Le beau Clyde Avery. Non, je nie lui avoir donné rendez-vous aux Thermes. Osez dire que je suis une femme en manque d’affection et je ne donnerai pas cher de la suite de votre existence. Quoiqu’il en soit, on ne crachait pas sur un Avery ni sur une invitation de l’élève de Lord Voldemort. Peut-être sa seule élève d’ailleurs… Il fallait se rendre compte de l’honneur accordé par un si grand mage noir. Nous aurons l’occasion de parler plus longuement de ma passion pour le Seigneur des Ténèbres. Quoiqu’il en soit, je me trouvais là, assise sur un des bancs de l’établissement. La température aurait réconforté même le plus terrible psychopathe. Une chance pour l’idiot qui m’avait proposé un peignoir. Comme si Bellatrix Lestrange allait se conformer à la tenue lambda. Il ne fallait pas non plus voir le Vivet Doré à sa pendule ! Quelle bande d’incapables ! Nous n’étions entourés que de gens incompétents… J’avais ressorti ma tenue de bain d’autrefois, bien avant mon séjour en prison. L’avantage de ne pas être une ogresse résidait dans le fait que ma garde-robe changeait peu. Le maillot en soi n’avait rien d’extraordinaire. Noir, d’une seule pièce et mettant en valeur les gênes cinquantenaires d’une sorcière bien plus que sportive. Il fallait voir le nombre de bonds à la minute que je faisais lors des séances de tortures. Les thermes étaient l’endroit idéal pour se changer les idées. Je m’en revenais à peine d’une visite à ma martyre de sœur. Pauvre femme, si belle, si flamboyante et aujourd’hui si faible… Sa captivité m’aurait sans doute rendue malade si je n’avais pas d’autres choses à faire. Notamment ce petit rendez-vous.
Je n’appréciais pas les solitudes, ces minutes qui s’écoulaient si péniblement lorsqu’on ne faisait rien. Pas de victime à interroger, pas de moldus à brûler, personne à tourmenter… Le quotidien m’arracha un soupir ; j’attrapai un peigne et entrepris de m’occuper de cheveux humides. Je les dressai en un chignon terriblement réalisé. Ma mère faisait ça comme qui rigole sauf que je n’avais rien de Druella Rosier. Ma pauvre mère, soumise jusqu’au cœur de ses ovaires. La femme n’avait que ça à faire entre deux insultes. La poupée que mes parents avaient tant désirée ne s’était pas exprimée dans leur première héritière. En attendant, aujourd’hui, j’étais la seule Black en course. L’amputée et la fuyarde, les deux autres furies du trio des filles Black, toujours fières sauf quand on paye pour les autres où que l’on se fait tringler par des moldus. Pauvre mère et pauvre papa. Leur tombe devait être bien remuée. Quelle ironie. La mal-aimée s’était livrée aux pires exactions et avait trouvé la gloire. Elle s’était fait un nom. Elle allait aux Thermes. Oh oui, quelle ironie. La magie noire, ça conserve ! Assez encore pour donner des rendez-vous à des hommes de sang-pur. Après tout, si Rodolphus le faisait – mes doutes concernant ses aventures se justifiaient, et puis je ne l’avais jamais empêché de rien – pourquoi ne pourrais-je pas moi aussi avoir des amis du sexe opposé. Magister mis à part.
Clyde me faisait beaucoup penser à l’idéal de la pureté. Ambitieux, talentueux, charmant et séducteur, toutes les qualités qui s’immisçaient jusqu’au creux des femmes comme un poison indescriptible. Ce jeu était plaisant à regarder. C’était une sorte de torture en somme. Une victime se pliait au prédateur qui décidait de la suite des événements. Pourtant, à le voir avec sa femme, le jeune Avery ne semblait pas mener la barque. C’était toujours la même façade des couples arrangés, si parfaits, si redoutables puisqu’il n’y avait dans leurs fondations que très peu de sentiments. Si similaire et pourtant à mille lieues de Rodolphus. La force et le charisme du bras droit d’Augustus n’avaient rien à envier à la limace droguée qui croupissait en mon manoir. Je m’allongeai sur le banc en pierre, entre deux colonnes romaines, attendant que le directeur adjoint du Département des Mystères daigne bien me gratifier de sa présence pour le moins rassurante, pour le plus désirable.
Les Thermes, voilà bien un étrange endroit pour se donner rendez-vous entre… collègues de travail ? Amis ? Connaissances ? Clyde ne savait pas vraiment ce qu'il était pour Bellatrix en réalité. Pour lui, en revanche, la mangemort était une femme de caractère et de pouvoir. On la disait folle, il n'en croyait rien. Elle était bien trop maligne pour être folle. Il préférait les termes passionnée, impétueuse, fervente. Une femme qui savait ce qu'elle voulait. Il s'était toujours montré extrêmement courtois avec elle, flatteur également. Il l'était invariablement avec les femmes, agissant comme un gentleman, mais il se montrait cependant différent avec Bellatrix, la traitant avec la déférence due à son rang. Il avait néanmoins accepté l'invitation, parce qu'il ne refusait jamais les proposition d'une jolie femme, ne fût-ce que par principe, et parce qu'il était curieux. Curieux de savoir pourquoi elle demandait à le rencontrer de façon si informelle. Bellatrix n'était pas une séductrice. Non pas qu'il fût impossible de se laisser séduire par elle, bien au contraire, mais elle était mariée et ne paraissait pas courir les hommes. Certes, le mariage chez les sangs-purs ne voulait pas dire grand-chose, mais Bellatrix semblait avoir d'autres obsessions que les histoires charnelles. Il n'y avait de toute façon qu'en se rendant à ce rendez-vous qu'il obtiendrait des réponses à ses questions.
Clyde venait régulièrement aux Thermes. C'était un excellent endroit pour se détendre et faire des connaissances. Les jolies filles en maillot de bain, c'était un bonus. Il avait donc quelque peu ses habitudes ici, et aujourd'hui comme d'autres, on le salua avec ménagement avant de lui fournir l'une de ces fameuses robes portefeuille. Après s'être changé et avoir revêtu ladite robe, il s'enfonça dans les Thermes à la recherche de celle qui l'avait fait expressément venir en ce lieu. Pourquoi lui et pas Augustus, son patron, qui était un ami de longue date de la sorcière ? Y avait-il un rapport par ailleurs ? Il n'en savait rien, mais allait très certainement le découvrir bientôt, si elle ne faisait pas trop de mystères, bien que ce fût précisément le nom du département où il travaillait. Il la trouva finalement, allongée sur un banc, et la contempla un instant avant de la saluer. D'aussi loin qu'il se souvînt, il l'avait toujours vue vêtue de longues robes souvent austères qui dissimulaient les courbes de son corps. Courbes qui, il le constatait à présent, était pourtant particulièrement agréables à regarder pour une femme de son âge. Car elle avait bien une quinzaine d'année de plus que lui, et en général, il préférait cet écart dans l'autre sens. Mais Felicia était néanmoins légèrement plus âgée que lui et ça ne l'empêchait pas d'être la femme la plus désirable qu'il connût. L'âge n'était qu'un ombre, et la sculpturale créature qu'il avait devant lui à ce moment-là n'avait rien à envier aux midinettes de 20 ans. Elle possédait même sans doute bien plus de charisme.
« Très chère Bellatrix », salua-t-il d'un ton enjôleur, tout sourire, avant de lui prendre délicatement la main et de déposer ses lèvres dessus. « Je me dois de vous remercier pour cette invitation. C'est un réel plaisir pour moi de partager un peu de temps avec une femme aussi délicieuse que vous en dehors du Ministère. » Il embrassa l'ensemble des Thermes du regard avant de reporter son attention sur la mangemort. « Que diriez-vous pour commencer d'aller profiter de ces bains bouillonnants ? Cela nous détendra un peu. Puisque nous ne sommes pas dans le cadre du travail, autant utiliser notre temps pour quelque chose d'agréable. » Qu'elle fût là ou non ou de toute façon, il comptait bien se délasser en ces lieux. Il lui tendit son bras afin qu'elle s'en saisît et la mena aux bains bouillonnants. Il se débarrassa de sa robe, dévoilant un torse nu plutôt bien entretenu. Il n'était certes pas un grand sportif, mais il prenait soin de lui. Cela faisait partie de la séduction, et il le savait. Le physique avait son importance, quoi qu'en dissent les gens. Il se plongea parmi les bulles, poussant un soupir de bien-être en sentant la chaleur de l'eau sur sa peau. Il n'était pas grand-chose de plus agréable, sinon le corps d'une femme, sans doute. « Dîtes-moi ma chère », s'enquit-il auprès de sa compagne, « que me vaut donc l'honneur de cette invitation plutôt inattendue de votre part ? »
Little Corner out of the Troll + Bellyde
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