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sujet; THREE SHOT + let me face this, let me sleep, and when I wake up let me be

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Draco Malfoy
Draco Malfoy
‹ inscription : 13/09/2013
‹ messages : 8775
‹ crédits : faust.
‹ dialogues : seagreen.
THREE SHOT + let me face this, let me sleep, and when I wake up let me be Tumblr_ob1ibueZ761rmsoypo3_250

‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; calixe davis w/ audreyana michelle ; uc w/ uc ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook ; jelena kuodzevikiute w/ ariana grande.

‹ âge : 23 yo (05.06.80).
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14295
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
THREE SHOT + let me face this, let me sleep, and when I wake up let me be 489546spea
Spoiler:

‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
http://www.smoking-ruins.com/t4710-draco-there-s-a-hole-in-my-so
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Acte 1,

Sell your soul, not your whole self
23 OCT. & Dracatrix



   
   
   
Sa présence. Il la perçoit avant même de la voir. Ne prend pas la peine de se retourner pour l’accueillir. L’accueillir… serait un pieux mensonge ; reviendrait à prétendre qu’une véritable relation les lie. Mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? Ce n’est qu’une question de bas instincts et d’interactions houleuses. Un corps à étreindre à la faveur de la nuit, lorsqu'il est en état de se le permettre. Un épiderme à lacérer pour expier la rage qui l’étrangle en quasi permanence. Une compagne brûlant de la même folie, auprès de laquelle se livrer à la haine qui le consume, assumer les démons qui l'étreignent, avant que l'anxiété ne le reprenne au petit matin, accompagné de cette question qui le tracasse depuis les exécutions de rebut en chaîne (ou plus tôt encore ?) : qui es-tu ? Un être servile se perdant peu à peu dans les méandres d'une guerre qui exacerbe ses pires défauts et le transforme, fait de lui un monstre. Alors non, l’accueillir, il ne le fera jamais. Elle est l’ombre qui se glisse dans l’appartement endormi, sans visage, depuis l’accord qu’ils ont passé déut juillet ; condition sine qua none : Scorpius ne doit pas la voir. Jamais. Draco culpabilise déjà bien assez de verrouiller le soir, d’un sort, pour obliger le gamin à rester dans sa chambre, seul avec ses terreurs et ses incertitudes. « Tu es en avance », lâche-t-il sèchement alors que les longs doigts effilés de la demi-vélane coulent sur sa nuque, glacés. Il ne sait pas où elle a passé les dernières heures, ne s’intéresse jamais à la question. La livre à son errance quotidienne pour ne lui offrir l’accès à son toit qu’aux petites heures du matin. Cette fois, elle est là une bonne heure trop tôt et, penché sur le chaudron où bout une potion officieusement recommandée par un médicomage pour sa jambe, il se crispe. D’un mouvement de baguette brusque, il ferme le vieux grimoire contenant la recette interrompue ; lance une potion de stase pour ne pas risquer de gâcher le remède en préparation. « Ton fils est couché depuis longtemps, tu fais toujours des histoires pour un rien », raille-t-elle sans guère se soucier de son agacement, et il tique lorsqu’elle tend le bras en direction de l’ouvrage qu’il a volontairement masqué à sa vue. Son mouvement précède celui de la jeune femme : il plaque une main autoritaire sur la reliure avant qu’elle n’ait pu l’atteindre et consent enfin à croiser son retard. C'est un sujet dont il n'a pas le droit de parler, des soins prévus pour une blessure dont il a écopé durant une mission de camouflage. Nul ne peut savoir qu'il y a participé sous les traits d'un Indésirable Recherché, personnifié en guise de bouc-émissaire. Précisément la raison pour laquelle il ne peut pas non plus se faire aider et est contraint de se faire soigner à domicile, plus ou moins, par un guérisseur contraint au silence par un serment. « Nous avons un accord. J’y mettrai un terme définitif si tu ne tiens pas aux closes établies, d’autant plus qu’il n’était pas prévu que cette mascarade dure si longtemps. » Les traits délicats de la jeune femme se figent sous le coup de l’agacement. « Elle dure parce que tu le veux bien. Tu te caches toujours derrière le déni, mais cet arrangement te convient autant qu’à moi. Tu ne vas quand même pas essayer de me faire croire que tu as accepté par pur altruisme ou par générosité ? » Il lui sert un demi-sourire torve, l’iris brillant d’une lueur mauvaise. « En effet, je ne fais pas la charité. Tant que tu payes ton passage, on peut trouver un terrain d’entente. Reste que le deal devait être temporaire et il serait temps que tu trouves une autre solution. »

Une heure, c’est trop tôt. Beaucoup trop, surtout considérant la présence de l’intruse dans une pièce à laquelle dont il ne lui a jamais autorisé l’accès – le laboratoire attenant à son bureau. Il n’était pas prêt. Pas prêt à être vu, confronté à quiconque. Il n'est plus lui-même. Il a les traits gravés par l'épuisement et les yeux injectés de sang. De manque de sommeil, d’excès d’Orviétan, doses abusives arrosées de Firewhisky. Il a l’ossature en carton et le mollet droit traversé par une plaie qui l’élance à l’en faire hurler. Pire : il a le cœur noué par l’angoisse, depuis 24h. Il ne se reconnait pas, et l'absence incompréhensible de Pansy ne fait qu'ajouter à son tourment. Il est à son désavantage et ce genre de situations n’entrainent jamais rien de bon – elles le rendent simplement irrationnel, trop sur la défensive pour ne pas être désagréable. Et Beatrix n’est pas de ceux dont la présence le calment. Après tout, ils ne se font pas de cadeau – ils se déchirent seulement, constamment, avant de se faire mutuellement taire. « Je ne suis pas un chien errant Malfoy, si tu voulais que je cesse de venir, tu n’avais qu’à le dire. Je n’aurai aucun mal à trouver meilleure compagnie que la tienne. » « Et pourtant », susurre-t-il en réponse. « C’est précisément le rôle que tu occupes ici, et je ne crois pas t’avoir entendue te plaindre de devoir écarter les cuisses comme une vulgaire chienne, simplement pour t’offrir un toit. De nous deux, je dirais que tu es la seule à user de déni pour ne pas affronter le pathétique de ta situation. »

La claque part. Lui retourne la nuque avec assez de fureur pour lui faire craquer les cervicales. Mais s’il trébuche maladroitement en arrière, c’est parce que les effets la dépassent. Parce que sa mâchoire a manqué de céder, vulnérabilité synonyme de crise. « Qu’est-ce que tu fais ? » C’est audible – elle est interloquée par sa réaction. Parce qu’il est incapable de répliquer. Ses dents ont claqué avec violence et l’espace d’une terrible seconde, il craint qu’elles ne se soient déchaussées ; il a cette vision horrifiante tatouée sur la rétine, de son corps s’écroulant en lambeaux épars. Comme pour y donner raison, les tremblements de plus en plus fréquents font vibrer ses membres tiraillés par l’épuisement tandis qu’il s’attelle à repousser nerveusement la paperasse qui parsème le plan de travail. Elle s’impatiente : Draco entend raisonner sa voix pressante à travers le bourdonnement qui lui obstrue l’audition, mais il est incapable de lui répondre. Il met la main sur l’objet de ses recherches effrénées : une fiole encore pleine aux trois quart, solution de secours. Il en avale une gorgée, fébrile, avant de trouver appui sur la table ; ses jambes faiblissent. Une heure, c’est un monde.

La mixture qu’il se plait à ingurgiter en dépit des risques et des potentiels effets secondaires court le long de ses veines, rapide et efficace. C’est ce qui le pousse à persister à user des potions douteuses achetées à Donovan : elles ne lui offrent qu’un faux répit, loin d’être équivalent aux soins que nécessiterait son état, mais rien ne peut mieux lui permettre d’étouffer le mal qui le ronge plutôt que de l’assumer. Et cette fiole est précieuse – elle est la dernière qu’il lui reste. Son fournisseur semble avoir disparu de la circulation, injoignable depuis des semaines. Des paumes trop familières encadrent son visage, comme pour l’arracher à sa catatonie, et un flux de magie l’engloutit : Beatrix met ses pouvoirs en usage, absorbant sa douleur pour lui offrir un soulagement. Les yeux écarquillés, incapable de la repousser sur le coup, il tente de balbutier un refus mais ne parvient à enchaîner que quelques syllabes dont elle ne tient pas compte. La douleur mordante reflue, et c’est au tour de la jeune femme d’écarquiller les yeux alors qu’elle perçoit l’ampleur de son erreur : elle a mal calculé l’étendue de la souffrance de Draco et ne s’était pas préparée à tant encaisser. Le contact dure trop longtemps, il le devine à ses prunelles glacées, elle est submergée. Mais le fardeau qu’il porte est si lourd que l’instinct prend le dessus sur la raison : de ses mains, il lui agrippe les poignets, pour la retenir, lorsqu’elle tente de se détacher de son corps pétris de failles. Il peut presque sentir sa structure osseuse se solidifier, juste un peu, en un soulagement factice et immédiat mais guère définitif. Car c’est son mollet amoché qui s’abreuve, principalement, de la force vitale et magique qui lui est livrée. La robe immaculée que porte Beatrix se tâche de sang : la plaie qu’elle soigne se découpe à même sa propre chair, et c’est cette vision qui arrache Draco à sa transe mêlée de soulagement. Il finit par la repousser, trop fort. Elle en heurte le coin de la table, gémit en se courbant en deux, les mains couvrant le point d’impact mais l’attention rivée sur sa robe souillée. Muette de stupeur et d’horreur. « Tu outrepasses tes droits Carrow. » Sa voix n’est qu’un souffle menaçant. Revigoré par l’énergie qu’elle lui a insufflée malgré elle mais, tout à la fois, atterré qu’elle ait effleuré quelques-uns des secrets qu’il s’applique à cacher.

Les faiblesses de son corps, qui perdurent depuis juillet.
Sa jambe ouverte en profondeur par une lame ensorcelée, au cours de la mission chaotique au musée.

Elle s’ingère beaucoup trop, piétine les réticences de Draco à la laisser approcher, bafoue les remparts qu’il dresse autour de lui dans le but de se préserver. Elle le pousse au-delà de ses limites en mettant le doigt sur tout ce qu’il n’a pas le droit d’avouer. « Et toi tu n’es qu’un sale ingrat ! » Elle est ulcérée par le reproche, mais surtout essoufflée. Secouée par un quasi sanglot. « Qu’est-ce que c’est… ? » Respiration hachurée, panique. « Qu’est-ce que tu m’as fait ? » Sans lui répondre, Draco plie et tend sa jambe miraculeusement apaisée ; jusqu’à présent, seuls des soins répétés bloquaient l’hémorragie, mais la plaie restait désespérément réticente à se refermer. Il en a boité des jours durant, incapable de tenir debout plus de quelques minutes, d’affronter le monde extérieur et les accusations de trahison qui pèsent sur son nom depuis l’usurpation de son identité par des ennemis du gouvernement. Incapable de vivre et pourtant, voilà que sous ses doigts curieux la chair semble finalement s’être recomposée. A l’endroit où l’épée l’a impitoyablement ouvert à la mi-septembre, l’obligeant à se remémorer en permanence cette journée terrible (les maltraitances infligées à sa propre cousine, à sa plus proche amie ainsi qu’à la mère de son fils sans qu’il ne puisse s’offrir le luxe de s’interposer), il effleure une cicatrice qu’il devine immonde, longs centimètres de nœuds de chair torturés, forcés par la magie de la semi-vélane à se réunir en dépit de la malédiction, d’un autre temps, qui rendait toute guérison impossible depuis des semaines. « QU’EST-CE QUE TU M’AS FAIT ? » hurle-t-elle cette fois. « Moi, rien », réplique-t-il en la dévisageant sans approcher, encore figé sur place par la surprise. Il n’est pas tout à fait requinqué, pas entièrement, et les crises quant à elles perdureront – mais un problème semble venir de se résorber sans crier gare. La mobilité retrouvée est un soulagement sans nom et… « Ne m’approche pas », tente Beatrix, la voix étranglée, lorsqu’il se précipite finalement pour la rejoindre, s’agenouille à ses côtés pour relever sa robe jusqu’à sa taille, dans le but d’évaluer l’étendue des dégât. L’étendue du transfert. Il ne recule pas cette fois lorsqu’elle le frappe dans l’espoir de l’obliger à s’éloigner d’elle : sa stabilité retrouvée l’émerveille presque, et lorsqu’il lui agrippe le bras pour le tordre loin de son visage – qu’elle vient de bien amocher de ses griffes – il est presque fasciné par la douleur qui s’imprime sur son visage blafard. Elle est fragile sous ses phalanges brutes, ayant absorbé non pas uniquement les effets de la lame mais une part des étranges failles survenues depuis juillet. Son radius menace de s’effriter sous l’intensité de la prise, alors il la relâche, sans jamais cesser de la dévisager, comme confronté à une énigme. « Si tu ne fourrais pas ton nez dans ce qui ne te concerne pas, ce ne serait pas arrivé », claque-t-il. Mais son palpitant pulse d’une allégresse étrange, seulement cruellement entravée par une autre forme de souffrance – une contre laquelle même le don de soins de Beatrix ne peut lutter, puisqu'elle est émotionnelle ; une qui ne s’atténuera que lorsque la disparition de Pansy, signalée la veille par ses soins, aura été prise au sérieux par les autorités.

Mais pour l’heure, il se sent léger. Loin d’être tiré d’affaire, mais apte à reprendre le cours de son existence. Il se penche sur les lèvres de la martyre et souffle contre sa bouche délicate un « Merci » cruel, égoïste. Il a tant de choses à faire, tant de projets à mettre en place. Et elle vient de lui redonner vie. Il a l’impression de tenir le monde au creux de sa main, libre d’évoluer de nouveau. Il pense à Pansy, au temps passé à angoisser sans pouvoir la chercher lui-même. Il pense à sa mère et aux semaines durant lesquelles il s’est langui de ne pouvoir l’arracher à sa geôle. Il pense à Scorpius, dans la chambre d’à côté, dont les pleurs à la vue de son état récent lui ont fendu le cœur. Il pense à Briar-Rose, sa filleule, qu’il pourra enfin étreindre sans craindre l’instant fatidique où ses bras lâcheront et menaceront de livrer le frêle bambin à une chute fatale. Il pense aux inquiétudes de Nyssandra, qu'il aurait voulu avoir la force d'apaiser. Il pense à toute son existence qui jusque-là, s’écroulait autour de lui sans qu’il ne puisse atténuer les dégâts ; à la crainte de se retrouver enchaîné, condamné pour les accusations pesant sur lui, sans avoir pu se défendre. Il y pense et un rire brodé de délice se précipite à coupe de ses lèvres alors que ses mains caressent avec délicatesse les mèches de feu d’une Beatrix tordue par la douleur. « Fais quelque chose », supplie-t-elle, à bout, alors qu’il se contente de murmurer de nouveaux remerciements, telle une litanie. De ses yeux qui se révulsent à ses lèvres rougies d’avoir été trop mordues dans l’espoir vain d’atténuer le mal qui la torture, elle incarne les mois de tourmente qu’il a subis et une curiosité malsaine le pousse à l’attirer contre lui. « Chuuut… ne bouge pas. » Mais elle ne peut rester immobile. Pas alors que la malédiction qu’elle a commis l’erreur de puiser en lui s’installe au creux de ses membres à elle ; cette fois, il parvient à écarter les pans de son vêtement et devant lui se dévoile un amas de chairs déchiquetées. Similaires aux stigmates qu’il a portées : l’épiderme rougi directement autour d’une entaille profonde et tout autour, un cercle de peau bleui, comme désoxygéné et soumis à la putréfaction ; les veines saillantes pulsant de façon visible, les muscles se contractant à un rythme irrégulier.

Elle commet l’erreur de regarder à son tour et le cri que la vision arrache à sa gorge nouée explose au tympan de Draco, qui se met enfin en action. Mais l’accumulation semble venir à bout de ses nerfs et faire basculer sa raison ; ou peut-être comprend-elle à quel point Draco ne sait que la détruire. Peut-être sent-elle qu’il est sur le point de l’abandonner, de la livrer à d’autres mains, pour subir seule le sort auquel elle l’a maladroitement arraché un instant plus tôt. Elle se débat avec tout ce qu’elle détient d’énergie, criant à s’en arracher les poumons, tandis qu’il s’efforce de la contenir tout en la trainant hors du laboratoire. « Ferme-la », s’impatiente-t-il en tentant d’atteindre sa baguette d’une main, l’autre encore enroulée autour du corps qui convulse contre lui. Trop tard – la porte de la chambre occupée par les deux enfants dont il a la responsabilité s’entrouvre sur la silhouette de Scorpius. Son regard est terrifié tandis qu’il observe la scène et en arrière-plan, du fond de son berceau à baldaquins, Briar est en larmes. « Papa… ? » gémit son fils en se tordant les mains, à deux doigts de craquer lui aussi, ayant sans doute entendu l'agitation ayant secoué le laboratoire. « Ne t’en fais pas, tout ira bien maintenant », affirme simplement Draco entre les exclamations stridentes de Beatrix, parvenant finalement à attraper sa baguette et à pointer l’Erable contre la jugulaire palpitante de la jeune femme. Un sort informulé la paralyse. « Qu’est-ce que tu fais… ? » Ils forment un duo effrayant, ces deux étranges adultes ; elle effondrée contre son torse, tous deux maculés du sang dont elle se vide, et Scorpius recule d’un pas, effaré, lorsque Draco tend vers lui une main carmine qui se voulait pourtant apaisante. « Je te jure que tout s’arrangera à partir de maintenant. » Il est agité, trop pressé pour déchiffrer l’effroi dans les yeux écarquillés, voilés ; pour s’apercevoir que son fils est effrayé par lui. « Tipsy ! » Aussitôt que le nom a été formulé, la créature interpelée transplane au sein de l’appartement dans un craquement sonore. « Occupe-toi des enfants. Je serai de retour bientôt. » Le visage de Scorpius a la teinte des cendres et tandis que Draco tourne les talons pour prendre la direction de la cheminée, le garçon se précipite dans sa direction, avant d’être arrêté par l’elfe de maison. « Le jeune maître Scorpius ne doit pas – » « C’est quand, bientôt ? » « Hôpital Sainte-Mangouste », clame Draco d’une voix ferme en jetant une poignée de poudre dans la cheminée, sourd au drame qui se joue derrière lui. Il est encore là, mais déjà ailleurs, l’esprit rugissant de tous les plans qu’il doit, peut mettre en action. « Papa, c’est quand bientôt ? » s’égosille Scorpius tandis que les flammes vertes l’engloutissent. Bientôt comme le retour de maman, qui a pris quatre ans ? Bientôt, comme celui de grand-mère, qui n'a jamais eu lieu ? « Papa ! »


Dernière édition par Draco Malfoy le Dim 1 Nov 2015 - 19:47, édité 4 fois
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Draco Malfoy
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‹ âge : 23 yo (05.06.80).
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14295
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
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Spoiler:

‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
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Acte 2,

Three days before she told me that I don't even try
She's crazy, though, I guess there's something wrong inside
23 OCT. & Dracatrix



   
   
   
« Que s’est-il passé ? » La question fuse aussitôt qu’il foule le sol de Sainte-Mangouste, les bras chargé d’une Beatrix inanimée dont la jambe amochée dégueule une mare de sang sur le carrelage immaculé. Il n’a pas pu lui faire ingérer la décoction supposée atténuer le mal – elle en a interrompu la préparation en arrivant à l’appartement plus tôt que prévu, et le mélange est encore au repos, préservé par le sort de stase. Loin d’être prêt, de fait. Mais il a pris d'autres précautions. Des sortilèges plus nocifs visant à altérer sa mémoire pour éviter qu'elle ne puisse révéler quoi que ce soit pouvant l'incriminer. Il a bouleversé ses pensées, ses souvenirs, les a laissés bordéliques et confus. Et sa rage à elle, ses propres tourments, feront probablement de ce glorieux embrouillamini une cause d'internement. L'esprit est trop aisé à détruire, trop difficile à rebâtir. Des mains étrangères la détachent de son bourreau, prétendu sauveur.

Il ne s’était pas aperçu qu’il l’agrippait si fort. Avec une énergie quelque peu désespéré. Son état, il l’a vécu après tout. C’est comme assister encore et encore au même cauchemar. Mais il n’est pas la victime cette fois – il ne l’est plus, parce qu’elle a commis l’erreur de s’abreuver de son mal. Impulsive qu’elle est, enfant farouche et têtue dans un corps sulfureux, mi femme mi créature. On le presse d’interrogations de base en l’entraînant d’un pas vif à travers les corridors. D’abord jusqu’à un brancard qui, d’un coup de baguette, s’élève au-dessus du sol, flottant pour recueillir la blessée dont on découpe la robe sans façon pour révéler la blessure. La médicomage-urgentiste frissonne : ce n’est pas beau à voir. Et ce n’est pas une simple blessure. Où, quand, comment ? demande-t-elle en substance, commençant à travailler l’hémorragie au corps pour limiter les pertes déjà excessives. Et il y a tellement zones obscures que Draco ne peut dévoiler, que le mensonge coule de ses lèvres sans qu’il ne le retienne. Se bâtit au fur et à mesure que les mots s’égrainent. Il les fixe dans son esprit pour se tenir prêt à les répéter fidèlement si la nécessité s’impose. « Nous étions en mission pour le Magister. En quête des objets dérobés à l’un des musées sorciers. » Une cause noble n’est-ce pas ? Oui, bien sûr. « Mais les voleurs se sont aperçus que nous étions sur leur piste et ont retourné certaines des reliques contre nous. Elle s’est fait ouvrir la jambe par une épée romaine, dont la lame était soit empoisonnée soit maudite. » La bonne réponse est la seconde, mais il n’est pas supposé le savoir, n’est-ce pas ? A travers l’éternel capharnaüm de cette section de l’hôpital, l’urgentiste beugle des indications à des collègues aide-soignant. Elle indique le quatrième étage : pathologie des sortilèges, pour traiter la malédiction qui semble ronger la chair de la patiente telle une gangrène. Draco frémit d’horreur en s’apercevant de combien Eris Burke a limité les dégâts en réagissant immédiatement après qu'il ait été frappé. La jeune femme ajoute précipitamment qu’il est essentiel d’ajouter un guérisseur spécialisé dans les accidents matériels, pour travailler simultanément sur les chairs tranchées en profondeur, réparer les tissus torturés. « Sauriez-vous me décrire l’épée ? » demande-t-elle ensuite en s’adressant à lui cette fois, le front plissé par la concentration. Oh oui, il saurait. Décrire la lame qui lui a pourfendu le mollet, sa largeur, sa courbure. Son manche. « Fil émoussé. Elle lacère à plus d’une reprise, à défaut de pouvoir trancher proprement », explique-t-il d’une voix un peu sèche en repensant à l’objet ensorcelé, compartimentant ses émotions et l’aspect cuisant du souvenir, pour ne se fixer que sur l’accès technique. « Large au niveau du manche, elle s’affine, s’élargit de nouveau à l’avant avec deux entailles de part et d’autre, puis s’achève en pointe. » Dur à expliquer. « Il y a des runes gravées à la base de la lame, mais je n’ai pas eu le temps de les déchiffrer. La partie la plus large est ciselée. Le manche incrusté de pierres. » Elle se tapote la lèvre du bout de l’index. Soupire. « Il nous faudra faire appel à un expert pour identifier l’épée. Ce serait une piste essentielle pour déterminer les dégâts qu’elle est destinée à causer. » Il hésite un instant. Il pourrait se procurer la liste des objets du musée, ceux qu’ils ont eu pour mission de voler. Il pourrait… au moins la consulter, reconnaître l’objet recherché, savoir précisément ce qui a manqué de peu de lui valoir une amputation. Il le fera d’ailleurs, assurément, pour qu’une telle situation ne se reproduise jamais. Mais l’hôpital aseptisé, les râles des malades… atmosphère glauque qu’il se refuse à fréquenter depuis des mois… Et Beatrix. Leur non-relation si compliquée. Son palpitant qui s’enflamme à la seule pensée de la demi-sœur de la jeune femme ; qui s’affole à l’idée qu’elle puisse l’imaginer avec la rouquine et tirer un trait définitif sur lui alors qu’il meurt de…

La reconquérir.

Il ne veut plus de substituts. Il ne veut plus de liens destructeurs, de sexe enragé dépourvu de raison. Ce n'est pas lui, et il ne veut plus de cette perdition. Il veut Susanna, inconditionnellement. Alors il sert les poings et choisit de se retirer. Elle apprendra, bien sûr, l’état de sa sœur… il ne lui révélera jamais la vérité. Peut-être pourra-t-il être l’épaule sur laquelle elle épanchera son inquiétude, elle qui semble s’être tant rapprochée de celle qu’elle a longtemps haïe. Peut-être pourra-t-il être son soutien, son réconfort. Prétendre avoir fait ce qu’il a pu pour éviter le drame. Il se mord la lippe, tiraillé entre un semblant de conscience et cette option alléchante. Et l’égoïsme, de nouveau, l’emporte. Turning into a monster. « Je vous laisse faire, alors », lâche-t-il d’un ton trainant, distant. La médicomage lui retourne un regard étonné. « Vous ne souhaitez pas être informé de l’évolution du cas ? Vous sembliez pourtant… » « Nous étions partenaires et j’ai assisté à la scène », interrompt-il. « J’ai donc rempli mon rôle en l’emmenant ici. Mais nous ne sommes pas particulièrement proches et je ne tiens pas à être tracassé plus longtemps par cette affaire. » Pas particulièrement proches, si l’on occulte le fait qu’il soit apte à réciter son corps les yeux fermés. Il est sec, quelque peu déplaisant. Elle se ferme. Dédaigneuse. « Duly noted. Y a-t-il une famille à prévenir ? » « Je me chargerai de contacter sa sœur. » Foutu opportuniste.

Quelques formalités de plus et le voilà prêt à tourner les talons. Mais avant - « Une dernière chose. » Il s'arrête, jette un coup d’œil par-dessus son épaule. « L'accident l'a laissée confuse et agressive, voire dangereuse. C'est la raison pour laquelle j'ai dû l'immobiliser. » Pour appuyer le fait, il désigne les éraflures dont elle lui a marqué le visage. « Il pourrait être approprié de prévoir des examens pour évaluer un potentiel contrecoup sur son mental et sa magie. » Et il s'est assuré qu'ils en décèleraient un. « Monsieur Malfoy », interrompt-elle cependant en passant derrière le bureau de la secrétaire à l'accueil pour y récupérer une plume et un parchemin vierge.  « Vous nous aideriez si vous acceptiez de dessiner l'arme. Nous ne serions, ainsi, pas obligés de vous recontacter au moment de consulter l'expert. » Soit.


Dernière édition par Draco Malfoy le Dim 1 Nov 2015 - 19:47, édité 2 fois
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Draco Malfoy
Draco Malfoy
‹ inscription : 13/09/2013
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‹ crédits : faust.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; calixe davis w/ audreyana michelle ; uc w/ uc ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook ; jelena kuodzevikiute w/ ariana grande.

‹ âge : 23 yo (05.06.80).
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14295
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
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Spoiler:

‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
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Acte 3,

Close my eyes and then cross my arms
23 OCT. & Drastia



   
   
   
On lui a lavé les mains avec soin, bien sûr, des fois que les particules magiques présentes dans l’hémoglobine dont il était couvert aient été infectées, polluées par la magie de l’épée. Il n’a rien révélé, non. Quant au fait qu’il a déjà été soumis à un contact bien plus étroit. Il a à présent une plume au creux de la paume, assis le dos raide sur une chaise inconfortable de la salle d’attente, chargé de tracer sur le papier les lignes caractéristiques de l’épée maudite. Alors qu’il esquisse les dernières courbes, quelque chose le chiffonne. Il plisse le nez, agacé. Chasse du dos de la main ce qui le titille. C’est petit, ça bourdonne légèrement dans l’espace bruyant des urgences, ça l’agace. Il quitte le croquis des yeux, cherchant la source de ses tracas, ne tarde pas à la trouver – c’est un origami. Un minuscule oiseau, qu’il connait bien : marque de fabrique d’Hestia. Raven. Le faux corbeau se retrouve emprisonné entre son pouce et son index, et il le défroisse, cherchant le message. Il n’y en a pas : le pliage a été fait dans un formulaire déclarant un décès ; Draco secoue la tête de droite à gauche, guère surpris pourtant par l’irrévérence de sa cousine. Il ne tarde pas à la remarquer à travers la flopée de malades et de membres du personnel qui pullulent dans la pièce : elle se tient à quelques pas de l’entrée de la Chambre Mortuaire, dont elle s’éloigne une fois certaine d’avoir été localisée. Comprenant ce qu’elle attend, le blond s’extirpe de son siège – il y’a un élancement au niveau de son membre inférieur, rappel fantomatique de la blessure qui lui rongeait l’épiderme quelques heures auparavant – et laisse au passage le croquis sur le bureau de la secrétaire. La plume, quant à elle, est glissée dans sa poche ; non qu’elle vaille grand-chose en termes monétaires, mais elle est comme une relique de cette soirée marquante, et il brûle de la dérober depuis l’instant où on l’a lui a glissée entre les phalanges.

Il retrouve sa cousine à l’extérieur, du côté de la cours donnant sur le monde sorcier. L’entrée moldue est nettement plus surveillée, soumise à restrictions ; les employés l’évitent, de peur d’être soupçonnés de tenter de rejoindre quelque dissident pour fournir des soins à ces ennemis du gouvernement. « Tu as l’air d’aller mieux », lance-t-elle, tête inclinée pour mieux le dévisager. Une lueur de compréhension traverse son regard d’ambre. « Merlin aurait-il sacrifié une victime sur l’autel de tes projets ? » « C’est bien possible », sourit-il en jetant un coup d’œil derrière lui, pour s’assurer que personne ne s’approche. « Comment va notre… sujet ? » Elle lui adresse un sourire étrange qui lui laisse comprendre qu’il s’agit précisément de la raison pour laquelle elle l’a entraîné à l’extérieur. « Exactement comme prévu. » Dans un état végétatif induit par les potions illégalement fournies par le guérisseur Rosier, donc. « Le peu de famille qu’il lui reste a perdu tout espoir de le voir se réveiller, le gouvernement ne compte plus sur un témoignage de sa part. La suite ne dépend que de toi, tout est prêt. » Elle a un air déterminé – les traits gravés par une indéfectible loyauté et une soif de mettre à exécution le plan visant à offrir une porte de sortie à une prisonnière vers laquelle vont leurs pensées.

« Quand ? » Quand estime-t-elle possible de passer à l’action ? « Immédiatement, s’il le faut. » Il s’humecte la lippe, teste sa jambe en un mouvement instinctif. Immédiatement, ça semblerait précipité s’ils ne mâchaient et remâchaient les différentes étapes depuis des semaines, des mois, des lustres. Depuis juillet dernier. Immédiatement, ça semblerait bâclé si Hestia ne s’était tenue prête à l’avance, comme elle est si apte à le faire dans toute sa clairvoyance, n’attendant qu’un signal pour tout enclencher. Il n’y a pas à réfléchir, en réalité, et Draco sent enfler en lui quelque chose d’intense et de palpitant à l’instant où il hoche la tête. Elle jubile. Tire de sa blouse de médicomage une flasque et un pass falsifié qu’elle glisse dans la poche de la robe de Draco. « Je me charge de prévenir Rosier », indique-t-elle en faisant adroitement tourner sa baguette entre ses doigts, « et d’écarter ton double de la circulation. » Sur ces mots elle s’éclipse, le laissant libre de se masquer sous un sortilège de Désillusion pour se glisser dans le local réservé au personnel, qu’elle a discrètement déverrouillé à son intention.

Sortilège de vérification à l’entrée – la pièce est bien déserte et il la ferme correctement derrière lui pour éviter une intrusion. Devant lui s’étire une succession de casiers et il ne tarde pas à identifier celui qu’il cherche. Archie Moroz, indique une étiquette rédigée main. La porte de métal s’ouvre au contact du pass ; à l’intérieur, une blouse de rechange qu’il enfile avant d’avaler le polynectar remis par Hestia. Ça coule entre ses lèvres comme de la vase épaisse, le goût désagréable lui soulève le cœur. Mais pas plus que l’effet de la substance qui boue sous sa peau, court le long de la toile de veines en remodelant ossature et tissus jusqu’à le défigurer, le réformer. Lorsque l’effet atteint son paroxysme, il est un autre. Il est Archibald, aide-soignant, dont le véritable corps est probablement assommé quelque part à un autre étage.

Il accroche son pass à la blouse, quitte le local. Traverse le rez-de-chaussée bondé d’un pas assuré, salue d’un hochement de tête avenant ceux qui l’abordent en chemin, s’engouffre dans un ascenseur à l’instant où sa baguette – liée à celle d’Hestia pour donner le change, à défaut de l’être aux sorts de l’hôpital – vibre et s’agite, traçant un petit nuage de fumée dans lequel se découpe son affectation immédiate : Code bleu, 412. Suivant le langage médicomagique : le patient de la 412 est victime d’un arrêt cardiaque. Suivant leurs projets, la victime a été placée par son guérisseur sous Philtre de Mort Vivante.

Le quatrième étage est rapidement atteint, Draco se presse de faire léviter l’un des brancards entreposés dans le couloir et de rejoindre la chambre. Le gros du travail ne lui incombe pas, sa part a été faite durant les mois écoulés : il a graissé la patte de Rosier pour bénéficier de sa collaboration et son silence. C’est donc sans surprise qu’il trouve l’homme penché au-dessus du corps à l’instant où il y rentre. Autour, des infirmières s’agitent. Ultimes tentatives de réanimation, les sortilèges d’usage fusent, des fioles de potions vidées sont encore débouchées sur le chariot qui traîne à côté du lit. Mais Rosier se redresse, secoue la tête. « Heure du décès, minuit quarante-trois. Vous – » Il tend une main vers Draco-Moroz sans lui adresser un regard, occupé à parapher le parchemin sur lequel il vient d’inscrire l’heure fatidique. « Chargez-vous de la préparation et du transfert du corps à la chambre mortuaire pour les dernières vérifications. » C’est un cas particulier en effet, et il est prévu que la morgue s’assure que la mort soit belle et bien naturelle.

Draco s’exécute, affublé sans surprise d’un collègue, et se retient d’exprimer son écoeurement à l’idée de ce qui l’attend.

Livré à ses « bons » soins et prétendument sans vie, un mangemort : Urquhart Ketteridge, 31 ans, dernier partenaire de Lysander Selwyn. Dernier homme à l’avoir vu vivant, au cours d’une mission ayant tourné au carnage, le 7 juin 2002. Alors que le premier n’a eu aucune chance de survie, celui-ci est parvenu à transplaner en catastrophe, échappant aux mains de ses tortionnaires. Mais au vu de l’état lamentable dans lequel il se trouvait, l’acte de magie lui a presque été fatal. Seul témoin apte à dénoncer les coupables, soumis à pléthore de soins visant à le remettre en état afin d’obtenir des détails sur le drame, il aurait sans doute repris tôt ou tard le cours de sa vie si Draco n’avait reçu une visite de Lucrezia après que l’éveil prochain de l’homme n’ait été annoncé par la Gazette. Elle avait participé à l’agression, elle, la traîtresse dont il s’acharnait à couvrir les actes. Ce face à face a été leur dernier. Empêtré jusqu’au cou dans les mensonges déjà proférés pour elle, Draco s’est engagé à étouffer la menace afin d’éviter que la vérité n’explose ; mais c’est son ultime geste en faveur de miss Rowle et désormais, il n’existe plus entre eux que les relents acides d’une amitié qui fut mais ne sera plus.

Tandis qu’il dévêt le corps inerte de Ketteridge, le mangemort fixe ses pensées sur le second intérêt trouvé au plan. Sans doute le seul qui l’ait poussé à persister, tout compte fait : il n’est plus question d’achever le blessé pour l’empêcher de parler. Non, c’est un vol, une manipulation. Un pantin dont les membres seront remis en fonction, l’esprit retourné, bouleversé, torturé. Trafiqué jusqu’à se méprendre sur sa propre identité, se croire femme et mère, et prisonnière : s’identifier à Narcissa Malfoy. C’est une usurpation et bientôt, le substitut achèvera son trépas terrible sous la baguette du Magister, tandis que la véritable victime échappera aux barreaux de sa cage au terme d’un an de captivité.

C’est tout ce qu’il faut à Draco de motivation pour procéder, réitérant les gestes montrés au préalable par Hestia. Ôter les derniers bijoux – une alliance récalcitrante qu’il scie d’un sort, net et précis, et une chaîne au bout de laquelle un pendentif à l’effigie de Merlin a gravé ses reliefs dans la peau blême du prétendu défunt. Reste à ôter le matériel ; d’un sort, la sonde urinaire et les perfusions de potions sont décrochées. Les pansements et bandages, déroulés. Bassine d’eau, savon, et gant à l’appui, le binôme entame une toilette complète et s’assure qu’aucune marque de sortilège ou d’aiguille ne laisse croire à une exécution. Draco a pris soin pour sa part de se proposer (fermement) pour s’occuper de la perfusion – dos à l’autre, il prétend effectuer les vérifications alors même qu’il fait plutôt disparaître le contenu qui, sous l’effet du Philtre de Mort, vire à une teinte bleutée douteuse, révélatrice ; note sur le parchemin qu’aucune anomalie n’est à signaler, complète une série de données dont il ne comprend pas un traitre mot. Il se contente de recopier les termes indiqués par sa cousine. La poche est nettoyée avec soin, stérilisée. Plus aucune trace du méfait, de son côté. Quant aux résultats des examens internes, Hestia se chargera de les falsifier.

Il signe, ferme le dossier, retourne à sa besogne. L’autre s’est chargé de la réfection des pansements, il n’y a plus qu’à placer un change complet à usage unique au niveau des parties génitales pour éviter les fuites (il est écœuré).

Le tout s’est effectué dans un silence concentré, et le soulagement d’être si proche de la fin dénoue les épaules de Draco tandis qu’il désactive discrètement, comme prévu, des sorts placés au fur et à mesure par son partenaire – tout ce qui risque de provoquer des séquelles et d’altérer le corps. Il doit agir vite : Ketteridge a été soumis par les soins de Rosier à tant de potions supposées dégrader ses fonctions vitales et laisser penser à une mort proche qu’il doit être assisté par des sorts le temps que cessent les effets. Sans oxygénation, son cerveau risque des dommages pouvant compromettre l’ensemble du plan. « Je l’emmène au premier. » Sous-entendu : tu te charges seul de remettre la chambre en ordre. Bien sûr, les protestations ne tardent pas à fuser cette fois, mais Draco n’attend pas, n’écoute pas. Il fait léviter le corps sur le brancard, quitte la pièce d’un pas calme qui accélère une fois qu’il débouche hors du champ de vision de potentiels curieux.

Hestia est là. Il la suit dans la salle qu’elle lui indique, prête à replacer les sorts d’assistance avant le transfert à la chambre mortuaire. « L’épouse a été prévenue, elle est déjà sur place. Une fois qu’elle aura constaté le décès et signé les décharges, tu pourras embarquer le corps. Le cercueil sera comblé pour donner le change le temps de l’enterrement, elle n’y verra que du feu. » Il se contente de la regarder faire, n’ayant aucunement les compétences requises pour ce niveau de médicomagie, puis lui accorde quelques minutes pour atteindre la morgue avant lui.

Le reste n’est que formalité. Elle note l’arrivée – prétend qu’elle a eu lieu une dizaine de minutes plus tôt pour cacher le temps de battement impliqué par la manipulation du corps. En quittant l’atelier macabre, Draco croise sans ciller le chemin et le regard de l’épouse. Blafarde, bouleversée, défaite. Droite pourtant, prête à affronter l’épreuve à laquelle il a contribué à la confronter. Il compartimente. Il n’y a pas la place pour des remords et quand elle tournera le dos, c’est sans hésitation qu’il la dépouillera de l’être qu’elle a aimé. Il est prêt à tout pour sa mère. A se salir les mains, à provoquer la perte d’un homme. A tout. Tout.
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