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sujet; the moment to fight (draco, duel) |
| Ses genoux heurtèrent le sol en un bruit mat. Les mâchoires serrées, son regard vert vrilla en direction de la silhouette sombre qui lui faisait face. Elle se redressa, ses doigts fermement enroulés autour de sa baguette. Sa course ne l'avait pas essoufflée, l'adrénaline la rendait avide de vengeance. Justice, pourrait-on dire, mais ce n'était pas ce qu'elle recherchait. Non, elle cherchait surtout à satisfaire cette noirceur qui ternissait son cœur, l'appelant à affronter le mangemort qui la poursuivait depuis quelques minutes. Un sourire carnassier étira ses lèvres, un ricanement rauque fut lâché. Elle ne connaissait ce salaud que trop bien ; ses cheveux blonds, sa voix traînante, son regard gris. Vide. Bovin. Sa prise se renforça autour de son arme. La pointe de sa baguette était dirigée vers le sol. Chancelante, elle esquissa un pas maladroit (et un tantinet menaçant) vers Malfoy. Qu'attendait-il pour la tuer ? Ils avaient le même âge et, Daphné l'espérait, le même niveau. Certes, elle n'avait pas été formée par des mangemorts et avait passé ces dernières années à parcourir l'Angleterre – son apprentissage s'était arrêté net durant sa septième année. En revanche, les membres de l'Ordre avaient essayé de l'instruire du mieux possible en prévision de la Bataille de Poudlard. Greengrass avait assisté à un véritable carnage mais, au moins, elle avait survécu à cette boucherie. Sa lèvre supérieure frémit. Va te faire foutre. Aucun mot ne passa la barrière de ses lèvres pâles mais il ne fallait pas être devin pour comprendre l'intitulé exact de ses pensées amères. Il avait engrossé sa cadette, il avait – sa gorge se serra – fait tous les mauvais choix. Et il se tenait là, sous ses yeux, livide sous les derniers rayons du soleil. D'abord immobile, Daphné brandit violemment sa baguette « Expelliarmus ! » éructa-t-elle de sa voix la moins aimable. Son sort heurta Malfoy. Tandis qu'il titubait, la jeune femme se rengorgea face à cette courte victoire « j'espère que tu apprécies ça, pauvre troll ! » s'exclama-t-elle en se préparant à l'attaque. Elle avait ouvert les hostilités et s'en félicitait, malgré les inquiétudes qui commençaient à l'assaillir. Ce duel n'était rien de plus qu'une façade, une envie de régler ses comptes par le biais d'une manière qui lui était presque inconnue – elle se souvenait avec nostalgie du club de duel, de ces heures durant lesquelles elle s'était acharnée à toujours vouloir mettre ses adversaires à terre – une plaisanterie, un jeu, rien de plus. Jamais la réalité ne lui avait semblé aussi déroutante et dangereuse.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | Traquer était un devoir, un acte ponctuel plutôt qu’un exercice régulier – uniquement requis des Mangemorts lorsque l’un des Indésirables Recherchés qui était repéré pouvait s’avérer suffisamment important pour ne pas être laissé à la seule charge des Rafleurs. Les filles Greengrass comptaient au nombre de ceux que le Lord trépignait de hâte à l’idée de revoir. Certes pas pour une visite de courtoisie, mais bel et bien pour entendre lui-même l’héroïque fuite de Daphné et le tragique enlèvement d’Astoria. Et les leur faire payer. Dès lors qu’une mèche rousse était aperçu Draco était convié à participer aux recherches, puisque sa hargne à l’égard des deux recherchées n’était un secret pour personne. Trop souvent, les informations s’étaient avérées erronées ou vieilles de plusieurs semaines. Cendres froides et sans intérêt.
Mais voilà, cette fois elle était là : à quelques pas de lui seulement. La course-poursuite avait pris fin à l’instant même où l’ancienne Serpentard avait cessé de courir pour accepter de lui faire face, et Draco lisait enfin dans son regard un écho de sa propre haine. Intense, vive comme au premier jour. La même qui l’avait fait fouiller des mois entiers les environs et des parcelles de cette forêt sauvage, dans l’espoir d’évacuer un peu de sa rage. S’il l’avait classée dans une part de son esprit pour qu’elle ne l’intoxique pas au quotidien, elle avait pleinement resurgi à l’instant même où il s’était aperçu que la piste, cette fois, était plus qu’exploitable. Draco ne lança pourtant pas le premier sort ; il se tint seulement face à Daphné, l’observant à travers ses cils pâles. Incapable de lever le bras parce que sur ces traits péniblement familiers se superposaient ceux de la sœur cadette, ramenant avec leur souvenir les doutes. Astoria avait-elle suivi de son plein gré son aînée prodigue, la rebelle qui avait craché sur tout espoir de salut afin de défendre une quête vaine ? Peu importe, se morigéna-t-il une seconde trop tard. Ce n’était pas le moment d’aborder les questions sans réponse. « Expelliarmus ! » Le sort claqua dans l’air et le heurta directement au bras, le faisant reculer d’un pas et envoyant valser sa baguette dans les épais fourrés qui les entouraient. Malfoy ne prit pas le temps de jurer entre ses dents – il s’écarta de la ligne de mire pour éviter une potentielle attaque de plus. Trouvant refuge derrière un tronc large, il tendit le bras en lançant un « Accio ! » informulé. C’était bien là le seul sort qu’il maîtrisait sans baguette : il avait mis des années à l’apprendre dans l’attente d’un duel contre Potter, dont le désarmement était l’arme récurrente. « J'espère que tu apprécies ça, pauvre troll ! » « J’apprécie de te voir te vautrer dans ta crasse et tes idéaux pathétiques, oui », cracha-t-il en réponse. Le feuillage frémit tandis que l’élégante baguette d’érable se frayait un chemin hors de la terre humide et de la moisissure. Draco grimaça à ce contact répugnant. Il se déplaça de façon à ce qu’elle le voit la viser directement ; et comme il s’y attendait, elle eut le réflexe logique de s’écarter pour éviter la contre-attaque. Mais le mouvement avait pour but de la déséquilibrer et le sort, lui, visait l’amas de vrilles et de tentacules au repos derrière elle : « Diffindo ! » Le sort de découpe atteignit de plein fouet le Filet du Diable qui se décontracta d’un coup, telle une bête dangereuse piquée en plein sommeil, et dont les tentacules avides fondirent à toute vitesse sur la première intruse qu’elles trouvèrent sur leur chemin : Daphné. |
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| Malfoy avait répondu ; sa verve restait inchangée, aussi subtile que démente. Alors que Daphné évita avec souplesse le sort – qui atteignit un amas de racines derrière elle -, ses lèvres se fendirent en une grimace où se mêlaient réjouissance et haine. Une haine qu'elle sentait dans ses entrailles. Elle brandit de nouveau sa baguette ; lorsqu'elle remarqua enfin que le Filet du Diable l'attaquait, ce ne fut qu'au dernier moment. Étouffant un cri surpris, la jeune femme voulut lancer un second Experlliarmus – visant cette fois-ci le torse de son adversaire – mais le sort échoua. Grognant et lançant une injure particulièrement virulente à sa baguette, Daphné fit volte-face, craignant sûrement plus les plantes agressives que le blond à qui elle ne tarderait pas à écorcher vif. La baguette levée à hauteur de son visage, ses mèches rousses dansant autour de son visage égratigné et furibond, l'insurgée hurla de nouveau un sort « Cracbadabum ! ». Cela eut pour effet d'exciter davantage la plante qui balança l'une de ses tentacules terreuses en direction de Daphné, fouetta son visage et la laissa groggy. Aucun son n'était sorti de sa bouche pourtant ouverte. Une entaille se dessina sur sa pommette déjà rougie par l'effort. La main gauche plaquée contre sa joue endolorie, la jeune femme se risqua à regarder son adversaire qui, pour son plus grand plaisir, était également en mauvaise posture. Il aurait été si facile de se débarrasser de cette maudite fouine alors que son attention était vraisemblablement détournée par sa somptueuse création. « Cra-cracbadabum ! » balbutia-t-elle de nouveau, préférant s'occuper de l'ennemie qui lui demanderait certainement le plus d'efforts. De nouveau, la plante contre-attaqua mais la jeune femme, plus rapide qu'elle ne l'aurait imaginé, évita de justesse le coup. Son dos heurta le tronc d'un arbre. Sa baguette levée était dirigée vers le Filet du Diable qui, au lieu de subir les aléas normalement provoqués par son sort, commença à amplifier ses attaques. « M-Malfoy ! » elle l'avait appelé, quémandant certainement un peu d'aide contre cette ennemie commune, cette immondice – une créature invoquée par Draco et dont l'aigreur avait été alimentée par ses soins. « Par Merlin, fais quelque chose ! » éructa-t-elle, les yeux exorbités où se dessinait une lueur assassine. Et peut-être un tantinet inquiète ; elle ne se souvenait plus de quelle manière les gens se débarrassaient habituellement de ce genre de chose. Filet du Diable, Filet du Diable – ce nom ne lui évoquait rien d'autre qu'un profond ennui. Et ce fut en évitant de nouveau un coup de la part de la plante que Daphné commença à se maudire.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | Malfoy esquissa à son tour un sourire sadique en voyant celui de son adversaire se muer en cri surpris. Elle n’avait pas su à quoi s’attendre avec lui et avait été trop prompte à crier victoire – voilà qu’elle en payait le prix. Elle s’apprêta malgré tout à lui lancer un sort en le voyant lever sa propre baguette, mais opta pour la logique pour une fois de sa vie en retournant ses efforts contre le Filet du Diable. Excellent : c’était précisément le moment qu’il attendait. Loin d’éprouver un quelconque remord en l’entendant agresser la plante et en la voyant en faire les frais, il cria d’une voix audible : « Acidum Anguis ! » Mais il n’avait pas prévu que les cirrhes soient à ce point en rage – puisque la Harpie rousse se bornait à en attiser la colère. Ainsi, le maléfice rencontra sur sa trajectoire l’une des tiges et s’y heurta à quelques centimètres de la cible prévue. La particularité de la Magie Noire était toutefois de ne pas se laisser détourner et de s’évanouir si simplement : non, elle détruisait ou abîmait tout ce qu’elle effleurait et ses dégâts étaient irréversibles. Ainsi, l’éclair lumineux éclata sur la racine mouvante, déversant son acide en une pluie mordante. Il eut tout juste le temps de souhaiter avec hargne que quelques gouttes perdues aient trouvé leur chemin jusqu’à Daphné et laissé dans sa chair pâle des sillons indélébiles, que le Filet agressé se retournait contre lui. Envoyant la rousse au sol d’une part, cherchant à agripper Malfoy d’une autre, il était sur tous les fronts et semblait plus immense, plus menaçant que jamais. « Preasidum Facere ! » Les vrilles qui voulaient l’atteindre se heurtèrent au bouclier et se désagrégèrent contre sa surface invisible, mais la victoire fut de courte durée : à la place de chacune d’elles en poussaient deux de plus en un temps record. Plus vindicatives encore, plus redoutables et implacables dans leur soif de nuire. Déjà, elles s’allongeaient pour contourner le danger et encercler le blond par derrière, voraces, ivres de colère.
Malfoy eut plus que volontiers laissé son ennemie se débattre seule et se faire engloutir, mais puisque la plante rampante n’avait pas la moindre intention de lui laisser une chance de fuir, il dut abandonner ce projet, si tentant soit-il. « M-Malfoy ! Par Merlin, fais quelque chose ! » Il ne pouvait la voir, bien qu’il perçut le venin de ses mots : son horizon n’était fait que de tentacules prêtes à se refermer sur lui. « Commence par arrêter de l’énerver avec tes sorts ridicules ! » gueula-t-il sur le même ton, plus que prêt à rejeter la faute sur elle. Son regard paniqué chercha la plus grosse des racines. Qu’avait dit Pomfresh, déjà ? Plus vous vous débattrez, plus il resserrera ses liens. « Et ne bouge pas ! » La pieuvre végétale entama de s’enrouler autour de ses bras, de ses chevilles, de ses jambes, de son ventre et de son cou tandis qu’il se concentrait pour se remémorer ce cours vieux d’une décennie et trouver un contre sort – si vous vous détendez, elle vous tuera moins rapidement. Le sang pulsait à cent à l’heure dans ses veines mais il s’obligeait à rester inerte, victime consentante, pour gagner de précieuses secondes ; et enfin… Draco rouvrit brusquement les yeux, juste à temps pour voir l’une des racines grimper jusqu’à son visage et l’entourer. « Lacarnum… Inflamare… », lâcha-t-il d’une voix étranglée. A bout de souffle, il crut d’abord qu’il était déjà trop tard et ses pensées se tournèrent vers Scorpius dans un flash désespéré. L’odeur de brûlé lui parvint avant que ses yeux, barrés par une vrille, ne captent la lueur vive des flammes naissantes. Elles se propagèrent à toute vitesse, rongèrent les tentacules terreuses qui se dénouèrent brusquement et se rétractèrent sur elles-mêmes, le laissant retomber lourdement au sol en passage. Il prit une goulée d’oxygène qui lui brûla la gorge, crachant ses poumons comme un tuberculeux. « La- Lacarnum Inflamare… », répéta-t-il en relançant faiblement le sort vers l'endroit où il pensait que se trouvait Daphné. |
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| Inspirant une nouvelle goulée d'air, Daphné étouffa un cri en sentant les racines se nouer autour de ses jambes, remontant doucement jusqu'à ses cuisses. Elles glissèrent le long de son ventre, frôlèrent sa poitrine, taquinèrent sa gorge offerte. Soudainement oppressée par cette situation de laquelle elle était incapable d'échapper, elle commença à se débattre, aboyant des obscénités à Malfoy – le conjurant, entre deux insultes, de faire quelque chose. Il lui répondait sur le même ton, lui ordonnant par la même occasion de s'immobiliser. Les mâchoires serrées, car visiblement forcée d'obéir aux injonctions du blond, Greengrass se redressa. Sa respiration était sifflante, désordonnée et tellement rauque que le silence de la forêt n'en était que plus pesant. Elle attendait, fébrile et frémissante d'une indignation contenue. Tous ses espoirs étaient alimentés par le savoir-faire de Draco Malfoy. Cette idée lui insuffla une vague d’écœurement mais, sage et modérée, elle préféra garder sa verve destructrice pour elle. Lèvres pincées, une forte odeur de fumée commença à taquiner ses narines. Fronçant le nez, elle entendit Malfoy lancer un sort. Aussitôt, les racines qui l'enlaçaient s'enflammèrent – le feu rongea tout ce qu'il y avait à détruire, toute cette verdure meurtrière. L'odeur était insoutenable. Épuisée par cette attaque, qui l'avait laissée tremblante, Daphné se laissa tomber sur le terre. La fumée était dense, épaisse. Se recroquevillant davantage, elle n'en toussa pas moins – la gorge à vif, elle cherchait désespérément de l’oxygène salvateur qui la débarrasserait de cette mauvaise toux. La main plaquée contre son nez, elle cherchait du regard la silhouette de Malfoy. Une fois qu'elle l'eut remarquée, un seul mot aurait été susceptible de passer ses lèvres. Un seul. Merci. Mais, gardant le silence, Daphné ne laissa passer pas le moindre son, ne souhaitant pas partager son bonheur d'être encore en vie – merci d'avoir engrossé ma sœur. Sa toux devint plus violente, lui donnant l'impression de cracher ses intestins. La fumée était épaisse. Merci de m'avoir attaquée, merci de faire partie de cette élite despotique, merci merci merci merc- Les larmes lui vinrent finalement aux yeux, aveuglée par cette rage qui s'insinuait doucement dans ses veines. La main tremblante, Daphné dirigea la pointe de sa baguette vers l'ombre de Malfoy. « Impedimenta ! » Sa voix, si elle manquait de force, n'en était que plus rauque. Son sort toucha le blond. Et rien, pas même une once de culpabilité, ne vint heurter sa détermination.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | Malfoy passa une main tremblante sur son cou endolori. Ce satané Filet avait vraiment mis du cœur à l’idée de l’étrangler ! Il aurait été fier de la cruauté de son œuvre si elle ne s’était retournée contre lui – gracieusement motivée par la Greengrass. « Pauvre incapable », força-t-il sa voix désagréablement prise à sortir. Il toussa à plusieurs reprises, incapable d’ajouter ne serait-ce qu’un mot de plus. Quel dommage qu’il n’ait pu trouver un moyen de s’éloigner suffisamment pour transplaner loin en laissant crever Daphné. Malheureusement, il avait été trop affaibli par la prise assassine des villes pour espérer aller bien loin, même avec la meilleure volonté ou l’instinct de survie le plus développé qui soit. Non, la seule solution était de renvoyer le Filet du Diable à son repos ; simple coup de chance pour son adversaire rescapée.
Il tenta de dégager ses poumons encrassés, agressés par la fumée environnante, presque opaque. A la recherche d’oxygène, il s’aplatit au sol pour fuir cette nouvelle ennemie et inspira profondément l’air à peu près sain, soulageant quelque peu son esprit fiévreux. Le feu ne s'était pas éteint, il se propageait autour d'eux. Il lui fallait sortir de là... mais pas sans avoir eu la peau de Greengrass, par les calçons de Merlin ! Fort de cette résolution, il planta un genou dans le sol et s’y appuya pour se redresser, puisant dans l’énergie que lui conférait sa haine. Le nez fourré dans son coude et les yeux froncés pour tenter de discerner quelque chose à plus de deux pas. Il ne voyait pas celle qu’il cherchait, mais il l’entendait. Non loin. Marchant à l’aveugle, il vit trop tard l’éclair lumineux qui fondit sur lui et le frappa de plein fouet. Ses jambes se défilèrent sous lui et la chute fut dure – une fois de plus. La douleur éclata dans ses membres inférieurs, intense, presque insoutenable sur le coup puisqu’il n’avait pas pu l’amortir. Elle fit trembler ses muscles mis à rude épreuve avant de refluer et de laisser un engourdissement dû au sort. Impedimenta. Le sort lui avait bloqué les jambes et le côté… gauche. Bien sa vaine : il était gaucher. Sa baguette lui avait échappé pour choir mollement au sol tapissé de verdure – il lui aurait été difficile de la retrouver cette fois : il ne pouvait pas miser une nouvelle fois sur l’informulé ; il lui fallait conserver l’énergie qu’il lui restait. Heureusement pour lui que l’Erable s’épanouissait dans les situations comme celle dans laquelle il était empêtré. Le bout de bois ensorcelé brillait littéralement, goûtant avec délice à l’aventure. « Bien joué, Greengrass. » – persiffla-t-il d’une voix étonnamment doucereuse pour gagner du temps. « C’est un fait, t’es plus que motivée à ne pas te laisser baiser par un Malfoy… contrairement à ta sœur, hein ? Mais… » son rire mauvais déchira à peine l’atmosphère lourd qui pesait entre eux. « Tu sais quoi ? » Il misait sur la curiosité malsaine, espérant que ce sentiment la pousserait à attendre d’en entendre plus. Il n’aurait que quelques secondes : sous peu elle rugirait pour défendre l’honneur de sa cadette autant que le sien, et l’impact serait terrible. Son esprit était tourné vers son propre bras à moitié inerte, sur la magie qui coulait dans ses veines. Peu importait que le reste de son corps reste entravé, il lui fallait retrouver au plus vite l’usage de sa main. Sa chance résidait dans le fait qu’elle ait lancé son sort alors qu’elle était encore affaiblie. Il ferma l’espace de quelques terribles et dangereuses secondes, concentré sur sa tâche, tandis que sa voix caressante continuait de capter l’attention de la rouquine. « Ça ne t’a rien rapporté. Tu es aussi… méprisable que ton père, à la différence près que toi tu es seule. Tu ne manques à personne. Même ta sœur ne te regrettais pas, je comprends qu’il t’ait fallu utiliser la force pour la ramener auprès de – » La vie revenait dans ses phalanges meurtries et il ne prit pas la peine d’achever sa phrase – Endoloris ! » Le sortilège de torture frappa la rousse avec une force proportionnelle à la rage de celui qui l’avait formulé.
Dernière édition par Draco Malfoy le Sam 13 Sep 2014 - 21:02, édité 1 fois |
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| La voix de Malfoy était étonnement douce, calme. Daphné l'avait pris en traître et jamais elle ne s'était attendue à un tel manque de réaction ; pourtant, à bout de souffle, elle ne parvint pas à déceler la moindre ruse derrière ce masque de sérénité. La baguette toujours pointée en direction de Draco, la jeune femme buvait ses paroles comme du petit lait. Il parvenait à attiser un élan de curiosité, une envie mordante d'en savoir davantage. Plus il parlait, plus son cœur se serrait à l'instar de sa gorge. Les yeux rouges d'avoir trop toussé, ils devinrent également brillants lorsque des larmes apparurent et ternirent sa vue. Il lui aurait été sûrement fatal de les essuyer. Immobile, tendue à l'extrême, sa main nouée autour de sa baguette tremblait mais elle n'en avait cure. Une seule idée l'obsédait ; achever le père de son neveu et rien, pas même le regard éploré d'un enfant abandonné, n'aurait pu la faire changer d'avis. La comparaison, un tantinet malsaine, que Malfoy orchestra entre son père et elle la fit serrer les mâchoire. Aussitôt un « Ta gueule ! » étranglé et chevrotant retentit. Rien de plus ne franchit la barrière de ses lèvres, hormis son souffle saccadé. Emportée par la ferveur déstabilisante des mots de Draco, Daphné en oublia presque que son sort n'était qu'éphémère. Doloris. La souffrance qu'elle ressentit alors était indescriptible – un hurlement atroce déchira le silence tandis que son corps se tortillait sur le sol, secoué de soubresauts douloureux. Elle avait conscience de la présence de chacune de ses veines, chacun de ses os. Le cri qu'elle poussait était continu, parfois interrompu par le claquement de ses dents. Lorsque le sort cessa, elle resta immobile, son dos étendu sur le sol terreux. Ses mèches rousses collaient à son visage en sueur. Ses paupières étaient fermement closes, tout comme ses mâchoires qu'elle refusait de détendre. Doucement, elle se redressa sur ses avants-bras, prête à faire face à sa terrible destinée. Elle s'apprêta à saisir sa baguette mais, alors que la pulpe de ses doigts ressentait la présence de ce bois salvateur, un hurlement animal la fit sursauter. Les yeux exorbités, ses prunelles claires étaient rivées vers le sol. Elle releva la tête, un éclair de frayeur ternissant furtivement son regard. « Par Merlin, des loups-garous. » affolée, comme prise au piège, Daphné se redressa et se hissa sur ses jambes tremblantes.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | Les mots employés avaient seulement été assemblés dans le but de blesser. Qu’importait leur véracité ou la dose éhontée de mensonges qu’ils recelaient, l’important était qu’ils frappent leur cible en plein cœur, et ça avait marché. Tout se mélangeait. Les couleurs, les sons, les hurlements de détresse et les bruit de la forêt, les flammes vives et la chevelure rousse, tout s’entremêlait en un imbroglio indistinct. Il avait la volonté et la hargne pour insuffler de la puissance au sort, mais pas l’énergie de le maintenir bien longtemps. Groggy, mais maintenant fermement l’angle que formait sa baguette avec le corps au sol, il se releva pour rejoindre Greengrass, s’agenouiller à ses côtés, prendre une pleine poignée de ses mèches crasseuse et approcher son visage du sien. Yeux dans les yeux, le métal haineux transperçant tel une dague les prunelles exorbitées sous le poids de la douleur. « Dis à ta sœur que Scorpius a grandi. Qu'il... que son fils a cessé de la réclamer. Que son seul souvenir de sa famille maternelle est la marque du sort que ton père a utilisé pour attenter à sa vie. », lui souffla-t-il avec ferveur, d’une voix saccadée, le regard fou. A ses oreilles résonnaient les pleurs fantômes de Scorpius ; ceux qu’il laissait échapper dans le noir, quand il croyait que son père ne l’entendait pas. Et ces toux répétitives, ces nuits sans sommeil à le veiller en s’inquiétant de sa fièvre, de sa respiration sifflante, de l’encombrement de ses poumons trop fragiles. Il ne voulait pas qu’Astoria sache qu’il avait tout fait pour que l’enfant l’aime malgré son absence ; il voulait qu’elle se ronge les sangs et craigne de le perdre pour de bon, autant que Draco lorsqu’il serrait ce corps frêle en se demandant s’ils s’en sortiraient. « Dis-lui que si elle tarde à revenir, je souillerai l’image qu’il a d’elle jusqu’à ce qu’il la haïsse de tout son être. » Timbre haineux. Douloureux. Bref silence, et : « Tu n’es qu’une sale égoïste. » Cette accusation disait tout de ce qu’il pensait de la façon dont elle avait arraché un nouveau-né à sa mère, et vice versa. Et du fait qu’elle n’en ait que faire. Il s’éloigna d’elle et rompit le sort, exténué, tentant d’oublier l’envie de lui nuire qui faisait se contracter nerveusement ses phalanges. Sa vision était floue mais aucune larme ne coulerait : son cœur n’était plus qu’un organe sec, ratatiné sur lui-même, palpitant mécaniquement, vide de sentiments. Sur sa langue, un goût de cendres. Au bout d’un instant elle se redressa, fit un mouvement vers sa baguette comme pour initier un nouveau round qu’aucun d’eux ne serait capable de mener – mais un hurlement à glacer le sang les transperça jusqu’à la moelle. « Par Merlin, des loups-garous. » Il ne répondit pas, d’abord, réfléchissant ardemment ; mais le temps jouait contre eux, chaque seconde était précieuse. « Dégage », murmura-t-il sombrement sans la regarder. Avant que je ne change d’avis. Et ils transplanèrent séparément. |
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