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sujet; OCTARJA ⊹ mirror, mirror on the wall, i'm falling to the other side

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mirror, mirror on the wall, i'm falling to the other side
A thousand pieces on the floor
So I can chase the fireflies
(play)

Tu resserres le manteau noir autour de toi. Les yeux perdus sur l'immeuble de luxe, tu te questionnes, te passionnes. La poudre a si facilement, simplement embrasé les rebuts, la chaire s'est décharnée, décomposée dans une odeur de grillé, de brûlé. Le spectacle des flammes vertes, des cris  sonne encore, résonne encore. « Ton roi en voudra, murmure le loup féroce, véloce, il pourra en faire bonne usage. ». Il pourra en faire des ravages. Mais n'est-ce pas toi qui est bouleversé, ravagé, tué par la mémoire, ta vieille histoire ?

Lentement, le froid mord, endort. Et les lueurs s'allument, brûlent. Les cheveux blonds glissent, s’immiscent encore entre tes doigts. Le rire vrille, s'extasie le long de tes tympans, des instants volés, balayés, avortés. Et de Delphine, tu n'as la mémoire que d'une jeunesse sacrifiée, abandonnée. Tu n'as pas été capable, responsable. Tu as échoué. Tu as tellement échoué. Tu devais la protéger, la garder. Lamentable, tu es, au final, lamentable. D'irresponsabilité en irrespect, tu l'as laisser te défier, te ridiculiser. Et encore, elle revient te hanter, elle revient danser, inchangé, métamorphosée. Les yeux bleus t'agacent, te glacent, et tu sais bien que tu l'as fait exprès, tu l'as loupé, sauvé. « Idiot. », marmonnes-tu dans ta barbe de quelques jours.  Tu n'es qu'un imbécile au cœur trop fragile, pas assez agile. « Ce n'est pas elle. », ça n'a jamais été elle.

Et tu as besoin de te prouver, d'accepter de la laisser s'en aller.
Tu as besoin de te venger.

Plic. Plac. Ploc. La pluie goutte contre le manteau. Et tu t'avances dans le vacarme silencieux,  peureux. La main est assurée, calculée contre la porte de l'immeuble & tu tires, étires les secondes, pour réveiller les monstres. « Bonjour mon cher ami. », un léger accent russe roule sur ta langue alors que le réceptionniste lève les yeux. « J'ai malheureusement oublier la clés de l'appartement de mes enfants. », la moue est compréhensive, attentive. « Pourriez-vous m'aider & me donner un double ? Bien sûr, monsieur ? Valkov. ». Le sourire se fait enjôleur, séducteur, empli de chaleur. Les vagues d'horreur se suicident sous la clameur d'un cœur faussement sincère. Tu fais tout pour plaire, n'attirer aucunes méfiances, seulement les indifférences. « Voilà pour vous. Tu cueilles la clé dans un sourire, un rire. Merci beaucoup. Je m'assurais qu'on vous verse un généreux pourboire pour votre peine. Et oh ne dites pas à ma fille que je suis là, c'est une surprise. Bien entendu. ». Dans la banalité se cache la brutalité des secrets, des noirceurs sans cœur & sans odeur. Il t'aura oublié assommé par ta normalité, incapable de reformer tes traits, tes attraits. D'un pas lent, puissant, tu prends l’ascenseur, t'élevant dans les hauteurs du building sorcier, sans attraits.

Devant la porte, tu hésites un instant, un moment. Tu sens la magie affluer & refluer, les protections sont posées, imposées. Et pourtant, elles ne présentent vraiment aucun dangers, aucunes banalités. Tu effleures du bout des doigts la porte, sentant  la magie se tendre, s'étendre sous tes doigts. Doucement, tranquillement, subtilement, tu creuses une faiblesse dans une caresse sur la magie, et tu entres dans un mouvement, faisant tourner la clé simplement. Un sourire se dessine, le loup est entré dans la bergerie, dans le lit de la princesse blonde. Le luxueux appartement s'étale, s'ébranle sous tes yeux. Et tu glisses un œil sur la note du frère, absent pour la soirée, grassement payé pour l'occuper jusqu'au matin par tes soins. D'un geste las, tu attrapes deux verres dans la cuisine, trouvant du vin passable mais suffisant pour l'instant. Tu te glisses vers la chambre, observant les alentours, te permettant de vérifier les tiroirs & les armoires. Aucun intérêt.

« Tu n'es pas là pour tout saccager, ravager ? S'arque le loup, ouvrant un œil sur toi, sur tes doigts. Elle le mériterait la petite poupée en porcelaine de se faire briser, blesser. ». Du monstre, on ne voit rien, on n'apprend rien. Tu n'exposes que la bienséance, les innocences d'un homme fichtrement normal, tellement banal. Et tu n'es pas là pour tout gâcher, pour l'assiéger. Tu défais le manteau, le posant sans manière sur le lit, remplissant les coupes de vin en t'installant tranquillement entre ses draps, là où elle se pose, se repose. La porte claque & tu souris. « Bonsoir Mademoiselle Valkov, les yeux clairs se posent dans les siens. ( Ce n'est pas Delphine, ce n'est pas Delphine, ce n'est pas Delphine.) La baguette la vise soigneusement, précautionneusement. J'ai pris mes aises, je me suis dit que vous ne m'en voudriez pas trop de m'inviter. L'humour glisse, s’immisce. On pourrait croire à un suicide de ta part. On pourrait croire à une véritable folie. Il n'en est rien. Allons, allons, pas la peine de chercher une sortie, je ne suis qu'un nouvel ami très intéressé par cette fabuleuse poudre que vous avez créé. Le roi l'aimera, l'adorera pour la détourner, la tourner à sa manière dans ses vieilles guerres. Mais avant, voudriez-vous un peu de vin ? Il est passable mais il ne faut pas parler affaire la gorge sèche, n'est-ce pas ? »  
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Avec Malfoy suspendu, il avait fallu mettre les bouchées doubles, au travail, et c'était à présent définitivement l'endroit où elle passait le plus clair de son temps, ne s'octroyant que de faibles instants de répit durant lesquels elle pouvait songer voire mettre en pratique ces choses futiles qu'étaient le repos, le besoin de nourriture, les bains chauds et... attention, gros mot à l'approche : la détente. Entre ce surmenage et cette once de culpabilité qui cherchait à poindre en son esprit aux défenses féroces, nombre la trouvaient par conséquent quelque peu... tendue, et à raison. A l'instant, elle venait de se surprendre à jeter à terre, de rage, de frustration, l'un de ses outils de recherche qu'elle affectionnait pourtant tellement. Perdre ses moyens n'était pas chose coutumière chez Mrs Valkov, et la crainte d'être en train de « muter », de ressentir, était dorénavant presque égale à celle qu'elle avait de ne plus être qu'un robot sans saveur, dépourvu de toute émotion. N'ayez crainte : le retour des couleurs chez Darja n'était pas pour tout de suite, et il ne s'agissait là de rien de plus qu'une dérégulation qu'une simple nuit – complète – de sommeil saurait effacer promptement.

Sentant poindre la migraine qui annonçait la fin du jeu, l'arrêt des frais, comme chaque soir seule à pouvoir lui faire quitter les locaux angoissants du Département des Mystères, elle prit ses affaires et claqua la porte sans même prendre la peine de remettre de l'ordre dans ses affaires. Ça ne lui ressemblait pas. Est-ce que quoique ce soit lui ressemblait réellement? Mue par un besoin irrépressible de retrouver la chaleur du foyer, elle décida ce soir-là de ne pas faire halte à son petit labo personnel érigé dans les jardins de la demeure Valkov, et se dirigea directement vers la Bran Tower.

Après vingt minutes de marche dans la fraîcheur automnale, elle aperçut enfin, de loin, le building qui lui servait de « chez-soi », les lueurs chancelantes des bougies offrant à la bâtisse contemporaine, comme taillée dans du verre, un aspect spectral. On aurait pu croire qu'il dansait au milieu du ciel sombre, veillant sur ses petits démons – parce que, bien entendu, il surplombait tous ses voisins. On pénétrait l'antre et alors s'abattait sur vous un flot de lumière, vous amenant immédiatement dans une toute autre dimension, vous faisant oublier la nuit sombre qui vous engluait dehors, quelques secondes auparavant. Ce calme, ce luxe, le concierge qui vous souhaitait le bonsoir d'une voix claironnante. Un paradis de sécurité, comme elle aimait à le penser. Elle n'avait pas vu la brèche. Elle n'avait pas vu l'enfer. La serrure reconnaît sa baguette, comme d'habitude. Elle laisse son sac dans l'entrée, comme d'habitude. Se débarrasse de ses talons aiguilles, dans le couloir, comme d'habitude, prenant appui sur l'embrasure de la porte de sa chambre pour se débarrasser de la dernière chaussure, comme d'habitude, et se fige. Il y a un intrus dans sa chambre. Dans son havre de paix. Dans son paradis de sécurité. C'est comme ça que tout s'effondre. « Vous aviez tort. », répond-elle à la première provocation de ce grossier personnage. Si, je vous en veux. Comment ose-t-il ? Et il plaisante, alors ? « Comment êtes-vous entré ? » Elle cherche à se remémorer ses traits, à savoir qui il est. Son cerveau ne fonctionne plus. Son cœur bat à la chamade. Il a brisé son sanctuaire. Il a enfreint toutes les règles. Elle est prête à s'abandonner, à s'abandonner à la terreur, pas à celle de perdre la vie – un crac et le néant -, mais celle de la perte de ses repères, jusqu'à la provocation de trop, celle qui lui donne un coup de fouet, lui permet un rebondissement, celle qui l'aide à se ressaisir, à se raccrocher à ce qui lui reste de sa dignité bafouée. « Passable, vraiment ? Je vois, un français... et leur tendance à penser que c'est dans le sang. Savez-vous quelles sont les meilleures années de récolte pour un Bordeaux, sur ces quinze dernières années, Monsieur ? » Elle s'approche et s'empare du second verre de vin. S'il n'est pas capable de l'apprécier, elle saura le faire. Le liquide pourpre s'écoule dans sa gorge, lui réchauffant le gosier, apaisant immédiatement ses sens affolés. Ce geste coutumier, le verre qu'on saisit, qu'on approche, qu'on balade, la sensation de pouvoir qu'il vous offre immédiatement. « C'est là ce qui est intéressant... Quand on peut tout s'offrir... Les trésors auxquels d'autres tiennent tant, desquels ils rêvent tant... On cherche la perle rare... Je la cherche chez le petit producteur. »

Alors, comme ça, il voulait sa poudre. Décidément, cette histoire était loin de lui avoir fait beaucoup d'amis – comment aurait-il pu en être autrement ? Ça avait été un véritable massacre, et la voilà, la responsable ! Elle ne pouvait s'en attribuer tous les honneurs : son collègue actuellement écroué l'y avait bien aidée. « Je pourrais m'offrir votre vie, si j'estime qu'elle a une quelconque valeur. Le cas échéant... peut-être pourrais-je simplement la prendre... » Dans ses yeux, le danger. Un danger familier. L'avait-elle déjà croisé ? Etait-ce un vieil ennemi oublié ? Qui était-il, à la fin? « Mais disons que je me fous éperdument de qui vous êtes, et que je n'ai pas en ma possession la poudre que vous cherchez, que vous prétendez que j'ai créé... Cassez-vous-de-chez-moi-tout-de-suite. »
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A thousand pieces on the floor
So I can chase the fireflies
(play)

Clac, le premier talon aiguille se suicide & les pas tressautent. Et tu profites silencieusement, patiemment du calme de ses draps. Tu connais la courbe de son visage, il ne cesse de faire le tour de ton cœur, d'errer sur tes vieilles erreurs. La  grâce de son cou, les tracés de son buste, tu les as encore sur tes lèvres dans une douce odeur de fièvre. La  main appuyé dans l'embrasure de la porte, le  déséquilibre lui va bien. Et tu cilles légèrement, stupidement. L'arabesque de ses cheveux blonds caresse la courbe de son pull, scellant dans un souffle ton intention, toute tes questions. La colère te brûle les doigts, susurrant la peur contre toi.  Je te tue si tu t'échappes encore, promets-tu dans le bleu de tes bleus sur tous les accords de tes désaccords. Je te tue si tu ne m'aimes plus, crache les gerbes de ton passé entrelacé, vidé sur des vieilles horreurs, de sombres douleurs. Et les cadavres s'entassent, t'encrassent ; Elle te susurre de ne jamais l'oublier, elle te murmure de toujours la détester.

Tu ne vas jamais lui pardonner.

Et de sa voix à son regard éberlué, surpris, il y a des meurtrissures, des blessures qui t'enflamment & te désarment. Ton cœur s'évente, te hante. Et tu voudrais ne pas être ébranler, tuer par ses  yeux.  Le bleu un peu froid, un peu envoûtant, un peu entêtant ne cesse de flirter avec les vieilles pulsions, les passions brûlantes, enivrantes. « Comment êtes-vous entré ? » , s'insurge-t-elle, s'écorche-t-elle. Un sourire tendre & lent, empli d'une sympathie étonnante & détonante. « Par la porte. », décroches-tu dans un filet d'une plaisanterie plaisante, amusante.  Il n'y a rien de plus indiscret que de rentrer par la  fenêtre. Les films moldus ont bien tord avec leur spiderman ou batman. Tu n'as rien d'un héro, tu n'as rien d'un faiseur de bonheur. Tu préfères les horreurs en tissant ta toile de douleur & d'insécurité. Tu préfères la prendre dans tes filets sans demi-mesures. Tu préfères l'avoir à l'usure. « Vos protections magiques sont ridicules. »  Mensonges. « Un enfant de deux ans pourrait les briser les yeux fermés. ». Il fallait ressentir, sentir la faille, s'incruster dedans, la manipuler délicatement sans la briser, sans l'ébranler. Les années t'ont appris à passer maître dans l'art de passer inaperçue, de passer banal, un peu sentimental.

La révolte est proche, féroce. La blonde troque la peur contre la colère amère. L'écume de ses mots t'amuse, plissant le désir, balayant d'un revers de main les vieux fantômes. . « Passable, vraiment ? Je vois, un français... et leur tendance à penser que c'est dans le sang. Savez-vous quelles sont les meilleures années de récolte pour un Bordeaux, sur ces quinze dernières années, Monsieur ? » . Bien sûre que tu sais. Le liquide roule contre le verre, dévoilant sa robe pourpre & sensuel, pleine de ses vieux duels, de ses cruels guerres. Et il dégringole le long de sa gorge, la peau pâle offerte, les cheveux un peu en bataille. Ton cœur n'est déjà plus vraiment de taille.  « C'est là ce qui est intéressant... Quand on peut tout s'offrir... Les trésors auxquels d'autres tiennent tant, desquels ils rêvent tant... On cherche la perle rare... Je la cherche chez le petit producteur. »  .  Elle a du goût, définitivement. Bien plus que Delphine, bien plus que ses mains ingénues contre toi, bien plus que ses années froides & sans chaleur, sans odeurs. Tu perçois sous la vibration d'une mécanique cassée, brisée, une verbe fine glissant avec intelligence, élégance. Darja Valkov avait de ses pays de l'Est, cette stature glacée, ces airs de princesse de sang-pur imprenables & invivables à la fois. Elle danse sur les restes de ton cœur, laissé il y a des années de  ça dans un pays de froid & d'hiver millénaire. Elle danse sur tes vieux démons, tes trop vieilles & cruelles passions. Tu fais roulé le bordeaux sur le verre, capturant entre tes lèvres le breuvage. Sec & authentique, tes pupilles foisonnent, s'étonnent des sensations, des pulsions qui s'éveillent, sommeillent. « Vous avez peur. », un sourire fin, assassin. Tout le monde devrait avoir peur.

« Je pourrais m'offrir votre vie, si j'estime qu'elle a une quelconque valeur. Le cas échéant... peut-être pourrais-je simplement la prendre... » .  Prendre ta vie ? Cette enfant est bien aventureuse, peu peureuse. Et tu sens qu'elle en est d'autant plus précieuse. « Oh j'en tremble  déjà», une ironie se glace, la terrasse. Comme si elle pouvait t’inquiéter, comme si elle pouvait te toucher, t'ébranler. « Elle t'ébranle déjà. Le loup ronge son frein. Fenris se dresse, se redresse, stoppé par ses chaînes. Il attend le Ragnarök, il attend ta fin.  Tu as son odeur au bord du cœur. ». Tu ne peux jamais lui mentir, tu ne peux que trahir. « Mais disons que je me fous éperdument de qui vous êtes, et que je n'ai pas en ma possession la poudre que vous cherchez, que vous prétendez que j'ai créé... Cassez-vous-de-chez-moi-tout-de-suite. » .   Épuisant.

Une moue & le reste du verre roule dans ta gorge. Tu le repousses sur la table de nuit d'un geste lent, saisissant. « Darja, vous me décevez. », le russe s'infiltre, battant la mesure, la démesure contre ta gorge. Sans accent, la langue glisse empoisonnée, passionnée. Tu as fait la cours à des princesses, à des reines dans cette langue. Tu en as fait ton arme au fil de ta drague, au fil des traques. « Où est passé votre curiosité, votre virtuosité ? ». Les colombes se sont envolées, échappées, pleine de secrets & sans aucun regrets. On raconte qu'elle n'est plus vraiment elle-même. On raconte qu'elle est reine de toutes les inventions. « Ou dois-je rendre visite à votre collègue ? Mh, monsieur Malfoy ? », tu te dresses, te redresses, approchant dangereusement, silencieusement la blonde. « Peut-être devrais-je vous lancer un avertissement ? ».  Qui es-tu ? Combien de visages possèdes-tu ?  Les pistes se floutent & se brouillent. La main glissant dans son cou, puissamment & brutalement, l'extirpe de la porte. La force est contrôlée, ne libérant que ce qui est nécessaire pour ne pas la briser, la tuer. Et le mur rencontre le dos, brutalement, bruyamment.

« Vous faites bien d'avoir peur, mademoiselle Valkov. », tu t’appuies contre elle. Elle a sur son cou des odeurs de guerres, de fièvres se mêlant aux horreurs qu'elle distille, sublime.  Tes poumons s'emplissent, cherchant à faire la différence, cherchant à noyer l'évidence.  Et du bout de tes lèvres, sur le bord de son oreille, tu murmures ; «  Vous êtes toujours une bien piètre menteuse. ». Sur ta rétine, les visages, les images se fondent, se confondent. Delphine se perd en Darja. Tu lui as toujours dit qu'elle ne savait pas mentir, qu'elle ne sait que se trahir.

Les phalanges glissent, caressant le visage. Elle est renversante, envoûtante, à peine changée. Du pouce, tu laisses paresser la pulpe de ton doigt sur sa lèvre inférieure ; Il est dur de voir un morceau, un lambeau de toi réapparaître, s'évader contre tes doigts, contre toi.  Je te tue si tu t'enfuis, promets-tu dans un silence saisissant, fascinant. Et tes gestes brûlent de cette tendresse amoureuse, autrefois heureuse.  Et tes gestes te font vaciller, t'égarer. Si elle n'est pas elle, pourquoi ressemble-t-elle à une hirondelle à qui on aurait coupés les deux ailes ? Où est-elle ton ensorceleuse, ta voleuse ?
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Par la porte, il lui dit. Comme s'il s'agissait d'un ami, de quelqu'un de la famille, comme s'il venait lui rendre une visite de courtoisie. N'est-ce pas le rôle qu'il joue ici ? Il se meut à son aise, sourit, plaisante. Il joue au maître des lieux, la relègue au rang de simple prise. Prise dans ses filets, précipitée dans son piège. Il parle, des flots de paroles assurées, enjouées, appuie là où ça fait mal, ses insultes claquent : « Vos protections magiques sont ridicules. Un enfant de deux ans pourrait les briser les yeux fermés. ». Ce n'était pas son truc, à elle, les sortilèges, et encore moins celui de son frère. Il n'y avait que l'Avada Kedavra, qu'elle avait dû réussir dès la première fois, trop facile, comme ancré en elle, le fond de son âme au bord des lèvres. Elle avait laissé sa porte ouverte à n'importe qui. Elle ne pouvait en vouloir qu'à elle-même. A faire la maligne, avec ses talents de pacotille. Que valaient ses meurtres de masse quand son appartement à elle craignait la menace ? Combien de temps parviendrait-elle à jouer les grands méchants si sur elle la vengeance était si simple à prendre ? Elle reprend une gorgée de vin, qu'elle ingurgite difficilement tant sa trachée est serrée, réticente à y laisser couler quoique ce soit. Le liquide couleur sang s'en tire pourtant, réchauffe un peu son corps tétanisé. « Vous avez peur. - C'est quelque chose qui m'arrive, de temps en temps. Ca ne dure jamais bien longtemps. » finit-elle sèchement, avec assurance, et c'est comme une promesse, qu'elle lui fait en cet instant. A peine a-t-elle prononcé ces mots que le contrôle se met d'ailleurs à lui revenir : le rythme de son cœur ralentit, ses membres jusque-là si crispés se détendent petit à petit, même son regard se fait moins affolé. Alors elle menace cet homme, de sang froid. « Oh j'en tremble  déjà. - Vous devriez. On me choisit rarement pour ennemie avec tant d'insouciance, de coutume. » C'était vrai, même si, durant de longues années, ce n'était pas vraiment pour elle-même qu'on l'avait crainte. C'était ce patronyme, ce droit de naissance, son appartenance à une famille ténébreuse qui avait scellé ce sentiment de crainte à son égard. Il avait fallu que du temps se passe avant que ce ne soit son identité propre, ce visage de poupée de porcelaine qui au dépend de sa douceur, au dépend de la blondeur angélique de sa chevelure, inspire à son tour la crainte. Ça avait tout d'abord été lié à son étrangeté : son mutisme, son détachement de tout, son allure robotisée, et puis, elle avait connu ses premiers exploits, commis ses premiers fracas, créé ses premières lois, et était alors apparu un monstre de cruauté dont le prénom seul suffisait. Était-ce bien elle, le monstre ? Était-ce une autre ? Elle ne savait jamais.

Une rapide analyse de la situation. Elle cherche une issue à cette situation, un moyen de sortie. Sa baguette est restée dans l'entrée. Elle a bien quelques potions encore sur elle, mais mettre la main dessus serait donner une piste à son nouvel ami, et ça, elle ne le ferait pour rien au monde. A-t-il conscience qu'il pourrait trouver bien plus que ça ? Bien plus qu'une poudre. Bien plus qu'une unique potion-feu-d'artifices, des millions de dégâts en fiole, le chaos en bouteille, sa passion sous ses formes les plus spectaculaires... Celles qu'elle avait réussi à matérialiser, tout du moins. Certaines formules n'en étaient qu'à des essais plus ou moins convaincants, mais cela ne l'empêchait pas de connaître leurs valeurs. Elle ne les aurait pas cédé. Pas comme ça. Pas toutes d'un coup. Et pas sous la menace, pas même sous la torture, elle qui marchandait pourtant ses services sans en faire grand cas, même les pires. « Ou dois-je rendre visite à votre collègue ? Mh, monsieur Malfoy ? - Monsieur Malfoy étant suspendu, je crains qu'il ne vous soit pas de grande utilité : il a dû rendre tout son matériel. » Encore une belle brochette de sottises. Se sentant tellement coupable de sa suspension, elle avait tout fait pour en rester le plus loin possible, et n'avait rien demandé à ce sujet. Il essayait de la toucher. De faire appel à sa loyauté. Alors elle résistait comme elle pouvait, sans la trahir, sans le trahir.  « Peut-être devrais-je vous lancer un avertissement ? - Ah, mes parents ont essayé ça, quand j'étais plus jeune. Pas mal de fois. » Ton candide, provocateur, désinvolte. C'est à son tour de jouer, il faut remettre les pendules à l'heure. Elle grimace, lève les yeux. « Ça n'a jamais très bien fonctionné. Et pourtant, franchement, je pense qu'ils sont plus doués que vous, question intimidation. Mais bon, ne le prenez pas mal... Ce sont des gens de l'Est après tout, il paraît que c'est ce que nous, on a dans le sang... » clôt-elle, en référence à son attaque précédente, concernant le vin.

Tout à coup, il franchit la barrière. Celle qu'elle n'autorise personne à franchir sans accord, celle qui est plus sacrée que toute autre : il la touche. Immédiatement, elle se raidit à nouveau, bien plus que sous l'effet du stress, comme plus tôt, elle se raidit de dégoût, elle se raidit de stupeur, elle ressent jusque dans ses entrailles cet affront, cette insulte qu'il lui fait : poser ses sales pattes sur elle sans son consentement. Il lui était déjà si difficile de supporter de laisser quelqu'un entrer dans son intimité, laisser entrevoir un bout de son identité, et voilà qu'il la touchait, lui à qui elle ne voulait rien donner, lui auquel elle ne voulait rien laisser. La plaque contre le mur, colle à son corps le sien. La couleur de la pièce change. Ses iris se voilent de sang. Il n'avait pas écouté la voix de la raison, alors elle cédait. Elle cédait à l'autre, à l'animal, au robot. A celle qui ne se souciait de rien, à celle qui tenait un registre de ses fautes, gravées par le sang de ses victimes. Pas une prédatrice, non. Ce n'était que l'instinct, bestial, que l'on relâchait, qui agissait pour survivre. Puisqu'on l'avait privée de son identité, et que tout avait été déséquilibré, que tous ses repères étaient bancals au point que tout se mêle, que plus rien n'ait de sens, elle était devenue cette chose, indéfinissable encore, qu'elle ne parvenait à définir elle-même. Elle agissait, sans questions, sans réponses. «  Vous êtes toujours une bien piètre menteuse. - Et vous m'avez l'air d'être grandement dérangé mentalement. » Sur ces mots qui lui coûtent un haut-le-cœur, elle s'empare de l'une de ses caresses sur son visage : elle sort les crocs, les plante dans une phalange venue traîner trop près des courbes de ses lèvres, le plus profond possible, le plus fort que sa mâchoire le lui permettra. Et qu'un seul but : retourner dans l'entrée, où se trouve sa baguette.
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So I can chase the fireflies
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« C'est quelque chose qui m'arrive, de temps en temps. Ça ne dure jamais bien longtemps. » . La fougue, brutale, infernale, l'ébranle, l'érafle. Incendie sensuelle, cruelle, elle a des airs de Delphine dans son petit nez retroussé, dans ses cheveux trop blonds. Une dose d'insolence danse dans ses yeux clairs & tu veux déjà lui arracher sa sale langue. Elle n'a pas le droit de lui ressembler tant & de ne pas être elle. Elle n'a pas le droit de te piétiner. «  Vous devriez. On me choisit rarement pour ennemie avec tant d'insouciance, de coutume. » Un rire caresse ta langue sans s'extirper, retenu entre tes lèvres closes sur les ecchymoses de ton cœur. « Vous n'êtes pas vraiment menaçante, mademoiselle Valkov », elle a d'avantage des airs de chaton gracieux, précieux que des manières de panthère téméraire. « N'en déplaise à vos compétences. ». Le rouge caresse les bords du verre, peignant la surface translucide d'une robe pourpre & sanglante. Tu aimes tirer, faire tiquer dans une plaisante légèreté, dans une douceur trompeuse. Naviguant entre malice & délice, on te prête des plaisanteries au bord des lèvres, de tous les rêves. Le laxisme est affiché, sans cesse réclamé, acclamé. On te prétend si peu doué dans ton travail, cruellement tendre sans voir les serments & les promesses. « Ou à votre absence de compétence. », le sourire se fait plus taquin, plus assassin, empli d'un venin certain.

Tu la provoques pour la voir sombrer.
S'abandonner, échouer.

Parce qu'autant elle que l'Autre ne mérite que ça, n'est-ce pas ?
Parce que tu ne peux pas lui leur pardonner ?

En France, on craint les actes, les rangs mais jamais les noms, les familles soit disant purs. On se moque, on révoque même ces traditions sans queue ni tête. Cette mémoire, on en a fait des brasiers pour épouser la responsabilité, le Roi, le tous prime sur l'individualité. Tous ont une chance de s'élever, d'être responsable, irremplaçable. Alors la petite blonde avec ses fils bien tissés, bien accrochés aux allures robotisées ne t'inspirent qu'un dédain certain. Elle a des capacités, certainement. Est-elle irremplaçable ? Assurément non. Si tu n'obtiens rien d'elle, tu la passeras sur le fil de ton couteau, nettoyant le sang sur tes mains dans sa chevelure d'ange. Et puis tu passeras au suivant ; Malfoy ou un autre. La fin justifie les moyens, n'est-ce pas ? « La faim également. », caresse de ces crocs le loup. Le souffle de violence souffle, s'essouffle en toi. Toi aussi, tu veux la dévorer, la bouffer.
La. Briser.

« Monsieur Malfoy étant suspendu, je crains qu'il ne vous soit pas de grande utilité : il a dû rendre tout son matériel. » , les doux mensonges qu'elle dilue sur sa langue l'enfant du vent, l'enfant du néant. Croit-elle impressionner ? Pauvre enfant, elle est née dix ans trop tôt pour t'arriver à la cheville. « Ah, mes parents ont essayé ça, quand j'étais plus jeune. Pas mal de fois. » « Vos parents ne sont pas moi, Darja. » et elle le sait très bien. « Ça n'a jamais très bien fonctionné. Et pourtant, franchement, je pense qu'ils sont plus doués que vous, question intimidation. Mais bon, ne le prenez pas mal... Ce sont des gens de l'Est après tout, il paraît que c'est ce que nous, on a dans le sang... » Ils sont pourtant les plus faciles à faire crier, avouer le habitants du froid. Ils sont les plus fragiles à briser du bout du pied. Ils ont toujours eu les mots vantards au bout des lèvres. Leur sang a pourtant la même couleur, la même odeur. Presque trop tranquillement, trop doucement, tu lui susurres ; «  Votre peuple sont des frimeurs, mademoiselle Valkov. Et malheureusement, vous ne faites pas exception. ».

« Et vous m'avez l'air d'être grandement dérangé mentalement. »  , et elle mord la petite chatte aux yeux ceruléens. Elle mord la main qui détient sa vie & tu grimaces juste légèrement, le loup s'excitant sur tes barrières. « Mmmh, votre mère ne vous a jamais appris à ne pas tout mettre dans votre bouche ? », cales-tu, plus amusé, excité qu'énervé. Et tu attrapes la gorge délicate, cognant le corps fragile plus férocement. « Certains gestes ont des conséquences plus graves que vous ne le pensez. », et d'un autre poing, tu cognes son ventre, rendu brutal, infernal par la violence du loup. Le désir, le plaisir des batailles émaillent tes sens, ta prudence. Le loup se lèche les babines, destructeur d'esprit, de monde. Tu la cognes encore, la jetant sur le lit. « Vous mordez très bien, vos amants doivent être contents. », un éclat d'amusement naviguent dans les pupilles fauves. « Cependant, je souhaiterai grandement que vous m'indiquiez où trouver votre poudre, ma chère. Je suis un homme occupé. ». Et tu vas surtout la buter si tu continues à t'amuser.
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Le jeu se poursuit. L'échange de répliques, cinglantes, qui s'immiscent, s'en vont chercher les failles de l'adversaire. En d'autres temps, elle aurait pu s'amuser d'une telle joute verbale, mais l'insécurité qu'elle ressent en cet instant la paralyse, font naître en elle un émoi qui lui est plus que lointain, elle veut juste qu'il s'en aille loin, être seule et se recroqueviller dans un coin. « Vous n'êtes pas vraiment menaçante, mademoiselle Valkov » Si seulement tous pouvaient penser ainsi, le monde serait probablement bien plus drôle. Son sourire de défiance ne s'efface donc pas tout de suite. Ni même quand il insinue qu'elle est dépourvue de compétences. C'est ça. Pour qui l'a-t-il pris, une adolescente ? Pense-t-il réellement qu'elle va être si facile à casser, si facile à briser, qu'elle va se mettre à chialer parce que papa l'a grondée ? Ses sourcils se haussent et elle se marre. Oui, elle se marre encore, le défie encore. A qui craquera le premier, refuser de voir sa position de force. Elle n'a rien pour se défendre. Rien, en tout cas, dont elle ne peut user sans foutre en l'air plusieurs étages du bâtiment, faire cramer son appartement, ou risquer un attentat-suicide. Sûrement son absence de compétences – et sa petite blague mentale qui la fait rire de plus belle.

Poursuivant sur cette belle voie, le voilà donc en train d'attaquer son peuple. Visiblement, il s'attache assez aux bavasseries dont elle fait preuve pour le distraire. Dommage... Il a peut-être raison. Encore une chose à laquelle elle n'est pas assez attachée pour que naisse l'envie de la défendre avec ardeur. « Ah, oui, tiens, vous avez raison. » Il faut vriller, changer, le surprendre, le confondre. Il ne faut pas le laisser s'installer dans une routine, un ennui, une lassitude qui transformerait sa proie en un vieux jouet usé bon à jeter. Elle espère qu'elle a raison. Qu'elle a réussi à cerner approximativement le personnage, à moins que ce ne soit là qu'une preuve supplémentaire de son évidente autosatisfaction.

Il ne crie même pas. Lorsqu'elle le mord. Il se contente d'afficher une grimace, comme si elle l'avait gentiment chatouillé, ou... pincé. Alors que son instinct lui crie que ça sent vraiment – vraiment – mauvais pour elle, la première main s'abat sur elle, puis un poing s'écrase, faisant se rétracter ses entrailles. La douleur physique... Pas vraiment quelque chose à laquelle elle est habituée. Ses démons à elle sont plutôt mentaux, mais d'aucuns diront que ce sont des bestioles bien plus espiègles, bien plus cruelles. Elle a pourtant envie de hurler. Le souffle coupé. La douleur qui résonne dans tout son corps, l'impression d'avoir les intestins au bord des lèvres. Il la balance, vulgaire poupée de chiffon, sur le lit, et elle se retourne immédiatement alors que la salive emplit son palais, craignant le pire. Le choc sur son corps a également fait rougir ses yeux, qu'elle plante dans les siens au moment où doit tomber sa réponse :

« Je ne... vous donnerai... rien. »

Elle recule pour s'adosser contre les coussins du lit, une main sur son ventre endolori, plus pour chercher d'on ne sait quelle manière à l'apaiser que par crainte d'un nouveau coup porté. De toute façon, il ferait bien ce qu'il souhaiterait. S'il estimait que cette potion valait sa vie, que pourrait-elle faire pour l'en empêcher ? Elle conserva son regard rivé sur lui, dans l'attente du prochain mouvement, du prochain coup possiblement décisif. Elle n'avait jamais pensé que ses créations puissent un jour l'amener là. Voilà qui avait été bien stupide, bien naïf de sa part.
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