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sujet; Everybody's on the run || Stara |
| C'est en fouillant les affaires de Ford – ses affaires, en fait, du coup – qu'il trouva les photos. Stan ne pensait pas que son frère en conservait autant. Il y en avait une de leurs parents, qui datait d'un vieux bail, 1973, 1974, une avec leurs grand-parents paternels, Janet et John Hennessy. Il en trouva encore, avec toute la bande de Poudlard, et puis il y avait celles de son mariages, celles où Ford posait avec ses collègues aurors. Ceux là, Stanley les connaissait. Il n'eut aucun mal à les remettre. Mais il y en avait d'autres, il ne savait pas du tout de qu'il s'agissait. Il commençait à être, plus d'un mois après son arrivée, à peu près familier avec les gens du camp des Loups. Ses problèmes, ceux qu'il avait réellement, de mémoire, ne s'arrangeaient guère, mais il parvenait à présent à faire une illusion presque parfaite pour les gens que seul Stanford était sensé connaître. Pas ici. Cette fille là, avec qui son frère posait, tout sourire – Merlin, encore une plus jeune que lui ! Il ne l'avait jamais vue ici.
Il demanda à Cliff – qui ne s'appelait pas Cliff, mais on employait plutôt les surnoms : le sien était Miracleman. Stan trouvait ça terriblement ironique mais ne pouvait partager ça avec personne – s'il savait, et la réponse fusa : « Elle ? Je pensais que tu la remettrais, au moins, celle-ci ! De vrais petits fumiers, ceux là, elle et Boom ! » « Boom ? C'est le gars qui a essayé de piquer dans les réserves fin octobre, c'est ça ? » « Ouais, Thomas Brisbane ! Et Kashmira Martillo. 'Fin, t'étais peut-être trop dans le coltar pour voir ça, encore, ouais, ça doit être ça. Bon, tu sais, c'était deux né-moldus, hein, comme ton paternel. Elle, elle s'est fait chopée. En...ouais, ça doit être 2000. Tu l'aimais bien, je crois. Tu te souviens vraiment pas ? » Oh, ça, ça sentait le roussi. C'était compliqué aussi, de connaître les relations de Stanford avec les femmes : il les aimait toutes, ce crétin. « Putain, Cliff, me dis pas que je suis sorti avec, et que je l'ai oublié, je m'en souviendrais quand même ! » L'autre lui flanqua une tape dans le dos : « C'est pas faute d'avoir essayé outrancièrement, hein ? Tu l'appelais chérie, quand même. Ou babe, ça dépendait de ton humeur. Bref, vous étiez assez bon potes, elle et toi, on va dire ça. Puis les mangemorts l'ont eu en juin 2000. Boom voulait absolument la chercher, toi tu lui as dit que c'était du suicide. Personne voulait l'aider, mais t'as fini par le faire. Le soir où... »
Cliff s'arrêta et le regarda d'un air inquiet et compatissant. Ah. Il commençait à voir. Il commençait à comprendre. Stan n'avait obtenu d'explications, de la part de quiconque, sur la raison de la présence de son frère chez lui ce soir de janvier 2002. Il ne savait pas pourquoi Stanford se faisait poursuivre par Owen Avery. « Le soir où Stanley est mort. Ca va, Cliff. Ca va. » Non, ça n'allait pas, son frère était mort, il devait prendre sa place, endosser lui aussi le costume noir, impeccable, cette barbe bien taillé, reprendre ce sourire accrocheur et masquer ses yeux derrière ces lunettes de soleil argenté. Stanley n'était pas fait pour être le héros ; Stanford l'était. Ca n'allait pas, parce que Ford s'était sacrifié pour le sauver. Ca n'allait pas, parce qu'il le trahissait en faisant ça. « Eh. Je suis désolé, hein. » « C'est rien. Continue. » « Bref, ce soir là, tu t'étais mis en tête que t'avais une piste, un truc avec les rebuts. Je crois pas que t'aie trouvé ; à mon avis, Avery t'as trouvé avant. Et puis... » Puis ça avait basculé. « Tu te souviens vraiment de rien ? » « Non. » C'était une réponse plus ou moins honnête. Le « rien » l'était, puis qu'il ne savait pas ce qu'il s'était passé. Le souvenir, lui, était faux.
« C'est quand même barge, ce truc. Cette fille, on essaye de la sauver, ton frangin s'est fait descendre à cause d'elle...fin, il est décédé....Fin, désolé, Ford. C'était un type bien, tu sais. Au fond, je m'attendais vraiment pas à ce qu'il soit aussi courageux. On te prenait un peu pour un dingue quand tu disais qu'il finirait par nous aider. » Il aurait aimé rire, d'un rire jaune, désolé. Car c'était drôle. Cynique, mais drôle, désolant, navrant, mais hilarant. Non, Stan n'était ni courageux, ni héroïque, et il n'avait pas non plus mérité cette confiance absolue que son frère lui portait, de son vivant. Il ne savait pas quoi dire. Il avait envie de pleurer. Il grommela un « Ouais. » peu expressif. Ca évitait à sa voix de se briser. « Mais oui, je te disais, franchement, ce duo quoi ! Aucune reconnaissance ! Après tout ce qu'on a fait pour eux, merde ! Merci pour la reconnaissance, tiens ! »
Il continua à réfléchir pensivement pendant que Cliff débitait sa rancoeur. Il fallait qu'il voit cette fille, Kashmira Martillo. Il voulait comprendre pourquoi. Pourquoi est-ce qu'elle valait la peine que Ford meure pour elle. Il avait besoin de ça, et après, peut-être qu'il serait en colère, qu'il pardonnerait, il ne savait pas. Stan n'avait jamais été quelqu'un de méchant, il était rarement en colère. Ce genre d'émotions se faisaient de plus en plus fréquentes en lui, pourtant. Il lança sourdement : « Faut que je la trouve. » Cliff s'interrompit et la regarda d'un air interloqué : « Mira ? M'étonnerais que tu la retrouves. Ils savent ce qu'on leur fera si on les trouve chez nous – ou chez les Audacieux et compagnie. M'est avis, ils ont du passé du coté moldu. » Il renifla. Pas prêt pour une longue course, qu'il était, oui, il savait. Il n'était pas Ford, il ne menait pas d'enquête. « Je trouverais. » « T'as une putain de caboche, tu sais, hein ? Tu veux que je t'accompagne ? » « Non, ça va. J'vais me démerder. »
Peut-être qu'il aurait du accepter de l'aide, finalement, car rechercher quelqu'un était quelque chose de plus dur que prévu. Même s'il avait obtenu les noms de deux ou trois familles qui cachaient des nés-moldus. Il tourna et retourna dans le centre de Londres, du coté moldu – il ne détesta pas, cependant, il s'y sentait en sécurité – et vola une voiture (une luxueuse, en fait. Ford avait toujours aimé les voitures, surtout les clinquantes, ça cadrait avec le personnage) pour vadrouiller dans divers coins où on pouvait se planquer – ça, à force, il commençait à avoir une petite idée. Il montra la photographie, une ou deux fois, lorsqu'il se sentait suffisamment en confiance. Il finit par avoir l'idée de s'éloigner un peu de Londres, coté banlieue, pour interroger les quelques familles qui vivaient là – il ne retenait rien, n'apprenait rien, pour ne pas en parler à Lestrange. Puis il n'avait pas besoin de faire beaucoup d'efforts. Il n'arrivait pas réellement à se concentrer. Conduire était une torture. Et c'est là qu'une fin de journée où il faisait plutôt beau, il finit par la trouver. Elle passait, silencieusement. Le regard inquiet. Le même que le sien. Stanley connaissait la peur.
Il comprit qu'il ne pourrait jamais la hair, au premier coup d'oeil, mais il sut aussi qu'il fallait qu'elle lui explique, elle lui en devait. Il attendit qu'elle passe ; elle ne l'avait pas vu. Il avait toujours les lunettes de soleil, et puis ce costume. Il était Ford. Maigre et affaibli comme Ford s'il avait été à Azkaban. Souriant et invincible, malgré tous les malheurs qui lui étaient tombés dessus. Stanford Mounthope ne pouvait pas chuter. Il aurait toujours cette capacité à rebondir, à provoquer et à rire, d'un rire qui avait l'intelligence du soleil.
Stan descendit et fit claquer sa portière. Kashmira Martillo se retourna : il vit le coté de son visage balafré, il vit et même ça, surtout ça, lui fit mal. Pas de pitié, pour personne, était donc le mot d'ordre absolu des mangemorts. Pourtant, il décida de s'en tenir à son plan d'origine. La voix de Ford, le comportement de Ford. Et même la gueule. « J'en ai mis, un temps, à te retrouver, Mira. Tu pensais vraiment que tu pouvais te débarrasser de moi comme ça, chérie ? »
Tout le monde est en fuite, Stan. Tout le monde.
Ford lui avait dit ça, un jour. Maintenant, il savait que son frère avait raison. |
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| « On fait un tour des environs, on vérifie qu'il y a rien de louche, et on fera les courses après. » Et sur ces mots, elle enlace Thomas et puis s'éclipse. Ronde de surveillance, se mettre les lieux en tête, au cas où il faut se barrer en vitesse. Les principes de base, ceux qu'ils ont dû apprendre dès le moment où le Ministère de la Magie a voulu connaître les nés-moldus et les recenser, dès le moment où Ines est morte. Aujourd'hui, les époux Barker (clin d'œil à Bonnie Parker & Clyde Barrow, aussi connus par les Moldus comme "Bonnie & Clyde") vont refaire le plein de provisions. À cette occasion, Mira a chaussé des lunettes qui ne modifient rien à sa vue, mais permettent de concentrer l'attention sur des détails correspondant peu à la description de Kashmira Martillo. Précaution peut-être inutile. Le monde moldu était normalement plus sûr : les Mangemorts ne connaissaient pas grand chose aux traditions moldues et étaient facilement repérables quand on était né-moldu et qu'on était habitué à ce mode de vie. Elle devait récupérer du maquillage (du fond de teint, et n'importe quoi qui pourrait vaguement dissimuler ses traits ravagés de la moitié gauche du visage). Elle avait les cheveux lâchés, dissimulant vaguement la partie senestre et sinistre de ses traits. Une écharpe grise était enroulée autour de son cou -et de sa nuque mutilée. Veste en cuir noir sur un sweat à capuche noir, pantalon en jean, baskets pour courir facilement, et un sac en cuir défraichi en bandoulière complétaient sa tenue. Une Moldue tout ce qu'il y avait de plus normal, si on omettait la partie de son visage qui n'avait pas l'air très lisse. Le fond de teint qu'elle avait appliqué en plusieurs couches ne dissimulait pas les bosses et les bouts de peau inégaux. Pas suffisamment en tout cas pour que ça passe sans problème. Mais ça lui permettait au moins de ne pas effrayer les gamins qu'elle pouvait croiser.
Un moment, elle s'était demandée si ce n'était pas l'occasion de porter la burqa comme ces musulmanes moldues qu'elle voyait parfois dans les rues du Londres moldu. Mais c'était moins courant dans la banlieue, et c'était sans doute beaucoup plus repérable. Et il fallait bien qu'elle montre son visage aux vendeuses de maquillage à qui elle demandait conseil pour dissimuler ça. Et quand on lui demandait ce qu'il s'était passé, sous couvert du secret professionnel, elle répondait l'excuse habituelle : « Agressée avec du vitriol. » Et non, pas de greffe de peau : elle ne les supportait pas. (ça coûtait surtout une blinde, et elle n'était pas sûre de vouloir perdre du temps à cela) (et puis, les Médicomages étaient sans doute plus avancés dans ce domaine, donc elle attendrait le temps que ça prendrait aux Insurgés pour reprendre le pouvoir dans le monde Magique).
Elle avance donc dans le pâté de maisons qu'elle s'est réservé, mains dans les poches, l'air nonchalant d'une habituée des lieux, retenant tout ce qu'elle peut, sans se rendre compte qu'une voiture garée a un occupant qui semble en pleine observation. Une portière qui claque, et le réflexe de la bête traquée pousse Mira à se retourner, pour voir qui en est descendu. Manteau noir, long ; lunettes de soleil ; visage plutôt émacié.
Elle aurait porté un sac de courses qu'elle l'aurait laissé tomber par terre alors que l'autre s'adresse à elle, à quelques pas l'un de l'autre. « J'en ai mis, un temps, à te retrouver, Mira. Tu pensais vraiment que tu pouvais te débarrasser de moi comme ça, chérie ? » Stan-fucking-Ford Mount-fucking-hope. La surprise et la méfiance se mêlent, un moment elle envisage de partir en sprint dans la direction opposée. Et pourtant, ça doit être lui. Elle a bien entendu parler de la mort de son frère, Stanley. Elle ne voit pas les yeux de Ford, mais elle est dupée par l'illusion et la maîtrise de son jumeau. Elle tombe dans le piège, arrête de douter.
Mira s'approche de Ford et vient l'enlacer, doucement, rassurée de retrouver un ami sur le terrain moldu. « Je pensais que t'allais arrêter de me suivre à la trace maintenant que je suis ma-ri-ée. » Elle détache les syllabes en se reculant pour lui montrer le dos de sa main gauche où brille une alliance à l'annulaire. C'est du flan, mais c'est la solution qu'elle trouve aussi pour lui rappeler que Tommy est dans le coin. « Désolée, je sais que je te brise le cœur, mais tu vas t'en remettre. » Un sourire en coin, qui soulève le coin droit de ses lèvres tandis que le côté gauche des lippes reste inerte.
Elle regarde autour d'eux, se souvenant enfin de la dernière occasion à laquelle ils ont vu des Belliqueux, dans le camp, un mois plus tôt, pour choper des friandises. « Sois franc : t'es pas là pour nous ramener au QG, hein ? Parce que j'ai une baguette, et je n'ai pas peur de m'en servir. » Personne aux alentours, elle peut parler de magie sans craindre qu'on les entende. Une pause. « Remarque, si t'es pas là à cause de Davius… t'es là pour quoi ? » |
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