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sujet; to breathe again. darcadia#1
MessageSujet: to breathe again. darcadia#1   to breathe again. darcadia#1 EmptySam 18 Juil 2015 - 14:13

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To breathe again
feat Leocadia Fawley • début juin








Darja posa sa main sur la vitre, surface d'une cellule qui deviendra bientôt une tombe. Il est tard, très tard, trop tard. Draco et Theo sont partis depuis un moment déjà, tandis qu'elle observe leurs adorables cobayes. Vie effacée. Qu'avait-elle de mieux à faire, de toute manière ? Ses expériences ici, au Département des Mystères, ses expériences là-bas, dans le labo qu'elle s'était installée dans le petit bois qui bordait la propriété parentale d'Herpo Creek, rempli de chaudrons bouillonnants et d'ingrédients répugnants, qui feraient frémir n'importe qui ; elle était décidément l'incarnation même d'une vie socialement néantesque – un comble, lorsqu'on s'appelait Valkov - , une vie entièrement dévouée à une science sorcière en laquelle elle plaçait tant d'espoirs. Une curiosité qui la rongeait, une soif de savoir et de découvertes pour remplir tout ce qu'elle avait perdu, tout ce qui n'était plus, qui était supposé n'avoir jamais été. Doux petits agneaux, bientôt dévorés par les loups. Ses prunelles s'attardent sur cette fille, complètement sonnée, à l'équilibre précaire, qui vagabonde tel un zombie dans sa cage étroite, la chevelure divisée en plusieurs masses dégoulinantes de graisse, sombres, si sombres. Vidée elle aussi. Elle déversait sa douleur sur tout ceux qu'elle touchait, elle les transformait, les rendait comme elle, sans espoir, sans but réel, sans plus rien auquel se raccrocher. Contagieuse. Elle grimaça et se détourna enfin, déjà ennuyée par le spectacle qu'on lui offrait.

Elle attacha sa cape en peau de Tébo, si bien frappée qu'elle en était pratiquement translucide et enduite d'un sortilège d'aération qui l'entourait d'un halo de fraîcheur en ces temps chauds qu'elle peinait à supporter – toute température dépassant les quinze degrés avait tendance à la rendre irritable, aussi faisait-elle ensorceler de la sorte une bonne partie de son vestiaire estival. Ses yeux coururent une dernière fois sur le laboratoire tant aimé, sur les ustensiles, les fioles, les portes des chambres froides, les cahiers gribouillés qu'on empilait jusqu'à la chute, puis elle les ferma, l'espace de quelques secondes. C'était son rituel de sortie, son échappatoire ; elle vidait son esprit de toutes les formules, les idées, les visages endoloris qui la hantaient toute la journée durant, la seule manière pour elle de ne pas avoir envie d'y revenir en courant après quelques minutes au milieu de ce monde hostile dans lequel elle ne trouvait pas sa place, bruyant, futile, ennuyeux. Elle referma la porte sur ses miracles et ses tragédies, s'assura que le vigile posté à l'étage était bien éveillé – mais on ne prenait pas n'importe qui pour veiller sur les plus grands secrets de la magie, après tout, n'est-ce pas ? Ses talons hauts cliquettent sur le sol des couloirs, jusqu'à l'ascenseur, dont le miroir lui renvoient l'image d'une fille sauvage et froide. Allure froide, cœur froid, esprit brûlant. L'idée fugace que sa mère serait fière d'elle la traverse et manque de la faire rire. Elle se contient tant bien que mal aux côtés d'un collègue qu'elle ne pense pas avoir déjà croisé. Tant de monde. Une véritable fourmilière. Braves petits soldats dont le bruit des pas résonnent avec éclat. Elle s'échappe de l'ascenseur, guette l'heure avant de quitter sa résidence principale : elle n'est pas sortie d'ici depuis plus de vingt-sept heures. Si la fatigue devrait l'accabler, elle sait qu'elle n'est pas encore prête à retrouver les bras de Morphée. Il faut que retombe l'euphorie de la recherche, l'excitation liée au sentiment que ça y est, on touche au but, la fierté qu'apporte l'idée de changer l'histoire. Ils avaient misé sur la jeunesse. De bien frêles épaules pour porter un tel fardeau. Qui sait s'ils ne finiraient pas par s'écrouler...

Droite, droite, gauche, troisième numéro. Elle poussa la porte de son antre. Un petit bar à l'ambiance tamisée, ouvert de jour comme de nuit, qui ne laissait pas le soleil percer, dans lequel elle se rendait souvent, lorsque l'extraction s'avérait trop difficile, qu'il lui fallait un petit remontant, ou bien au contraire un bon somnifère. Elle aurait pu trouver quoi faire dans son énorme pharmacie de potionniste – du 100% fait maison, s'il vous plaît -, mais cette solution était bien plus amusante : elle ne tenait plus les rênes, elle n'était plus en contrôle, elle n'était plus le cerveau. Elle se hissa sur l'un des sièges près du bar et commanda une Gold River – un cocktail à base de bourbon et d'hydromel épicé, qu'elle affectionnait particulièrement, lorsqu'elle avait envie d'une douceur plutôt que d'un whisky pur feu ou d'une vodka mandragora, plus locale. Elle fit se heurter le métal de ses bagues – chevalière familiale, appartenances attestées, antiquités en tous genres – contre le cristal, savoura la première gorgée du délicieux breuvage qui envahissait son palais, s'écoulait dans sa gorge, et inspecta finalement les lieux, à présent que tout revenait à la normale, que le voile étouffant qui l'enfermait jusque-là dans sa bulle commençait à se dissiper. « Tiens tiens. » Rictus. Faciès familier. Un autre temps. Des retrouvailles bâclées, auxquelles se sont mêlées la gêne qu'on ressent face aux gens perdus de vue depuis trop longtemps. « L'ancien petit prodige sur balai. » Cette fois, elle sourit plus franchement, amusement, soupçon de douceur se partageant son visage. Darja la détaille, des pieds à la tête, dans son uniforme de bureau, tenue correcte exigée pour intégrer le Ministère, et son sourire s'agrandit plus encore. La revoilà, cette envie de rire, pulsion difficilement contrôlable l'ayant prise plus tôt dans l'ascenseur. « Tu n'as plus l'air... Toi. » Mesdames, messieurs, l'hôpital se fout de la charité, venez assister au spectacle, bonsoir.
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to breathe again. darcadia#1

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