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Dig  my flaws up - let's finish what you started
ARSENIORE
Boom, boom-boom, fait son cœur dans sa cage thoracique, alors qu'il marche dans la foule, déambulant plus qu'autre chose à la recherche d'un il-ne-sait-quoi qui le tirerait de sa torpeur. Boom-boom-boom, font les basses alors qu'il évite savamment une jeune fille titubant sans but ni tourment. Theo sourit vaguement, constatant sans grande peine que sa génération est bel et bien perdue dans un monde d'illusions, bercée par les mensonges du Magister. Qu'il sert. Bon petit soldat de plomb. Pas de bois, non, le bois ça vit, ça pousse. Ses pieds collent, il les sent s'attacher au sol plus que de raison, l'odeur criarde d'alcool et de sueur lui bombarde les narines alors qu'il s'enfonce dans les entrailles du club. Sa main, dans la poche de son jean légèrement usé, joue avec la bourse moitié-pleine, moitié-vide de sphères d'orviétan. Il pourrait en prendre une, là, maintenant. Oublier un peu plus pourquoi il a tenu à fouler le plancher crasseux de ce club minable. Il pourrait, mais dans le doute, Theodore s'abstient. Son genou gauche lui fait un instant défaut, pas encore tout à fait remis de l'embuscade dans laquelle Nott et Malfoy sont tombés la semaine passée, et dans un geste disgracieux, Nott se rattrape à une table, l'embarquant presque dans sa chute avant de stabiliser sa position. Le regard mi-amusé mi-méprisant que lui lancent les occupants du morceau de bois visiblement VIP le fait serrer les mâchoires et son poing de se refermer instinctivement autour du petit sachet en velours. Il pourrait leur faire ravaler leur sourire en coin, mais il ne le fera pas. Il n'est pas là pour ça. Il n'est là pour... rien. C'est une nuit comme les autres, une nuit de lumière et d'angoisse, une nuit blanche durant laquelle Theo a trempé ses draps de sueurs froides avant de se décider à sortir. Pour tout oublier, oublier le bon et le mauvais, oublier leur visage famélique après que sa baguette n'ait frappé leur joue. Et pourtant il n'oublie pas, pas vraiment du moins. Les distractions ne sont qu'un répit dûment mérité qu'il s'offre quand bien même on le lui refuserait. On le bouscule et il laisse échapper un sifflement noyé par les pulsations des enceintes disséminées aux quatre coins de la pièce. Explorateur d'un soir, Theo s'engouffre dans ce qu'il imagine être les profondeurs du night-club, laissant ses pas le guider toujours plus loin dans les entrailles du bâtiment à la recherche d'un peu d'extase à fournir à sa pourriture d'âme. Les couloirs se suivent, se ressemblent mais pas les gens, non les gens eux changent. Les fêtards sont toujours aussi excités, Theo plombant l'ambiance pour eux, mais leurs accoutrements ne sont plus aussi vulgaires. Il n'y a pas de seins exposés, de torses bombés, juste des couleurs vives, tranchant l'obscurité. Fonçant bille en tête, et à contre courant, tel le strangulot cherchant à remonter la cascade, Theodore sentait une excitation naître en lui. Cette peinture, ce déguisement de fortune, allait peut-être lui permettre de passer un moment à n'être qu'un autre, ni Mangemort ni Pur, ni bourreau ni informateur. Un jeune de vingt-deux ans comme la salle à venir en comporterait sûrement. La vérité le frappe sans prévenir, la traitresse, et le verdict s'impose de lui-même. Il ne sait pas comment être « comme les autres jeunes de vingt-deux ans ». Cette révélation a mis fin à sa marche endiablée et, du haut de son mètre quatre-vingt il stagne au milieu de l'étroit couloir, ne se donnant même pas la peine d'éviter les épaules qui passent à côté de lui et le bousculent. Ce n'est que lorsqu'une main, un doigt plutôt, vient se planter dans son épaule que Theodore reprend possession de son corps qu'il avait momentanément quitté. « Bonsoir, je suis Ranja, votre hôtesse pour la soirée, vous allez bientôt pénétrer dans la salle Supernova. Pour se faire nous recommandons que vous vous enduisiez de cette lotion magique, facile d'utilisation et qui part avec un simple Recurvite. L'idée étant pour vous de ne voir que ce que les autres clients ont envie de mettre en valeur. » Elle parle vite, il comprend lentement. C'est sans rechigner qu'il se saisit de l'espèce de pommade, d'apparence plutôt gluante mais qui s'avère assez simple d'application. S'enduisant les mains il ne lésine pas sur le premier jet, recouvrant la moitié de son visage d'un seul geste, la face peinte en vert il retrempe ses doigts dans la jarre de lotion et découvre avec amusement que le trait suivant a changé de couleur. Du bleu le long de sa trachée. Puis vient le moment de dissimuler la Marque, de retrouver un tant soit peu d'innocence. Un large brassard orange s'appose alors sur le signe de son appartenance au Magister. Ce symbole le réduisant à un simple membre du bétail. Elle l'a vue avant qu'il ne la recouvre et si elle reste très professionnelle, elle est un peu plus tendue. Theodore le sent à son intonation, son débit plus lent et sa respiration plus courte quand elle reprend : « Laissez-moi vous guider à notre salle pour les invités de marque, vous pourrez profiter de l'ambiance et d'une foule triée sur le volet. » Il ne proteste même pas quand elle décolle rapidement, pressant le pas probablement pour finir au plus vite cette mission déplaisante. En chemin elle croise un autre membre du staff qui lui refourgue un autre client « privilégié ». Le simple fait qu'ils soient deux en trente secondes en dit long sur l'élitisme supposé qui règnera dans la fameuse salle. Devant une petite porte, que Theo n'aurait jamais pris pour l'entrée d'un coin huppé, la Ranja s'arrête net, fait volte-face, les salue vivement et décampe à toute jambée non pas sans les avoir au préalable gentiment poussés à l'intérieur et fermé la porte derrière eux. Il est évident très rapidement qu'il y a eu une erreur. Pratiquement collés l'un à l'autre, n'ayant pour espace personnel qu'une trentaine de centimètres de chaque côté, les deux jeunes hommes sont coincés dans ce qui semble être un placard à balais. La vibrance des couleurs le force à plisser les yeux et il soupire en dégainant sa baguette. « Alohomora. » murmure un Theo confiant mais exaspéré. Le cliquetis qui résonne est synonyme de liberté retrouvée et alors qu'il tourne la poignée pour sortir ses doigts sont brûlés par le métal. Une porte inviolable. Probablement pour que les clients ne s'adonnent pas à des parties fines dans le placard à balais. «À votre tour d'ess... Lestrange ? » Maintenant que ses yeux sont un peu plus coutumiers de la luminosité criarde de la peinture il distingue plus clairement les traits de son compagnon d'infortune. Et il n'y a pas à dire. Cette soirée ne peut pas plus mal tourner. Être coincé avec Arsenius Lestrange dans un cagibi est de loin la dernière façon dont Theodore aurait pu imaginer passer sa nuit. Haut les cœurs ! Le frère de Guenièvre va simplement passer le peu de temps qu'ils mettront à trouver un moyen de sortir à le fixer de ses yeux aquilins,  eux qui dévorent les gens et leurs personnalités pour ne les réduire qu'à quelques mots sur un misérable bout de papier.
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arseniore

Le crystal du cendrier régurgite, crache le cigare à peine entamé et négligemment posé sur le bord. Lui qui frôle la chute. S’approche de la serviette après une dernière volute. L’elfe de maison détourne le désastre de son objectif et claque des doigts pour éteindre le pourrisseur de poumons. À peine une minute s’écoule sans même attirer l’attention d’Arsenius, dont les yeux sautent de ligne en ligne, d’histoire en histoire, se gravent de lettres et se gavent de meurtres. Il y a eu de nombreux rebondissements ces derniers jours, résultant sur des morts et des blessés, pullulant le quotidien des honnêtes gens de divers sujets de conversation – tu as appris les nouvelles ? tu sais ce qui s’est passé ? oh mon dieu, il faut absolument que je te raconte. Arsenius n’aime pas les commérages mais Mockingbird aime être tenu au courant de tout. Plus d’efficacité lorsqu’il s’arrache les ouillières et tend les oreilles. On raconte que même Potter est sorti de sa tanière. L’information pique sa curiosité, peut-être qu’il enquêtera pour connaître les raisons de son absence de bon sens – quel stupide mêlé, mené par une raison trop albescente, doublé d’un cruel attachement au suicide. Divertissant. Il replie le journal et le délaisse sur la table. Ses pas le mènent au balcon de la Tour, la bourrasque plaquant ses cheveux encore plus en arrière. L’envie intense d’attraper sa plume et de gratter des parchemins. Cette envie vorace qui ne se calmera que lorsqu’elle se sera sustentée de ses mots. Mais il a été frappé du syndrome de parchemin vierge – lui qui s’est cru invincible se retrouve à présent le crâne ouvert aux plus vulnérables. Ça l’insupporte d’être sous l’emprise des maux, des maux de tête, des mots qui l’attrapent – son cœur dérape. Des mots qui le prennent aux tripes, sans qu’il ne trouve l’inspiration pour les coucher sur du papier. Arsenius a le regard dur lorsqu’il scrute les badauds. Ça l’agace d’être vulnérable lorsqu’il s’agit de sa plume. Ça le dérange d’être aussi dépendant d’elle, cette passion qui le rendrait presque immortel. Mais il ne l’est pas, il n’est qu’un putain d’humain sujet aux pannes d’inspiration. Saloperie d’inspiration, elle qui va et vient au gré de ses envies, de ses humeurs. Saloperies. Il décide de jeter au vent ses pannes, ses incertitudes, ses idées. Peut-être qu’en se débarrassant du mauvais, il retrouvera sa flamme, son inspiration, sa muse.

C’est pire encore lorsqu’il n’a personne avec qui discuter de l’écriture. De ces foutus articles qui germent dans sa tête, ces idées sordides mêlées aux vérités trop féroces ; seul, dans le plus grand secret, à devoir dissimuler ses véritables intentions. Il tourne le dos au monde, enferme Mockingbird quelque part dans sa caboche. Replonge dans le quotidien contrôlé d’Arsenius Lestrange, l’esthète psychorigide mais qui a toujours bon goût. Il attrape une veste et quitte la Tour, en direction du Centuries. Fei lui a donné rendez-vous ici, trop enthousiaste d’avoir bouclé sa nouvelle collection, exigeant quelques heures sans paperasse et mannequins – quelques heures uniquement pour eux, rien que pour eux. Il réajuste sa cape de sorcier sur le chemin, vérifie que sa tenue ne présente pas de pli disgracieux. Dans le hall du Centuries, il se focalise d’abord sur son reflet dans le miroir, inspectant son visage – en particulier ses rouflaquettes dont il en prend soin comme de son premier nouveau-né. Mais aussi discrètement que possible, il n’a certainement pas envie de dévoiler son narcissisme au grand jour, même si certains s’en doutent déjà fortement. S’il était seul, il aurait certainement fait un clin d’œil complice à son reflet. À cause de la présence des autres badauds, il est contraint d’avancer, le port altier, sans clin d’œil de satisfaction. Quelques hôtesses le connaissent déjà, qu’il salue d’un charmant sourire et signe de tête, suivant les instructions pour entrer dans la Supernova et le body painting. Son visage se retrouve couvert de turquoise, ainsi que quelques mèches de ses cheveux ; Fei adore lorsqu’il a les cheveux d’une autre couleur, elle ne cesse de le presser pour les teindre en vert. Avant qu’il ne termine de se tartiner de peinture, on le bascule soudainement vers une autre hôtesse, une nouvelle puisque ses traits n’ont jamais été passés au crible par Arsenius. Il soupire, ce n’est pas grave, tant qu’on l’emmène au bon endroit… Et non, forcément, ça aurait trop beau pour être vrai : en quelques secondes, l’hôtesse le bouscule, lui et un autre individu, dans une pièce qu’elle pense sans doute être la pièce principale mais qui doit être en réalité un placard à balais, au vu de l’étroitesse. La première réaction d’Arsenius est de froncer les sourcils, même dans le noir, presqu’un tic nerveux quand on y pense bien. Puis instinctivement, il se frotte les bras, son nez piqué par de mauvaises odeurs. Qui dit mauvaises odeurs dit saletés, bactéries, maladies… « Alohomora. » Au son de cette voix, Arsenius relève la tête mais ne perçoit pas grand-chose à cause de la couleur flashy. Merveilleux, le simple Alohomora n’a pas fonctionné, ce qui veut dire qu’ils sont coincés ici encore un moment. «À votre tour d'ess... Lestrange ? » En temps normal, il aurait certainement été flatté qu’on le reconnaisse. Mais dans un moment pareil, il n’a qu’une envie : grogner de frustration. Il a également reconnu l’individu, Nott, ce qui ne dilue absolument pas l'acidité de son humeur. Sans parler de la vue diminuée et l’inconfort forcé, putaindebactéries… « Nott, en guise de salut accompagné d’un soupir las, merveilleux. Qu’ai-je fait au bon Merlin pour mériter un châtiment pareil ? » Peste-t-il en se saisissant de sa propre baguette, imitant le sort que Nott a lancé, sans espoir de réussite. Si même Nott n’a pas réussi, Arsenius n’y arrivera jamais… Il a beau avoir une très haute estime de lui-même, il sait où se trouvent ses faiblesses. Mais il n’en est pas question de les avouer à vive voix. « Il semblerait que notre hôtesse nous ait fait une belle farce. Ou alors elle est seulement trop conne. » En resserrant ses doigts autour de sa baguette, il lance un Lumos pour soulager un petit peu ses rétines. Mais la migraine, en revanche, est revenue férocement ; la soirée s’annonce merveilleuse. Mortelle surtout.
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Étouffant, suffocant, Theodore veut sortir. Il ne pense qu'à ça. Le moindre mouvement lui arrache une légère grimace et ceux que son voisin d'infortune a le malheur de faire lui font hausser les sourcils. Ce geste trahissant son état de nervosité et d'inconfort aurait pu passer inaperçu s'il ne les avait pas peints en vert fluo. Une bonne idée au départ mais qui -maintenant qu'il est coincé là, avec Arsenius Lestrange qui plus est- s'avère être une erreur de jugement et un handicap. « Nott, merveilleux. Qu’ai-je fait au bon Merlin pour mériter un châtiment pareil ? » La réponse de son aîné lui tire un sourire narquois, il est assez attristant pour Theodore de constater qu'il ne se trompe pas sur les gens et que ceux-ci ne le surprennent jamais, jamais en bien en tout cas. Alors oui. Oui, il le plaint d'être enfermé là avec lui. Pauvre petit photographe sans talent appelant Merlin à l'aide à la moindre difficulté quand la fortune de Papa-Maman ne peut pas le tirer d'affaire. Le bellâtre n'a rien de bien séduisant aux yeux de Theo. En fait Arsenius représente tout ce que Theodore déteste dans leur petit cercle de privilégiés, nés dans la bonne société, qui n'ont jamais rien subi d'autre que le confort que l'argent permet et qui sont devenus fainéants et las de la vie. C'est ça, Arsenius. Un garçon dont les lèvres sont froides d'avoir trop embrassé l'or de la petite cuillère, dont l'esprit a subi les affres d'une éducation trop conservatrice pour avoir son opinion sur le monde et qui pourtant. Et qui pourtant a eu la chance de ne pas finir comme lui, la Marque au poignet. Arsenius représente tout ce qu'il déteste parce qu'il a eu l'intelligence de ne pas se laisser embrigader, parce qu'il jouit d'une liberté que Theodore ne connaîtra jamais. Ayant quitté l'embrassade réprobatrice d'un père acariâtre pour rejoindre les rangs castrateurs des Mangemorts. Lui avait eu à payer une taxe sur sa vie pour profiter de son rang de membre de l'Élite. Arsenius avait échappé à ça et il avait été envoyé à Serdaigle, s'extirpant par là du poids de l'héritage familial. Et irrémédiablement, parce que le Lestrange n'est pas homme à décevoir et que Nott n'est plus du genre à se laisser marcher sur les pieds, la réponse ne se fait pas attendre. « Et si tu partageais ce châtiment en silence Arsenius ? Qu'on s'épargne une joute verbale inutile. » lâche-t-il sobrement, sans pour autant desserrer les mâchoires. Ce type a vraiment le chic pour le mettre sur les crocs et lui taper sur le système. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Theodore n'a toujours éprouvé pour Arsenius qu'une absence totale d'estime et un manque d'intérêt profond. La réciproque n'est cependant pas vrai. L'héritier Lestrange a, dès Poudlard, semblé vouer au Nott une espèce de haine féroce, que ce dernier ne s'explique qu'avec difficulté, ne voyant pas comment des filles éconduites par manque d'intérêt et parce qu'elles ne savaient pas comment l'approcher ont pu créer chez Arsenius une telle rancoeur. C'est en ça que Theodore néglige totalement l'importance d'une fierté sur la vie d'un homme. Probablement parce que lui manque d'un sens développé du soi et d'un sens de la rancune qu'il n'a jamais vraiment développé. « Il semblerait que notre hôtesse nous ait fait une belle farce. Ou alors elle est seulement trop conne. » fait le plus vieux, rompant le silence dans lequel Theodore s'est laissé flotter pendant quelques secondes. Cette intervention, porteuse de peu d'intérêt, fait hausser un sourcil à Theo qui pour une fois se trouve surpris devant le peu de consistance que les mots de son colocataire de placard vient de prononcer. « Savante observation. Nous voilà bien avancés. » souffle-t-il, la moquerie au bord des lèvres. N'ayant pas totalement rangé sa baguette et doutant du fait qu'Arsenius, qui n'a même pas tenté sa chance à ouvrir la porte, réussira à leur fournir un peu plus d'espace, Theodore vient poser l'extrémité du bout de bois contre le mur en pierre. Concentrant ses pensées sur une formule, il laisse son cerveau cracher le sortilège alors que ses dents ne desserrent pas leur étreinte. La rangée du haut se montrant comme à l'accoutumée très affectueuse envers sa camarade du bas. « Capacious extremis » En un bruit subtil mais significatif la fondation du bâtiment se met à reculer, leur laissant l'espace de respirer. Dix centimètres, vingt centimètres, un mètre. Retirant sa baguette du mur pour la faire gesticuler dans les airs, Theodore conjure une chaise en bois sur laquelle il se laisse tomber, persuadé que la soirée va être longue et refusant à Arsenius la politesse de lui en créer une. Qu'il se démerde, ça lui apprendra le respect. est à peu près la leçon que l'ancien Serpentard espère enseigner à l'ancien Serdaigle. S'il y a bien une chose que Theodore aime, c'est le silence. L'assassiner comme il s'apprête à le faire lui coûte, mais une bonne provocation, venir titiller le Lestrange, est une compensation largement suffisante pour qu'il commette ce qu'il considère en temps normal un crime de lèse-majesté. « T'es venu chopper de la dinde pour remplir l'espace de quelques instants le vide qu'est ta vie ? » Il en veut à Arsenius de n'être intéressé par rien d'autre que son art, qu'il juge médiocre -non pas qu'il soit objectif sur la question-, par son MSN qu'il remplit de commentaires idiots et autres photos de ses lapins. Bref, rien d'intéressant pour Theodore, qui le stalke par intermittence -qui niera le faire en société- plus pour porte un jugement sur le jeune homme que pour apprécier ses traits d'esprits.
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Corps tendu, muscles contractés, il le fixe, le toise, prend la mesure des choses. Compte les secondes avant que l’un d’eux n’explose. Les paris sont ouverts. Le grincement de ses dents n’arrange certainement pas l’envie latente de se gratter la peau mais il le fait tout de même, pour ne pas succomber à l’appel de l’éradication de toutes saletés imaginaires. Pas si imaginaires que ça enfin de compte, au vu de l’état du placard à balais. Ne pas regarder le sol, ne pas regarder les murs, ne pas regarder les balais crades... Sa seule distraction contre ses psychoses s’avère être Nott. Mais là encore, il préfère passer son tour à cause de leur animosité constante. Il croise les bras sur son torse nu, laissant les tâches de peinture se mélanger entre elles. « Et si tu partageais ce châtiment en silence Arsenius ? Qu'on s'épargne une joute verbale inutile. » Ses phalanges blanchissent tant il serre les poings sur son torse mais Arsenius garde son calme – il ne laissera pas le tempérament colérique de son père prendre le dessus sur sa psyché. Surtout que Nott n’en vaut même pas la peine pour qu’il se donne en spectacle de cette façon et cautionne ce trait de ressemblance avec son paternel. En réponse, il grince encore plus des dents, serrant ses lèvres en une fine ligne dont les bords tressautent légèrement de l’acidité qu’il contient coûte que coûte. Cette même acidité qui est en train de tordre ses boyaux et tendre son corps. Il a sincèrement très envie de porter la main sur Nott. Peut-être qu’Arsenius est en tête pour gagner ce pari, après tout il a le bon pedigree pour tenir la route dans ce face à face inutile. Mais il ne va certainement pas nier la réputation que se traînent les Nott depuis des décades – alors Arsenius continue à grincer des dents encore et encore et reste le plus stoïque possible. En bougeant le moins possible, il n’y aura pas de poussière volante sur lui. N’est-ce pas ? « Savante observation. Nous voilà bien avancés. » Le sarcasme dégoulinant de ses paroles rend le grincement de ses dents un peu plus sonore, remplissant presque le silence qui suit sa remarque. Pour la survie de sa dentition, il devrait éviter de grincer des dents mais ce geste habituel et nerveux lui permet principalement de compter mentalement les secondes et s’intimer au calme.

Mais rien ne fonctionne dans ce cloaque oublié, leurs auras diamétralement opposées y ajoutent encore plus de vapeurs embrumées. S’il se concentrait ne serait-ce qu’un peu, il pourrait même voir de la fumée s’élever de leurs corps tant ils se comprennent dans leur antipathie mutuelle. « Capacious extremis. » Prononce son acolyte de malchance, rendant la situation un peu plus vivable avec de l’espace entre eux et les murs – de l’espace entre eux tout court. Le sortilège donne une idée saugrenue au Lestrange qui se repasse en mémoire tous les cours d’architecture qu’il avait suivis en Chine durant quelques mois. Par simple erreur de sa part – erreur qui lui a permis d’utiliser ses connaissances en architecture pour se sortir de ce genre de pétrins. Seulement, il n’est pas encore prêt à révéler ce tour à son acolyte. Il sait que ses sortilèges auront un effet et leur ouvriront l’accès mais la perfide partie de son cerveau a envie de laisser Nott pourrir dans ce trou. Quitte à se pourrir soi-même mais ça en vaut la peine – n’est-ce pas ? Et là, sous la faible lumière de son Lumos, Arsenius Lestrange a très envie de sourire. Mais il sourit intérieurement, d’un sourire atteignant même ses oreilles. Il le regarde invoquer une chaise, préférant toujours rester debout parce qu’il apprécie… cette position. Il peut se permettre de le regarder de haut, encore plus qu’habituellement. Et parce que ça lui donne aussi l’occasion de profiter d’un Nott ayant baissé sa garde. Il décroise les bras de son torse et recule son crâne, le laissant rencontrer le mur trop sale. Ce n’est pas grave. Parce qu’il a trouvé une bien meilleure occupation. Ses névroses envolées, Arsenius a seulement envie de jouer avec les nerfs de Nott – tout comme celui-ci balance du carburant sur sa colère. « T'es venu chopper de la dinde pour remplir l'espace de quelques instants le vide qu'est ta vie ? » Nott a lancé la balle en premier – ce n’est pas grave, Arsenius est capable de la lui renvoyer jusqu’à lui fracturer le nez. Mais pas tout de suite pour l’attaquer physiquement, Arsenius n’a pas envie que les tâches de peinture de Nott se collent sur son corps. Lui, il a apporté son propre pot de peinture spéciale, qui sait combien de nids à maladies ont fourré leurs doigts dans le pot de peinture de Nott ? « Ma vie n’est pas vide, Nott. Elle est déprimante, nuance. » Et puis, avec sa baguette, il apporte le Lumos sous son menton, pour éclairer principalement son visage. « Je déprime, comme tu peux le voir sur mon visage, parce que je suis en deuil de ton cerveau. » Mais il ne fait pas rebondir sa balle tout de suite : il tend la baguette vers Théodore et lance un « evanesco » sur sa chaise, causant à son acolyte de s'écraser, fesses contre terre. Cette position est bien meilleure que la précédente, le voir aussi diminué et à ses pieds lui donnerait presque envie de sourire vraiment. Ou d’obstruer sa gorge avec la semelle épaisse de sa botte. Au choix.
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