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sujet; Violon d'Ingres
MessageSujet: Violon d'Ingres   Violon d'Ingres EmptyDim 9 Aoû 2015 - 2:35

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Le 9 août 2002

La pluie tombe dru sur les pavés de l’Allée des Embrumes. La matinée est grise, ce dimanche, et pas même un Fléreur n’a mis la queue dehors. Pas même un rat, non plus. Le Mangemort a transplané directement dans l’Allée, non loin de Barjow & Burke, bien abrité sous un parapluie magique, qui fait jusqu’à légèrement dévier la pluie pour ne pas que celle-ci tombe sur sa toile parfaitement cirée et imperméable. Il ne peut éviter celle-ci de mouiller le cuir de ses chaussures, cela dit. Un irritant qu’il ne peut pas contrôler, malheureusement, et qu’il se contente de constater d’une moue critique. Une courte marche suffit pour qu’il arrive à la boutique.

La clochette tinte au-dessus de sa tête; la boutique est vide, pour le moment. Un petit tour de passe-passe, une impression, que les propriétaires aiment toujours à laisser, de son expérience. Il est venu quelques fois, évidemment, mais il doit avouer qu’il espère que le service sera plus charmant, aujourd’hui. Moins couillu, voyez-vous.
À choisir, il préfère toujours indéniablement ces dames.
Le parapluie est replié et rangé dans sa cape, ses lunettes de vue sortie de leur étui. Les verres parfaitement clairs, comme ils le sont toujours en intérieur. Rien de mieux que des verres ajustés à la luminosité. Louis observe un étalage de montres à gousset, sans grand intérêt puisqu’il en a déjà une très fonctionnelle, quand un bruit de pas passant de ce qu’il suppose être l’arrière-boutique à la boutique parvient à ses oreilles. Vu les talons qui claquent, cela risque bien d’être féminin.

En plus dans le mille.

La silhouette gracieuse et pâle de Nell fait son apparition, générant un sourire sur le visage du Mangemort. Un de ces sourires qu’il maîtrise si bien, jusqu’à ce qu’il en paraisse tout à fait naturel. À défaut d’être violoniste, il aurait pu être comédien, sans aucun doute. Il rejoint aussitôt le comptoir, seule chose qui sépare les deux sorciers. Il connaît peu sa vis-à-vis, mais il y a quelque chose d’indéniablement attirant, fascinant, chez la blonde. Quelque chose de magnétique. S’il n’était pas fiancé et elle également, à bien évidemment un autre que lui… quoique tant que le mariage n’est pas fait, les serments magiques prononcés, il n’y a rien à craindre.
Ce n’est de toute façon pas au goût du jour : il est ici pour affaires et non pas pour s’épancher sur sa vie personnelle, ou l’amener à un nouveau niveau.

« Miss Burke… tout à fait celle que je désirais voir aujourd’hui. » La voix chaude, aimable. La main tendue, serrant proprement celle de sa collègue, avant de la porter à ses lèvres, en un baisemain juste assez long, juste assez court. Les affaires, oui, mais rien qui doive l’empêcher de traiter convenablement une jeune femme. Encore plus une collègue, puisqu’il en est ainsi. La main est relâchée. Oui, quelque chose d’intrigant. Quelque chose qui se dégage d’elle. À son habitude, il ne tourne pas plus longtemps autour du pot en présentant tout de suite un préambule à sa raison d’être ici : « J’ai une demande délicate à vous faire. Nous parlons affaires, évidemment, mais je préfère traiter avec vous. Uniquement. » Idéalement aucun autre Burke, donc, malgré la nette propension à cette famille à foutre leur nez, droit ou crochu, dans les affaires des autres.


Dernière édition par Louis Werner le Mar 11 Aoû 2015 - 15:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Violon d'Ingres   Violon d'Ingres EmptyMar 11 Aoû 2015 - 14:53

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Une matinée pluvieuse, encore, toujours. Ces matinées Londoniennes, celles qui se suivaient, se ressemblaient. Si grises, in-accueillantes. Celles qui ne semblaient pousser les gens à sortir, et qui laissait planer dans la boutique un silence de plombs, celui-là même qui ne déplaisait finalement à la blonde. Un silence, que seul le bruit de son souffle venait briser, et parfois celui des pages de ces larges ouvrages qui se tournaient, qu'elle étudiait, religieusement, en oubliant souvent l'endroit qu'elle se devait pourtant de tenir ouvert. Cette boutique, que l'égoïste faisait passer au second plan. Souvent. Trop souvent. Et rare étaient les instants où elle déambulait dans les rayons, s'occupait de placer divers objets ou tout simplement, parlait. Oui, des journées, des semaines parfois s'écoulaient sans qu'un traître mot ne sorte d'entre ses lèvres, sans qu'une expression ne jonche son visage. Et sans presque, qu'on ne remarque sa présence. La présence de celle qui ne sortait que rarement de l'arrière boutique, bien trop happée par ses recherches personnelles, par son plaisir personnel, par ses intérêts, tout bonnement.

Et les journées se ressemblaient, vide. Si vide, de monde, de sens. Pourtant, aujourd'hui la porte de la boutique s'ouvrait, finalement, inopportunément. Et le tintement de cette entrée en demeure dérangeait l'oreille de la blonde, elle qui soupirait, vaguement. Celle dont l'esprit semblait vouloir occulter l'instant, et pourtant, celle qui se levait de sa chaise quelques secondes après avoir pris conscience qu'elle était seule. Seul maître à bord, ainsi forcée de s'occuper de cette entreprise pour laquelle elle peinait en ces temps à porter de l'intérêt. Non pas qu'elle regrettait son choix, ce choix d'être devenue associée de l'affaire familiale. Non, elle appréciait toujours autant être au centre de tant de magie noire, d'escroqueries et énigmes en tout genre. Car ici, elle était dans son univers, à sa place, et pourtant vendre ne semblait la priorité de celle dont l'ambition semblait s'accroître à mesure que le temps filait. Pourtant, un certain engouement s'éprenait d'elle alors qu'elle posait son regard sur l'homme qui déjà, foulait le sol de l'endroit pour rejoindre le comptoir. Un enthousiasme curieux, perplexe, de ceux qui attirent sans que l'on ne sache pourquoi. « Monsieur Werner. » Il se dégageait de l'homme une orra fascinante, quelque chose d'attirant, sûrement angoissant. Pourtant pas pour elle. Celle qui tendait la main, recevait un baisemain, et souriait vaguement, en coin. Ce sourire, inquiétant, pourtant lui aussi envoûtant. Et ces mots échangés brisaient le silence de manière divine, telle une pause agréable dans cette journée, emmenant ainsi presque la Burke à penser qu'il était plaisant de se trouver ici, derrière le comptoir, face aux clients. « Je vous en prie. » Laissait-elle alors échapper, d'une voix presque douce, du moins aimable, celle-là même que peu de personnes lui connaissaient. Car il ne semblait inné, chez elle, d'être abordable avec le client. Ainsi, sûrement le fait que l'homme ne veuille s'adresser qu'a elle n'en était que plus affriolant. Car qui en ce monde serait suffisamment fou pour vouloir traiter avec la froideur incarnée, celle-là même qui n'inspirait qu'ennuis et malheurs, souvent inquiétude, parfois même peur. « Nous sommes seuls, sentez-vous libre de parler en toute quiétude. » Il était bien rare que Nell soit la seule Burke en l'endroit, souvent au moins accompagnée de son cousin, lui aussi jeune associé. Et pourtant, aujourd'hui semblait le jour parfait pour s'adresser à elle, celle qui gérait seule l'endroit, et qui étrangement, ne le déplorait pas. Du moins pas en l'instant, quand bien même ne savait-elle ce que cette journée lui réservait, moins encore ce qui sortirait d'entre les lèvres de celui qui lui faisait face.
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