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sujet; « ecchymoses » † eshmé |
| Anezerys-Jane Eshmé Sternberg feat lana del rey • crédit ladyfame | ❝ We're running in circles again ❞HUNTED ; INVENTÉ☇ pseudo complet & surnom(s) ; Anezerys, une fantaisie de sa génitrice, une douceur amère d’une vie sans mère pour l’aider, l’aimer. Anezerys c’est un peu quelque chose qui fait mal, qui la meurtrie, qui la détruit. Il lui brûle les lèvres et la langue à chaque fois qu’elle tente de le prononcer, d’y penser, à ce souvenir qui la raccroche à cette femme qui l’a tant détesté, qui fut si absente. Il râpe sur son palet comme une écorchure involontaire, qui la gêne pourtant. Personne ne l’appelle comme ça, pas même Cillian. Jane, parce que dans sa vie antérieure, c’est ainsi qu’on l’a appelé, pour un peu d’austérité et de prestance. Pourtant, elle ne l’utilise jamais, il est futile, inexistant. Mais il est là, et elle ne l’utilise pas. Elle s’en rappelle seulement grâce à Beltane qu’il subsiste. Eshmé, son père voulait un prénom brut, digne de son rang, de sa fille, de ses véritables origines. Eshmé, c’est la témérité et l’envie de s’effacer, mais aussi de s’affirmer et d’être aussi froide qu’un pâle matin d’hiver. Elle l’assume, elle le porte avec fierté, parce que c’est comme ça qu’elle sait qu’on la respecte, quand on a du mal à le prononcer. Cillian est le seul à lui faire aimer ce prénom, à lui susurrer avec tellement de fascination qu’elle en frémit, qu’elle en tremble de tout son être. Et Sternberg, son nom de jeune fille, parce qu’elle veut le fuir, lui, le père de son enfant, l’amant de ses nuits d’insomnie, l’homme de sa chienne de vie, la némésis d’un chassé-croisé avec le destin. Foutu karma. Les Sternberg sont tombés en disgrâce lorsqu’elle a changé de camp ; quand elle a renié ses obligations et son devoir de représentante en temps que dernière de sa lignée. Même si, ses origines ne sont que purs mensonges éhontés. Ginger bitch, c’est ainsi que Cillian la surnommait à Poudlard et qu’il continue toujours durant leurs disputes enflammées. Eshmé ne peut s’empêcher de sourire chaque fois qu’elle l’entend le proférer avec tant de hargne, tellement ce surnom n’a cessé de rendre leur relation passionnée, mais tout aussi chaotique. ☇ naissance ; un treize août 1976, dans une ruelle sombre de Glasgow, sous une pluie torrentielle. Elle a été vendue en pâtures à des étrangers, pour quelques minables gallions. Même si elle est de sang-pur, il n’en reste pas moins que ses véritables géniteurs n’avaient pas un seul sou en poche pour l’élever. Ils ont vendu leur âme au Diable pour qu’elle puisse avoir un avenir, lui laissant pourtant une malédiction ancrée dans sa chair. Elle entend pourtant une voix lointaine, familière ; le son de la pluie qui s’écrase au sol comme une douce mélodie. Elle n’avait pas pleuré, ni scié. Elle était restée de marbre en ouvrant les yeux sur un monde qui ne voulait pas d’elle, là où elle n’avait pas sa place. ☇ ascendance; pure, incontestablement, même si ses origines semblent sujettes au doute. On ne sait rien de son passé, hormis depuis son entrée à Poudlard. Le reste est nébuleux, flou et semble figer dans un froid imperméable. On murmure que seul son ‘’ mari ‘’ connaîtrait la vérité, aussi immonde soit-elle et qu’il l’aurait accepté, par amour. Ou par folie. ☇ métier ; avant d'être une insurgée, elle était violoniste. Son père voulait qu'elle joue d'un instrument, d'un objet qui puisse la transcender au point qu'elle enchante le monde. Il l'avait inscrite dans une école d'art pour les vacances d'été, même si à Poudlard, elle s'y entraînait également durant ses moments d'accalmie. Elle s'exprimait à travers les cordes vibrantes de l'intermédiaire, celui qui parlait à sa place. Quand Eshmé a commencé à devenir une professionnelle, elle a décidé de monter une barre un peu plus haute et de faire du violoncelle. C'est ainsi qu'elle se produisait sur scène. Et les comptines qu'elle fredonnait avec lui manque à sa mémoire et ses souvenirs. En dehors de son fils, un violon doit être la seule chose qu'elle ait prise avec elle en cavale. ☇ camp ; Eshmé était neutre. Tout ce qu'il y avait de plus neutre au monde avant de changer de camp et de faire parti bien malgré elle de la rébellion. Les guerres, les batailles, sont pour elle une perte de temps considérable. Pourtant, depuis que son fils est né, elle se demande s'il est judicieux de le laisser grandir dans un monde aussi chaotique que celui dont elle foule le sol. Alors, peut-être que de cette façon, elle commencera à prendre conscience qu'il faut qu'elle fasse quelque chose pour lui. Et son avenir. ☇ réputation ; beauté glacée, chevelure de feu, une main de fer dans un gant de velours. Eshmé n’a jamais tenu compte des quolibets dont elle fut longtemps la victime. À Poudlard, on la surnommait la Reine des Glaces, car elle était incapable d’exprimer le moindre (res)sentiment ; ainsi que de garce manipulatrice, ayant déclenché de nombreuses bagarres juste pour son joli minois. Pourtant, elle était chasse gardée de Cillian, mais il faut croire que ça faisait jaser et que ça déliait des langues. Adulte, elle n’échappe pas à la règle d’une société sorcière toujours en parfaite hypocrisie avec le reste du monde ; de ces sourires en coups de poignard et que l'on assène par intérêt. Eshmé souriait, car la bienséance le demandait. Elle pouffait – avec une atroce conviction feinte – aux blagues vaseuses des hommes importants durant les banquets. Désormais en cavale, on la croit folle, schizophrène, rongée par une sanglante envie de vengeance et qu’elle finira sûrement au bout de la corde qu’elle aura elle-même ficelée. ☇ état civil ; sur le papier, elle est mariée, il parait. Désormais, elle se fait passer pour une célibataire en cavale préférant l’anonymat pour ne pas qu’on la retrouve. Pour ne pas qu’il la retrouve. Elle le fuit comme un cauchemar vivant qui l’oblige à courir, toujours plus ; à en perdre haleine. Il est une ombre qui l’encercle et qui l’étouffe lentement dans un étau qui se referme sur elle, qui l’écrase à chaque qu’elle ferme les yeux pour tenter de l’oublier. Il est son croquemitaine, et pourtant, elle n’arrive pas à le haïr et à le détester. Elle se sent attirer vers lui, de manière irrépressible, un besoin compulsif à assouvir pour ne pas se sentir morte, comme une coquille vide. ☇ rang social ; c’était une insurgée, une pacifiste – neutre, n'étant pour aucun camp précis – malgré la tempête qui faisait rage en elle, cette colère dévastatrice qui lui donnait envie de tout détruire. Mais il y a eu Beltane, la découverte de son histoire toute tracée avec Cillian et ça ne lui a pas forcément plu. Alors elle a préféré fuir avec son enfant, devenant une hunted pour leur échapper, à tous. Y compris lui. Surtout lui. Pour éviter que tout ne recommence. ☇ baguette ; sa baguette est en bois de ronce, elle mesure 26.6 cm et renferme une larme de Banshee. Eshmé a toujours eu du mal à la manier, tant par le côté capricieux des propriétés du bois en quoi elle est faite que par l'esprit torturé de la Banshee dont provient la larme en son sein. Il lui arrive de ressentir une douleur dans son bras, comme s'il était ankylosé et d'y voir ses veines devenir par moment tant la puissance que cela lui demande est bien trop grande. ☇ épouvantard ; perdre son enfant, son fils, la chair de sa chair. Cette idée lui glace le sang et la tétanise. Elle craint qu’un jour on ne lui enlève, qu’on le lui arrache à ses bras et pourtant, elle sait intimement que cela finira par arriver, qu’elle le veuille ou non. Mais en attendant, elle continuera de se battre pour lui, pour faire en sorte que chacune de ses respirations ne soit pas la dernière et qu’elle soit la raison de son existence. ☇ risèd ; elle rêve d’un espace rempli d’eau, si vaste qu’elle ne peut en voir les limites. Elle veut s’y noyer, puis revenir à la vie, voir les pluies diluviennes s’abattre sur elle. Elle rêve d’affronter le feu, tellement sa peau sera glacée et d’y fondre comme neige au soleil, pour redevenir de la cendre, une fois que son corps aura fini par se consumer. Puis de renaître, tel le phœnix. ☇ patronus ; il prend la forme d'un border collie, dans la force de l'âge. Il est d'une hargne sans borne, comme elle et repose sur sa faculté à s'être attachée inconsciemment à un mirage. Eshmé l'a appelé Owkie, comme si c'était un animal de compagnie, mais elle a tissé une relation plus ou moins fraternelle avec cette chimère qui la protège dès qu'elle en a besoin. ☇ particularités ; Eshmé est une animagus qui prend la forme d'une louve arctique blanche, d'un blanc aussi immaculé que la neige. Lorsqu'elle a découvert que l'on pouvait se transformer, elle a de suite compris la dualité qui sommeillait dans son esprit. Entre la Eshmé douce et discrète que tout le monde voit, et celle colérique qu'elle tente de refouler. S'être entraînée ne fut pas une mince affaire, mais elle n'a pas lâché prise. Elle en avait besoin, pour équilibrer cette tempête qui faisait rage en elle. ☇ animaux ; elle en avait, mais elle a réussi à se défaire de tout bien matériel pour pouvoir être plus libre de ses gestes. ☇ miroir ; elle n'en a pas.
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☇ Avis sur la situation actuelle ; Elle n'a pas d'avis, c'est une suiveuse, elle n'a pas le choix. Eshmé est d'une passivité aberrante, le sort des autres l'a toujours que très peu importé. Elle vit dans une bulle calfeutrée, où tout ce qui compte est la survie ; sa propre survie et celle de son enfant. Elle pense ne pas avoir sa place ici-bas ; il y a un profond malaise en elle, grandissant. Un vide, incommensurable qui la transperce et l'étouffe. Le système en place cependant, la répugne. La condition des anciens Rebuts étaient pour elle un calvaire, une ignominie de l’espèce humaine. Leur condition n’avait rien d’enviable, mais Eshmé en a rencontré certains chez les Insurgés et se bat en vérité pour la liberté. Sans doute la sienne, inconsciemment. Pour celle des autres, peut-être. Mais pour un besoin de s’enfuir, loin. De toute façon – et elle le sait, elle ne retrouvera jamais son statut et elle ne le reprendrait pour rien au monde. Les Sternberg sont morts avec elle. Qu’ils le restent.
☇ Infos complémentaires ; Eshmé est violoniste – et violoncelliste, de profession. Elle a appris très tôt à en faire et elle a décidé de ne pas être l’une de ces femmes de la haute société à ne savoir que faire de ses dix doigts. • elle a un tic insupportable qu’elle fait à chaque fois qu’elle est nerveuse ou qu’elle va commencer à jouer de son instrument préféré, se craquer les doigts, tout le temps. D’ailleurs, elle adore faire craquer chaque os de son corps dont elle est capable, ça la détend. Même si cela met franchement mal à l’aise. • depuis Beltane, elle sait qu’elle a eu une vie antérieure avec celle de Cillian. Elle sait qu’elle en est morte en mettant au monde leur enfant alors qu’ils étaient pourchassés. Elle a décidé de le fuir après cet évènement pour ne pas que ça se reproduise. • elle a d’ailleurs tenté d’avorter. Elle n’en voulait pas, elle avait peur de refaire la même erreur, alors il était préférable de tuer l’enfant qui grandissait en elle. Mais elle a échoué et elle a pris ça pour un signe fataliste du destin. Elle va le protéger, coûte que coûte. Elle possède une cicatrice sur le ventre suite à cet avortement raté. Elle est visible, Eshmé la cache du mieux qu’elle le peut pour ne pas qu’il le sache. • elle a les yeux vairons, depuis qu’elle a l’âge de trois ans. Cela fait parfois peur lorsqu’elle regarde droit dans les yeux de quelqu’un durant une discussion, mais c’est une particularité qu’elle tient de sa mère. De sa vraie mère. • Eshmé est taciturne. Elle parle rarement, du moins, quand elle le fait, elle sait de suite faire passer l'idée et elle est plus du genre à observer pour analyser ce qui l’entoure. Elle est fine stratège et son psyché est un labyrinthe dont le mécanisme est assez difficile à décoder. Son père était un excellent legilimens et occlumens ; il a renforcé les barrières de son esprit pour ne pas qu’elle succombe si un jour elle parait faible et esseulée. • Elle est d'origine suédoise, à la base. Ses parents biologiques ont migré en Angleterre à la recherche d'un Eldorado et ont fini par la vendre à de riche sang-purs pour lui épargner une vie de misère. Ils étaient eux-mêmes également de sang-purs, mais parfois, ça ne fait pas tout, il faut croire. • Elle s'est toujours sentie en décalage avec le monde qui l'entoure. Elle souffre d'une certaine forme de bipolarité qui scinde son caractère en deux parties bien distinctes. Eshmé fait souvent des crises violentes, à l'abri des regards indiscrets, même ceux de son mari. À Poudlard, elle s'enfermait souvent dans son dortoir pour ne pas craquer face aux autres. Elle devait garder cette image si parfaite de la fille manipulatrice et froide. • Eshmé a fait un déni de grossesse. Elle ignorait qu'elle était enceinte, mais c'est Beltane qui le lui a révélé. La douleur et le poison de la trahison furent tels qu'elle a préféré fuir, s'en aller pour espérer lui échapper. Mais on ne peut fuir un lien aussi fort que celui qui les unie. • pour passer inaperçue durant sa cavale, Eshmé s'est teinte en blonde. Sa chevelure rousse et flamboyante était bien trop reconnaissable dans la foule, alors elle a préféré une couleur qu'elle déteste et qui ne pourrait pas la trahir. • elle a un frère, dont elle ignore l'existence. Elle sait qu'il est né avant elle de ces parents qui l'ont abandonné. Elle tente de le retrouver durant sa cavale pour savoir qui étaient ses parents et à quoi ils ressembleraient. Eshmé cherche des réponses à ses questions ; des interrogations qu'elle cherche absolument à connaître. ❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRLAppelez-moi nemy, nemyche, nemylove, traumfanger, lucius, lucia, licorne (tellement de surnoms oh nardine ). J'ai vingt cinq ans et demi passés, je viens de corse, l'île paumée là, dans la méditerrannée, sisi et j'ai connu le forum via depuis le début de sa construction #noshame. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 7 jours sur 7. Je veux bénéficier de l'aide d'un parrain ou d'une marraine : [] oui / [ XXX ] non. Pour les scénarii uniquement : j'ai l'aval du créateur concernant ma fiche [] oui / [] non. Un dernier mot ? J'aime ce forum, ces gens, ces fifous, j'vous jure, ils sont tous trop tarés ici puis cassdédi à mon p'tit Colibri, parce que sans elle, ce personnage n'existerait pas. Du UV, mon p'tit love de mon cœur
Dernière édition par A-J. Eshmé Sternberg le Mer 14 Oct 2015 - 14:42, édité 12 fois |
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| Prelude of insanity but innocence is gone and what was right is wrong ❝ blood curse in the flesh, devilish child in the death ❞birth • 1976 && Glasgow Eshmé se souvenait des pluies diluviennes, du bruit de ces éclats de perles qui s’écrasaient sur le sol, de ce cri strident qui lui avait irradié le tympan et de son prénom. Elle se souvenait d’une chevelure de feu, auburn, noyée dans l’océan et avalée par les ténèbres de la nuit. Elle se souvient des suppliques en langue étrangère, de ce déchirement dans le palpitant, de l’avoir ressenti à chaque battement. Elle se souvenait de la brutalité des gestes, de ne pas avoir bronché, d’avoir fermé les yeux, par réflexe. Eshmé se souvenait de l’odeur âcre de la terre mélangée à la pluie, de ce parfum nauséabond d’ordures ménagères. Elle se souvenait d’avoir été balloté, brusquement de bras à d’autres, de ne pas avoir eu le choix, parce qu’elle n’était pas encore apte à le faire. Elle se souvenait de la pleine Lune, là-haut dans le ciel, recouverte partiellement de nuage, des escaliers rouillés qui la surplombaient et des briques d’un bâtiment à l’abandon. Elle se souvenait de ce liquide carmin, à la sensation épaisse sur la peau, de cette douleur d’avoir déchiré des entrailles bien malgré elle. Elle se souvenait du froid, glacial et imperméable surprenant pour cette nuit d’été. Oui, Eshmé se souvenait de tout, dans les moindres détails chaque fois qu’elle s’endormait. Mais Eshmé ignorait réellement pourquoi elle les revoyait si souvent en rêve. Souvent, elle tentait de comprendre, de saisir les bribes d’images une à une. De les poser comme des photos jaunies d’une vie volée. Eshmé ignore qu’elle a été vendue comme un vulgaire objet d’une collection médiocre par ses propres géniteurs. Elle ignore que sa mère l’aimait, pourtant, si fort de l’avoir porté en son sein durant neuf mois mais que la misère, elle, ne lui avait pas laissé le choix. Elle ignore que son père n’avait eu aucun scrupule à la donner, sans vergogne pour quelques minables gallions pour se payer un luxe illusoire d’une nuit amère. Elle ignore l’amertume d’une mère qui doit abandonner son enfant à des étrangers qui ne pourront jamais l’aimer comme de vrais parents. Elle ignore ce que c’est de manquer à quelqu’un, de croire en ses rêves et de pleurer pour des futilités. Oui, Eshmé ne connaissait rien du monde. Mais elle était comme coincée entre deux dimensions, à attendre que quelque chose se passe dans son existence. Quelque chose qui la ranimerait parmi les vivants. ———————— ͼҨͽ ————————Les soirs de pleine lune était pour elle un calvaire. Encore plus lorsqu’il s’agissait d’un orage. Bébé, Eshmé ne supportait plus le son des fracas des gouttes d’eau contre les vitres ; résonnant dans toute sa chambre. Dans cette pièce, seule et apeurée, elle espérait inconsciemment que les bras rassurants d’une mère viennent la réconforter. Mais ses bras ballants et rassurants n’étaient jamais venus dans la pénombre de sa chambre. Enfant désirée, pourtant tellement rejetée, elle devait composer avec un avenir incertain qui ne lui appartenait pas. Elle vivait calfeutrée, dans un monde rempli de regrets et de colère ; de soubresauts imprévisibles et de cris stridents pour des appels au secours. Mais on ne l’entendait pas. On ignorait son existence. Même dans ce manoir immense, autrefois emplit d’amour et de promesses éternelles. Mais les promesses, elles sont toujours faites pour être brisées, anéanties par une confiance aveugle et désespérée. Eshmé ne savait pas combien une volonté pouvait être cassée, impossible à réparer. Elle ne pouvait comprendre à quel point l’être humain était si peu docile, mais pourtant si malléable. Elle est née dans un monde de vices et de paraître qu’elle ne peut comprendre. Trop petite, trop chétive. Trop peu confiante. Mais au final, c’est ce qui va la perdre ; ce qui va l’anéantir. Croire que le monde est profond mauvais en oubliant les quelques lueurs de lumières éparses semer sur son passage, invisible à l’œil nu. ———————— ͼҨͽ ————————« Eshmé ! Attention, tu vas te faire mal. Ça serait dommage de salir la magnifique robe que ton père t’a offerte. » L’absence de ses parents obligeaient parfois à attendre leur attention de manière plus ou moins étranges. Elle voulait juste qu’il la remarque, là, sous leurs yeux, cet enfant si inexpressive, inattendue, tant voulue, mais rejetée avec beaucoup trop de véhémence. Il lui arrivait de tomber, de se moquer de la douleur, même si elle l’aidait parfois à comprendre qu’elle était vivante, parmi les âmes qui déambulaient sur cette Terre. Ces six milliards d’autres semblables à la sienne. C’était une agonie perpétuelle, en constante évolution et en parfaite osmose avec son état d’esprit du moment. « Eshmé, ne t’éloigne pas ! » Qu’elle entend, beaucoup trop loin dans l’horizon. Elle ne se retournera pas, par peur d’y voir le vide dans lequel sa main se resserre parfois. D’y voir la froideur de cette nuit, sa naissance si fatale qu’elle ne peut y couper. C’était un fardeau, si lourd à porter que le silence, que ce mal-être, déjà enfant. Cette sensation étrange de se sentir étrangère à son corps mais de devoir quand même composer avec. Ce reflet dans le miroir n’était plus le sien déjà, depuis trop de temps. Elle finirait par s’y faire, en s’oubliant. ❝ the sound of the silence ❞10 Y.O • 1986 && GLASGOW « Eshmé, mets-y plus de cœur par Merlin ! Allez, aies plus de conviction dans ton poignet, dans tes mains, dans tes doigts. Il faut que tu transpires ce que tu fais, que tu le vives, que tu le ressentes ! » L’enfant baissa la tête, tétanisée. Elle n’arrivait pas à avoir la moindre émotion, ni une once d’envie à en jouer. Mais il lui arrivait parfois de comprendre la mélodie, lorsqu’elle fredonnait dans sa tête cette comptine qu’elle croyait connaître. Eshmé ignorait simplement que c’était le cadeau d’une mère à son enfant, avant de l’abandonner. Et ce chant de sirène, la hantait parfois, dans son sommeil. Comme un bourdonnement au creux de l’oreille. Que l’on pense connaître mais qui nous écorche le bout de la langue en essayant de le retrouver. « Recommence ! Je veux voir dans tes yeux la passion, le désir ! » Elle soupira. Puis elle inspira et expira comme pour prendre son élan. Sa mère, dans l’angle de la pièce, observait la petite se déposséder d’elle-même, à travers le violon, l’instrument de sa future réussite. Eshmé fermait les yeux, pour sentir vibrer chaque note, chaque intonation. Son corps tout entier répondait à l’appel de la musique, du concerto qu’on lui réclamait. Dans sa tête, résonnait la voix étrangère d’une femme qu’elle ne connaissait pas, mais qui chantonnait cette douce comptine. Eshmé ne put qu’éprouver encore plus de rage, de colère et de jouer plus vite, plus fort. Jusqu’à s’en faire saigner les doigts. Mais qu’importait, elle voulait comprendre, aller jusqu’au bout de son psyché qui semblait refuser de lui dire ce qu’il en était. Leda, sa mère – si froide, si distante – était fascinée par la haine qui transpirait des pores de la petite. Fascinée de voir autant de combattivité dans un corps si frêle. Autant de persévérance dans une enfant si chétive. Eshmé pourtant était si discrète, si effacée. Elle ne parlait pas, muette comme une tombe et refusait tout contact avec les autres. Et l’apothéose de son talent demeurait une preuve de son salut. « Satisfait ? » À bout de souffle, elle rouvrit ses yeux, déterminée. Le maître de violon resta stupéfait quelques instants, incapable de prononcer le moindre mot. Mais Leda, qui avait assisté à la scène ne pouvait qu’applaudir l’exploit de sa fille. « Nous t’avons enfin trouvé une utilité jeune fille. Tu m’impressionneras toujours. » L’applaudissement se mourut dans l’air, hypocrite et malsain. « Ton père sera fier de son investissement. » Cette bonne femme était désagréablement hautaine et Eshmé n’éprouvait rien à son égard. C’était sa mère, qu’en dire de plus ? ———————— ͼҨͽ ————————« Jane, il faut que l’on s’en aille, encore un petit effort, je t’en prie. » Elle n’y tenait plus. Son corps refusait de continuer à lutter. Il était déjà trop tard. Sa main sur son ventre, c’était la seule chose qu’elle pouvait encore sauver d’elle-même, ce bébé qui lui tiraillait les entrailles et la poussait à hurler plus que de raison. « On ne s’en sortira pas… pas cette fois… ils veulent notre bébé… je ne peux pas… je n’ai pas la force… jamais je ne pourrais le leur donner. Je t’en supplie Caleb… ne les laisse pas le prendre. » À bout de souffle, elle s’effondra à genoux. Elle venait de perdre les eaux et Jane savait que c’était le moment fatidique pour donner naissance à un être qui ne verrait même pas le jour venir. Ils s’étaient battus pourtant, tous deux, pour éviter qu’une telle chose finisse par arriver. Mais l’ambition était un fardeau bien trop lourd à porter et bien trop dur à supporter. « Non, il faut que tu te battes… Jane, pour l’amour du ciel ne m’abandonne pas. Ne m’abandonnez pas… » Caleb l’aida à s’asseoir contre un arbre, alors que les voix scandaient derrière eux. La chasse aux sorcières, la haine lépreuse et la peur constante n’étaient rien d’autre qu’une humanité à la dérive. Caleb avait tout fait pour ne pas qu’elle subisse les dommages collatéraux de cette vie si belle qu’il avait à lui offrir. Mais la vie, elle, elle en avait décidé autrement. ———————— ͼҨͽ ————————Il manquait toujours quelque chose à son existence. Une saveur, un goût, une émotion. Eshmé était en décalage avec le reste du monde, il lui manquait toujours un coup d’avance. Bien malgré elle, dorénavant, elle ne pouvait rien y faire à cette fatalité qu’elle ne comprenait pas. « Ta mère m’a dit que tu t’en sortais plutôt bien avec ton violon. » Le patriarche ne daignait même pas la regarder. Ses yeux vairons avaient fini par lui faire peur et il craignait que sa fille lui jette le mauvais œil rien qu’en le regardant. Aussi petite était-elle, Eshmé renfermait une immense incompréhension. Un vide, incommensurable de l’absence d’un autre sans doute. Mais elle était encore trop enfantine pour le comprendre. « Mère dit beaucoup de choses qu’elle ne comprend pas. » Alors qu’elle dessinait, en rêvant à un monde imaginaire, la gifle partit. Comme un coup de fouet qui brisait l’air, arrêtant le temps, faisant jaillir une multitude de sentiments. Eshmé n’avait pas bronché, silencieuse. Le regard vitreux et inerte. Elle pensait l’avoir mérité, par pure provocation. « Excuse-toi auprès de ta mère jeune fille. » L’enfant releva la tête et savait la fascination que Leda portait à ses yeux, ses si jolis yeux uniques et difformes. « Cet enfant est d’une rare beauté. Veuillez ne plus la maltraiter de la sorte. Elle est douée et je sens que plus tard… Elle fera des merveilles. » Il soupira, agacé. Alors que sa femme caressait tendrement les cheveux de sa fille. « Tu n’es sans doute pas de moi, mais tu as déjà la volonté des Sternberg qui coule dans tes veines. » Un sourire amusé dessina son visage et la douleur s’était évanouie sur sa pommette. Ses lèvres entrouvertes révélaient deux dents en moins. Elle était imparfaite, un raté et cette imperfection finirait par la tuer.
Dernière édition par A-J. Eshmé Sternberg le Mer 14 Oct 2015 - 1:39, édité 18 fois |
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| of masques and martyrs i rather feel pain than nothing at all ❝ and i was in the darkness, so darkness i became ❞14 Y.O • 1990 && HOGWARTS « Ó Néill, t’as encore foiré la potion ! T’en as pas marre de tout saboter à chaque fois ? » C’était la septième fois cette semaine. La septième fois qu’il était en binôme avec elle – depuis toujours à dire vrai, et ce, depuis leur entrée à Poudlard – et qu’il foirait chacune de ses potions. Ce garçon était d’une maladresse sans équivoque et Eshmé croyait réellement devenir folle à mesure que le temps passait. Il sabotait son travail, pour une quelconque raison qu’elle ignorait – et elle préférait ne pas savoir pour éviter de lui arracher les yeux. « Je t’avais dit une racine de Mandragore. JUSTE UNE. Non, toi tu trouves le moyen d’en mettre trois. » Elle criait, comme toujours, hystérique, supportant mal l’échec. Et elle le regardait, ce benêt, qui lui souriait de ce sourire tellement idiot. « Ça n’est qu’une potion Ginger Bitch. Il faut que tu arrêtes de prendre ça tellement au sérieux. Ça déforme ta peau pâle. » Ginger Bitch… il n’avait de cesse de l’appeler ainsi au moment même où il avait compris qu’elle ne serait jamais aussi ouverte que d’autres filles de l’école. Mais elle, c’était différent. Elle ne cherchait pas quelque chose par intérêt, mais plutôt parce qu’elle voulait réussir. Elle avait tendance à mettre la barre haute, un peu trop, mais elle ne faisait rien à moitié. C’était une bosseuse comme il en existait déjà peu. Elle ne possédait pas l’insouciance de son adolescence, trop froide pour comprendre ce qui l’entourait vraiment. « Je. T’ai. Déjà. Dit. De. Ne. Jamais. Plus. M’appeler. Comme. ÇA ! » Elle perdait patience et c’en était trop. La rage bouillonnait en elle comme un volcan prêt à être en éruption ; de la lave en fusion courrait dans ses veines et brûlait ses tempes tant la colère dominait tout le reste. Elle lui jeta la potion au visage, irritée par tant d’énergie à la prendre pour une sotte plutôt que d’essayer à l’impressionner. « Crétin. » Qu’elle marmonna entre ses lèvres avant de quitter la salle sans même se retourner et sans prendre ses affaires. Elle n’avait pourtant rien d’une Serpentarde, ni l’allure, ni la classe. Eshmé était d’une banalité aberrante, mais elle s’en moquait éperdument. Plaire était devenu si insignifiant qu’elle ne remarquerait même pas quand c’était le cas. ———————— ͼҨͽ ————————« Je suis désolé, qu’il dit, timidement, un peu trop pour être sincère. Je suis désolé d’avoir encore une fois gâchée ta potion. » Elle le darda de ses yeux perçants, comme un félin à l’affût de sa proie. Elle ne broncha pas, impassible poupée de chiffon. Elle soupira, simplement, agacée. Elle avait tellement l’habitude de ses excuses, de ses tentatives vaines pour essayer de l’éblouir, maladroitement. Ça ne l’atteignait pas. Elle rêvait de d’autres horizons, d’autres rivages. Elle voulait comprendre le malaise, le spleen qui habitait en elle. Incompréhensible foutoir qu’était son adolescence. « T’as qu’à t’entraîner. » « À quoi ? » « À les faire ses fichues potions. Et là, sans doute, je te prendrais au sérieux. » Un sourire de défi orna le visage du jeune homme, qui semblait enthousiasmer à l’idée de la faire changer d’avis. C’était un pari risqué, Eshmé était impitoyable, surtout avec elle-même. « Deal. » Qu’il lui assène en lui tendant la main comme pour sceller un pacte ou un serment un peu trop insouciant, le leur. « J’accepte. » À contrecœur. Mais s’il le fallait, ça en valait sans doute la peine. « En échange, je t’apprendrais à t’occuper des animaux. Parce que t’es aussi nulle en soins de créatures magiques que moi en potions. » Elle pouffa de rire, comme une de ces filles qui aimaient jouer des apparences. « Si tu arrêtais de me piquer mes parchemins, j’accepterais sans doute ton deal. Mais comme tu préfères tricher… je ne fais pas de marché avec les tricheurs. » Elle commença à partir, lui tournant le dos. Mais une main la retenait fermement, la tirant brusquement contre un torse. « Tu me voles aussi les miens. Je pense que nous sommes quittes. » Les mots coulaient dans son oreille comme une douce mélopée enchanteresse et elle dut prendre sur elle pour ne pas succomber. Mais elle préférait jouer l’indifférente, fuir, comme elle l’avait toujours fait. Ne jamais s’attacher, ne jamais rien espérer, c’était donner l’occasion d’être détruite. « Quel imbécile… » Eshmé le murmura en secouant la tête avant de disparaître dans les couloirs de l’école, le laissant penaud. Elle se détestait pour le repousser, mais elle n’avait pas le choix. C’était sa seule façon de se battre. Contre eux tous. ———————— ͼҨͽ ————————« La sortie à Pré-au-Lard aura lieu dans deux jours. Veuillez-vous y inscrire au plus vite. » Eshmé savait par avance le nombre de crétins qui lui demanderaient de l’accompagner. Mais elle les ignorait, avec une facilité déconcertante, signant l’autorisation de son côté, sans demander l’avis à qui que ce soit. Mais évidemment, Eshmé ne dérogeait jamais à une tentative subtile d’un certain brun qui ne cessait jamais de venir l’enquiquiner pour une raison obscure. « On devrait y aller ensembles. » Elle releva la tête vers lui, agacée et roula des yeux. « Non. » La réponse devait être claire et limpide, pourtant il ne pouvait s’empêcher d’insister, au plus grand désarroi de la rousse. « Tu pourrais faire un effort juste une fois. » Les efforts ? Elle ne connaissait pas. Elle était bien seule dans son coin, pourquoi fallait-il toujours qu’il vienne troubler son accalmie ? « J’ai envie d’y aller seule, c’est mon droit non je crois ? Oh et puis tu sais quoi ? Va voir ailleurs si j’y suis. » Elle tourna des talons, vivement mais… Elle fut stopper dans son élan par Cillian et sa voix autoritaire qui ne se voulait pourtant pas aussi froide. « J’insiste, car il est stipulé que l’on doit y aller en binôme. Et tu es la seule que j’arrive à peu près à supporter. » Il sous-entendait clairement leurs années où ils passaient le plus clair de leur temps à étudier les potions et autres joies estudiantines. Eshmé se mordit la lèvre et demeura interdite, comme pétrifiée. Quelle idiote. Elle ne pouvait plus y couper et devait accepter sa proposition si elle voulait sortir du château. Elle se retourna et se mit à sa hauteur, lui tendant machinalement le formulaire pour s’y inscrire. « Pour une fois, je n’ai pas le choix. Mais je te préviens, à mes conditions. Essaies de me tripoter et je te brise les doigts. » Cillian signa l’autorisation et la lui rendit. Elle eut pour seule réponse un rire moqueur et un signe de tête vainqueur, avec la désagréable impression de s'être faite avoir. ❝ i can't get over you you left your mark on me ❞16 Y.O • 1992 && HOGWARTS « Que s’est-il passé ? » La voix se fait lointaine, comme un écho difficile à saisir. Eshmé, le regard perdu dans le vide semblait hors de son corps, absente. Encore trop sous le choc de ce qu’elle venait de faire. Pourtant, ça n’était pas des remords qu’elle éprouvait – non, son acte n’était rien d’autre qu’une preuve comme une autre du peu de lucidité qu’elle possédait encore. Elle n’avait pas réfléchi aux conséquences et le regard de mépris de Cillian lui avait glacé le sang. Eshmé ne pouvait que se haïr de ce qu’elle venait de faire. « C’était un accident. » Sèche, impartiale, elle demeurait stoïque, comme si elle se moquait éperdument des raisons de son acte. Elle n’est pas morte, donc ça n’a que peu d’importance qu’elle s’en sorte ou non. « Comment ça un accident ? » Le professeur paraissait sceptique, tant elle était détachée, froide face à ce qu’il venait d’arriver. « Je l’ai vu trébucher sur la traîne de sa robe. Le temps que j’arrive, il était déjà trop tard. » Eshmé feintait le choc, malgré tout, pour ne pas être sanctionnée. Puis une voix familière la tira de ses pensées avant même qu’elle ne comprenne pourquoi il osait intervenir alors que tout était de sa faute. « Elle n’a rien fait. J’étais là. J’ai tout vu. » La surprise sur son visage lui coupa le souffle et le professeur se tourna vers le concerné. « Janaa était votre cavalière non ? » Cillian prit l’air de réfléchir quelques secondes, demeurant interdit. Elle ne pouvait s’empêcher de le trouver si beau, si parfait durant un instant, avant de reprendre ses esprits. « En effet. Mais nous sommes plusieurs élèves à avoir vu ce qu’il s’est passé et Ging… Eshmé n’y est pour rien. » Il mentait. Il savait très bien pourquoi elle l’avait fait et dans quelles circonstances. Elle appréciait le geste cependant, à sa juste valeur. Rien ne l’obligeait à l’aider et pourtant il était là, à la soutenir. « Bien. Ramenez-la dans ses dortoirs. Janaa quant à elle restera à l’infirmerie durant quelques jours. » Eshmé se leva la première et se dirigea vers la sortie, Cillian non loin. Et lorsqu’ils ne furent plus à la vue de certains indiscrets, il la plaqua violemment contre un mur en ayant une prise ferme sur ses bras. « Qu'est-ce qui t'as prit Eshmé ? Tu peux prendre Dickers pour un con mais pas moi. » Elle le regardait, dans les yeux, avec tout l’amour – dont elle ignorait le sens – dont elle était capable. Elle essayait tant bien que mal de le lui faire comprendre, car elle n’arrivait pas à le lui dire ; cela lui écorchait trop le cœur de l’admettre. « Tu m'as dis non Eshmé, pour ce putain de bal, non. Alors pourquoi tu as fait ça, hein ? Pourquoi ? Elle aurait pu mourir par ta putain de faute ! » Il tenta de la secouer pour la faire réagir, mais la seule chose dont elle fut capable, c’était de l’embrasser. Pour qu’il se taise, pour qu’il comprenne, pour qu’il cesse enfin d’ignorer lui aussi l’évidence. C’était des picotements sur leurs pétales de roses si douces, puis humides comme la pluie. C’était étrange et bon à la fois. Elle posa timidement ses mains sur ses épaules, avant que l’une ne se meure dans son cou et dans l’autre dans ses cheveux. Il se colla davantage à elle, la serrant encore plus contre le mur qui les soutenait au-dessus d’un vide invisible. Elle tenta une approche plus lascive, plus entreprenante et l’antre s’ouvra à elle presque instantanément. Sa langue se mêla à la sienne, timidement, avant de s’habituer à sa nouvelle partenaire de jeu. Durant quelques secondes, plus rien n’existait, les bruits devenaient sourds et seuls leurs gémissements rauques résonnaient dans le couloir. Et elle finit par se retirer, provocante et acharnée, à bout de souffle ; mordillant sa lèvre inférieure pour lui montrer sa domination. ———————— ͼҨͽ ————————« Eh les mecs, vous pensez que Cil’ il a passé le cap avec Sternberg ? » « Ils sont tellement collés l’un à l’autre… on dirait qu’ils sont coupés du monde. » « Perso je pense surtout que Sternberg n’est pas si sainte nitouche qu’il n’y parait. » Depuis ce fameux baiser, leur relation faisait forcément jaser. Eshmé était le genre de fille qui n’en tenait pas rigueur, laissant crever les hypocrites dans leur propre ignorance. Mais Cillian, qui adorait avoir une bande et des amis, c’était une toute autre histoire. Elle, elle passait son temps à se pavaner, pour le voir crever de jalousie, pour qu’il lui prouve qu’il tenait à elle. Elle aimait durant les soirées clandestines inter-maisons, se pavaner devant ces idiots qui la dévoraient des yeux. Mais au fond, elle n’en voulait qu’un seul, Cillian. C’était lui dont elle peinait à attirer l’attention, dont le caractère enflammé et parfois distant la tiraillait. En public, ils étaient la plupart du temps comme des enfants, toujours à se chamailler ; ou alors froids, comme ils l’avaient toujours été. S’imposant une certaine pudeur pour éviter que les gens ne parlent et ne médisent sur eux. Et dans l’intimité, c’était un volcan en éruption, une pluie de sensation si forte et si dévastatrice qu’ils ne pouvaient pas contrôler. C’était la définition même de la passion, enragée et voluptueuse ; féroce et acharnée. « Oh c’est pas vrai, ils remettent le couvert… Ça fait combien de fois aujourd’hui ? » Leurs bruits un peu trop révélateurs de ce qu’ils faisaient, finissaient par en énerver plus d’un. Cillian aurait pu partager, c’est un fait. Mais Eshmé savait mener à bien ce petit soldat pour qu’il ne soit qu’à elle, malgré les disputes, les crises de nerfs et la douce adrénaline qu’engendraient leurs retrouvailles sur l’oreiller. « J’ai arrêté de compter à cinq. Même les lapins ne baisent pas autant. »———————— ͼҨͽ ————————Il neigeait. Ce soir-là, alors qu’elle avait refusé de rentrer pour les vacances de Noël, elle demeurait dans son dortoir, avec lui. C’était une association étrange que de les voir ensembles. Chacun de son côté, face aux autres. Mais fusionnels, quand ils sont tous les deux, dans une intimité qui leur appartient. Et il neigeait. Eshmé se tenait de dos à son vis-à-vis, en la regardant tomber. Silencieuse. Blanche. Immaculée. « Je suis née un soir de pluie. Mais je n’ai jamais compris pourquoi je craignais autant la neige. » Cillian, endormi, la serra davantage contre lui, pour éviter qu’elle ne trébuche dans un vide invisible. Il la connaissait et il savait très bien qu’elle se laisserait engloutir, quoi qu’il puisse arriver. S’il n’était pas là. « Je suis née un soir de pluie, mais je crains la neige. » La constatation lui semblait soudainement illogique. Comment cela pouvait-il être possible ? Elle ressemblait à une enfant, craintive et chétive. Elle se resserra davantage contre lui, pour chercher le réconfort de ses bras, de cette présence qui ne demandait rien d’autre qu’à la protéger – pour une fois. « Dors. Demain tu auras tes cadeaux et je sais très bien que tu fais ça pour surveiller quand ils arriveront sous le sapin. » Elle se retourna pour l’observer, mais il avait gardé ses yeux fermés, comme pour fuir la lumière. Comme pour s’endormir. Et Eshmé ne comprenait pas tout à fait cette angoisse, cette peur primale de le perdre sans doute un jour. Elle ignorait que c’était ça aimer ; aimer à n’en plus pouvoir, à tout sacrifier, à tout renier, même jusqu’à sa propre identité. « Épouses-moi. » Qu’elle fit, péniblement, en retraçant les traits de son visage, si fins, si parfaits. Il rouvrit ses yeux, à demi-clos cependant, interloqué, et surpris. « Je te demande pardon ? » Eshmé afficha une mine déconfite, presque blessée. Qu’elle était idiote. Et stupide par la même occasion. « De toute évidence, tu n’es pas patiente. Dors. Demain, ça sera Noël. Et une surprise t’attendra. » Une surprise l’attendrait.
Dernière édition par A-J. Eshmé Sternberg le Mer 14 Oct 2015 - 0:02, édité 20 fois |
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| as if death itself was undone ragging down so far below, it's a violent vertigo ❝ With the beast inside, there’s nowhere we can hide ❞22 Y.O • 1998 && DUBLIN Un mariage était fait de mensonges et de coups bas. La plupart du temps, on ne faisait pas attention à ces remarques glaçantes ; celles qui grincent lorsque les portes se renferment et se nourrissent de haine féroce. Non, au début, on se placarde dans le déni, celui-là même qui nous ronge dans l’espoir insoutenable que l’autre n’était pas un monstre. Eshmé espérait au fond d’elle que son mariage ne soit pas une défaite – de plus, cuisante – dans son existence. Elle avait fini par accepter les secrets et les manigances qu’exigent une femme de son rang mais… parfois le poids était trop lourd à porter. Trop dur à supporter. C’était une façade. Une mascarade amère qui leur jouait des tours, à tous les deux. Leur amour s’était effiloché avec le temps, tout comme leurs sentiments. Mais elle restait à ses côtés, comme une épouse se doit de l’être auprès de son mari, quoiqu’il advienne. Pour le meilleur, comme pour le pire. C’était une relation jonchée de haine et de violence ; de tempêtes qui se calmaient à coup de baisers volés et de rancœur voilé. Mais ils étaient là, l’un pour l’autre. Et rien d’autre ne semblait avoir réellement d’importance. Ce qui comptait, c’était d’affronter la tempête de la vie ; d’affronter les obstacles sans jamais s’y sentir seul. C’était une force, autant qu’une faiblesse. Une alliance biaisée par le temps ; usée par les quolibets ; trahie par la méfiance. Un mariage comme il en existait des milliers d’autres. Mais parfois, il subsistait un semblant d’amour, une étincelle de passion. Et c’est à ça qu’ils finissaient par se rattacher, parce que rien d’autre n’était plus cher que ce tissu illusoire de domination sur l’autre. ———————— ͼҨͽ ————————Le vase vole à travers le salon pour finir en mille morceaux contre le mur. Eshmé s’affole, son cœur s’emballe. Elle a mal. La trahison brûle ses veines, comme à chaque fois qu’elle découvre qu’il l’a trahi. Elle ne bronche pas – la plupart du temps. Elle ne scille pas – parce que son rang le lui exige. Mais lorsqu’elle finit par comprendre qu’il ne lui donne aucune réciprocité, elle en crève, le cœur au bord des lèvres. « Comment tu as pu oser encore une fois ? HEIN CILLIAN ? Qu’est-ce qu’il t’a pris ? » Elle préfère s’en prendre aux objets ; vestiges futiles d’achats sans intérêts. Les vases, les cruches d’eaux ne sont rien d’autres que des amas de verre. Il prend un couteau, le lui jette, mais vise le tableau derrière elle ; la fresque si hypocrite de leur mariage. « Veux-tu te taire ! Je fais tout ça pour nous. POUR NOUS ! POUR TON CONFORT. » Il manque de la bousculer, de la défigurer, sa si jolie petite poupée. Elle se laisse tomber sur un des canapés, lassée par tant de maux inexplicables. Comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi n’avaient-ils rien vu venir ? C’était comme le TGV de la vie qui traverse un quai à toute vitesse et que l’on n’arrive pas à attraper. Elle luttait contre un mal incurable, celui dont on ne sort pas indemne. Elle jouait à un jeu dangereux, dans la valse du plus coriace. Et elle était reine, quelques instants. « Je veux juste savoir. C’est mon droit il me semble. » Il ne bronche pas, se sert un verre d’hydromel pour reprendre contenance. Elle garde la tête baissée, soumise, d’un amour si dévastateur et enragé. Elle succombe sous le poids de ses responsabilités qu’on lui incombe. Elle tente péniblement d’y croire, encore un peu, à chaque fois. « Contente-toi de faire ce que tu dois faire. Le reste, c’est moi qui m’en charge. » Il s’en va, elle le retient. Elle essaie, du moins, du mieux qu’elle peut. Les remords se bousculent dans sa gorge, mais elle doit lui montrer qu’elle peut aussi résister. « Ne pars pas. Pas encore une fois. » Elle le sent se détendre et elle se croit soulager. Elle ferme les yeux, se donnant l’illusion que tout va bien. Il se retourne, rapidement et la plaque contre le mur en la tenant par la gorge, serrant aussi fort que possible pour qu’elle comprenne. « Je ne peux pas. Je fais tout ça pour toi. Alors accepte-le. Une bonne fois pour toute. Ne nous inflige pas non plus ça. » Le doute s’immisce en elle, il lui bouffe les viscères, mais elle ne dit rien. Elle demeure impassible au possible. Comme une véritable Lady, pour qu’il soit fier. « D’accord. » Qu’elle dit, impunément. Comprenant enfin ce qu’il attendait d’elle. Et il disparait une nouvelle fois. ———————— ͼҨͽ ————————Elle le savait. Mais elle avait craint le pire. Enceinte. Elle était enceinte. Depuis plusieurs mois déjà. Mais elle avait nié l’évidence. Dans son ventre grossissait le fruit d’un amour infâme, basé sur un coup du sort. Mais il était là, dans ses entrailles, entrain de grandir. Il lui fallait mentir, Cillian ne doit pas savoir, jamais. Il ne comprendrait pas, comme Caleb. Elle ne le reconnaissait plus, cet homme qu’elle avait aimé. Elle ne savait plus qui il était, lui qui la dévisageait parfois. Pourtant, il était le seul à réussir à la trouver belle. À faire en sorte qu’elle ne manque jamais de rien. Mais Beltane lui avait tout fait comprendre. Le sentiment d’abandon de soi, celui de se sentir si étrangère au monde, de ne pas être à sa place. Maintenant, elle savait, ça n’était pas le hasard. Alors, il lui fallait partir. Avec son enfant, ses souvenirs, sa vie. Tout changer pour tout recommencer. Pour le fuir, même s’il n’avait – contrairement – rien fait, à part nier ce qui pouvait les aider vraiment. Elle partirait, à l’aube, avec pour seul bagage, son violon. Cette seule chose dont elle était fière. Elle fermait les yeux et elle se renvoyait durant ses concerts, en harmonie avec le reste du monde. Son seul véritable exutoire. Demain, dès l’aube. ❝ hello, darkness my old friend ❞26 Y.O • 2002 && SOMEWHERE Elle courrait. Elle courrait à en perdre haleine, à en perdre la raison. Elle courrait, sans savoir où, sans savoir pourquoi. Elle en avait besoin, il le fallait. Elle courrait, sans se retourner, sans attendre. Elle ne voulait pas savoir ce qui l’attendait derrière, ceux qui voulaient la rattraper à tout prix. Non, elle ne le voulait pas. Alors elle courrait. Toujours plus vite, toujours plus rapidement. Elle avait envie de vomir, mais rien ne sortait. Elle avait des remontrances dans la poitrine, des hauts le cœur qui traversaient ses veines, atteignant son cerveau. Mais elle courrait, c’était la seule chose qui importait. Qu’elle courre. Sans savoir réellement pourquoi, ni avec quelle énergie elle le devait. « Tu dois courir Eshmé. Plus vite encore. » La voix de Jane résonnait dans sa tête pour l’aider, pour qu’elle fuit, plus vite, plus fort. Elle voulait toutes les deux la même chose ; sauver leur enfant. « Tu y es presque… plus vite. » Elle secoua la tête, pour chasser la voix qui tambourinait dans son esprit. Elle n’était pas folle, elle refusait simplement d’y croire. « La ferme je t’en prie Jane. » Le souffle venait à lui manquer, mais elle continuait. À vive allure, à toute vitesse. Comme si sa vie en dépendait. Parce que leurs vies en dépendaient. Parce qu’ il ne devait pas les retrouver. Jamais. Elle avait fui les insurgés pour éviter qu’ils ne se croisent. Leur fils vivrait avec sa mère, c’est tout ce qui importait et qui en valait la peine désormais. Il était loin, loin de son père. À l’abri, dans les bras d’une génitrice qui l’aimait. Quelle douce ironie. ———————— ͼҨͽ ————————« Ils ne comprendront pas pourquoi tu es partie. » Elle se regardait dans le miroir, incapable de reconnaître ce reflet qu’il lui renvoyait. C’était comme si elle était étrangère à son corps, à ce qu’elle était. Tellement si… différente. « Ils ne comprendront pas et Joshua n’a pas besoin de pitié. » Elle tourna sa tête vers sa droite, observant son fils dormir. Si paisible. En paix. Et elle sourit, remarquant qu’il avait le même pli sur le front lorsque Cillian dormait. « Eshmé, tu ne dois pas y penser. » Jane avait raison. Elle devait d’abord penser à Joshua, à elle. Le reste pouvait attendre pour ce soir. « Tu crois qu’il nous cherche ? » Qu’elle demande, timidement, presque craintive. Mais elle voudrait croire que oui, il les cherche, parce que c’est sa femme et qu’elle a donné naissance à un fils dont il ne connait pas l’existence. « Tu crois qu’il pense à nous ? » Qu’elle renchérit, en croyant que oui, c’était possible. Que oui, rien n’était perdu au final, qu’un jour, tout redeviendrait comme avant. Un jour. « À ton retour, tout aura changé Eshmé. Y compris lui. Surtout lui. C’est impardonnable ce que tu as fait. » « Je l’ai fait pour le bien de mon fils ! Nous n’avions pas notre place chez les insurgés. NULLE PART. Il est mieux avec sa mère. » « Non, c’est toi qui ne te sentait pas à ta place. Ma pauvre Eshmé. » Et le rire sardonique de Jane résonne dans sa tête, aigu et désagréable. Avant qu’elle ne sombre dans les bras de Morphée, fatiguée et épuisée.
Dernière édition par A-J. Eshmé Sternberg le Mer 14 Oct 2015 - 1:29, édité 15 fois |
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HUNTED • running man Adele Bones | edit ; #thugMel edit² ; NARDINE ! C'te nardinerie qui nardine, sur la vie de mon nardine nardinal, je vais te nardiner nardinement que ça va être trop nardine, nardine. . Cillian le teubé de la nardine a nardiné par terre en te voyant : il va nardiner LDR tellement qu'elle va jamais se nardiner. Trop de nardines, nardine. Qu'il nardine, nardine ou nardine, NARDINE, ça va être nardine . NARDINE. edit au cube ; bon bah, j'ai tout dit déjà avec l'edit², j'peux rien rajouter edit four - ze empire qui contre-attaque ; Nan mais sérieusement, you are shameless. T'as un nom qui craint, une tête de gueuse, tu fais des selfies chelous et en plus, tu te permets de dire que j'suis un croquemitaine. Sérieux, Ushuaïa va prendre trop trop cher . UV LICORNE DES ÎLES ( ) ( ) ( )
Dernière édition par Adele Bones le Dim 20 Sep 2015 - 21:51, édité 5 fois |
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HERO • we saved the world Harry Potter | o edit; #thuganna |
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HUNTED • running man Owen Avery |
Dernière édition par Owen Avery le Mar 22 Sep 2015 - 20:10, édité 1 fois |
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| ADELE ► sérieux, ils vont nardiner, ça sera trop dare de faire des nardineries dans leur propre nardine. Sisi, j'sais que tu comprends ce que j'nardine là. Y'a que toi pour me nardine parce que bon, voilà les nardines c'est la vie tmtcey. (je t'aime mon colibri de picardie ) HARRY ► ok t'es un thug (même si t'aime pas mon blaze) OWENA ► toi aussi tu t'y mets purée RABINA ► mon amour nardine c'la base azy oui j'sais déjà tout, t'en fais (étoile de mer, SM & co haha ) |
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| "ecchymoses" ... c'pour ça que tu ressemble à rien? Bon courage avec ce nouveau perso! J'ai rien compris à ce qu'on dit les fous du dessus, mais j'ai hâte de voir la folie que tu nous prépares!! |
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