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❝ Running with the Devil ❞Crystal N. Travers & Tiago Blacksmith
Crystal ne savait pas bien pourquoi elle était sortie de son appartement, et surtout de son laboratoire, ce jour-là. Tout ce qu’elle savait était qu’elle ne tenait pas en place et que même ses potions n’arrivaient pas à la distraire suffisamment pour qu’elle puisse rester à l’intérieur. Elle avait envie de prendre une bouffée d’air frais et se confronter au monde extérieur qu’elle ne voyait que trop peu souvent. Elle avait envie de descendre dans les rues, loin de son appartement dans la Bran Tower et de sa vie de privilégiée que lui offrait son nom et son sang. Elle voulait se mêler à la fange du monde sorcier, découvrir comment le bas-peuple vivait. Les épier, les observer, tenter de se mêler à eux pour mieux les cerner. Pour mieux pouvoir concevoir une formule de produits cosmétiques qui pourraient les atteindre directement et rendre leur vie encore plus misérable. Du moins, c’était ce qu’elle se disait. Pourtant, depuis le meurtre de son oncle, si ça avait été l’un de ses objectifs premiers – combattre les insurgés et les traitres avec ce qu’elle savait faire de mieux –, Crystal avait aussi besoin de faire ses preuves sur le terrain. Des preuves directes et immédiates, pas de celles qu’elle obtiendrait si ses produits de beauté venaient effectivement à pourrir la vie de ses ennemis sur le long terme. Elle voulait découvrir autre chose que cette existence dorée qu’elle avait depuis toujours. Elle voulait aller au-delà du confort, au-delà du quotidien, au-delà de ces façades et de ces masques qu’elle croisait à chaque soirée mondaine et à chaque vente de ses cosmétiques. Elle avait besoin de vivre, de s’égratigner à la vie. Car celle-ci était trop courte. L’assassinat de son oncle lui avait ouvert les yeux. Elle ne vivrait pas éternellement et, au final, passer sa vie dans son laboratoire n’était peut-être pas ce qu’elle désirait. Si elle avait pu, sûrement aurait-elle rejoint son frère, peu importait là où il était actuellement, pour éprouver la nature et une vie plus à la dure. Devenir baroudeuse et aventurière elle aussi.

Ainsi, quand elle était sortie de chez elle, Crystal s’était à peine changée, plus pour mettre quelque chose de plus chaud que pour avoir l’air moins mal fagotée. Elle n’avait pas pris le soin de se coiffer, ni même de se débarbouiller. Là où elle allait, ça ne servirait à rien. Ses cheveux avaient repris une teinte cramoisie presque pourpre, chose qui lui arrivait souvent dans son laboratoire, quand elle ne prenait pas garde à certains mélanges qu’elle effectuait, et surtout qu’elle ne protégeait pas sa peau ni ses vêtements. Elle s’en fichait bien, ça partait assez facilement… et elle aimait cette couleur sur elle. Et puis, ça éviterait qu’on la reconnaisse trop facilement avec sa crinière blonde si caractéristique, qu’elle avait hérité de sa mère. Arrivée en bas de la Bran Tower, Crystal avait transplané – fière de son permis qu’elle était – pour se rendre dans les quartiers plus en périphérie de Londres. Elle connaissait déjà l’Allée des Embrumes comme sa poche ou presque, ce n’était pas là qu’elle voulait s’éprouver à la dureté d’une autre vie. Arrivée dans les faubourgs, elle avait rabattu la capuche de sa cape de sorcière sur la masse emmêlée de ses cheveux, pour arpenter les rues à son aise. Elle chercha les petites allées, les culs-de-sac, les recoins, pour finalement trouver une auberge à l’allure peu reluisante et au nom encore moins engageant. Pourtant elle s’y engouffra malgré tout. A l’intérieur, il faisait sombre et les effluves de bière se mêlaient à celles de la viande pas assez cuite et de la transpiration. Un brouhaha agressa ses oreilles et elle se figea une seconde sur le seuil avant de s’avancer.

Elle rejoignit le comptoir et se hissa sur un tabouret libre. Un whisky pur-feu s’il vous plait. Quand le barman fit glisser le verre vers elle, Crystal déposa quelques pièces sur le zinc pour payer sa boisson et se retourna pour observer la foule. Elle n’était pas tellement habituée à côtoyer des brutes épaisses et des hommes peu fréquentables. Si elle avait certes plus de contacts chez les Mangemorts qu’ailleurs, sa place dans la haute société sorcière ne lui laissait que la crème de la crème. Ces sorciers n’étaient pas forcément plus doux et gentils que d’autres Mangemorts des bas-fonds, mais ils avaient au moins le mérite d’avoir de la classe et du savoir-vivre. Ici, ce n’était pas le cas. Ses prunelles claires furent alors attirées par un éclat de voix un peu plus loin. Elle ne parvint pas à voir quel était le sorcier qui s’énervait car il lui tournait en partie le dos, mais elle pouvait bien discerner son interlocuteur dans l’éclat d’une bougie posée sur la table qui séparait les deux hommes. Un visage à la peau d’ambre et des yeux d’un bleu presque électrique. Crystal tressaillit en reconnaissant les traits d’un des hommes recherchés par le gouvernement. Elle ne savait plus exactement pour quelles raisons mais… peut-être était-ce là le moyen pour elle de gagner cette Marque qu’elle espérait tant voir gravée dans la chair de son bras. Elle hésita cependant. Que devait-elle faire ? Attendre qu’il sorte ? Rejoindre les deux hommes, sans savoir ce qu’elle interrompait ? Mais elle n’allait pas pouvoir faire grand-chose dans un lieu public… même si les duels dans ce genre d’établissements devaient être monnaie courante, elle préférait ne pas trop tenter le diable. Changeant légèrement sa position sur le tabouret pour la rendre plus confortable, Crystal attendit.

Elle eut l’impression de patienter durant des heures que sa cible – qu’elle ne lâchait pas du regard – quitte le bouge où ils étaient. Elle descendit alors de son perchoir pour le suivre dans la rue, espérant être discrète. Ça n’était pas son fort, elle qui était plutôt habituée à se montrer, fière et hautaine, mais elle espérait ne pas être trop nulle. Quand l’homme bifurqua subitement dans une ruelle parallèle, Crystal s’y engouffra à la suite et fit glisser sa baguette entre ses doigts. Eh, toi ! Arrête-toi! clama-t-elle, le regrettant une seconde après, se disant qu’elle aurait mieux fait de lancer son sort tant qu’il lui tournait le dos. A croire qu’elle n’était pas assez fourbe pour cela.


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Bordel de merde, les clients étaient d'un chiant ces derniers jours. A croire qu'ils oubliaient qu'ils étaient ceux en demande d'un service et que Tiago avait des contacts à la pelle.
Ils avaient tendance à penser, tous autant qu'ils étaient que l'argent, c'était le pouvoir.
Que le sang c'était le pouvoir.
Non.
Le pouvoir, comme l'avait dit un auteur moldu, c'était le pouvoir.
Rien de plus, rien de moins.
Et sur le terrain du meurtre et de la discrétion, Tiago avait tout pouvoir aussi fixa-t-il sans l'ombre d'un tressaillement le client en face de lui qui continuait d'éructer, arguant que les prix demandés étaient bien plus élevés que ce que son intermédiaire lui avait communiqué.

"Vous ne vous rendez pas compte des risques que je prends à me trouver là avec...avec...-

C'était que ce gros porc d'une cinquantaine bien tassée avait osé dire. Tiago l'avait regardé puis d'une voix rauque, avait lâché:

-Avec la Fange de Londres? Laisse moi t'expliquer un truc, sac à loukoums.

Il s'était levé avec la rapidité d'un fer-de-lance et avait saisi la gorge de son interlocuteur de sa main entourée de bagues d'argent. Puis il l'avait soulevé légèrement de son tabouret, les clients abaissant sensiblement le niveau de leur conversation.

-Ici c'est mon terrain, mon territoire. Tu veux pas jouer avec les hyènes? reste pourrir dans ton marigot.
-V...vous n'a...je vous interd-dis de...suffoqua le client.

Cette fois le silence fut total et Tiago se leva bruyamment, forçant le client à en faire de même. Il avait remarqué du coin de sa vision périphérique qu'une silhouette au comptoir ne les lâchait pas des yeux. Mais le reste de la bande de la taverne ayant soudainement adopté exactement la même attitude, il détourna bien vite son attention de l'inconnue.

-Tu m'interdis rien du tout. Tu vas fermer ta gueule et repartir d'où tu viens, après avoir oublié toute notre présente conversation. Tu hurles, tu appelles à l'aide, tu résistes et tu ressort de cette taverne les pieds devant. Je me fais bien comprendre ou t'as besoin d'un dessin?

Il ressera sa poigneet l'homme toussa une floppée de postillons que Tiago évita d'un air écoeuré avant de saisir sa baguette de sa main libre.

-N...non s'il...v-vous plaît...j-je...

-Ta gueule. Oubliettes.

Il y eut un moment de flottement puis l'homme se rassit sur sa chaise avant de le regarder d'un air on ne peut plus surpris.

-Qui êtes vous monsieur et qu'est ce que je fais...ici?


Le mot avait été prononcé avec un tel dégoût que Tiago eut un soupir long comme six bras.

-Visiblement, vous étiez venu rencontrer quelqu'un dans la taverne et vous avez été agressé juste devant la porte. Un type a tenté de vous étrangler pour votre argent, vous avez perdu connaissance.
-Je ne me souviens de rien!
-C'est le principe d'une perte de connaissance. Le type a fichu le camp quand je suis arrivé et on vous a ramené ici le temps que vous repreniez vos esprits. Prenez donc un verre c'est pour moi.
-Non! enfin monsieur, je vous dois la vie si je saisis bien l'ampleur de la situation!
-C'est rien.
-J'insiste, je vous dois une rémunération!
-Eh ben si vous insistez, fit Tiago avec un mince sourire empli de roublardise.

L'homme posa une bourse sur la table.

-Je dédiais cet argent à un homme autrement plus malfaisant que vous. Je suis prêt à parier que c'est lui qui m'a tendu ce guet-appens pour me dépouiller. Prenez ces gallions. Je vous suis redevable.
-Je n'ai fait que mon devoir. Vous devriez boire un verre, vous requinquer et dégager d'ici. C'est mal famé.
-Oui. Oui, certainement. Oui.

Tiago attrapa la bourse d'un geste adroit et se permit un ultime pied-de-nez:

-Vous êtes généreux. Ca vous honore.


L'autre se contenta de réiterer des remerciements et Tiago se leva, empochant les pièces, un sourire aux lèvres. Les autres clients avaient désormais le nez dans leur pinte, hilare, et le patron manquait de s'étouffer de rire derrière le comptoir. Il fit une révérence outrancière au tueur quand ce dernier passa devant lui, auquel Tiago répondit par un rictus d'amusement. Quelques applaudissements discrets à la table des habitués, et le mercenaire sortit, satisfait de sa combine. Ce n'était pas un travail non-effectué. Plutôt une élégante pirouette.

Le seul problème était qu'à la seconde où il commença à marcher dans la rue, il sentit qu'on le suivait. Olliver, son chien, qui s'était jusque là tenu tranquille et avait tranquillement dormi sous la table du bar, flairait les alentours et poussa un jappement.

-Je sais. Attends. Ca a l'air d'être un oiseau tombé du nid ça.

Quelques pas de plus. Un croisement s'annonçait.

-Encore un peu...

Il tourna. La réaction de son mystérieux suiveur ne se fit pas attendre et un cri retentit dans son dos:

"Eh, toi ! Arrête-toi!"

Tiago ne prit pas même la peine de réfléchir. Dégainant sa baguette, il envoya un sort en direction de la brindille mal coiffée qui s'était visiblement mise en tête de l'arrêter et commença à l'assaillir de sortilèges informulés. L'un après l'autre, il les envoyait, la bombardait sans pitié et sans un mot, inversant même leurs positions jusqu'à ce que soit elle qui se trouve à reculer vers le fond de l'impasse dans laquelle il les avait volontairement entraînés. Il continuait de tirer, jouant avec son adversaire comme un chat avec une pelotte de laine, puis se lassa. Comme tous les duellistes de talent -et Dieu sait qu'il avait fait parler de lui à Poudlard lorsqu'il régnait littérallement sur le club de duel- il n'aimait pas se trouver face à un adversaire manquant de répondant ou du moins d'habileté. L'escrime sorcière que constituait le duel était un art à part entière et il avait un style mâtiné de combat de rue, une manière peu académique d'enchaîner parades et pas d'attaque. Il désarma la donzelle, fit un pas en avant et d'une voix basse lâcha:

-Olliver, attaque.

Le chien retroussa les babines et se jeta sur l'assaillante, la plaquant au sol et claquant des crocs à deux centimètres de son visage, les griffes de ses pattes avant enfoncées dans ses clavicules. Tiago fit quelques pas vers sa victime et ramassa la baguette qui traînait désormais sur le sol. Eprouva sa résistance. Fit mine de la plier légèrement et, constatant l'expression d'horreur sur le visage de la jeune fille, la fit tourner entre ses doigts.

-Laisse moi deviner, face d'angelot...t'as eu les yeux plus gros que le ventre...


Il s'accroupit près d'elle.

-Jolie peau...sourcils bien épilés...on prend soin de soi. Et regardez moi ces jolies mains lisses. J'ai deux théories boucles d'or: tu es une fille de l'Elite qui cherche à s'encanailler et veut me punir du vilain tour joué à mon malheureux ex-client ou...tu es une emmerdeuse. Qui connait mon nom. Et que je balancerais bien dans la Tamise. Les deux peut être?

Olliver aboya à la face de la jeune femme et Tiago lui caressa la tête.

-Chut mon grand mademoiselle ne va nulle part...mademoiselle a la gueule dans la gadoue et se pisse probablement dessus de peur. Ne vas pas lui arracher une partie de sa frimousse. Alors? On va faire les choses dans l'ordre. Ton nom.

Il était horriblement sérieux et sortit sa baguette.

-Si tu ne coopère pas, je te ferai coopérer. Casser tes phalanges sera comme briser un épis de blé.

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❝ Running with the Devil ❞Crystal N. Travers & Tiago Blacksmith
Crystal n’avait suivi qu’à moitié la conversation entre le hors-la-loi et son client. Les éclats de voix étaient évidemment compréhensibles de là où elle était. Mais ça ne l’intéressait guère. Elle n’était pas là pour démanteler un quelconque réseau ou quoi que ce soit. Elle voulait juste se faire la main sur cet homme. Prouver au monde, aux siens, qu’elle n’était pas que bonne à créer des savons. Montrer à Alecto qui n’était pas fidèle à sa promesse de l’entrainer pour le terrain, qu’elle était quand même capable de se débrouiller. Elle ne pouvait cependant s’empêcher de lever les yeux vers le plafond de l’auberge miteuse alors qu’il s’attardait et ridiculisait en règle celui qui avait osé lui tenir tête. Mais jouer les gros bras, lancer un Oubliettes, lui faire gober un mensonge gros comme une citrouille et le débarrasser de sa petite monnaie, tout le monde pouvait le faire. Elle ne comprenait pas pourquoi ce type n’était pas déjà sous les verrous, ou six pieds sous terre. Est-ce que les Mangemorts s’amusaient à le voir en liberté, pour l’exaltation de la chasse, de la traque à l’homme ? Ça pourrait bien ressembler à certains qui tenaient un peu trop de l’animal et plus de l’espèce humaine. Crystal en aurait presque soupiré d’exaspération, mais elle se retint, se contentant de faire durer son verre. Elle n’était pas complètement stupide, elle n’allait pas les enchaîner alors qu’elle-même participait à cette traque.

Quand l’homme s’était levé pour quitter le bar, Crystal remarqua l’animal qui lui emboîta le pas. Elle nota l’information sans toutefois y penser plus que cela. Ce n’était qu’un chien. Même les plus piteux et défavorisés avaient le droit à un peu de chaleur et de tendresse dans les nuits obscures. Elle-même aurait eu un animal si elle ne craignait pas que son père ne s’en serve pour ses expériences — peur de petite fille qu’elle avait dépassé aujourd’hui, mais elle n’avait toujours pas de compagnon. Elle avait longtemps paru plus faible que les autres Travers parce qu’elle refusait de tester ses découvertes sur le règne animal. Expérimenter sur l’espèce humaine ne l’avait jamais dérangée, mais les animaux avaient quelque chose de sacré à ses yeux. Tout ce qu’elle avait pu décider à propos du chien du hors-la-loi était qu’elle ne lui ferait aucun mal, sauf s’il l’attaquait, alors elle l’enverrait bouler, prenant cependant garde à ne pas le tuer. Elle s’engouffra à la suite de Blacksmith dans la ruelle et le somma de s’arrêter alors qu’elle était encore à l’ouverture.

Première erreur : elle aurait du accompagner son ordre d’un sort pour le désarmer, ou pour le déstabiliser. Au lieu de cela, elle avait juste flingué le potentiel effet de surprise qu’elle aurait pu avoir sur lui. Elle sentit la magie se diriger, perfide, vers elle. L’extrémité de la baguette de son adversaire s’illuminant tour à tour de couleurs différentes. Sans savoir quels étaient les sortilèges qu’il lui envoyait, Crystal réussit à en parer quand même trois. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de reculer, de se faire acculer à son tour, sans qu’elle ne s’en rende compte, sans qu’elle ne puisse l’empêcher. Elle encaissait certains des sortilèges, d’autres elle les paraît, mais elle se sentait déjà beaucoup plus faible, incapable de tenir le rythme implacable du style peu orthodoxe du sorcier. Elle poussa un hoquet quand finalement elle fut heurtée par son Expeliarmus et que sa baguette s’envola. Elle n’avait rien d’autre. Elle aurait du emporter des potions dans les poches de sa cape de sorcière pour le lui lancer au visage… mais, à vrai dire, elle n’était pas partie de chez elle consciente qu’elle affrontera un homme au visage placardé sur les murs du Ministère de la Magie.

Elle n’avait pourtant jamais été mauvaise en sortilèges à Poudlard. Elle avait même été assez haut placée dans le classement du club de duels. Cependant, elle avait toujours été meilleure en herbologie et en potions. Pourquoi ne s’était-elle pas basée sur ses atouts et pas sur une valeur moins sûre de son éducation ? Parce qu’elle n’était pas partie avec l’idée en tête de combattre un hors-la-loi en duel, loin dans la banlieue de Londres. Là où il n’y avait personne pour venir à son secours. Blacksmith fit un pas en avant et elle recula d’autant, son dos heurtant le mur derrière elle. Qu’allait-il faire ? La finir à coups de poings ? Olliver, attaque. Crystal cilla un instant, se demandant ce qu’il pouvait bien vouloir dire par là, puis se rappela du molosse quand il la jeta au sol, ses mâchoires claquant à quelques centimètres de son visage. Son haleine fétide n’avait rien à envier à l’odeur que dégageaient parfois ses produits avant qu’elle n’y ajoute quelques gouttes d’huiles essentielles. Si la situation n’était pas celle qu’elle était, Crystal aurait ri du nom donné à l’animal. Quel sorcier donnait un nom aussi pathétique à son compagnon ? Ça avait tout d’un nom qu’un moldu choisirait. Grotesque. Elle s’était fait avoir par un sorcier aux habitudes de moldu. Elle ne put empêcher un reniflement désabusé, cherchant à éviter la bave canine qui menaçait de lui couler sur la joue et dans le décolleté avant de se rendre compte que Blacksmith avait ramassé sa baguette.

Ses yeux s’écarquillèrent quand il testa sa souplesse. Elle ne s’en servait pas à outrance. Tout juste quand ses mélanges le requéraient… ou pour des tâches ménagères… mais une sorcière n’en était pas une sans sa baguette. Elle avait été sa fidèle amie depuis des années et… En elle se mêlaient une rage sourde et une peur insidieuse. Laisse moi deviner, face d'angelot...t'as eu les yeux plus gros que le ventre... Elle lui aurait craché au visage si le chien n’avait pas ses griffes enfoncées dans ses clavicules à travers le tissu de ses vêtements et que la position promettait plus de ridicule que de réussite. Il s’accroupit à côté d’elle et la détailla avec une intensité qui la mit mal à l’aise. Jolie peau...sourcils bien épilés...on prend soin de soi. Et regardez moi ces jolies mains lisses. J'ai deux théories boucles d'or: tu es une fille de l'Elite qui cherche à s'encanailler et veut me punir du vilain tour joué à mon malheureux ex-client ou...tu es une emmerdeuse. Qui connait mon nom. Et que je balancerais bien dans la Tamise. Les deux peut être? S’il savait. Sa peau, ses sourcils, le tout n’était le résultat que de l’efficacité de ses produits. Pourtant, s’il avait fait plus attention, il aurait pu remarquer les marques de brûlure sur ses doigts, sur ses avant-bras. Il aurait pu se rendre compte qu’elle n’en avait rien à faire de son apparence et que ce qu’il constatait n’étaient que les vestiges de la dernière mondanité à laquelle elle avait été obligée d’être présente.

Crystal renifla dédaigneusement et releva le menton, les yeux brillant de défi. Elle n’aurait peut-être pas dû, mais elle était bien décidée à ne pas se laisser marcher dessus par ce pitre. Le chien aboya juste contre son oreille et son tympan se mit à sonner. L’arc de sa mâchoire se contracta. Elle allait avoir du mal à entendre de ce côté-là pendant quelques temps. Foutue bestiole. Chut mon grand mademoiselle ne va nulle part...mademoiselle a la gueule dans la gadoue et se pisse probablement dessus de peur. Ne vas pas lui arracher une partie de sa frimousse. Alors? On va faire les choses dans l'ordre. Ton nom. Elle se pissait dessus ? Tu prends tes désirs pour des réalités, mon mignon. lâcha-t-elle, acide. Certes, elle avait peur pour sa vie. Mais de là à ne pas contrôler sa vessie, il ne fallait pas abuser. Il sortit à nouveau sa baguette et la pointa sur elle. A sa place, ce genre de menace aurait été vain, comme elle aurait trop peur de toucher l’animal… mais peut-être n’avait-il pas autant de considération pour sa bestiole après tout. Pathétique. Misérable.

Si tu ne coopère pas, je te ferai coopérer. Casser tes phalanges sera comme briser un épi de blé. Elle poussa un soupir exaspéré et roula des yeux. Elle les riva ensuite dans les siens, mesurant les secondes pour son petit effet. Quand on porte un nom comme le mien, on ne craint pas de le révéler. On en est fier. Mais c’est une chose que tu ne dois pas comprendre. Elle marqua une pause, à nouveau, juste assez longue pour qu’il soit sur le point de réitérer sa menace. Crystal n’était peut-être pas douée pour les sortilèges, mais elle l’était pour observer les émotions jouer sur les traits des gens. Je m’appelle Crystal Nora Travers. Fille de Basel Travers et d’Irina Moltchaline. Qu’il essaie donc de s’en prendre à eux si ça lui chantait. Il s’en mordrait les doigts. Sûrement était-elle folle de se comporter ainsi alors qu’elle était visiblement en position de faiblesse… mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Ce n’était pas en se pissant dessus et en pleurnichant comme une damoiselle en détresse qu’elle aurait une chance de s’en sortir. Elle ne l’implorerait jamais. On l’avait élevée mieux que ça.


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Tiago considéra la demoiselle. Cette dernière avait visiblement de l'audace à revendre...et de la stupidité aussi parce que si c'était pas tendre le baton pour se faire battre ça, il se demandait bien ce que c'était. Le regarder avec mépris passe encore, mais le provoquer ouvertement en se basant sans doute sur la supposition crétine qu'il ne blesserait pas une jeune fille de bon sang...c'était mal le connaître.

-Quand on porte un nom comme le mien, fit la jeune femme toujours clouée au sol comme un papillon à un mur, on ne craint pas de le révéler. On en est fier. Mais c’est une chose que tu ne dois pas comprendre.Je m’appelle Crystal Nora Travers. Fille de Basel Travers et d’Irina Moltchaline.
-Eh ben ravi de l'apprendre, ton altesse.

Tiago fit une moue presque comique et hocha la tête lentement comme s'il enregistrait l'information puis leva l'index de la même manière que ceux qui viennent d'avoir une idée lumineuse le font souvent.

-Attends une seconde, l'angelot...je crois que...ah...non, mon intérêt vient de passer, mais il est déjà reparti. C'est très con pour toi.


De nouveau il fit tourner la baguette entre ses doigts.

-C'qui est encore plus con c'est que t'as visiblement aucune idée de la manière dont ça marche ici, ni d'à qui tu t'adresses, alors je vais te faire un topo...

Disant celà il avait sorti sa baguette et d'un informulé, infligea à la jeune insolente un sortilège qu'il connaissait par coeur mais n'employait que rarement.

"Fulgur intra cutem" pensa-t-il.

Un sort d'éléctrocution, tout ce qu'il y avait de plus classique. On était loin du doloris mais personne n'aimait en général prendre quelques centaines de volt dans le corps, même pour quelques secondes. Il la regarda convulser un petit moment puis leva le sortilège avant d'énoncer calmement:

-Je me fous de ton nom comme de ma première paire de pompes. Tu pourrais être la fille du Roi de France ou celle de Bellatrix Lestrange, tu restes une grande gueule, avec de petites capacités. Doublée en plus, visiblement d'une fille à papa-maman...

Il éclata de rire et lui infligea une nouvelle fois le sortilège. Cette fois un peu plus longtemps. Parce que le mépris se payait cher, et que tenter de le salir, même sans succès, ne terminait jamais bien pour son interlocuteur.

-Qu'est ce que tu vas faire dis moi? hmm? aller chercher ton petit clan et pleurer dans leurs jupons en demandant justice? tu vas leur ordonner de venger ta vertu? Quand on veut éviter les coups, on monte pas sur le ring, ton altesse et si tu crois pouvoir m'attraper alors que les mangemorts eux mêmes évitent de me casser les couilles...bonne chance à toi.

Le regard de Tiago se fit soudain plus froid et il la considéra rapidement, alors qu'Olliver semblait quant à lui perdre patience. La baguette de la jeune femme tournait toujours entre les doigts du mercenaire et il s'interrogea. Devrait-il la briser, pour lui apprendre une bonne leçon? ou devrait-il plutôt employer la bonne vieille technique de la beigne en pleine face. Il n'avait aucun problème de conscience avec le fait de décocher une mandale à une femme en voulant à sa vie, et était très bien placé pour savoir que la baguette rendait les combattants égaux. Elle avait joué et perdu. Son erreur magistrale avait peut-être été de croire que sa supériorité de statut lui donnait une supériorité intellectuelle mais un chiot ne trompe pas un molosse, un jeune loup ne se dresse pas contre un alpha, ou il y laisse des plumes.
Elle allait y laisser des plumes, ça il allait s'en assurer et la renvoyer chez elle en bonne et due forme avec ses yeux pour pleurer et l'envie viscérale de cacher sa honte. Mais comment procéder?
Tiago préférait l'efficacité au dramatique. En d'autre termes: il n'aimait pas qu'on l'emmerde. Et dans ces cas là, une bonne dose de violence pédagogique enseignait bien plus que n'importe quelle autre méthode, aussi sadique soit elle.
Pas besoin de la mutiler, de la défigurer. Juste de lui remettre les idées au clair pour lui passer l'envie de recommencer et pour ça il avait sa méthode.

-On va faire un jeu boucle d'or. Je vais te lâcher et te donner trois toutes petites secondes pour transplaner et dégager de ma vue. Si passé ce compte à rebours tu es toujours là alors...je préfère te le dire, tu rentreras chez toi avec un petit souvenir de moi. Ca te paraît équitable? la princesse contre le moins que rien? allez lèves toi.

Il l'attrapa par les épaules, jetant sa baguette à ses pieds tel un grand seigneur remettant son canif à un adversaire.

-Ton choix, grande gueule : tu te casses, ou je te casses. Et crois moi. Y'en a eu des plus coriaces que toi à clamser pour moins que ça. Un...

Il la voyait. Elle ne fuierait pas. Il le savait, il l'avait su à la seconde où il avait vu son pas décidé derrière lui à la taverne. Qui ces personnes de la haute société croyaient ils tromper ils apparaissaient sur le radar des criminels comme des flammes rougeatres brulant dans la nuit. Ils étaient ici comme des éléphants dans un magasin de porcelaine...

-Deux...

Pas de réaction? tant pis.

Avant même d'avoir dit trois, Tiago fondit sur elle et lui décocha un tel coup de poing dans la machoire que la jeune femme fut projetée contre un tas de sacs poubelles. Il avait du lui fendre la lèvre. Tant mieux ça donnerait du travail aux esthéticiennes et aux infirmières de Sainte-Mangouste. Il faisait vraiment marcher l'économie locale entre les pompes funèbres et les réseaux souterrains, il faudrait qu'il pense à demander sa canonisation.

-Première règle: ne jamais croire un compte à rebours. Seconde règle...


Il l'attrapa et envoya son poing dans son estomac, un coup violent, vicieux, destiné à couper l'air, à provoquer la nausée, voire à briser les cotes pour peu qu'on y mette un peu du sien et qu'on tappe de côté. Sans sourciller, il se redressa avant de la saisir par les cheveux et de la regarder.

-Ici, pas de discrimination entre les sexes.

Puis, il l'envoya rouler au sol, contre les pavés.

-Prends ta baguette, bas-toi un peu. T'apprendras au moins quelque chose de concret, ça t'éviteras de mourir salement la prochaine fois que tu veux jouer dans la cours des grands. Me remercie pas.

Il n'allait pas la tuer. Il allait l'humilier. Et ça c'était bien pire pour tout ceux qui prenaient le sang, le nom et les travaux théoriques pour la seule valeur digne d'être étudiée et considérée. Ils oubliaient toujours l'expérience de la rue. C'était dommage pour eux.
Et tant mieux pour lui.


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❝ Running with the Devil ❞Crystal N. Travers & Tiago Blacksmith
Oui, elle était fière de son nom, mais si elle l’avait déclamé de la sorte, c’était surtout pour tenter de piquer où ça faisait mal. Elle avait cru comprendre, si elle ne se mélangeait pas les pinceaux entre les hors-la-loi, que Blacksmith n’avait pas eu la chance d’avoir une famille pour le soutenir dans les moments durs et le féliciter de ses réussites. Eh ben ravi de l'apprendre, ton altesse. Il sembla réfléchir un instant, comme s’il saisissait une idée dans l’air puant, avant de réfuter cette impression. Attends une seconde, l'angelot...je crois que...ah...non, mon intérêt vient de passer, mais il est déjà reparti. C'est très con pour toi. Crystal ne put s’empêcher de rouler des yeux. Il lui avait demandé son nom. Si ça ne l’intéressait pas, il n’avait qu’à s’en prendre à lui-même d’avoir perdu les apparentes précieuses secondes de son temps en le lui demandant. A croire qu’il était aussi versatile qu’une girouette et incapable de décider ce qu’il souhaitait réellement. Il croyait se donner un genre de gros dur, mais il était juste aussi agaçant qu’elle pouvait l’être à ses yeux. Oh, évidemment, Crystal se rendait bien compte, ou du moins commençait, qu’il était meilleur duelliste qu’elle, et qu’elle pouvait craindre des séquelles importantes après cette entrevue, mais elle pressentait aussi que derrière cette façade se cachait autre chose. Comme pour tout le monde. Elle n’avait jamais connu quelqu’un qui soit complètement et parfaitement honnête sur la personne qu’il était vraiment, jusqu’au bout des ongles. Ce n’était pas ce bandit des grands chemins qui allait être son premier.

C'qui est encore plus con c'est que t'as visiblement aucune idée de la manière dont ça marche ici, ni d'à qui tu t'adresses, alors je vais te faire un topo... Elle eut à peine le temps d’amorcer un soupir face au long monologue dont il semblait vouloir se gorger dans les secondes à venir, mais elle s’était trompée, se trouva interrompue quand le sort heurta sa chair. Elle sentit ses muscles se contracter tellement fort qu’elle craignit que les tendons les attachant sur ses os se déchirent et se rompent. Son dos s’arcbouta et elle ne put retenir un hurlement de douleur quand l’électricité se propagea jusqu’à la moindre de ses synapses. Si elle avait cru qu’il s’abstiendrait de lui jeter un sort par peur de heurter son animal, elle s’était bien fourvoyée. Dans le papillonnement incontrôlable de ses paupières, elle remarqua même que le chien ne convulsait pas comme elle. Ça voulait dire que son maître était capable de contenir le sort et l’électrisation dans son corps à elle. Puis la douleur s’arrêta aussi vite qu’elle était apparue. Il lui semblait que l’air sentait le chaud, voire le brûlé, mais peut-être n’était-ce qu’une impression. Je me fous de ton nom comme de ma première paire de pompes. Tu pourrais être la fille du Roi de France ou celle de Bellatrix Lestrange, tu restes une grande gueule, avec de petites capacités. Doublée en plus, visiblement d'une fille à papa-maman...Alors pourquoi me l’avoir demandé ? parvint-elle à articuler, sa bouche sèche à cause de l’électrocution, tout juste avant que le sort la heurte une nouvelle fois. Néanmoins, ce coup-ci, elle serra les dents, se retint de crier, ne voulant pas lui donner cette satisfaction. Elle ne put pourtant pas retenir un gémissement plaintif.

Chaque fibre de son corps hurlait à la torture et elle savait que, quand elle rentrerait chez elle, et le lendemain, elle allait avoir tellement mal partout. Comme si elle avait suivi l’entrainement d’un sportif olympique alors qu’elle n’avait pas du tout la condition physique requise. Qu'est ce que tu vas faire dis moi? hmm? aller chercher ton petit clan et pleurer dans leurs jupons en demandant justice? tu vas leur ordonner de venger ta vertu? Quand on veut éviter les coups, on monte pas sur le ring, ton altesse et si tu crois pouvoir m'attraper alors que les mangemorts eux mêmes évitent de me casser les couilles...bonne chance à toi. Oh, n’avait-il pas encore deviné à quel point elle était fière ? Elle n’irait pas demander vengeance, elle n’irait pas pleurnicher. Elle attendrait que la faiblesse liée au sort se soit estompée pour… pour quoi ? Sa mâchoire se crispa un peu plus, la rage et la douleur se mêlant, la chevauchant toutes les deux toute entière. Sans oublier l’agacement croissant qu’il faisait naître en elle. Il était là, finalement, le monologue pompeux dont il se gorgeait. Elle entendait les mots sans que son cerveau ne traite toute l’information qu’ils contenaient, mais elle saisissait suffisamment pour se retrouver blasée par ce blabla qu’il devait sûrement déblatérer à toute personne qui venait l’attaquer sans être à sa hauteur. Il n’était rien d’autre qu’un beau parleur, comme tant d’autre. A cela près que, contrairement aux méchants des histoires, il frappait en même temps.  

On va faire un jeu boucle d'or. Je vais te lâcher et te donner trois toutes petites secondes pour transplaner et dégager de ma vue. Si passé ce compte à rebours tu es toujours là alors...je préfère te le dire, tu rentreras chez toi avec un petit souvenir de moi. Ca te paraît équitable? la princesse contre le moins que rien? allez lèves toi. Il la releva, délogeant son chien, et jeta sa baguette à ses pieds. Pourtant, Crystal ne fit rien pour la ramasser. Elle se contentait de le fixer, s’échinant à relever le menton alors que chacune de ses articulations lui faisait mal. Ton choix, grande gueule : tu te casses, ou je te casses. Et crois moi. Y'en a eu des plus coriaces que toi à clamser pour moins que ça. Un... Elle n’avait pas l’intention de fuir. Elle ne fuirait pas. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir. Elle préférait se prendre des coups que de partir la queue entre les jambes. Elle était peut-être trop fière pour son bien, mais on l’avait élevée ainsi. Deux... Elle perçut le mouvement qu’il amorça une seconde trop tard pour l’éviter et ne put pas éviter le coup qui s’écrasa sur sa mâchoire. Elle fut projetée en arrière contre des poubelles. Elle avait senti nettement sa lèvre inférieure se fendre et la brûlure de la plaie se mêlait à la sensation chaude du sang sur son menton. Ça n’était rien. Rien du tout. Elle avait des baumes qui faisaient des merveilles sur ce genre de blessures. Elle les avait créés alors qu’elle était encore à Poudlard, là où les élèves bagarreurs en étaient plus que friands.

Première règle: ne jamais croire un compte à rebours. Seconde règle... Elle resta au sol, sans savoir si c’était parce qu’elle espérait qu’ainsi il la laisserait tranquille ou pour une autre raison. Mais il la releva encore, pour envoyer son poing dans son ventre. Elle sentit l’air expulsé de ses poumons, un muscle peut-être se déchirer entre deux de ses côtes. Elle connaissait les sévices que pouvaient causer des coups. Elle avait un père médiexpérimage, qui ne rechignait pas à faire des expériences en tout genre sur l’espèce humaine – du moins quand il avait encore des rebuts à portée de main – elle en connaissait un rayon. Ici, pas de discrimination entre les sexes. Il la lâcha et elle s’écroula. Prends ta baguette, bas-toi un peu. T'apprendras au moins quelque chose de concret, ça t'éviteras de mourir salement la prochaine fois que tu veux jouer dans la cours des grands. Me remercie pas. Toujours au sol, son corps se secoua légèrement, en proie à un rire nerveux qui devait dessiner un rictus effrayant sur son visage. Entre le sang sur son menton, ses cheveux à la teinte cramoisie, les tâches sur ses joues qui devaient attester d’un mélange un peu explosif, elle devait avoir l’air d’une folle et non pas de la digne héritière des Travers. Elle finit par se lever, laissant pourtant toujours sa baguette au sol. Pour l’instant. Avant qu’il ne puisse s’interroger sur son choix, Crystal bondit sur lui comme une furie. Elle s’accrocha à ses épaules pour accompagner le mouvement vers le haut, de toutes ses forces, de son genou qui heurta la partie sensible de son anatomie masculine. Le voyant se pencher en avant sous le choc, elle détacha ses doigts de ses épaules pour écarter largement les bras et lui donner une claque retentissante sur les oreilles, suivie d’un coup sur son nez.

Je suis peut-être une petite poupée, mais je sais aussi me battre comme une charogne. clama-t-elle, la voix toujours rauque du sort d’électrocution qui l’avait déshydratée aussi bien que si la foudre lui était tombée dessus. Et elle remercia silencieusement Jason de lui avoir appris ce genre de coups quand elle était arrivée à Poudlard et qu’elle commençait à avoir à faire à des maltraitances de la part de ses « camarades ». Pourtant, la jeune sorcière avait puisé dans les ressources qui lui restaient après le sort et les coups qu’elle avait subis, pour mettre tout dans les coups qu’elle avait assénés et elle vacilla légèrement sur ses jambes. Elle était persuadée que, sous peu, Blacksmith allait se venger, ou jeter encore son chien sur elle… et ce coup-ci, elle ne pourrait rien faire. Elle tenta pourtant de récupérer sa baguette toujours abandonnée au sol, bien qu’elle doutât de pouvoir lancer efficacement un sort dans ces conditions.


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Le coup dans le bas ventre lui coupa momentanément le souffle et lui fit penser à absolument tous les jurons qu'il connaissait sans ordre précis, mais toujours avec la même virulence.
Sale petite charogne, c'était le cas de le dire.
Tiago sentit les larmes lui monter aux yeux, réaction physique face à un genre de douleur qu'il ne souhaitait à aucun camarade masculin, mais il n'eut pas même le temps de s'apitoyer sur son sort, puisqu'elle lui claqua les mains sur les oreilles, un tour vieux comme Mérope, qui eut le don de lui faire momentanément perdre tout sens de l'orientation, son oreille interne semblant avoir décidé de plier bagage et de l'envoyer se faire voir en Arcadie.

Il n'avait pas eu aussi mal depuis un sacré moment et la constatation qu'elle avait réussi à lui donner l'impression de se faire mixer les tympas à haute vitesse lui donna une véritable bouffée d'adrénaline. La manquer serait proprement ridicule, aussi recula-t-il contre un mur le temps de reprendre ses esprits, la nausée le gagnant à mesure que son oreille interne continuait de faire les montagnes russes et son estomac avec. Puis il l'entendit parler, comme du bout d'un tunnel, et son sang se mit à bouillir.

"Je suis peut-être une petite poupée, mais je sais aussi me battre comme une charogne"


Le visage de Tiago se ferma. Ses yeux se plissèrent jusqu'à devenir presque parfaitement reptilien et son air prit soudain une expression inquiétante. Tout ceux ayant un jour dépassé la limite avaient vu cette expression, et il se murmurait dans les bas fonds que Tiago, qui cédait toujours en premier lieu à la colère rude, pouvait atteindre un autre stade, celui où il basculait dans une envie presque viscérale d'arracher la tête de son adversaire. Dans ces rares cas, il prenait l'air de quelqu'un d'autre, comme si derrière ses traits acérés, c'était un autre homme qui apparaissait, une autre identité, une autre facette de sa personnalité, soigneusement enfouie sous une mince couche de patience et une centaine de kilos de haine ainsi que de brutalité.
Quand Tiago voulait tuer, il cessait d'être un chien et se transformait en ces espèces de grands lézards venus des îles, ces Varans de Komodo aux dents suffisamment puissantes pour arracher un membre et capables de dévorer un humain pour peu qu'on leur en laisse l'occasion.
D'où lui venait ce trait? Impossible de le dire, et les rumeurs ne couraient d'ailleurs pas vraiment sur le sujet, car tout ceux qui avaient eu l'occasion de voir cette expression, à une ou deux exception près, n'étaient plus de ce monde pour en témoigner.

Alors comment la finir? à la main? à la baguette? Parce qu'il allait la finir c'était certain. Ou alors...peut être que non. Il n'était pas décidé. Tout ce qu'il savait était que quelle que soit sa décision finale, cette petite garce avait commis suffisamment d'impairs et suffisamment écorché son égo ainsi que toutes les conventions du monde du crime pour qu'il lui fasse regretter d'être venue au monde.

Il ramassa sa baguette, ayant roulé au sol puis la leva vers elle, juste au moment où la demoiselle le mettait en joue. Un sourire carnassier apparut sur ses lèvres et il attaqua de nouveau, appréciant de la voir reculer encore et encore, à chaque assaut, regardant ses muscles trembler sous l'impact de ses sortilèges et l'observant buter contre un mur. C'était là la bonne faille. Une fenêtre de tir d'à peine une seconde pendant laquelle il eut le temps de choisir un sort.
Un véritable sortilège de "charogne" puisqu'elle souhaitait tant trouver en lui, le moins que rien, une hyène à sa hauteur.
Elle avait voulu un combat, elle aurait la guerre.

-Endoloris.

La voix avait été ferme et rude. Tiago n'en était pas à son premier impardonnable, il avait depuis longtemps passé son brevet d'avada kedavriste, d'Imperator superior et d'enlorisseur agrémenté. Il répugnait toutefois à les utiliser, les jugeant trop attachés aux mangemorts, trop connotés, trop propres et surtout scolaires. Mais il y avait des fois où il appréciait la netteté du sortilège de mort, l'adaptabilité de l'Imperium et la jouissance de l'endoloris.

Comme....maintenant.

Il regarda l'inconnue, la petite charogne -puisque tel était maintenant son nom avant ce bon dieu de patronyme ronflant- se tordre de douleur sur le sol, et hurler à s'en briser les cordes vocales. Une petite dose de violence pédagogique lui ouvrirait peut être les yeux sur les rapports de force à l'oeuvre dans le monde d'en bas, et peut être rentrerait elle vite cacher ses petites miches dans les jupons de son auguste famille, puisque cette dernière était visiblement sa grande protection contre le vilain, méchant monde et le vilain, méchant loup, alias....lui.

Il la fit se tortiller sur le sol comme un vers pendant cinq bonnes secondes puis leva le sortilège et se pencha avant de la saisir par les cheveux et de la considérer en silence, toute trace d'humanité ayant disparue de ses traits taillés à la serpe. Elle avait l'air de vouloir lui sauter à la gorge ou du moins, lui cracher à la gueule. Une partie de lui était presque tentée qu'elle le fasse afin qu'il puisse avec une parfaite justification lui infliger un sortilège cette fois totalement irréversible. Olliver lui, grognait dans son dos, sans doute trop impatient de voir si la jeune femme avait le sang rouge, ou bleu, puisqu'elle semblait issue de la "haute". Quand il parla, Tiago avait une voix de velour, basse, égale, terriblement menaçante.

-...La prochaine fois que tu t'approches de moi, je te tuerai. Je ne suis pas un saint, ne crois pas que je ne pourrai pas dormir avec ça sur la conscience. Et en attendant...tu vas pouvoir rentrer chez toi...


Il la releva par les cheveux et conclut:

-A la nage.

Et soudain, il se saisit de la ceinture de la jeune femme la soulevant à plusieurs centimètres du sol, son autre main ayant lâché les longs cheveux blonds pour venir l'attraper par la cape. Ils étaient dans son quartier préféré de la ville, c'est à dire à côté de la plus grande et putride baignoire de Londres : la Tamise.

Marchant jusqu'au quai sous l'oeil mi-effaré, mi amusé des sorciers présents - peu habitués à voir Blacksmith se ballader une donzelle sous le bras et encore moins avec cet air sur le visage-, il souleva Crystal au dessus de l'eau rugissante et maronâtre qui bouillonnait en contrebas et cracha:

-So long, ta majesté.

Et sans sommation, sous les rires des badauds qui désormais accouraient pour voir le spectacle, habitants parfois désoeuvrés de la cour des miracles, voleurs, assassins en maraude et autres membre de la lie du monde, il la jeta dans le fleuve où elle alla s'écraser avec un plat magistral.
Satisfait, Tiago eut un rictus mauvais, et mima une révérence avant de lui tourner le dos.

Il ne l'avait pas tuée.
Il n'avait même pas pris ou brisé sa baguette.
Il était véritablement ce que l'on appelait communément, un grand et bon seigneur.

Et lors de leur prochaine rencontre, si Merlin voulait qu'il y en ait une, il agirait comme n'importe quel seigneur : et il l'éxécuterait.

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Entre deux inspirations laborieuses, Crystal observa les changements qui se dessinaient sur le visage de son adversaire. S’il avait semblé s’amuser avec elle, bien qu’un peu agacé de se faire déranger par une piètre sorcière, il en était tout autre maintenant. Pourtant, n’avait-il pas désiré avoir un adversaire un peu plus à la hauteur ? Ce n’était pourtant plus un agacement échaudé qui déformait ses traits, mais une haine glaciale et implacable. Il se remit plus vite que ce quoi elle s’était attendue. Elle n’avait pas eu l’occasion d’utiliser très souvent cette technique que son frère lui avait appris, pas en dehors de Poudlard en tout cas… et il était clair que les étudiants de l’école de magie n’étaient pas fait du même bois que l’homme qui se trouvait en face d’elle. Dans un instant fugace, perturbé par la faiblesse qui s’emparait de son corps, par la douleur qui irradiait chacun de ses muscles, Crystal se surprit à penser qu’il aurait pu être un nom de choix dans la liste de ces conquêtes, de ceux qui étaient passés dans son lit, durant sa période sulfureuse à l’école de magie. Elle qui les avait multipliés plus assurément qu’un de ses équivalents masculins, quel beau trophée il aurait pu être à son tableau de chasse… en plus, ça aurait bien ennuyé sa mère. La jeune femme battit des paupières, dégoûtée de ses propres pensées, tellement incongrues dans un moment comme celui-là. Ce devait être la douleur qui lui faisait perdre la tête, tout simplement.

Elle brandissait sa baguette dans sa direction, mais c’était à peine si elle arrivait à convaincre ses doigts de rester autour. Quelques minutes de plus, et elle lui échapperait sûrement des mains pour rouler sur le sol. Mais il ne la gratifia pas de ce laps de temps car à peine avait-il récupéré son arme que le sort fusa. Puis un autre. Et encore un autre. Toujours plus, jusqu’à ce qu’elle bute contre le mur. L’intervalle se fit soudain plus large. Mais Crystal n’avait plus la force de formuler un enchantement. Elle commençait à se laisser glisser contre le mur sale quand un nouveau sortilège la heurta de plein fouet. Elle sentit l’onde de la magie, puis entendit la formule dans la bouche de son assaillant une fraction de seconde avant que la douleur ne se propage à chacune de ses terminaisons nerveuses, électrisant tout son être, le tordant dans une position si peu naturelle. Elle s’écroula sur le sol, incapable de garder les jambes solides. Sa tête heurta les pavés. Mais la douleur était bien faible par rapport à l’effet du sort impardonnable. Le sort qui l’avait électrisée plus tôt n’était rien comparé à celui-ci. Et Crystal comprit pourquoi il faisait partie du trio de sorts tellement apprécié par les siens. Si elle avait tenté de refouler ses hurlements, ils finirent pourtant bientôt par franchir la barrière de ses lèvres. La souffrance dans tout son être l’empêchait simplement de contrôler quoi que ce soit. Les larmes perlèrent à ses yeux et zébrèrent ses joues sales de lignes plus claires.

Puis, finalement, la douleur la quitta. Ses muscles ne cessaient pourtant de trembler, subissant le résidu du sortilège. Elle entendit, comme à travers un brouillard épais, les pas de Blacksmith sur le sol, puis son cuir chevelu douloureux alors qu’il la prenait par les cheveux. Elle poussa un gémissement pitoyable et un frisson descendit le long de son échine, réveillant la souffrance du sort. Qu’allait-il faire d’elle ? La tuer ? Une larme supplémentaire roula sur sa joue. La violer ? Elle eut un hoquet désespéré. Non. Il la trouvait misérable et pathétique, il ne voudrait pas souiller son corps avec le sien, n’est-ce pas ? Quand elle avisa son visage au niveau sur sien, elle ne put s’empêcher de le fusiller du regard. Peut-être que son corps trahissait sa faiblesse et son désespoir, mais elle ne laisserait pas son âme se briser. Jamais. ...La prochaine fois que tu t'approches de moi, je te tuerai. Je ne suis pas un saint, ne crois pas que je ne pourrai pas dormir avec ça sur la conscience. Et en attendant...tu vas pouvoir rentrer chez toi... Il tira encore un peu plus sur ses cheveux, et elle mordit ses lèvres pour ne pas qu’un nouveau gémissement lui échappe. Elle aurait voulu agripper ses mains pour essayer de le faire lâcher prise, mais ses doigts tremblaient et elle se sentait si faible qu’elle ne parvenait même pas à lever les bras. A la nage.

Sentir sa main sur la ceinture de son pantalon lui insuffla une bouffée de panique. Il avait dit qu’elle pourrait rentrer. Il n’allait pas la tuer. Mais allait-il briser son corps un peu plus avant de se débarrasser d’elle ? Elle eut une pitoyable ruade sans effet et elle le sentit la soulever, la porter. Elle était bien incapable de savoir où il l’emmenait ainsi, jusqu’à entendre le rugissement de l’eau sous les pieds. Et ses mots lui revinrent. A la nage. So long, ta majesté. Il y eut un moment de flottement, avant qu’elle ne heurte la surface de l’eau avec violence. Elle s’enfonça sous la surface, ballotée par le courant, écorchant un peu plus son être sur les cailloux qui tapissaient le fond du lit du fleuve. Elle sentit l’eau polluée s’inviter entre ses lèvres, dans sa gorge, ses poumons. Puis, le courant la ramena vers la surface et elle cracha le fluide nauséabond, juste avant de disparaître à nouveau sous les flots. Elle se laissa trimballer ainsi pendant une durée indéfinissable, avant de s’échouer finalement sur une berge, quelque part dans la campagne autour de la capitale. Elle resta allongée là un moment, le temps de récupérer un peu de force… et transplana jusque chez elle, pitoyable, crottée, détrempée et déchue.


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