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sujet; Drallatrix — Each person's magic is unique.

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Each person's magic

is unique.
27 novembre 2002 & Drallatrix n°1


Le salon nouvellement décoré ravissait l’esprit retord de Bellatrix Lestrange, installée comme une reine sur un trône au velours somptueux. Sa robe ajustée luisait d’un noir dragonesque dans la lumière du matin. Un large morceau de mur avait été remplacé par une baie vitrée ouvragée donnant sur un jardin désormais entretenu. Les signes de la décadence avaient été soigneusement effacés depuis qu’elle était revenue de sa traque, échouant à dénicher Andromeda Tonks d’un quelconque terrier où elle s’était terrée. La traitresse à son sang faisait l’anguille et elle n’avait jamais eu autant de raisons de le faire. Son ainée avait la dent dure et un sentiment de rancune tenace. Il y avait eu du changement sur cette femme qui parcourait, cigarette à la main, le récent numéro de Witch Weekly avec détachement. L’épaisse horloge antique affichait six heures du matin. La favorite du Maitre avait rejoint le lit conjugal depuis quelques semaines, déglaçant la Guerre Froide qui l’opposait à son époux depuis leur sortie d’Azkaban. Son sommeil se faisait plus lourds dans les bras de son plus vieil ami. Les lourds cernes s’estompaient de plus en plus, et son état physique semblait s’améliorer. On aurait pu dire qu’elle rentrait dans le rang avec la cinquantaine. La vérité était tout autre. Bella se laissait tenté par le contrôle de ses impulsions avec l’aide d’un docteur bien spécial. L’entreprise risquée de Vayk Esterházy apportait ses récoltes en semant dans le subconscient de la Lestrange des graines de raison. La démence demeurait toujours dans les entrailles de la tante de Draco Malfoy. Néanmoins, plus enfouie, elle devenait redoutablement imprévisible, peinant de plus en plus à meubler les traits de la femme rendue indéchiffrable à l’image de son labyrinthe mental.

Son exemple demeurait le Magister et par ce modèle l’ainée des Black achevait sa crise d’adolescence qui durait depuis la Première Guerre des Sorciers. Avec les musées et sa prise importante, malgré les quelques faux pas de ses comparses, l’estime qu’on lui portait redorait le blason de sa maison. Rodolphus lui aussi avait fait un travail à ses yeux satisfaisants. L’ensemble de ces facteurs expliquait l’humeur réchauffée de la sociopathe. Ses dents arrangées croquèrent profondément dans un croissant qui venait d’apparaître sur la table basse ; s’y reposait ses jambes fines recouvertes de bas opaques, privilèges de l’hiver approchant. Un étrange calme la berçait en cette matinée. Bellatrix observa un instant sa main refermée sur la pâtisserie, portant les traces de la manucure réalisée en prévision de son repas avec Louis Werner. Celle-ci lui avait également bien servi lorsqu’elle avait assisté au procès de Felix Hvedrung, privilège de la plus fidèle membre du Cercle. Etre les yeux et les oreilles du Maitre parmi ses mangemorts était le nouveau terme à son contrat. Les trahisons entrainaient de nouvelles responsabilités pour les insoupçonnables du régime dont la femme faisaient évidemment partie. Le seul coup inattendu était le nom de son neveu parmi les familles à surveiller. Malfoy, un patronyme aussi maudit qu’il pouvait l’être. Cela lui arracha un long soupir alors qu’elle tournait la page sur une chronique de Nyssandra Ollivander, une fille dont la dynastie elle aussi devait être regardée de près. Terminant sa cigarette, habitude prise après être passée chez le violoniste Werner, Bella écrasa le mégot sur la tête de son elfe de maison qui retint un couinement. Elle se devait de délaisser son charmant déjeuner. Une longue journée, bercée par une aube charitable, l’attendait. La sorcière déposa un baiser affamé sur les lèvres de son mari à peine sorti du lit et on installa sur son crâne à chignon un luxueux chapeau. Son pas redoutable et sa démarche dégingandée la menèrent en dehors du domaine, où elle transplana dans un CRAC criard.

« Bonne matinée madame Lestrange » hulula un homme barbu à l’entrée du Ministère de la Magie. Les regards paniqués s’adressaient à Bellatrix avec timidité. Cela faisait quelques jours consécutifs qu’elle venait dans le temple du gouvernement. Cela n’annonçait jamais rien de bon. Tout le monde savait très bien qu’il ne s’agissait pas de visites de courtoisie chez son beau-frère Rabastan. Les deux Mangemorts ne souhaitaient en rien se croiser même pour affaire. De ce côté de la famille, on se voyait durant les réunions du Cercle ou aux cérémonies dynastiques. Les échanges y étaient à peine civilisés. L’objet de ces allers et venues demeurait des entrevues au sommet avec le Magister, seule cause valable pour que l’ainée des Black se montre asticotée comme une reine au Ministère de la Magie. Cela avait toujours le même effet. A coup de notes de service, on notifiait l’insigne honneur en prévenant chacun de ne pas faire un pas de travers. On la connaissait à fleur de peau devant les bureaucrates. Trépignant d’impatience devant les cages d’ascenseurs, les files d’attente s’en étaient éparpillées à son approche. La Terreur avait pour nom Bellatrix depuis que les bruits de couloirs répétaient à qui voulait l’entendre que la secrétaire du département de la Justice avait été soumise au Doloris ; et ce pour une histoire de déjeuner trop froid. Le récit édulcoré avait subi des modifications mais il produisait un effet sans pareil. « Département… des mystères. ». La voix off résonna dans le couloir ce qui amusait toujours l’ancienne détenue. Comme une enfant, elle trouvait ce refrain entrainant. Au regard des protections du niveau neuf, c’est la chance qui guida la Mangemort sur la route d’Augustus Rookwood, celui qu’elle venait voir avant de passer au niveau un. « Augustus chéri, asséna-t-elle sans se pourlécher de courtoisies, donne ça à mon neveu. » Le ton était sec certes mais pourvu d’une complicité qui faisait froid dans le dos. Il avait posé une main sur la taille fine de la tortionnaire alors qu’elle venait de lui intimer l’ordre à l’oreille, en susurrant son autorité. Même âge, mêmes passions haineuses, les deux Serpentard d’autrefois auraient fait un couple satanique sans pareil si Bellatrix n’avait pas préféré son époux. Elle glissa une note pliée en deux dans la poche intérieure du costume appartenant au patron de Draco. Indiquant sa joue de l’index, la femme féroce reçut un bécot amusé et amical de l’homme effrayant.

Mon doux Draco,
Je te retrouverai sur le balcon de ton appartement. Tu n’auras besoin que de ta baguette et d’un peu de sang froid. Considère toi chanceux que je prenne du temps pour toi.

Dans l’espoir que tu aies appris à voler,

Ta tante Bellatrix.


Accoudée sur le balcon, une cigarette empruntée à son neveu à la bouche, Bellatrix Lestrange regardait Scorpius jouer avec son balai miniature. Elle avait arraché le mini-moi au manoir Malfoy pour l’emmener « voir son père ». Le petit garçon avait un privilège énorme qui l’épargnait du danger : il portait en lui l’héritage des Black, ce que l’ainée de cette famille ne pouvait peut-être plus engendrer de manière satisfaisante. Les traits rajeunis par le repos et le confort, elle s’accroupit lorsque l’enfant s’approcha d’elle. Ses doigts tendus vers lui se déplièrent sur trois patacitrouilles dodues. « Prends les, charmant petit fantôme », dit-elle avec un signe de tête saccadé et une infantile fascination dans le regard. La lieutenant des ténèbres ressentait la crainte qu’elle inspirait à l’être juvénile. Son sens maternel était si atrophié qu’il ne pouvait espérer de se révéler un jour. Draco serait sans l’ombre d’un doute furieux de voir sa tante s’occuper de son fils sans son consentement, à plus forte raison en son absence. Il fallait bien confesser que le balais-jouet volait plus vite et plus haut, sans pour autant pouvoir passer par dessus le balcon. Il serait idiot de perdre le seul résidu de la grande famille que Bellatrix représentait pour une histoire de Sortilège de Débridage trop puissant. Quoiqu’il en soit, la bouche pleine de pâte sucrée, Scorpius Malfoy s’amusait bien avec sa « Bella », appellation intime dont il partageait l’exclusivité avec peu de gens : Cissy, Rodolphus, Augustus et le Magister. La favorite se retourna vers le vide la séparant de l’Allée des Embrumes en se questionnant sur les horaires de son neveu. Augustus avait surement regardé le mot, en laissant son employé rejoindre son domicile à l’heure par respect pour sa complice d’école. Aspirant une bouffée de fumée, ses sentiments étaient partagés concernant le fils Malfoy. Devait-elle être en colère ou plutôt soulagée ? Narcissa et son exemple de maternité occupaient son esprit lorsqu'elle voyait son neveu, une chance peut-être de la voir plus avenante qu'à l’accoutumée.
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