❝ Come little children I'll take thee away into a land of enchantment ❞1969 & Tomsk - Russie - Un oupyr, un Oupyr. Quelle différence ?
- Dans les deux cas il est bon à tuer.On n'oublie pas si facilement le folklore, les vieilles légendes et les noms qu'on donne aux créatures que l'on préfère ne pas voir. On parle d'oupyr comme on parle de vampire ou de loup garou dans les régions plus occidentales. Avec une certaine pointe de peur et d'appréhension. Est-ce que le nom fera apparaitre la créature ? Est-ce que le nom jettera un mauvais sort ? Dans les pays slaves, un oupyr est une entité cachée, un sorcier parfois, qui vient se repaitre de sang et de méfaits à la tombée de la nuit.
Nikita était né en Sibérie. Et ne l'avait jamais quitté jusqu'ici. La plupart des grandes familles de sorciers de Russie ne quittaient pas la partie occidentale de Russie, on ne viendrait donc pas chercher des Oupyr dans cette partie "reclus" de la grande URSS. Son père n'était pas très intéressé par les questions politiques moldues. Il profitait du système mais ne s'y intégrait pas. Il ne pouvait pas y avoir de meurtre, de déviants dans la grande politique de Staline, dans sa société parfaite. Alors lui il profitait. Il visait les plus faibles, les plus jeunes, ceux dont la disparition ne serait remarquée que par les proches qui n'oseraient pas parler. Parfois il disparaissait pendant des mois dans la toundra ou la taïga, à la recherche de pauvres âmes isolées sur lesquelles il pouvait mettre la main.
1969 marqua la 1ère fois où Nikodim Oupyr emmena avec lui son fils cadet dans sa chasse à l'enfant. Jusqu'ici Nikita avait vécu dans une véritable obscurité dont il peinait à sortir plus que quelques heures par jour, quelques mois dans l'année quand le temps et le soleil - peu présent - osait se montrer. Il attendait le retour de son père avec une impatience sans cesse grandissante que celui-ci revenait avec la Lumière.
Nikodim enleva l'enfant à sa mère qui le suppliait de lui laisser au moins celui-là. Qu'il était aussi handicapé qu'elle, qu'il n'avait pas à être aussi cruel. L'homme n'avait que faire des supplications de sa femme, elle ne comprenait pas que ce qu'il faisait était pour elle. Toutes ces expériences, c'était pour elle, pour qu'elle puisse un jour hausser son sang au niveau du sien. Elle n'était pas sa femme, pas encore, pas tant qu'elle déshonorait la lignée, déjà bien salie, des Oupyri. A dire vrai, la famille Oupyr greffait en son sein tous ceux qui souhaitaient l'intégrer et qui avaient un soupçon de curiosité - plus que mal placée - à leur caractère. Le sang des 1er avait probablement disparu et été dilué depuis des générations mais les quelques membres encore en vie arboraient fièrement leur patronyme.
L'homme accompagné de l'enfant s'éloignèrent de Tomsk, suivant les routes parcourues par des millénaires par des nomades et des marchands. Ils avaient emprunté des habits moldus et se cachaient sur le bord de la route, se faisant passer pour des gens allant rendre visite à leur famille à la ville. Les moldus les plus observateurs ou ceux qui avaient un soupçon de paranoïa se méfiaient d'eux, ils inspiraient une crainte qui prenait aux tripes sans que l'on ne comprenne réellement pourquoi et comment. Des remugles de méchanceté et de mauvais sang.
Nikodim porta son dévolu sur une petite fille; Nina. Elle jouait dans la plaine, poussant devant elles quelques animaux faméliques. On pensa tout simplement qu'elle avait été emportée par la Nuit et qu'elle était tombée. Les recherches furent de courte durée, il ne pouvait y avoir de mal en URSS.
❝ Come little children The time's come to play Here in my garden of shadows ❞Année & Lieu - Le 1er sort que j'appris fut Lumos. Ce fut la 1ère fois que je vis réellement.Nikita vivait au gré des déplacements de son père. Père et fils, ils prenaient le train et se déplaçaient partout en Russie à la recherche de ce qui semblait être une quête sans fin pour le patriarche. Les Oupyri n'avaient jamais eu une bonne réputation, même dans la communauté des sorciers ils étaient vus comme des adeptes d'une magie trop sombre ou prêt à des actes qui ne se justifiaient pas. Mais avec les changements de politique, la séparation entre les égalitaristes et les pro sang-pur, la famille commença doucement à se rapprocher des plus extrémistes. Les moldus n'étaient pour eux qu'une source d'expérience, ils se nourrissaient de leur peur, de leur douleur et de leur sang. Qui se souvenait parmi eux des vieux codex de l'Olonet qui étaient censés les protéger contre la sorcellerie, les maux et les créatures ?
Cela était d'ailleurs assez ironique puisqu'une grande partie de ces charmes étaient de création sorcière. On se les passait de mains en mains jusqu'au jour où ils tombèrent dans des mains profanes. La baguette qui fut sienne fut, à son plus grand honneur, une qui lui fut achetée par son père et non une héritée d'un lointain ancêtre qui l'avait lui même hérité comme cela avait été le cas pour un de ses frères ainés. Ce même frère qui avait disparu dans la nature. Nikodim n'en parlait guère et Nikita ne posait pas de questions. Etait-il mort ou en fuite ? Dans les deux cas cela était déshonorant et son nom ne devait plus être prononcé.
La mère de Nikita continuait de les attendre, enfantant de temps en temps, des bébés qui ne survivaient pas toujours, lorsque son mari revenait. Elle était elle même fille de sorcier et avait été déshéritée par son manque de magie suite à une grossesse qui l'avait drainée de tous ses pouvoirs après un duel qui avait mal tourné. Elle vivait recluse et cachée et ne vivait qu'avec une petite communauté de sorciers parias ou des Oupyri qui revenaient à Tomsk le temps de se reposer quelques temps. Elle supplia son père d'arrêter de lui enlever ses enfants et d'envoyer au moins Nikita à Koldovostoretz comme cela était convenu pour les enfants qui étaient Скороспелый.
Nikodim se laissa fléchir plus par dépit pour Nikita qui ne voyait toujours pas dans l'obscurité. Si l'enfant était capable de s'orienter tout seul, les endroits qu'il ne connaissait pas ou peu étaient souvent sujet à problèmes et il était arrivé qu'une ou deux fois un enfant moldu avait été plus malin qu'eux et les avaient distancés alors que Nikita s'était heurté à un obstacle. Son fils n'était à nouveau pas à la hauteur de ses espérances et le laissa à Tomsk avec sa mère et le reste de sa famille pour partir avec le petit frère, Leonty. Le père n'avait pas approuvé officiellement que son fils soit envoyé à Koldovostoretz, mais tacitement ne s'était pas opposé à son départ de la maison.
❝ Follow sweet children I'll show thee the way Through all the pain and the sorrows❞1983 & Tomsk - Russie - C'est de l'Orviétan. Cela fera oublier tous tes soucis.
- Cela fonctionne vraiment ?
- Essaie et tu verras.Malgré leur réputation, les Oupyr restaient une famille de sorcier. Une famille hétéroclite mais depuis quelques années tous ceux qui n'étaient pas capable de montrer patte blanche et prouver qu'ils avaient au moins un ancêtre sorcier se voyaient souvent mis à l'écart. Non pas refusés, mais ils n'avaient pas les mêmes passe droit, ils se devaient de montrer leurs aptitudes. Nikodim faisait valoir sa loi et ses envies sur la famille de Tomsk, les autres membres de la famille qui se trouvaient ailleurs n'approuvaient pas forcément les choix de lignée... ou plus probablement n'en avaient cure.
Nikita se révéla intéressé par ce qu'il appris à Koldovostoretz. Il quitta pour la 1ère fois le mensonge dans lequel il vivait en fréquentant les moldus et surtout il s'éloigna de sa famille. On lui avait fait jurer, promettre, on l'avait presque menacé, pour qu'il ne dise rien sur ce qui se passait dans les rangs familiaux. Nikita ne pipa mot. Bien sûr les on-dire existent toujours. Peu importe. Il était là pour apprendre et apprendre, il en avait soif. Le corps humain, il le connaissait. Il connaissait des sorts interdits. Il connaissait une magie aussi noire que la nuit. Mais ce qui l'intéressait le plus était l'étude des phénomènes de la magie sur le corps. Les potions. Leurs résultats. Quels effets secondaires ? Que se passe t-il si on utilise ce sort sur tel traumatisme ?
Il était curieux, curieux comme sa famille. Curieux d'une manière qu'on avait cultivé. "Cherche et réfléchis". Oui, père. Il appliquait. Toujours. En silence. Et aux autres il montrait un sourire, il se mêlait aux gens. Il écoutait. Il se faisait petit et écoutait toujours. Curiosité quand tu nous tiens. Il avait entendu parler de l'orviétan à Tomsk. Mais personne n'en avait introduit dans la maison. Il en entendit à nouveau parler à Koldovostoretz. Il posa des questions. Est-ce que cela pouvait lui être utile ? Est-ce que cela pouvait être digne d'être étudié ?
Quand il rentra la première fois, il posa des questions autour de lui et se fit une idée. Il s'arrangea pour qu'on lui en procure et en offrit autour de lui. Juste pour voir ce que cela faisait. Curiosité. Il en donna à sa mère. Encore et encore. Plus il lui en donnait, plus elle en réclamait. Elle cessa pendant un moment de se morfondre. Elle retrouva son envie de partager sa compagnie avec uniquement ses enfants et tout simplement de ne plus vivre recluse. Puis elle rechuta, doucement mais sûrement.
Nikita lui était fasciné par la drogue des sorciers. Y avait il un moyen de l'améliorer ? D'en créer lui même ? Il passait beaucoup de temps avec ses chaudrons, testant ses produits sur les membres de sa famille trop dépravés pour se fixer des limites.
❝ Weep not poor children For life is this way Murdering beauty and passions❞2002 & Londres - Ils continuent de passer de l'orviétan sans nous le dire.
- Combien ?
- Beaucoup trop.Nikita ne cherchait pas à étendre son influence où il ne pouvait pas le faire. Les yeux plus gros que le ventre, ce n'était pas dans son intérêt et il était déjà suffisamment grassement payé pour avoir besoin de plus. Ce qui l'intéressait c'était de découvrir, de chercher, de trouver quelque chose de nouveau. Il se greffa aux trafiquants d'orviétan, présentant ses recherches et ses trouvailles, se faisant doucement mais sûrement une place parmi les grands. Il se maria avec une sorcière qui avait également la main mise sur une partie du trafic, une sang pure. Ce qui les rapprocha ne fut pas leur caractère ou leur capacité à être sociable mais leurs recherches communes. Ils voulaient aller plus loin, voir jusqu'où les psychotropes pouvaient aller et jusqu'où le corps d'humain ou d'Être était capable d'en supporter.
Mais être un rouage dans un trafic aussi étendu et nécessitant autant de moyens prenait du temps. Trop de temps. Il devait passer plus de temps à régler des problèmes d'approvisionnement ou de personne qu'à pouvoir rester avec ses chaudrons. Il en devint irritable et surtout intransigeant. Ce qu'il avait laissé passé pendant longtemps fut sujet de perte pour plus d'un. Ceux qui osaient les voler, faire un trafic non déclaré. Cela énervait aussi les grands pontes, ceux qui s'étaient enrichis avec le commerce d'orviétan et le trafic international.
Alors on l'envoya. Trop de stocks qui disparaissent, trop de mules qui se faisaient attraper, trop de mauvaise gestion, peu importe. On l'envoya avec le sourire à Londres.