« I wanna touch the northern lights We could leave the world behind I wanna know what it's like To walk away from this life. » ♱ - Jaymes Young, Northern lights
Ce corps à la dérive qui te lâche. Le venin se répand depuis des heures et tu sens que tes muscles se contractent, que ta vue se brouille, te menant droit vers l’inconscience. A ton doigt la bague serpentine émet une douce chaleur, et tu es plus que jamais certaine de l’effet de ta magie, de sa jumelle qui doit brûler à l’annulaire de ton ami, signalant le danger, ton état préoccupant. Tu ne sais pas depuis combien de temps tu marches, luttant contre la douleur à demi anesthésiée par le cobra qui n’est désormais plus avec toi. Loustry Ste Chaspoule. Il y a le musée, l’ancienne demeure Weasley que tu tentes d’ignorer. Ta main couverte d’un gant attrape dans ta poche l’anti venin. Tu sais que tu risques déjà la mort depuis trop longtemps. Et en avalant l’amer mélange, tu te demandes si vivre à encore un intérêt.
Fred a sa famille. Tu as abandonné Draco. Déshonoré ta lignée. Corrompu ton don.
Ils t’ont sans doute déclarée morte, à l’heure qu’il est. Disparue depuis Beltane. Kidnappée par les insurgés. Un jardin se dresse devant tes yeux dilatés par les effets secondaires du poison encore trop présent dans tes veines, avant que tu ne t’effondres lourdement sur le sol. Le brun de tes cheveux tranche avec le sol, le noir de ta tenue forme une ombre à l’abandon. Les os brisés, le sang sur ta peau de porcelaine, le manque de sucre. Tu t’es sentie partir sans pouvoir lutter. Délivrance.
...≤...
La lumière agresse tes sens. Ta vision a du mal à s’y ajuster et quand bien même, tu ne reconnais pas les lieux. De ton sommeil agité tu ne te souviens que la plainte, la crainte, la culpabilité. Fred. Son nom s’est échappé de tes lèvres lorsque ton souffle a pu reprendre, lorsque le coeur est convenablement reparti et que tes os ont commencé à se ressouder. Ses bras ont manqué à toute ton âme et sa protection absente a provoqué bien des troubles, des cauchemars. Echec. Et alors que ta bague s’active à nouveau, que les crochets d’émeraude luisent pour en indiquer l’activité, la transmission de ton état à son double, tu réalises que tu te sens prise au piège.
Les larmes qui roulent sur tes joues et meurent sur tes lèvres sont présentent depuis un bon quart d’heure, s’échouent sur ta peau, exorcisant toutes ces peines ingérables. Il n’y a plus de place dans ton coeur, plus d’espace pour toutes ces boites verrouillées, ces regrets. Renoncer. Tu as renoncé à cette vie tant désirée avant même de savoir que tu la voulais, mais ce poids sur ton estomac, cette mélancolie n’ont vu le jour qu’au fil des années, comme un deuil impossible. Le souffle est trop vif, trop court. Toux. Tes doigts se referment sur les draps dans une tentative de t’accrocher à la réalité. 24 heures d’inconscience.
Le gant à ton bras Marqué a disparu. Et tu te redresses brusquement, observant le tatouage renié avec attention. Il ne bouge pas. Le Lord ne t’a pas eue. Ce ne sont pas les Mangemorts qui t’ont attrapé. Qui, alors ? Et dans tes yeux bicolore se lit la peur d’avoir mis ta famille en danger.
This will never be okay, and you will never find peace. That tiny piece of your heart can never be replaced. And yet, you will survive. That breath in your lungs should always be the reminder.
« I wanna touch the northern lights We could leave the world behind I wanna know what it's like To walk away from this life. » ♱ - Jaymes Young, Northern lights
« bonjour Lucrezia, comment te sens-tu ? » La panique étreint ton corps endolori. Ton nez a visiblement mieux vécu la réparation que le reste de ton enveloppe charnelle, brisée sous les coups de Davius. Ton visage a retrouvé la pâleur fatiguée de la fuite et si tu t’observais dans un miroir, tu constaterais que la magie de ton amie, ses soins, ont presque effacé toutes les traces, sauf peut-être ce vague reflet bleu près de ta bouche. « Tu es chez moi, à White Hallows… à Loustry de ste-chaspoule, tu es en sécurité. » Non. Tes yeux se décrochent du tatouage sur ton bras et rencontrent la jolie silhouette de Susanna. Non, non, et non, ça n’est pas possible, tu n’as pas pu retomber sur une membre de l’Elite, pas déjà, pas si vite ! Tu ne veux pas rentrer, tu ne veux pas retrouver leur futilité, leur aveuglement, tu ne veux pas être traitée en victime et rapatriée dans cette cage aux froides dorures. « Personne ne sait que tu es ici… » Un éclair de soulagement dans tes billes bicolores. Il te suffit donc de lui effacer la mémoire et de partir. Elle t’a ramassée mais Merlin seul savait ce qu’on lui ferait subir pour arracher des informations. « comme tu es blessée, je voulais que tu puisses être confortable. J’espère que ça ne te dérange pas… » Ton short, tes collants, ton haut, envolés. La robe de nuit. Tu te lèves, brusquement. Et tu manques de t’écrouler, la douleur vive vrillant tes côtes et ta jambes gauche. Alors tu retombes aussi sec au bord du lit, assise, les bras croisés, serrés contre ta poitrine.
Les poumons refusent momentanément de se vider de l’air coincé. Et quand enfin tu parviens à aligner quelques mots, ils sont pressants, manquent de reconnaissance. « Susanna, as-tu perdu la tête ?! » Est-elle seulement au courant, mh ? Tu t’agaces de son bon coeur. Plus personne ne doit te tendre la main, jamais plus ; toxique. « Je dois partir. Tout de suite. » Mais tu n’es pas en état. Tu n’es absolument pas remise des coups, de la brutalité. « Tu te rends compte que tu as aidé une traitresse ? Tu es une Carrow, Susanna. Tu as des.. » Tais-toi. Tu dois te reposer, tu le sens. Même réfléchir s’avère complexe. Perceval va te tuer. Tu mets toute ta nouvelle vie en péril par pêché de colère. Idiote. Et un instant, au coin de ton regard, tu crois percevoir la petite silhouette blonde d’un enfant joyeux, qui court, loin. Joueur, entre ces grandes mains que tu ne reconnais pas. Est-ce que la fièvre te fait délirer ? Une seconde petite silhouette, si petite, avant que tu ne te rallonges, prise d’un malaise.
C’est pas possible. Tu as renoncé à cette existence et elle te hante sans arrêt, sans la moindre prise avec la réalité. « Sue.. qu’est-ce que j’ai ? » Des rêves qui s’effritent, se décomposent et les restes du venin qui secoue ton organisme. « Je refuse de te mettre en danger.. une insurgée.. tu as perdu la tête.. » et la toux te coupe la parole. Bordel, Daeva, la dose était trop forte. Il te jette, volontairement, dans les travers de ta conscience défaite de ses barrières. Il sait que sous ses effets, tu ne peux nier aucun de tes désirs reniés. Il veut te soigner, intégralement. Et les murmures nocturnes réclamant Fred ne sont que le résultat de ta langue déliée, de ta peur d’être abandonnée. Que deviendras-tu, sans lui ? Tu ne veux pas qu’elle te dénonce. Tu veux rentrer. Il est seul, sur le canapé. Tu es sûre qu’il a froid. Et Draco, tu as besoin de savoir si Draco va bien, s’il ne s’est pas fait croquer par Nagini. Ton sommeil n’a été ponctué que d’eux. D’eux et de Gabriel.
This will never be okay, and you will never find peace. That tiny piece of your heart can never be replaced. And yet, you will survive. That breath in your lungs should always be the reminder.
« I wanna touch the northern lights We could leave the world behind I wanna know what it's like To walk away from this life. » ♱ - Jaymes Young, Northern lights
L’odeur de la tisane te donne la nausée. Le haut le coeur est net, te pousse à te redresser, malgré les coussins, malgré les précautions de Susanna. Quelque chose cloche, chez toi. Et sur ton poignet, les deux trous témoins de la morsure du serpent, qui n’ont pas guéri, dissimulés par ta façon de te poser, jusque là. Le venin de Daeva est une plaie. Pour te faire tenir, il a augmenté la dose que tu tolères habituellement, inconscient de ta faiblesse actuelle, inconscient du fait que tu ne te nourris pas assez pour lui survivre. Ton amie a fait ce qu’elle pouvait, elle a soigné les blessures, les os brisés, tenté de purifier ton corps des toxines - elle t’a évité la mort par asphyxie. « Dans le short, la fiole. » Celui qu'elle t'a retiré. Tu en as toujours deux, au cas ou. Tu espères simplement que la seconde ne s’est pas cassée sous la brutalité de Davius. « Dans la tisane. » Un cocktail ne couterait rien. « qui t’as fait du mal » « Llewellyn. » Indésirable n°4 dont vous connaissiez tous le visage. Et ton corps se cambre vers l’arrière, manquant de renverser la précieuse tasse. La douleur mord sur tes côtes, se réveille dans l’épaule. Résiste. Tu avales le liquide chaud sans te préoccuper de la température. Que ça s’arrête, que tu puisses repartir. Tu sais pourquoi tu as choisi cette vie alors le regret ne glisse pas dans tes pensées, quand bien même il aurait pu. Tu as conscience de ta faute, de ta bêtise, tu n’aurais pas dû évoquer son épouse, cette alliance. Il était en deuil et tu l’ignorais. Tu refuses de répondre à sa question. Mieux vaut qu’elle ignore ce qui brûle encore.
« Tu n’es donc pas disparue… pas réellement ? » Le rire se mêle à la toux. Tu ne peux que rire de cette question, parce que tu étais persuadée qu’ils auraient immédiatement vu le subterfuge. Ils sont encore dupe, après tout ce temps. Est-ce qu’ils te cherchent encore ? « Franchement, Sue, qui pourrait avaler ça ? On tue quelques serpents et ça suffit à m’éliminer ? » Ca te conforte dans l’idée que tu ne t’étais pas assez vantée de tes talents. Certes, tu n’es pas infaillible et le plan consistait à faire croire à une attaque surprise mais si tu avais songé une seconde que ça tiendrait si longtemps, tu l’aurais fait plus tôt. Tu serais partie bien avant, délaissant le monde pour regagner la liberté, la délicieuse solitude. « J’ai tout orchestré. Pour vous, je suis morte. Juste morte. Il n’y a plus de Lucrezia Rowle qui tienne. Je libère ma lignée de ce poids. » Ta mère, radieuse autrefois, retrouverait de l’éclat. Le regard sévère de ton père s’adoucirait avec le temps. Et tu ne ferais que ce que ta conscience te dicterait, que ce qui permettrait aux tiens de survivre. Tu songeais à enseigner quelques trucs à Lancelot, aussi.
Elle t’a arraché un regard aussi terrifié que meurtrier. « Tu es amie avec Fred Weasley, n’est-ce pas ? » Souffle coupé. L’atmosphère était lourde et si un serpent t’avait tenu compagnie, tu pariais déjà qu’il l’aurait tuée en sentant la panique border ton coeur. Ton sang n’a fait qu’un tour. Tu n’as pas la possibilité de fuir mais déjà ton esprit enclenche une solution, réfléchit au problème. « tu as gémis son nom durant ton sommeil. Encore et encore. Or, ce n’est pas un nom très populaire… » Fautive. Mais elle oublierait. Tes forces retrouvées, tu ferais en sorte que rien ne subsiste dans la mémoire de Susanna Carrow. Pas experte en sortilège d’amnésie, tu ne pourrais remplacer cela que contre le souvenir de quelques jours clouée au lit. Et, si tu y parvenais, tu ajouterais ta mort au lot de ses croyances. Morte, tu ne pourrais plus croiser sa route. La vie avait l’air de lui avoir joué des tours, avec son attitude incertaine, sa timidité soudaine, sa crainte latente. « Fred est mon meilleur ami. » consens-tu à souffler. Protéger, danger, aimer. Moins elle en saurait, mieux ce serait. D’autant qu’elle n’est pas de ton monde, vous êtes désormais séparées par un véritable gouffre. Elle est l’élite en perdition, tu es la traitresse dont la tête serait bientôt mise à prix.
« Susanna.. tu crois que tu pourrais préparer quelques provisions ? » Autant que ta connerie tourne utile. Tu voudrais bien faire un gâteau aux garçons.. les oeufs, tu savais trouver, la farine ne poussait cependant pas sur les arbres. Et le cacao.. encore moins. Un gâteau, pour le sourire de Ronald, la naissance d’Espérance. Ta tête s’enfonce un peu dans les coussins. Fatiguée, encore. Mais tu luttes, toujours.
This will never be okay, and you will never find peace. That tiny piece of your heart can never be replaced. And yet, you will survive. That breath in your lungs should always be the reminder.
« I wanna touch the northern lights We could leave the world behind I wanna know what it's like To walk away from this life. » ♱ - Jaymes Young, Northern lights
« Évidemment que je te préparerais des provisions, mais pas tout de suite. Tu dois récupérer. Je ne te laisserais pas partir avant. » Ce ton te hérisse autant que les ordres. Tu ne veux pas rester clouée là à te faire traiter comme une enfant. Tu te rebellerais presque contre le temps pour pouvoir t’enfuir, regagner ta liberté, et te tenir loin d’elle, surtout. Carrow, ça rappe sur ta langue, ça glisse en un souvenir amer. Lazarus et ses paroles de père-séducteur. Susanna et son autorité discutable. « Et tu avales tout le contenu de ta tasse. C’est un ordre Lucrezia. » Le sifflement qui sort de ta bouche est agressif. Lucrezia, ça sonne en fausse note au bord de ses lèvres. Lucrezia, la mangemort au tatouage indélébile et au coeur de glace. Lucrezia Rowle, celle que tu ne veux plus être. Et tu vides le contenu de la tasse pendant qu’elle s’éclipse, enfoncée dans ces réactions que t’impose ton corps, de la douleur à l’épuisement.
J’ai laissé moins que ça, derrière moi, quand on m’a enlevée. Et ce n’était pas un subterfuge. a-t-elle dit, un peu plus tôt, mais cela ne t’évoque rien. Tu ne comprends pas ce dont elle parle, et pour cause, la disparition de Susanna n’est jamais parvenue à tes oreilles. Tu as été portée disparue le 1er mai, vos dates s’emboîtent et vous échappent. Tu ne sais pas ce qu’il lui est arrivé et tes forces t’abandonnent momentanément, t’empêchant de reprendre la parole pour lui poser la question. Le sommeil te happe, un court instant. « Je ne dirais rien, tu sais… » Les cheveux blonds noyant les coussins et tes yeux clairs qui papillonnent : le son de sa voix te ramène à l’instant présent, dans cette sorte de flou dérangeant. « Au sujet de Fred. Je… je connais un Weasley aussi. » Son nom est doux, au rythme des battement du myocarde. Fred te manque. Tu veux dormir contre son coeur. Tu tentes de t’ordonner d’organiser tes pensées mais elles volent, loin, si loin de ta maîtrise. « C’est aussi pour ça que je te dis de te détendre… je ne suis pas une ennemie. Absolument pas… » « Vous l’êtes tous. » Elle ne peut pas comprendre, tu ne parles pas sa langue. Et tu as chaud, tellement chaud. « En fait… je crois que je t’envie… » Tu l’écoutes, c’est plus facile que lui répondre. Ton organisme a repris sa lutte, sans doute activée par le breuvage et ton antidote. « il y a d’autres facteurs à prendre en considération… et puis on ne devient pas une insurgée comme ça. »
Un hochement de tête par la négative. On ne devient pas une insurgée comme ça. Pas elle. Pas celles qui ont un entourage, des frères, des soeurs peut-être, à moins qu’ils soient déjà de l’autre côté de la barrière. Toi, t’avais pris ta décision comme on change de chemise, t’avais changé de vie pour retrouver les bras rassurants de ton ami, pour ne plus être seulement la mère éplorée sans avenir. Il t’avait promis tellement de belles choses. « Est-ce que tu es plus heureuse, Lucrezia ? … Est-ce que c’est ce que tu espérais ? »
Il y avait mille réponses contradictoires qui se bousculaient dans ta tête, comme des évidences incompatibles. Ton coeur contredisait l’état de ton enveloppe charnelle qui lui-même boudait ton état psychique. « C’est pas mon bonheur qui compte, Susanna.. c’est le sien.. » Pour toujours. Tu étais heureuse quand tu voyais fleurir sur son visage un éclat de bonheur, si éphémère soit-il, un sublime rayon de soleil. Tu te sentais utile et aimée. Puis là, si coupable. La mort d’Ypsös avait-elle justifié la colère vive, l’abandon de ta sécurité pour te faire détruire par Llewellynn ? N’était-ce pas plutôt les adieux avec Draco qui t’avaient brisé le coeur, scindée en deux ? « Qui t’a enlevée .. ? » souffles-tu. Tout semble à retardement, dans tes réflexions. Il te faut le temps d’assimiler, de comprendre les tenants et aboutissants de ses remarques. Parfois, tu sembles même t’endormir alors que ce ne sont que tes paupières qui se ferment, le reste de tes sens à l’écoute. « .. Quand ? »
This will never be okay, and you will never find peace. That tiny piece of your heart can never be replaced. And yet, you will survive. That breath in your lungs should always be the reminder.
« I wanna touch the northern lights We could leave the world behind I wanna know what it's like To walk away from this life. » ♱ - Jaymes Young, Northern lights
« En avril, presque en mai. Je veux seulement prendre ton pouls… je dois savoir si ton cœur bat correctement. » Son frère. Est-ce que ça te surprend ? Tu ne sais pas vraiment, bien qu’elle porte le nom des Carrow, signe que les siens sont capable du pire. Lignée plus dépravée que décousue, selon toi. Sous ses doigts tu t’es crispée, sans pour autant protester, tu n’en as pas la force. La mort guète au dessus de ta tête. Le linge humide ne suffit pas à te faire oublier la chaleur tendre qui s’enroule à ton annulaire, te faisant angoisser pour Fred, si loin, qui doit craindre d’être encore abandonné. « Et toi ? Depuis quand es-tu « morte » ? » C'est presque étrange de l’entendre d’une autre bouche. Tu n’as pas vraiment fait le deuil, si ? Tous ces préparatifs, toute cette mise à scène et les tensions découlant de ton arrivée dans l’insurrection ne t’ont pas permis de te pencher sur ce qu’il est advenu de tes amies. Tu t’es embourbée dans une inextricable dépression. Ou du moins n’as-tu pas pu soigner l’existente. Tu te souviens d’avoir été si heureuse entre les bras du rouquin. Tu te souviens de t’être perdue au creux de son cou, de t’être lovée contre son épaule. Et d’avoir sombré ensuite, comme si la bouffée d’oxygène avait été trop courte. « 1er mai.. » Beltane. Profiter de la fête pour une ultime apparition, faire croire que tout était normal pour mieux corroborer un kidnapping dans les règles de l’art.
« Et Draco ? … Il sait ? » Le prénom s’est glissé comme un poison rivalisant avec le venin encore persistant dans tes veines. Draco. Tu n’as pas senti les larmes rouler sur tes joues, tu n’as fait qu’en percevoir le sel au bord de tes lèvres. Le sacrifice avait été plus difficile que tu ne voulais bien le prétendre, parce que protéger les Weasley impliquait de laisser le jeune Malfoy aux mains d’un Destin cruel et, sans doute, entre les doigts impitoyables de la vengeance. Pire encore, le vice pour l’alcool liait à ton souvenir les deux seules personnes qui importaient, ironie du sort pour deux ennemis naturels. Tu avais été obligée de faire un ultime choix, et dans les yeux anthracites de Draco, tu avais lu ce décès simulé comme vérité assimilée. Pour lui, tu étais morte, tu n’avais plus la possibilité de veiller sur son état, même de loin, plus aucun accès à sa présence. Ne me mets pas ça sur la conscience, avait-il dit, et pourtant l’autodestruction n’était que plus grande, après votre rencontre au cimetière.
Tu respires mal. Tu étouffes de ta culpabilité, de l’amertume, de cette colère que tu nourris contre toi-même. Tu te noies dans les recoins sombres et égoïstes de ton âme. Peut-être que tu crèves de ces rêves inavoués. Peut-être que tu ne survivras pas aux paradoxes de la glace et du feu, de ce désert de larmes qui menace chaque jour de t’offrir la dernière heure, une dernière danse entre les bras de tes contradictions, tes addictions. « Mes choix, l-les siens. » Il sait, c’est évident. Votre relation officiellement lointaine vous protège tous les deux des questions, pas des douleurs, pas des rancoeurs, des terreurs. Morte de peur pour celui qui était hier encore un petit garçon trop curieux, grandi trop vite, plus fort, plus solide que toi. « Dis-lui.. » rien. Ca ne sort pas de ta bouche, d’entre ces lèvres trop pâles. Contrôle-toi, aurait exigé Daeva. Mais tu n’es plus celle d’autrefois, apte à surmonter les élans brusques des émotions envahissantes. Tu le fais déjà trop, chaque heure, chaque minute, pour cacher à Fred ta détresse ; ta faiblesse.
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