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sujet; No diggity (I like the way you work it) - Feat Gloria Flint

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Baby never act wild
Very low key on the profile
Catching feelings is a no,
Let me tell you how it goes
Herb's the word, spin's the verb
Lovers it curves so freak what you heard

"



Les lustres épiçaient d’une poussière d’or la pièce resplendissante. Des dîners gigantesques que son oncle préparait avec un savant mélange d’intimité et de grandiose, Sergueï en aimait le panache. Du sang pur, de l’argent, des corps et des langues déliées. C’était là l’essentiel. Les conversations allaient bon train, des fiançailles prochaines du fils Lestrange à celles hypothétiques de Malfoy, des nouvelles tenues de Mme Guipure aux collections plus mondaines d’Italie, des missions nouvelles du Lord à des critiques voilées de la CMIS, Sergueï évoluait dans une chuintement discret entre les convives, la mine sempiternellement grave mais moins rigide peut-être qu’à l’ordinaire. En tant que neveux d’Ekkehardt Selwyn, Kirill et lui se faisaient –à défaut d’être sourires toute dents dehors- abordables. Des conventions de la société c’était la seule que Sergueï admettait. Il n’était pas bavard et ne le serait probablement jamais, mais il faisait partie de ces gens dont la présence dans l’auditoire apportait un crédit feutré.

Son frère ainé discutait avec un des pontifs de Sainte Mangouste et Sergueï s’éclipsa avec une sobriété élégante allant saluer les Fawley puis les Rowle présents. Les parents de Lucrezia étaient toujours d’un contraste pétrifiant. Mme Rowle resplendissait d’une lumière douteuse, écrasant d’une joie certaine un époux à la dérive. Le russe jugeait peu. Pas de cette façon en tout cas. La mort n’avait que rarement le même effet sur les individus. La vie avait toujours du sens selon Sergueï –d’une manière ou d’une autre- mais la mort n’en avait aucun et le destin avait une forme d’intransigeance qui ne laissait rien échapper.

Sergueï glissa à nouveau vers la salle à manger, prête et décorée avec un éclat au gout de son oncle. D’or et de cristal. Les bougies flottaient à bon escient autour des lustres et le russe cilla à peine en se retournant vers l’un des angles. Il était venu tout au plus jeter un œil sur la place que son oncle lui avait réservé –ou plutôt sur les voisins qu’on lui avait assigné- mais il fallait croire qu’il n’était pas le seul à faire ça.  

« Vos voisins plairrrrre à vous? »

Le destin était définitivement une forme d’intransigeance. Bien se tenir avec soi, c’était prendre et respecter ses pulsions fortes. Il ne fallait jamais mépriser ce qui nous apparaissait comme émotionnellement fort car l’humain tendait naturellement vers ce point d’équilibre. Ce n’était pas quelque chose qu’on apprenait aisément ni dans les couloirs de Koldovstoretz, ni dans les méandres de la Sibérie mais Sergueï avait un esprit suffisamment aiguisé pour reconnaitre le vrai danger. Et il était dans le fait de se priver systématiquement de ce qui nous plaisait.
Cela engendrait toujours une forme de ressentiment envers soi-même.

Sergueï avait toujours eu plus de plaisir que de besoins malgré l’aura qui émanait de sa longue personne. Il partait du principe que le besoin était la traduction d’une faiblesse, tandis que le plaisir était celle d’un enchantement.  Le dépouillement lui allait. De tous les invités, il en était probablement le plus marqué. Sobriété dans la mise et dans l’effet. Le contraire de la femme devant lui.

Il cilla en la regardant, notant les détails dans un silence absolu, à peine perturbé par le brouhaha provenant du salon principal.
La lueur des bougies mettaient en exergue les taches de rousseur. Gloria Flint. Traçeuse appartenant à la Ruche ou plutôt ce qui avait été la ruche. Les mangemorts avaient envahi, pétris de nouveaux idéaux –plus justes- un Magister moderne.  Les longues jambes glissèrent sur le sol feutré et il se rapprocha pour lire les noms inscrits prés de celui de Gloria. William Rowle et James Boyd. Rowle et sa fameuse mine déconfite n’était pas un souci même s’il risquait d’ennuyer la ravissante cadette des Flint. Boyd par contre était un joueur de quidditch aux mœurs dissolues et au fanfaronnage intensif.
Sans jamais accélérer ses pas, Sergueï passa derrière Gloria pour continuer le tour de la table avec une raideur quasi martiale. Son nom à lui était entre Kirill et une jeune femme de l’élite, une journaliste. Mmm.

Il leva les yeux vers Gloria qui arborait un sourire déjà chafouin.
D’un coup de baguette serein, le regard suivant l'envol des petits cartons, ces derniers lévitèrent pour s’échanger calmement.

Sergueï Moltchaline contre James Boyd.

« Ni’chivo » De rien. « Vous n'êtes pas currrrrrieuse miss Flint? Pour votrrrrre camarrrrade. »

Wes Gallagher était traçeur lui aussi. Sergueï n'était pas encore totalement au fait du fonctionnement de ceux possédant ce don au Royaume-Uni mais il avait cru percevoir un net dédain quand son oncle et lui était revenu de la mission -certes réussi, mais sans un de leur collègue-. Comme si, ce n'était pas si grave.
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— No diggity ft. Sergueï Moltchaline

Le grand salon des Selwyn bourdonnait. Les propos plus ou moins frivoles formaient un essaim de mouches au-dessus des têtes – fumier de tout premier choix – et les sourires comme les faux-semblants se multipliaient très naturellement. Gloria jouait volontiers la comédie au quotidien mais n'avait que rarement par là l'ambition de se faire bien voir ; aussi n'était-elle pas spécialement friande de ces vastes mascarades sociales où l'on se roulait allègrement dans la boue chamarrée des mondanités. En vérité, si elle ne manquait jamais d'honorer les invitations d'Ekkehardt Selwyn, et si celui-ci avait par ailleurs la fantaisie de la convier à ses dîners, ce n'était pas seulement en raison de son « charme », de son ascendance et de son éducation soignée. En ces occasions-là, il était surtout question pour elle de mesurer les retombées des frasques gouvernementales sur le poulailler que formait la prestigieuse élite britannique, en apparence tenue en bride. La dissension n'était pas nécessairement l'apanage du menu peuple ; bien au contraire. Et elle aurait assurément été « surprise » d'apprendre à quel point les frondeurs – avertis comme en puissance – minaient leurs propres rangs.
Mais à l'égard de sa tâche, la disposition des convives pensée par Ekkehardt la laissait un peu dubitative. Peut-être avait-il souhaité s'amuser d'elle...
Ce devait être de famille, d'ailleurs.

Gloria éluda la première question en feignant de ne pas reconnaître tout de suite le jeune homme venu à elle, le gratifiant d'un léger mais non moins significatif froncement de paupières. Il n'était pas encore en position de savoir qu'elle disposait d'une mémoire exceptionnelle, n'est-ce pas. En retour, elle se livra complaisamment à son examen, puisque rien ici-bas n'était susceptible de la faire rougir ; pas même – croyait-elle – ce regard-là qui brûlait pourtant à la manière de la glace. Sergueï, égal à lui-même en toutes circonstances, arborait une sévérité séduisante qui n'avait étrangement rien de dissuasif à ses yeux. Il lui donnait plutôt envie de faire un croc-en-jambe à la superbe mécanique qu'il opposait imperturbablement aux déferlantes du monde sorcier.
Mais s'il avait d'adorables petits éboulements sur le bout de la langue, sa syntaxe inspirait ce que les mâles insuffisants aimaient encore à dire aux femmes. Sois beau et tais-toi.
Elle suivit des yeux chacun de ses mouvements, tant qu'elle put, et accueillit son passage derrière elle d'un sourire amusé. L'initiative qu'il prit ensuite aurait dû être la sienne avant qu'il ne la rejoigne, aussi lui parut-elle bien inspirée ; elle n'en dit rien cependant, considérant seulement son geste. Gloria, en traceuse appliquée, aimait que l'on use insouciamment de la magie à ses côtés. C'était comme lui offrir un bouquet de Forget-me-nots.

Son regard accrocha enfin le sien. Curieuse ? À dessein, elle ne prit d'abord pas en considération le véritable objet de sa demande. « Je n'ai pas ce défaut-là, non. » C'était bien sûr un mensonge qui ne visait qu'à mettre au jour l'indiscrétion de Sergueï. « Ni celui de m'imposer aux gens, d'ailleurs. » Ainsi que son indélicatesse. Gloria s'était toutefois exprimée sans animosité. Comme souvent, elle avait sous-entendu ses reproches d'un ton enjoué, badin, un pli souriant au coin de la joue. Et si elle avait distraitement suivi un autre convive du regard l'espace d'un instant, elle avait tout de même gardé la tête légèrement inclinée vers Sergueï pour indiquer qu'elle était en réalité toute à lui. Enfin, comme elle savait les rudiments de sa langue si complexe pour avoir partagé la vie d'un russe durant quelques années, elle se fit le plaisir d'ajouter : « Quant à savoir si je dois ou non vous remercier, il me semble que c'est à moi seule d'en juger et qu'il me faudra pour cela attendre la fin de la soirée. » Ses yeux cherchèrent à nouveau ceux de Sergueï, maintenant nuancés d'une goguenardise faussement désappointée qui signifiait clairement : « Quel prétentieux vous faites, jeune homme. »

Et puis, avait-on idée d'aborder ainsi les sujets qui fâchent. Wes Gallagher. Un traceur talentueux, à n'en point douter, qui avait pour lui une intelligence du terrain affinée par de nombreuses années d'expérience et qui avait su remarquablement adapter son don aux exigences du Seigneur. Intérieurement, Gloria savait faire preuve de sagesse et reconnaissait volontiers la compétence de son collègue. Mais un tel aveu n'aurait jamais franchi le rempart de ses lèvres, scellées par l'orgueil et la mésestime qu'elle témoignait viscéralement à tout ce qui, en matière de traçage, n'était pas estampillé Flint. Surtout, Gallagher avait l'impardonnable défaut d'être un Sang-Mêlé.
Du reste, un traceur digne de ce nom, surtout conduit par son instinct, était souvent amené à disparaître pour suivre une piste à laquelle il avait subitement songé. Ce n'était pas si grave, en effet, au sens où, qu'il ait disparu définitivement ou non, Gloria saurait aisément y trouver son compte.
Elle ne consentait toujours pas à satisfaire la curiosité de son interlocuteur.

« Je m'étonne plutôt de ce que votre oncle ne semble pas vous avoir appris les bonnes manières, Mr... ? » Un discret frémissement courut sur ses lèvres toujours souriantes. « Pardonnez-moi, votre nom m'échappe. » C'était faux, là encore. Cependant, détourner l'attention sur lui ou sur Ekkehardt – trop charmeur, certes, mais dont le charisme reléguait n'importe quel homme de l'élite au dernier plan – lui apparaissait comme un bon moyen de signaler qu'elle n'était pas du genre à se laisser tirer les vers du nez par le premier venu.
Peut-être donnait-elle justement l'impression de ne pas mériter les bonnes manières en question. Y songer la força à détourner un instant le regard, que la malice avait soudainement rendu un peu trop éclatant. Sergueï, en allant droit au but sans se travestir des fioritures qui alourdissaient ordinairement la politesse britannique, semblait une fois encore devoir jouer le rôle de révélateur.


Dernière édition par Gloria Flint le Mar 22 Sep 2015 - 19:59, édité 1 fois
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" You look like a winter night. I could sleep inside the cold of you." Deathless

"


« Je n'ai pas ce défaut-là, non. »

La curiosité était une faiblesse que Sergueï tolérait pourtant et qu’il découvrait être fréquente au sein de l’élite britannique. Bien plus qu’au sein de l’élite russe, trop espacée, trop éclatée pour y être d'un réel impact, celle-ci se tournait plus volontiers vers l’extérieur, là où les familles britanniques se refermaient sur elles-mêmes comme des coquillages.

« Ni celui de m'imposer aux gens, d'ailleurs. »

Des vagues ondulantes et Sergueï eut un cillement en guise de marque de compréhension. Il ne vivait pas pour l’image que l’autre lui renvoyait aussi la boutade glissa sur lui dans un calme tranquille.

« Peut-êtrrrrrre jugement se fairrrrre même avant desserrrrt. » L’expression resta immuable sous la plaisanterie -oui- tandis qu’il se rapprocha à pas mesurés, conservant une distance fine et tenue entre eux. Ils auraient bien le temps de se voir de prêt durant le diner et voir à distance demeurait singulièrement aussi pertinent qu’en détails. On percevait l’harmonie et la couleur de la personne. Les auras prenaient forment sous des halos denses.

L’ensemble dictait rarement les particularités. Si le regard balaya rapidement les contours nacrés de la silhouette avant de venir à la rencontre du regard malicieux qui cherchait le sien, le reproche tacite qu’il y lu lui fit pencher son visage sur le côté. Ah, miss Flint réprouvait complaisamment sa présomption. Il ne chercha pourtant pas à s’en excuser ni même à en revendiquer la chose. Il l’avait été en effet –uniquement en cet instant précis- il fallait une cohérence interne dans ses actions et il y en avait une dans le changement de place ainsi que sur sa façon finalement assez abrupte de lui demander son avis sur une question professionnelle.

« Je m'étonne plutôt de ce que votre oncle ne semble pas vous avoir appris les bonnes manières, Mr... ? »

Sergueï inspira inaudiblement sous le geste quasi imperceptible qu’elle eut.

« Pardonnez-moi, votre nom m'échappe. »

« Sergueï Ivanovitch Moltchaline. Sergueï suffirrrra. » Il n’avait que peu de goût pour la façon dont les anglo-saxons prononçaient son nom de famille et bien que peu dupe de la question soi-disant innocente de la cadette des Flint, c’est sans ciller que le russe y répondit.  Autant assumer avec légèreté, l’obligation de gravité qu’il était.

Ou le contraire.

Contrairement aux apparences, Sergueï refusait avec quiétude de sombrer dans une trop grande sévérité de l’âme. La réserve lui était naturelle, l’austérité simple aussi, une certaine gravité qui donnait un sérieux à sa gestuelle. Mais la sévérité induisait une trop grande pondération qu’il n’avait pas toujours, une façon de gâcher son temps qu’il n’acceptait pas. Pas de ressentiments, ni de remords. Des regrets étaient toujours inévitables dans une vie mais pour cela il fallait regarder en arrière.

Et Gloria Flint était devant lui.

Elle ne cherchait pas à répondre à sa question et le contraire l’en aurait étonné. Les mangemorts avaient un apprentissage propre où le silence s’avérait tout aussi important que le reste. Son oncle, aux éclats de rire magnifiques et au charme fabuleux, l’avait de suite prévenu et lui-même l’avait remarqué durant ses semaines passées au sein de l’élite de ce pays. Il patienta quelques secondes devant elle (il aurait pu le faire plus longtemps encore) avant de lever son visage très légèrement.

« Les brrrrritanniques aiment énorrrmement y mettrrrrent les forrrrmes en effet. » Un simple constat. Quoique. Elle ne lui avait pas souri, pas toutes dents dehors encore comme le faisait la plupart des habitants de ce pays. Des leurres souvent. Des pièges qui ne le touchaient que peu. Il n’était pas gestionnaire des pensées d’autrui aussi ne voyait-il guère en quoi il s’en préoccuperait. « Vous comprrrrrenez le rrrrusse ? »

Il savait qu’elle avait été fiancée d’un membre d’un des clans siégeant au Sovet mais il n’aurait pas cru que Vladimir avait eu le temps de lui inculquer quoi que ce soit.

Un bruit de verre tintinnabula du salon et la voix de son oncle résonna, invitant les convives à se diriger vers la salle pour le repas. Les corps et éclats de rires se rapprochèrent et Sergueï en fit de même glissant derrière Gloria afin de prendre debout derrière sa chaise, attendant -raide- que chacun ait prit sa place. Le rituel était immuable : les chaises se déplaçaient de manière magique pour que les femmes s’installent en premier puis les hommes en faisaient de même ensuite. Le chuintement des conversations repris et les verres se remplirent d’eux même d’un vin blanc aux bulles légèrement mousseuses. Gardant un regard volatile, Sergueï reprit, la voix plus basse et le rayonnement plus discret dorénavant sous l’éclat mordoré de sa voisine. Si lui possédait une sensualité sous-jacente, presque caché, ce n’était pas son cas à elle, tout du moins pas à lueur des lustres et des bougies. Pas non plus dans cette tenue. Il trempa ses lèvres dans son verre une fois que le maitre des lieux termina son toast d’entrée.

« Niemnoga…. Peu d’entrrrre vous parrrrrle d’autrrrres  langues. Vous n’en étudiez pas à Poudlarrrrd ? » L’hégémonie britannique. Typique. Il avait noté que ceux qui parlaient d’autres langues étaient généralement étrangers de toute façon ou tout du moins l’un des parents l’était, ceci expliquant cela.
Le regard sembla se perdre à nouveau, quelques secondes langoureuses, puis une reprise de contrôle. Elle avait de ses rondeurs exquises et son autre voisin de table lui parla avec une gentillesse effacée. Politesse nacrée dont il se départissait avec de simples mouvements de tête.

Il lui semblait que des pulsions de ce genre avaient toujours un sens. Bien plus que des conversations obsolètes.

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— No diggity ft. Sergueï Moltchaline

Bien qu'elle n'en montrât rien, Gloria aima la façon qu'il eut de répondre tout simplement, imperturbablement, comme hermétique à la provocation et peu vaniteux de son nom pourtant illustre en Russie. Ses yeux revinrent tranquillement aux siens, le sourire prononcé, mais toujours fermé. Sans doute pressentait-elle déjà, en effet, qu'il serait d'une compagnie tout à fait charmante et qu'elle n'aurait donc pas à compter sur les vertus consolatrices du dessert. « Mr Moltchaline. », insista-t-elle, ne reculant pas devant la difficulté d'un nom difficile à prononcer, allant au-devant surtout du modeste plaisir qu'elle avait à refuser son aimable – mais encore trop familier – arrangement. « Les formes ne sont jamais qu'un autre genre de discipline, n'est-ce pas, et à chaque nation la sienne. » Il lui avait toujours semblé un peu facile de considérer lesdites formes comme une simple manifestation d'hypocrisie, comme un bête moyen de tergiverser.

Cependant elle perdit un peu de son sourire – sans pour autant paraître froissée. Son détachement caractéristique aurait dû lui permettre d'expliquer, la bouche en cœur, que son fiancé s'était de fait montré soucieux de l'initier à la superbe langue russe. Mais une étrange pudeur l'en empêchait. Vladimir constituait pour Gloria une victoire un peu amère, bien malgré elle ; une victoire dont elle ne pouvait se vanter et qui prenait même quelquefois tous les aspects d'une défaite. Sa disparition avait été affectivement diplomatiquement pénible. C'est qu'on ne se débarrassait pas ainsi d'un Sang-pur, même quand il n'était qu'un benjamin. Par ailleurs, une telle hiérarchie ne semblait pas toujours pertinente parmi le peuple russe, qu'elle savait doté d'un intraitable « sens de la famille » ; il avait fallu rendre des comptes, feindre d'avoir été sincèrement touchée par une perte accidentelle – tout traître à son sang qu'il était – sans tomber dans la caricature de la femme éplorée ; ne pas soutenir qu'elle avait en fait rendu service à une famille qui n'aurait décemment pu réchauffer dans son sein des partisans du courant égalitaire – de quoi se mêlait-elle, aurait-on pu lui objecter à raison. Gloria, par miracle sans doute, n'y avait pas laissé de plumes.

« Vaguement. », finit-elle par répondre en cillant tranquillement. « Cela dit, les Russes que j'ai eu l'heur de connaître m'ont épargné cet effort en ayant la décence de maîtriser et soigner rapidement leur anglais. » Elle avait éloquemment considéré la bouche de Sergueï en parlant. Elle le savait à Londres depuis près d'un an maintenant et se demandait s'il ne se complaisait pas dans l'incorrection par provocation et par jeu. Elle estimait, naïvement peut-être, qu'un homme en apparence si austère n'aurait – théoriquement – pas longtemps souffert ce genre de rupture ; rupture qui, en fonction des goûts, pouvait sembler absolument irrésistible comme ridicule et disgracieuse en société. Sergueï jugeait-il les britanniques indignes de ses efforts ? Ou souffrait-il tout simplement de lenteurs ? Gloria se refusait inconsciemment à le croire et n'abandonnait pas l'idée qu'il fût en réalité plus joueur que sa gravité ne le laissait présager. Il fallait du reste une admirable force de caractère pour assumer les erreurs de jugement et c'était ce qu'il lui tardait d'éprouver.

Gloria dut pourtant se laisser distraire par le décorum et s'y soumettre. Elle prit place posément, écouta patiemment les politesses d'usage que leur hôte, par sa verve joviale et un brillant tour de force, réussit à rendre plaisantes. Puis elle observa avec un amusement mêlé de mépris la gaillardise balourde dont James Boyd assommait déjà sa voisine de table. Il y eut presque un début de remerciement dans le regard qu'elle posa bientôt sur Sergueï. « Il semblerait que l'ouverture à l'étranger n'ait jamais été la priorité des sorciers britanniques. », admit-elle avec un vague haussement d'épaules ; et elle ajouta aussitôt en fronçant narquoisement le nez : « Mais j'aurais volontiers enduré dix heures de langue vivante par semaine pour me soustraire à l'arithmancie, par exemple. »

Grâce à l'interposition de Mr Rowle, Gloria n'eut heureusement pas le loisir de remarquer le bref égarement de Sergueï. Son sourire quasi permanent, espiègle jusqu'alors, se nuança d'une compassion contrefaite qu'elle était à mille lieues d'éprouver. Elle savait Mr Rowle chagrin de la disparition de sa fille. La morosité qu'il affichait, hélas, contrastait durement avec la gaieté de son épouse – sur laquelle il aurait dû prendre exemple – et perdait par là même toute sa discrétion ; aussi paraissait-il plus déplacé qu'elle ce soir-là, où faire bonne figure était de rigueur. À cela s'ajoutait surtout que Gloria, dans son indifférence insouciante et cruelle, avait une préférence pour les âmes volontaires et se fatiguait vite des individus qui se masturbaient sur leurs tourments.
Du reste, bien que l'on parlât d'un suicide – auquel Gloria peinait à croire, avant tout parce que l'hypothèse n'avait rien d'amusant –, la jeune Lucrezia était « activement » recherchée. Mr Rowle, de toute évidence, avait son souvenir sur le bout de la langue ; peut-être craignait-il de paraître importun en l'évoquant, tout en espérant qu'on l'y invite. Gloria y consentit de bon cœur et se pencha courtoisement vers lui pour entrer dans la confidence. Mais si son expression demeura d'une infinie douceur tandis qu'il lui parlait, elle n'eut pas en retour les mots qu'il fallait – et ce genre de discordance laissait généralement perplexe, la sauvait souvent des amertumes qui ne venaient alors qu'après coup, dans les moments d'illumination que provoquait plus volontiers la solitude. « J'imagine aisément ce que vous devez ressentir, Mr Rowle, et vous avez tout mon soutien. », murmura-t-elle en songeant que l'épaisse rumeur des conversations ajouterait opportunément à la confusion de ses propos. « Au pire, votre charmante fille est aux mains des insurgés... », et elle fit sentir dans l'inflexion de sa voix toute l'ambiguïté que recelaient lesdites mains, « … au mieux, elle est morte. » Elle eut une moue faussement anxieuse. En ces temps « difficiles », la disparition d'un jeune sorcier de bonne famille ne pouvait rien présager de bon. Il y avait tout lieu de craindre pour l'intégrité de Miss Rowle, au sens où ce n'était plus l'époque des caprices inconséquents, le moment de paix où l'on pouvait fuir presque impunément une famille inhospitalière, un fiancé dont on ne voulait pas... Chaque volatilisation était profondément suspecte.

Gloria finit par se redresser en prenant un ton plus conciliant encore, comme pour effacer ce qu'elle venait de dire : « Ne vous en faites pas, Mr Rowle. Nous la retrouverons. » Ce qui n'avait bien sûr rien de rassurant dans l'état actuel des choses. D'un sourire bienveillant, elle prit momentanément congé de lui, se rafraîchit d'une gorgée de vin et en revint naturellement à Sergueï, ressaisissant leur conversation là où on l'avait interrompue. « À vrai dire, je devrais peut-être songer à apprendre le russe sérieusement. Pour mieux communiquer. C'est que vous êtes de plus en plus nombreux à vous aventurer à Londres, curieusement. » Elle arborait de nouveau un air faussement distrait. « J'imagine que sous couvert d'être affecté au Département des jeux et sports magiques, vous versez en fait dans l'un des nombreux trafics d'orviétan qui rongent notre merveilleuse capitale, comme la grande majorité de vos semblables... ? » Jouer la carte grossière des préjugés était une ruse vieille comme le monde qu'il ne fallait pourtant pas se priver d'expérimenter. Gloria avait pour habitude de piquer plus ou moins doucement, l'air de rien. Chaque conversation était pour elle un jeu de piste ; ou plutôt un champ de mines qu'elle ne cherchait pas à éviter mais au contraire à déclencher espièglement du bout du pied. Avec tous les risques que cela comportait.
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Gloria & Sergueï

A witch is just a girl who knows her mind. ▬ Valente



« Les formes ne sont jamais qu'un autre genre de discipline, n'est-ce pas, et à chaque nation la sienne. »

Le cobalt prit une teinte plus sombre. La réponse de Gloria Flint l’avait décontenancé, ce qui en soi était déjà quelque chose. Un vague durcissement de la ligne de sa mâchoire fut la seule marque physique de sa surprise et Sergueï se décida à ne pas y prêter plus d’attention que nécessaire, et ce, malgré le fait qu’une évidente logique suintait de ses propos. La mention de son anglais quelque peu fantasque ne sembla pas l’émouvoir non plus. Sergueï apprenait en général beaucoup selon la façon dont son interlocuteur réagissait. Il y avait les bienveillances souriantes, les moqueries teintées de politesse surannée, les incompréhensions, la curiosité…autant de signes, autant de qualités et de défauts qui venaient mentalement s’ajouter à des portraits brossés en petites touches chromatiques dans l’esprit du russe. Il avait été formé dans cette optique qui plus est. L’anglais à vrai dire lui apparaissait comme une langue particulière. Moins complexe. Leurs mots lui semblaient pâles, presque délavés, comme s’ils n’étaient que partiellement complets.

« Mais j'aurais volontiers enduré dix heures de langue vivante par semaine pour me soustraire à l'arithmancie, par exemple. »

La contemplation du froncement de nez si délicat fut interrompue par l’énormité des propos. Sergueï avait toujours tenu au contraire l’arithmancie en haute estime. La science permettant d’extraire la magie des nombres étaient vaste, passionnante et propre à orienter convenablement vers des éléments futurs auxquels on n’aurait pas nécessairement pensé.  C’était une matière d’anticipation, à la fois très complexe et très simple. Elle suggérait une architecture du Destin qui pouvait en effet déplaire dans la théorie mais qui semblait parfaitement juste au russe.

Un bref froncement de sourcils et le cadet Moltchaline échangea quelques politesse avec son voisin à son tour, laissant Gloria en faire de même de son côté. Il n’avait jamais été propice aux petites conversations mondaines bien qu’elle soit nécessaire au sein de l’Élite britannique. Son statut d’étranger l’en protégeait cependant et la plupart des sorciers lui parlaient avec un entrain particulier. De la communication. La communication avait remplacé la pensée chez la plupart. La preuve en était que très souvent, Sergueï se faisait la réflexion que si ça pensait avant de communiquer, ça ne communiquerait alors pas comme ça. La mode suprême était de savoir parler de tout. Pour lui, c’était fort suspect de s’intéresser à tout, bien au contraire. Certains -beaucoup- ne voulaient pas comprendre, ils voulaient juste être au courant . Des entreprises vaines et sans fond dont les rumeurs lui venaient avec une régularité effarante aux oreilles.
Il perçut du coin de l’œil la façon dont elle s’appropria son verre et il imprima une balance quasi imperceptible de son corps vers le sien.

« À vrai dire, je devrais peut-être songer à apprendre le russe sérieusement. Pour mieux communiquer. C'est que vous êtes de plus en plus nombreux à vous aventurer à Londres, curieusement. »


Les paupières du russe s’abaissèrent dans un air de religieuse attention.

Question de peau.

Crème, veloutée, constellée. Du lait parsemé de cannelle. Une peau marquée, le tatouage sombre se devinant à l’orée du poignet, à peine, tandis qu’elle levait son verre aux lèvres. Une peau magnétique qui absorbait la lumière fiévreuse des chandelles magiques, qui imprégnait aussi celle des êtres pour mieux en darder les rayons ensuite. Une peau d’étincelles dont il devinait l’électricité sous-jacente, pénible presque dans sa chaleur diffuse. Ce serait simple. Une peau douce et de miel.

Il leva lentement son regard vers elle.

« J'imagine que sous couvert d'être affecté au Département des jeux et sports magiques, vous versez en fait dans l'un des nombreux trafics d'orviétan qui rongent notre merveilleuse capitale, comme la grande majorité de vos semblables... ? »

« Vous devrrrriez apprrrrrrendre rrrrrusse, da. »  Il fit tourner distraitement son couvert d’argent entre ses doigts avant que l’expression de son visage ne se fasse plus dure et qu’il ne lui offre un simili de sourire de Joconde. « Niet. Nous autrrrres rrrrrrusses, nous sommes ici parrrr simple currrriosité. »

La provocation avait ce gout un peu épicé et Sergueï  cilla en humant l’odeur délicieuse du potage devant lui. « Je ne pense pas que vous cherrrrrcherrrr exprrrrès à me prrrrovoquer Miss Flint. C’est juste que vous êtes brrrrritannique, vous ne pouvez pas vous en empêcher. Je commence à comprrrrrendrrrrre votrrre peuple. Du moins un peu. »

Le bruit des conversations s’emmêlaient tout autour ainsi que le tintinnabulement des couverts.

« A moins que vous cherrrrchiez de l’orrrrviétan. » Pas de traces de jugement dans la voix (pas même celle de la plaisanterie quand bien même). L’orviétan était une source de revenu comme une autre pour certains de ses compatriotes qui gardaient au cœur de leur préoccupation l’esprit de la rodina. Il savait, qui plus est, que le neveu de Gloria tenait le Centuries où Oupyr et Dolohov marchandaient de loin, chapeautant un obscur trafic lucratif.  « Est-ce là votrrrrre addiction miss Flint? »

Une intervention de son oncle plus loin déclencha un rire en cascade le long de la tablée et Sergueï échangea un regard avec Gloria avant de reprendre changeant, à dessein, de sujet.

« Votrrrrre peu d’amourrrr pourrrrr l’arrrithmancie est neponyatno. Imcomprrrrréhensible. Laissez-moi deviner. » Sergueï avala son bout de pain avant de glisser ses longs doigts sur la nappe en signe de réflexion courte. « Vos prrrrrférrrriez sorrrrrrtilèges. C’est obychnyy, normal, pour une traçeuse. » Un léger mouvement des lèvres et il continua. « Glorrrrrria. » Le prénom résonna comme un chuchotis et la cuillère tourna quelques secondes de plus dans le potage. « Chiffre 8. L’infini. »

L’infini de quoi, c’était encore à déterminer.




© Gasmask
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No diggity (I like the way you work it) - Feat Gloria Flint

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