avec qui partager ce secret. Mais elle l’avait voulu, pour protéger les autres, elle avait préféré garder le silence, quitte à être détestée. Si on était au courant de son infiltration, on pouvait courir un certain danger. Tout ça lui semblait faible comme excuse à présent. Tant que les Mangemorts ne la suspectaient pas, ses proches ne risquaient rien. Et même si il y avait des doutes, on s’en prendrait quand même à son entourage, les torturant pour leur soutirer des informations qu’ils n’avaient pas. Les protégeait-elle vraiment ou se protégeait-elle simplement ? Avait-elle pris cette décision pour eux ou pour elle ? Pour ne pas pouvoir revenir en arrière, ne plus avoir aucune attache, personne ne l’attendant si jamais les choses devenaient trop compliquées, trop dures à assumer, elle ne pouvait pas fuir, que se battre.
Elle se mordit la lèvres, tique qu’elle avait lors de plusieurs situations différentes. « Nous en avons déjà parlé… c’est mon choix et c’est tout. Il n’y a rien à expliquer, même si tu trouves que ‘ce n’est pas moi’. » Pathétique comme réponse. Garden avait déjà avancé tellement d’arguments face à Anna, elle s’était tant de fois défendue sur son choix qu’elle ne ferait que se répéter. Or lorsqu’on a rien à cacher, on ne se répète pas encore et encore. « Tu es bouleversée et ça se comprends, tu viens de subir une immense perte. Mais ça n’a rien à voir avec moi, c’est de toi qu’il s’agit et je suis là, je serai toujours là pour toi Anna. » Elle essayait de changer de sujet tout en lui parlant à cœur ouvert. Elle ne faisait que lui dire la vérité. Elle devait se laisser aller au chagrin afin de faire son deuil et non se préoccuper d’elle dont la situation était irrécupérable de toute façon.
« Tu sais combien je tiens à toi. Je te dois tellement. » Elle pris ses mains dans les siennes et les serra. « Je suis là pour t’aider à traverser cette épreuve. Si tu as besoin de moi, qu’importe l’heure du jour ou de la nuit, je serai là. » Elle voulait tellement l’aider.
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Aînée de la famille Grimaldi, Anna a toujours pris ses responsabilités, elle s’est toujours montrée très protectrice et parfois extrêmement collante vis-à-vis de Matteo et Tessa. Ils étaient son petit frère et sa petite sœur, elle était la plus grande, c’était son rôle de les protéger aux endroits ou aux moments où leurs parents ne le pouvaient pas. Son père lui avait toujours fait confiance, et elle n’avait jamais failli à sa tâche jusqu’à présent. La mort de Teresa marquait la fin de cette glorieuse et temporaire victoire. Elle n’avait jamais pensé qu’elle se retrouverait dans cette situation, mais elle avait changé ; elle devait l’admettre, la mort d’Andrea puis celle de Thomas l’avait détruite, lui avait fait négliger le plus important : sa famille. Elle disait vouloir les protéger en travaillant pour le ministère, mais elle était bien loin de l’avoir fait. Elle se sentait égoïste, tout ce qu’elle avait fait jusqu’à présent, c’était se protéger elle-même, s’assurer une place correcte dans la société pour ne pas être considérée ni comme traitre, ni comme partisane. Elle savait qu’il était temps pour elle de prendre position, mais elle n’était pas en mesure de le faire ; la neutralité avait ses facilités … En dépit du choix d’un camp, elle devait agir, elle le savait, voilà pourquoi elle s’était jetée aveuglément et à corps perdus dans cette idée farfelue d’infiltrer les insurgés pour informer les Mangemorts. Cependant, trahir les idéaux de Thomas et Tessa, trahir sa propre idée utopique était douloureux ; aucun camp n’était bon, tout ce qu’elle voulait c’était que les corps arrêtent de s’amonceler. Elle étouffait. Elle suffoquait dans cet environnement et dans ce corps. Elle ne désirait qu’une chose, quitter tout ça, partir, s’enfuir, quitte à être considérée comme traitre dans l’un ou l’autre des deux camps. Mais elle n’avait pas le droit, ILS ne devaient pas être morts en vain, elle devait se battre, même si ce n’était pas à leur côté … De leur côté.
Maintenant qu’elle rentrait réellement dans cette bataille, Garden ne devait plus avoir à se battre. Elle était tout ce qui lui restait de Tessa et même si cela pouvait paraître complètement futile, Anna voyait dans les yeux de Garden cette même petite étincelle qu’avait Tessa, celle d’une jeune femme qui pensait savoir quoi faire, qui pensait que le courage faisait tout. Elle ne voulait pas la perdre elle aussi, elle avait l’esprit totalement clair lorsqu’elle l’avait dit à Garden, mais cette dernière refusait de l’entendre. Des mois déjà qu’elles en parlaient, qu’Anna tentait d’obtenir des réponses, de comprendre les choix de Garden, mais chaque explication sonnait faux, et les arguments devenaient de plus en plus fragiles. Garden allait finir par craquer, elle était forte, mais la rage qui bouillonnait en Anna, en ce moment même, ne pourrait être éteinte par ces mêmes mots, ces mêmes phrases, sans cesse répétées qui voulaient être convaincants seulement parce qu’ils étaient serinés encore et encore. Elle l’écoutait passivement, connaissant chacun des arguments que Garden avançait à chaque fois. Elle sentit immédiatement le subtil virage de conversation, lorsque sa protégée tenta de changer de sujet. Mais elle avait cette idée claire en tête, aujourd’hui, elle ne laisserait pas Garden partir sans avoir obtenu une réponse honnête de sa part. Elle laissa glisser ses mains sur ceux de Garden et se leva. « C’est pas que je trouve que ce n’est pas toi … Je ‘SAIS’ que ce n’est pas toi. Tu étais trop douce avec tes patients, trop attentive, trop empathique … Tu ne peux pas tuer, tu n’es pas quelqu’un qui tue Garden … Alors comment tu l’as obtenue cette marque ? » Anna fusillait du regard la marque apposée sur le bras de son amie. « Les gens changent peut-être, mais ce n’est pas si facile de tuer, et je ne lis toujours pas dans tes yeux, cette haine que je peux lire dans ceux des gens que je fréquente tous les jours au ministère … » Elle cherchait à nouveau à capter le regard de Garden. « La petite lumière qui étincelle dans tes yeux n’est pas éteinte Garden, je le sais, tu vois la douleur des gens, tu la ressens, mais tu ne la provoques pas … » Elle baissa la tête et contourna le lit. Elle attrapa le petit lapin en peluche qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre et le serra contre elle. Elle ne voulait pas se disputer avec Garden, mais la douleur lui faisait dire des choses qu’elle pourrait regretter par la suite. Elle observait la pluie qui battait sur les fenêtres de sa chambre, dégoulinant le long des vitres.
Les nuages pleuraient les larmes qu’Anna n’arrivait pas à faire sortir. La souffrance était trop grande pour qu’elle réussisse à se laisser aller à pleurer. Elle savait que si elle commençait, elle ne s’arrêterait jamais. Elle était démunie, elle ne savait plus quoi faire, elle voulait simplement transplaner loin d’ici, dans un lieu reculer et crier de toutes ses forces, elle voulait frapper quelque chose, serrer quelque chose à s’en faire mal. Elle désirait tellement que cette douleur disparaisse, même si cela devait être au profit d’une autre blessure. Elle s’assit sur le rebord, replia ses jambes et étreignait de toutes ses forces la peluche d’Andrea. « Tu ferais peut-être mieux d’y aller … » dit-elle dans un murmure, sans lever les yeux vers Garden. Elle ne supportait déjà plus sa présence qui lui rappelait trop l’absence de Tessa. Elle voulait mourir, oublier, si seulement elle pouvait … |
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| Les mains d’Anna glissèrent entre les siennes et le visage de Garden se décomposa peu à peu. Elle savait que ce contacte rompu signifiait une chose : elle était en train de la perdre. Anna en avait assez de ses mensonges et de ses secrets dont elle connaissait l’existence mais pas les détails. Elle savait que Garden n’était pas honnête dans ses arguments sur son choix de faction et donc qu’elle lui mentait délibérément à chaque fois qu’elle la questionnait. Elle aurait dû s’en contenter… Si elle le faisait, c’était pour la protéger comme pour les autres. Mais aussi parce que Garden ne pouvait pas se permettre de divulguer ses véritables affiliations à quiconque, même si Anna était quelqu’un de proche. Elle se sentait déchirée entre la perspective de la perdre et l’idée de tout lui révéler. Jamais son combat intérieur ne fut aussi intense et féroce.
« C’est pas que je trouve que ce n’est pas toi … Je ‘SAIS’ que ce n’est pas toi. Tu étais trop douce avec tes patients, trop attentive, trop empathique … Tu ne peux pas tuer, tu n’es pas quelqu’un qui tue Garden … Alors comment tu l’as obtenue cette marque ? » Garden posa une main sur son avant bras afin de cacher la dite marque tout en se mordant la lèvre. Anna la regardait d’un air sombre, et pour cause : afin d’avoir cette marque, il fallait commettre un meurtre et laisser Anna croire qu’elle avait pris la vie de quelqu’un alors qu’on lui avait arraché son époux et sa sœur n’était pas très reluisant. « Les gens changent peut-être, mais ce n’est pas si facile de tuer, et je ne lis toujours pas dans tes yeux, cette haine que je peux lire dans ceux des gens que je fréquente tous les jours au ministère… La petite lumière qui étincelle dans tes yeux n’est pas éteinte Garden, je le sais, tu vois la douleur des gens, tu la ressens, mais tu ne la provoques pas… » Elle essayait d’éviter le regard de son mentor. Elle la connaissait si bien et en même temps, elle l’idéalisait un peu trop. Certes Garden avait de l’empathie mais il n’était pa sûr qu’elle n’inflige pas de mal aux autres. En restant auprès d’un mangemort, en ne faisant rien d’autre que d’écouter et d’observer, elle se rendait complice passive de toutes ces atrocités.
Anna ne chercha pas plus, s’emparant d’une peluche et allant se mettre face à une fenêtre dont la pluie martelait la vitre, elle semblait perdue dans ses pensées ou du moins plongée dans un certain mutisme. Ce silence obligeait Garden à se mettre face à ses pensées, à ses actions, à la réalité et elle avait bien du mal à l’accepter. « Tu ferais peut-être mieux d’y aller… » La voix de son amie la tira de ses pensées tortueuses. Elle fronça les sourcils. Non, elle ne voulait pas partir, pas comme ça, pas tandis qu’elle était dans cet état.
L’ancienne Poufsouffle se rapprocha de son amie et l’obligea à lui faire face d’une pression sur son bras, puis elle posa ses deux mains sur ses épaules et plongea un regard grave dans les prunelles bleutées de son aînée. « Je ne te laisserai pas. Jamais ! Tu es mon amie. Je refuse de te laisser seule dans un moment pareil. » Garden était déterminée, comme elle pouvait souvent l’être, elle n’était pas du genre à baisser les bras. Pourtant, elle fini par baisser la tête, rompant le contacte entre leur regard car elle voulait pas qu’Anna puisse y lire ses sentiments. « Je t’en prie. Je t’en supplie Anna… contente toi de ce que je t’ai toujours dit sur ma prise de position. Ne m’oblige pas à te le dire… je ne veux pas te mettre en danger. Je ne me le pardonnerais jamais s’il t’arrivait quelque chose. » Elle avouait à demi mot qu’elle avait bien mentit. Elle commençait à craquer mais se raccrocher autant qu’elle le pouvait. Elle n’avait plus qu’à espérer qu’Anna ne la pousse pas davantage et se contente de cela, sinon elle ne pouvait garantir qu’elle arriverait à se taire plus longtemps.
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Son étreinte s’accentuait à chaque seconde autour de la peluche de son fils. Ce contact avait quelque chose de rassurant ; ce sentiment indescriptible de protection et cette impression qu’il était toujours là entre ses bras. Cependant, aujourd’hui, en resserrant ses bras autour de cet animal inanimé ce n’était pas à son fils qu’elle pensait mais à Teresa. Elle aimerait tellement pouvoir la revoir une dernière fois, la serrer dans ses bras et lui dire qu’elle l’aimait. Tout cela semblait si loin, si inaccessible … Elle n’arrivait même plus à se rappeler la dernière fois qu’elle avait vu sa sœur, la dernière fois qu’elle lui avait montré son affection. Teresa était-elle morte en ne sachant pas cela ? En s’imaginant que tout le monde l’avait abandonnée ? Depuis la mort de Thomas, Anna avait pris de la distance avec tout ce qui lui rappelait son absence, elle s’était un peu renfermée sur elle-même, dissimulant ses douleurs et feignant parfaitement la reconstruction. Elle s’était surtout éloignée de sa famille qui rendait tout ce jeu d’acteur plus compliqué, ils la connaissaient trop bien, ils savaient qu’elle n’était pas honnête avec elle-même et avec les autres, et le lui reprochaient quand ils le pouvaient. Ces conflits l’avaient épuisée et elle avait fini par fuir ces confrontations. Cette réaction avait été totalement égoïste, mais elle ne supportait plus qu’on la sermonne, et à présent, elle n’avait que des regrets. Ces choix l’avaient éloignée de sa sœur, ils avaient peut-être même causé sa mort. Si seulement elles étaient restées proches, si seulement elle n’avait pas rejeté toutes les personnes qui l’aimaient, si seulement elle avait été plus présente pour empêcher sa sœur de faire ces bêtises, de valser avec la mort … Elle avait trop menti, elle avait trop perdu, elle ne pouvait pas regarder quelqu’un qui comptait pour elle se détruire sous ses yeux. Garden était un malicieux mélange entre Teresa et Anna. Les mensonges ne l’aideraient pas. Pour l’avoir vécu, Anna le savait. Elle avait des années d’expérience devant elle, elle avait enterré beaucoup trop de personne, elle avait menti à beaucoup de monde. Garden était encore jeune, elle avait encore tellement à vivre, elle devait avoir du soutien, elle n’arriverait pas à surmonter tout cela toute seule … Et Anna ne l’admettra peut-être jamais, mais en proposant son aide à Garden, elle espérait également pouvoir avoir un soutien de la part de son ancienne élève. Aveu honteux de sa solitude et de ses erreurs, elle refusait que quelqu’un d’autre fasse les mêmes …
Garden ne semblait pas décidée à partir, et finalement cette réaction la rassurait. Je ne suis pas seule, crut-elle pouvoir se convaincre durant quelques secondes. La pression sur son bras l’incita à lever les yeux vers son amie et à lui faire face. Elle avait du mal à soutenir le regard de Garden, mais elle se forçait à fixer un point au milieu du front de son amie pour feindre l’intérêt. Elle l’écoutait passivement, l’esprit trop embrumé par les souvenirs, par les moyens de pression qu’elle avait sur Garden pour lui faire avouer ses méfaits, par tout ce qui ne concernait pas la mort de Teresa. Une fois de plus, elle sentait qu’elle n’arriverait pas à trouver des arguments assez forts pour convaincre Garden de tout lui dire et d’abandonner ses plans. Pourtant ce n’était pas faute d’avoir la volonté et la détermination. Elle s’apprêtait à laisser tomber lorsqu’un indice lui redonna espoir, un petit quelque chose qui lui montrait que Garden baissait ses gardes et que son puissant mur de défense s’écroulait peu à peu : elle avait baissé les yeux … Ce signe ne trompait pas, elle avait une chance qui se présentait à elle et devait absolument la saisir. « Je t’en prie. Je t’en supplie Anna… contente toi de ce que je t’ai toujours dit sur ma prise de position. Ne m’oblige pas à te le dire… je ne veux pas te mettre en danger. Je ne me le pardonnerais jamais s’il t’arrivait quelque chose. » Réaction surprenante, Anna agita la tête de droite à gauche et laissa échapper un rire rauque qui ne lui ressemblait pas. « Tu te moques de moi ? Ce n’est pas à toi de me protéger de quoi que ce soit. C’est moi qui suis censée te protéger, moi qui devrais t’empêcher de faire des choses qui pourraient te blesser. Comme j’aurais dû le faire pour Teresa … » Elle serra les doigts autour de ses bras et enfonça ses ongles dans sa peau pour s’empêcher de pleurer. « Garden … J’ai toujours pris soin de toi à Ste Mangouste, afin que tu puisses prendre soin des autres. J’ai essayé de t’apprendre ce que je savais de la meilleure des façons. Je t’ai appris, je l’espère, à être meilleure. Bien meilleure que tout ça ! » Elle baissa ses yeux vers la Marque des Ténèbres sur le bras de Garden et se leva, obligeant son invitée à reculer. Elle la repoussa jusqu’au lit où elle l’obligea à s’asseoir. « Tu sais que tu peux me faire confiance Garden. Ne l’as-tu pas toujours fait ? Je n’ai pas su faire ce qu’il fallait pour Teresa, je l’ai laissée tomber, je ne l’ai pas soutenue. J’aurais dû être là pour l’empêcher de mourir dans ce labyrinthe, de risquer sa vie ainsi … Au fond, je suis fière d’elle, mais je n’ai pas le droit de ressentir cette fierté, parce que je n’ai tout simplement pas été là quand j’aurais dû l’être. » Elle baissa les yeux quelques instants, prit une profonde inspiration et plongea ses billes émeraude dans le regard perdu de Garden. « Mais je suis là maintenant Garden. Je ne ferai pas la même erreur deux fois. Tu dois me dire quelque chose. Je te promets que je ne te dissuaderai pas de faire ce que tu dois faire, tu as sûrement tes raisons, comme j’ai les miennes de travailler pour le ministère. Mais dis-moi la vérité, s’il te plait. » Ses yeux brillaient de larmes, mais ce n’était plus des larmes de peine, non, c’était celle de l’espoir, celle de la compassion, celle de l’envie. Elle avait besoin de la confiance de quelqu’un, elle avait besoin de sentir qu’elle était utile à quelqu’un. Elle cligna des yeux plusieurs fois et balaya d’un revers de la main la larme qui amorçait sa descente le long de sa joue.
Elle posa le petit lapin en peluche sur ses genoux et caressa doucement son pelage pour se rassurer, pour se convaincre qu’elle n’avait pas été trop dure avec Garden. Depuis qu’elles se connaissaient, Anna l’avait prise sous son aile, elle s’était donnée comme objectif de lui apprendre tout ce qu’elle devait savoir sans forcément user des moyens qu’Alecto avait utilisé sur elle. Anna n’avait pas mal vécu son expérience avec son mentor, mais cette dernière était extrêmement dure et ne se montrait pas assez compréhensive. Anna, elle, avait essayé de se montrer stricte, de faire en sorte que son élève fasse les choses correctement, mais jamais elle ne l’avait poussée à bout. Elle a toujours été à l’écoute, et elle voulait que Garden s’en souvienne aujourd’hui. Elle ne lui ferait jamais de mal, et elle voulait juste comprendre et trouver un moyen de la protéger. Elle posa un regard tendre sur son amie et parla d’un ton doux. « Moi aussi, je suis là Garden. Les secrets ne réussissent à personne, pas même à moi. Parfois, on a juste besoin de les délaisser, trouver un soutien, des épaules qui pourraient t’aider à supporter ce poids. Et aujourd’hui, comme hier, je suis là, et je veux t’aider, mais tu dois être honnête avec moi, et avec toi-même … » Ironiquement, Anna semblait se parler à elle-même, et elle réussissait presque à se convaincre. Seulement, la question qu’elle se posait était : A qui pouvait-elle faire assez confiance pour lui parler de ses plans ? Elle était l’adulte, elle était la plus âgée, c’était à elle de supporter le poids de ses manigances. Elle devait protéger et non être protégée. Elle avait failli tant de fois à sa tâche, qu’elle n’accordait plus autant d’importance à la vie, à sa vie … |
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| Garden avait fait ses choix depuis longtemps et ces derniers ne devaient pas mettre en périls ceux qu’elle aimait, ni même des innocents plus ou moins étrangers. Elle ne voulait pas que ses actions entraînent la perte d’autrui, elle voulait simplement aider, mais seule, de son côté, sans impliquer personne. Or, après trois ans a jouer à ce petit jeu, elle était à bout. Personne à qui se confier : normal, elle l’avait décidé en gardant le silence sur ses réelles intentions. Faire semblant d’adhérer aux visions du Ministère alors qu’elle les répugnait. Ne pas avoir d’épaule sur laquelle se reposer… Garden s‘était toujours vue comme une personne forte, et elle l’était, mais elle avait ses limites et il lui paraissait qu’elle était sur le point de les franchir. Aussi supplia-t-elle Anna de ne pas la questionner davantage. Mentir lui devenait difficile également. Non pas dans la vie de tous les jours, avec ceux qu’elle devait à tout prix berner, mais avec ses proches, ceux ne l’ayant pas laissé tomber lors de son changement de faction. Cependant, Anna n’était pas du genre à baisser les bras aussi facilement, et même si Garden lui assurait vouloir la protéger, elle secoua vigoureusement la tête et se mise à rire d’une façon qu’elle ne lui connaissait pas.
« Tu te moques de moi ? Ce n’est pas à toi de me protéger de quoi que ce soit. C’est moi qui suis censée te protéger, moi qui devrais t’empêcher de faire des choses qui pourraient te blesser. Comme j’aurais dû le faire pour Teresa … » Son cœur se serra douloureusement. Anna cherchait à la protéger et lui laissait entendre qu’elle culpabilisait pour la mort de sa sœur. Pourtant, elle n’y était pour rien. Dans cette guerre, personne ne pouvait prédire les vies qui seraient sauvées de celles qui seraient perdues. « Garden … J’ai toujours pris soin de toi à Ste Mangouste, afin que tu puisses prendre soin des autres. J’ai essayé de t’apprendre ce que je savais de la meilleure des façons. Je t’ai appris, je l’espère, à être meilleure. Bien meilleure que tout ça ! » Le regard de son aînée, glissa sur la Marque que portait Garden et elle se sentie de nouveau gênée. Les mangemorts ne ressentait pas cela, ils étaient fiers de pouvoir montrer qu’ils étaient marqués. Pour Garden cette Marque était une honte.
Anna se leva et obligea Garden à reculer jusqu’à qu’elle n’ait plus d’autre choix que de s’asseoir sur le lit. Elle l’avait acculé, pris au piège. Elle allait l’interroger, ne pas la laisser partir avant de tout savoir. Garden avait été assez forte jusque là mais elle pensait pouvoir résister à un nouvel interrogatoire de son mentor. « Tu sais que tu peux me faire confiance Garden. Ne l’as-tu pas toujours fait ? » Elle hocha la tête de haut en bas. Oui elle avait toujours fait confiance à Anna. Elle lui aurait confié sa vie si cela avait été nécessaire. « Je n’ai pas su faire ce qu’il fallait pour Teresa, je l’ai laissée tomber, je ne l’ai pas soutenue. J’aurais dû être là pour l’empêcher de mourir dans ce labyrinthe, de risquer sa vie ainsi … Au fond, je suis fière d’elle, mais je n’ai pas le droit de ressentir cette fierté, parce que je n’ai tout simplement pas été là quand j’aurais dû l’être. » Elle voulait la réconforter, lui dire qu’elle n’y était pour rien, qu’elle n’aurait pas pu prévoir ce qui allait se passer… mais en voyant ses yeux d’un vert étincelant la fixer, Garden en resta muette. Comme une enfant face à son professeur l’impressionnant bien trop pour oser répliquer quoi que se soit. « Mais je suis là maintenant Garden. Je ne ferai pas la même erreur deux fois. Tu dois me dire quelque chose. Je te promets que je ne te dissuaderai pas de faire ce que tu dois faire, tu as sûrement tes raisons, comme j’ai les miennes de travailler pour le ministère. Mais dis-moi la vérité, s’il te plait. » Garden se mordit la lèvre : elle hésitait. C’était la première fois qu’elle ne se tenait pas à sa ligne de conduite. Elle ne savait pas si dire la vérité à Anna serait une bonne chose. Elle était en plein combat intérieur lorsqu’elle remarqua enfin le regard tendre qu’elle posait sur elle. « Moi aussi, je suis là Garden. Les secrets ne réussissent à personne, pas même à moi. Parfois, on a juste besoin de les délaisser, trouver un soutien, des épaules qui pourraient t’aider à supporter ce poids. Et aujourd’hui, comme hier, je suis là, et je veux t’aider, mais tu dois être honnête avec moi, et avec toi-même… »
Ce fut à cet instant précis qu’elle craque, que ses barrières s’effondrèrent laissant s’écouler un flot de larmes. Garden cacha alors son visage entre ses mains. Elle pleurait, elle déversait toute la frustration qu’elle avait subit durant ces dernières années. « Je suis tellement désolée. » Elle relava la tête et posa son regard remplis de larmes sur son amie. « Si je t’ai menti, c’était pour ne pas t’impliquer. Je déteste le gouvernement et tout ce qu’il représente. Je n’ai jamais cessé de croire en la cause des insurgés. » Elle se jeta à son cour, la serrant fort tout en pleurant. Elle n’arrivait pas à taire ses larmes et elle s’en voulait de les infliger à Anna qui traversait quelque chose de bien pire. « Je t’aime Anna. Je ne supporte pas de te savoir malheureuse, et pourtant c’est moi qui pleure alors que ça devrait être toi. » Elle la serra un peu plus dans ses bras. « Tu es tellement forte… bien plus que moi. Tout ce que je voulais, c’était te protéger et j’ai tout gâché en te disant la vérité. Pardonne moi. » Garden paraissait inconsolable, mais s’était la tristesse, la solitude et tous ces autres sentiments négatifs qui la rongeaient depuis trois ans qui accentuaient ses larmes et la culpabilité aussi : celle d’avoir menti durant tout ce temps… celle d’avoir dit la vérité…
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Elle baissa ses yeux voilés de larmes vers ses mains qu’elle tripotait machinalement. Elle ravalait les sanglots pour ne pas se laisser gagner par la faiblesse et la souffrance. Mais au fond de son esprit, au fond de son regard vide, elle se demandait si elle avait été trop dure, si elle était allée trop loin … Elle s’était laissée portée par la douleur insupportable qui rythmait sa vie depuis plusieurs jours. Elle avait laissé sa rage et sa colère prendre le dessus sur son caractère habituellement calme et posé. Elle avait été emportée au milieu d’une forêt de regret et de « et si » pour ne pas admettre la vérité. Elle avait été purement égoïste et hypocrite envers Garden, elle l’obligeait à tout lui dire, alors qu’elle-même était incapable d’admettre qu’elle avait des plans en tête. Elle se demandait pourquoi elle s’acharnait le plus souvent à faire des choses qu’elle était incapable de produire elle-même. Peut-être pour avoir un exemple, pour imaginer comment quelqu’un ferait à sa place … Peut-être pour puiser dans le courage de cette personne pour trouver elle-même la force de faire l’impossible. Durant ces derniers mois, lorsqu’elle essayait d’obtenir des réponses venant de Garden, elle avait été insistante, même très insistante mais jamais méchante. La méchanceté ne faisait pas partie de ses attributions, elle n’arrivait pas à détester quelqu’un … Ceci mis à part le Magister, mais l’on pouvait clairement dire que c’était différent, Voldemort n’était pas quelqu’un, il était une chose, un corps destructeur et sans âme.
Elle releva doucement son regard vers Garden et essaya de sonder son esprit à travers ses iris clairs mais elle eut juste le temps de voir le visage de son amie se décomposer et être recouvert par ses mains. A cet instant, elle sentit comme un étau se refermer autour de son cœur et son estomac, ses poumons se contractaient et elle avait l’impression d’étouffer. Elle avait la sensation d’être allée trop loin, elle le savait, elle s’en rendait compte à présent. Voir Garden pleurer ne faisait qu’accroître la souffrance et agrandir ses cicatrices déjà entrouvertes. Elle n’aurait pas dû la pousser à ce point, elle avait laissé sa rage prendre le dessus, elle s’était laissée gagnée par ses mauvais sentiments parce qu’elle avait trop peur de pleurer et d’accepter la perte de Teresa, la disparition de sa petite sœur bien-aimée. Elle laissa tomber ses paupières sur ses yeux et contracta les muscles de son visage pour cacher les traits de colère qui venaient doucement se dessiner au niveau de ses sourcils, ses lèvres et ses joues. Elle serra les poings et se maudissait encore et encore d’avoir mis Garden dans cet état. Pourquoi avait-il fallu qu’elle insiste ? Parce qu’elle était déterminée, acharnée, et que le calme avait laissé place à l’impulsivité. Petit être de chiffons, marionnette de ses émotions, elle n’était plus capable de bon sens et de gentillesse … « Je suis tellement désolée. » Les mots frappèrent ses tympans comme un marteau contre son crâne. C’était à elle de s’excuser de la violence dont elle avait fait preuve. Elle voyait les yeux de Garden être embuée de larmes, et cela ne réussit qu’à empoigner encore un peu plus l’emprise qu’avait la souffrance sur son cœur. Elle ravalait difficilement sa salive mais s’obligeait à soutenir le regard de Garden. Elle lui devait bien ça après l’avoir agressée si ouvertement. « Si je t’ai menti, c’était pour ne pas t’impliquer. Je déteste le gouvernement et tout ce qu’il représente. Je n’ai jamais cessé de croire en la cause des insurgés. » Anna agita la tête de droite à gauche s’apprêtant à répliquer quelque chose, lorsque sa protégée se jeta à son cou. Comparé à son accueil quelques minutes plus tôt, Anna referma cette fois ses bras autour de la jeune blonde et la serra de toutes ses forces. Ce contact fragilisa encore le cocon dans lequel elle s’était enfermée parce qu’il lui rappelait qu’elle ne pourrait plus jamais faire ça avec Teresa. Le plus douloureux était qu’ils n’avaient même pas eu de corps à enterrer. Tout avait été emporté dans le Feudeymon … « Je t’aime Anna. Je ne supporte pas de te savoir malheureuse, et pourtant c’est moi qui pleure alors que ça devrait être toi. » Elle était d’accord sur ce point, c’était à elle de pleurer, mais elle n’y arrivait pas, elle s’en empêchait parce qu’elle savait que ça faisait mal et que ça rendait les choses encore plus réelles. Du coup, elle ne pouvait pas en vouloir à Garden de pleurer à sa place, au moins, quelqu’un avait le courage d’admettre ses erreurs et sa douleur. Elle sentit l’étreinte de Garden s’amplifier autour d’elle, et cette force ne faisait que l’oppresser un peu plus. Une larme finit par glisser le long de sa joue. Mais elle renifla aussitôt, s’interdisant de céder à la tentation, à la facilité. « Tu es tellement forte… bien plus que moi. Tout ce que je voulais, c’était te protéger et j’ai tout gâché en te disant la vérité. Pardonne-moi. »
Anna ferma les yeux quelques secondes, fit de tout petits mouvements de tête de désapprobation avant de se décoller doucement de Garden. Elle posa un baiser sur sa joue et sécha les larmes de sa petite sœur de cœur d’un petit mouvement du pouce. « Je ne suis pas aussi forte que tu ne le crois … » Elle pinça les lèvres. « Tu n’as rien à te faire pardonner. Et tu n’as pas besoin de me protéger. Je suis bien assez grande pour le faire toute seule. Ce serait à moi de te protéger. » Elle remit une mèche de cheveux collée sur la joue de Garden derrière son oreille. « Et je veux que tu saches que je suis là. Je savais que tu ne pouvais pas bêtement travailler pour ces Mangemorts. Tu es bien trop gentille et bien trop douce pour ça. » Elle baissa les yeux quelques secondes pour prendre les mains de Garden. « Je suis désolée de t’avoir poussée à me dire tout ça. J’ai honte d’avoir eu si peu de cœur en te poussant à bout. C’est à moi de me faire pardonner. Accepte mes excuses, s’il te plait. » Elle serra les doigts de sa protégée et les agita un peu pour essayer de redonner un peu de force à leur amitié. « Cessons donc de nous apitoyer sur notre sort. Tessa me manque horriblement, mais tu es là toi, et bien vivante ! Je ne t’empêcherai pas de continuer ce que tu es en train de faire. Mais je veux que tu fasses attention, penses à ta sécurité avant tout. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là ! Ne l’oublie jamais. Je ne suis peut-être pas une insurgée, ou une mangemort, mais je te considère comme ma petite sœur, et je me dois de prendre soin de toi. » Elle s’avança vers Garden et la prit à nouveau dans ses bras. Une étreinte légère mais pleine de sens. Elle avait enfin réussi à obtenir la vérité ; et même si elle s’en voulait de l’avoir obtenue par la force et la manipulation, elle était rassurée de savoir Garden pas suffisamment insensible pour tuer. Vint alors à sa mémoire quelques mots qu’elle avait lus dans un livre : pour obtenir la Marque des Ténèbres, le candidat Mangemort doit tuer une personne … Elle s’écarta alors de Garden, la tenant toujours par les épaules. « Est-ce que je peux quand même te poser une question ? » Elle la fixa un instant, et sans attendre de réponse orale, poursuivit. « Est-ce que tu as tué pour que cette chose apparaisse sur ta peau. » Elle faisait un petit signe de tête vers la Marque qui décorait l’épiderme de Garden.
Elle dévisageait le crâne qui surmontait le dessin du serpent. S’intéresser au cas de Garden lui permettait d’oublier sa peine des derniers jours. C’était une manière de fuir, d’échapper à ses obsessions et à sa tristesse. Elle évitait, et savait pertinemment que ce geste rendrait la prise de conscience encore plus difficile et douloureuse. Mais actuellement, tout ce qui comptait pour elle, était qu’elle n’avait pas à y penser, qu’il y avait bien plus important … Ses réactions pourraient être interprétées comme lunatiques, mais en réalité, toute personne qui la connaîtrait suffisamment saurait qu’elle élevait seulement autour d’elle des murs illusoires afin de cacher sa véritable nature et ses véritables sentiments … |
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| Lorsque Anna cessa d’enlacer Garden, cette dernière eu peur du jugement qu’allait lui porter son aînée. Elle respectait tellement son mentor, son avis comptait énormément pour elle et elle savait qu’elle n’avait pas fait les meilleurs choix dans sa vie. Mais au lieu d’un sermon, Anna balaya ses larmes avec son pouce. Un geste tendre qui apaisait quelque peu le cœur alourdit de l’ancienne Poufsouffle. « Je ne suis pas aussi forte que tu ne le crois … Tu n’as rien à te faire pardonner. Et tu n’as pas besoin de me protéger. Je suis bien assez grande pour le faire toute seule. Ce serait à moi de te protéger. Et je veux que tu saches que je suis là. Je savais que tu ne pouvais pas bêtement travailler pour ces Mangemorts. Tu es bien trop gentille et bien trop douce pour ça. » Après avoir remis une mèche des cheveux de Garden en place, elle lui pris les mains et ce contacte la rassura d’autant plus. Cependant Garden s’en voulait encore d’avoir dit la vérité à Anna. Si elle avait gardé le secret jusque là, c’était pour la protéger, or lui dire ce qu’il en était réellement pouvait la mettre en danger. Mais Anna était forte, quoi qu’elle puisse en dire et elle désirait aussi prendre soin de Garden.
Son constat sur le caractère de Garden ne fut pas pris comme le compliment qu’il était. Oui elle était gentille et douce… trop parfois, et c’était à cause de cela qu’elle s’enlisait dans cette situation. Elle ne faisait pas assez ses preuves en tant que mangemort, de ce fait on ne lui confiait rien d’important, aucune information ne filtrait jusqu’à elle, or c’était pour cela qu’elle s’était infiltrée à la base.
« Je suis désolée de t’avoir poussée à me dire tout ça. J’ai honte d’avoir eu si peu de cœur en te poussant à bout. C’est à moi de me faire pardonner. Accepte mes excuses, s’il te plait. » Elle secoua la tête en signe de négation. Non, elle n’avait pas à s’excuser. Si les rôles avaient été inversés, elle savait qu’elle aurait tout fait pour arracher la vérité à Anna et elle aurait été bien moins patiente que la belle rousse qui fit bouger leurs mains comme une enfant pleine d’entrain. « Cessons donc de nous apitoyer sur notre sort. Tessa me manque horriblement, mais tu es là toi, et bien vivante ! Je ne t’empêcherai pas de continuer ce que tu es en train de faire. Mais je veux que tu fasses attention, penses à ta sécurité avant tout. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là ! Ne l’oublie jamais. Je ne suis peut-être pas une insurgée, ou une mangemort, mais je te considère comme ma petite sœur, et je me dois de prendre soin de toi. » Elle la prit dans ses bras alors que Garden allait faire de même de son côté. Cette étreinte entre amies, sœurs de cœur, lui fit un bien fou. Peut-être que ce n’était pas une si mauvaise chose qu’elle soit au courant : elle pourrait se confier, parler à une personne des choses qui pouvaient la peser…
Anna se sépara de Garden sans relâcher ses épaules pour autant. Elle sentait qu’elle allait lui dire quelque chose d’important mais ce fut une question qui sortie de sa bouche : « Est-ce que je peux quand même te poser une question ? » Garden secoua vivement la tête de haut en bas. Elle pouvait à présent tout lui demander, elle ne lui cacherait plus rien. « Est-ce que tu as tué pour que cette chose apparaisse sur ta peau. » Garden se mordit la lèvre et passa une main distraite sur la marque qui avait abîmé sa peau. Elle n’avait aucune raison de cacher ce qu’il s’était passé et elle était certaine préférerait savoir que son amie n’était pas une meurtrière. Elle n’avait pas en avoir honte. « Non. C’est un autre secret… le père de Paris faisait pression sur moi pour que je prenne la marque et refuser aurait éveillé les soupçons. Je ne voulais tuer personne, mais bien entendu on m’a assigné une cible. Je me suis rendue là où elle se trouvait. J’ai longuement hésité : je ne vouais pas tuer… Puis, plus rien. » Garden avait peu de souvenir de cette nuit. Ce qui la chiffonnait, c’était qu’elle s’était fait avoir si facilement. « Je me suis réveillée dans une chambre d’un motel. Il y avait un mot sous ma baguette disant que ma victime était morte et que je pouvais prendre la marque. J’ai à nouveau hésité. Si je disais ce qu’il s’était passé, on ne me croirait pas et si je me taisais, j’avais la marque, je pouvais atteindre de plus hautes sphères sans avoir eu à prendre une vie de ma propre main… » Garden se tritura les doigts longuement, signe de nervosité. « J’ignore qui a fait ça et pourquoi Ca me ronge, j’ai peur que cette personne apparaisse d’un coup et me menace de tout dévoiler ! Je ne sais pas quoi faire depuis, je vis avec cette peur au ventre. » Elle se confiait. Enfin. Dire à voix haute et à une personne ce qu’elle avait vécu, ce qu’elle ressentait avait un effet agréable, mais si cela ne changeait strictement rien à la situation.
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Elle était amie avec plus de Mangemorts qu’on ne pourrait le croire. Entre son enfance et maintenant, elle avait su s’adapter aux situations, rester en dehors de tous les conflits qui pouvaient exister. Les Grimaldi avaient toujours été ainsi, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils avaient quitté l’Italie à la prise du pouvoir del Sovrano. Ils ne voulaient tout simplement pas avoir à faire un choix quant à leur adhérence à cette politique ou non. Ils pensaient trouver la sécurité en venant en Angleterre … Ils s’étaient trompés. Avec l’ascension fulgurante de Voldemort, ils avaient retrouvé ce qu’ils avaient fui, mais cette fois, ils ne partiraient pas à nouveau, parce que la nouvelle génération de Grimaldi n’était plus ancrée autant sur les traditions. Les parents d’Anna et Cara avaient encore tout à fait des raisons de rester neutres car ils avaient passé la plus grande partie de leur vie dans la sécurité pacifiste du pays … Mais Cara, Anna, Matteo et Teresa, ils étaient différents, ils avaient vu leur monde basculer, ils avaient prévu leur déchéance, ils ne pouvaient plus imaginer leur avenir … Ils s’étaient alors tournés vers leurs idéaux profonds, ceux qui n’auraient jamais pu s’exprimer si le calme et la paix avaient toujours régné. Cara s’était laissée porter par ses instincts de tueuse, sa haine et sa colère en rejoignant les Mangemorts. Teresa, quant à elle, avait laissé sa hardiesse, son courage et son ambition la mener dans les abîmes des Insurgés. L’environnement dans lequel ils vivaient incitait à l’adaptation … Les Grimaldi avaient dû faire des choix, des choix qui mettaient en péril leur place dans la société. Et à présent, Giustino et Gaya n’avaient pas d’autres choix que de regarder leur famille s’effondrer sous leurs yeux … Anna voulait tellement que les choses soient simples, qu’il n’y ait pas de camp à choisir … Mais ce rêve utopique était irréalisable, et cela, elle devait vraiment se le mettre dans la tête. Il ne restait plus que Matteo et elle, neutres disait-on, mais en vérité, elle savait que brûlait au fond d’elle un besoin irrépressible de se lier aux Insurgés afin de venger sa sœur …
Bien que Garden se mette en danger, Anna ne pouvait lui en vouloir ou la renier. Elle la comprenait. Elle, au moins, avait su se placer dans cette guerre au bon moment, avant que tout ne soit gâché, avant que tout perde un sens. Elle détestait être aveuglée par les émotions, elle ne voulait pas que son choix de rejoindre les Insurgés soient simplement motivés par son besoin de vengeance. Elle ne savait vraiment plus ce qu’elle était, ni ce qu’elle voulait. Elle savait seulement qu’elle devait protéger les seuls proches qui lui restaient et cela comprenait Garden. Elle fixait la Marque des Ténèbres avec un léger dégoût, mais tenta de ne pas le montrer. Elle voulait savoir si Garden, sa protégée, cet être à l’apparence si pure, avait tué et souillé son âme pour devenir mangemort. Ce sacrifice aurait été sûrement l’un des pires à faire si l’on défendait en réalité les idéologies insurgées. Elle écouta calmement sa protégée lui expliquer ce qui s’était passé et poussa un soupir de soulagement – un peu trop révélateur – lorsque Garden lui annonça qu’elle n’avait pas tué elle-même pour obtenir la Marque, mais que quelqu’un l’avait fait à sa place. « C’est étonnant ça quand même … » Elle attrapa les mains de la jeune femme et les serra afin de calmer la nervosité ambiante. « Le principal, c’est que tu n’aies pas eu à tuer. Tu aurais eu énormément de mal de te remettre de ça. Surtout en sachant que ce n’est pas les idéaux que tu défends. » Elle fit de légères pressions sur les doigts de Garden et finit par la prendre dans ses bras. « Je serai toujours là pour te protéger. Appelle-moi à chaque fois que tu en as besoin et je viendrais t’aider. Je ne veux surtout pas que tu te mettes en danger. Je veux que tu me promettes de toujours essayer de penser à ta sécurité avant le reste. » Elle se recula, regarda Garden dans les yeux, lui esquissa un petit sourire et posa un baiser sur son front, comme elle le faisait avec Tessa. « Celui ou celle qui a tué pour toi pourrait venir te menacer de tout révéler ou essayer de te manipuler. Mais ne le laisse pas faire, tu es plus forte que ça ! » Elle pinça les lèvres, réfléchit et conclut. « Mais au fond de moi, je me dis que si cette personne t’a aidée, elle ne doit pas être bien méchante. Elle pourrait constituer un allié pour toi ! J’ai l’espoir naïf que c’est ça … En tout cas, moi je suis là, et je resterai là ! Je serai toujours ton alliée, et répondrai toujours lorsque tu auras besoin de moi. » Elle la fixait de ce regard plein d’émotions. Elle était heureuse que Garden ait enfin réussi à tout lui dire, et elle voulait surtout que son amie comprenne qu’elle n’était pas seule dans cette bataille. En soutenant Garden, elle savait qu’elle cherchait également du soutien elle-même, et elle l’avait en partie obtenu. Elles seraient là, toutes les deux, l’une pour l’autre.
Elle lui prit la main et se leva. « Viens, je vais demander à nos domestiques de nous préparer un thé et puis tu me raconteras tout ce qu’il se passe à Ste Mangouste. » Elle voulait oublier … Oublier que Teresa était partie, qu’elle n’était plus de ce monde, qu’elle ne pourrait plus jamais la serrer dans ses bras. Oublier que la guerre régnait à l’extérieur et que c’était ces conflits qui étaient responsables de la mort de sa sœur. Oublier qu’elle avait encore beaucoup trop de monde à protéger et un plan d’action assez pitoyable. Elle voulait être forte, être présente pour ceux qu’elle aimait et qui l’aimaient en retour. Elle devait se battre pour eux, trouver la force de donner un sens à son existence, arrêter de fuir, arrêter de nier … Mais pour l’instant, elle préférait oublier … Elle observa Garden quelques instants, tentant de retrouver l’étincelle qui brillait dans ses yeux et ceux de Teresa. Puis elle tira son invitée par le bras et la traîna jusqu’au salon de la demeure des Grimaldi où elles restèrent plusieurs heures à se remémorer le passé et à parler des patients que Garden avait vu passer dans son service. Comme si rien ne s’était passé, comme si rien n’avait changé.
THE END - Spoiler:
désolé pour cette fin toute pourrie !
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